You'll be happy to know that I'll be talking not about my own tragedy, but other people's tragedy. It's a lot easier to be lighthearted about other people's tragedy than your own, and I want to keep it in the spirit of the conference.
Vous serez contents de savoir que je ne vais pas vous parler de mes malheurs, mais de ceux d’autrui. Il est bien plus facile de parler légèrement des malheurs d’autrui que des siens et je veux rester dans l’esprit de la conférence. À en croire les médias,
So, if you believe the media accounts, being a drug dealer in the height of the crack cocaine epidemic was a very glamorous life, in the words of Virginia Postrel. There was money, there was drugs, guns, women, you know, you name it -- jewelry, bling-bling -- it had it all.
être un dealer pendant le pic de l’épidémie de crack c’était la belle vie, selon Virginia Postrel. Argent, drogues, armes à feu, femmes, bijoux, bling-bling... rien ne manquait.
What I'm going to tell you today is that, in fact, based on 10 years of research, a unique opportunity to go inside a gang -- to see the actual books, the financial records of the gang -- that the answer turns out not to be that being in the gang was a glamorous life. But I think, more realistically, that being in a gang -- selling drugs for a gang -- is perhaps the worst job in all of America. And that's what I'd like to convince you of today.
Ce que je vais vous dire aujourd’hui, c’est qu’en fait, grâce à 10 années de recherches, l’occasion unique d’aller à l’intérieur d’un gang pour consulter la comptabilité réelle, les rapports financiers du gang, c’est que la réponse s’avère très différente : appartenir à un gang, ce n’est pas la belle vie. Au contraire, je pense qu’en réalité, appartenir à un gang -- vendre des drogues pour un gang -- est sans doute le pire boulot qui soit en Amérique. Et c’est de cela que j’aimerais vous convaincre aujourd’hui.
So there are three things I want to do. First, I want to explain how and why crack cocaine had such a profound influence on inner-city gangs. Secondly, I want to tell you how somebody like me came to be able to see the inner workings of a gang -- an interesting story, I think. And then third, I want to tell you, in a very superficial way, about some of the things we found when we actually got to look at the financial records, the books, of the gang.
Donc, il y a trois choses que je veux faire. D’abord, je veux expliquer comment et pourquoi le crack a eu une tel retentissement sur les gangs de quartiers défavorisés. Ensuite, je veux vous raconter comment quelqu’un comme moi a pu en arriver à voir le fonctionnement interne d’un gang. C’est une histoire intéressante, je pense. Et enfin, je veux vous donner, rapidement, quelques-unes des conclusions auxquelles nous sommes arrivés en consultant les rapports financiers -- la comptabilité -- du gang.
So before I do that, just one warning, which is that this presentation has been rated 'R' by the Motion Picture Association of America. It contains adult themes, adult language. Given who is up on the stage, you'll be delighted to know that, in fact, there'll be no nudity --
Et avant cela, juste un avertissement : cette communication a été classée « interdit aux moins de 18 ans ». Elle aborde des thèmes d’adultes avec des mots d’adultes. Sachant qui est sur scène, vous serez ravis d’apprendre qu’en fait il n’y aura pas de nudité,
(Laughter)
sauf en cas...
Unexpected wardrobe malfunctions aside.
(Rires) ... d’accident vestimentaire fortuit.
(Laughter)
(Rires)
So let me start by talking about crack cocaine, and how it transformed the gang. To do that, you have to actually go back to a time before crack cocaine, in the early '80s, and look at it from the perspective of a gang leader. Being a gang leader in the inner city wasn't such a bad deal in the mid-'80s -- the early '80s, let me say.
Bien, commençons par le crack et comment il a transformé les gangs. Pour cela, il faut remonter à une époque qui a précédé le crack, au début des années 80, et adopter le point de vue d’un chef de gang. Être chef de gang dans une cité n’était pas une mauvaise affaire au milieu des années 80. Au début des années 80, pourrait-on dire.
Now, you had a lot of power, and you got to beat people up -- you got a lot of prestige, a lot of respect. But the thing is, there was no money in it. The gang had no way to make money. You couldn't charge dues to the people in the gang, because the people in the gang didn't have any money. You couldn't really make any money selling marijuana -- marijuana's too cheap, it turns out. You can't get rich selling marijuana. You couldn't sell cocaine; cocaine's a great product -- powdered cocaine -- but you've got to know rich white people. And most of the inner-city gang members didn't know any rich white people, so couldn't sell to that market. You couldn't really do petty crime, either. Turns out, petty crime's a terrible way to make a living.
On avait alors beaucoup de pouvoir, on pouvait tabasser du monde, on avait beaucoup de prestige, beaucoup de respect. Mais il n’y avait pas d’argent, n’est-ce pas ? Les gangs n’avaient pas de moyen de se faire de l’argent. Et on ne pouvait pas demander une cotisation aux membres du gang parce que ces membres n’avaient pas d’argent. On ne pouvait pas vraiment se faire de l’argent en vendant de la marijuana. Il s’avère que la marijuana ne rapporte pas grand chose. On ne s’enrichit pas à vendre de la marijuana. On ne pouvait pas vendre de la cocaïne. Vous savez, la cocaïne est un bon produit -- la cocaïne en poudre -- mais il faut connaître de riches blancs. Et la plupart des gangs des cités ne connaissaient pas de riches blancs ; ils ne pouvaient pas vendre à ce marché. On ne pouvait pas se contenter non plus de la délinquance. Il s’avère que la délinquance est une très mauvaise source de revenus.
