I'd like to do pretty much what I did the first time, which is to choose a lighthearted theme. Last time, I talked about death and dying.
Je voudrais faire à peu près ce que j'ai fait la première fois, c'est-à-dire choisir un thème joyeux. La dernière fois, j'ai parlé de la mort et de la fin de vie.
(Laughter)
Cette fois je vais parler de la maladie mentale.
This time, I'm going to talk about mental illness.
(Laughter)
But it has to be technological, so I'll talk about electroshock therapy.
Mais il faut que ce soit technologique, alors je vais parler d'électrochoc. (Rires)
(Laughter)
Depuis que l'homme a eu conscience
You know, ever since man had any notion that some of his other people, his colleagues, could be different, could be strange, could be severely depressed or what we now recognize as schizophrenia, he was certain that this kind of illness had to come from evil spirits getting into the body. So the way of treating these diseases in early times was to, in some way or other, exorcise those evil spirits. And this is still going on, as you know.
que certains dans son entourage, certains de ses confrères, pouvaient être différents, étranges, sévèrement déprimés ou ce que nous appelons maintenant schizophrènes, il était sûr que ce genre de maladie venait d'esprits malins entrant dans le corps. Donc la manière de traiter ces troubles dans les premiers temps consistait, d'une manière ou d'une autre, à exorciser ces esprits malins, et ça continue, comme vous le savez.
But it wasn't enough to use the priests. When medicine became somewhat scientific, in about 450 BC, with Hippocrates and those boys, they tried to look for herbs, plants that would literally shake the bad spirits out. So they found certain plants that could cause convulsions. And the herbals, the botanical books of up to the late Middle Ages, the Renaissance, are filled with prescriptions for causing convulsions to shake the evil spirits out.
Mais les prêtres ne suffisaient pas. Quand la médecine est devenue un peu plus scientifique, vers 450 av. J.C., avec Hippocrate et les autres, ils ont essayé de trouver des herbes, des plantes, qui expulseraient au sens propre les esprits mauvais. Donc ils ont trouvé des plantes qui pouvaient produire des convulsions. Et les "Herbiers", les livres de botanique jusqu'à la fin du Moyen Age, et à la Renaissance, sont remplis de prescriptions pour produire des convulsions expulsant les esprits malins.
Finally, in about the 16th century, a physician whose name was Theophrastus Bombastus Aureolus von Hohenheim -- called Paracelsus, a name probably familiar to some people here --
Finalement, vers le 16ème siècle, un médecin appelé Theophrastus Bombastus Auricularis von Hohenheim, dit Paracelse, un nom familier à certains ici
(Laughter)
-- (Rires) -- ce bon vieux Paracelse,
good old Paracelsus -- found that he could predict the degree of convulsion by using a measured amount of camphor to produce the convulsion. Can you imagine going to your closet, pulling out a mothball and chewing on it if you're feeling depressed? It's better than Prozac, but I wouldn't recommend it.
a découvert qu'il pouvait prédire le degré de convulsion en utilisant une quantité déterminée de camphre pour produire la convulsion. Vous vous imaginez aller dans votre placard, prendre une boule de naphtaline et la mâcher si vous vous sentez déprimé? C'est mieux que le Prozac, mais je ne le recommanderais pas.
(Laughter)
Aux 17ème, 18ème siècles, nous assistons à
So, what we see in the 17th, 18th century is the continued search for medications other than camphor that'll do the trick. Well, along comes Benjamin Franklin, and he comes close to convulsing himself with a bolt of electricity off the end of his kite. And so people begin thinking in terms of electricity to produce convulsions.
la recherche continue d'autres médicaments que le camphre qui feraient l'affaire. A ce moment vient Benjamin Franklin, et il en vient presque à se faire convulser en prenant une décharge électrique avec son cerf-volant. Et les gens commencent à penser à l'électricité pour produire des convulsions.
And then we fast-forward to about 1932, when three Italian psychiatrists who were largely treating depression began to notice among their patients, who were also epileptics, that if they had a series of epileptic fits, a lot of them in a row -- the depression would very frequently lift. Not only would it lift, but it might never return. So they got very interested in producing convulsions, measured types of convulsions.
Avançons rapidement jusque vers 1932, lorsque trois psychiatres italiens qui s'occupaient principalement de dépressifs ont remarqué parmi leurs patients également épileptiques, que s'ils avaient une crise d'épilepsie -- une série de crises, plusieurs à la suite -- la dépression disparaissait fréquemment. Non seulement elle disparaissait, mais elle pouvait ne pas revenir. Alors ils se sont intéressés à la production de convulsions, de convulsions mesurables.
