I want to talk to you about the future of medicine. But before I do that, I want to talk a little bit about the past. Now, throughout much of the recent history of medicine, we've thought about illness and treatment in terms of a profoundly simple model. In fact, the model is so simple that you could summarize it in six words: have disease, take pill, kill something.
Je veux vous parler du futur de la médecine. Mais avant cela, je veux vous parler un peu du passé. Voilà, tout au long de l'histoire récente de la médecine, nous avons réfléchi aux maladies et aux traitements sur les termes d'un modèle profondément simpliste. En fait, ce modèle est si simple qu'on pourrait le résumer en huit mots : être malade, prendre une pilule, tuer quelque chose.
Now, the reason for the dominance of this model is of course the antibiotic revolution. Many of you might not know this, but we happen to be celebrating the hundredth year of the introduction of antibiotics into the United States. But what you do know is that that introduction was nothing short of transformative. Here you had a chemical, either from the natural world or artificially synthesized in the laboratory, and it would course through your body, it would find its target, lock into its target -- a microbe or some part of a microbe -- and then turn off a lock and a key with exquisite deftness, exquisite specificity. And you would end up taking a previously fatal, lethal disease -- a pneumonia, syphilis, tuberculosis -- and transforming that into a curable, or treatable illness. You have a pneumonia, you take penicillin, you kill the microbe and you cure the disease.
Maintenant, il y a une raison à la prédominance de ce modèle, qui est évidemment la révolution antibiotique. Vous ne le savez peut-être pas, mais, en fait, nous célébrons le centenaire de l'introduction des antibiotiques aux États-Unis. Par contre, ce que vous savez, c'est qu'est cette introduction était tout simplement révolutionnaire. Ici, vous aviez un élément chimique, issu du monde naturel ou créé artificiellement dans un laboratoire, qui se propagerait dans votre corps, trouverait sa cible, verrouillerait sa cible -- un microbe ou une partie d'un microbe -- et tournerait ensuite une clef dans une serrure avec une agilité magnifique, une précision magnifique. Et finalement, une maladie auparavant fatale, mortelle -- une pneumonie, la syphilis, la tuberculose -- se transforme en une maladie soignable, traitable. Vous avez une pneumonie, prenez de la pénicilline, vous tuez le microbe et vous soignez la maladie.
So seductive was this idea, so potent the metaphor of lock and key and killing something, that it really swept through biology. It was a transformation like no other. And we've really spent the last 100 years trying to replicate that model over and over again in noninfectious diseases, in chronic diseases like diabetes and hypertension and heart disease. And it's worked, but it's only worked partly. Let me show you. You know, if you take the entire universe of all chemical reactions in the human body, every chemical reaction that your body is capable of, most people think that that number is on the order of a million. Let's call it a million. And now you ask the question, what number or fraction of reactions can actually be targeted by the entire pharmacopoeia, all of medicinal chemistry? That number is 250. The rest is chemical darkness. In other words, 0.025 percent of all chemical reactions in your body are actually targetable by this lock and key mechanism. You know, if you think about human physiology as a vast global telephone network with interacting nodes and interacting pieces, then all of our medicinal chemistry is operating on one tiny corner at the edge, the outer edge, of that network. It's like all of our pharmaceutical chemistry is a pole operator in Wichita, Kansas who is tinkering with about 10 or 15 telephone lines.
Cette idée était si séduisante, cette image du verrou et de la clé, si puissante, l'idée de tuer quelque chose, qu'elle a vraiment renversé la biologie. Ce fut une transformation incomparable. Et nous avons en fait passé le siècle suivant à essayer de reproduire ce modèle encore et encore sur des maladies non-infectieuses sur des maladies chroniques comme le diabète, l'hypertension, la cardiopathie. Et ça a marché, mais seulement partiellement. Laissez-moi vous montrer. Vous savez, si vous prenez l'univers entier de toutes les réactions chimiques se produisant dans le corps humain, chaque réaction chimique dont notre corps est capable, la plupart des gens estiment ce chiffre à environ un million. Disons donc un million. Et maintenant vous vous demandez quel nombre ou fraction de réactions peuvent en faite être visées par toute la pharmacopée, par toute la chimie médicinale ? Ce nombre est 250. Le reste est un flou chimique. En d'autres mots, 0,025 % de toutes les réactions chimiques dans votre corps peuvent réellement être l'objet de ce mécanisme de clé et de serrure. Vous savez, si on considère la physiologie humaine comme un vaste réseau téléphonique global avec des nœuds en interaction et des pièces en interaction, alors toute notre chimie médicinale fonctionne dans un seul petit coin sur la bordure, la bordure extérieure de ce réseau. Comme si toute notre chimie pharmaceutique était un opérateur à Wichita, dans le Kansas qui bricolerait environ 10 ou 15 lignes téléphoniques.
