So, I was just asked to go and shoot this film called "Elizabeth." And we're all talking about this great English icon and saying, "She's a fantastic woman, she does everything. How are we going to introduce her?" So we went around the table with the studio and the producers and the writer, and they came to me and said, "Shekhar, what do you think?"
Alors, on venait de me demander d'aller tourner le film "Elizabeth". Et nous étions tous en train de parler de cette grande icône anglaise, et nous disions "C'est une femme formidable. Elle fait tout. Comment allons-nous la présenter ?" Alors nous nous sommes mis autour d'une table avec le studio, les producteur et l'auteur, et ils sont venus me demander "Shekhar, qu'en penses-tu ?"
And I said, "I think she's dancing."
Et j'ai dit "Je pense qu'elle danse."
And I could see everybody looked at me, somebody said, "Bollywood."
Et je voyais tout le monde me regarder, quelqu'un a dit "Bollywood."
The other said, "How much did we hire him for?"
L'autre a dit "Combien on le paye lui ?"
And the third said, "Let's find another director."
Et le troisième a dit "Trouvons un autre réalisateur."
I thought I had better change. So we had a lot of discussion on how to introduce Elizabeth, and I said, "OK, maybe I am too Bollywood. Maybe Elizabeth, this great icon, dancing? What are you talking about?" So I rethought the whole thing, and then we all came to a consensus. And here was the introduction of this great British icon called "Elizabeth."
Je me suis dit qu'il valait mieux que je change. Alors nous avons beaucoup discuté de la manière de présenter Elizabeth, et j'ai dit, Ok, peut-être que je suis trop "Bollywood". Peut-être qu'Elizabeth, cette grande icône, en train de danser... De quoi vous parlez ? Alors j'ai repensé toute l'affaire, puis nous sommes tous arrivés à un consensus. Et voilà quelle serait la présentation de cette grands icône britannique appelée "Elizabeth."
Leicester: May I join you, my lady?
Leicester : Puis-je me joindre à vous, Madame ?
Elizabeth: If it please you, sir. (Music)
Elizabeth : S'il vous sied, Monsieur. (Musique)
Shekhar Kapur: So she was dancing. So how many people who saw the film did not get that here was a woman in love, that she was completely innocent and saw great joy in her life, and she was youthful? And how many of you did not get that? That's the power of visual storytelling, that's the power of dance, that's the power of music: the power of not knowing.
Shekhar Kapur: Et donc elle dansait. Alors combien de gens qui ont vu le film n'ont pas compris que c'était là une femme amoureuse, qu'elle était complètement chaste et voyait une grande joie dans sa vie, et qu'elle était jeune ? Et combien d'entre vous n'ont pas saisi cela ? C'est la force de la narration visuelle. C'est la force de la danse. C'est la force de la musique. La force de ne pas savoir.
When I go out to direct a film, every day we prepare too much, we think too much. Knowledge becomes a weight upon wisdom. You know, simple words lost in the quicksand of experience. So I come up, and I say, "What am I going to do today?" I'm not going to do what I planned to do, and I put myself into absolute panic. It's my one way of getting rid of my mind, getting rid of this mind that says, "Hey, you know what you're doing. You know exactly what you're doing. You're a director, you've done it for years." So I've got to get there and be in complete panic. It's a symbolic gesture. I tear up the script, I go and I panic myself, I get scared. I'm doing it right now; you can watch me. I'm getting nervous, I don't know what to say, I don't know what I'm doing, I don't want to go there.
Quand je sors pour aller réaliser un film, chaque jour nous nous préparons trop, nous pensons trop. La connaissance finit par peser sur la sagesse. Voyez, les mots simples perdus dans les sables mouvants de l'expérience. Alors j'arrive et je dis "Qu'est-ce que je vais faire aujourd'hui?" Je ne vais pas faire ce que j'avais prévu et je me mets dans une panique absolue. C'est un de mes moyens de me débarrasser de mon esprit, me débarrasser de cet esprit qui dit "Hé, tu sais ce que tu fais. Tu sais exactement ce que tu fais. Tu es un réalisateur, tu fais ça depuis des années." Alors je dois y aller et être en totale panique. Ca passe par un geste symbolique. Je déchire le script. Je pars et je me panique. Je me fais peur. Je le fais en ce moment. Vous pouvez me regarder. Je deviens nerveux. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas ce que je fais. Je ne veux pas y aller.