And they thought, "Well, we've got electricity, we'll plug somebody into the wall. That always makes hair stand up and people shake a lot." So they tried it on a few pigs, and none of the pigs were killed. So they went to the police and they said, "We know that at the Rome railroad station, there are all these lost souls wandering around, muttering gibberish. Can you bring one of them to us?" Someone who is, as the Italians say, "gagootz." So they found this "gagootz" guy, a 39-year-old man who was really hopelessly schizophrenic, who was known, had been known for months, to be literally defecating on himself, talking nothing that made any sense, and they brought him into the hospital. So these three psychiatrists, after about two or three weeks of observation, laid him down on a table, connected his temples to a very small source of current. They thought, "Well, we'll try 55 volts, two-tenths of a second. That's not going to do anything terrible to him." So they did that.
Et ils ont pensé "Bon, on a l'électricité, on va brancher quelqu'un à la prise. Ça fait toujours se dresser les cheveux et trembler beaucoup." Ils ont donc essayé sur quelques cochons et aucun n'en est mort. Ils sont ensuite allés voir la police et ils ont dit "On sait qu'à la gare ferroviaire de Rome, il y a toutes ces âmes perdues qui errent, en marmonnant du charabia. Pouvez-vous nous en amener un?" Quelqu'un qui est, comme disent les italiens, "cagutis." Donc ils ont trouvé ce "cagutis", un homme de 39 ans qui était désespérément schizophrène, qui était connu, depuis des mois, pour se déféquer dessus, ne disant rien de sensé, et ils l'ont amené à l'hôpital. Ces trois psychiatres, après deux ou trois semaines d'observation, l'ont étendu sur une table, ont connecté à ses tempes une petite source de courant. Ils ont pensé, "Bon, essayons 55 volts, deux dixièmes de seconde. Ça ne lui fera rien de grave." Et ils l'ont fait.
Well, I have the following from a firsthand observer, who told me this about 35 years ago, when I was thinking about these things for some research project of mine. He said, "This fellow" -- remember, he wasn't even put to sleep -- "after this major grand mal convulsion, sat right up, looked at these three fellas and said, 'What the fuck are you assholes trying to do?'"
Je tiens la suite d'un témoin de première main, qui me l'a racontée il y a 35 ans, quand je réfléchissais au sujet pour un de mes projets de recherche, il m'a dit, "Ce bonhomme -- n'oubliez pas qu'il n'était pas anesthésié -- après cette importante convulsion, s'est redressé, a regardé les trois collègues et a dit 'Qu'est-ce que vous foutez, bande de connards?' " (Rires)
(Laughter) If I could only say that in Italian.
Si seulement je savais le dire en italien.
(Laughter)
Ils étaient contents au possible, parce qu'il
Well, they were happy as could be, because he hadn't said a rational word in the weeks of observation.
n'avait pas dit un mot sensé pendant les semaines d'observation.
(Laughter)
Donc ils l'ont branché de nouveau,
So they plugged him in again, and this time, they used 110 volts for half a second. And to their amazement, after it was over, he began speaking like he was perfectly well. He relapsed a little bit, they gave him a series of treatments, and he was essentially cured. But of course, having schizophrenia, within a few months, it returned.
cette fois avec du 110 volts pendant une demie seconde. Et à leur grand étonnement, après que ce fut fini, il a commencé à parler comme s'il allait parfaitement bien. Il a un peu rechuté, ils lui ont administré une série de traitements, et il était à peu près guéri. Mais bien sûr, étant affecté de schizophrènie, au bout de quelques mois elle est revenue.
But they wrote a paper about this, and everybody in the western world began using electricity to convulse people who were either schizophrenic or severely depressed. It didn't work very well on the schizophrenics, but it was pretty clear in the '30s and by the middle of the '40s that electroconvulsive therapy was very, very effective in the treatment of depression.
Mais ils ont écrit un article à ce sujet, et tout le monde occidental s'est mis à utiliser l'électricité pour faire convulser soit les schizophrènes, soit les dépressifs sévères. Ça n'a pas très bien marché avec les schizophrènes, mais il était assez clair dans les années 30 et au milieu des années 40 que la thérapie électroconvulsive était très, très efficace dans le traitement de la dépression.