Et donc,
As a result, as a gang leader, you had, you know, power -- it's a pretty good life -- but the thing was, in the end, you were living at home with your mother. And so it wasn't really a career. There were limits to how powerful and important you could be if you had to live at home with your mother.
en tant que chef de gang, on avait, vous voyez, du pouvoir. C’est une vie assez agréable. Mais le problème c’est qu’on se retrouvait à vivre chez sa mère. Ce qui ne faisait pas vraiment une carrière. C’est quelque chose qui... c’est juste qu’il y a des limites au pouvoir et à l’importance dont on dispose quand on doit vivre chez sa mère.
Then along comes crack cocaine. And in the words of Malcolm Gladwell, crack cocaine was the extra-chunky version of tomato sauce for the inner city.
Puis vint le crack. Pour paraphraser Malcom Gladwell, le crack a été, pour les cités, une sorte de sauce tomate « avec de vrais morceaux à l'intérieur ». (Rires)
(Laughter)
Because crack cocaine was an unbelievable innovation. I don't have time to talk about it today, but if you think about it, I would say that in the last 25 years, of every invention or innovation that's occurred in this country, the biggest one in terms of impact on the well-being of people who live in the inner city, was crack cocaine. And for the worse -- not for the better, but for the worse. It had a huge impact on life.
Parce que le crack a été une incroyable innovation. Je n’ai pas le temps d’en parler aujourd’hui. Mais si on y réfléchit, je dirais que dans les 25 dernières années, de toutes les inventions ou innovations qu’a connues ce pays, la plus importante, quant à l’impact sur le bien-être des gens qui vivent dans les cités, ça a été le crack. Et ce pour le pire ; pas pour le meilleur mais pour le pire. ça a eu un énorme impact sur leur vie.
So what was it about crack cocaine? It was a brilliant way of getting the brain high. Because you could smoke crack cocaine -- you can't smoke powdered cocaine -- and smoking is a much more efficient mechanism of delivering a high than snorting it. And it turned out there was this audience that didn't know it wanted crack cocaine, but when it came, it really did. And it was a perfect drug; you could buy the cocaine that went into it for a dollar, sell it for five dollars. Highly addictive -- the high was very short. So for fifteen minutes, you get this great high, and then when you come down, all you want to do is get high again.
Bon, que peut-on dire du crack ? Il procure très efficacement un effet psychotrope. Parce qu’on peut fumer le crack, mais pas la cocaïne, et que fumer est un procédé qui délivre bien plus efficacement l’effet psychotrope que priser. Et il s’est avéré qu’il y avait un public qui ne savait pas encore qu’il voulait du crack, et quand celui-ci est arrivé, il l’a vite su. Et ça a été la drogue parfaite. On peut le vendre... on achète la cocaïne qui le compose à $1, on le revend à $5. Elle rend très vite dépendant ; son effet est très bref. Ainsi, l’effet est génial pendant 15 minutes. Puis quand on est redescendu, tout ce qu’on veut c’est retrouver cet effet.
It created a wonderful market. And for the people who were there running the gang, it was a great way, seemingly, to make a lot of money. At least for the people on the top.
Le crack a crée un fabuleux marché. Et pour ceux qui dirigeaient les gangs, cela a semblé être un très bon moyen de s’enrichir. En tout cas pour les dirigeants.
So this is where we enter the picture. Not really me -- I'm really a bit player in all this. My co-author, Sudhir Venkatesh, is the main character. He was a math major in college who had a good heart, and decided he wanted to get a sociology PhD, came to the University of Chicago. Now, the three months before he came to Chicago, he had spent following the Grateful Dead. And in his own words, he "looked like a freak." He's a South Asian -- very dark-skinned South Asian. Big man, and he had hair, in his words, "down to his ass." Defied all kinds of boundaries: Was he black or white? Was he man or woman? He was really a curious sight to be seen.
C’est à ce moment que nous intervenons. Enfin, pas vraiment : je ne suis qu’un figurant dans cette histoire. Mon co-auteur, Sudhir Venkatesh, en est le protagoniste. C’était alors un étudiant diplômé en mathématiques motivé qui a décidé de passer un doctorat de sociologie. Il est allé à l’université de Chicago. Trois mois avant d’arriver à Chicago, il avait suivi les Grateful Dead. Et, selon ses propres termes, il avait l’air d’un « déjanté ». C’est un Sud-Asiatique, un Sud-Asiatique à la peau très foncée. Un homme grand à la chevelure, selon ses propres termes, « allant jusqu’au cul ». Il mettait à mal les classifications : était-il blanc ou noir ? Était-ce un homme ou une femme ? Il était vraiment étrange à voir.
So he showed up at the University of Chicago, and the famous sociologist William Julius Wilson was doing a book that involved surveying people all across Chicago. He took one look at Sudhir, who was going to go do some surveys for him, and decided he knew exactly the place to send him, which was to one of the toughest, most notorious housing projects not just in Chicago, but in the entire United States.
