I'm going to be talking about designing humor, which is sort of an interesting thing, but it goes to some of the discussions about constraints, and how in certain contexts, humor is right, and in other contexts it's wrong.
Je vais parler de la fabrication de l'humour, qui est une chose assez intéressante, mais qui nous amène à discuter des contraintes, et comment, dans certaines circonstances, l'humour est juste, tandis que dans d'autres circonstances, il ne l'est pas.
Now, I'm from New York, so it's 100 percent satisfaction here. Actually, that's ridiculous, because when it comes to humor, 75 percent is really absolutely the best you can hope for. Nobody is ever satisfied 100 percent with humor except this woman.
Alors voilà, je suis de New York, donc il y a 100 % de satisfaction, ici. En fait, c'est ridicule, parce que quand il s'agit d'humour, 75 % est absolument le mieux que vous pouvez espérer. Personne n'est jamais satisfait à 100 % par l'humour, sauf cette femme.
(Video) Woman: (Laughs)
(Vidéo) Femme: (Rires)
Bob Mankoff: That's my first wife. (Laughter) That part of the relationship went fine. (Laughter)
Bob Mankoff : C'est ma première femme. (Rires) Cette partie de notre relation s'est bien passée. (Rires)
Now let's look at this cartoon. One of the things I'm pointing out is that cartoons appear within the context of The New Yorker magazine, that lovely Caslon type, and it seems like a fairly benign cartoon within this context. It's making a little bit fun of getting older, and, you know, people might like it.
Regardons maintenant ce dessin. Je souligne que ce dessin humoristique se trouve dans le contexte du magazine The New Yorker, avec cette charmante police Caslon, et il semble être un dessin assez inoffensif dans ces circonstances. Il se moque un peu de la vieillesse, et, vous voyez, il peut plaire à des gens.
But like I said, you cannot satisfy everyone. You couldn't satisfy this guy.
Mais comme je l'ai dit, on ne peut pas satisfaire tout le monde. On n'a pas pas pu satisfaire ce type.
"Another joke on old white males. Ha ha. The wit. It's nice, I'm sure to be young and rude, but some day you'll be old, unless you drop dead as I wish."
« Encore une blague sur les hommes Blancs âgés. Ha ha. Quel humour. Je suis sûr que c'est agréable d'être jeune et impoli, mais un jour vous serez vieux, à moins que vous ne tombiez raide mort, comme je le souhaite. »
(Laughter)
(Rires)
The New Yorker is rather a sensitive environment, very easy for people to get their nose out of joint. And one of the things that you realize is it's an unusual environment. Here I'm one person talking to you. You're all collective. You all hear each other laugh and know each other laugh. In The New Yorker, it goes out to a wide audience, and when you actually look at that, and nobody knows what anybody else is laughing at, and when you look at that the subjectivity involved in humor is really interesting.
Le New Yorker est un environnement assez sensible, il est très facile pour les gens de monter sur leurs grands chevaux. Et l'une des choses que l'on réalise c'est que c'est un environnement inhabituel. Ici, je suis une personne qui vous parle. Vous êtes un groupe. Vous vous entendez rire les uns les autres, et vous savez que vous riez. Dans le New Yorker, cela s'adresse à un large public, et en fait, quand on regarde ce dessin, et qu'on ne sait pas ce qui fait rire les autres, quand on regarde ça, la subjectivité impliquée dans l'humour est vraiment intéressante.
Let's look at this cartoon.
Regardons ce dessin.
"Discouraging data on the antidepressant."
« Des données décourageantes sur les antidépresseurs. »
(Laughter)
(Rires)
Indeed, it is discouraging. Now, you would think, well, look, most of you laughed at that. Right? You thought it was funny. In general, that seems like a funny cartoon, but let's look what online survey I did. Generally, about 85 percent of the people liked it. A hundred and nine voted it a 10, the highest. Ten voted it one. But look at the individual responses.
En effet, c'est décourageant. Bon, on pourrait se dire : Ecoute, ça a fait rire la plupart d'entre vous. N'est-ce pas ? Vous avez trouvé ça drôle. Globalement, il semble que ce soit un dessin drôle, mais regardons l'étude en ligne que j'ai faite. Au total, 85% des gens l'ont aimé. 109 personnes lui ont donné 10, la note la plus haute. Dix personnes lui ont donné 1. Mais regardez les réponses individuelles.
