So I want to talk to you today about AIDS in sub-Saharan Africa. And this is a pretty well-educated audience, so I imagine you all know something about AIDS. You probably know that roughly 25 million people in Africa are infected with the virus, that AIDS is a disease of poverty, and that if we can bring Africa out of poverty, we would decrease AIDS as well. If you know something more, you probably know that Uganda, to date, is the only country in sub-Saharan Africa that has had success in combating the epidemic. Using a campaign that encouraged people to abstain, be faithful, and use condoms -- the ABC campaign -- they decreased their prevalence in the 1990s from about 15 percent to 6 percent over just a few years. If you follow policy, you probably know that a few years ago the president pledged 15 billion dollars to fight the epidemic over five years, and a lot of that money is going to go to programs that try to replicate Uganda and use behavior change to encourage people and decrease the epidemic.
Aujourd'hui je veux vous parler du SIDA en Afrique sub-saharienne. Vous êtes un public averti, donc j'imagine que vous savez pas mal de choses sur le SIDA. Vous savez probablement qu'environ 25 millions d'Africains sont touchés par le virus, et que le SIDA est une maladie de la pauvreté. Et qu'en sortant l'Afrique de la pauvreté, nous pourrions y réduire le SIDA. Si vous en savez un peu plus, vous savez probablement que l'Ouganda, à ce jour, est le seul pays d'Afrique sub-saharienne qui ait réussi à combattre l'épidémie, en utilisant une campagne qui encourageait les gens à l'abstinence, à la fidélité et à l'utilisation du préservatif -- la campagne ABC en anglais. Dans les années 1990 leur taux d'infection a baissé d'environ 15% de la population à 6% en quelques années seulement. Si vous suivez un peu la politique, vous savez probablement qu'il y a quelques années le président a promis de donner 15 milliards de dollars sur 5 ans pour combattre l'épidémie, et qu'une part importante de cet argent va à des programmes qui suivent l'exemple de l'Ouganda et changent les comportements pour encourager la population et ainsi réduire l'épidémie.
So today I'm going to talk about some things that you might not know about the epidemic, and I'm actually also going to challenge some of these things that you think that you do know. To do that I'm going to talk about my research as an economist on the epidemic. And I'm not really going to talk much about the economy. I'm not going to tell you about exports and prices. But I'm going to use tools and ideas that are familiar to economists to think about a problem that's more traditionally part of public health and epidemiology. And I think in that sense, this fits really nicely with this lateral thinking idea. Here I'm really using the tools of one academic discipline to think about problems of another.
Aujourd'hui je vais donc parler de certaines choses que vous ne savez peut-être pas à propos de l'épidémie. Puis je vais remettre en question certaines des choses que vous pensez savoir. Et pour ce faire, je vais vous parler de mes recherches sur l'épidémie en tant qu'économiste Je ne vais pas vraiment parler beaucoup d'économie. Je ne vais pas vous parler d'exportations et de prix. Mais je vais utiliser des outils et des idées que les économistes connaissent bien pour réfléchir à un problème qui est plus traditionnellement vu sous l'angle de la santé publique et de l'épidémiologie Je pense que cela s'inscrit bien dans l'idée de transversalité. J'utilise les outils d'une discipline académique pour réfléchir à un problème d'une autre discipline.
So we think, first and foremost, AIDS is a policy issue. And probably for most people in this room, that's how you think about it. But this talk is going to be about understanding facts about the epidemic. It's going to be about thinking about how it evolves, and how people respond to it. I think it may seem like I'm ignoring the policy stuff, which is really the most important, but I'm hoping that at the end of this talk you will conclude that we actually cannot develop effective policy unless we really understand how the epidemic works.
