Imagine you're walking through a forest. I'm guessing you're thinking of a collection of trees, what we foresters call a stand, with their rugged stems and their beautiful crowns. Yes, trees are the foundation of forests, but a forest is much more than what you see, and today I want to change the way you think about forests. You see, underground there is this other world, a world of infinite biological pathways that connect trees and allow them to communicate and allow the forest to behave as though it's a single organism. It might remind you of a sort of intelligence.
Imaginez-vous vous promener en forêt. Je suppose que vous pensez à un ensemble d'arbres, ce que nous, forestiers, appelons bosquet, avec leurs troncs solides et leurs belles cimes. Oui, les arbres sont la fondation des forêts mais une forêt est bien plus que ce que vous voyez et aujourd'hui je veux changer votre vision des forêts. Sous terre, il y a cet autre monde, un monde de sentiers biologiques infinis qui relient les arbres, leur permettent de communiquer et permettent à la forêt de se comporter comme un seul et unique organisme. Cela pourrait vous rappeler une certaine intelligence.
How do I know this? Here's my story. I grew up in the forests of British Columbia. I used to lay on the forest floor and stare up at the tree crowns. They were giants. My grandfather was a giant, too. He was a horse logger, and he used to selectively cut cedar poles from the inland rainforest. Grandpa taught me about the quiet and cohesive ways of the woods, and how my family was knit into it. So I followed in grandpa's footsteps.
Comment sais-je cela ? Voici mon histoire : j'ai grandi dans les forêts de la Colombie-Britannique. Je m'allongeais par terre et regardais la cime des arbres. Ils étaient immenses. Mon grand-père aussi était immense. Il était débardeur et choisissait les cèdres à couper dans les forêts primitives. Grand-père m'a appris à voir le calme et la cohérence des forêts, m'appris comment ma famille y était liée. J'ai suivi les traces de mon grand-père.
He and I had this curiosity about forests, and my first big "aha" moment was at the outhouse by our lake. Our poor dog Jigs had slipped and fallen into the pit. So grandpa ran up with his shovel to rescue the poor dog. He was down there, swimming in the muck. But as grandpa dug through that forest floor, I became fascinated with the roots, and under that, what I learned later was the white mycelium and under that the red and yellow mineral horizons. Eventually, grandpa and I rescued the poor dog, but it was at that moment that I realized that that palette of roots and soil was really the foundation of the forest.
Lui et moi avions cette curiosité envers les forêts et mon premier moment d'émerveillement eut lieu dans ces toilettes extérieures. Notre pauvre chien Jigs avait glissé et était tombé dans la fosse. Grand-père a accouru avec sa pelle pour secourir le pauvre chien. Il était en bas, nageant dans le fumier. Alors que grand-père creusait dans le sol de la forêt, les racines m'ont fascinée et, en dessous, j'ai ensuite appris qu'il y avait le mycélium blanc et, en dessous, des strates de minéraux rouges et jaunes. Finalement, grand-père et moi avons sauvé le pauvre chien mais à ce moment-là, j'ai réalisé que cette palette de racines et de sols était la vraie fondation de la forêt.
And I wanted to know more. So I studied forestry. But soon I found myself working alongside the powerful people in charge of the commercial harvest. The extent of the clear-cutting was alarming, and I soon found myself conflicted by my part in it. Not only that, the spraying and hacking of the aspens and birches to make way for the more commercially valuable planted pines and firs was astounding. It seemed that nothing could stop this relentless industrial machine.
Je voulais en savoir plus. J'ai donc étudié la sylviculture. Mais je me suis vite retrouvée à travailler avec des gens de pouvoir, responsables de l'exploitation commerciale. L'ampleur de la coupe des forêts était alarmante et j'étais en désaccord avec le rôle que j'y jouais. Ce n'était pas que cela, la pulvérisation et la coupe des trembles et bouleaux pour faire de la place à des pins et sapins ayant plus de valeur commerciale étaient stupéfiantes. Rien ne semblait pouvoir arrêter cette impitoyable machine industrielle.