Donc il se pointe à l’université de Chicago. Et le célèbre sociologue William Julius Wilson était en train d’écrire un livre qui impliquait d’enquêter sur des gens dans tout Chicago. Il n’a jeté qu’un coup d’œil à Sudhir, qui allait enquêter pour lui, et a décidé qu’il savait exactement où l’envoyer : dans les logements sociaux les plus durs et les plus connus. Pas seulement à Chicago mais dans tous les États-Unis.
So Sudhir, the suburban boy who had never really been in the inner city, dutifully took his clipboard and walked down to this housing project, gets to the first building. The first building? Well, there's nobody there. But he hears some voices up in the stairwell, so he climbs up the stairwell, comes around the corner, and finds a group of young African-American men playing dice.
Ainsi, Sudhir, enfant de banlieue aisée qui n’avait jamais vraiment côtoyé les cités, en bon élève a pris son cahier et s’est rendu dans ces logements sociaux. Il entre dans le premier bâtiment. Le premier bâtiment ? Bon, personne... Mais il entend des voix, plus haut, dans la cage d’escalier, alors il monte. Et, dans un coin, il tombe sur un groupe de jeunes afro-américains jouant aux dés.
This is about 1990, peak of the crack epidemic. This is a very dangerous job, being in a gang. You don't like to be surprised. You don't like to be surprised by people who come around the corner. And the mantra was: shoot first; ask questions later. Now, Sudhir was lucky -- he was such a freak, and that clipboard probably saved his life, because they figured no other rival gang member would be coming up to shoot at them with a clipboard.
Nous sommes dans les années 90, au pic de l’épidémie de crack. C’est un boulot dangereux, être dans un gang : on n’y apprécie pas d’être surpris. On n’y apprécie pas d’être surpris par quelqu’un qui se pointe au détour d’un couloir. Le mantra était : on tire d'abord, on pose les questions après. Là, Sudhir a eu de la chance. Son allure décalée et son cahier lui ont sans doute sauvé la vie : ils se sont dit qu’aucun membre d’un gang rival ne se pointerait avec un cahier pour leur tirer dessus. (Rires)
(Laughter)
Bon, ils ne l’ont pas vraiment accueilli chaleureusement, mais ils ont dit :
So his greeting was not particularly warm, but they did say, well, OK -- let's hear your questions on your survey. So -- I kid you not -- the first question on the survey that he was sent to ask was: "How do you feel about being poor and Black in America?"
OK, écoutons les questions de ton enquête. Sans mentir, la première question de l’enquête qu’il était censé poser était : « Comment vivez-vous le fait d’être pauvre et noir en Amérique ? »
(Laughter)
« Comment vivez-vous le fait d’être pauvre et noir en Amérique ? » (Rires)
Makes you wonder about academics.
Ça fait se poser des questions sur le monde universitaire...
(Laughter)
(Rires)
So the choice of answers were:
Les réponses possibles étaient : « Très bien », « Bien », « Mal » et « Très mal ».
[A) Very Good B) Good C) Bad D) Very Bad]
(Laughter)
What Sudhir found out is, in fact, that the real answer was the following: [A) Very Good B) Good C) Bad D) Very Bad E) Fuck you]
Sudhir s’est rendu compte que la vraie réponse à cette question était la suivante : « Va te faire foutre. » (Rires)
(Laughter)
The survey was not, in the end, going to be what got Sudhir off the hook. He was held hostage overnight in the stairwell. There was a lot of gunfire, there were a lot of philosophical discussions he had with the gang members. By morning, the gang leader arrived, checked out Sudhir, decided he was no threat, and they let him go home. So Sudhir went home, took a shower, took a nap.
Finalement, ce n’est pas l’enquête qui a vraiment motivé Sudhir. Il a été retenu en otage toute la nuit dans la cage d’escalier. Il y a eu pas mal de coups de feu, pas mal de discussions philosophiques avec les membres du gang. Au matin, le chef du gang est arrivé. Il a considéré Sudhir, est arrivé à la conclusion qu’il n’était pas une menace et ils l’ont laissé partir. Sudhir rentre chez lui. Il prend une douche, fait la sieste.
And you and I, probably, faced with the situation, would think, "I guess I'm going to write my dissertation on The Grateful Dead, I've been following them for the last three months."
Vous et moi, sans doute, face à cette situation, nous nous serions dit bon, je vais plutôt écrire mon mémoire sur les Grateful Dead. Je les ai suivis pendant ces trois derniers mois. (Rires)
(Laughter)
Sudhir, lui, y est retourné directement, s’est rendu dans les logements sociaux.
Sudhir, on the other hand, got right back, walked down to the housing project, went up to the second floor, and said: "Hey, guys, I had so much fun hanging out with you last night, I wonder if I could do it again tonight." And that was the beginning of what turned out to be a beautiful relationship that involved Sudhir living in the housing project on and off for 10 years, hanging out in crack houses, going to jail with the gang members, having the windows shot out of his car, having the police break into his apartment and steal his computer disks -- you name it. But ultimately, the story has a happy ending for Sudhir, who became one of the most respected sociologists in the country. And especially for me, as I sat in my office with my Excel spreadsheet open, waiting for Sudhir to come and deliver to me the latest load of data that he would get from the gang.