Tout d'abord, nous pensons que le SIDA est un problème de politique. Il est probable que la plupart d'entre vous ici y pensent en ces termes. Mais dans cette présentation nous allons essayer de parler de faits. Nous allons penser à comment l'épidémie évolue et comment les gens y répondent. Il va peut-être vous paraître que je laisse de côté les politiques publiques, qui sont les plus importantes, mais j'espère qu'à la fin de cette présentation vous conclurez qu'il est en fait impossible de développer une politique efficace si on ne comprend pas comment l'épidémie fonctionne.
And the first thing that I want to talk about, the first thing I think we need to understand is: how do people respond to the epidemic? So AIDS is a sexually transmitted infection, and it kills you. So this means that in a place with a lot of AIDS, there's a really significant cost of sex. If you're an uninfected man living in Botswana, where the HIV rate is 30 percent, if you have one more partner this year -- a long-term partner, girlfriend, mistress -- your chance of dying in 10 years increases by three percentage points.
La première chose dont je voudrais parler, la première chose que nous devons comprendre, c'est "Comment les gens répondent-ils à l'épidémie?" Le SIDA est une infection sexuellement transmissible, et le SIDA tue. Donc dans les lieux où le SIDA est très présent, le coût des relations sexuelles est très élevé. Si vous êtes un homme non-porteur au Botswana, où le taux de VIH est de 30%, si vous avez plus d'une partenaire cette année -- votre conjoint, une copine ou une maîtresse -- votre chance de mourir dans les 10 ans augmente de 3%.
That is a huge effect. And so I think that we really feel like then people should have less sex. And in fact among gay men in the US we did see that kind of change in the 1980s. So if we look in this particularly high-risk sample, they're being asked, "Did you have more than one unprotected sexual partner in the last two months?" Over a period from '84 to '88, that share drops from about 85 percent to 55 percent. It's a huge change in a very short period of time.
C'est énorme. Alors il nous semble que les gens devraient avoir moins de relations sexuelles. En fait, les homosexuels aux États-Unis ont adopté ce type de comportement dans les années 80. En étudiant cette population à haut risque, si on leur demande, "Avez-vous eu plus d'un rapport non protégé dans les deux derniers mois?" Entre 84 et 88, les "Oui" tombent de 85 à 55%. C'est un changement considérable en très peu de temps.
We didn't see anything like that in Africa. So we don't have quite as good data, but you can see here the share of single men having pre-marital sex, or married men having extra-marital sex, and how that changes from the early '90s to late '90s, and late '90s to early 2000s. The epidemic is getting worse. People are learning more things about it. We see almost no change in sexual behavior. These are just tiny decreases -- two percentage points -- not significant.
Rien de tel ne s'est passé en Afrique. Les données que nous avons ne sont pas aussi bonnes, mais vous pouvez voir ici la proportion d'hommes célibataires ayant des rapports sexuels avant le mariage, ou d'hommes mariés ayant des rapports extra-conjugaux, et leur évolution du début à la fin des années 90, et de la fin des années 90 au début des années 2000. L'épidémie s'étend. Les gens en savent plus sur l'épidémie... mais les comportements sexuels changent peu. La baisse est très limitée -- 2 points --
This seems puzzling. But I'm going to argue that you shouldn't be surprised by this, and that to understand this you need to think about health the way than an economist does -- as an investment. So if you're a software engineer and you're trying to think about whether to add some new functionality to your program, it's important to think about how much it costs. It's also important to think about what the benefit is. And one part of that benefit is how much longer you think this program is going to be active. If version 10 is coming out next week, there's no point in adding more functionality into version nine.
Ça semble étonnant, mais en fait ça ne devrait pas nous surprendre. Pour comprendre pourquoi, il faut penser à la santé comme les économistes -- la santé est un investissement. Si vous êtes un ingénieur informatique et que vous essayez d'ajouter une nouvelle fonction à votre programme, vous devez aussi penser à combien cela va coûter. Vous devez penser à combien cela va rapporter. Cela va dépendre entre autres de la durée de vie du programme. Si la version 10 est sur le point de sortir, ça ne sert à rien d'ajouter des fonctions dans la version 9.