And of course, in those days, there were no antidepressant drugs, and it became very, very popular. They would anesthetize people, convulse them ... But the real difficulty was that there was no way to paralyze muscles. So people would have a real grand mal seizure. Bones were broken; especially in old, fragile people, you couldn't use it. And then in the late 1950s, the so-called "muscle relaxants" were developed by pharmacologists, and it got so that you could induce a complete convulsion, an electroencephalographic convulsion -- you could see it on the brain waves -- without causing any convulsion in the body except a little bit of twitching of the toes. So again, it was very, very popular and very, very useful.
Et bien sûr, à cette époque, il n'y avait pas d'antidépresseurs, et c'est devenu très, très populaire. Ils anesthésiaient les gens, les faisaient convulser, mais la vraie difficulté, c'était qu'il n'y avait pas de moyen de paralyser les muscles. Alors les gens avaient de vraies convulsions corporelles. Des os se cassaient -- notamment chez les gens vieux, fragiles, on ne pouvait pas l'utiliser. Et puis à la fin des années 50, les relaxants musculaires ont été mis au point par les pharmacologues, et on s'est mis à pouvoir induire une convulsion complète, une convulsion électroencéphalographique -- visible dans les ondes cérébrales -- sans provoquer de convulsion du corps, à part un petit sursaut des orteils. A nouveau, c'était très très populaire et très très utile.
Well, you know, in the middle '60s, the first antidepressants came out. Tofranil was the first. In the late '70s, early '80s, there were others, and they were very effective. And patients' rights groups seemed to get very upset about the kinds of things that they would witness, so the whole idea of electroconvulsive, electroshock therapy disappeared, but has had a renaissance in the last 10 years. And the reason that it has had a renaissance is that probably about 10 percent of the people, severe depressives, do not respond, regardless of what is done for them.
Bon, et puis au milieu des années 60, les premiers antidépresseurs sont sortis. Le Tofranil d'abord. A la fin des années 70, début 80, il y en a eu d'autres, et ils étaient très efficaces. Et les groupes de patients semblaient être très mécontents par certaines choses qu'ils observaient. Et la thérapie électroconvulsive, par électrochoc, a totalement disparu -- mais elle a connu une renaissance dans les 10 dernières années. Et la raison de cette renaissance tient à ce que probablement près de 10 pour cent des dépressifs sévères ne réagissent pas, quoi qu'on leur fasse.
Now why am I telling you this story at this meeting? I'm telling you this story because, actually, ever since Richard called me and asked me to talk about -- as he asked all of his speakers -- to talk about something that would be new to this audience that we had never talked about, never written about. I've been planning this moment. This reason really is that I am a man who, almost 30 years ago, had his life saved by two long courses of electroshock therapy. And let me tell you this story.
Pourquoi est-ce que je vous raconte cette histoire, dans cette conférence? Je vous la raconte, parce qu'en fait, depuis que Richard m'a appelé et m'a demandé de parler -- comme il l'a demandé à tous ses intervenants -- de parler de quelque chose de neuf pour l'auditoire, dont nous n'avons jamais parlé, rien publié, j'ai préparé ce moment. La vraie raison, c'est que je suis un homme dont il y a presque 30 ans, la vie a été sauvée par deux longues séries de thérapie par électrochoc. Laissez-moi vous raconter cette histoire.
I was, in the 1960s, in a marriage. To use the word "bad" would be perhaps the understatement of the year. It was dreadful. There are, I'm sure, enough divorced people in this room to know about the hostility, the anger, who knows what. Being someone who had had a very difficult childhood, a very difficult adolescence -- it had to do with not quite poverty, but close. It had to do with being brought up in a family where no one spoke English, no one could read or write English. It had to do with death and disease and lots of other things. I was a little prone to depression.
Dans les années 60, mon mariage était... dire "en mauvais état" serait peut-être l'euphémisme de l'année. C'était épouvantable. Il y a, j'en suis sûr, assez de divorcés dans cette salle pour comprendre l'hostilité, la colère, et je ne sais quoi d'autre. Ayant eu une enfance très difficile, une adolescence très difficile -- ça avait à voir avec -- pas vraiment la pauvreté mais presque. Avec avoir été élevé dans une famille où personne ne parlait anglais, où personne ne lisait ni n'écrivait en anglais. Avec la mort et la maladie et plein d'autres choses -- j'étais un peu prédisposé à la dépression.
So, as things got worse, as we really began to hate each other, I became progressively depressed over a period of a couple of years trying to save this marriage, which was inevitably not to be saved. Finally, I would schedule -- all my major surgical cases, I was scheduling them for 12, one o'clock in the afternoon, because I couldn't get out of bed before about 11 o'clock. Anybody who's been depressed here knows what that's like. I couldn't even pull the covers off myself.