Est monté à l’étage, le second étage, et a dit : « Salut les gars. J’ai passé un très bon moment à traîner avec vous, cette nuit. Je me demande si je pourrais recommencer ce soir. » Et voilà comment a commencé ce qui est devenu une belle relation qui a fait de Sudhir un résident non permanent du logement social pendant dix ans, à traîner dans des planques à crack, aller en prison avec les membres du gang, avoir les vitres de sa voiture explosées à coup d’armes à feu, avoir des descentes de police dans son appartement avec confiscation de ses disques durs... À peu près tout ce qu’on peut imaginer. Au final, l’histoire s’est bien terminée pour Sudhir, qui est devenu un des sociologues les plus respectés du pays. Et surtout pour moi, qui, assis à mon bureau avec ma feuille Excel ouverte, attendais que Sudhir vienne et me livre les dernières données obtenues du gang.
(Laughter)
It was one of the most unequal co-authoring relationships ever --
Sans doute une des relations entre co-auteurs des plus inégales...
(Laughter)
(Rires)
But I was glad to be the beneficiary of it.
... mais je suis heureux d’en avoir été le bénéficiaire.
So what did we find? What did we find in the gang? Well, let me say one thing: We really got access to everybody in the gang. We got an inside look at the gang, from the very bottom up to the very top. They trusted Sudhir, in ways that really no academic has ever -- or really anybody, any outsider -- has ever earned the trust of these gangs, to the point where they actually opened up what was most interesting for me -- their books, the financial records they kept. They made them available to us, and we not only could study them, but we could ask them questions about what was in them.
Bon, qu’avons-nous trouvé ? Qu’avons-nous trouvé dans ce gang ? Laissez-moi vous dire que nous avons eu un accès complet à tout le monde dans le gang. Nous avons pu le voir intégralement, de la base au sommet. Ils ont eu confiance en Sudhir, une confiance que jusqu’ici aucun chercheur, qu’aucun étranger au gang, n’avait jamais réussi à obtenir de ces gangs. À tel point qu’ils nous ont laissé consulter ce qui était le plus intéressant pour moi : leur comptabilité, les rapports financiers qu’ils tenaient. Et ils nous les ont fournis. Et pas seulement pour les étudier : nous pouvions aussi leur poser des questions sur leur contenu.
So if I have to kind of summarize very quickly in the short time I have what the bottom line of what I take away from the gang is, it's that, if I had to draw a parallel between the gang and any other organization, it would be that the gang is just like McDonald's, in a lot of different respects -- the restaurant McDonald's.
Si je devais résumer rapidement, dans le peu de temps qu’il me reste, les conclusions qu’on peut tirer de ce gang, c’est que s’il fallait comparer le gang à une autre organisation, on pourrait dire qu’un gang, c’est comme McDonald’s. Malgré des différences évidentes, comme les restaurants McDonald’s
So first, in one way, which isn't maybe the most interesting way, but it's a good way to start -- is in the way it's organized, the hierarchy of the gang, the way it looks. So here's what the org chart of the gang looks like. I don't know if you know much about org charts, but if you were to assign a stripped-down and simplified McDonald's org chart, this is exactly what it would look like. It's amazing, but the top level of the gang, they actually call themselves the "Board of Directors."
D’abord, d’une manière qui n’est peut-être pas la plus intéressante, mais qui permet de poser des bonnes bases, dans son organisation. Dans la hiérarchie du gang, ce à quoi il ressemble. Voici donc à quoi ressemble l’organigramme du gang. Je ne sais pas si vous vous y connaissez en organigrammes, mais si vous aviez à construire un organigramme résumé et simplifié d’un McDonald’s, c’est exactement à cela qu’il ressemblerait. Maintenant, ce qui est fascinant, c’est que le sommet du gang se nomme réellement « Conseil d’administration ».
(Laughter)
(Rires)
And Sudhir says it's not like these guys had a very sophisticated view of what happened in American corporate life, but they had seen movies like "Wall Street," and they had learned a little bit about what it was like to be in the real world. Now, below that board of directors, you've got essentially what are regional VPs -- people who control, say, the South Side of Chicago, or the West Side of Chicago.
Pour Sudhir, ce n’est pas que ces gars aient une appréhension fine de ce qui se passe dans l’entrepreneuriat américain. Mais ils ont vu des films comme Wall Street et, finalement, ils en ont appris un peu sur l’organisation du monde extérieur. Ensuite, au-dessous du Conseil d’administration, on trouve essentiellement des vice-présidents de section, des gens qui contrôlent, par exemple, le sud de Chicago, ou l’ouest de Chicago.
Sudhir got to know very well the guy who had the unfortunate assignment of trying to take the Iowa franchise, which, it turned out, for this black gang, was not one of the more brilliant financial endeavors they undertook.
D’ailleurs, Sudhir avait bien sympathisé avec le malchanceux qui s’était retrouvé à essayer de gérer la franchise de l’Iowa. (Rires) Ce qui s’est avéré, pour ce jeune gang noir, ne pas être le plus brillant
(Laughter)
des investissements qu’ils aient faits.
But the thing that really makes the gang seem like McDonald's is its franchisees.
