In the middle of my Ph.D., I was hopelessly stuck. Every research direction that I tried led to a dead end. It seemed like my basic assumptions just stopped working. I felt like a pilot flying through the mist, and I lost all sense of direction. I stopped shaving. I couldn't get out of bed in the morning. I felt unworthy of stepping across the gates of the university, because I wasn't like Einstein or Newton or any other scientist whose results I had learned about, because in science, we just learn about the results, not the process. And so obviously, I couldn't be a scientist.
Au milieu de mon doctorat, j'étais désespérément coincé. Chacune de mes recherches menait à une impasse. Il semblait que mes suppositions de base n'étaient plus valables. J'étais comme un pilote volant à travers la brume, ayant perdu tout sens de direction. J'arrêtai de me raser. Le matin, je ne pouvais pas sortir du lit. Je pensais ne pas mériter ma place sur les bancs de l'université, parce que je n'étais ni Einstein ni Newton ni un scientifique dont j'avais appris les résultats, parce qu'en science, nous apprenons uniquement les résultats, pas le processus pour y arriver. Et donc, évidemment, je ne pouvais pas être un scientifique.
But I had enough support and I made it through and discovered something new about nature. This is an amazing feeling of calmness, being the only person in the world who knows a new law of nature. And I started the second project in my Ph.D, and it happened again. I got stuck and I made it through. And I started thinking, maybe there's a pattern here. I asked the other graduate students, and they said, "Yeah, that's exactly what happened to us, except nobody told us about it." We'd all studied science as if it's a series of logical steps between question and answer, but doing research is nothing like that.
Mais j'ai eu assez de soutien, et j'ai traversé cela, et découvert quelque chose de nouveau sur la nature. C'est un incroyable sentiment de calme, être la seule personne au monde à connaître une nouvelle loi de la nature. Alors, j'ai commencé le second projet de mon doctorat, et cela s'est à nouveau produit. J'étais coincé et j'ai surmonté cela. Et j'ai commencé à penser, peut-être qu'il y a là un modèle. J'ai posé la question à d'autres étudiants diplômés et ils ont dit : « Oui, c'est exactement ce qui nous est arrivé, sauf que personne ne nous en a parlé. » Nous avions tous étudié la science comme étant une série d'étapes logiques entre la question et la réponse, mais faire de la recherche ne ressemble en rien à cela.
At the same time, I was also studying to be an improvisation theater actor. So physics by day, and by night, laughing, jumping, singing, playing my guitar. Improvisation theater, just like science, goes into the unknown, because you have to make a scene onstage without a director, without a script, without having any idea what you'll portray or what the other characters will do. But unlike science, in improvisation theater, they tell you from day one what's going to happen to you when you get onstage. You're going to fail miserably. You're going to get stuck. And we would practice staying creative inside that stuck place. For example, we had an exercise where we all stood in a circle, and each person had to do the world's worst tap dance, and everybody else applauded and cheered you on, supporting you onstage.
Au même temps, j'étudiais aussi pour devenir acteur de théâtre d'improvisation. Donc de la physique la journée, et la nuit rire, sauter, chanter, jouer ma guitare. Le théâtre d'improvisation, tout comme la science, va dans l'inconnu, parce que vous devez monter une pièce sur scène sans metteur en scène, sans script, sans aucune idée de ce que vous allez représenter ou de ce que les autres personnages vont faire. Mais, contrairement à la science, dans le théâtre d'improvisation, on vous dit dès le début ce qu'il va se passer quand vous allez arriver sur scène. Vous allez échouer misérablement. Vous allez être coincé. Et nous nous entraînions à rester créatifs à l'intérieur de cet endroit où nous étions coincé. Par exemple, nous avions un exercice où nous nous tenions tous en cercle, et chacun devait réaliser le pire spectacle de claquettes au monde, et tous les autres applaudissaient et nous encourageaient, supportant notre performance.
When I became a professor and had to guide my own students through their research projects, I realized again, I don't know what to do. I'd studied thousands of hours of physics, biology, chemistry, but not one hour, not one concept on how to mentor, how to guide someone to go together into the unknown, about motivation.
Quand je suis devenu professeur à l'université et que je devais guider mes propres étudiants dans leurs projets de recherche, j'ai à nouveau réalisé que je ne savais pas quoi faire. J'avais étudié la physique pendant des milliers d'heures, la biologie, la chimie, mais pas une heure, pas un concept, sur comment être un mentor, comment guider quelqu'un pour rentrer ensemble dans l'inconnu, sur la motivation.
