Today, I'd like to talk with you about something that should be a totally uncontroversial topic. But, unfortunately, it's become incredibly controversial.
Aujourd'hui, j'aimerais vous parler d'un sujet qui devrait faire l'unanimité. Malheureusement, c'est devenu un sujet très controversé.
This year, if you think about it, over a billion couples will have sex with one another. Couples like this one, and this one, and this one, and, yes, even this one.
Cette année, quand on y réfléchit bien, plus d'un milliard de couples auront des relations sexuelles. Des couples, comme celui-ci, et celui-ci, celui-ci aussi, et, oui, même celui-ci.
(Laughter)
(Rires)
And my idea is this -- all these men and women should be free to decide whether they do or do not want to conceive a child. And they should be able to use one of these birth control methods to act on their decision. Now, I think you'd have a hard time finding many people who disagree with this idea. Over one billion people use birth control without any hesitation at all. They want the power to plan their own lives and to raise healthier, better educated and more prosperous families.
Voici ce que je pense. Tous ces hommes et ces femmes devraient pouvoir décider librement s'ils souhaitent, ou non, concevoir un enfant. Ils devraient pouvoir utiliser une de ces méthodes contraceptives pour agir selon leur volonté. Autour de vous, peu de gens seront en désaccord avec ce principe. Plus d'un milliard de personnes contrôlent leur fécondité, sans hésiter. Ils souhaitent pouvoir planifier leur vie, et bâtir des familles plus saines, mieux éduquées, plus prospères.
But, for an idea that is so broadly accepted in private, birth control certainly generates a lot of opposition in public. Some people think when we talk about contraception that it's code for abortion, which it's not. Some people -- let's be honest -- they're uncomfortable with the topic because it's about sex. Some people worry that the real goal of family planning is to control populations. These are all side issues that have attached themselves to this core idea that men and women should be able to decide when they want to have a child. And as a result, birth control has almost completely and totally disappeared from the global health agenda.
Ce principe de contrôle des naissances, aussi largement accepté fut-il en privé, subit une opposition ardente en public. Certaines personnes pensent que quand on parle « contraception » on parle « avortement ». Ce n'est pas la cas. Certains, soyons honnêtes, se sentent mal à l'aise, car il s'agit de parler de sexe. D'autres s'inquiètent que l'objectif réel du planning familial soit de contrôler les populations. Il s'agit de controverses collatérales, qui se sont associées au principe de base que chaque homme et chaque femme devrait avoir le droit de décider quand ils souhaitent avoir un enfant. Ces controverses ont eu pour conséquence la disparition presque totale du planning familial des programmes de santé dans le monde.
The victims of this paralysis are the people of sub-Saharan Africa and South Asia. Here in Germany, the proportion of people that use contraception is about 66 percent. That's about what you'd expect. In El Salvador, very similar, 66 percent. Thailand, 64 percent. But let's compare that to other places, like Uttar Pradesh, one of the largest states in India. In fact, if Uttar Pradesh was its own country, it would be the fifth largest country in the world. Their contraception rate -- 29 percent. Nigeria, the most populous country in Africa, 10 percent. Chad, 2 percent. Let's just take one country in Africa, Senegal. Their rate is about 12 percent.
Les victimes de cette paralysie sont les gens d'Afrique sub-saharienne, et d'Asie du Sud. Ici, en Allemagne, 66% de la population utilise une méthode contraceptive. C'est dans la moyenne. Au Salvador, la proportion est la même: 66%. En Thailande, 64%. Mais comparons ces données à d'autres lieux, comme l'Uttar Pradesh, une des plus grandes provinces en Inde. L'Uttar Pradesh est si grand, que, si c'était un pays autonome, ce serait le cinquième plus grand pays au monde. Son taux de contraception est de 29%. Le Nigéria, le pays le plus peuplé en Afrique : 10%. Au Tchad, 2%. Observons de plus près un seul pays en Afrique, le Sénégal. Le taux y est de 12%.
But why is it so low? One reason is that the most popular contraceptives are rarely available. Women in Africa will tell you over and over again that what they prefer today is an injectable. They get it in their arm -- and they go about four times a year, they have to get it every three months -- to get their injection. The reason women like it so much in Africa is they can hide it from their husbands, who sometimes want a lot of children. The problem is every other time a woman goes into a clinic in Senegal, that injection is stocked out. It's stocked out 150 days out of the year. So can you imagine the situation -- she walks all this way to go get her injection. She leaves her field, sometimes leaves her children, and it's not there. And she doesn't know when it's going to be available again. This is the same story across the continent of Africa today.