(Rires)
The guys who are running the local gangs -- the four-square-block by four-square-block areas -- they're just like the guys, in some sense, who are running the McDonald's. They are the entrepreneurs. They get the exclusive property rights to control the drug-selling. They get the name of the gang behind them, for merchandising and marketing. And they're the ones who basically make the profit or lose a profit, depending on how good they are at running the business.
Ce qui fait que les gangs ressemblent vraiment aux McDonald’s, ce sont les franchisés. Les gars qui dirigent les gangs locaux, vous voyez, quartier par quartier, ils sont d’une certaine manière comme les gars qui dirigent les McDonald’s. Ce sont des entrepreneurs. Ils obtiennent le contrôle exclusif de la vente de drogue. Ils obtiennent le droit d’utiliser le nom du gang qui les chapeaute, pour le merchandising et le marketing. Et ce sont eux qui font du bénéfice ou se retrouvent en déficit, selon leur habileté à gérer le commerce.
Now, the group I really want you to think about, though, are the ones at the bottom -- the foot soldiers. These are the teenagers, typically, who'd be standing out on the street corner, selling the drugs. Extremely dangerous work. And important to note is that almost all of the weight, all of the people in this organization are at the bottom -- just like McDonald's. So in some sense, the foot soldiers are a lot like the people who are taking your order at McDonald's, and it's not just by chance that they're like them. In fact, in these neighborhoods, they'd be the same people. So the same kids who are working in the gang were actually, at the very same time, typically working part-time at a place like McDonald's. Which already foreshadows the main result that I've talked about, about what a crappy job it was, being in the gang. Because obviously, if being in the gang were such a wonderful, lucrative job, why in the world would these guys moonlight at McDonald's?
Maintenant, le groupe auquel je veux que vous réfléchissiez, cependant, c’est la base, l'infanterie. Le plus souvent, ce sont des jeunes qui passent leur journée debout au coin des rues à vendre de la drogue. Tâche extrêmement dangereuse. Il est important de noter que la masse, la majorité des gens dans cette organisation, sont à la base. Oui, comme dans un McDonald’s. D’une certaine manière, ces fantassins, c’est comme les personnes qui prennent votre commande dans un McDonald’s. Et même, ce n’est pas un hasard s’ils se ressemblent tant. En fait, dans ces quartiers, ce sont les mêmes. Les gamins qui travaillent dans un gang sont en fait en même temps, souvent à temps partiel, aussi employés chez McDonald’s. Ce qui, je pense, confirme les conclusions dont j’ai parlé, à savoir que c’est un travail pourri que d’être dans un gang. Parce que, évidemment, si appartenir à un gang était un boulot si merveilleux, si lucratif, pourquoi donc ces gars iraient-ils travailler au noir chez McDonald’s ?
So what do the wages look like? You might be surprised. But based on being able to talk to them and to see their records, this is what it looks like in terms of the wages. The hourly wage the foot soldiers were earning was $3.50 an hour. It was below the minimum wage. And this is well-documented. It's easy to see by the patterns of consumption they have. It really is not fiction -- it's fact. There was very little money in the gang, especially at the bottom.
Bon, à quoi ressemblent les salaires ? Vous pourriez être surpris. Mais en s’appuyant sur des faits, en discutant avec eux, en consultant leurs archives, voilà à quoi cela ressemble quant aux salaires. Le salaire horaire pour les fantassins était de 3,5 $ par heure. C’est en dessous du salaire minimum, n’est-ce pas ? Et on le sait de sources sûres. C’est facile à voir à leur manière de consommer. Ce n’est pas de la fiction : c’est un fait. Il y avait très peu d’argent dans le gang, surtout à la base.
Now if you managed to rise up, say, and be that local leader, the guy who's the equivalent of the McDonald's franchisee, you'd be making 100,000 dollars a year. And that, in some ways, was the best job you could hope to get if you were growing up in one of these neighborhoods as a young black male. If you managed to rise to the very top, 200,000 or 400,000 dollars a year is what you'd hope to make. Truly, you would be a great success story.
Maintenant, en cas de promotion -- chef local, par exemple, l’équivalent d’un franchisé chez McDonald’s -- on se fait 100 000 $ par an. Ce qui, d’une certaine manière, est le meilleur poste qu’on puisse espérer obtenir quand on a grandi dans ces quartiers en tant que jeune noir. Quand on arrive au sommet, c’est entre 200 000 et 400 000 $ annuels qu’on peut espérer se faire. Et là, on parle d’un succès intégral.
And one of the sad parts of this is that, indeed, among the many other ramifications of crack cocaine is that the most talented individuals in these communities -- this is what they were striving for. They weren't trying to make it in legitimate ways, because there were no legitimate channels out. This was the best way out. And it actually was the right choice, probably, to try to make it out this way.
Ce qui est triste dans tout cela, c’est qu’assurément, parmi les nombreuses ramifications dans le milieu du crack, les individus les plus talentueux dans ces communautés se démenaient pour cela. Ils n’essayaient pas de s’en sortir de manière légale parce qu’il n’y avait pas de moyen de s’en sortir légalement. C’était le meilleur moyen. Et en fait, c’était sans doute le bon choix pour tenter de s’en sortir, cette voie. Pensez-y.