So what do we do about this idea? What if we reorganized this approach? In fact, it turns out that the natural world gives us a sense of how one might think about illness in a radically different way, rather than disease, medicine, target. In fact, the natural world is organized hierarchically upwards, not downwards, but upwards, and we begin with a self-regulating, semi-autonomous unit called a cell. These self-regulating, semi-autonomous units give rise to self-regulating, semi-autonomous units called organs, and these organs coalesce to form things called humans, and these organisms ultimately live in environments, which are partly self-regulating and partly semi-autonomous.
Alors, que faire de cette idée ? Et si on réorganisait cette approche ? En fait, il se trouve que la nature nous fait entrevoir une façon de penser la maladie radicalement différente du schéma : maladie, médicament, cible. En fait, le monde naturel est hiérarchiquement organisé vers le haut, pas vers le bas, mais vers le haut, et cela commence avec la cellule, une unité auto-régulatrice, semi-autonome. Ces unités auto-régulatrices et semi-autonomes engendrent des unités auto-régulatrices et semi-autonomes, les organes, et ces organes forment ensemble des choses : les humains, et ces organismes vivent enfin dans des environnements, qui sont en partie auto-régulés, en partie semi-autonomes.
What's nice about this scheme, this hierarchical scheme building upwards rather than downwards, is that it allows us to think about illness as well in a somewhat different way. Take a disease like cancer. Since the 1950s, we've tried rather desperately to apply this lock and key model to cancer. We've tried to kill cells using a variety of chemotherapies or targeted therapies, and as most of us know, that's worked. It's worked for diseases like leukemia. It's worked for some forms of breast cancer, but eventually you run to the ceiling of that approach. And it's only in the last 10 years or so that we've begun to think about using the immune system, remembering that in fact the cancer cell doesn't grow in a vacuum. It actually grows in a human organism. And could you use the organismal capacity, the fact that human beings have an immune system, to attack cancer? In fact, it's led to the some of the most spectacular new medicines in cancer.
Ce qui est sympa dans ce schéma, ce schéma hiérarchique qui se construit vers le haut plutôt que vers le bas, c'est qu'il nous permet aussi de penser à la maladie d'une façon assez différente. Prenez une maladie comme le cancer. Depuis les années 50, nous avons essayé plutôt désespérément d'appliquer ce modèle de clé et de serrure au cancer. Nous avons essayé de tuer les cellules à l'aide d'une variété de chimiothérapies ou de thérapies ciblées, et, beaucoup d'entre nous le savent, ça a marché. Ça a marché pour des maladies telles que la leucémie, ça a marché pour certains types de cancer du sein, mais un jour ou l'autre, on arrive au bout de cette approche. Et c'est seulement dans les dix dernières années qu'on a envisagé d'utiliser le système immunitaire, en se rappelant que la cellule cancéreuse n'évolue pas dans le vide, mais bien dans un organisme humain. Et pourrait-on utiliser les capacités organiques, le système immunitaire humain, contre le cancer ? En fait, c'est la base de certains des plus spectaculaires traitements du cancer.
And finally there's the level of the environment, isn't there? You know, we don't think of cancer as altering the environment. But let me give you an example of a profoundly carcinogenic environment. It's called a prison. You take loneliness, you take depression, you take confinement, and you add to that, rolled up in a little white sheet of paper, one of the most potent neurostimulants that we know, called nicotine, and you add to that one of the most potent addictive substances that you know, and you have a pro-carcinogenic environment. But you can have anti-carcinogenic environments too. There are attempts to create milieus, change the hormonal milieu for breast cancer, for instance. We're trying to change the metabolic milieu for other forms of cancer.