Donc, à mesure que ça empirait, que nous commencions vraiment à nous haïr, je suis au fur et à mesure devenu dépressif, en deux ans, essayant de sauver ce mariage qui était irrécupérable. A la fin, je programmais -- toutes mes plus importantes interventions chirurgicales, je les programmais à midi, une heure de l'après-midi parce que je ne pouvais pas me lever avant 11 heures. Et quiconque ici a été déprimé sait ce que c'est. Je ne pouvais même pas repousser la couverture.
Well, you're in a university medical center, where everybody knows everybody. And it's perfectly clear to my colleagues, so my referrals began to decrease. As my referrals began to decrease, I clearly became increasingly depressed, until I thought, "My God, I can't work anymore." And, in fact, it didn't make any difference, because I didn't have any patients anymore.
Vous êtes dans le centre hospitalier universitaire, où tout le monde se connaît, et c'est évident pour mes collègues, donc le nombre de mes patients a diminué. A mesure qu'il diminuait, je suis devenu de plus en plus déprimé jusqu'à penser, mon Dieu, je ne peux plus travailler. Et en définitive, ça n'a rien changé parce que je n'avais plus de patient.
So, with the advice of my physician, I had myself admitted to the acute care psychiatric unit of our university hospital. And my colleagues, who had known me since medical school, in that place, said, "Don't worry, Shep. Six weeks, you're back in the operating room. Everything's going to be great." Well, you know what bovine stercus is? That proved to be a lot of bovine stercus.
Alors sur le conseil de mon médecin, j'ai été admis à l'unité de soins intensifs psychiatriques de notre hôpital universitaire. Et mes collègues, qui me connaissaient depuis la faculté de médecine à cet endroit, ont dit "Ne t'inquiète pas, gars. Six semaines, et tu recommences à opérer. Ça va bien se passer." Vous savez ce que c'est, 'bovine stercus' [bullshit, en pseudo-latin] ? Ça s'est révélé être un monceau de 'bovine stercus' [conneries].
(Laughter)
I know some people who got tenure in that place with lies like that.
J'en connais qui ont été titularisés avec des mensonges pareils.
(Laughter)
(Rires)
(Laughter and applause)
So I was one of their failures.
Je fus donc un de leurs échecs.
But it wasn't that simple, because by the time I got out of that unit, I was not functional at all. I could hardly see five feet in front of myself. I shuffled when I walked. I was bowed over. I rarely bathed. I sometimes didn't shave. It was dreadful. And it was clear -- not to me, because nothing was clear to me at that time anymore -- that I would need long-term hospitalization in that awful place called a "mental hospital."
Mais ce n'était pas si simple. Parce qu'au moment où j'ai quitté l'unité, je n'étais plus bon à rien. Je pouvais à peine voir à cinq pieds devant moi. Je traînais les pieds en marchant. J'étais voûté. Je me lavais rarement. Parfois je ne me rasais pas. C'était affreux. Et il était clair -- pas à moi, parce que rien n'était plus clair pour moi à ce moment-là -- qu'il me faudrait une hospitalisation de longue durée dans ce lieu atroce qu'on appelle un hôpital psychiatrique.
So I was admitted, in the spring of 1973, to the Institute of Living, which used to be called the Hartford Retreat. It was founded in the 18th century, the largest psychiatric hospital in the state of Connecticut, other than the huge public hospitals that existed at that time. And they tried everything they had.
J'ai été admis en 1973, au printemps 1973, à l'Institute of Living, qu'on appelait autrefois la Hartford Retreat. Elle a été fondée au 18ème siècle, le plus grand hôpital psychiatrique dans l'état du Connecticut autre que les énormes hôpitaux publics qui existaient à ce moment-là.
They tried the usual psychotherapy. They tried every medication available in those days. And they did have Tofranil and other things -- Mellaril, who knows what. Nothing happened except that I got jaundiced from one of these things. And finally, because I was well-known in Connecticut, they decided they better have a meeting of the senior staff. All the senior staff got together, and I later found out what happened.
Et ils ont essayé tout ce qu'ils pouvaient. Ils ont essayé la psychothérapie habituelle. Ils ont essayé tous les médicaments disponibles à l'époque. Et ils avaient le Tofranil et d'autres choses -- Mellaril, je ne sais quoi. Rien ne s'est passé, à part qu'un de ces trucs m'a donné la jaunisse. Finalement, comme j'étais connu dans le Connecticut, ils ont décidé qu'ils feraient mieux de réunir les chefs de service. Les chefs de service se sont réunis, et j'ai découvert plus tard ce qui est arrivé.