You look at this, the relationship to McDonald's breaks down here. The money looks about the same. Why is it such a bad job? Well, the reason it's such a bad job is that there's somebody shooting at you a lot of the time. So, with shooting at you, what are the death rates? We found, in our gang -- and admittedly, this was not really a standard situation; this was a time of intense violence, of a lot of gang wars, as this gang actually became quite successful. But there were costs. And so the death rate -- not to mention the rate of being arrested, sent to prison, being wounded -- the death rate in our sample was seven percent per person per year. You're in the gang for four years, you expect to die with about a 25 percent likelihood. That is about as high as you can get.
La comparaison avec McDonald’s s’arrête ici. L’argent est quasiment le même. Mais pourquoi est-ce un mauvais boulot ? Les raisons à cela c’est que, constamment, on vous tire dessus. Donc, si on se fait tirer dessus, quel est le taux de mortalité ? Pour notre gang, il faut admettre qu’il n’était pas réellement représentatif de la moyenne. C’était une époque d’intense violence, de nombreuses guerres de gangs, et ce gang, en fait, avait pas mal de succès. Mais cela avait un prix. Et donc le taux de mortalité, sans parler du taux d’arrestation, d’emprisonnement, de blessure, le taux de mortalité de notre échantillon était de 7% par personne et par an. Au bout de quatre ans dans un gang, les probabilité de décès sont de 25%. C’est un maximum.
So for comparison's purposes, let's think about some other walk of life you may expect might be extremely risky. Let's say that you were a murderer and you were convicted of murder, and you're sent to death row. It turns out, the death rates on death row from all causes, including execution: two percent a year.
Pour comparer, évoquons d’autres voies qu’on pense être extrêmement risquées. Prenons par exemple un meurtrier accusé d’un meurtre et envoyé dans le couloir de la mort. Il s’avère que le taux de mortalité dans le couloir de la mort, quelles qu’en soient les causes, dont l’exécution, est de 2% par an.
(Laughter)
(Rires)
So it's a lot safer being on death row than it is selling drugs out on the street.
Il est donc plus sûr d’être dans dans le couloir de la mort que de vendre des drogues dans la rue.
That gives you some pause, for those of you who believe that a death penalty's going to have an enormous deterrent effect on crime. To give you a sense of just how bad the inner city was during crack -- and I'm not really focusing on the negatives, but really, there's another story to tell you there -- if you look at the death rates just of random, young black males growing up in the inner city in the United States, the death rates during crack were about one percent. That's extremely high. And this is violent death -- it's unbelievable, in some sense.
Ça fait réfléchir, ça fait réfléchir ceux qui, parmi vous, pensent que la peine de mort a un énorme effet dissuasif contre le crime. Maintenant, pour que vous voyiez à quel point la vie dans les cités était mauvaise au temps du crack, et je ne m’appuie pas que sur les points négatifs, il y aurait là d’autres histoires à raconter, si l’on regarde le taux de mortalité de n’importe quel jeune noir qui a grandi dans les cités des États-Unis, ce taux de mortalité à l’époque du crack était de 1%. Ce qui est très élevé. On parle là de mort violente ; c’est dur à croire, d’une certaine manière.
To put it into perspective: if you compare this to the soldiers in Iraq, for instance, right now fighting the war: 0.5 percent. So in some very literal way, the young black men who were growing up in this country were living in a war zone, very much in the sense that the soldiers over in Iraq are fighting in a war.
À titre indicatif, comparons avec les soldats en Irak, par exemple, ceux qui font la guerre maintenant : 0,5%. Littéralement, les jeunes noirs qui grandissaient dans ce pays vivaient dans des champs de bataille, presque exactement comme ces soldats qui, là-bas en Irak, font la guerre.
So why in the world, you might ask, would anybody be willing to stand out on a street corner selling drugs for $3.50 an hour, with a 25 percent chance of dying over the next four years? Why would they do that? And I think there are a couple answers.
Alors pourquoi donc, on peut se demander, quiconque accepterait-il de se tenir à un coin de rue à vendre de la drogue à $3,5 de l’heure, avec 25% de probabilité de mourir dans les quatre ans à venir ? Pourquoi faire cela ? Je pense qu’il y a deux ou trois réponses.
I think the first one is that they got fooled by history. It used to be the gang was a rite of passage; that the young people controlled the gang; that as you got older, you dropped out of the gang. So what happened was, the people who happened to be in the right place at the right time -- the people who happened to be leading the gang in the mid-to-late-'80s -- became very, very wealthy. And so the logical thing to think was that they are going to age out of the gang like everybody else has, and the next generation is going to take over and get the wealth.
La première, d’après moi, c’est qu’ils se font avoir par l’histoire. Avant, entrer dans un gang était un rite de passage. Les jeunes contrôlaient les gangs et, en vieillissant, quittaient le gang. Ce qui s’est passé, c’est que ceux qui se sont trouvés au bon endroit au bon moment, ceux qui dirigeaient les gangs au milieu des années 80, sont devenus très très riches. Il était donc logique de penser que la génération à venir allait remplacer la précédente, comme ça avait toujours été le cas, que cette génération à venir allait prendre la main et les richesses.