Et enfin, il y a le plan de l'environnement, non ? Vous savez, personne ne fait le lien entre cancer et environnement. Mais laissez-moi vous donner un exemple d'environnement profondément cancérigène. Ça s'appelle une prison. Prenez la solitude, prenez la dépression, prenez le confinement, et ajoutez à cela, roulé dans une petite feuille de papier blanc, un des plus puissants neurostimulants que l'on connaisse, appelé la nicotine, et ajoutez à cela une des substances les plus addictives que l'on connaisse, et vous avez un environnement pro-cancérigène. Mais il y a aussi des environnements anti-cancérigènes. Certains tentent de créer des milieux, de modifier le milieu hormonal pour le cancer du sein, par exemple. On tente de modifier le milieu métabolique pour d'autres formes de cancers.
Or take another disease, like depression. Again, working upwards, since the 1960s and 1970s, we've tried, again, desperately to turn off molecules that operate between nerve cells -- serotonin, dopamine -- and tried to cure depression that way, and that's worked, but then that reached the limit. And we now know that what you really probably need to do is to change the physiology of the organ, the brain, rewire it, remodel it, and that, of course, we know study upon study has shown that talk therapy does exactly that, and study upon study has shown that talk therapy combined with medicines, pills, really is much more effective than either one alone. Can we imagine a more immersive environment that will change depression? Can you lock out the signals that elicit depression? Again, moving upwards along this hierarchical chain of organization. What's really at stake perhaps here is not the medicine itself but a metaphor. Rather than killing something, in the case of the great chronic degenerative diseases -- kidney failure, diabetes, hypertension, osteoarthritis -- maybe what we really need to do is change the metaphor to growing something. And that's the key, perhaps, to reframing our thinking about medicine.
Ou prenez une autre maladie, comme la dépression. Encore une fois, en agissant vers le haut, depuis les années 60 et 70, nous avons essayé, à nouveau, désespérément, de désactiver les molécules qui opèrent entre les cellules nerveuses -- la sérotonine, la dopamine -- et tenté de soigner la dépression ainsi, et ça a marché, mais après ça la limite était atteinte. Et aujourd'hui, on sait que ce qu'il faut sans doute faire, c'est changer la physiologie de l'organe, du cerveau le recâbler, le remodeler, et que, bien sûr, nombre d'études ont montré que la psychothérapie a exactement cet effet, et nombre d'études ont montré que combiner cette thérapie avec des médicaments, des pilules, est beaucoup plus efficace que l'un des deux seul. Peut-on imaginer un milieu plus immersif qui changerait la dépression ? Peut-on isoler les signaux qui provoquent la dépression ? À nouveau, déplaçons-nous vers le haut de l'organisation hiérarchique. Ce qui est peut-être vraiment en jeu ici ce n'est pas la médecine elle-même, mais une métaphore. Plutôt que de tuer quelque chose, dans le cas des grandes maladies dégénératives chroniques -- insuffisance rénale, diabète, hypertension, arthrose -- ce qu'on doit peut-être faire, c'est remplacer « tuer » par « cultiver ». Et c'est peut-être le point-clé qui recadrera notre façon de penser la médecine.
Now, this idea of changing, of creating a perceptual shift, as it were, came home to me to roost in a very personal manner about 10 years ago. About 10 years ago -- I've been a runner most of my life -- I went for a run, a Saturday morning run, I came back and woke up and I basically couldn't move. My right knee was swollen up, and you could hear that ominous crunch of bone against bone. And one of the perks of being a physician is that you get to order your own MRIs. And I had an MRI the next week, and it looked like that. Essentially, the meniscus of cartilage that is between bone had been completely torn and the bone itself had been shattered.