"I like animals!!!!!" Look how much they like them. (Laughter) "I don't want to hurt them. That doesn't seem very funny to me."
« J'aime les animaux !!!!! » On peut voir à quel point il les aime. (Rires) « Je ne veux pas leur faire de mal. Je ne trouve pas ça très drôle. »
This person rated it a two. "I don't like to see animals suffer -- even in cartoons."
Cette personne a mis la note 2. « Je n'aime pas voir des animaux souffrir ; même en dessin. »
To people like this, I point out we use anesthetic ink. Other people thought it was funny. That actually is the true nature of the distribution of humor when you don't have the contagion of humor.
Aux gens comme ceux-là, je précise que nous utilisons de l'encre anesthésique. D'autres personnes ont trouvé que c'était drôle. Ca, c'est en fait la nature réelle de la perception de l'humour, quand vous n'avez pas la contagion de l'humour.
Humor is a type of entertainment. All entertainment contains a little frisson of danger, something that might happen wrong, and yet we like it when there's protection. That's what a zoo is. It's danger. The tiger is there. The bars protect us. That's sort of fun, right? That's a bad zoo. (Laughter) It's a very politically correct zoo, but it's a bad zoo. But this is a worse one. (Laughter) So in dealing with humor in the context of The New Yorker, you have to see, where is that tiger going to be? Where is the danger going to exist? How are you going to manage it? My job is to look at 1,000 cartoons a week. But The New Yorker only can take 16 or 17 cartoons, and we have 1,000 cartoons. Of course, many, many cartoons must be rejected. Now, we could fit more cartoons in the magazine if we removed the articles. (Laughter) But I feel that would be a huge loss, one I could live with, but still huge.
L'humour est un type de divertissement. Tout divertissement contient un petit frisson de danger, quelque chose qui pourrait mal se passer, mais nous aimons quand même ça quand il y a une protection. Voilà ce qu'est un zoo. C'est du danger. Le tigre est là. Les barreaux nous protègent. C'est plutôt marrant, non ? Ca, c'est un mauvais zoo. (Rires) C'est un zoo très politiquement correct, mais c'est un mauvais zoo. Mais celui-là est encore pire. (Rires) En s'occupant d'humour dans le contexte du New Yorker, on doit se demander : « Où sera le tigre ? D'où va venir le danger ? Comment va-t-on le gérer ? » Mon travail, c'est de regarder 1000 dessins humoristiques par semaine. Mais le New Yorker ne peut prendre que 16 ou 17 dessins, et nous en recevons 1000. Bien sûr, beaucoup, beaucoup de dessins doivent être refusés. Evidemment, on pourrait en mettre plus dans l'hebdo, si on enlevait les articles. (Rires) Mais je crois que ce serait une perte immense, qui ne m'empêcherait pas de vivre, mais quand même immense.
Cartoonists come in through the magazine every week. The average cartoonist who stays with the magazine does 10 or 15 ideas every week. But they mostly are going to be rejected. That's the nature of any creative activity. Many of them fade away. Some of them stay.
Les dessinateurs de presse viennent à l'hebdo chaque semaine. Le dessinateur moyen qui travaille pour l'hebdo produit 10 à 15 idées chaque semaine. Mais la plupart d'entre elles seront rejetées. C'est la nature de toute activité créative. Beaucoup de dessinateurs s'éloignent. Quelques uns restent.
Matt Diffee is one of them. Here's one of his cartoons. (Laughter)
Matt Diffee est l'un d'entre eux. Voici l'un de ses dessins. (Rires)
Drew Dernavich. "Accounting night at the improv." "Now is the part of the show when we ask the audience to shout out some random numbers."
Drew Dernavich. « Match d'impro spécial comptabilité » « Là, c'est le moment du spectacle où l'on demande au public de jeter des nombres au hasard. »
Paul Noth. "He's all right. I just wish he were a little more pro-Israel." (Laughter)
Paul Noth : « Il est OK. J'aimerais juste qu'il soit un peu plus pro-Israël. » (Rires)
Now I know all about rejection, because when I quit -- actually, I was booted out of -- psychology school and decided to become a cartoonist, a natural segue, from 1974 to 1977 I submitted 2,000 cartoons to The New Yorker, and got 2,000 cartoons rejected by The New Yorker. At a certain point, this rejection slip, in 1977 -- [We regret that we are unable to use the enclosed material. Thank you for giving us the opportunity to consider it.] — magically changed to this. [Hey! You sold one. No shit! You really sold a cartoon to the fucking New Yorker magazine.] (Laughter) Now of course that's not what happened, but that's the emotional truth. And of course, that is not New Yorker humor.
