Images like this, from the Auschwitz concentration camp, have been seared into our consciousness during the 20th century and have given us a new understanding of who we are, where we've come from and the times we live in. During the 20th century, we witnessed the atrocities of Stalin, Hitler, Mao, Pol Pot, Rwanda and other genocides, and even though the 21st century is only seven years old, we have already witnessed an ongoing genocide in Darfur and the daily horrors of Iraq. This has led to a common understanding of our situation, namely, that modernity has brought us terrible violence, and perhaps that native peoples lived in a state of harmony that we have departed from, to our peril.
De telles images, venant du camp de concentration d'Auschwitz, ont été enracinées dans notre conscience pendant le 20e siècle et nous ont donné une nouvelle compréhension de qui nous sommes, d'où nous venons, et de notre époque. Lors du 20e siècle, nous avons assisté aux atrocités de Staline, Hitler, Mao, Pol Pot, du Rwanda et à d'autres génocides, et bien que le 21e siècle n'ait que 7 ans, nous avons déjà vu un génocide au Darfur et les horreurs quotidiennes en Iraq. Cela nous amène à mal comprendre notre situation : nous pensons que le progrès nous a amené une violence terrible, et que les peuplades primitives vivaient dans un état d'harmonie que nous avons perdu. Voici un exemple tiré
Here is an example from an op-ed on Thanksgiving, in the "Boston Globe" a couple of years ago, where the writer wrote, "The Indian life was a difficult one, but there were no employment problems, community harmony was strong, substance abuse unknown, crime nearly nonexistent. What warfare there was between tribes was largely ritualistic and seldom resulted in indiscriminate or wholesale slaughter." Now you're all familiar with this treacle. We teach it to our children. We hear it on television and in storybooks. Now, the original title of this session was, "Everything You Know is Wrong," and I'm going to present evidence that this particular part of our common understanding is wrong, that, in fact, our ancestors were far more violent than we are, that violence has been in decline for long stretches of time, and that today, we are probably living in the most peaceful time in our species's existence.
d'une tribune du Boston Globe le jour de Thanksgiving il y a quelques années. L'auteur écrit : "La vie des Indiens d'Amérique était difficile, mais il n'y avait pas de problèmes de chômage, la communauté vivait en harmonie, il n'y avait pas d'abus de drogues, pas de crimes, et les seules guerres étaient entre tribus, et étaient surtout rituelles, ne se transformant que rarement en massacre." Vous connaissez ce genre de niaiseries. On l'apprend à nos enfants ; on l'entend à la télévision et dans les livres d'histoire. Le titre original de cette session était "Tout ce que vous savez est faux", et je vais vous montrer des preuves que cette part de notre connaissance commune est erronée : que nos ancêtres étaient beaucoup plus violents que nous le sommes, que la violence est en baisse depuis très longtemps, et que nous vivons durant ce qui est probablement la période la plus paisible de l'existence de notre espèce. Dans la décennie qui a vu le Darfour et l'Iraq,
Now in the decade of Darfur and Iraq, a statement like that might seem somewhere between hallucinatory and obscene, but I'm going to try to convince you that that is the correct picture. The decline of violence is a fractal phenomenon. You can see it over millennia, over centuries, over decades and over years, although there seems to have been a tipping point at the onset of the Age of Reason in the 16th century. One sees it all over the world, although not homogeneously. It's especially evident in the West, beginning with England and Holland around the time of the Enlightenment.
cette idée peut paraitre entre hallucinante et obscène. Mais je vais essayer de vous convaincre que c'est la vérité. Le déclin de la violence est un phénomène fractal. On le voit sur des millénaires, des siècles, des décennies et des années, même s'il semble qu'il y ait eu un point de basculement au début de l'Age de Raison au 16e siècle. On le voit à travers le monde, mais pas de façon homogène. C'est particulièrement évident à l'ouest, en commençant par l'Angleterre et la Hollande au temps des Lumières.