So I went back to school, and I studied my other world. You see, scientists had just discovered in the laboratory in vitro that one pine seedling root could transmit carbon to another pine seedling root. But this was in the laboratory, and I wondered, could this happen in real forests? I thought yes. Trees in real forests might also share information below ground. But this was really controversial, and some people thought I was crazy, and I had a really hard time getting research funding. But I persevered, and I eventually conducted some experiments deep in the forest, 25 years ago. I grew 80 replicates of three species: paper birch, Douglas fir, and western red cedar. I figured the birch and the fir would be connected in a belowground web, but not the cedar. It was in its own other world. And I gathered my apparatus, and I had no money, so I had to do it on the cheap. So I went to Canadian Tire --
Je suis retournée à l'école et j'ai étudié mon autre monde. Les scientifiques venaient de découvrir in vitro dans un laboratoire que la racine d'un plant de pin pouvait transmettre du carbone à la racine d'un autre plant. Mais cela était fait en laboratoire et je me demandais si c'était aussi vrai dans les forêts. Je pensais que oui. Les arbres dans les forêts pouvaient aussi partager des informations sous le sol. Mais cela portait à controverse et certains me pensaient folle. J'ai eu beaucoup de mal à obtenir des fonds pour mes recherches. Mais j'ai persévéré et j'ai finalement conduit des expériences au fin fond de la forêt. C'était il y a 25 ans. J'ai cultivé 80 répliques de trois espèces : du bouleau à papier, du pin de Douglas et du cèdre rouge de l'Ouest. Je pensais que le bouleau et le pin seraient liés grâce à un réseau souterrain mais pas le cèdre. Il était dans son propre monde. J'ai donc rassemblé mon matériel, n'ayant pas d'argent, cela devait être bon marché. Je suis allée dans un magasin de bricolage --
(Laughter)
(Rires)
and I bought some plastic bags and duct tape and shade cloth, a timer, a paper suit, a respirator. And then I borrowed some high-tech stuff from my university: a Geiger counter, a scintillation counter, a mass spectrometer, microscopes. And then I got some really dangerous stuff: syringes full of radioactive carbon-14 carbon dioxide gas and some high pressure bottles of the stable isotope carbon-13 carbon dioxide gas. But I was legally permitted.
et j'ai acheté des sacs plastiques, du scotch, une toile d'ombrage, un minuteur, une combinaison, un respirateur. Puis j'ai emprunté des trucs high-tech à mon université : un compteur Geiger, un compteur de scintillation, un spectromètre de masse, des microscopes. Puis j'ai pris des trucs très dangereux : des seringues pleines d'un gaz radioactif, dioxyde de carbone marqué au carbone 14, et des bouteilles haute pression d'un isotope stable : du dioxyde de carbone marqué au carbone 13. Mais j'avais une autorisation.
(Laughter)
(Rires)
Oh, and I forgot some stuff, important stuff: the bug spray, the bear spray, the filters for my respirator. Oh well.
Et j'ai oublié des trucs, des trucs importants : un insecticide, un gaz poivré, les filtres pour le respirateur. Eh bien.
The first day of the experiment, we got out to our plot and a grizzly bear and her cub chased us off. And I had no bear spray. But you know, this is how forest research in Canada goes.
Le premier jour, nous sommes allés sur place et nous avons été chassés par un grizzly et ses oursons. Je n'avais pas de gaz poivré. C'est ainsi, la recherche forestière au Canada.
(Laughter)
(Rires)
So I came back the next day, and mama grizzly and her cub were gone. So this time, we really got started, and I pulled on my white paper suit, I put on my respirator, and then I put the plastic bags over my trees. I got my giant syringes, and I injected the bags with my tracer isotope carbon dioxide gases, first the birch. I injected carbon-14, the radioactive gas, into the bag of birch. And then for fir, I injected the stable isotope carbon-13 carbon dioxide gas. I used two isotopes, because I was wondering whether there was two-way communication going on between these species. I got to the final bag, the 80th replicate, and all of a sudden mama grizzly showed up again. And she started to chase me, and I had my syringes above my head, and I was swatting the mosquitos, and I jumped into the truck, and I thought, "This is why people do lab studies."