There are striking similarities, I think, to the Internet boom. The first set of people in Silicon Valley got very, very rich. And then all of my friends said, "Maybe I should go do that, too." And they were willing to work very cheap for stock options that never came. In some sense, that's what happened, exactly, to the set of people we were looking at. They were willing to start at the bottom, just like, say, a first-year lawyer at a law firm is willing to start at the bottom, work 80-hour weeks for not that much money, because they think they're going to make partner. But the rules changed, and they never got to make partner.
Cela ressemble étonnamment, je pense, au développement rapide d’Internet, non ? Les premiers à Silicon Valley sont devenus très très riches. Alors tous mes amis se sont dit « Peut-être devrais-je faire cela moi aussi. » Ils ont accepté de travailler à bas prix, pour des stock-options qui ne sont jamais venues. D’une certaine manière, c’est exactement ce qui est arrivé à ceux que nous étudiions : ils acceptaient de commencer par la base. Comme, par exemple, un avocat dans un cabinet, un avocat débutant qui accepte de commencer en bas de l’échelle, à travailler 80 heures par semaine pour pas grand chose, en se disant qu’ils vont un jour devenir associés. Mais ce qu’il s’est passé c’est que les règles avaient changé : ils n’ont jamais pu devenir associés.
Indeed, the same people who were running all of the major gangs in the late 1980s are still running the major gangs in Chicago today. They never passed on any of the wealth, So everybody got stuck at that $3.50-an-hour job, and it turned out to be a disaster.
En fait, ce sont les mêmes qui dirigeaient les principaux gangs à la fin des années 80 qui les dirigent encore à Chicago, de nos jours. Ils n’ont jamais transmis leurs richesses. Alors tout le monde s’est retrouvé coincé avec un boulot à $3,5 de l’heure et ça a été un désastre.
The other thing the gang was very good at was marketing and trickery. And so for instance, one thing the gang would do is -- the gang leaders would have big entourages, and they'd drive fancy cars and have fancy jewelry. So what Sudhir eventually realized as he hung out with them more, is that, really, they didn't own those cars -- they just leased them, because they couldn't afford to own the fancy cars. And they didn't really have gold jewelry, they had gold-plated jewelry. It goes back to, you know, the real-real versus the fake-real.
Autre chose : les gangs étaient très très bons en marketing et manipulation. Par exemple, une chose que les gangs faisaient, c’était, vous voyez, les chefs se déplaçaient avec toute une cour, conduisaient des voitures de luxe et portaient des bijoux de luxe. Ce dont Sudhir s’est rendu compte, au bout d’un moment, à traîner avec eux, c’est qu’en fait ils ne possédaient pas ces voitures. Ils les louaient, parce qu’ils ne pouvaient pas se permettre de posséder des voitures de luxe. Et ils ne portaient pas réellement des bijoux en or : c’était du plaqué-or. Tout cela revient au vrai-vrai contre le faux-vrai.
And really, they did all sorts of things to trick the young people into thinking what a great deal the gang was going to be. So for instance, they would give a 14-year-old kid a whole roll of bills to hold. That 14-year-old kid would say to his friends, "Hey, look at all the money I got in the gang." It wasn't his money -- until he spent it, and then he was in debt to the gang, and was sort of an indentured servant for a while. So I have a couple minutes.
En fait, ils avaient tout un tas de trucs pour tromper les jeunes et leur faire croire qu’entrer dans ce gang, c’était une bonne affaire. Ainsi, ils donnaient à un gamin de 14 ans ils lui donnaient une liasse de billets qu’il pouvait garder. Ce gamin de 14 ans se disait : « Eh ben dis donc ! » Il allait raconter à ses amis : « Regarde tout ce fric que je me suis fait dans le gang. » Ce n’était pas son argent, jusqu’à ce qu’il le dépense. Dans les faits, il avait une dette envers le gang et était temporairement un employé débiteur de celui-ci. Bon, il me reste quelques minutes.
Let me do one last thing I hadn't thought I'd have time to do, which is to talk about what we learned more generally about economics, from the study of the gang.
Permettez-moi une dernière chose. Je ne pensais pas que j’aurais eu le temps de le faire, de vous parler de ce que nous avons appris, plus généralement, sur l’économie en étudiant les gangs.
So, economists tend to talk in technical words. Often, our theories fail quite miserably when we over the data, but what's kind of interesting is that in this setting, it turned out that some of the economic theories that worked not so well in the real economy worked very well in the drug economy, in some sense, because it's unfettered capitalism. Here's an economic principle. This is one of the basic ideas in labor economics, called a "compensating differential." It's the idea that the increment to wages that a worker requires to leave him indifferent between performing two tasks, one which is more unpleasant than the other. Compensating differential -- it's why we think garbagemen might be paid more than people who work in parks.
Les économistes ont tendance à utiliser un jargon. Souvent, nos théories sont affreusement contredites par les données. Mais en fait, ce qui est plutôt intéressant c’est que dans cette configuration, il s’est avéré que certaines des théories qui ne fonctionnaient pas si bien dans la vraie économie fonctionnaient très bien dans l’économie de la drogue. D’une certaine manière parce qu’on est dans un capitalisme débridé. Voici un principe économique : c’est une des idées fondamentales dans l’économie du travail, l’« écart compensatoire ». Il repose principalement sur l’idée qu’il faut augmenter le salaire d’un travailleur pour qu’il soit indifférent à l’idée d’accomplir deux tâches dont l’une est plus désagréable que l’autre ; c’est ce qu’on appelle l’« écart compensatoire ». C’est ce qui explique pourquoi on considère que les éboueurs doivent être mieux payés que ceux qui travaillent dans les parcs, OK ?