Let me take you on a journey of several powers of 10 -- from the millennium scale to the year scale -- to try to persuade you of this. Until 10,000 years ago, all humans lived as hunter-gatherers, without permanent settlements or government. And this is the state that's commonly thought to be one of primordial harmony. But the archaeologist Lawrence Keeley, looking at casualty rates among contemporary hunter-gatherers, which is our best source of evidence about this way of life, has shown a rather different conclusion.
Voyageons dans le temps à différentes échelles -- du millénaire à l'année -- pour vous en convaincre. Jusqu'à 10 000 ans avant aujourd'hui, tous les hommes vivaient de la chasse et la cueillette, sans habitations permanentes ni gouvernement. Et on considère généralement cet état comme étant un état d'harmonie originelle. Mais l'archéologue Lawrence Keeley, qui a étudié les taux de décès des tribus contemporaines de chasseurs-cueilleurs -- qui sont notre meilleure source de données sur cette façon de vivre -- a tiré une conclusion assez différente.
Here is a graph that he put together, showing the percentage of male deaths due to warfare in a number of foraging or hunting and gathering societies. The red bars correspond to the likelihood that a man will die at the hands of another man, as opposed to passing away of natural causes, in a variety of foraging societies in the New Guinea highlands and the Amazon rain forest. And they range from a rate of almost a 60 percent chance that a man will die at the hands of another man to, in the case of the Gebusi, only a 15 percent chance. The tiny little blue bar in the lower left-hand corner plots the corresponding statistic from the United States and Europe in the 20th century, and it includes all the deaths of both World Wars. If the death rate in tribal warfare had prevailed during the 20th century, there would have been two billion deaths rather than 100 million.
Voici le graphique qu'il a réalisé qui montre le pourcentage de morts masculines dues à la guerre dans un certain nombre de tribus de chasseurs-cueilleurs. Les barres rouges correspondent à la probabilité qu'un homme soit tué par un autre homme, au lieu de mourir de causes naturelles, dans différentes sociétés de chasseurs-cueilleurs en Nouvelle-Guinée et dans la forêt amazonienne. Elles vont d'un taux de presque 60% de chances qu'un homme soit tué par un autre, jusqu'à, dans le cas des Gebusis, seulement 15%. La petite barre bleue en bas à gauche montre la même statistique aux États-Unis et en Europe au 20e siècle, qui inclus tous les morts des deux guerres mondiales. Si le taux de mortalité des guerres tribales était resté le même au cours du 20e siècle, il y aurait eu 2 milliards de morts, et non 100 millions.
Also on the millennium scale, we can look at the way of life of early civilizations, such as the ones described in the Bible. And in this supposed source of our moral values, one can read descriptions of what was expected in warfare, such as the following, from Numbers 31: "And they warred against the Midianites as the Lord commanded Moses, and they slew all the males. And Moses said unto them, 'Have you saved all the women alive? Now, therefore, kill every male among the little ones and kill every woman that hath known man by lying with him, but all the women children that have not known a man by lying with him, keep alive for yourselves.'" In other words: kill the men, kill the children. If you see any virgins, then you can keep them alive so that you can rape them. And you can find four or five passages in the Bible of this ilk. Also in the Bible, one sees that the death penalty was the accepted punishment for crimes such as homosexuality, adultery, blasphemy, idolatry, talking back to your parents --
A l'échelle du millénaire, on peut étudier la façon de vivre des premières civilisations, telles celles décrites dans la Bible. Et dans ce qui est censé être une source de nos valeurs morales, on peut lire des descriptions de ce qu'étaient les guerres, comme cet extrait de Nombres 31 : "Ils s'avancèrent contre Madian, selon l'ordre que l'Éternel avait donné à Moïse ; et ils tuèrent tous les mâles. Et Moïse leur dit : "Avez-vous laissé la vie à toutes les femmes ? Maintenant, tuez tout mâle parmi les petits enfants, et tuez toute femme qui a connu un homme en couchant avec lui ; mais laissez en vie pour vous toutes les filles qui n'ont point connu la couche d'un homme." En d'autres termes, Tuez les hommes, tuez les enfants, et si vous rencontrez des vierges vous pouvez les laisser en vie pour les violer. On trouve 4 ou 5 passages dans la Bible de cet acabit. Dans la Bible, on voit aussi que la peine de mort était la punition habituelle pour des crimes tels que l'homosexualité, l'adultère, le blasphème, l'idolâtrie, le fait de répondre à ses parents --
(Laughter)
(Rires) -- et de ramasser du bois pendant le Sabbat.