Et cette idée de changer, de créer une sorte de changement de perception, s'est imposée à moi de façon très personnelle il y a environ 10 ans. Il y a 10 ans -- j'ai fait de la course presque toute ma vie -- Je suis allé courir, un samedi matin, je suis rentré, et au réveil, je ne pouvais plus bouger. Mon genou droit avait enflé, et on entendait le craquement menaçant de l'os contre l'os. Et un des avantages d'être médecin, c'est qu'on peut se prescrire des IRM. Et j'ai fait une IRM la semaine d’après, et ça ressemblait à ça. En résumé, le ménisque de cartilage entre les os était complètement déchiré, et l'os lui-même était brisé.
Now, if you're looking at me and feeling sorry, let me tell you a few facts. If I was to take an MRI of every person in this audience, 60 percent of you would show signs of bone degeneration and cartilage degeneration like this. 85 percent of all women by the age of 70 would show moderate to severe cartilage degeneration. 50 to 60 percent of the men in this audience would also have such signs. So this is a very common disease. Well, the second perk of being a physician is that you can get to experiment on your own ailments. So about 10 years ago we began, we brought this process into the laboratory, and we began to do simple experiments, mechanically trying to fix this degeneration. We tried to inject chemicals into the knee spaces of animals to try to reverse cartilage degeneration, and to put a short summary on a very long and painful process, essentially it came to naught. Nothing happened. And then about seven years ago, we had a research student from Australia. The nice thing about Australians is that they're habitually used to looking at the world upside down.
Mais si je vous inspire de la pitié, laissez-moi vous dire quelque chose. Si je faisais passer une IRM à chaque personne de ce public, 60% d'entre vous montreraient des signes de dégénérescence osseuse et cartilagineuse, comme ici. 85% de toutes les femmes de 70 ans montreraient des signes parfois sévères de dégénérescence cartilagineuse. 50 à 60% des hommes de ce public montreraient aussi ces signes. C'est donc une maladie très commune. En fait, le second avantage d'être médecin, c'est de pouvoir faire des expériences sur vos propres maladies. Donc, il y a 10 ans, nous avons commencé, nous avons amené ce procédé en laboratoire, et nous avons lancé des expériences simples, essayant de traiter mécaniquement la maladie. Nous avons essayer d'injecter des produits chimiques dans les genoux d'animaux pour essayer d'inverser la dégénérescence cartilagineuse, et essayer de mettre un terme un rapide à un très long et douloureux procédé, essentiellement ça n'a rien donné. Rien n'est arrivé. Et puis, il y a sept ans, nous avions reçu un étudiant chercheur d'Australie. Les Australiens sont sympas, car ils sont habitués à regarder le monde à l'envers.
(Laughter)
(Rires)
And so Dan suggested to me, "You know, maybe it isn't a mechanical problem. Maybe it isn't a chemical problem. Maybe it's a stem cell problem." In other words, he had two hypotheses. Number one, there is such a thing as a skeletal stem cell -- a skeletal stem cell that builds up the entire vertebrate skeleton, bone, cartilage and the fibrous elements of skeleton, just like there's a stem cell in blood, just like there's a stem cell in the nervous system. And two, that maybe that, the degeneration or dysfunction of this stem cell is what's causing osteochondral arthritis, a very common ailment. So really the question was, were we looking for a pill when we should have really been looking for a cell. So we switched our models, and now we began to look for skeletal stem cells. And to cut again a long story short, about five years ago, we found these cells. They live inside the skeleton. Here's a schematic and then a real photograph of one of them. The white stuff is bone, and these red columns that you see and the yellow cells are cells that have arisen from one single skeletal stem cell -- columns of cartilage, columns of bone coming out of a single cell. These cells are fascinating. They have four properties. Number one is that they live where they're expected to live. They live just underneath the surface of the bone, underneath cartilage. You know, in biology, it's location, location, location. And they move into the appropriate areas and form bone and cartilage. That's one. Here's an interesting property. You can take them out of the vertebrate skeleton, you can culture them in petri dishes in the laboratory, and they are dying to form cartilage. Remember how we couldn't form cartilage for love or money? These cells are dying to form cartilage. They form their own furls of cartilage around themselves. They're also, number three, the most efficient repairers of fractures that we've ever encountered. This is a little bone, a mouse bone that we fractured and then let it heal by itself. These stem cells have come in and repaired, in yellow, the bone, in white, the cartilage, almost completely. So much so that if you label them with a fluorescent dye you can see them like some kind of peculiar cellular glue coming into the area of a fracture, fixing it locally and then stopping their work. Now, the fourth one is the most ominous, and that is that their numbers decline precipitously, precipitously, tenfold, fiftyfold, as you age.