Le refus, ça me connaît, parce que quand j'ai abandonné l'école de psychologie -- enfin, quand j'ai été flanqué dehors -- et que j'ai décidé de devenir dessinateur de presse, un enchaînement logique, entre 1974 et 1977 j'ai soumis 2000 dessins au New Yorker, et le New Yorker m'a refusé 2000 dessins. A un moment, en 1977, cette note de refus s'est changée par magie en ça : [Note : Hey, tu en as vendu un ! Sans blague ! Tu as vraiment vendu un dessin à ce foutu New Yorker ! ] (Rires) Bon, bien sûr, ça ne s'est pas passé comme ça, mais c'est la vérité émotionnelle. Et bien sûr, ce n'est pas de l'humour du New Yorker.
What is New Yorker humor? Well, after 1977, I broke into The New Yorker and started selling cartoons. Finally, in 1980, I received the revered New Yorker contract, which I blurred out parts because it's none of your business.
Qu'est-ce que l'humour du New Yorker ? Eh bien, après 1977, j'ai forcé l'entrée du New Yorker et j'ai commencé à vendre des dessins. Finalement, en 1980, j'ai reçu le vénéré contrat du New Yorker, dont j'ai flouté certains passages parce que c'est pas vos oignons.
From 1980. "Dear Mr. Mankoff, confirming the agreement there of -- " blah blah blah blah -- blur -- "for any idea drawings."
Daté de 1980. « Cher M. Mankoff, confirmant l'accord -- bla bla bla -- flouté -- pour tout dessin d'idée. »
With respect to idea drawings, nowhere in the contract is the word "cartoon" mentioned. The word "idea drawings," and that's the sine qua non of New Yorker cartoons. So what is an idea drawing? An idea drawing is something that requires you to think. Now that's not a cartoon. It requires thinking on the part of the cartoonist and thinking on your part to make it into a cartoon. (Laughter)
Concernant le dessin d'idée, nulle part dans le contrat l'expression « dessin humoristique » n'est mentionnée. L'expression utilisé est « dessin d'idée », et c'est le sine qua non des dessins humoristiques du New Yorker. Alors qu'est-ce qu'un dessin d'idée ? Un dessin d'idée est quelque chose qui vous oblige à réfléchir. Ça ce n'est pas un dessin humoristique. Ça exige de la réflexion de la part du dessinateur et de la réflexion votre part pour en faire un dessin humoristique. (Rires)
Here are some, generally you get my cast of cartoon mind.
En voilà quelques uns, vous allez saisir mon genre de dessins humoristiques.
"There is no justice in the world. There is some justice in the world. The world is just."
« Il n'y a pas de justice dans le monde. Il y a un peu de justice dans le monde. Le monde est juste. »
This is What Lemmings Believe.
Ca c'est « Ce que croient les lemmings ».
(Laughter)
(Rires)
The New Yorker and I, when we made comments, the cartoon carries a certain ambiguity about what it actually is. What is it, the cartoon? Is it really about lemmings? No. It's about us. You know, it's my view basically about religion, that the real conflict and all the fights between religion is who has the best imaginary friend. (Laughter)
Le New Yorker et moi, quand on rajoute une légende, le dessin porte en lui une certaine ambiguïté quant à son sujet réel. Qu'est-ce que c'est, ce dessin ? Parle-t-il vraiment de lemmings ? Non, il parle de nous. Vous voyez, c'est à peu près ma vision de la religion, de dire que la vraie dispute, toutes les batailles entre les religions, sont des batailles pour savoir qui a le meilleur ami imaginaire. (Rires)
And this is my most well-known cartoon. "No, Thursday's out. How about never — is never good for you?" It's been reprinted thousands of times, totally ripped off. It's even on thongs, but compressed to "How about never — is never good for you?"