They put all their heads together, and they decided that there was nothing that could be done for this surgeon who had essentially separated himself from the world, who by that time had become so overwhelmed, not just with depression and feelings of worthlessness and inadequacy, but with obsessional thinking, obsessional thinking about coincidences. And there were particular numbers that every time I saw them, just got me dreadfully upset, all kinds of ritualistic observances ... just awful, awful stuff. Remember when you were a kid, and you had to step on every line? Well, I was a grown man who had all of these rituals, and it got so there was a throbbing, there was a ferocious fear in my head. You've seen this painting by Edvard Munch, "The Scream." Every moment was a scream; it was impossible.
Ils se sont tous concertés et ils ont décidé que rien ne pouvait être fait pour ce chirurgien qui s'était somme toute séparé du monde, qui était alors totalement submergé -- pas seulement par la dépression et des sentiments d'inutilité et d'insuffisance, mais par des pensées obsessionnelles, des pensées obsessionnelles sur les coïncidences. Il y avait certains nombres, qui quand je les voyais me bouleversaient terriblement, toutes sortes de rituels -- que des choses atroces, atroces. Vous vous souvenez quand vous étiez enfant et qu'il fallait marcher sur les lignes? J'étais un adulte avec tous ces rituels, et ça a continué jusqu'à une lancinante, une accablante peur dans ma tête. Vous avez vu cette peinture d'Edvard Munch, "Le Cri". "Le Cri". Chaque instant était un cri.
So they decided there was no therapy, there was no treatment. But there was one treatment, which actually had been pioneered at the Hartford Hospital in the early 1940s, and you can imagine what it was: it was prefrontal lobotomy.
Ce n'était pas possible. Alors ils ont décidé qu'il n'y avait pas de thérapie, qu'il n'y avait pas de traitement. Mais il y avait un traitement, dans lequel l'hôpital Hartford avait d'ailleurs été pionnier au début des années 40, Et vous imaginez ce que c'était. C'était la lobotomie pré-frontale.
(Imitates a popping sound) So they decided -- I didn't know this, again, I found this out later -- that the only thing that could be done was for this 43-year-old man to have a prefrontal lobotomy.
Alors ils ont décidé -- je n'en savais rien, à nouveau, je l'ai découvert ensuite -- que la seule chose à faire à cet homme de 43 ans était une lobotomie
Well, as in all hospitals, there was a resident assigned to my case. He was 27 years old, and he would meet with me two or three times a week. And of course, I had been there, what, three or four months at the time. He asked to meet with the senior staff, and they agreed to meet with him, because he was very well thought of in that place. They thought he had a really extraordinary future.
pré-frontale. Comme dans tous les hôpitaux, il y avait un interne affecté à mon cas. Il avait 27 ans, et nous avions rendez-vous deux à trois fois par semaine. Et bien sûr, j'étais là depuis -- quoi, trois ou quatre mois à ce moment-là. Et il a demandé à rencontrer les chefs de service, et ils ont accepté parce qu'il était très bien considéré dans l'hôpital. Ils lui prédisaient un futur exceptionnel.
And he dug in his heels and said, "No. I know this man better than any of you. I have met with him over and over again. You've just seen him from time to time. You've read reports and so forth. I really honestly believe that the basic problem here is pure depression, and all of the obsessional thinking comes out of it. And you know, of course, what'll happen if you do a prefrontal lobotomy. Any of the results along the spectrum, from pretty bad to terrible, terrible, terrible, is going to happen. If he does the best he can, he will have no further obsessions, probably no depression, but his affect will be dulled, he will never go back to surgery, he will never be the loving father that he was to his two children, his life will be changed. If he has the usual result, he'll end up like 'One Flew Over the Cuckoo's Nest.' And you know about that, just essentially in a stupor the rest of his life."
Et campant sur ses positions, il a dit, "Non. Je connais mieux cet homme que vous. Je l'ai rencontré à de nombreuses reprises. Vous ne l'avez vu que de temps en temps. Vous avez lu des rapports et ainsi de suite. Je crois vraiment, honnêtement, que le problème de base est seulement la dépression, et que toutes les pensées obsessionnelles en proviennent. Et vous savez bien sûr ce qu'il résultera d'une lobotomie pré-frontale. Toute la gamme de conséquences, d'assez mauvais à terrible, terrible, terrible va se produire. S'il va au mieux, il n'aura plus d'obsessions, probablement plus de dépression, mais sa vie affective sera terne, il ne reviendra jamais à la chirurgie, il ne sera plus le père aimant qu'il a été pour ses deux enfants, sa vie en sera changée. Si il obtient le résultat habituel, il finira comme dans "Vol au-dessus d'un nid de coucou." Vous savez ce que c'est, tout simplement hébété pour le restant de sa vie.