But your health decisions are the same. Every time you have a carrot instead of a cookie, every time you go to the gym instead of going to the movies, that's a costly investment in your health. But how much you want to invest is going to depend on how much longer you expect to live in the future, even if you don't make those investments. AIDS is the same kind of thing. It's costly to avoid AIDS. People really like to have sex. But, you know, it has a benefit in terms of future longevity. But life expectancy in Africa, even without AIDS, is really, really low: 40 or 50 years in a lot of places. I think it's possible, if we think about that intuition, and think about that fact, that maybe that explains some of this low behavior change.
Les décisions en termes de santé publique sont identiques. Chaque fois que vous mangez une carotte plutôt qu'un biscuit, chaque fois que vous allez faire du sport plutôt qu'au cinéma, vous investissez dans votre santé. Mais la taille de votre investissement dépend du nombre d'années qu'il vous reste à vivre -- selon vous même si vous ne faites pas ces investissements. C'est pareil pour le SIDA. Éviter d'attraper le SIDA coûte cher. Les gens aiment avoir des rapports sexuels. Ça vous apporte quelque-chose en termes de longévité. Mais l'espérance de vie en Afrique, même sans le SIDA, est vraiment, vraiment basse: 40 ou 50 ans dans beaucoup d'endroits. Je pense qu'il est possible, quand on pense en ces termes, que cela explique pourquoi le SIDA a si peu changé les comportements.
But we really need to test that. And a great way to test that is to look across areas in Africa and see: do people with more life expectancy change their sexual behavior more? And the way that I'm going to do that is, I'm going to look across areas with different levels of malaria. So malaria is a disease that kills you. It's a disease that kills a lot of adults in Africa, in addition to a lot of children. And so people who live in areas with a lot of malaria are going to have lower life expectancy than people who live in areas with limited malaria. So one way to test to see whether we can explain some of this behavior change by differences in life expectancy is to look and see is there more behavior change in areas where there's less malaria.
Alors testons notre hypothèse. Pour ça, on peut regarder différentes régions d'Afrique: est-ce que les peuples où l'espérance de vie est plus élevée changent leur comportement sexuel davantage? Pour voir si c'est le cas, je vais regarder des régions où la malaria est présente à différents niveaux. La malaria tue. Elle tue beaucoup d'adultes en Afrique, et aussi beaucoup d'enfants. Ceux qui vivent dans des régions où la malaria est très présente ont une espérance de vie moindre que ceux qui vivent là où elle est moins présente. Pour confirmer que les comportements changent en fonction de l'espérance de vie on va donc voir si les comportements changent davantage dans les endroits où la malaria est moins présente.
So that's what this figure shows you. This shows you -- in areas with low malaria, medium malaria, high malaria -- what happens to the number of sexual partners as you increase HIV prevalence. If you look at the blue line, the areas with low levels of malaria, you can see in those areas, actually, the number of sexual partners is decreasing a lot as HIV prevalence goes up. Areas with medium levels of malaria it decreases some -- it doesn't decrease as much. And areas with high levels of malaria -- actually, it's increasing a little bit, although that's not significant.
C'est ce que montre ce graphique. Il montre, selon le degré de malaria (bas, moyen, élevé) comment évolue le nombre de partenaires sexuels à mesure qu'augmente la présence du VIH. Regardez cette courbe bleue, les endroits avec peu de malaria. Vous voyez que le nombre de partenaires sexuels baisse beaucoup à mesure que le VIH augmente. Là où la présence de la malaria est moyenne, ça baisse un peu mais pas autant. Là où la malaria est très présente, ça augmente un peu, mais pas de manière significative.
This is not just through malaria. Young women who live in areas with high maternal mortality change their behavior less in response to HIV than young women who live in areas with low maternal mortality. There's another risk, and they respond less to this existing risk.