Je suis revenu le lendemain et la mère grizzly et ses petits étaient partis. Là, nous avons vraiment commencé. J'ai enfilé ma combinaison, mis mon respirateur et puis j'ai mis les sacs plastiques sur mes arbres. J'avais mes énormes seringues et j'ai injecté dans les sacs mon isotope traceur fait de dioxyde de carbone gazeux. D'abord le bouleau. J'ai injecté du carbone 14, le gaz radioactif, dans le sac du bouleau. Puis pour le pin, j'ai injecté l'isotope stable, le gaz de carbone 13 carbone dioxyde. J'ai utilisé deux isotopes car je me demandais si la communication était bidirectionnelle entre les deux espèces. Arrivée au dernier sac, la 80ème réplique, tout à coup la mère grizzly est réapparue. Elle m'a poursuivie, j'avais mes seringues au-dessus de la tête, j'écrasais les moustiques et j'ai sauté dans la camionnette et j'ai pensé : « Cela explique les études en labo. »
(Laughter)
(Rires)
I waited an hour. I figured it would take this long for the trees to suck up the CO2 through photosynthesis, turn it into sugars, send it down into their roots, and maybe, I hypothesized, shuttle that carbon belowground to their neighbors. After the hour was up, I rolled down my window, and I checked for mama grizzly. Oh good, she's over there eating her huckleberries. So I got out of the truck and I got to work. I went to my first bag with the birch. I pulled the bag off. I ran my Geiger counter over its leaves. Kkhh! Perfect. The birch had taken up the radioactive gas. Then the moment of truth. I went over to the fir tree. I pulled off its bag. I ran the Geiger counter up its needles, and I heard the most beautiful sound. Kkhh! It was the sound of birch talking to fir, and birch was saying, "Hey, can I help you?" And fir was saying, "Yeah, can you send me some of your carbon? Because somebody threw a shade cloth over me." I went up to cedar, and I ran the Geiger counter over its leaves, and as I suspected, silence. Cedar was in its own world. It was not connected into the web interlinking birch and fir.
J'ai attendu une heure. C'était le temps nécessaire pour que les arbres absorbent le CO2 par photosynthèse, le transforment en sucres, l'envoient à leurs racines et, peut-être, c'était une hypothèse, transmettre ce carbone à leurs voisins, par le sous-sol. L'heure passée, j'ai baissé ma fenêtre et vérifié si le grizzly était là. Bien, elle est là-bas à manger des airelles. Je suis sortie du camion et me suis mise au travail. Je suis allée au premier sac de bouleau et j'ai enlevé le sac. J'ai passé mon compteur Geiger sur ses feuilles. Kkhh ! Parfait. Le bouleau avait absorbé le gaz radioactif. Puis, le moment de vérité. Je suis allée jusqu'au pin. J'ai enlevé son sac. J'ai passé le compteur Geiger sur ses aiguilles et j'ai entendu le plus beau des sons : kkhh ! C'était le son du bouleau parlant au pin et le bouleau disait : « Salut, puis-je t'aider ? » Et le pin disait : « Oui, peux-tu m'envoyer du carbone ? Parce qu'on m'a recouvert avec une toile d'ombrage. » Je suis allée jusqu'au cèdre, j'ai passé le compteur Geiger sur ses feuilles et, comme je le pensais, rien. Le cèdre était dans son propre monde. Il n'était pas connecté au réseau reliant le bouleau et le pin.
I was so excited, I ran from plot to plot and I checked all 80 replicates. The evidence was clear. The C-13 and C-14 was showing me that paper birch and Douglas fir were in a lively two-way conversation. It turns out at that time of the year, in the summer, that birch was sending more carbon to fir than fir was sending back to birch, especially when the fir was shaded. And then in later experiments, we found the opposite, that fir was sending more carbon to birch than birch was sending to fir, and this was because the fir was still growing while the birch was leafless. So it turns out the two species were interdependent, like yin and yang.