Pourquoi est-il si faible ? En fait, les méthodes contraceptives les plus fréquentes y sont rarement disponibles. Les femmes en Afrique n'ont de cesse de nous répéter qu'elles préfèrent les produits injectables. C'est une injection dans le bras, quatre fois par an. Elles doivent recevoir une injection tous les trois mois. La raison pour laquelle les femmes en Afrique privilégient cette méthode est qu'elles peuvent le cacher à leur mari, qui souhaite parfois beaucoup d'enfants. Le problème est le suivant : quand une femme va dans une clinique au Sénégal, le produit injectable est en rupture de stock, une fois sur deux. C'est en rupture de stock 150 jours par an. Imaginez la situation : elle parcourt des kilomètres à pied pour recevoir son injection. Elle quitte son champ, parfois ses enfants. Et il n'y en a pas. Impossible de savoir quand il y en aura. C'est partout pareil en Afrique.
And so what we've created as a world has become a life-and-death crisis. There are 100,000 women [per year] who say they don't want to be pregnant and they die in childbirth -- 100,000 women a year. There are another 600,000 women [per year] who say they didn't want to be pregnant in the first place, and they give birth to a baby and her baby dies in that first month of life. I know everyone wants to save these mothers and these children. But somewhere along the way, we got confused by our own conversation. And we stopped trying to save these lives.
Le monde que nous avons créé a généré une crise de vie ou de mort. 100 000 femmes par an affirment ne pas vouloir tomber enceinte, mais meurent pendant l'accouchement. 100 000 femmes chaque année ! Il y a également 600 000 femmes par an qui ne souhaitaient pas être enceinte, mais qui donnent naissance à un enfant, qui meurt durant le premier mois de sa vie. Certes, tout le monde souhaite sauver ces femmes et ces enfants. Mais en cours de route, nous nous perdons dans nos propres considérations et nous avons interrompu nos tentatives de sauver ces vies.
So if we're going to make progress on this issue, we have to be really clear about what our agenda is. We're not talking about abortion. We're not talking about population control. What I'm talking about is giving women the power to save their lives, to save their children's lives and to give their families the best possible future.
Si nous voulons améliorer la situation, nous devons définir clairement nos objectifs. On ne parle pas d'avortement. On ne parle pas de contrôle des populations. Je parle de donner la capacité à ces femmes de sauver leur vie, de sauver la vie de leurs enfants, et d'offrir à leurs familles le meilleur avenir possible.
Now, as a world, there are lots of things we have to do in the global health community if we want to make the world better in the future -- things like fight diseases. So many children today die of diarrhea, as you heard earlier, and pneumonia. They kill literally millions of children a year. We also need to help small farmers -- farmers who plow small plots of land in Africa -- so that they can grow enough food to feed their children. And we have to make sure that children are educated around the world. But one of the simplest and most transformative things we can do is to give everybody access to birth control methods that almost all Germans have access to and all Americans, at some point, they use these tools during their life. And I think as long as we're really clear about what our agenda is, there's a global movement waiting to happen and ready to get behind this totally uncontroversial idea.
En tant que communauté internationale, il nous reste beaucoup de choses à mettre en place au niveau de la santé pour réaliser notre vœu d'offrir au monde un avenir meilleur. Par exemple, combattre les maladies. Encore aujourd'hui, il y a tant d'enfants qui meurent de diarrhée, de pneumonie. Ces fléaux tuent des millions d'enfants chaque année. Nous devons aussi aider les petits fermiers, les fermiers qui labourent leur champ en Afrique, pour leur permettre de cultiver suffisamment pour nourrir leurs enfants. Nous devons aussi garantir une éducation à chaque enfant, partout dans le monde. Une des actions les plus simples, avec un pouvoir de transformation énorme, consiste à donner l'accès à tout le monde aux méthodes contraceptives, accessibles pratiquement à tous les Allemands et Américains. Ils les utilisent à un certain moment durant leur vie. Tant que nous sommes transparent sur notre objectif, nous pourrons débloquer un mouvement mondial à l'arrêt, qui est pourtant prêt à avancer en faveur de ce principe bien admis.
When I grew up, I grew up in a Catholic home. I still consider myself a practicing Catholic. My mom's great-uncle was a Jesuit priest. My great-aunt was a Dominican nun. She was a schoolteacher and a principal her entire life. In fact, she's the one who taught me as a young girl how to read. I was very close to her. And I went to Catholic schools for my entire childhood until I left home to go to university. In my high school, Ursuline Academy, the nuns made service and social justice a high priority in the school. Today, in the [Gates] Foundation's work, I believe I'm applying the lessons that I learned in high school.