Et voici mon dessin le plus célèbre. « Non, jeudi c'est impossible. Que diriez-vous de jamais ? Est-ce que jamais vous irait ? » Il a été réimprimé des milliers de fois, on se l'est arraché. On le trouve même sur des strings. Mais réduit à « Que diriez-vous de jamais ? Est-ce que jamais vous irait ? »
Now these look like very different forms of humor but actually they bear a great similarity. In each instance, our expectations are defied. In each instance, the narrative gets switched. There's an incongruity and a contrast. In "No, Thursday's out. How about never — is never good for you?" what you have is the syntax of politeness and the message of being rude. That really is how humor works. It's a cognitive synergy where we mash up these two things which don't go together and temporarily in our minds exist. He is both being polite and rude. In here, you have the propriety of The New Yorker and the vulgarity of the language. Basically, that's the way humor works.
Ces deux documents semblent relever de formes d'humour très différentes, mais en réalité, ils sont très similaires. Les deux cas déjouent nos attentes. Dans les deux cas, le récit est inversé. Il y a une incongruité et un contraste. Dans « Non, jeudi c'est impossible. Que diriez-vous de jamais ? Est-ce que jamais vous irait ? », vous avez la syntaxe de la politesse et un message impoli. C'est vraiment comme ça que fonctionne l'humour. C'est une synergie cognitive dans laquelle on mélange ces deux choses qui ne vont pas ensemble et qui coexistent temporairement dans nos esprits. Il est à la fois poli et impoli. Dans celui-là, vous avez la bienséance du New Yorker, et la vulgarité du langage. C'est essentiellement comme ça que l'humour fonctionne.
So I'm a humor analyst, you would say. Now E.B. White said, analyzing humor is like dissecting a frog. Nobody is much interested, and the frog dies. Well, I'm going to kill a few, but there won't be any genocide. But really, it makes me — Let's look at this picture. This is an interesting picture, The Laughing Audience. There are the people, fops up there, but everybody is laughing, everybody is laughing except one guy. This guy. Who is he? He's the critic. He's the critic of humor, and really I'm forced to be in that position, when I'm at The New Yorker, and that's the danger that I will become this guy.
On pourrait donc dire que je suis un analyste de l'humour. E.B. White a dit : « Analyser l'humour, c'est comme disséquer une grenouille. Personne n'est vraiment intéressé, et la grenouille en meurt. » Eh bien, je vais en tuer quelques unes, mais ce ne sera pas un génocide. Mais vraiment, ça me fait -- Regardons cette image. C'est une image intéressante. Le Public Riant. Il y a ces gens, ces dandys là-haut, mais tout le monde rit, tout le monde rit, sauf un type. Ce type. Qui est-il ? C'est le critique. C'est le critique de l'humour, et je suis vraiment obligé d'être dans cette position quand je suis au New Yorker, et je cours le danger de devenir ce type.
Now here's a little video made by Matt Diffee, sort of how they imagine if we really exaggerated that.
Voici une petite vidéo réalisée par Matt Diffee, dans laquelle ils imaginent comment ce serait
(Video) Bob Mankoff: "Oooh, no. Ehhh. Oooh. Hmm. Too funny. Normally I would but I'm in a pissy mood. I'll enjoy it on my own. Perhaps. No. Nah. No. Overdrawn. Underdrawn. Drawn just right, still not funny enough. No. No. For God's sake no, a thousand times no.
si on exagérait vraiment. [Vidéo] Bob Mankoff : « Oooh, non. Eeeuh. Non. Ooooh. Hmm. Trop drôle. En temps normal je le prendrais, mais je suis de mauvaise humeur. J'en profiterai tout seul. Peut-être. Non. Nan. Non. Trop exagéré. Pas assez exagéré. Très bien dessiné, mais pas encore assez drôle. Non. Non. Pour l'amour de Dieu non, mille fois non. »
(Music)
[Musique]
No. No. No. No. No. [Four hours later] Hey, that's good, yeah, whatcha got there?
« Non, non, non, non. » [Quatre heures plus tard] « Hé, parfait, qu'est-ce que tu as là ?
Office worker: Got a ham and swiss on rye?BM: No.
Employé : J'ai un jambon-fromage avec du pain de seigle.
Office worker: Okay. Pastrami on sourdough?BM: No.
BM : Non.