So I turned to improvisation theater, and I told my students from day one what's going to happen when you start research, and this has to do with our mental schema of what research will be like. Because you see, whenever people do anything, for example if I want to touch this blackboard, my brain first builds up a schema, a prediction of exactly what my muscles will do before I even start moving my hand, and if I get blocked, if my schema doesn't match reality, that causes extra stress called cognitive dissonance. That's why your schemas had better match reality. But if you believe the way science is taught, and if you believe textbooks, you're liable to have the following schema of research. If A is the question, and B is the answer, then research is a direct path. The problem is that if an experiment doesn't work, or a student gets depressed, it's perceived as something utterly wrong and causes tremendous stress. And that's why I teach my students a more realistic schema. Here's an example where things don't match your schema. (Laughter) (Applause)
Je me suis donc tourné vers le théâtre d'improvisation, et j'ai dit dès le début à mes étudiants ce qui allait se passer quand ils allaient commencer la recherche, et que cela avait à voir avec notre schéma mental de comment serait la recherche. Parce que, voyez-vous, dès que quelqu'un fait quelque chose, si, par exemple, je veux toucher ce tableau noir, mon cerveau définit d'abord un schéma, une prédiction exacte de ce que mes muscles vont faire avant même que je commence à bouger ma main, et si je suis bloqué, si mon schéma ne correspond pas vraiment à la réalité, cela entraîne un stress supplémentaire qui s'appelle « dissonance cognitive ». C'est pourquoi il vaut mieux que vos schémas correspondent à la réalité. Mais si vous croyez en la façon dont la science est enseignée, si vous croyez aux manuels, vous êtes susceptible d'avoir le schéma de recherche suivant. Si A est la question, et B est la réponse, alors la recherche est un chemin direct. Le problème est que si une expérience ne fonctionne pas, ou qu'un étudiant est déprimé, cela est perçu comme étant profondément problématique et cause beaucoup de stress. Et c'est pour cela que j'apprends à mes étudiants un schéma plus réaliste. Voici un exemple où les choses ne correspondent pas à votre schéma. (Rires) (Applaudissements)
So I teach my students a different schema. If A is the question, B is the answer, stay creative in the cloud, and you start going, and experiments don't work, experiments don't work, experiments don't work, experiments don't work, until you reach a place linked with negative emotions where it seems like your basic assumptions have stopped making sense, like somebody yanked the carpet beneath your feet. And I call this place the cloud. Now you can be lost in the cloud for a day, a week, a month, a year, a whole career, but sometimes, if you're lucky enough and you have enough support, you can see in the materials at hand, or perhaps meditating on the shape of the cloud, a new answer, C, and you decide to go for it. And experiments don't work, experiments don't work, but you get there, and then you tell everyone about it by publishing a paper that reads A arrow C, which is a great way to communicate, but as long as you don't forget the path that brought you there.
Donc j'apprends à mes étudiants un autre schéma. Si A est la question, B est la réponse, restez créatifs dans les nuages, et vous commencez à avancer, et les expériences ne fonctionnent pas, les expériences ne fonctionnent pas, les expériences ne fonctionnent pas, les expériences ne fonctionnent pas, jusqu'à ce que vous atteignez un état lié à des émotions négatives où il vous semble que votre intuition naturelle a cessé d'avoir du sens, comme si quelqu'un avait tiré d'un coup sec le tapis sous vos pieds. Et j'appelle cet endroit le nuage. Vous pouvez vous perdre dans le nuage pendant un jour, une semaine, un mois, une année, une carrière entière, mais parfois, si vous êtes chanceux et que vous avez assez de soutien, vous pouvez voir dans le matériel disponible, ou peut-être en méditant sur la forme du nuage, une nouvelle réponse, C, et vous pouvez décider d'y aller. Et les expériences ne fonctionnent pas, les expériences ne fonctionnent pas, mais vous y arrivez, et vous en parlez à tout le monde en publiant un papier qui dit : A flèche C, ce qui est une façon géniale de communiquer, mais tant que vous n'oubliez pas le chemin qui vous y a conduit.
Now this cloud is an inherent part of research, an inherent part of our craft, because the cloud stands guard at the boundary. It stands guard at the boundary between the known and the unknown, because in order to discover something truly new, at least one of your basic assumptions has to change, and that means that in science, we do something quite heroic. Every day, we try to bring ourselves to the boundary between the known and the unknown and face the cloud.