Enfant, j'ai grandi dans une famille catholique. Je me considère encore comme une catholique pratiquante. Le grand-oncle de ma mère était un prêtre jésuite. Ma grande tante était une bonne soeur dominicaine. Elle était enseignante et directrice d'école toute sa vie. C'est elle qui m'a appris à lire. Nous étions très proches. J'ai suivi toute mon éducation dans des établissements catholiques, jusqu'à ce que j'aille à l'université. Les sœurs de mon lycée, Ursuline Academy, avaient fait de la justice sociale et du sens du service leurs priorités. Aujourd'hui, dans mes activités au sein de la Fondation Gates, j'applique ce ce que j'ai appris au lycée.
So, in the tradition of Catholic scholars, the nuns also taught us to question received teachings. And one of the teachings that we girls and my peers questioned was is birth control really a sin? Because I think one of the reasons we have this huge discomfort talking about contraception is this lingering concern that if we separate sex from reproduction, we're going to promote promiscuity. And I think that's a reasonable question to be asked about contraception -- what is its impact on sexual morality?
Dans la pure tradition de l'érudition catholique, les sœurs nous ont aussi appris à remettre en question les enseignements. Un des enseignements que nous avons remis en question est celui-ci : La contraception, est-ce vraiment un péché ? Je suis convaincue qu'une des raisons qui provoquent cet embarras immense quand on parle contraception, est liée à l'idée latente qu'en séparant le sexe de la reproduction, nous allons promouvoir la promiscuité. C'est en effet une question importante : quel est l'impact de la contraception sur la morale sexuelle ?
But, like most women, my decision about birth control had nothing to do with promiscuity. I had a plan for my future. I wanted to go to college. I studied really hard in college, and I was proud to be one of the very few female computer science graduates at my university. I wanted to have a career, so I went on to business school and I became one of the youngest female executives at Microsoft.
Comme de nombreuses autres femmes, ma décision sur le contrôle de ma fertilité est indépendante de ça. J'ai planifié mon avenir. Je voulais aller à l'université. J'ai étudié dur à la fac, et j'étais très fière de faire partie des rares femmes de mon université diplômée en informatique. Je voulais faire carrière. Je me suis donc inscrite dans une école de commerce. pour devenir ensuite une des plus jeunes directrices chez Microsoft.
I still remember, though, when I left my parents' home to move across the country to start this new job at Microsoft. They had sacrificed a lot to give me five years of higher education. But they said, as I left home -- and I literally went down the front steps, down the porch at home -- and they said, "Even though you've had this great education, if you decide to get married and have kids right away, that's OK by us, too." They wanted me to do the thing that would make me the very happiest. I was free to decide what that would be. It was an amazing feeling.
Je me souviens du message de mes parents quand j'ai quitté la maison, pour déménager à l'autre bout du pays, et travailler chez Microsoft. Ils avaient fait beaucoup de sacrifices pour me permettre d'aller à la fac. Mais ils ont dit ceci, alors que je descendais les marches devant la maison : ils m'ont dit : « Même si tu as reçu cette formation universitaire, si tu décides de te marier, d'avoir des enfants immédiatement, c'est OK ! » Ils voulaient que je fasse les choix qui me rendent heureuse. J'étais libre de décider de ces choix. Ce sentiment était extraordinaire.
In fact, I did want to have kids -- but I wanted to have them when I was ready. And so now, Bill and I have three. And when our eldest daughter was born, we weren't, I would say, exactly sure how to be great parents. Maybe some of you know that feeling. And so we waited a little while before we had our second child. And it's no accident that we have three children that are spaced three years apart. Now, as a mother, what do I want the very most for my children? I want them to feel the way I did -- like they can do anything they want to do in life. And so, what has struck me as I've travelled the last decade for the foundation around the world is that all women want that same thing.
En fait, je voulais avoir des enfants, mais je les voulais en étant prête à les accueillir. Avec Bill, nous en avons trois. Quand notre aînée est née, nous ne savions pas comment être des parents formidables. Certains d'entre vous me comprennent sûrement. On a donc attendu un peu avant d'avoir le deuxième. Ce n'est pas un hasard, si nos trois enfants ont chacun trois ans de différence. En tant que maman, quel est mon souhait le plus cher pour mes enfants ? Je souhaite qu'ils ressentent ce que j'ai ressenti. Ce sentiment de pouvoir faire tout ce qu'ils veulent dans leur vie. J'ai pu constater maintes fois durant mes voyages pour la fondation ces dernières décennies, que toutes les femmes dans le monde souhaitent la même chose.