Office worker: Smoked turkey with bacon?BM: No.
Employé : Pastrami et pain au levain ? BM : Non.
Office worker: Falafel?BM: Let me look at it. Eh, no. Office worker: Grilled cheese?BM: No. Office worker: BLT?BM: No.
Employé : Dinde fumée et bacon ? BM : Non. Employé : Falafel ? BM : Laisse-moi regarder. Euh, non. Employé : Fromage fondu ? BM : Non. Employé : Bacon, salade et tomate ? BM : Non.
Office worker: Black forest ham and mozzarella with apple mustard?BM: No.
Employé : Jambon de la Forêt-Noire et mozzarella avec moutarde de pommes ?
Office worker: Green bean salad?BM: No.
BM : Non.
(Music)
Employé : Salade de haricots verts ? BM : Non. »
No. No. Definitely no. [Several hours after lunch]
[Musique] « Non. Non. »
(Siren)
« Certainement pas. » [Plusieurs heures après le déjeuner] [Sirène] « Taxi !
No. Get out of here.
Non. Dégage. »
(Laughter)
[Rires]
That's sort of an exaggeration of what I do.
C'est un peu une caricature de ce que je fais.
Now, we do reject, many, many, many cartoons, so many that there are many books called "The Rejection Collection." "The Rejection Collection" is not quite New Yorker kind of humor. And you might notice the bum on the sidewalk here who is boozing and his ventriloquist dummy is puking. See, that's probably not going to be New Yorker humor. It's actually put together by Matt Diffee, one of our cartoonists.
Nous refusons effectivement beaucoup, beaucoup de dessins, tellement, qu'il y a plein de livres appelés « Le Recueil des Refusés». « Le Recueil des Refusés » n'est pas exactement l'humour du New Yorker Vous remarquez sans doute le clochard sur le trottoir, là, en train de se saouler, et sa marionnette de ventriloque est en train de vomir. Vous voyez, ça ne va probablement pas être l'humour du New Yorker. Ça a été fait par Matt Diffee, l'un de nos dessinateurs.
So I'll give you some examples of rejection collection humor.
Je vais vous montrer quelques exemples de ce recueil d'humour refusé.
"I'm thinking about having a child."
«J'envisage de prendre un enfant."
(Laughter)
(Rires)
There you have an interesting -- the guilty laugh, the laugh against your better judgment.
Ça c'est intéressant. Le rire coupable. Quand vous riez contre votre gré.
(Laughter)
[Rires]
"Ass-head. Please help."
« Tête de con. Aidez-moi s'il vous plaît. »
(Laughter)
{Rires]
Now, in fact, within a context of this book, which says, "Cartoons you never saw and never will see in The New Yorker," this humor is perfect. I'm going to explain why. There's a concept about humor about it being a benign violation. In other words, for something to be funny, we've got to think it's both wrong and also okay at the same time. If we think it's completely wrong, we say, "That's not funny." And if it's completely okay, what's the joke? Okay? And so, this benign, that's true of "No, Thursday's out. How about never — is never good for you?" It's rude. The world really shouldn't be that way. Within that context, we feel it's okay. So within this context, "Asshead. Please help" is a benign violation.
En fait, dans le contexte de ce livre, qui dit : « Dessins que vous n'avez jamais vus et que vous ne verrez jamais dans le New Yorker » cet humour est parfait. Je vais vous expliquer pourquoi. Il y a une théorie qui dit que l'humour est une transgression bénigne. En d'autres termes, pour que quelque chose soit drôle, nous devons penser que c'est à la fois déplacé et acceptable. Si on pense que c'est complètement déplacé, on dit : « Ce n'est pas drôle. » Et si ça ne nous dérange pas du tout, où est la blague ? Et donc, cette transgression bénigne, elle se produit avec « Non, jeudi c'est impossible Que diriez-vous de jamais ? Est-ce que jamais vous irait ? » C'est impoli. Le monde ne devrait vraiment pas être comme ça. Dans ce contexte, on pense que c'est acceptable. Donc dans ce contexte, « Tête de con. Aidez-moi s'il vous plaît » est une transgression bénigne.