and picking up sticks on the Sabbath. Well, let's click the zoom lens down one order of magnitude and look at the century scale. Now, although we don't have statistics for warfare throughout the Middle Ages to modern times, we know just from conventional history that the evidence was under our nose all along that there has been a reduction in socially sanctioned forms of violence.
Avançons à présent à l'échelle du siècle Nous n'avons pas de statistiques concernant les guerres depuis le Moyen Âge jusqu'aux temps modernes, mais nous savons de l'Histoire -- les preuves ont toujours été sous nos yeux -- qu'il y a eu une réduction des formes de violence acceptées par la société.
For example, any social history will reveal that mutilation and torture were routine forms of criminal punishment. The kind of infraction today that would give you a fine, in those days, would result in your tongue being cut out, your ears being cut off, you being blinded, a hand being chopped off and so on. There were numerous ingenious forms of sadistic capital punishment: burning at the stake, disemboweling, breaking on the wheel, being pulled apart by horses and so on. The death penalty was a sanction for a long list of nonviolent crimes: criticizing the king, stealing a loaf of bread. Slavery, of course, was the preferred labor-saving device, and cruelty was a popular form of entertainment. Perhaps the most vivid example was the practice of cat burning, in which a cat was hoisted on a stage and lowered in a sling into a fire, and the spectators shrieked in laughter as the cat, howling in pain, was burned to death.
Par exemple, l'Histoire nous apprend que les mutilations et la torture étaient une punition habituelle pour les criminels. Le genre d'infraction qui aujourd'hui vous donnerait une amende vous causait au Moyen Âge d'avoir la langue ou les oreilles coupées, d'être rendu aveugle, d'avoir une main tranchée, et ainsi de suite. Il y avait d'innombrables formes de peines capitales sadiques : brulé vif, éviscéré, passé au supplice de la roue, écartelé par des chevaux et ainsi de suite. La peine de mort était la punition pour un grand nombre de crimes non violents : critiquer le Roi, voler une miche de pain. L'esclavage, bien sûr, était la méthode favorite d'économie de main d'oeuvre, et la cruauté était une forme de divertissement populaire. L'exemple le plus éloquent est la coutume de bruler un chat, où l'animal était hissé sur une estrade puis descendu par un harnais dans un feu ; les spectateurs éclataient de rire tandis que le chat, hurlant de douleur, était brulé vif.
What about one-on-one murder? Well, there, there are good statistics, because many municipalities recorded the cause of death. The criminologist Manuel Eisner scoured all of the historical records across Europe for homicide rates in any village, hamlet, town, county that he could find, and then he supplemented them with national data when nations started keeping statistics. He plotted on a logarithmic scale, going from 100 deaths per 100,000 people per year, which was approximately the rate of homicide in the Middle Ages, and the figure plummets down to less than one homicide per 100,000 people per year in seven or eight European countries. Then, there is a slight uptick in the 1960s. The people who said that rock and roll would lead to the decline of moral values actually had a grain of truth to that. But there was a decline from at least two orders of magnitude in homicide from the Middle Ages to the present, and the elbow occurred in the early 16th century.