Last year, I was in Nairobi, in the slums, in one called Korogocho -- which literally means when translated, "standing shoulder to shoulder." And I spoke with this women's group that's pictured here. And the women talked very openly about their family life in the slums, what it was like. And they talked quite intimately about what they did for birth control. Marianne, in the center of the screen in the red sweater, she summed up that entire two-hour conversation in a phrase that I will never forget. She said, "I want to bring every good thing to this child before I have another." And I thought -- that's it. That's universal. We all want to bring every good thing to our children.
L'année dernière, à Nairobi, j'ai visité des bidonvilles, dont un qui s'appelle Korogocho, qui se traduit littéralement par « vivre épaule contre épaule ». J'ai parlé avec ces femmes sur cette photo. Elles parlaient très ouvertement de leur vie de famille dans les bidonvilles. Elles ont parlé aussi des moyens qu'elles utilisaient pour contrôler leur fertilité. Marianne, qui est au centre du groupe, avec un pull rouge, a très bien résumé notre conversation de deux heures en une phrase que je n'oublierai jamais : « Je veux faire don à cet enfant de toutes les bonnes choses de la vie avant d'en avoir un autre. » J'ai pensé que c'était exactement ça ! C'est un sentiment universel. Nous souhaitons toutes donner le meilleur à nos enfants.
But what's not universal is our ability to provide every good thing. So many women suffer from domestic violence. And they can't even broach the subject of contraception, even inside their own marriage. There are many women who lack basic education. Even many of the women who do have knowledge and do have power don't have access to contraceptives.
Mais ce qui n'est pas universel, c'est notre capacité à réaliser ce vœu. Tant de femmes souffrent de violence domestique. Elles ne rêvent même pas de discuter de contraception, même en privé, avec leur mari. Tant de femmes n'ont pas reçu d'éducation là-dessus. Même les femmes qui ont reçu cette éducation et qui en ont le pouvoir, n'ont pas accès à la contraception.
For 250 years, parents around the world have been deciding to have smaller families. This trend has been steady for a quarter of a millennium, across cultures and across geographies, with the glaring exception of sub-Saharan Africa and South Asia. The French started bringing down their family size in the mid-1700s. And over the next 150 years, this trend spread all across Europe. The surprising thing to me, as I learned this history, was that it spread not along socioeconomic lines but around cultural lines. People who spoke the same language made that change as a group. They made the same choice for their family, whether they were rich or whether they were poor. The reason that trend toward smaller families spread was that this whole way was driven by an idea -- the idea that couples can exercise conscious control over how many children they have. This is a very powerful idea. It means that parents have the ability to affect the future, not just accept it as it is.
Pendant 250 ans, les parents du monde ont décidé de fonder des familles plus petites. Cette tendance est stable depuis un quart de millénaire, quelques soient les cultures et les pays, à la seule exception flagrante de l’Afrique sub-saharienne et de l’Asie du Sud. En France, les familles ont commencé à devenir plus petites, dès la moitié du 18ème siècle. Et durant les 150 ans suivants, cette tendance s’est élargie à toute l’Europe . J’ai été très surprise d’apprendre que cette évolution n’a pas suivi les frontières socio-économiques, mais s'est répandue à travers les communautés culturelles. Les personnes qui partageaient une langue commune ont fait ce choix en tant que groupe. Ils ont opté pour ce choix familial, qu’ils soient riches ou pauvres. La raison de l'expansion des familles plus petites est fondée sur un principe : l'idée que les couples peuvent exercer un contrôle conscient sur le nombre d’enfants qu’ils ont. C’est un concept très fort. Ça signifie que les parents peuvent avoir une influence sur l'avenir, et non plus le subir.
In France, the average family size went down every decade for 150 years in a row until it stabilized. It took so long back then because the contraceptives weren't that good. In Germany, this transition started in the 1880s, and it took just 50 years for family size to stabilize in this country. And in Asia and Latin America, the transition started in the 1960s, and it happened much faster because of modern contraception.
En France, la taille de la famille moyenne a diminué chaque décennie pendant 150 ans, jusqu’à se stabiliser. Ça a pris autant de temps parce que les moyens de contraception n’étaient pas aussi efficaces. En Allemagne, la transition a débuté dans les années 1880. En 50 ans, la taille des familles s’est stabilisée. En Asie et en Amérique latine, la transition a débuté dans les années 60. Le processus fut encore plus rapide,
I think, as we go through this history, it's important to pause for a moment
grâce aux moyens de contraception modernes.
and to remember why this has become such a contentious issue. It's because some family planning programs resorted to unfortunate incentives and coercive policies. For instance, in the 1960s, India adopted very specific numeric targets and they paid women to accept having an IUD placed in their bodies. Now, Indian women were really smart in this situation. When they went to get an IUD inserted, they got paid six rupees. And so what did they do? They waited a few hours or a few days, and they went to another service provider and had the IUD removed for one rupee. For decades in the United States, African-American women were sterilized without their consent. The procedure was so common it became known as the Mississippi appendectomy -- a tragic chapter in my country's history. And as recently as the 1990s, in Peru, women from the Andes region were given anesthesia and they were sterilized without their knowledge.