Within the context of The New Yorker magazine ... "T-Cell Army: Can the body's immune response help treat cancer?" Oh, goodness. You're reading about this smart stuff, this intelligent dissection of the immune system. You glance over at this, and it says, "Asshead. Please help"? God. So there the violation is malign. It doesn't work. There is no such thing as funny in and of itself. Everything will be within the context and our expectations.
Dans le contexte du magazine The New Yorker... « L'armée des lymphocytes T : la réponse immunitaire du corps peut-elle aider à traiter le cancer ? » Oh mon Dieu. Vous êtes en train de lire cet article sérieux, cette dissection intelligente du système immunitaire, vous regardez ça sur l'autre page, et ça dit : « Tête de con. Aidez-moi s'il vous plaît. » Mon Dieu ! Ici, la transgression est maligne. Ça ne fonctionne pas. Il n'y a rien qui soit drôle en lui-même ni pour lui-même. Tout est en lien avec le contexte et avec nos attentes.
One way to look at it is this. It's sort of called a meta-motivational theory about how we look, a theory about motivation and the mood we're in and how the mood we're in determines the things we like or dislike. When we're in a playful mood, we want excitement. We want high arousal. We feel excited then. If we're in a purposeful mood, that makes us anxious. "The Rejection Collection" is absolutely in this field. You want to be stimulated. You want to be aroused. You want to be transgressed. It's like this, like an amusement park.
Voilà une façon de voir les choses : C'est une sorte de théorie méta-motivationnelle sur notre apparence, une théorie sur la motivation, et notre humeur, et comment notre humeur va déterminer les choses que nous aimons ou n'aimons pas. Quand on est d'humeur enjouée, on veut de l'excitation. On veut une forte excitation. Là, on se sent excité. Si on est d'humeur résolue, ça nous rend anxieux. « Le Recueil des Refusés» se situe exactement dans ce champ là. On veut être stimulé. On veut être excité. On veut être transgressé. C'est comme ça, comme un parc d'attraction.
Voice: Here we go. (Screams)
Voix : « C'est parti ! » [Cris]
He laughs. He is both in danger and safe, incredibly aroused. There's no joke. No joke needed. If you arouse people enough and get them stimulated enough, they will laugh at very, very little.
Il rit. Il est à la fois en danger et en sécurité, et incroyablement excité. Il n'y a pas de blague. Il n'en a pas besoin. Si vous excitez suffisamment les gens, si vous les stimulez assez, un tout petit rien les fera rire.
This is another cartoon from "The Rejection Collection." "Too snug?" That's a cartoon about terrorism. The New Yorker occupies a very different space. It's a space that is playful in its own way, and also purposeful, and in that space, the cartoons are different.
Voici un autre dessin du « Recueil des Refusés» : « Trop serrée ? » C'est un dessin sur le terrorisme. Le New Yorker occupe un espace très différent. C'est un espace qui est enjoué à sa façon, mais aussi résolu, et dans cet espace, les dessins sont différents.
Now I'm going to show you cartoons The New Yorker did right after 9/11, a very, very sensitive area when humor could be used. How would The New Yorker attack it? It would not be with a guy with a bomb saying, "Too snug?" Or there was another cartoon I didn't show because actually I thought maybe people would be offended. The great Sam Gross cartoon, this happened after the Muhammad controversy where it's Muhammad in heaven, the suicide bomber is all in little pieces, and he's saying to the suicide bomber, "You'll get the virgins when we find your penis."
Je vais vous montrer des dessins faits par le New Yorker juste après le 11 Septembre, une période très, très sensible pour l'emploi de l'humour. Comment le New Yorker s'est-t-il attaqué au sujet ? Ça n'allait pas être avec un type portant une bombe et disant : « Trop serrée ? » Ou il y avait un autre dessin que je ne vous ai pas montré parce que j'ai pensé que des gens seraient peut-être choqués. Le dessin du grand Sam Gross, il l'a fait après la controverse sur Mahomet, on y voit Mahomet au Paradis, le terroriste kamikaze est en petits morceaux, et il dit au kamikaze : « Tu auras les vierges quand on retrouvera ton pénis. »
(Laughter)
[Rires]
Better left undrawn.
Mieux vaut ne pas l'illustrer.
The first week we did no cartoons. That was a black hole for humor, and correctly so. It's not always appropriate every time. But the next week, this was the first cartoon.