Dan m'a suggéré : « Tu sais peut-être que c'est pas un problème mécanique, peut-être pas chimique, mais peut-être un problème de cellule souche. » En d'autres termes, deux hypothèses. Numéro 1, il existe un type de cellule souche osseuse -- une cellule souche osseuse qui construit l’entièreté du squelette, os, cartilages et les éléments fibreux du squelette, comme les cellules souches dans le sang, comme les cellules souches dans le système nerveux. N°2, peut-être que la dégénérescence ou le dysfonctionnement d'une cellule souche est ce qui cause arthrite ostéochondrale, une maladie très commune. Donc en fait la question c'était : cherchions-nous une pilule quand nous aurions en réalité dû chercher une cellule ? Donc nous avons changé nos modèles, et nous avons commencé à chercher une cellule souche squelettique. Et pour résumer une fois encore, il y a 5 ans, nous avons trouvé ces cellules. Elles vivent à l'intérieur du squelette. Voilà un schéma, et puis une vraie photo de l'une d'elles. Le truc blanc, c'est l'os, et ces colonnes rouges que vous voyez et les cellules jaunes sont des cellules qui proviennent d'une cellule souche squelettique, des colonnes de cartilage,des colonnes d'os venant d'une seule cellule. Ces cellules sont fascinantes. Elles ont 4 propriétés. N°1 elles vivent où l'on s'attend à ce qu'elles vivent. Elles vivent juste en dessous de la surface de l'os en dessous du cartilage. Vous savez, en biologie, c'est localiser, localiser. Et elles ont bougé dans l'endroit approprié et ont formé du cartilage et des os. Ça en est une [propriété]. Voilà une propriété intéressante. Vous pouvez les enlever du squelette, vous pouvez les cultiver dans des boites de Pétri en labo, et elles se tuent à former du cartilage. Vous vous souvenez qu'on ne pouvait pas en former ? Ces cellules veulent former du cartilage. Elles s'enroulent dans leur cartilage. Elles sont aussi, numéro 3, les réparatrices de fractures les plus efficaces que nous ayons jamais trouvées. Ceci est un petit os, un os de souris que nous avons fracturé et laissé se soigner par lui-même. Ces cellules souches sont arrivées, et ont réparé,en jaune, l'os en blanc, le cartilage, quasiment complètement. Assez pour que si vous les labellisez avec de la teinture fluorescente, vous pouvez les voir comme une sorte de colle pour cellule, arrivant dans l'endroit de la fracture, la réparer localement et puis arrêter leur travail. Voilà, la quatrième est la plus menaçante, et c'est que leur nombre décline vertigineusement, vertigineusement, se divise par dix, par cinquante, en fonction de votre âge.
And so what had happened, really, is that we found ourselves in a perceptual shift. We had gone hunting for pills but we ended up finding theories. And in some ways we had hooked ourselves back onto this idea: cells, organisms, environments, because we were now thinking about bone stem cells, we were thinking about arthritis in terms of a cellular disease.
Et voilà ce qui arrive, vraiment, c'est que l'on se trouve dans un changement perceptuel. Nous avions commencé par chercher des pilules mais nous avions trouvé des théories. Et d'une certaine façon, nous nous étions accrochés à cette idée : cellule, organisme, environnements, parce que nous pensions maintenant aux cellules souches osseuses, nous pensions à l'arthrite en termes de maladie cellulaire.
And then the next question was, are there organs? Can you build this as an organ outside the body? Can you implant cartilage into areas of trauma? And perhaps most interestingly, can you ascend right up and create environments? You know, we know that exercise remodels bone, but come on, none of us is going to exercise. So could you imagine ways of passively loading and unloading bone so that you can recreate or regenerate degenerating cartilage?