Je pense que l’histoire nous donne un éclairage important, pour nous permettre de réfléchir sereinement, et nous souvenir des raisons qui ont créé la polémique autour de ce thème. C’est parce que certains programmes de planning familial ont eu la mauvaise idée de recourir à des programmes incitatifs ou coercitifs. Par exemple, dans les années 60, l’Inde a adopté des objectifs chiffrés et offrait une rémunération aux femmes qui acceptaient l’implant d’un stérilet. Les femmes Indiennes n’étaient pas nées de la dernière pluie. Au moment de l’implantation, elles recevaient 6 roupies. Alors, qu’ont-elles fait ? Après quelques heures, ou quelques jours, elles se rendaient dans une autre officine, et y demandaient le retrait de l’implant, pour une roupie. Pendant des années, aux Etats-Unis, on a stérilisé des femmes afro-américaines sans leur consentement. La procédure était si banale, qu’elle était connue sous le nom d’appendicectomie du Mississipi. Une page tragique dans l’histoire de mon pays. Il n’y a pas si longtemps, dans les années 90, au Pérou, on anesthésiait les femmes dans les Andes et les stériliser à leur insu.
The most startling thing about this is that these coercive policies weren't even needed. They were carried out in places where parents already wanted to lower their family size. Because in region after region, again and again, parents have wanted to have smaller families. There's no reason to believe that African women have innately different desires. Given the option, they will have fewer children. The question is: will we invest in helping all women get what they want now? Or, are we going to condemn them to some century-long struggle, as if this was still revolutionary France and the best method was coitus interruptus?
Le plus surprenant dans cette histoire, c'est que ces méthodes coercitives n'étaient pas nécessaires. Elles avaient lieu dans des régions où les parents souhaitaient déjà avoir des familles plus petites. Parce que, région après région, encore et encore, les parents souhaitaient fonder des familles plus petites. Il n'y a aucune raison de croire que les femmes africaines souhaitent quelque chose de différent. Si elles en ont le choix, elles auront moins d'enfants. La question est donc la suivante : allons-nous investir pour permettre à toutes les femmes d'obtenir ce qu'elles veulent ? Ou allons-nous les condamner à combattre une guerre des siècles passés, comme un retour à l'époque de la révolution française, lorsque la méthode la plus sûre était le coït interrompu.
Empowering parents -- it doesn't need justification. But here's the thing -- our desire to bring every good thing to our children is a force for good throughout the world. It's what propels societies forward. In that same slum in Nairobi, I met a young businesswoman, and she was making backpacks out of her home. She and her young kids would go to the local jeans factory and collect scraps of denim. She'd create these backpacks and resell them. And when I talked with her, she had three children, and I asked her about her family. And she said she and her husband decided that they wanted to stop having children after their third one. And so when I asked her why, she simply said, "Well, because I couldn't run my business if I had another child." And she explained the income that she was getting out of her business afforded her to be able to give an education to all three of her children. She was incredibly optimistic about her family's future. This is the same mental calculus that hundreds of millions of men and women have gone through. And evidence proves that they have it exactly right. They are able to give their children more opportunities by exercising control over when they have them.
Aucune justification n'est nécessaire pour offrir l'autonomie aux parents. Le point central est que notre désir de faire don du meilleur à nos enfants est une force positive dans le monde entier. C'est une force qui propulse les sociétés vers l'avenir. Dans ce bidonville de Nairobi, j'ai rencontré une jeune femme d'affaires. Elle cousait des sacs à dos à la maison. Avec ses jeunes enfants, elle se rendait à l'usine de jeans locale, et ramassait les chutes de tissus, pour fabriquer ces sacs à dos, et les vendre. Quand je l'ai rencontrée, elle avait trois enfants. Nous avons parlé de sa famille. Elle m'a dit qu'avec son mari, ils avaient décidé de ne plus avoir d'enfants après leur troisième. Je lui ai demandé pourquoi. Voici ce qu'elle a répondu : « Je ne pourrai plus gérer mon entreprise si j'ai un autre enfant. » Elle m'a expliqué que les revenus générés par son entreprise lui permettaient d'offrir une éducation à ses trois enfants. Elle était incroyablement optimiste pour l'avenir de sa famille. Elle a réalisé le même calcul mental que des centaines de milliers d'hommes et de femmes. Les faits montrent qu'ils ont raison. Ils peuvent offrir à leurs enfants davantage d'opportunités, en gérant le moment de leur naissance.
