So, I have a friend. She's an actress, she's in her 60s. She's super bright, badass, emotionally intelligent. And a couple of days before Christmas, she was at the post office. It was really crowded, as it is around the holidays, and she was filling out some forms and she was really focused. And out of nowhere, someone moved her out of the way -- just physically put their hands on her and moved her out of the way. He apparently needed something that she was blocking, so he moved her. Maybe he had said something to her, maybe he didn't, she didn't hear it ... Either way, she was focused, she was filling out the form. And the next thing you know, there were hands on her, and she was being moved out of the way. He then got what he was reaching for, whatever she was blocking, and went on his merry way.
J'ai une amie. Elle est actrice et a la soixantaine. Elle est super brillante, dure à cuire, émotionnellement intelligente. Quelques jours avant Noël, elle était au bureau de poste. C'était bondé, vu que c'était peu avant les fêtes, et elle remplissait des formulaires, elle était très concentrée. Sans crier gare, quelqu'un l'a écartée du passage -- a physiquement mis ses mains sur elle et écartée du passage. Il avait besoin d'une chose à laquelle elle bloquait l'accès, alors il l'a déplacée. Il lui avait peut-être dit quelque chose, peut-être pas, elle n'a rien entendu... Elle était concentrée, elle remplissait le formulaire. L'instant suivant, il y avait des mains sur elle et elle était écartée du passage. Il a pris ce qu'il voulait, ce dont elle bloquait l'accès, et a joyeusement continué son chemin.
She said that she was shocked at first -- yeah. And then a fury rose up in her that she could not explain: not annoyance, not frustration, but "fury" was the word that she used. And she went on to say, "I mean, I wanted to get physical. I don't know -- I was furious. And I don't know why. I mean, he didn't hit me. He didn't hurt me, he didn't violate me. He moved me, and I wanted to hurt him, or at the very least, run after him and yell in his face."
Elle a dit qu'elle a d'abord été choquée -- oui. Puis une fureur qu'elle ne pouvait pas expliquer est montée en elle : pas de l'irritation, pas de la frustration, mais elle a utilisé le mot « fureur ». Elle a continué : « Je voulais m'en prendre physiquement à lui. Je ne sais pas -- j'étais furieuse. Et je ne sais pas pourquoi. Il ne m'a pas frappée. Il ne m'a pas fait mal, il ne m'a pas violée. Il m'a déplacée et j'ai voulu lui faire du mal ou au moins, lui courir après et lui crier au visage. »
So later, I was left pondering this fury, and looking for an explanation as to why, even in her telling of it, I felt fury, too, and why this was a word and a feeling that I was hearing a lot about lately. I feel like this is the point in the room where all the men are getting a little bit uncomfortable.
Plus tard, je réfléchissais à cette fureur et je cherchais une explication, pourquoi, même dans son récit, je ressentais aussi de la fureur et pourquoi c'était un mot et un sentiment que j'entendais beaucoup récemment. C'est le moment où, dans la pièce, tous les hommes sont un peu mal à l'aise.
(Laughter)
(Rires)
It's OK. Stay with me.
Ce n'est pas grave. Continuez à écouter.
This fury is something that I have been chomping on since the last US presidential election. And it seems that many women have. This fury was not my friend's alone. Her fury was ignited by lifetimes of men helping themselves to women's bodies without consent. There's a culture of men helping themselves to women, and in this case, in a seemingly innocuous way, where a woman's body is like a saltshaker: "Get out of the way so I can get to the fries" --
Cette fureur est une chose qui me dévore depuis les dernières élections présidentielles américaines. Il semble que c'est le cas de beaucoup de femmes. Cette fureur n'appartenait pas seulement à mon amie. Sa fureur était provoquée par une vie entière où des hommes se sont servis des corps des femmes sans leur consentement. Il y a une culture d'hommes se servant des femmes et, dans ce cas, de façon apparemment anodine, où le corps d'une femme est comme une salière : « Pousse-toi du passage que j'attrape les frites » --
(Laughter)
(Rires)
to the most egregious, violent and horrific situations.
aux situations les plus monstrueuses, violentes et horrifiantes.