Ça n'est pas vrai que pour la malaria. Les jeunes femmes vivant dans des lieux où la mortalité maternelle est élevée changent moins leur comportement avec le VIH que celles vivant dans des lieux où la mortalité maternelle est basse. Il y a un autre risque, et elles répondent moins à ce risque existant.
So by itself, I think this tells a lot about how people behave. It tells us something about why we see limited behavior change in Africa.
Cela nous en dit long sur le comportement des gens. Ça nous explique pourquoi les comportements changent peu en Afrique.
But it also tells us something about policy. Even if you only cared about AIDS in Africa, it might still be a good idea to invest in malaria, in combating poor indoor air quality, in improving maternal mortality rates. Because if you improve those things, then people are going to have an incentive to avoid AIDS on their own. But it also tells us something about one of these facts that we talked about before. Education campaigns, like the one that the president is focusing on in his funding, may not be enough, at least not alone. If people have no incentive to avoid AIDS on their own, even if they know everything about the disease, they still may not change their behavior.
Mais ça nous apprend aussi quelque-chose sur les politiques de santé publique. Si vous vous préoccupez uniquement du SIDA en Afrique, il serait bon de lutter aussi contre la malaria, d'améliorer la qualité de l'air dans les maisons, et de diminuer le taux de mortalité maternelle. Car en améliorant tout cela, vous incitez davantage les gens à éviter le SIDA d'eux-mêmes. Ça nous apprend aussi quelque chose sur ce que nous évoquions précédemment. Les campagnes de sensibilisation, comme celle que le Président a lancée, ne suffisent pas. En tout cas pas toutes seules. Si l'on n'incite pas les gens à éviter le SIDA d'eux-mêmes, même s'ils savent tout sur la maladie, ils risquent quand même de ne pas changer leur comportement.
So the other thing that I think we learn here is that AIDS is not going to fix itself. People aren't changing their behavior enough to decrease the growth in the epidemic. So we're going to need to think about policy and what kind of policies might be effective.
L'autre chose qu'on apprend ici, c'est que le SIDA ne va pas être vaincu tout seul. Les gens ne changent pas suffisamment leurs comportements pour faire baisser la croissance de l'épidémie. Donc il nous faut penser aux politiques publiques. Quelles politiques peuvent être efficaces?
And a great way to learn about policy is to look at what worked in the past. The reason that we know that the ABC campaign was effective in Uganda is we have good data on prevalence over time. In Uganda we see the prevalence went down. We know they had this campaign. That's how we learn about what works. It's not the only place we had any interventions. Other places have tried things, so why don't we look at those places and see what happened to their prevalence?
Une bonne façon de voir ça est de regarder à ce qui a fonctionné par le passé. La raison pour laquelle nous savons que la campagne ABC a fonctionné en Ouganda, est que nous y avons des données sur l'évolution du taux de VIH. En Ouganda, nous avons vu ce taux baisser. Nous savons qu'il y a eu cette campagne. C'est comme ça qu'on sait ce qui marche. Mais ça n'est pas le seul endroit où il y a eu des interventions. Ailleurs on a essayé des choses, alors pourquoi ne pas regarder l'évolution du taux de présence du VIH ailleurs?
Unfortunately, there's almost no good data on HIV prevalence in the general population in Africa until about 2003. So if I asked you, "Why don't you go and find me the prevalence in Burkina Faso in 1991?" You get on Google, you Google, and you find, actually the only people tested in Burkina Faso in 1991 are STD patients and pregnant women, which is not a terribly representative group of people. Then if you poked a little more, you looked a little more at what was going on, you'd find that actually that was a pretty good year, because in some years the only people tested are IV drug users. But even worse -- some years it's only IV drug users, some years it's only pregnant women. We have no way to figure out what happened over time. We have no consistent testing.