J'étais tellement excitée, j'ai couru de plant en plant et j'ai vérifié les 80 répliques. Les preuves étaient bien là. Le C-13 et le C-14 me montraient que le bouleau à papier et le pin de Douglas avaient une conversation bidirectionnelle vivante. Il s'avère qu'à cette période de l'année, pendant l'été, le bouleau envoyait plus de carbone au pin que le pin n'en envoyait au bouleau, surtout si le pin était ombragé. Dans les expériences suivantes, c'était le contraire, le pin envoyait plus de carbone au bouleau que le bouleau n'en envoyait au pin car le pin grandissait encore alors que le bouleau n'avait plus de feuilles. Les deux espèces étaient interdépendantes, comme le yin et le yang.
And at that moment, everything came into focus for me. I knew I had found something big, something that would change the way we look at how trees interact in forests, from not just competitors but to cooperators. And I had found solid evidence of this massive belowground communications network, the other world.
A ce moment, les pièces du puzzle se sont assemblées. Je savais que j'avais fait une grande découverte qui changerait notre vision des interactions des arbres dans les forêts : ils n'étaient pas seulement en compétition mais en coopération. J'avais des preuves solides de cet important réseau de communications souterrain, l'autre monde.
Now, I truly hoped and believed that my discovery would change how we practice forestry, from clear-cutting and herbiciding to more holistic and sustainable methods, methods that were less expensive and more practical. What was I thinking? I'll come back to that.
J'espérais et croyais vraiment que ma découverte changerait notre pratique de la sylviculture, quittant la coupe et le désherbage pour aller vers des méthodes plus holistiques et durables, des méthodes moins chères et plus pratiques. A quoi pensais-je ? J'y reviendrai.
So how do we do science in complex systems like forests? Well, as forest scientists, we have to do our research in the forests, and that's really tough, as I've shown you. And we have to be really good at running from bears. But mostly, we have to persevere in spite of all the stuff stacked against us. And we have to follow our intuition and our experiences and ask really good questions. And then we've got to gather our data and then go verify. For me, I've conducted and published hundreds of experiments in the forest. Some of my oldest experimental plantations are now over 30 years old. You can check them out. That's how forest science works.
Comment faisons-nous de la science dans des systèmes complexes comme les forêts ? En tant que scientifiques forestiers, nos recherches ont lieu en forêt et, comme je l'ai dit, c'est difficile. Nous devons savoir échapper à un ours. Mais nous devons surtout persévérer malgré les obstacles qui s'accumulent. Nous devons suivre notre intuition et nos expériences et poser les bonnes questions. Nous devons rassembler nos données puis les vérifier. J'ai conduit et publié des centaines d'expériences en forêt. Certaines de mes plantations expérimentales ont 30 ans. Vous pouvez vérifier. La science forestière fonctionne ainsi.
So now I want to talk about the science. How were paper birch and Douglas fir communicating? Well, it turns out they were conversing not only in the language of carbon but also nitrogen and phosphorus and water and defense signals and allelochemicals and hormones -- information. And you know, I have to tell you, before me, scientists had thought that this belowground mutualistic symbiosis called a mycorrhiza was involved. Mycorrhiza literally means "fungus root." You see their reproductive organs when you walk through the forest. They're the mushrooms. The mushrooms, though, are just the tip of the iceberg, because coming out of those stems are fungal threads that form a mycelium, and that mycelium infects and colonizes the roots of all the trees and plants. And where the fungal cells interact with the root cells, there's a trade of carbon for nutrients, and that fungus gets those nutrients by growing through the soil and coating every soil particle. The web is so dense that there can be hundreds of kilometers of mycelium under a single footstep. And not only that, that mycelium connects different individuals in the forest, individuals not only of the same species but between species, like birch and fir, and it works kind of like the Internet.