Et en ce qui concerne les meurtres ? Là nous avons de bonnes statistiques, puisque beaucoup de villes enregistraient les causes de décès. Le criminologue Manuel Eisner a parcouru les archives historiques à travers l'Europe à la recherche des taux de meurtres dans tous les villages, hameaux, villes et comtés qu'il a pu trouver, et les a complétées par les données nationales, quand les pays ont commencé à conserver des statistiques. Il les a représentées sur une échelle logarithmique, allant de 100 morts pour 100.000 habitants par an, ce qui est environ le taux d'homicide au Moyen Âge. Le taux chute à moins d'un homicide pour 100.000 personnes par an dans sept ou huit pays européens. Il y a ensuite une légère augmentation dans les années 60. Les gens qui pensaient que le Rock n' roll allait détruire nos valeurs morales n'avaient pas tout à fait tord. Mais il y a eu une baisse de deux ordres de grandeur du nombre d'homicides depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours, et le point de bascule est survenu au début du 16e siècle.
Let's click down now to the decade scale. According to nongovernmental organizations that keep such statistics, since 1945, in Europe and the Americas, there has been a steep decline in interstate wars, in deadly ethnic riots or pogroms and in military coups, even in South America. Worldwide, there's been a steep decline in deaths in interstate wars. The yellow bars here show the number of deaths per war per year from 1950 to the present. And, as you can see, the death rate goes down from 65,000 deaths per conflict per year in the 1950s to less than 2,000 deaths per conflict per year in this decade, as horrific as it is. Even in the year scale, one can see a decline of violence. Since the end of the Cold War, there have been fewer civil wars, fewer genocides -- indeed, a 90 percent reduction since post-World War II highs -- and even a reversal of the 1960s uptick in homicide and violent crime. This is from the FBI uniform crime statistics. You can see that there's a fairly low rate of violence in the '50s and the '60s, then it soared upward for several decades and began a precipitous decline, starting in the 1990s, so that it went back to the level that was last enjoyed in 1960. President Clinton, if you're here: thank you.
Voyons à présent à l'échelle de la décennie. D'après les organisations non gouvernementales qui gardent ce genre de statistiques, depuis 1945 en Europe et aux Amériques il y a eu une baisse rapide des guerres entre états, des coups militaires, des émeutes ethniques, même en Amérique du Sud. Dans le monde entier, il y a eu une baisse rapide des tués pendant les guerres. Les barres jaunes ici montrent le nombre de morts par guerre par an, depuis 1950 jusqu'à aujourd'hui. Comme vous pouvez le voir, le taux de mortalité chute de 65.000 morts par conflit par an dans les années 1950, jusqu'à 2.000 morts par conflit par an dans cette décennie, aussi horrible qu'elle soit. Même à l'échelle annuelle, on peut voir une baisse de la violence. Depuis la fin de la guerre froide, il y a eu moins de guerres civiles, moins de génocides -- une réduction de 90% depuis les chiffres élevés de la Seconde Guerre mondiale -- et même une inversion du pic des années 60 concernant les meurtres et crimes violents. Ceci est tiré des statistiques criminelles du FBI : on peut voir un taux de violence assez bas dans les années 50 et 60, puis en forte augmentation pendant plusieurs décennies, puis en forte baisse, depuis les années 90, et qui est revenu presque au niveau des années 1960. Président Clinton, si vous êtes ici, merci.
(Laughter)
(Rires)
So the question is: Why are so many people so wrong about something so important? I think there are a number of reasons. One of them is we have better reporting. The Associated Press is a better chronicler of wars over the surface of the earth than 16th-century monks were.
La question est donc : pourquoi tant de gens se trompent au sujet de quelque chose de si important ? Je pense qu'il y a plusieurs raisons, l'une d'entre elles étant que nous avons un meilleur journalisme. L'Associated Press (AP) rend un meilleur compte des guerres que les moines du 16e siècle.
(Laughter)
There's a cognitive illusion. We cognitive psychologists know that the easier it is to recall specific instances of something, the higher the probability that you assign to it. Things that we read about in the paper with gory footage burn into memory more than reports of a lot more people dying in their beds of old age. There are dynamics in the opinion and advocacy markets; no one ever attracted advocates and donors by saying, "Things just seem to be getting better and better."