La première semaine, nous n'avons publié aucun dessin humoristique. C'était un trou noir pour l'humour, et à juste titre. Ce n'est pas approprié à tout moment. Mais la semaine suivante, le premier dessin était celui-ci :
"I thought I'd never laugh again. Then I saw your jacket."
« Je pensais que je ne rirais plus jamais, et puis j'ai vu ta veste. »
It basically was about, if we were alive, we were going to laugh. We were going to breathe. We were going to exist. Here's another one.
En fait, ça disait que puisqu'on était encore en vie, on allait rire. On allait respirer. On allait exister. En voici un autre :
"I figure if I don't have that third martini, then the terrorists win."
« Je me dis que si je ne prends pas un troisième martini, les terroristes auront gagné. »
These cartoons are not about them. They're about us. The humor reflects back on us. The easiest thing to do with humor, and it's perfectly legitimate, is a friend makes fun of an enemy. It's called dispositional humor. It's 95 percent of the humor. It's not our humor.
Ces dessins ne parlent pas d'eux, ils parlent de nous. L'humour nous fait réfléchir sur nous. La chose la plus facile à faire avec l'humour, et c'est tout à fait légitime, c'est quand un ami se moque d'un ennemi. Ça s'appelle de l'humour de disposition. C'est 95 pour cent de l'humour. Ce n'est pas notre humour.
Here's another cartoon.
Voici un autre dessin :
"I wouldn't mind living in a fundamentalist Islamic state."
« Ça ne me dérangerait pas de vivre dans un Etat islamique fondamentaliste. »
(Laughter)
[Rires]
Humor does need a target. But interestingly, in The New Yorker, the target is us. The target is the readership and the people who do it. The humor is self-reflective and makes us think about our assumptions. Look at this cartoon by Roz Chast, the guy reading the obituary.
L'humour a besoin d'une cible. Mais ce qui est intéressant dans le New Yorker, c'est que la cible, c'est nous. La cible, c'est le lectorat, et les gens qui le font. L'humour est autoréflexif et nous fait réfléchir sur nos préjugés. Regardez ce dessin humoristique de Roz Chast, cet homme en train de lire une nécrologie :
"Two years younger than you, 12 years older than you, three years your junior, your age on the dot, exactly your age."
« Deux ans de moins que toi, 12 ans de plus que toi, trois ans plus jeune, pile ton âge, exactement ton âge. »
That is a deeply profound cartoon. And so The New Yorker is also trying to, in some way, make cartoons say something besides funny and something about us. Here's another one.
C'est un dessin extrêmement profond. Et donc le New Yorker essaie aussi, d'une certaine manière, de publier des dessins qui ne soient pas seulement drôles, qui nous disent quelque chose sur nous-mêmes.
"I started my vegetarianism for health reasons, Then it became a moral choice, and now it's just to annoy people."
En voici un autre : « Je suis devenue végétarienne pour des raisons de santé, puis c'est devenu un choix moral, et maintenant, c'est juste pour embêter les gens. »
(Laughter)
[Rires]
"Excuse me — I think there's something wrong with this in a tiny way that no one other than me would ever be able to pinpoint."
« Excusez-moi, je crois qu'il y a un problème avec ce plat. Un problème infime que personne d'autre que moi ne pourra jamais définir exactement. »
So it focuses on our obsessions, our narcissism, our foils and our foibles, really not someone else's.
Il est focalisé sur nos obsessions, notre narcissisme, nos défauts et nos faiblesses,
The New Yorker demands some cognitive work on your part, and what it demands is what Arthur Koestler, who wrote "The Act of Creation" about the relationship between humor, art and science, is what's called bisociation. You have to bring together ideas from different frames of reference, and you have to do it quickly to understand the cartoon. If the different frames of reference don't come together in about .5 seconds, it's not funny, but I think they will for you here. Different frames of reference.
pas ceux de quelqu'un d'autre. Le New Yorker exige de votre part un travail cognitif, il exige ce qu'Arthur Koestler, qui a écrit « L'Acte de Création » sur la relation entre l'humour, l'art et la science, appelle la bissociation. Il faut rassembler des idées issues de cadres de référence différents, et il faut le faire vite pour comprendre le dessin humoristique. Si les différents cadres de référence ne sont pas associés en moins de 0,5 secondes, ce n'est pas drôle, mais je pense que ça va marcher pour vous ici : Différents cadres de référence.