In Bangladesh, there's a district called Matlab. It's where researchers have collected data on over 180,000 inhabitants since 1963. In the global health community, we like to say it's one of the longest pieces of research that's been running. We have so many great health statistics. In one of the studies, what did they do? Half the villagers were chosen to get contraceptives. They got education and access to contraception. Twenty years later, following those villages, what we learned is that they had a better quality of life than their neighbors. The families were healthier. The women were less likely to die in childbirth. Their children were less likely to die in the first thirty days of life. The children were better nourished. The families were also wealthier. The adult women's wages were higher. Households had more assets -- things like livestock or land or savings. Finally, their sons and daughters had more schooling. So when you multiply these types of effects over millions of families, the product can be large-scale economic development. People talk about the Asian economic miracle of the 1980s -- but it wasn't really a miracle. One of the leading causes of economic growth across that region was this cultural trend towards smaller families.
Au Bangladesh, il y a un quartier appelé Matlab. Des chercheurs y ont collecté des données sur 180 000 habitants depuis 1963. Dans la communauté mondiale de la santé, on aime penser qu'il s'agit d'une des plus longues recherches jamais effectuées Elle génère d'incroyables statistiques. Dans une des études, la moitié des villageois a reçu des moyens de contraception. On les a formés et on leur a donné accès aux méthodes. 20 ans plus tard, nous avons constaté que ces villageois avaient une meilleure qualité de vie que leurs voisins. Les familles étaient en meilleure santé. Les femmes avaient moins de risques de mourir en couche. Les enfants étaient moins susceptibles de mourir durant leur premier mois. Les enfants étaient mieux nourris. Les familles étaient aussi plus riches. Le salaire moyen des femmes était plus élevé. Les familles avaient davantage de biens : du bétail, des terrains ou des économies. Leurs fils et leurs filles recevaient une meilleure éducation. En multipliant ces effets par les millions de familles, le résultat est un développement économique à grande échelle. On parle souvent du miracle économique en Asie dans les années 80. Mais ce n'était pas exactement un miracle. Une des raisons de la croissance économique dans cette région est la tendance culturelle en faveur de famille plus petite.
Sweeping changes start at the individual family level -- the family making a decision about what's best for their children. When they make that change and that decision, those become sweeping regional and national trends. When families in sub-Saharan Africa are given the opportunity to make those decisions for themselves, I think it will help spark a virtuous cycle of development in communities across the continent. We can help poor families build a better future. We can insist that all people have the opportunity to learn about contraceptives and have access to the full variety of methods.
Les changements fondamentaux sont initiés au niveau individuel de la famille. Une famille décide ce qui est le mieux pour ses enfants. Quand elle initie ce changement, et prend une telle décision, cela engendre une tendance généralisée, régionale et nationale. Quand les familles en Afrique sub-sahariennes ont la possibilité de prendre ces décisions par elles-mêmes, je suis persuadée que ça créera un cercle vertueux de développement de ces communautés sur tout le continent. Nous pouvons aider les familles pauvres à construire un avenir meilleur. Nous pouvons insister sur l'importance d'offrir la chance à tous de connaître les méthodes contraceptives, et d'y avoir accès, quelque soit la méthode.
I think the goal here is really clear: universal access to birth control that women want. And for that to happen, it means that both rich and poor governments alike must make contraception a total priority. We can do our part, in this room and globally, by talking about the hundreds of millions of families that don't have access to contraception today and what it would do to change their lives if they did have access.
L'objectif est très clair : l'accès universel aux méthodes de contraception que les femmes souhaitent utiliser. Et pour y parvenir, tous les gouvernements, qu'ils soient riches ou pauvres, doivent faire de la contraception leur priorité absolue. Chacun d'entre nous dans cette pièce peut agir mondialement, en devenant le porte-parle des centaines de millions de familles qui n'ont pas encore accès aux moyens de contraception, et en expliquant combien ça pourrait améliorer leur vie.
I think if Marianne and the members of her women's group can talk about this openly and have this discussion out amongst themselves and in public, we can, too. And we need to start now. Because like Marianne, we all want to bring every good thing to our children. And where is the controversy in that? Thank you.