Ce nuage est partie intégrante de la recherche, partie intégrante de notre métier, parce que le nuage monte la garde à la frontière. Il monte la garde à la frontière entre le connu et l'inconnu, parce que pour découvrir quelque chose de vraiment nouveau, au moins une de vos suppositions primaires doit changer, et cela veut dire qu'en science, nous faisons quelque chose d'assez héroïque. Chaque jour, nous essayons de nous amener jusqu'à la frontière entre le connu et l'inconnu et de faire face au nuage.
Now notice that I put B in the land of the known, because we knew about it in the beginning, but C is always more interesting and more important than B. So B is essential in order to get going, but C is much more profound, and that's the amazing thing about resesarch.
Remarquez que j'ai mis B dans le pays du connu, parce que nous connaissions son existence au début, mais C est toujours plus intéressant et plus important que B. Donc B est essentiel pour démarrer, mais C est beaucoup plus profond, et ça, c'est la chose géniale à propos de la recherche.
Now just knowing that word, the cloud, has been transformational in my research group, because students come to me and say, "Uri, I'm in the cloud," and I say, "Great, you must be feeling miserable." (Laughter) But I'm kind of happy, because we might be close to the boundary between the known and the unknown, and we stand a chance of discovering something truly new, since the way our mind works, it's just knowing that the cloud is normal, it's essential, and in fact beautiful, we can join the Cloud Appreciation Society, and it detoxifies the feeling that something is deeply wrong with me. And as a mentor, I know what to do, which is to step up my support for the student, because research in psychology shows that if you're feeling fear and despair, your mind narrows down to very safe and conservative ways of thinking. If you'd like to explore the risky paths needed to get out of the cloud, you need other emotions -- solidarity, support, hope — that come with your connection from somebody else, so like in improvisation theater, in science, it's best to walk into the unknown together.
Connaître simplement ce mot, nuage, a été transformationnel dans mon groupe de recherche, parce que les étudiants viennent me voir et disent : « Uri, je suis dans le nuage, » et je dis : « Génial, tu dois te sentir très mal. » (Rires) Mais je suis plutôt heureux, parce que nous sommes peut-être proches de la frontière entre le connu et l'inconnu, et nous avons une chance de découvrir quelque chose de vraiment nouveau, puisque nos esprits fonctionnent de telle façon qu'ils savent que le nuage est normal, essentiel, et, en fait, beau, nous pouvons rejoindre la Société des Amants du Nuage, et cela désintoxique le sentiment que quelque chose en moi est profondément problématique. Et en tant que mentor, je sais ce que je dois faire et qui est de montrer mon soutien à mes étudiants, parce qu'un étude en psychologie montre que si vous ressentez de la peur et du désespoir, votre esprit se réduit à des façons de penser très sûres et conservatives. Si vous voulez explorer les chemins risqués nécessaires pour sortir du nuage, vous avez besoin d'autres émotions -- la solidarité, le soutien, l'espoir -- qui viennent de votre connexion avec quelqu'un d'autre, donc comme dans le théâtre d'improvisation, en science, il est préférable de marcher ensemble vers l'inconnu.
So knowing about the cloud, you also learn from improvisation theater a very effective way to have conversations inside the cloud. It's based on the central principle of improvisation theater, so here improvisation theater came to my help again. It's called saying "Yes, and" to the offers made by other actors. That means accepting the offers and building on them, saying, "Yes, and." For example, if one actor says, "Here is a pool of water," and the other actor says, "No, that's just a stage," the improvisation is over. It's dead, and everybody feels frustrated. That's called blocking. If you're not mindful of communications, scientific conversations can have a lot of blocking.
Connaissant l'existence du nuage, vous apprenez également du théâtre d'improvisation une façon très efficace de tenir des conversations dans le nuage. C'est basé sur le principe central du théâtre d'improvisation, donc, ici, le théâtre d'improvisation m'a à nouveau aidé. Cela s'appelle dire « Oui, et » aux offres des autres acteurs. Cela signifie accepter les offres et construire à partir d'elles, en disant « Oui, et ». Par exemple, si un acteur dit : « Voici une piscine », et que l'autre acteur dit : « Non, c'est juste une scène », l'improvisation est terminée. C'est mort, et tout le monde est frustré. Cela s'appelle un blocage. Si vous n'êtes pas attentifs aux communications, les conversations scientifiques peuvent avoir beaucoup de blocages.