"Well," he said, "can't we try a course of electroshock therapy?" And you know why they agreed? They agreed to humor him. They just thought, "Well, we'll give a course of 10. So we'll lose a little time. Big deal. It doesn't make any difference." So they gave the course of 10, and the first -- the usual course, incidentally, was six to eight, and still is six to eight -- plugged me into the wires, put me to sleep, gave me the muscle relaxant. Six didn't work. Seven didn't work. Eight didn't work. At nine, I noticed -- it's wonderful that I could notice anything -- I noticed a change. And at 10, I noticed a real change.
Il a dit "Pourquoi ne pas essayer un traitement par électrochoc?" Savez-vous pourquoi ils ont accepté? Pour lui faire plaisir. Ils se sont dits, "Bon, nous allons en faire une série de 10. Et nous perdrons un peu de temps. La belle affaire. Ça ne change rien." Donc ils m'en ont donné une série de 10. Et le premier -- la série habituelle, d'ailleurs, c'était entre six et huit et c'est toujours entre six et huit -- m'a branché aux fils, m'a endormi, m'a donné un relaxant musculaire. Six n'ont rien donné. Sept n'ont rien donné. Huit n'ont rien donné. Au neuvième, j'ai remarqué -- et c'était merveilleux que je puisse remarquer quoi que ce soit -- j'ai remarqué un changement. Et à 10, j'ai remarqué un vrai changement. Et il est retourné les voir, et ils ont accepté d'en faire 10 de plus.
And he went back to them, and they agreed to do another 10. Again, not a single one of them -- I think there are about seven or eight of them -- thought this would do any good. They thought this was a temporary change. But, lo and behold, by 16, by 17, there were demonstrable differences in the way I felt. By 18 and 19, I was sleeping through the night. And by 20, I had the sense, I really had the sense, that I could overcome this, that I was now strong enough that by an act of will, I could blow the obsessional thinking away. I could blow the depression away.
A nouveau, pas un seul d'entre eux -- je pense qu'il étaient environ sept ou huit -- pensait que cela changerait quelque chose. Ils pensaient que le changement n'était que passager. Mais voilà qu'au seizième, au dix-septième, il y avait des différences manifestes dans mon état. Aux 18ème et 19ème, je dormais toute la nuit. Et au 20ème, j'avais le sentiment, j'avais réellement le sentiment que je pouvais surmonter ça, que j'étais à présent assez fort pour que, par un acte de volonté, je puisse me débarrasser des pensées obsessionnelles, je puisse me débarrasser de la dépression.
And I've never forgotten -- I never will forget -- standing in the kitchen of the unit -- it was a Sunday morning in January of 1974 -- standing in the kitchen by myself and thinking, "I've got the strength now to do this." It was as though those tightly coiled wires in my head had been disconnected, and I could think clearly. But I need a formula. I need some thing to say to myself when I begin thinking obsessionally, obsessively. Well, the Gilbert and Sullivan fans in this room will remember "Ruddigore," and they will remember Mad Margaret, and they will remember that she was married to a fella named Sir Despard Murgatroyd. And she used to go nuts every five minutes or so in the play. And he said to her, "We must have a word to bring you back to reality, and the word, my dear, will be 'Basingstoke.'" So every time she got a little nuts, he would say, "Basingstoke!" And she would say, "Basingstoke, it is!" And she'd be fine for a little while.
Et je n'ai jamais oublié -- je n'oublierai jamais -- je me tenais dans la cuisine de l'unité c'était un dimanche matin de janvier 1973 -- 74 -- je me tenais tout seul dans la cuisine en pensant "j'ai la force de faire ça, maintenant" C'était comme si ces fils étroitement mêlés dans ma tête avaient été déconnectés et que je pouvais penser avec clarté. Mais j'ai besoin d'une formule. J'ai besoin de quelque chose à me dire quand je me mets à penser de façon obsessionnelle, obsédante. Les fans de Gilbert et Sullivan [auteurs d'opéras comiques] dans cette salle se rappelleront Ruddygore et se souviendront de Mad Margaret, et se souviendront qu'elle était mariée à un homme nommé Sir Despard Murgatroyd. Et elle tournait dingue toutes les cinq minutes dans la pièce, et il lui a dit "Nous devons avoir un mot qui te ramène à la réalité, et ce mot, ma chère, sera 'Basingstoke'." [Nom d'une ville britannique] Donc chaque fois qu'elle déraillait un peu, il disait "Basingstoke!" et elle disait
(Laughter)
"Basingstoke, voilà." Et elle allait bien pour un moment.