And as I go there, of course, my A.D. says, "You know what you're going to do, sir." I say, "Of course I do."
Pendant que je vais sur place, évidemment, mon assistant dit "Vous savez ce que vous allez faire, Monsieur". Je réponds "Oui, bien sûr."
And the studio executives, they would say, "Hey, look at Shekhar. He's so prepared." And inside I've just been listening to Nusrat Fateh Ali Khan because he's chaotic. I'm allowing myself to go into chaos because out of chaos, I'm hoping some moments of truth will come. All preparation is preparation. I don't even know if it's honest. I don't even know if it's truthful. The truth of it all comes on the moment, organically, and if you get five great moments of great, organic stuff in your storytelling, in your film, your film, audiences will get it. So I'm looking for those moments, and I'm standing there and saying, "I don't know what to say."
Et les responsables du studio ils diraient, "Hé, regardez Shekhar. Il est fin prêt." Et à l'intérieur je n'ai fait qu'écouter Nusrat Fateh Ali Khan parce qu'il est chaotique. Je m'autorise à aller dans le chaos parce que du chaos, j'ai l'espoir que des moments de vérité vont sortir. Toute préparation est une préparation. Je ne sais même pas si c'est honnête. Je ne sais même pas si c'est véridique. La vérité de tout ça, vient sur le moment, de façon organique, et si vous obtenez cinq grands moments de belle matière organique dans votre narration, dans votre film, les spectateurs le comprendront. Alors je recherche ces moments, et je suis là, à me dire "je ne sais pas quoi dire."
So, ultimately, everybody's looking at you, 200 people at seven in the morning who got there at quarter to seven, and you arrived at seven, and everybody's saying, "Hey. What's the first thing? What's going to happen?" And you put yourself into a state of panic where you don't know, and so you don't know. And so, because you don't know, you're praying to the universe because you're praying to the universe that something -- I'm going to try and access the universe the way Einstein -- say a prayer -- accessed his equations, the same source. I'm looking for the same source because creativity comes from absolutely the same source that you meditate somewhere outside yourself, outside the universe. You're looking for something that comes and hits you. Until that hits you, you're not going to do the first shot. So what do you do?
Alors, finalement, tout le monde vous regarde, 200 personnes à 7h du matin qui sont venus à 7h moins le quart, et vous êtes arrivé à 7h, et tout le monde dit, "Salut. On commence par quoi ? Qu'est-ce qui va se passer ?" Et vous vous mettez dans un état de panique où vous ne savez pas, et donc vous ne savez pas. Et alors, parce que vous ne savez pas, vous priez l'univers parce que vous priez l'univers pour que quelque chose -- je vais essayer d'accéder à l'univers de la manière dont Einstein -- dire une prière -- accédait à ses équations -- la même source -- je recherche la même source car la créativité vient exactement de la même source quand vous méditez quelque part hors de vous-même, hors de l'univers. Vous cherchez quelque chose qui vienne vous frapper. Avant d'être frappé, vous ne tirerez pas le premier. Alors que faites-vous ?
So Cate says, "Shekhar, what do you want me to do?"
Kate dit comme ça, "Shekhar, que voulez-vous que je fasse ?"
And I say, "Cate, what do you want to do?" (Laughter) "You're a great actor, and I like to give to my actors -- why don't you show me what you want to do?" (Laughter) What am I doing? I'm trying to buy time. I'm trying to buy time.
Et je dis "Kate, que voulez-vous que je fasse ?" (Rire) "Vous êtes une grande actrice, et j'aime donner à mes acteurs. Pourquoi ne pas me montrer ce que vous voulez faire, vous." (Rire) Qu'est-ce que je fais ? J'essaye de gagner du temps. J'essaye de gagner du temps.
So the first thing about storytelling that I learned, and I follow all the time is: Panic. Panic is the great access of creativity because that's the only way to get rid of your mind. Get rid of your mind. Get out of it, get it out. And let's go to the universe because there's something out there that is more truthful than your mind, that is more truthful than your universe. [unclear], you said that yesterday. I'm just repeating it because that's what I follow constantly to find the shunyata somewhere, the emptiness. Out of the emptiness comes a moment of creativity. So that's what I do.