Si Marianne et les membres de son groupe peuvent parler de ce sujet ouvertement, et en discuter entre elles et en public, nous pouvons aussi en parler. Nous devons commencer maintenant. Parce que, nous aussi, comme Marianne, nous souhaitons tous le meilleur pour nos enfants. Où y a-t-il matière à controverse ? Merci.
(Applause)
(Applaudissements)
Chris Anderson: Thank you. I have some questions for Melinda.
Chris Anderson : Merci. J'ai quelques questions pour Melinda.
(Applause ends)
Thank you for your courage and everything else.
Merci pour votre courage et pour tous vos accomplissements.
So, Melinda, in the last few years I've heard a lot of smart people say something to the effect of, "We don't need to worry about the population issue anymore. Family sizes are coming down naturally all over the world. We're going to peak at nine or 10 billion. And that's it." Are they wrong?
Melinda, ces dernières années, de nombreuses voix se sont levées pour dire que nous n'avons plus besoin de nous soucier de la croissance démographique. La taille des familles se réduit naturellement partout dans le monde. Nous atteindrons un plafond vers 9 ou 10 milliards de personnes. Ces voix ont-elles tort ?
Melinda Gates: If you look at the statistics across Africa, they are wrong. And I think we need to look at it, though, from a different lens. We need to look at it from the ground upwards. I think that's one of the reasons we got ourselves in so much trouble on this issue of contraception. We looked at it from top down and said we want to have different population numbers over time. Yes, we care about the planet. Yes, we need to make the right choices. But the choices have to be made at the family level. And it's only by giving people access and letting them choose what to do that you get those sweeping changes that we have seen globally -- except for sub-Saharan Africa and those places in South Asia and Afghanistan.
MG : Les statistiques en Afrique leur donnent tort. Nous devons approcher le problème sous un autre angle. Nous devons le regarder du bas vers le haut. C'est pour ça que la contraception cause tant de polémique. On y réfléchit du haut vers le bas, en décrétant que nous souhaitons modifier la démographie. Bien-sûr, nous nous préoccupons de la planète, et nous devons prendre les bonnes décisions. Mais ces choix doivent être pris par les familles. Ce n'est que quand on permet aux gens de choisir ce qu'ils souhaitent que l'on obtient ces changements fondamentaux que nous voyons partout, sauf en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud et en Afghanistan.
CA: Some people on the right in America and in many conservative cultures around the world might say something like this: "It's all very well to talk about saving lives and empowering women and so on. But, sex is sacred. What you're proposing is going to increase the likelihood that lots of sex happens outside marriage. And that is wrong." What would you say to them?
CA : Certaines personnes très à droite en Amérique et dans de nombreuses cultures conservatrices dans le monde, pourraient dire ceci : « Tout ça c'est très bien, l'autonomie des femmes, sauver des vies... mais le sexe est quelque chose de sacré. Ce que vous proposez ne fera qu'augmenter la probabilité des relations hors mariage. C'est répréhensible. » Que leur répondez-vous ?
MG: I would say that sex is absolutely sacred. And it's sacred in Germany, and it's sacred in the United States, and it's sacred in France and so many places around the world. And the fact that 98 percent of women in my country who are sexually experienced say they use birth control doesn't make sex any less sacred. It just means that they're getting to make choices about their lives. And I think in that choice, we're also honoring the sacredness of the family and the sacredness of the mother's life and the childrens' lives by saving their lives. To me, that's incredibly sacred, too.
MG : Je suis d'accord, le sexe est quelque chose de sacré. C'est sacré en Allemagne, aux Etats-Unis, en France, et dans beaucoup d'endroits dans le monde. Le fait que 98% des femmes de mon pays qui ont déjà eu une expérience sexuelle, affirment gérer leur fertilité, ne rend pas le sexe moins sacré. Ça signifie simplement qu'elles peuvent faire des choix sur leur vie. Je crois que ce choix-là, fait honneur au caractère sacré de la famille, de la vie des mamans, de la vie de leurs enfants, en sauvant leur vie. A mes yeux, c'est tout aussi sacré.
CA: So what is your foundation doing to promote this issue? And what could people here and people listening on the web -- what would you like them to do?
CA : Quelles actions sont mises en place par votre fondation ? Que peut faire chaque personne dans la salle ou sur internet ? Quel est votre message ?