Well, you know, I'm from the Bronx. I can't say "Basingstoke."
Vous savez, moi je suis du Bronx. Je ne peux pas dire "Basingstoke".
(Laughter)
Mais j'ai trouvé mieux. C'était très simple.
But I had something better. And it was very simple. It was, "Ah, fuck it!"
C'était "Et merde!"
(Laughter)
(Rires) Bien mieux que "Basingstoke",
Much better than "Basingstoke," at least for me. And it worked! My God, it worked. Every time I would begin thinking obsessionally -- again, once more, after 20 shock treatments -- I would say, "Ah, fuck it." And things got better and better, and within three or four months, I was discharged from that hospital. I joined a group of surgeons, where I could work with other people, in a community, not in New Haven, but fairly close by. I stayed there for three years.
au moins pour moi. Et ça a marché, mon Dieu, ça a marché. Chaque fois que mes pensées devenaient obsessionnelles -- une fois de plus, après 20 électrochocs -- je disais "Et merde". Et ça s'améliorait, et en trois ou quatre mois, j'étais libéré de cet hôpital et j'ai rejoint un groupe de chirurgiens où je pouvais travailler avec d'autres personnes, pas à New Haven, mais juste à côté. Je suis resté là-bas trois ans.
At the end of three years, I went back to New Haven, had remarried by that time. I brought my wife with me, actually, to make sure I could get through this. My children came back to live with us. We had two more children after that. Resuscitated the career, even better than it had been before. Went right back into the university and began to write books. Well, you know, it's been a wonderful life. It's been, as I said, close to 30 years. I stopped doing surgery about six years ago and became a full-time writer, as many people know. But it's been very exciting. It's been very happy. Every once in a while, I have to say, "Ah, fuck it." Every once in a while, I get somewhat depressed and a little obsessional. So, I'm not free of all of this. But it's worked. It's always worked.
A la fin des ces trois années, je suis revenu à New Haven, je m'étais remarié à ce moment-là. J'ai amené ma femme ici, d'ailleurs, pour être sûr d'arriver à vous parler. Mes enfants sont revenus vivre avec nous. Nous avons eu deux autres enfants ensuite. Ma carrière est repartie, même mieux qu'avant. J'ai tout de suite repris à l'université et j'ai commencé à écrire des livres. Ça a été une vie merveilleuse, vous savez. Ça a duré, comme j'ai dit, près de 30 ans. J'ai arrêté d'opérer il y a environ six ans et je suis devenu écrivain à temps complet, comme beaucoup le savent. Mais ça a été vraiment passionnant. Ça a été très gai. De temps en temps, je dois dire "Et merde". De temps en temps, je suis un peu déprimé, un peu obsessionnel. Je ne suis pas libéré de tout ça. Mais ça a marché. Ça a toujours marché.
Why have I chosen, after never, ever talking about this, to talk about it now? Well, those of you who know some of these books know that one is about death and dying, one is about the human body and the human spirit, one is about the way mystical thoughts are constantly in our minds. And they have always to do with my own personal experiences. One might think reading these books -- and I've gotten thousands of letters about them by people who do think this -- that, based on my life's history as I portray it in the books, my early life's history, I am someone who has overcome adversity, that I am someone who has drunk -- drank? -- drunk of the bitter dregs of near-disaster in childhood and emerged not just unscathed but strengthened. I really have it figured out so that I can advise people about death and dying, so that I can talk about mysticism and the human spirit.
Pourquoi ai-je décidé, alors que je n'en avais jamais parlé, d'en parler maintenant? Ceux d'entre vous qui connaissent certains de ces livres savent que l'un concerne la mort et la fin de vie, un autre le corps et l'esprit humain, un autre la présence constante de pensées mystiques dans nos esprits, et ils ont tous à voir avec mes expériences personnelles. On pourrait penser en lisant ces livres -- et j'ai des centaines de lettres à leur propos de gens qui pensent cela -- que vu l'histoire de ma vie comme je l'ai décrite dans ces livres, l'histoire de ma jeunesse, je suis quelqu'un qui a surmonté l'adversité. Que je suis quelqu'un qui a bu -- et rebu -- la lie amère du quasi-désastre pendant l'enfance et en est sorti pas seulement indemne, mais fortifié. J'ai vraiment tout compris, donc je peux donner des conseils sur la mort et la fin de vie, je peux parler du mysticisme et de l'esprit humain.