La première chose que j'ai apprise au sujet de raconter des histoires, et que je suis tout le temps, c'est la panique. La panique est le grand accès à la créativité parce que c'est la seule manière de se débarrasser de son esprit. Débarrassez-vous de votre esprit. Sortez-en. Sortez-le. Et allez vers l'univers car il y a quelque chose là-bas qui est plus véridique que votre esprit, qui est plus véridique que votre univers. [peu clair], vous avez dit ça hier. Je ne fais que le répéter parce que c'est ce que je suis constamment pour trouver le shunyata quelque part, le vide. Du vide surgit un moment de créativité. Donc c'est ce que je fais.
When I was a kid -- I was about eight years old. You remember how India was. There was no pollution. In Delhi, we used to live -- we used to call it a chhat or the khota. Khota's now become a bad word. It means their terrace -- and we used to sleep out at night. At school I was being just taught about physics, and I was told that if there is something that exists, then it is measurable. If it is not measurable, it does not exist. And at night I would lie out, looking at the unpolluted sky, as Delhi used to be at that time when I was a kid, and I used to stare at the universe and say, "How far does this universe go?"
Quand j'étais enfant - j'avais environ huit ans. Vous vous rappelez comment était l'Inde. Il n'y avait aucune pollution. A Delhi, nous vivions -- on appelait ça un chata ou le khota. Khota est devenu un gros mot. ça veut dire leur terrasse -- et on dormait dehors la nuit. A l'école on ne m'apprenait que la physique et on me disait que si quelque chose existe, alors c'est mesurable. Si ce n'est pas mesurable, ça n'existe pas. Et la nuit je me couchais dehors sous le ciel pur comme Delhi était à cette époque, quand j'étais petit, et j'avais l'habitude de scruter l'univers et de dire, "Jusqu'où s'étend cet univers ?"
My father was a doctor. And I would think, "Daddy, how far does the universe go?"
Mon père était docteur. Et je disais "Papa, jusqu'où s'étend l'univers ?"
And he said, "Son, it goes on forever."
Et il disait "Mon fils, il s'étend à l'infini."
So I said, "Please measure forever because in school they're teaching me that if I cannot measure it, it does not exist. It doesn't come into my frame of reference." So, how far does eternity go? What does forever mean? And I would lie there crying at night because my imagination could not touch creativity.
Alors je disais "S'il te plait, mesure combien fait toujours car à l'école ils m'apprennent que si tu ne peux pas le mesurer, ça n'existe pas. ça n'entre pas dans mon cadre de référence." Alors, jusqu'où va l'éternité ? Que signifie pour toujours? Et je restais allongé là, à pleurer, la nuit parce que mon imagination ne pouvait pas toucher la créativité.
So what did I do? At that time, at the tender age of seven, I created a story. What was my story? And I don't know why, but I remember the story. There was a woodcutter who's about to take his ax and chop a piece of wood, and the whole galaxy is one atom of that ax. And when that ax hits that piece of wood, that's when everything will destroy and the Big Bang will happen again. But all before that there was a woodcutter. And then when I would run out of that story, I would imagine that woodcutter's universe is one atom in the ax of another woodcutter. So every time, I could tell my story again and again and get over this problem, and so I got over the problem.
Alors qu'est-ce que j'ai fait? A cette époque, à l'âge tendre de sept ans, j'ai créé une histoire. Quelle était mon histoire ? Je ne sais pas pourquoi, je me souviens de l'histoire. Il y avait un bûcheron qui va prendre sa hache et couper un morceau de bois, et toute la galaxie est un atome de cette hache. Et quand la hache touche le morceau de bois, c'est le moment où tout va être détruit et le big bang va recommencer. Mais bien avant ça il y avait un bûcheron. Et quand je séchais sur mon histoire, j'imaginais que l'univers de ce bûcheron était un atome de la hache d'un autre bucheron. Et à chaque fois, je pouvais recommencer mon histoire encore et encore et dépasser ce problème, et donc je l'ai dépassé.
How did I do it? Tell a story. So what is a story? A story is our -- all of us -- we are the stories we tell ourselves. In this universe, and this existence, where we live with this duality of whether we exist or not and who are we, the stories we tell ourselves are the stories that define the potentialities of our existence. We are the stories we tell ourselves. So that's as wide as we look at stories. A story is the relationship that you develop between who you are, or who you potentially are, and the infinite world, and that's our mythology.