MG: I would say this -- join the conversation. We've listed the website up here. Join the conversation. Tell your story about how contraception has either changed your life or somebody's life that you know. And say that you're for this. We need a groundswell of people saying, "This makes sense. We've got to give all women access -- no matter where they live." And one of the things that we're going to do is do a large event July 11 in London, with a whole host of countries, a whole host of African nations, to all say we're putting this back on the global health agenda. We're going to commit resources to it, and we're going to do planning from the bottom up with governments to make sure that women are educated -- so that if they want the tool, they have it, and that they have lots of options available either through their local healthcare worker or their local community rural clinic.
MG : J'aimerais que tout le monde prenne part à la discussion. Voici l'adresse web. Rejoignez-nous. Racontez-nous comment la contraception a influencé votre vie, ou celle de vos proches. Affirmez votre position. Nous avons besoin de vous, pour en affirmer le bien-fondé, pour donner l'accès à la contraception à toutes les femmes, dans le monde entier. Une de nos prochaines actions aura lieu à Londres le 11 juillet prochain. Avec de nombreux pays, de nombreux pays d'Afrique aussi, nous allons remettre ce sujet dans les programmes de santé mondiaux. Nous allons engager des ressources. Nous allons planifier avec les gouvernements des actions au niveau des familles qui garantissent une formation des femmes. Si elles le souhaitent, elles pourront obtenir les moyens, et choisir parmi plusieurs options, en se rendant dans leur centre médical local.
CA: Melinda, I'm guessing that some of those nuns who taught you at school are going to see this TED Talk at some point. Are they going to be horrified, or are they cheering you on?
CA : Melinda, j'imagine que les sœurs qui vous ont enseignée au lycée vont probablement écouter votre présentation. Seront-elles horrifiées ou vont-elles vous encourager ?
MG: I know they're going to see the TED Talk because they know that I'm doing it and I plan to send it to them. And, you know, the nuns who taught me were incredibly progressive. I hope that they'll be very proud of me for living out what they taught us about social justice and service. I have come to feel incredibly passionate about this issue because of what I've seen in the developing world. And for me, this topic has become very close to heart because you meet these women and they are so often voiceless. And yet they shouldn't be -- they should have a voice, they should have access. And so I hope they'll feel that I'm living out what I've learned from them and from the decades of work that I've already done at the foundation.
MG: Je sais qu'elles vont écouter la présentation, parce qu'elles sont au courant et que je vais la leur envoyer. Les sœurs qui m'ont éduquée sont incroyablement progressistes. J'espère qu'elles seront fières de moi, en m'observant vivre selon leurs préceptes de justice sociale et de service. Ce sujet me passionne profondément. J'ai vu tant de choses dans le monde en voie de développement, j'ai rencontré tant de femmes sans voix, que ce sujet occupe toutes mes pensées et mon cœur. Ces femmes ne peuvent pas rester sans voix. Leur voix doit compter. Elles doivent avoir le choix. J'espère que les sœurs comprendront que j'applique ce que j'ai appris d'elles et de toutes ces années d'actions au sein de la fondation.
CA: So, you and your team brought together today an amazing group of speakers to whom we're all grateful. Did you learn anything?
CA : Avec votre équipe, vous avez réuni des orateurs de talent. Merci beaucoup. Qu'est-ce que vous avez appris aujourd'hui ?
(Laughter)
(Rires)
MG: Oh my gosh, I learned so many things. I have so many follow-up questions. And I think a lot of this work is a journey. You heard the discussion about the journey through energy, or the journey through social design, or the journey in the coming and saying, "Why aren't there any women on this platform?" And I think for all of us who work on these development issues, you learn by talking to other people. You learn by doing. You learn by trying and making mistakes. And it's the questions you ask. Sometimes it's the questions you ask that helps lead to the answer the next person that can help you answer it. So I have lots of questions for the panelists from today. And I thought it was just an amazing day.
MG : J'ai appris tant de choses. J'ai l'esprit plein de questions. J'envisage ce travail comme un voyage. Nous avons écouté une présentation d'un voyage à travers l'énergie, d'un voyage au sein de l'architecture sociale, d'un voyage vers la maturité qui demande : « Pourquoi si peu de femmes sur cette scène ? » Je suis convaincue que nous tous qui travaillons pour le développement, on apprend en parlant aux gens. On apprend sur le tas, en essayant et en nous trompant. Parfois ce sont les questions que l'on pose qui nous mènent à la réponse la prochaine personne qui nous aidera à trouver la réponse. J'ai beaucoup de questions pour les orateurs. J'ai passé une journée fantastique.
CA: Melinda, thank you for inviting all of us on this journey with you.
CA : Melinda, merci pour votre invitation à vous accompagner dans votre voyage.
Thank you so much. MG: Great. Thanks, Chris.
Merci beaucoup. MG : Merci, Chris.