"You slept with her, didn't you?"
« Tu as couché avec elle, avoue ? »
(Laughter)
[Rires]
"Lassie! Get help!!"
« Lassie ! Va chercher de l'aide ! »
(Laughter)
[Rires]
It's called French Army Knife.
Ça s'appelle le couteau français.
(Laughter)
[Rires]
And this is Einstein in bed. "To you it was fast."
Et voici Einstein au lit : « Pour toi, c'était rapide. »
(Laughter)
[Rires]
Now there are some cartoons that are puzzling. Like, this cartoon would puzzle many people. How many people know what this cartoon means? The dog is signaling he wants to go for a walk. This is the signal for a catcher to walk the dog. That's why we run a feature in the cartoon issue every year called "I Don't Get It: The New Yorker Cartoon I.Q. Test." (Laughter)
Il y a des dessins humoristiques qui sont déconcertants. Ce dessin, par exemple, déconcerterait beaucoup de gens. Combien de gens savent ce que signifie ce dessin ? Le chien fait signe qu'il veut aller se promener. C'est signe que le receveur doit aller faire un tour. C'est pour ça que chaque année, dans notre hors-série dessins, nous avons une rubrique appelée : « Je ne comprends pas : le test de Q.I. humoristique du New Yorker » [Rires]
The other thing The New Yorker plays around with is incongruity, and incongruity, I've shown you, is sort of the basis of humor. Something that's completely normal or logical isn't going to be funny. But the way incongruity works is, observational humor is humor within the realm of reality.
L'autre chose avec laquelle le New Yorker joue, c'est l'incongruité, et l'incongruité, je vous l'ai montré, est en quelque sorte la base de l'humour. Quelque chose de complètement normal ou logique ne sera pas drôle. Mais la façon dont fonctionne l'incongruité, c'est de l'humour d'observation, c'est l'humour dans le domaine de la réalité.
"My boss is always telling me what to do." Okay? That could happen. It's humor within the realm of reality.
« Mon chef est toujours en train de me dire ce que je dois faire. » Okay ? Ça pourrait arriver, c'est de l'humour dans le domaine de la réalité.
Here, cowboy to a cow: "Very impressive. I'd like to find 5,000 more like you."
Ici, le cowboy à la vache : « Très impressionnant. J'aimerais en avoir 5000 autres comme vous. »
We understand that. It's absurd. But we're putting the two together.
On comprends ça. C'est absurde. Mais on fait le rapprochement.
Here, in the nonsense range:
Ici, dans le champ de l'absurde :
"Damn it, Hopkins, didn't you get yesterday's memo?"
« Bon sang, Hopkins, tu n'as pas eu la note d'hier ? »
Now that's a little puzzling, right? It doesn't quite come together. In general, people who enjoy more nonsense, enjoy more abstract art, they tend to be liberal, less conservative, that type of stuff. But for us, and for me, helping design the humor, it doesn't make any sense to compare one to the other. It's sort of a smorgasbord that's made all interesting.
C'est un peu déconcertant, non ? On ne voit pas très bien le rapport. En général, les personnes qui apprécient le plus l'absurde sont celles qui apprécient le plus l'art abstrait, ils sont généralement plus libéraux, moins conservateurs, ce genre de choses. Mais pour nous, et pour moi, dans notre travail de conception de l'humour, ça n'a aucun sens de comparer les uns avec les autres. C'est une sorte de smorgasbord où tout est intéressant.
So I want to sum all this up with a caption to a cartoon, and I think this sums up the whole thing, really, about The New Yorker cartoons.
Je veux résumer tout ça avec la légende d'un dessin humoristique, je crois vraiment que ça résume tout, concernant les dessins du New Yorker :
"It sort of makes you stop and think, doesn't it."
Sur le panneau : « Arrêtez-vous et réfléchissez. » Légende : « Ça fait s'arrêter et réfléchir, non ? »
(Laughter)
[Rires]
And now, when you look at New Yorker cartoons, I'd like you to stop and think a little bit more about them.
Et maintenant, quand vous regarderez les dessins du New Yorker, j'aimerais que vous vous arrêtiez pour y réfléchir un peu plus.
Thank you.
Merci.
(Applause) Thank you. (Applause)
[Applaudissements]