Malheureusement, il n'y a presque pas de bonnes données sur le taux de VIH en Afrique avant 2003. Si je vous demandais: "Donnez-moi le taux de VIH au Burkina Faso en 1991." Vous iriez sur Google, et vous apprendriez qu'en 1991, les seules personnes dépistées au Burkina Faso étaient les personnes ayant une MST et les femmes enceintes. Ce qui ne constitue pas un panel très représentatif. En cherchant davantage, vous trouveriez qu'en fait 1991 était une assez bonne année. Parce que, certaines années, seuls les drogués par intraveineuse ont été dépistés. Mais pire encore -- certaines années c'est seulement ces drogués d'autres années seulement les femmes enceintes. Nous n'avons donc aucun moyen de comprendre ce qui s'est passé sur la durée. Les dépistages ne sont pas cohérents.
Now in the last few years, we actually have done some good testing. In Kenya, in Zambia, and a bunch of countries, there's been testing in random samples of the population. But this leaves us with a big gap in our knowledge. So I can tell you what the prevalence was in Kenya in 2003, but I can't tell you anything about 1993 or 1983.
Ces dernières années, nous avons eu de bons dépistages. Au Kenya, en Zambie, dans pas mal de pays, le dépistage a été effectué au hasard dans la population. Nous avons donc un grand trou dans notre connaissance. Je peux vous dire le taux d'infection du VIH au Kenya en 2003, mais je ne peux rien vous dire sur 1993 ou 1983.
So this is a problem for policy. It was a problem for my research. And I started thinking about how else might we figure out what the prevalence of HIV was in Africa in the past. And I think that the answer is, we can look at mortality data, and we can use mortality data to figure out what the prevalence was in the past.
C'est un problème pour élaborer une politique et ça m'a posé problème aussi. Alors je me suis demandée : comment pouvons-nous obtenir le taux d'infection du VIH en Afrique dans le passé? On peut regarder les chiffres de la mortalité, pour trouver quel était le taux passé d'infection du VIH.
To do this, we're going to have to rely on the fact that AIDS is a very specific kind of disease. It kills people in the prime of their lives. Not a lot of other diseases have that profile. And you can see here -- this is a graph of death rates by age in Botswana and Egypt. Botswana is a place with a lot of AIDS, Egypt is a place without a lot of AIDS. And you see they have pretty similar death rates among young kids and old people. That suggests it's pretty similar levels of development.
Pour ce faire, il nous faut nous baser sur le fait que le SIDA est une maladie très particulière. Le SIDA tue les gens dans la fleur de l'âge. Peu de maladies ont cette particularité. Vous voyez ici un graphique du taux de mortalité au Botswana et en Égypte. Au Botswana il y a beaucoup de cas de SIDA, en Égypte il y en a peu. Les taux de mortalité y sont similaires chez les jeunes et les personnes âgées. Cela sous-entend donc des niveaux de développement similaires.
But in this middle region, between 20 and 45, the death rates in Botswana are much, much, much higher than in Egypt. But since there are very few other diseases that kill people, we can really attribute that mortality to HIV. But because people who died this year of AIDS got it a few years ago, we can use this data on mortality to figure out what HIV prevalence was in the past. So it turns out, if you use this technique, actually your estimates of prevalence are very close to what we get from testing random samples in the population, but they're very, very different than what UNAIDS tells us the prevalences are.
Mais au milieu, entre 20 et 45 ans, les taux de mortalité au Botswana sont beaucoup beaucoup plus élevés qu'en Égypte. Comme peu d'autres maladies tuent les gens, cette mortalité vient du VIH. Mias comme les gens morts du SIDA l'ont contracté quelques années plus tôt, on peut utiliser ces chiffres pour trouver le taux passé d'infection du VIH. En utilisant cette technique, l'estimation de ce taux est très proche des taux obtenus lors de dépistages au hasard dans la population -- mais ils sont très différents des chiffres d'ONUSIDA.