Il y a aussi une illusion cognitive : les psychologues cognitifs comme moi savons que plus il est facile de se souvenir de quelque chose, plus on lui attribue une forte probabilité. Ce que l'on lit dans le journal, accompagné de photos affreuses est plus facilement enregistré en mémoire que les statistiques sur le nombre de gens qui meurent de vieillesse dans leur lit. Il y a aussi une dynamique du marché de l'opinion : personne n'a jamais attiré d'observateurs, de défenseurs et de donateurs en disant "les choses vont de mieux en mieux."
(Laughter)
(Rires)
There's guilt about our treatment of native peoples in modern intellectual life, and an unwillingness to acknowledge there could be anything good about Western culture. And, of course, our change in standards can outpace the change in behavior. One of the reasons violence went down is that people got sick of the carnage and cruelty in their time. That's a process that seems to be continuing, but if it outstrips behavior by the standards of the day, things always look more barbaric than they would have been by historic standards. So today, we get exercised -- and rightly so -- if a handful of murderers get executed by lethal injection in Texas after a 15-year appeal process. We don't consider that a couple of hundred years ago, they may have been burned at the stake for criticizing the king after a trial that lasted 10 minutes, and indeed, that that would have been repeated over and over again. Today, we look at capital punishment as evidence of how low our behavior can sink, rather than how high our standards have risen.
Nous nous sentons coupables du traitement des peuplades primitives dans le monde moderne, et refusons d'admettre qu'il pourrait y avoir quelque chose de positif dans la culture occidentale. Et, bien sûr, nos standards changent plus vite que nous ne changeons de comportement. Une des raisons pour laquelle le taux de violence a baissé est que les gens en ont eu assez du carnage et de la cruauté de leur époque. C'est un processus qui continue, mais s'il évalue les comportements selon les standards du jour, les choses paraissent toujours plus sauvages qu'elles ne le sont, comparées à l'histoire. De nos jours, on est indignés -- à juste titre -- quand des assassins sont tués par injection léthale au Texas, au bout de 15 ans d'appels. Mais nous ne pensons pas au fait qu'il y a quelques centaines d'années, ils auraient pu avoir été envoyés au bucher pour avoir critiqué le roi, après un procès de 10 minutes -- et que ce genre de chose aurait été fréquent. De nos jours, nous voyons la peine de mort comme une preuve de l'aspect indigne de nos comportements, plutôt que de la façon dont nos standards se sont élevés.
Well, why has violence declined? No one really knows, but I have read four explanations, all of which, I think, have some grain of plausibility. The first is: maybe Thomas Hobbes got it right. He was the one who said that life in a state of nature was "solitary, poor, nasty, brutish and short."
Pourquoi la violence est-elle en déclin ? Personne ne le sait vraiment, mais j'ai lu quatre explications, qui toutes, à mon avis, ont une part de crédibilité. La première est : peut-être que Thomas Hobbes avait raison. Il soutenait que la vie dans le monde naturel était "solitaire, pauvre, sale, brutale et courte." Pas parce que, selon lui,
(Laughter)
Not because, he argued, humans have some primordial thirst for blood or aggressive instinct or territorial imperative, but because of the logic of anarchy. In a state of anarchy, there's a constant temptation to invade your neighbors preemptively, before they invade you.
les hommes ont un gout primordial pour le sang, ou un instinct agressif, ou un impératif territorial, mais à cause de la logique de l'anarchie. Dans un état d'anarchie il y a une tentation constante d'envahir ses voisins préventivement, avant qu'ils ne vous envahissent. Récemment, Thomas Schelling
More recently, Thomas Schelling gives the analogy of a homeowner who hears a rustling in the basement. Being a good American, he has a pistol in the nightstand, pulls out his gun, walks down the stairs. And what does he see but a burglar with a gun in his hand? Now, each one of them is thinking, "I don't really want to kill that guy, but he's about to kill me. Maybe I had better shoot him before he shoots me, especially since, even if he doesn't want to kill me, he's probably worrying right now that I might kill him before he kills me." And so on. Hunter-gatherer peoples explicitly go through this train of thought and will often raid their neighbors out of fear of being raided first.