I imagine that some of you are wondering what the connection is between the innocuous and the horrific, two things that seem to be on opposite ends of the spectrum. Well, the common thread is the spectrum. The innocuous makes space for the horrific. And women have to live with the effects of both and everything in between.
J'imagine que certains d'entre vous se demandent quel est le lien entre l'anodin et l'horrifiant, deux choses qui semblent être aux extrémités opposées du spectre. Le lien est le spectre. L'anodin prépare le terrain à l'horrifiant. Les femmes doivent vivre avec les effets des deux et tout ce qu'il y a entre les deux.
Fellas, can you imagine you're just on your phone, and someone walks up to you and just takes it out of your hand? And they're like, "OK dude, I don't know why you're getting so upset, I want to make a phone call. I'm going to give it back to you as soon as I'm done. Whatever." And then imagine if someone takes that cell phone out of your hands -- I don't know -- once a day, twice a day, random times. And the explanation is, "Yeah, well, I mean, you got a fancy case," or "You shouldn't have taken it out of your pocket," or "Yep. Yeah. That's just the way it is." But somehow, no one ever talks about the person who took the cell phone. Overly simplified, I get it, but you see where I'm going. Men are so used to helping themselves, that it's like ... they can't help themselves. And not because men are fundamentally less moral, but because this is a very big blind spot for most men.
Messieurs, pouvez-vous imaginer être sur votre téléphone et quelqu'un marche vers vous et vous le prend des mains ? Il vous dit : « Mec, j'ignore pourquoi tu es si contrarié, je veux passer un appel. Je vais te le rendre dès que j'ai fini. Peu importe. » Imaginez si quelqu'un vous prend ce téléphone des mains -- je ne sais pas -- une fois par jour, deux fois par jour, à des moments aléatoires. L'explication est : « Tu as une jolie coque » ou « Tu n'aurais pas dû le sortir de ta poche » ou « Ouais. Ouais. C'est ainsi. » Mais personne ne parle jamais de celui qui a pris le téléphone. C'est simpliste, je sais, mais vous voyez où je veux en venir. Les hommes ont tellement l'habitude de se servir, c'est comme... s'ils ne pouvaient pas s'en empêcher. Non pas parce que les hommes sont fondamentalement moins moraux, mais c'est un angle mort pour la plupart des hommes.
When someone helps themselves to a woman, it not only triggers discomfort and distress, but the unspoken experiences of our mothers' lives, sisters' lives and generations of women before us. That's lifetimes of women dealing with men who assume they know better for us than we know for ourselves, being the property of husbands, landowners, and having old, white men tell us the fate of our lady parts; lifetimes of having our bodies used for love and objects of desire, instead of bodies that we get to wield and use as we choose; lifetimes of knowing that whether we play by their rules or not, we still have to tolerate harassment, assault and even worse; lifetimes of our bodies being used as property that can be hit and hurt, manipulated and moved and like objects that are not deserving of respect; lifetimes of not being able to express the anger of our bodies. It's no wonder we feel this fury. And if you add in the history of race -- which is a whole other talk -- it gets exponentially more complicated.
Quand quelqu'un se sert d'une femme, cela ne suscite pas cela du malaise et de la détresse, mais aussi les expériences non dites dans la vie de nos mères, de nos sœurs et de générations de femmes avant nous. Ce sont des vies entières de femmes faisant face à des hommes qui présument qu'ils savent mieux que nous ce qui est bon pour nous, à être la propriété des maris, des propriétaires, et à avoir de vieux hommes blancs nous dire le destin de nos parties intimes. Des vies entières à avoir nos corps utilisés pour l'amour et à être des objets du désir, au lieu de corps dont nous nous servons comme nous le souhaitons. Des vies entières à savoir que, que nous suivions les règles ou pas, nous devons quand même tolérer le harcèlement, les agressions et pire encore. Des vies entières à avoir nos corps utilisés comme des biens pouvant être frappés et blessés, manipulés et déplacés et comme des objets ne méritant pas le respect. Des vies entières à ne pas pouvoir exprimer la colère de nos corps. Il n'est pas étonnant que nous ressentions cette fureur. Si vous ajoutez la race dans l'histoire -- c'est une toute autre intervention -- cela devient exponentiellement plus compliqué.