Saying "Yes, and" sounds like this.
Voici ce à quoi cela ressemble quand on dit « Oui, et ».
"Here is a pool of water." "Yeah, let's jump in."
« Voici une piscine. » « Ouais, sautons dedans. »
"Look, there's a whale! Let's grab it by its tail. It's pulling us to the moon!"
« Regarde, une baleine ! Attrapons-la par la queue. Elle nous emmène à la lune ! »
So saying "Yes, and" bypasses our inner critic. We all have an inner critic that kind of guards what we say, so people don't think that we're obscene or crazy or unoriginal, and science is full of the fear of appearing unoriginal. Saying "Yes, and" bypasses the critic and unlocks hidden voices of creativity you didn't even know that you had, and they often carry the answer about the cloud.
Donc dire « Oui, et » contourne notre critique interne. Nous avons tous une critique interne qui surveille ce que l'on dit, pour que les gens ne pensent pas que nous sommes obscènes ou fous ou pas originaux, et la science est pleine de peur de paraître pas original. Dire « Oui, et » contourne la critique et déverrouille les voix cachées de la créativité que vous ne saviez pas posséder, et elles amènent souvent la réponse sur le nuage.
So you see, knowing about the cloud and about saying "Yes, and" made my lab very creative. Students started playing off of each others' ideas, and we made surprising discoveries in the interface between physics and biology. For example, we were stuck for a year trying to understand the intricate biochemical networks inside our cells, and we said, "We are deeply in the cloud," and we had a playful conversation where my student Shai Shen Orr said, "Let's just draw this on a piece of paper, this network," and instead of saying, "But we've done that so many times and it doesn't work," I said, "Yes, and let's use a very big piece of paper," and then Ron Milo said, "Let's use a gigantic architect's blueprint kind of paper, and I know where to print it," and we printed out the network and looked at it, and that's where we made our most important discovery, that this complicated network is just made of a handful of simple, repeating interaction patterns like motifs in a stained glass window. We call them network motifs, and they're the elementary circuits that help us understand the logic of the way cells make decisions in all organisms, including our body.
Donc, connaître l'existence du nuage et savoir dire « Oui, et » a rendu mon laboratoire très créatif. Les étudiants ont commencé à construire sur les idées l'un de l'autre, et nous avons fait des découvertes surprenantes à la frontière entre la physique et la biologie. Par exemple, nous étions coincés depuis un an à essayer de comprendre les réseaux biochimiques intriqués à l'intérieur de nos cellules, et nous disions : « Nous sommes profondément dans le nuage », et nous discutions sur le ton de la rigolade lorsque mon étudiant Shai Shen Orr dit : « Dessinons-le sur une feuille de papier, ce réseau », et au lieu de dire : « Mais nous l'avons fait tant de fois et cela ne fonctionne pas », j'ai dit : « Oui, et utilisons une très grande feuille de papier », et ensuite Ron Milo a dit : « Utilisons une gigantesque feuille bleue comme celle des architectes, et je sais où l'imprimer », et une fois imprimé le réseau nous l'avons regardé, et c'est là que nous avons fait notre découverte la plus importante, qui est que ce réseau compliqué est fait uniquement de quelques motifs d'interaction simples et répétitifs comme des motifs de vitraux. Nous les avons appelés motifs de réseau, ce sont des circuits élémentaires qui nous aident à comprendre la logique dans la façon dont les cellules prennent les décisions dans tous les organismes, y compris notre corps.
Soon enough, after this, I started being invited to give talks to thousands of scientists across the world, but the knowledge about the cloud and saying "Yes, and" just stayed within my own lab, because you see, in science, we don't talk about the process, anything subjective or emotional. We talk about the results. So there was no way to talk about it in conferences. That was unthinkable. And I saw scientists in other groups get stuck without even having a word to describe what they're seeing, and their ways of thinking narrowed down to very safe paths, their science didn't reach its full potential, and they were miserable. I thought, that's the way it is. I'll try to make my lab as creative as possible, and if everybody else does the same, science will eventually become more and more better and better.