J'aimerais parler de la science. Comment le bouleau et le pin communiquaient-ils ? Il s'avère qu'ils conversaient non seulement dans la langue du carbone mais aussi avec du nitrogène, du phosphore, de l'eau, des signaux de défense, des produits chimiques alléliques et des hormones -- des informations. Je dois vous dire qu'avant moi, les scientifiques pensaient que cette symbiose souterraine mutualiste du nom de mycorhize était impliquée. Mycorhize signifie « racine champignon ». Vous voyez leurs organes reproductifs en vous promenant en forêt. Ce sont les champignons. Mais les champignons ne sont que la partie visible de l'iceberg car de ces pieds sortent des filaments fongiques formant un mycélium et ce mycélium infecte et colonise les racines de tous les arbres et plantes. L'interaction des cellules fongiques et les racines est un lieu d'échange de carbone pour les nutriments et ce champignon obtient ces nutriments en grandissant dans le sol et en recouvrant les particules du sol. Le réseau est si dense qu'il peut y avoir des centaines de kilomètres de mycélium en l'espace d'un seul pas. Le mycélium connecte différents individus dans la forêt, non seulement ceux de la même espèce mais aussi entre différentes espèces, comme le bouleau et le pin, cela fonctionne comme internet.
You see, like all networks, mycorrhizal networks have nodes and links. We made this map by examining the short sequences of DNA of every tree and every fungal individual in a patch of Douglas fir forest. In this picture, the circles represent the Douglas fir, or the nodes, and the lines represent the interlinking fungal highways, or the links.
Comme tout réseau, les réseau mycorhiziens ont des nœuds et des liaisons. Nous avons créé cette carte en examinant les courtes séquences d'ADN de chaque arbre et chaque champignon dans une parcelle de forêt où il y a des pins de Douglas. Dans ce schéma, les cercles représentent les pin de Douglas, ou les nœuds, et les lignes représentent les interconnexions fongiques, ou les liaisons.
The biggest, darkest nodes are the busiest nodes. We call those hub trees, or more fondly, mother trees, because it turns out that those hub trees nurture their young, the ones growing in the understory. And if you can see those yellow dots, those are the young seedlings that have established within the network of the old mother trees. In a single forest, a mother tree can be connected to hundreds of other trees. And using our isotope tracers, we have found that mother trees will send their excess carbon through the mycorrhizal network to the understory seedlings, and we've associated this with increased seedling survival by four times.
Les nœuds les plus gros et les plus foncés sont les plus importants. Nous les appelons arbres concentrateurs, ou, plus affectueusement, les arbres mères car ces arbres concentrateurs nourrissent les jeunes arbres, ceux qui poussent dans les sous-bois. Si vous voyez ces points jaunes, ce sont les jeunes plants qui se sont installés dans le réseau des vieux arbres mères. Dans une forêt, un arbre mère peut être connecté à des centaines d'arbres. Grâce à nos traceurs isotopes, nous savons que les arbres mères envoient leur excès de carbone aux plus petits plants via le réseau mycorhizien. Nous estimons que cela augmente les chances de survie des plants par quatre.
Now, we know we all favor our own children, and I wondered, could Douglas fir recognize its own kin, like mama grizzly and her cub? So we set about an experiment, and we grew mother trees with kin and stranger's seedlings. And it turns out they do recognize their kin. Mother trees colonize their kin with bigger mycorrhizal networks. They send them more carbon below ground. They even reduce their own root competition to make elbow room for their kids. When mother trees are injured or dying, they also send messages of wisdom on to the next generation of seedlings. So we've used isotope tracing to trace carbon moving from an injured mother tree down her trunk into the mycorrhizal network and into her neighboring seedlings, not only carbon but also defense signals. And these two compounds have increased the resistance of those seedlings to future stresses. So trees talk.
Nous favorisons tous nos propres enfants, et je me suis demandé si le pin de Douglas reconnaissait les siens, comme la mère grizzly et ses petits. Nous avons mis en place une expérience et avons cultivé des arbres mères avec des plants de la même espèce et d'autres espèces. Il s'avère qu'ils reconnaissent les leurs. Les mères arbres colonisent les leurs avec des réseaux mycorhiziens plus grands. Ils leur envoient plus de carbone via le sous-sol. En terme de racines, ils réduisent même la compétition pour laisser de l'espace vital à leurs enfants. Quand les arbres mères sont blessés ou mourants, ils envoient des messages de sagesse à la nouvelle génération de plants. Le traçage par isotope a permis de tracer le déplacement du carbone d'un arbre mère blessé le long de son tronc, vers le réseau mycorhizien et vers les jeunes plants alentour, pas seulement le carbone mais aussi les signaux de défense. Ces deux composants ont augmenté la résistance des jeunes plants aux stress futurs. Les arbres se parlent !