So this is a graph of prevalence estimated by UNAIDS, and prevalence based on the mortality data for the years in the late 1990s in nine countries in Africa. You can see, almost without exception, the UNAIDS estimates are much higher than the mortality-based estimates. UNAIDS tell us that the HIV rate in Zambia is 20 percent, and mortality estimates suggest it's only about 5 percent. And these are not trivial differences in mortality rates. So this is another way to see this. You can see that for the prevalence to be as high as UNAIDS says, we have to really see 60 deaths per 10,000 rather than 20 deaths per 10,000 in this age group.
Voici un graphique du taux estimé par ONUSIDA, et du taux basé sur les taux de mortalité pour la fin des années 90 dans neuf pays d'Afrique. Vous voyez que presque sans exception, les estimations d'ONUSIDA sont plus élevées que nos estimations. ONUSIDA nous dit que le taux de VIH en Zambie est de 20% le taux de mortalité montre qu'il n'est que de 5%. Ce n'est pas rien comme différence. En d'autres termes: si le taux d'infection était aussi élevé que le dit ONUSIDA, il y aurait 60 morts pour 10000 habitants plutôt que 20 morts pour 10000 dans cette tranche d'âge.
I'm going to talk a little bit in a minute about how we can use this kind of information to learn something that's going to help us think about the world. But this also tells us that one of these facts that I mentioned in the beginning may not be quite right. If you think that 25 million people are infected, if you think that the UNAIDS numbers are much too high, maybe that's more like 10 or 15 million. It doesn't mean that AIDS isn't a problem. It's a gigantic problem. But it does suggest that that number might be a little big. What I really want to do, is I want to use this new data to try to figure out what makes the HIV epidemic grow faster or slower.
Dans un instant je vais vous montrer que ces informations nous apprennent quelque chose sur notre façon de penser le monde. Elles nous montrent aussi qu'un des faits dont je parlais au début n'est pas complètement vrai. Pour ONUSIDA 25 millions de personnes sont infectées, mais si vous pensez que les chiffres d'ONUSIDA sont bien trop élevés, peut-être que c'est plutôt 10 ou 15 millions. Ça ne veut pas dire que le SIDA n'est pas un problème. C'est un énorme problème. Mais ça sous-tend que ce nombre est peut-être un peu élevé. Ce que je veux faire, c'est utiliser ces nouveaux chiffres pour comprendre comment l'épidémie accélère ou ralentit.
And I said in the beginning, I wasn't going to tell you about exports. When I started working on these projects, I was not thinking at all about economics, but eventually it kind of sucks you back in. So I am going to talk about exports and prices. And I want to talk about the relationship between economic activity, in particular export volume, and HIV infections.
Au début je vous disais que je ne vous parlerais pas d'exportations. Au début de ce projet, je ne pensais pas du tout à l'économie, mais au final ça finit toujours pas vous rattraper. Je vais donc quand même vous parler d'exportations et de prix, et de la relation entre activité économique, en particulier volumes d'exportations, et taux de VIH.
So obviously, as an economist, I'm deeply familiar with the fact that development, that openness to trade, is really good for developing countries. It's good for improving people's lives. But openness and inter-connectedness, it comes with a cost when we think about disease. I don't think this should be a surprise. On Wednesday, I learned from Laurie Garrett that I'm definitely going to get the bird flu, and I wouldn't be at all worried about that if we never had any contact with Asia.
En tant qu'économiste, je sais bien entendu que le développement, l'ouverture des échanges sont bons pour les pays en développement. Ça aide à améliorer le niveau de vie des gens. Mais l'ouverture et l'interconnexion ont un coût en termes de maladies. Ce n'est pas une surprise. Ce mercredi, la journaliste Laurie Garrett m'a annoncé que j'allais avoir la grippe aviaire, et que ça ne serait pas le cas du tout si nous n'avions aucun contact avec l'Asie.
And HIV is actually particularly closely linked to transit. The epidemic was introduced to the US by actually one male steward on an airline flight, who got the disease in Africa and brought it back. And that was the genesis of the entire epidemic in the US. In Africa, epidemiologists have noted for a long time that truck drivers and migrants are more likely to be infected than other people. Areas with a lot of economic activity -- with a lot of roads, with a lot of urbanization -- those areas have higher prevalence than others.