Peu de temps après cela, j'ai commencé à être invité à faire des conférences face à des milliers de scientifiques venant du monde entier, mais la connaissance du nuage et dire « Oui, et » est restée uniquement dans mon propre laboratoire, parce qu'en science, nous ne parlons pas du processus, rien de subjectif ou d'émotionnel. Nous parlons des résultats. Il n'y avait donc pas moyen d'en parler durant les conférences. C'était impensable. Et j'ai vu des scientifiques dans d'autres groupes être coincés sans avoir les mots pour décrire ce qu'ils voient, et leur façon de penser s'est réduite à des chemins très sûrs, leur science n'a pas atteint son vrai potentiel, et ils étaient malheureux. J'ai pensé que c'était comme cela que ça fonctionnait. Je vais essayer de rendre mon propre laboratoire aussi créatif que possible, et si tous les autres font la même chose, la science finira par devenir meilleure et encore meilleure.
That way of thinking got turned on its head when by chance I went to hear Evelyn Fox Keller give a talk about her experiences as a woman in science. And she asked, "Why is it that we don't talk about the subjective and emotional aspects of doing science? It's not by chance. It's a matter of values." You see, science seeks knowledge that's objective and rational. That's the beautiful thing about science. But we also have a cultural myth that the doing of science, what we do every day to get that knowledge, is also only objective and rational, like Mr. Spock. And when you label something as objective and rational, automatically, the other side, the subjective and emotional, become labeled as non-science or anti-science or threatening to science, and we just don't talk about it. And when I heard that, that science has a culture, everything clicked into place for me, because if science has a culture, culture can be changed, and I can be a change agent working to change the culture of science wherever I could. And so the very next lecture I gave in a conference, I talked about my science, and then I talked about the importance of the subjective and emotional aspects of doing science and how we should talk about them, and I looked at the audience, and they were cold. They couldn't hear what I was saying in the context of a 10 back-to-back PowerPoint presentation conference. And I tried again and again, conference after conference, but I wasn't getting through. I was in the cloud.
Cette façon de penser a totalement changé quand, par hasard, j'ai entendu Evelyn Fox Keller en conférence parler de ses expériences en tant que femme de science. Et elle demandait : « Pourquoi est-ce que nous ne parlons pas des aspects subjectif et émotionnels de la pratique scientifique ? Ce n'est pas par hasard. C'est une question de valeurs. » La science recherche le savoir objectif et rationnel. C'est ce qui est beau dans la science. Mais nous avons également un mythe culturel qui est qu'en science, ce que nous faisons chaque jour pour atteindre ce savoir, est également uniquement objectif et rationnel, comme M. Spock. Et quand vous étiquetez quelque chose comme étant objectif et rationnel, automatiquement, l'autre côté, le subjectif et l'émotionnel, est étiqueté comme de la non-science ou de l'anti-science ou une menace à la science, et nous n'en parlons pas. Et quand j'ai entendu cela, que la science a une culture, les choses ont pour moi trouvé leur place, parce que si la science a une culture, la culture peut être changée, et je peux être un agent de changement travaillant pour changer la culture de la science partout où je le peux. Et donc à la conférence suivante que j'ai donnée, j'ai parlé de ma science, et ensuite j'ai parlé de l'importance des aspects subjectifs et émotionnels en science et que nous devrions en parler, et j'ai regardé le public, et les gens étaient froids. Ils n'entendaient pas ce que je disais dans un contexte qui était de 10 présentations PowerPoint à la suite. Et j'ai essayé encore et encore, conférence après conférence, mais mon message ne passait pas. J'étais dans le nuage.
And eventually I managed to get out the cloud using improvisation and music. Since then, every conference I go to, I give a science talk and a second, special talk called "Love and fear in the lab," and I start it off by doing a song about scientists' greatest fear, which is that we work hard, we discover something new, and somebody else publishes it before we do. We call it being scooped, and being scooped feels horrible. It makes us afraid to talk to each other, which is no fun, because we came to science to share our ideas and to learn from each other, and so I do a blues song, which — (Applause) — called "Scooped Again," and I ask the audience to be my backup singers, and I tell them, "Your text is 'Scoop, Scoop.'" It sounds like this: "Scoop, scoop!" Sounds like this.
Et finalement, j'ai réussi à sortir du nuage, en utilisant l'improvisation et la musique. Depuis, à chaque conférence où je vais, je fais un discours sur la science et un second, un discours spécial appelé « L'amour et la peur dans le laboratoire », et je l'entame avec une chanson sur la plus grande peur des scientifiques, qui est quand nous travaillons dur, que nous découvrons quelque chose de nouveau, que quelqu'un d'autre le publie avant nous. Nous appelons cela se faire cueillir, et se faire cueillir est un sentiment horrible. Cela nous fait avoir peur de nous parler entre nous, ce qui n'est pas marrant, parce que nous venons en science pour partager nos idées et pour apprendre des autres, et donc je joue une chanson de blues, qui -- (Applaudissements) -- est appelée « A nouveau cueilli », et je demande au public d'être mon chœur, et je leur dis : « Le texte est « Cueilli, cueilli » ». Cela fait comme « Scoop, scoop ! ». Ça fait comme cela.