(Applause)
(Applaudissements)
Thank you.
Merci.
Through back and forth conversations, they increase the resilience of the whole community. It probably reminds you of our own social communities, and our families, well, at least some families.
Au travers de conversations bidirectionnelles, ils augmentent la résistance de toute la communauté. Cela vous rappelle probablement nos propres communautés sociales et nos familles, enfin au moins certaines.
(Laughter)
(Rires)
So let's come back to the initial point. Forests aren't simply collections of trees, they're complex systems with hubs and networks that overlap and connect trees and allow them to communicate, and they provide avenues for feedbacks and adaptation, and this makes the forest resilient. That's because there are many hub trees and many overlapping networks. But they're also vulnerable, vulnerable not only to natural disturbances like bark beetles that preferentially attack big old trees but high-grade logging and clear-cut logging. You see, you can take out one or two hub trees, but there comes a tipping point, because hub trees are not unlike rivets in an airplane. You can take out one or two and the plane still flies, but you take out one too many, or maybe that one holding on the wings, and the whole system collapses.
Revenons au point initial. Les forêts ne sont pas juste un ensemble d'arbres, ce sont des systèmes complexes avec des hubs et des réseaux qui se chevauchent, connectent les arbres et leur permettent de communiquer, leur fournissent des voies de rétroaction et d'adaptation et c'est cela qui rend la forêt robuste : le grand nombre d'arbres concentrateurs et de réseaux se chevauchant. Mais elles sont aussi vulnérables, vulnérables non seulement aux perturbations naturelles comme les dendroctones qui préfèrent attaquer les gros arbres mais aussi l'exploitation forestière et les coupes claires. Vous pouvez ôter un ou deux arbres concentrateurs mais il y a une limite à respecter car les arbres concentrateurs ressemblent aux rivets d'un avion : vous pouvez en enlever un ou deux et l'avion continuera de voler, mais si vous en enlevez un de trop ou celui qui maintient les ailes, tout le système s'effondre.
So now how are you thinking about forests? Differently?
Est-ce que ça a changé votre vision des forêts ?
(Audience) Yes.
(Public) Oui.
Cool. I'm glad.
Cool. Je suis contente.
So, remember I said earlier that I hoped that my research, my discoveries would change the way we practice forestry. Well, I want to take a check on that 30 years later here in western Canada.
Souvenez-vous de ce que j'ai dit que j'espérais de ma recherche : que mes découvertes changeraient notre pratique de la sylviculture. J'aimerais vérifier, 30 ans après, à l'ouest du Canada.
This is about 100 kilometers to the west of us, just on the border of Banff National Park. That's a lot of clear-cuts. It's not so pristine. In 2014, the World Resources Institute reported that Canada in the past decade has had the highest forest disturbance rate of any country worldwide, and I bet you thought it was Brazil. In Canada, it's 3.6 percent per year. Now, by my estimation, that's about four times the rate that is sustainable.
C'est à 100 kilomètres à l'ouest d'où nous sommes, à la frontière du Parc National de Banff. Il y a beaucoup de coupes claires. Ce n'est pas intact. En 2014, l'Institut des Ressources Mondiales a rapporté que le Canada, au cours des 10 dernières années, avait le taux de perturbation des forêts le plus élevé du monde et vous auriez parié sur le Brésil. Au Canada, le taux est de 3,6% par an. D'après mes estimations, c'est quatre fois le taux acceptable.
Now, massive disturbance at this scale is known to affect hydrological cycles, degrade wildlife habitat, and emit greenhouse gases back into the atmosphere, which creates more disturbance and more tree diebacks.
La perturbation massive à cette échelle affecte les cycles hydrologiques, dégrade l'habitat sauvage et réémet des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ce qui entraîne plus de perturbations et de dépérissement d'arbres.