When women get manhandled, we start to rationalize, try to figure out the ways that it was -- "It was probably our fault. You know what? He probably said something, and I didn't hear him. I'm just overreacting. I'm totally overreacting." No. No. No. No, no, no, no, no. Women have been trained to think that we are overreacting or that we're being too sensitive or unreasonable. We try to make sense of nonsense, and we swallow the furious feelings. We try to put them into some hidden place in our minds, but they don't go away. That fury sits deep inside as we practice our smiles -- (Giggling) "Yes, of course" -- and try to be pleasant. "I know --" (Giggling) "Yes, yes, of course," because apparently, women aren't supposed to get angry.
Quand les femmes sont malmenées, nous rationalisons, nous essayons de comprendre comment -- « Ce devait être notre faute. Il a probablement dit quelque chose et je ne l'ai pas entendu. Ma réaction est excessive. Ma réaction est excessive. » Non. Non. Non. Non, non, non, non, non. Les femmes ont été entraînées à penser que nos réactions sont excessives, que nous sommes trop sensibles ou que nous exagérons. Nous essayons de comprendre l'absurde et ravalons nos sentiments de fureur. Nous essayons de les reléguer à un endroit caché de notre esprit, mais ils ne s'en vont pas. La fureur reste au fond de nous alors que nous nous exerçons à sourire -- (Gloussement) « Oui, bien sûr » -- et essayons d'être agréables. « Je sais -- (gloussement) -- oui, oui, bien sûr » car, apparemment, les femmes ne sont pas censées s'énerver.
That fury that my friend felt holds centuries of never being able to directly address or express our indignation, our frustration and our rage. When someone thinks they can help themselves to our bodies, it not only ignites the current fury, but it lights up the past. What seems like a benign moment at the post office is actually an anger grenade. Well, kaboom!
La fureur que mon amie a ressentie est pleine des siècles à ne jamais pouvoir aborder directement ou exprimer notre indignation, notre frustration et notre rage. Quand quelqu'un pense pouvoir se servir de notre corps, cela ne fait pas que susciter la fureur actuelle, cela embrase le passé. Ce qui semble comme un moment bénin au bureau de poste est une grenade de colère. Eh bien, boum !
Today, the global collection of women's experiences can no longer be ignored. Time's up on thinking that we're overreacting or "This is just the way it is." Time's up on women being held responsible for men's bad behavior. It is men's responsibility to change men's bad behavior.
Aujourd'hui, les expériences des femmes au niveau mondial ne peuvent plus être ignorées. Il est temps d'arrêter de penser que nous exagérons ou que « c'est ainsi ». Il est temps que les femmes ne soient plus tenues responsables du mauvais comportement des hommes. Il est de la responsabilité des hommes
(Applause)
de changer le mauvais comportement des hommes.
(Applaudissements)
Our culture is shifting, and it's time. So my fellow women and our gentle men, as we are here together within this particular window of this large-scale movement towards women's equality, and as we envision a future that does not yet exist, we both have different invitations.
Notre culture change et il est temps. Chères femmes et tendres hommes, alors que nous sommes réunis à ce moment précis de ce mouvement à grande échelle vers l'égalité des femmes et que nous imaginons un futur qui n'existe pas encore, nous avons des invitations différentes.
Men, I call you in as allies, as we work together towards change. May you be accountable and self-reflective, compassionate and open. May you ask how you can support a woman and be of service to change. And may you get help if you need it.
Messieurs, je vous appelle à être des alliés alors que nous travaillons à ce changement. Soyez responsables et pratiquez l'introspection, soyez compatissants et ouverts. Demandez comment soutenir une femme et être au service du changement. Que vous obteniez de l'aide si besoin.
And women, I encourage you to acknowledge your fury. Give it language. Share it in safe places of identification and in safe ways. Your fury is not something to be afraid of. It holds lifetimes of wisdom. Let it breathe and listen.
Mesdames, je vous encourage à accepter votre fureur. Donnez-lui un langage. Partagez-la dans des endroits sûrs où vous pouvez l'identifier et de façon sûre. Votre fureur n'est pas une chose à craindre. Elle est pleine de vies entières de sagesse. Laissez-la respirer et écoutez.
Thank you.
Merci.
(Applause) Thank you. (Applause)
(Applaudissements) Merci. (Applaudissements)