Le VIH est très lié aux mouvements. C'est un steward sur une compagnie aérienne qui l'a introduit aux États-Unis. Il avait contracté la maladie en Afrique et l'a rapportée. C'est ainsi qu'a commencé l'épidémie aux États-Unis. En Afrique, les épidémiologistes savent depuis longtemps que les chauffeurs routiers et les émigrés ont plus de chances d'être infectés. Que les zones à forte activité economique -- avec des routes et de l'urbanisation -- ont des taux d'infection supérieurs aux autres.
But that actually doesn't mean at all that if we gave people more exports, more trade, that that would increase prevalence. By using this new data, using this information about prevalence over time, we can actually test that. And so it seems to be -- fortunately, I think -- it seems to be the case that these things are positively related. More exports means more AIDS. And that effect is really big. So the data that I have suggests that if you double export volume, it will lead to a quadrupling of new HIV infections.
Ça ne veut pas dire du tout qu'en exportant plus, en augmentant les échanges, le taux d'infection augmenterait. Ces nouvelles données, le taux d'infection sur plusieurs années, nous permettent de tester cette hypothèse. Et il semble bien -- heureusement -- que ces deux variables soient effectivement corrélées. Plus d'exportations = plus de SIDA. La corrélation est très grande. D'après mes données, si vous doublez les exportations, le nombre de nouvelles infections au VIH quadruplent.
So this has important implications both for forecasting and for policy. From a forecasting perspective, if we know where trade is likely to change, for example, because of the African Growth and Opportunities Act or other policies that encourage trade, we can actually think about which areas are likely to be heavily infected with HIV. And we can go and we can try to have pre-emptive preventive measures there. Likewise, as we're developing policies to try to encourage exports, if we know there's this externality -- this extra thing that's going to happen as we increase exports -- we can think about what the right kinds of policies are.
Cela a des conséquences en termes de prévisions et de politiques publiques. En termes de prévisions, si le commerce est sur le point de changer, par exemple en raison de la loi américaine pour la Croissance en Afrique, ou en raison d'autres politiques qui encouragent le commerce, on peut prédire quelles zones ont plus de chances d'être très infectées par le VIH. C'est là-bas qu'on peut essayer de mettre en place des mesures préventives. De même, en développant des politiques d'encouragement des exportations, en connaissant cet effet -- ce qui arrive quand on augmente les exportations -- on peut mieux réfléchir aux bonnes politiques à suivre.
But it also tells us something about one of these things that we think that we know. Even though it is the case that poverty is linked to AIDS, in the sense that Africa is poor and they have a lot of AIDS, it's not necessarily the case that improving poverty -- at least in the short run, that improving exports and improving development -- it's not necessarily the case that that's going to lead to a decline in HIV prevalence.
On apprend donc quelque-chose sur ce qu'on pensait savoir. Bien que la pauvreté soit liée au SIDA, dans le sens où l'Afrique est pauvre et le SIDA y est très présent, ça n'est pas forcément en diminuant la pauvreté -- en tout cas à court terme -- en augmentant les exportations et le développement, que cela va entraîner une baisse du taux d'infection au VIH.
So throughout this talk I've mentioned a few times the special case of Uganda, and the fact that it's the only country in sub-Saharan Africa with successful prevention. It's been widely heralded. It's been replicated in Kenya, and Tanzania, and South Africa and many other places. But now I want to actually also question that. Because it is true that there was a decline in prevalence in Uganda in the 1990s. It's true that they had an education campaign. But there was actually something else that happened in Uganda in this period.
Pendant cette présentation, j'ai mentionné plusieurs fois le cas de l'Ouganda, et le fait que c'est le seul pays d'Afrique sub-saharienne à avoir eu des succès. Cela a été crié haut et fort. Cela a été répliqué au Kenya, en Tanzanie, en Afrique du Sud et dans bien d'autres lieux. Mais je veux remettre ça en question. Il y a bien eu une baisse du taux d'infection en Ouganda dans les années 90. Il y a bien eu une campagne d'éducation. Mais il y a eu quelque chose d'autre en Ouganda à cette époque.