And I've always felt guilty about that. I've always felt that somehow I was an impostor, because my readers don't know what I have just told you. It's known by some people in New Haven, obviously, but it is not generally known. So one of the reasons that I have come here to talk about this today is to -- frankly, selfishly -- unburden myself and let it be known that this is not an untroubled mind that has written all of these books.
Et je me suis toujours senti coupable de ça. Je me suis toujours ressenti comme un imposteur, quelque part, parce que mes lecteurs ne savent pas ce que je viens de vous raconter. Quelques personnes à New Haven le savent, évidemment, mais ce n'est pas su de tous. Donc une des raisons qui m'ont fait venir parler de ça aujourd'hui, c'est -- franchement, égoïstement -- me libérer d'un fardeau et faire savoir que ce n'est pas un esprit paisible qui a écrit tous ces livres.
But more importantly, I think, is the fact that a very significant proportion of people in this audience are under 30, and there are many, of course, who are well over 30. For people under 30, and it looks to me like almost all of you, I would say all of you, are either on the cusp of a magnificent and exciting career or right into a magnificent and exciting career: anything can happen to you. Things change. Accidents happen. Something from childhood comes back to haunt you. You can be thrown off the track. I hope it happens to none of you, but it will probably happen to a small percentage of you. To those to whom it doesn't happen, there will be adversities. If I, with the bleakness of spirit -- with no spirit -- that I had in the 1970s, and no possibility of recovery as far as that group of very experienced psychiatrists thought, if I can find my way back from this, believe me, anybody can find their way back from any adversity that exists in their lives.
Mais le plus important, je crois, c'est le fait qu'une proportion significative de cet auditoire a moins de 30 ans, et beaucoup, bien sûr, sont bien au-delà de 30 ans. Pour les moins de 30 ans, il me semble que vous êtes presque tous -- je dirais tous -- soit à l'orée d'une magnifique et passionnante carrière soit au coeur d'une magnifique et passionnante carrière ; tout peut arriver. Les choses changent. Des accidents, ça arrive. Quelque chose de l'enfance revient vous hanter. Vous pouvez faire une sortie de piste. J'espère que ça n'arrivera à aucun de vous, mais ça arrivera probablement à un petit pourcentage d'entre vous. Ceux à qui ça n'arrivera pas connaîtront des épreuves. Si moi, avec la morosité d'esprit, l'absence d'esprit, que j'avais dans les années 70 et aucun espoir de guérison, selon ce groupe de psychiatres chevronnés, si je peux me sortir de ça, croyez-moi, n'importe qui peut se sortir de n'importe quelle épreuve dans sa vie.
And for those who are older, who have lived through perhaps not something as bad as this, but who have lived through difficult times, perhaps where they lost everything, as I did, and started out all over again: some of these things will seem very familiar. There is recovery. There is redemption. And there is resurrection. There are resurrection themes in every society that has ever been studied, and it is because not just only do we fantasize about the possibility of resurrection and recovery, but it actually happens. And it happens a lot.
Et pour les plus vieux, qui ont traversé peut-être pas quelque chose d'aussi dur que ça mais qui ont eu des moments difficiles, qui y ont peut-être tout perdu, comme moi, et ont tout recommencé à nouveau, certaines de ces choses leur seront familières. La guérison existe. La rédemption existe. Et la résurrection existe. La thématique de la résurrection se retrouve dans toutes les sociétés connues, et ça pas seulement parce que nous fantasmons la possibilité de la résurrection et de la guérison, mais parce que ça arrive vraiment. Ça arrive souvent.
Perhaps the most popular resurrection theme, outside of specifically religious ones, is the one about the phoenix, the ancient story of the phoenix, who, every 500 years, resurrects itself from its own ashes to go on to live a life that is even more beautiful than it was before.
L'histoire de résurrection la plus populaire sans doute, en dehors de celles proprement religieuses, est celle du phénix, l'ancienne histoire du phénix qui, tous les 500 ans, renaît de ses cendres pour aller vivre une vie qui est encore plus belle qu'avant. Richard,
Richard, thanks very much.
merci beaucoup.