La question est devenue : y a t-il des organes ? Pouvons-nous les développer en organe externe ? Pouvons-nous implanter du cartilage à l'endroit du traumatisme ? Et peut-être la plus intéressante : peut-on faire l'ascension & créer l'environnement ? Vous savez, on sait que l'exercice remodèle les os mais bon, personne ici ne va faire de l'exercice. Donc, pouvez-vous imaginer une façon de passivement charger et décharger l'os pour pouvoir recréer ou régénérer un cartilage dégénérescent ?
And perhaps more interesting, and more importantly, the question is, can you apply this model more globally outside medicine? What's at stake, as I said before, is not killing something, but growing something. And it raises a series of, I think, some of the most interesting questions about how we think about medicine in the future. Could your medicine be a cell and not a pill? How would we grow these cells? What we would we do to stop the malignant growth of these cells? We heard about the problems of unleashing growth. Could we implant suicide genes into these cells to stop them from growing? Could your medicine be an organ that's created outside the body and then implanted into the body? Could that stop some of the degeneration? What if the organ needed to have memory? In cases of diseases of the nervous system some of those organs had memory. How could we implant those memories back in? Could we store these organs? Would each organ have to be developed for an individual human being and put back? And perhaps most puzzlingly, could your medicine be an environment? Could you patent an environment? You know, in every culture, shamans have been using environments as medicines. Could we imagine that for our future? I've talked a lot about models. I began this talk with models. So let me end with some thoughts about model building. That's what we do as scientists. You know, when an architect builds a model, he or she is trying to show you a world in miniature. But when a scientist is building a model, he or she is trying to show you the world in metaphor. He or she is trying to create a new way of seeing. The former is a scale shift. The latter is a perceptual shift.
Et peut-être plus intéressant et plus important, peut-on l'appliquer mondialement en dehors de la médecine ? Ce qui est en jeu, comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas tuer quelque chose, mais cultiver quelque chose. Et ça soulève une série de, je pense, questions encore plus intéressantes sur la façon dont on envisage le futur de la médecine. Le traitement pourrait-il être une cellule et non une pilule ? Comment ferions-nous grandir ces cellules ? Et pour stopper la croissance maligne de ces cellules ? Nous avons connaissance des problèmes de potentiel de croissance. Peut-on implanter des gènes suicidaires dans ces cellules pour stopper leur croissance ? Votre médicament pourrait-il être un organe créé à l’extérieur de votre corps et puis implanté dans votre corps ? Pourrait-ce stopper une partie de la dégénérescence ? Et si les organes avaient besoin d'avoir une mémoire ? Dans les cas de maladies du système nerveux, certains organes ont une mémoire. Peut-on réimplanter cette mémoire ? Pourrions-nous stocker ces organes ? Chaque organe devra-t-il être développé d'un être humain propre et réimplanté ? Et peut-être le plus déroutant, votre médicament pourrait-il être un environnement ? Peut-on breveter un environnement ? Vous savez, dans toutes les cultures, les shamans ont utilisé l'environnement comme traitement. Pourrions-nous imaginer ça dans notre futur ? J'ai beaucoup parlé de modèles. J'ai débuté ce colloque avec des modèles Permettez-moi de terminer sur la construction de modèles. C'est ce qu'on fait en tant que scientifiques. Vous savez, quand un architecte construit un modèle, il ou elle essaye de montrer un monde miniature. Mais quand un scientifique construit un modèle, il ou elle essaye de montrer le monde métaphoriquement. Il ou elle essaye de créer une nouvelle façon de voir. Le premier est un changement d'échelle. Le deuxième est un changement de perception.
Now, antibiotics created such a perceptual shift in our way of thinking about medicine that it really colored, distorted, very successfully, the way we've thought about medicine for the last hundred years. But we need new models to think about medicine in the future. That's what's at stake.
Les antibiotiques ont créé un tel changement de perception dans notre façon de penser à la médecine, qui est colorée, distordue, très réussie, la façon dont nous avons pensé la médecine depuis cent ans. Mais nous avons besoin de nouveau modèles pour penser la médecine dans le futur. Voilà ce qui est en jeu.