donnait l'analogie d'un propriétaire qui entend un bruit dans sa cave. Comme tout bon Américain, il a son arme sur la table de chevet, la prend et descend les marches. En bas il voit un cambrioleur, arme à la main. Chacun pense : "Je ne veux pas tuer ce type, mais il va me tuer. Je devrais peut être lui tirer dessus avant qu'il ne le fasse, surtout que, même s'il ne veut pas me tuer, il est sans doute en train de penser que je vais le tuer avant qu'il ne me tue". Et ainsi de suite. Les chasseurs-cueilleurs ont le même raisonnement, et attaquent souvent leurs voisins, de peur d’être envahis les premiers.
Now, one way of dealing with this problem is by deterrence. You don't strike first, but you have a publicly announced policy that you will retaliate savagely if you are invaded. The only thing is that it's liable to having its bluff called, and therefore can only work if it's credible. To make it credible, you must avenge all insults and settle all scores, which leads to the cycles of bloody vendetta. Life becomes an episode of "The Sopranos." Hobbes's solution, "Leviathan," was that if authority for the legitimate use of violence was vested in a single democratic agency -- a leviathan -- then such a state can reduce the temptation of attack, because any kind of aggression will be punished, leaving its profitability zero. That would remove the temptation to invade preemptively out of fear of them attacking you first. It removes the need for a hair trigger for retaliation to make your deterrent threat credible, and therefore, it would lead to a state of peace. Eisner -- the man who plotted the homicide rates that you failed to see in the earlier slide -- argued that the timing of the decline of homicide in Europe coincided with the rise of centralized states. So that's a bit of a support for the leviathan theory. Also supporting it is the fact that we today see eruptions of violence in zones of anarchy, in failed states, collapsed empires, frontier regions, mafias, street gangs and so on.
Une façon d'éluder ce problème est la dissuasion : vous n'attaquez pas, mais vous faites savoir que les représailles seront sauvages si vous êtes attaqué. Le seul risque avec cette méthode est qu'on peut penser que vous bluffez ; elle ne fonctionne donc que si elle est crédible. Pour ce faire, vous devez répondre à chaque insulte et résoudre chaque conflit, ce qui mène à des cycles de vendettas sanglantes. La vie devient un épisode des Sopranos. La solution de Hobbes, le "Léviathan", est que si la décision de l'usage de la violence était laissée à un unique système démocratique, un Léviathan, alors cela réduirait la tentation d'attaquer, puisque tout acte d'agression serait puni, réduisant sa profitabilité à zéro. Voilà qui enlèverait la tentation d'envahir de manière préventive, de peur qu'on ne vous attaque en premier. Plus besoin de représailles immédiates pour que la dissuasion soit crédible. Ainsi, on obtiendrait un état de paix. Eisner -- celui qui a analysé les taux d'homicide que vous n'avez pas vu dans la diapositive précédente -- propose que le déclin du nombre d'homicides en Europe coïncide avec l'arrivée des États centralisés. Cela donne du poids à la théorie du Léviathan. Une autre preuve est qu'aujourd'hui on observe une explosion de la violence dans les zones d'anarchie : États défaillants, empires anéantis, zones frontières, mafias, gangs, etc.
The second explanation is that in many times and places, there is a widespread sentiment that life is cheap. In earlier times, when suffering and early death were common in one's own life, one has fewer compunctions about inflicting them on others. And as technology and economic efficiency make life longer and more pleasant, one puts a higher value on life in general. This was an argument from the political scientist James Payne.
La seconde raison est qu'à de nombreux moments et dans de nombreux endroits il y a un sentiment partagé qu'une vie ne vaut pas grand-chose. Autrefois, quand la souffrance et la mort prématurée étaient choses communes, on avait moins de scrupules à les infliger à quelqu'un d'autre. Alors que la technologie et les progrès économiques rendent la vie plus longue et plus agréable, on donne une plus grande valeur à la vie en général. Il s'agit d'un argument de science politique de James Payne.