Not only that, we're continuing to plant one or two species and weed out the aspens and birches. These simplified forests lack complexity, and they're really vulnerable to infections and bugs. And as climate changes, this is creating a perfect storm for extreme events, like the massive mountain pine beetle outbreak that just swept across North America, or that megafire in the last couple months in Alberta.
Nous continuons aussi à planter une ou deux espèces et éliminons les trembles et les bouleaux. Ces forêts simplifiées manquent de complexité et sont très vulnérables aux infections et aux insectes. Alors que le climat change, cela prépare le terrain pour des événements tels que l'invasion du dendroctone de pin qui a traversé l'Amérique du nord ou cet énorme feu des derniers mois dans l'Alberta.
So I want to come back to my final question: instead of weakening our forests, how can we reinforce them and help them deal with climate change? Well, you know, the great thing about forests as complex systems is they have enormous capacity to self-heal. In our recent experiments, we found with patch-cutting and retention of hub trees and regeneration to a diversity of species and genes and genotypes that these mycorrhizal networks, they recover really rapidly. So with this in mind, I want to leave you with four simple solutions. And we can't kid ourselves that these are too complicated to act on.
Je veux revenir à mon ultime question : au lieu d'affaiblir nos forêts, comment pouvons-nous les renforcer, les aider avec le changement climatique ? L'avantage dans le fait que les forêts sont des systèmes complexes est qu'elles ont une capacité gigantesque à se guérir seules. Nos expériences récentes ont montré que la coupe par trouées, la rétention des arbres concentrateurs et la régénération à une diversité d'espèces, de gènes et de génotypes, permet à ces réseaux mycorhiziens de s'en remettre rapidement. Avec cela en tête, je veux vous quitter en vous donnant quatre solutions simples. Et nous ne pouvons pas dire qu'elles sont trop compliquées.
First, we all need to get out in the forest. We need to reestablish local involvement in our own forests. You see, most of our forests now are managed using a one-size-fits-all approach, but good forest stewardship requires knowledge of local conditions.
Un : nous devons tous aller en forêt. Nous devons rétablir l'implication locale dans nos propres forêts. La plupart de nos forêts sont gérées de la même manière, mais une bonne intendance des forêts
Second, we need to save our old-growth forests.
requiert la connaissance des conditions locales.
These are the repositories of genes and mother trees and mycorrhizal networks. So this means less cutting. I don't mean no cutting, but less cutting.
Deux : nous devons sauver les forêts primitives. Ce sont des recueils de gènes, d'arbres mères et de réseaux mycorhiziens. Cela signifie moins de coupe. Je ne dis pas pas de coupe, mais moins.
And third, when we do cut, we need to save the legacies, the mother trees and networks, and the wood, the genes, so they can pass their wisdom onto the next generation of trees so they can withstand the future stresses coming down the road. We need to be conservationists.
Trois : quand nous coupons, nous devons sauver l'héritage, les arbres mères et les réseaux, le bois et les gènes, pour qu'ils puissent transmettre leur sagesse à la prochaine génération afin qu'ils résistent aux futurs stress. Nous devons défendre l'environnement.
And finally, fourthly and finally, we need to regenerate our forests with a diversity of species and genotypes and structures by planting and allowing natural regeneration. We have to give Mother Nature the tools she needs to use her intelligence to self-heal. And we need to remember that forests aren't just a bunch of trees competing with each other, they're supercooperators.
Pour finir, quatre : nous devons régénérer nos forêts avec une diversité d'espèces, de génotypes et de structures en plantant et en permettant la régénération naturelle. Nous devons donner à Mère Nature les outils nécessaires afin qu'elle puisse, grâce à son intelligence, se guérir. Nous devons nous souvenir que les forêts ne sont pas un tas d'arbres en compétition, ils sont en coopération.
So back to Jigs. Jigs's fall into the outhouse showed me this other world, and it changed my view of forests. I hope today to have changed how you think about forests.
Revenons-en à Jigs. La chute de Jigs dans les toilettes m'a montré cet autre monde et a changé ma vision des forêts. J'espère qu'aujourd'hui j'ai changé votre vision des forêts.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)