You know, there's a popular trope out there that the reason we haven't had the transformative impact on the treatment of illness is because we don't have powerful-enough drugs, and that's partly true. But perhaps the real reason is that we don't have powerful-enough ways of thinking about medicines. It's certainly true that it would be lovely to have new medicines. But perhaps what's really at stake are three more intangible M's: mechanisms, models, metaphors.
Vous savez, il y a une tendance populaire qui clame que la raison pour laquelle nous n'avons pas eu l'impact transformant sur le traitement des maladies est parce que nous n'avons pas de médicaments assez puissants, et c'est partiellement vrai. Mais peut-être que la raison est que nous n'avons pas de façon assez puissante de penser la médecine. C'est certainement vrai que ce serait génial d'avoir de nouveaux traitements. Mais peut-être que ce qui est vraiment en jeu a trois fins intangibles : mécanismes, modèles, métaphores.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)
Chris Anderson: I really like this metaphor. How does it link in? There's a lot of talk in technologyland about the personalization of medicine, that we have all this data and that medical treatments of the future will be for you specifically, your genome, your current context. Does that apply to this model you've got here?
Chris Anderson: J'aime beaucoup cette métaphore. Comment est-ce que ça se relie ? A technologieville on parle beaucoup de la personnalisation de la médecine, que nous avons toutes ces données et ces traitements médicaux du futur qui seront pour vous spécifiquement, votre génome, votre contexte actuel. Est-ce que cela s'applique au modèle que vous avez ici ?
Siddhartha Mukherjee: It's a very interesting question. We've thought about personalization of medicine very much in terms of genomics. That's because the gene is such a dominant metaphor, again, to use that same word, in medicine today, that we think the genome will drive the personalization of medicine. But of course the genome is just the bottom of a long chain of being, as it were. That chain of being, really the first organized unit of that, is the cell. So, if we are really going to deliver in medicine in this way, we have to think of personalizing cellular therapies, and then personalizing organ or organismal therapies, and ultimately personalizing immersion therapies for the environment. So I think at every stage, you know -- there's that metaphor, there's turtles all the way. Well, in this, there's personalization all the way.
S.Mukherjee : C'est une question très intéressante. On a pensé à la personnalisation de la médecine beaucoup en termes génomiques. C'est parce que le gène est une métaphore si dominante, pour utiliser les mêmes termes, dans la médecine actuelle, nous pensons que le génome mènera à la personnalisation de la médecine. Mais bien sûr, le génome est juste la base d'une longue chaîne d'êtres. La première unité de cette chaîne est, en fait, la cellule. Donc, si nous délivrons vraiment la médecine de cette façon nous devons penser à personnaliser les thérapies cellulaires et puis personnaliser les organes et les thérapies organiques, pour finalement personnaliser la thérapie d'immersion dans l'environnement. Donc je pense qu'à chaque étape, vous savez, il y a cette métaphore : il y des tortues tout le long. Bah, là, c'est la personnalisation qui est tout du long.
CA: So when you say medicine could be a cell and not a pill, you're talking about potentially your own cells.
CA : Quand vous dites que le traitement pourrait être une cellule et non une pilule, vous parlez du potentiel de vos propres cellules.
SM: Absolutely. CA: So converted to stem cells, perhaps tested against all kinds of drugs or something, and prepared.
SM : Absolument. CA : Converties aux cellules souches, et peut-être testées contre certains médicaments ou autre chose, et préparées.
SM: And there's no perhaps. This is what we're doing. This is what's happening, and in fact, we're slowly moving, not away from genomics, but incorporating genomics into what we call multi-order, semi-autonomous, self-regulating systems, like cells, like organs, like environments.
SM : Il n'y a pas de peut-être. C'est ce que l'on fait. C'est ce qui se passe, et en fait, on avance doucement, sans s'éloigner des génomes, mais en les incorporant dans des systèmes multi-ordres, semi-autonomes, auto-régulateurs, comme les cellules, les organes, les environnements.
CA: Thank you so much.
CA : Merci énormément.
SM: Pleasure. Thanks.
SM : C'est moi. Merci.