A third explanation invokes the concept of a nonzero-sum game, and was worked out in the book "Nonzero" by the journalist Robert Wright. Wright points out that, in certain circumstances, cooperation or nonviolence can benefit both parties in an interaction, such as gains in trade when two parties trade their surpluses and both come out ahead, or when two parties lay down their arms and split the so-called peace dividend that results in them not having to fight the whole time. Wright argues that technology has increased the number of positive-sum games that humans tend to be embroiled in, by allowing the trade of goods, services and ideas over longer distances and among larger groups of people. The result is that other people become more valuable alive than dead, and violence declines for selfish reasons. As Wright put it, "Among the many reasons that I think that we should not bomb the Japanese is that they built my minivan."
Une troisième explication utilise le concept de "jeu à somme non-nulle", et a été présenté dans le livre "Non-Zero", du journaliste Robert Wright. Wright montre que dans certaines circonstances la coopération, qui inclus la non-violence, peut être bénéfique aux deux parties d'une interaction, comme les gains d'un échange, quand chaque parti décide de partager ses surplus, et que les deux en tirent profit, ou quand deux partis déposent les armes et se partagent les dividendes de la paix ce qui a pour conséquence qu'ils n'ont plus à se battre en permanence. Wright soutient que la technologie a augmenté le nombre de jeux à somme positive entre les hommes, en permettant l'échange de biens, de services et d'idées sur des plus grandes distances et avec de plus grands groupes de personnes. Au final, les gens ont une plus grande valeur vivants que morts, et la violence baisse, pour des raisons égoïstes. Wright écrit : "Parmi toutes les raisons pour lesquelles nous ne devrions pas bombarder les japonnais, est qu'ils fabriquent mon minivan."
(Laughter)
(Rires)
The fourth explanation is captured in the title of a book called "The Expanding Circle," by the philosopher Peter Singer, who argues that evolution bequeathed humans with a sense of empathy, an ability to treat other people's interests as comparable to one's own. Unfortunately, by default, we apply it only to a very narrow circle of friends and family. People outside that circle are treated as subhuman and can be exploited with impunity. But, over history, the circle has expanded. One can see, in historical record, it expanding from the village, to the clan, to the tribe, to the nation, to other races, to both sexes and, in Singer's own arguments, something that we should extend to other sentient species. So the question is: If this has happened, what has powered that expansion?
La 4e explication est contenue dans le titre d'un livre appelé "The Expanding Circle", du philosophe Peter Singer, qui soutient que l'évolution a donné aux humains un sens de l'empathie : la capacité de traiter les intérêts des autres comme les nôtres. Malheureusement, nous ne l'appliquons habituellement qu'à un cercle très restreint d'amis et de membres de notre famille. Les gens en dehors de ce cercle sont considérés comme sous-humains, et peuvent être exploités avec impunité. Mais au cours de l'histoire, ce cercle s'est agrandi. On peut voir, historiquement, que le cercle s'agrandit du village, au clan, à la tribu, puis à la nation, aux autres "races", aux deux sexes et, selon Singer, ce cercle devrait s'étendre aux autres espèces sensibles. La question est, si c'est ce qui c'est passé, qu'est-ce qui a provoqué cette expansion ?
And there are a number of possibilities, such as increasing circles of reciprocity in the sense that Robert Wright argues for. The logic of the Golden Rule -- the more you think about and interact with other people, the more you realize that it is untenable to privilege your interests over theirs, at least not if you want them to listen to you. You can't say that my interests are special compared to yours any more than you can say the particular spot that I'm standing on is a unique part of the universe because I happen to be standing on it that very minute. It may also be powered by cosmopolitanism, by histories and journalism and memoirs and realistic fiction and travel and literacy, which allows you to project yourself into the lives of other people that formerly you may have treated as subhuman, and also to realize the accidental contingency of your own station in life, the sense that "There but for fortune go I."