The words of one of the members of the gang, I think, make this clear. So it turns out -- I'm sort of getting ahead of myself -- it turns out, in the gang, when there's a war going on, they actually pay the foot soldiers twice as much money. It's exactly this concept. Because they're not willing to be at risk. And the words of a gang member capture it quite nicely, he says: "Would you stand around here when all this shit ..." -- the shooting -- "... if all this shit's going on? No, right? So if I gonna be asked to put my life on the line, then front me the cash, man." I think the gang member says it much more articulately than the economist, about what's going on.
L’exprimer comme l’un des membres du gang rendra l’idée plus claire. Donc il s’avère -- peut-être que je mets la charrue avant les bœufs -- il s’avère que, dans le gang, quand c’est la guerre, on paie les fantassins deux fois plus que d’habitude. C’est exactement le concept. Parce qu’il ne veulent pas prendre de risques. Des propos tenus par un membre du gang l’explicitent joliment. Il dit : « Est-ce que tu resterais là quand il y toute cette merde » (c’est-à-dire les coups de feu) « Avec toute cette merde qui t’arrive dessus ? Non, hein ? Alors si on me demande de mettre ma vie en jeu, il faut abouler la monnaie, mec. » Pour l’essentiel, je pense que ce membre de gang décrit de manière plus pertinente la situation que le font les économistes.
(Laughter)
(Rires)
Here's another one. Economists talk about game theory, that every two-person game has a Nash equilibrium. Here's the translation you get from the gang member. They're talking about the decision of why they don't go shoot -- One thing that turns out to be a great business tactic in the gang: if you go and just shoot guns in the air in the other gang's territory -- people are afraid to go buy drugs there, they're going to come into your neighborhood.
Voilà un autre exemple. Les économistes parlent de théorie des jeux : pour tout jeu entre deux personnes, il y a un « équilibre de Nash ». En voici la traduction pour les membres de gangs. Ils expliquent sur quoi repose la décision de ne pas utiliser les armes à feu ; c’est une chose qui s’avère être une importante tactique économique dans les gangs : si on arrive et qu’on tire en l’air sur le territoire d’un autre gang, tout le monde a peur d’aller y acheter sa drogue. Les gens viendront dans votre quartier.
Here's what he says about why they don't do that: "If we start shooting around there, the other gang's territory, nobody, I mean, you dig it, nobody gonna step on their turf. But we gotta be careful, 'cause they can shoot around here too and then we all fucked."
Mais voilà ce qu’il dit pour expliquer pourquoi cela ne se fait pas. Il dit : « Si on se met à jouer avec nos flingues dans le coin », sur le territoire d’un autre gang, « personne, je veux dire, tu vois, personne va se pointer chez eux. Mais faut faire gaffe, parce qu’ils peuvent venir jouer avec leurs flingues ici aussi, et là on est tous baisés ». (Rires)
(Laughter)
Eh bien c’est exactement le même concept.
So that's the same concept. Then again, sometimes economists get it wrong. One thing we observed in the data is that it looked like -- the gang leader always got paid. No matter how bad it was economically, he always got himself paid.
Mais là encore, les économistes se trompent parfois. Il y a une chose qu’on a observée dans les données, c’est qu’elles semblaient, quant à... Le chef du gang est toujours payé, n’est-ce pas ? Peu importent les problèmes économiques, il est toujours payé.
We had some theories related to cash flow, and lack of access to capital markets, and things like that. Then we asked the gang member, "Why is it you always get paid and your workers don't always get paid?" His response is, "You got all these niggers below you who want your job, you dig? If you start taking losses, they see you as weak and shit." And I thought about it and said, "CEOs often pay themselves million-dollar bonuses, even when companies are losing a lot of money. And it never would really occur to an economist that this idea of 'weak and shit' could really be important."
Alors nous avons des théories sur la circulation de l’argent et l’absence d’accès au marché du capital et autres. Mais quand on a demandé au membre du gang « Bon, comment se fait-il que vous soyez toujours payés mais pas vos employés ?» Sa réponse a été : « T’as tous ces nègres au-dessous de toi qui veulent leur job, tu vois » Si tu commences à perdre du fric, ils vont te prendre pour une pauvre merde. » Et j’y ai pensé et je me suis dit : « Les PDG s’octroient souvent des bonus de plusieurs millions de dollars, même quand leur compagnie perd beaucoup d’argent. Et il n’est jamais venu à l’esprit d’aucun économiste que cette idée d’être pris pour une “pauvre merde” » pouvait être importante.
(Laughter)
Mais peut-être... peut-être que cette « pauvre merde »...
Maybe "weak and shit" is an important hypothesis that needs more analysis.
que cette « pauvre merde » est une hypothèse pertinente qui demande une analyse plus poussée.
Thank you very much.
Merci beaucoup.
(Applause)