♪ I've been scooped again ♪
♪ J'ai été cueilli à nouveau ♪
♪ Scoop! Scoop! ♪
♪ Scoop ! Scoop ! ♪
And then we go for it.
Et ensuite on y va.
♪ I've been scooped again ♪
♪ J'ai été cueilli à nouveau ♪
♪ Scoop! Scoop! ♪
♪ Scoop ! Scoop ! ♪
♪ I've been scooped again ♪
♪ J'ai été cueilli à nouveau ♪
♪ Scoop! Scoop! ♪
♪ Scoop ! Scoop ! ♪
♪ I've been scooped again ♪
♪ J'ai été cueilli à nouveau ♪
♪ Scoop! Scoop! ♪
♪ Scoop ! Scoop ! ♪
♪ I've been scooped again ♪
♪ J'ai été cueilli à nouveau ♪
♪ Scoop! Scoop! ♪
♪ Scoop ! Scoop ! ♪
♪ Oh mama, can't you feel my pain ♪
♪ Ô maman, ressens-tu ma douleur ♪
♪ Heavens help me, I've been scooped again ♪ (Applause)
♪ Que le ciel me vienne en aide, j'ai été cueilli à nouveau ♪ (Applaudissements)
Thank you. Thank you for your backup singing.
Merci. Merci pour le chœur.
So everybody starts laughing, starts breathing, notices that there's other scientists around them with shared issues, and we start talking about the emotional and subjective things that go on in research. It feels like a huge taboo has been lifted. Finally, we can talk about this in a scientific conference. And scientists have gone on to form peer groups where they meet regularly and create a space to talk about the emotional and subjective things that happen as they're mentoring, as they're going into the unknown, and even started courses about the process of doing science, about going into the unknown together, and many other things.
Et donc tout le monde commence à rire, à respirer, à se rendre compte qu'il y a d'autres scientifiques autour d'eux qui partagent ces problèmes, et nous commençons à parler des choses émotionnelles et subjectives qu'il y a en recherche. C'est comme si un énorme tabou avait été levé. Finalement, on peut en parler dans une conférence scientifique. Et les scientifiques sont allés de l'avant et ont formé des groupes se rencontrant régulièrement et ont créé un espace où parler des choses émotionnelles et subjectives qui se produisent alors qu'ils sont des mentors, qu'ils vont vers l'inconnu, et ils ont même commencé des cours sur le processus de la science, et rentrer ensemble dans l'inconnu, et tant d'autres choses.
So my vision is that, just like every scientist knows the word "atom," that matter is made out of atoms, every scientist would know the words like "the cloud," saying "Yes, and," and science will become much more creative, make many, many more unexpected discoveries for the benefit of us all, and would also be much more playful. And what I might ask you to remember from this talk is that next time you face a problem you can't solve in work or in life, there's a word for what you're going to see: the cloud. And you can go through the cloud not alone but together with someone who is your source of support to say "Yes, and" to your ideas, to help you say "Yes, and" to your own ideas, to increase the chance that, through the wisps of the cloud, you'll find that moment of calmness where you get your first glimpse of your unexpected discovery, your C.
Ma vision est que, comme tout scientifique connaît le mot « atome », que la matière est faite d'atomes, si chaque scientifique connaissait les mots comme « nuage », dire « Oui, et » la science deviendrait beaucoup plus créative, ferait beaucoup, beaucoup plus de découvertes inattendues pour notre bénéfice à tous, et cela serait tellement plus amusant. Et ce que je vous demanderais de retenir de cette conférence est que la prochaine fois que vous ferez face à un problème que vous ne pouvez pas résoudre au travail ou dans votre vie personnelle, il y a un mot que vous allez voir : le nuage. Et vous pouvez traverser le nuage non pas seul mais ensemble avec une personne qui est la source de votre soutien qui dit « Oui, et » à vos idées, pour vous aider à dire « Oui, et » à vos propres idées, pour augmenter votre chance de trouver, à travers la volute du nuage, ce moment de calme quand vous avez le premier aperçu de votre découverte inattendue, votre C.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)