There was a big decline in coffee prices. Coffee is Uganda's major export. Their exports went down a lot in the early 1990s -- and actually that decline lines up really, really closely with this decline in new HIV infections. So you can see that both of these series -- the black line is export value, the red line is new HIV infections -- you can see they're both increasing. Starting about 1987 they're both going down a lot. And then actually they track each other a little bit on the increase later in the decade.
Il y a eu une forte baisse des prix du café. Le café est la première source d'exportatrions de l'Ouganda. Ces exportations ont chuté au début des années 90 -- un déclin qui coïncide de très près avec la baisse des nouvelles infections au VIH. Ces deux séries -- la courbe noire qui est celle des exportations en valeur, et la rouge qui est celle des infections -- augmentent toutes les deux. Vers 1987, elles commencent à beaucoup baisser. Et elles continuent à se suivre en augmentant légèrement, plus tard dans la décennie.
So if you combine the intuition in this figure with some of the data that I talked about before, it suggests that somewhere between 25 percent and 50 percent of the decline in prevalence in Uganda actually would have happened even without any education campaign.
En combinant l'intuition et ce chiffre aux données dont je vous parlais plus tôt, vous voyez qu'entre 25% et 50% du déclin du taux d'infection en Ouganda aurait eu lieu sans la campagne d'éducation.
But that's enormously important for policy. We're spending so much money to try to replicate this campaign. And if it was only 50 percent as effective as we think that it was, then there are all sorts of other things maybe we should be spending our money on instead. Trying to change transmission rates by treating other sexually transmitted diseases. Trying to change them by engaging in male circumcision. There are tons of other things that we should think about doing. And maybe this tells us that we should be thinking more about those things.
C'est extrêmement important en termes de politiques publiques. Nous dépensons trop d'argent à répliquer cette campagne, et si elle n'est que 50% aussi efficace qu'on le pensait, alors il y a plein d'autre choses dans lesquelles nous pourrions mettre notre argent à la place. En traitant les autres MST pour baisser les taux de transmission. En lançant des campagnes de circoncision pour baisser ces taux. Et on peut penser à plein d'autres choses. Cela nous montre qu'il faudrait peut-être qu'on y pense davantage.
I hope that in the last 16 minutes I've told you something that you didn't know about AIDS, and I hope that I've gotten you questioning a little bit some of the things that you did know. And I hope that I've convinced you maybe that it's important to understand things about the epidemic in order to think about policy.
J'espère qu'en 16 minutes je vous ai dit des choses que vous ne saviez pas sur le SIDA, et j'espère que vous remettez davantage en question ce que vous saviez. J'espère vous avoir convaincus qu'il est important de comprendre ces choses sur l'épidémie, afin de réfléchir aux politiques publiques.
But more than anything, you know, I'm an academic. And when I leave here, I'm going to go back and sit in my tiny office, and my computer, and my data. And the thing that's most exciting about that is every time I think about research, there are more questions. There are more things that I think that I want to do. And what's really, really great about being here is I'm sure that the questions that you guys have are very, very different than the questions that I think up myself. And I can't wait to hear about what they are. So thank you very much.
Plus que tout, vous savez, je suis une chercheuse. Et quand je partirai d'ici, je retournerai dans mon petit bureau, avec mon ordi et mes chiffres -- et ce qu'il y a de vraiment génial c'est qu'à chaque fois que je pense à la recherche, il y a plus de questions. Il y a plus de choses que je veux faire. Et ce qui est vraiment, vraiment génial ici c'est que je suis sûr que les questions que VOUS vous posez sont très différentes des questions que JE me pose. Et j'ai hâte d'entendre ce qu'elles sont. Alors merci beaucoup.