Il y a plusieurs possibilités. Une augmentation du cercle de réciprocité, selon l'expression de Robert Wright. La logique de la règle d'or : plus vous pensez à, et faites des échanges avec d'autres personnes, plus vous vous rendez compte qu'il est intolérable de privilégier vos intérêts par rapport aux leurs, du moins si vous voulez qu'ils vous écoutent. Vous ne pouvez pas dire que mes intérêts sont meilleurs que les vôtres, pas plus que vous ne pouvez dire que l'endroit où je me trouve est un endroit unique de l'Univers simplement par ce que je m'y trouve en ce moment. L'expansion peut aussi être alimentée par le multiculturalisme ; par les histoires, le journalisme, les mémoires, la fiction réaliste, les voyages et l'alphabétisation, qui nous permettent de nous imaginer dans la vie d'autres personnes, qu'on aurait peut-être traité de sous-humains autrefois, et de se rendre compte des hasards qui nous ont menés là où nous sommes, de se dire "c'est par chance que je suis là."
Whatever its causes, the decline of violence, I think, has profound implications. It should force us to ask not just, "Why is there war?" but also, "Why is there peace?" Not just, "What are we doing wrong?" but also, "What have we been doing right?" Because we have been doing something right, and it sure would be good to find out what it is. Thank you very much.
Quelles qu'en soient les causes, le déclin de la violence a de profondes conséquences. Cela devrait nous forcer à nous demander non seulement "Pourquoi la guerre ?" mais aussi "Pourquoi la paix ?". Pas seulement "Que faisons-nous mal ?", mais aussi "Que faisons-nous bien ?" Car nous faisons quelque chose de bien, et ça serait bien de découvrir ce que c'est. Merci beaucoup.
(Applause)
(Applaudissements).
Chris Anderson: I loved that talk. I think a lot of people here in the room would say that that expansion you were talking about, that Peter Singer talks about, is also driven just by technology, by greater visibility of the other and the sense that the world is therefore getting smaller. I mean, is that also a grain of truth?
Chris Anderson : J'ai adoré cette session. Je pense que de nombreuses personnes ici diraient que l'expansion de -- dont vous parliez, dont parle Peter Singer, est aussi alimentée par la technologie, par une plus grande visibilité des autres, et par le sentiment que le monde devient plus petit. Est-ce que c'est possible ?
Steven Pinker: Very much. It would fit both in Wright's theory, that it allows us to enjoy the benefits of cooperation over larger and larger circles. But also, I think it helps us imagine what it's like to be someone else. I think when you read of these horrific tortures that were common in the Middle Ages, you think, "How could they possibly have done it, how could they not have empathized with the person that they're disemboweling?" But clearly, as far as they're concerned, this is just an alien being that does not have feelings akin to their own. Anything, I think, that makes it easier to imagine trading places with someone else means that it increases your moral consideration to that other person.
Steven Pinker : Tout à fait. Cela correspond aux théories de Wright, à savoir que ça nous permet de bénéficier de la coopération avec des cercles de plus en plus grands. Mais je pense que ça nous permet aussi de nous imaginer dans la peau de quelqu'un d'autre. Je pense que quand on lit les récits de ces horribles tortures qui étaient communes au Moyen Âge, on se demande comment ils ont pu, comment ils n'ont pas eu d'empathie pour la personne qu'ils éviscéraient ? Clairement, de leur point de vue, leur victime était un être étrange dépourvu des mêmes sentiments qu'eux. Je pense que tout ce qui nous facilite de nous imaginer à la place d'un autre augmente nos considérations morales envers cette personne. CA : Et bien, Steve, j'aimerai que tous les propriétaires de médias entendent cette session
CA: I'd love every news media owner to hear that talk at some point, it's so important.
durant l'année à venir. Je pense que c'est vraiment important. Merci beaucoup.
CA: Thank you. SP: My pleasure.
SP : Le plaisir est pour moi.