Comment j'ai fait ? J'ai dit une histoire. Alors qu'est-ce qu'une histoire ? Une histoire est la nôtre -- à nous tous. Nous sommes les histoires que nous nous racontons. Dans l'univers, et dans cette existence, où nous vivons avec la dualité de ce qui existe ou pas, et de qui nous sommes les histoires que nous nous racontons sont les histoires qui définissent les possibilités de notre existence. Nous sommes les histoires que nous nous racontons. C'est donc aussi vaste que notre regard sur ces histoires. Une histoire est une relation qu'on développe entre ce qu'on est, ou ce qu'on pourrait être, et le monde infini, et c'est notre mythologie.
We tell our stories, and a person without a story does not exist. So Einstein told a story and followed his stories and came up with theories and came up with theories and then came up with his equations. Alexander had a story that his mother used to tell him, and he went out to conquer the world. We all, everybody, has a story that they follow. We tell ourselves stories. So, I will go further, and I say, "I tell a story, and therefore I exist." I exist because there are stories, and if there are no stories, we don't exist. We create stories to define our existence. If we do not create the stories, we probably go mad. I don't know; I'm not sure, but that's what I've done all the time.
Nous racontons nos histoires, et une personne sans histoire n'existe pas. Alors Einstein a raconté une histoire et suivi ses histoires, et a inventé des théories et a inventé des théories et au final a inventé ses équations. Alexandre avait une histoire que sa mère lui racontait, et il est parti conquérir le monde. Nous tous, chacun, avons une histoire que nous suivons. Nous nous racontons des histoires. Alors, je vais aller plus loin, et dire, je raconte une histoire, et donc j'existe. J'existe parce qu'il y a des histoires, et s'il n'y a pas d'histoire, nous n'existons pas. Nous créons des histoires pour définir notre existence. Si nous ne créons pas d'histoires, nous devenons probablement fous. Je n'en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr, mais c'est ce que j'ai toujours fait.
Now, a film. A film tells a story. I often wonder when I make a film -- I'm thinking of making a film of the Buddha -- and I often wonder: If Buddha had all the elements that are given to a director -- if he had music, if he had visuals, if he had a video camera -- would we get Buddhism better? But that puts some kind of burden on me. I have to tell a story in a much more elaborate way, but I have the potential. It's called subtext. When I first went to Hollywood, they said -- I used to talk about subtext, and my agent came to me, "Would you kindly not talk about subtext?" And I said, "Why?" He said, "Because nobody is going to give you a film if you talk about subtext. Just talk about plot and say how wonderful you'll shoot the film, what the visuals will be."
Maintenant, un film. Un film raconte une histoire. Je me demande souvent quand je fais un film -- je pense à faire un film du Bouddha - et je me demande souvent : si Bouddha avait tous les éléments qui sont donnés à un réalisateur, s'il avait la musique, s'il avait les images, s'il avait une caméra, est-ce qu'on comprendrait mieux le Bouddhisme ? Mais ça me met une sorte de poids sur les épaules. Je dois raconter une histoire d'une manière bien plus élaborée, mais j'ai le potentiel. ça s'appelle le sous-texte. La première fois que je suis allé à Hollywood, ils m'ont dit -- je parlais du sous-texte, et mon agent est venu me voir, "Voudrais-tu avoir la gentillesse de ne pas parler du sous-texte ?" Et j'ai dit "Pourquoi ?" Il a dit "parce que personne ne va te donner un film si tu parles du sous-texte. Contente-toi de parler d'intrigue et dit de quelle merveilleuse manière tu vas tourner le film, et ce que seront les images."
So when I look at a film, here's what we look for: We look for a story on the plot level, then we look for a story on the psychological level, then we look for a story on the political level, then we look at a story on a mythological level. And I look for stories on each level. Now, it is not necessary that these stories agree with each other. What is wonderful is, at many times, the stories will contradict with each other. So when I work with Rahman who's a great musician, I often tell him, "Don't follow what the script already says. Find that which is not. Find the truth for yourself, and when you find the truth for yourself, there will be a truth in it, but it may contradict the plot, but don't worry about it."
Alors quand je regarde le film, voilà ce qu'on cherche, on cherche une histoire sur le plan de l'intrigue, et ensuite sur le plan psychologique, et ensuite on cherche une histoire sur le plan politique ensuite on regarde une histoire sur le plan mythologique. Et je cherche des histoires sur chaque plan. Maintenant, il n'est pas nécessaire que ces histoires soient en accord les unes avec les autres. Ce qui est merveilleux c'est que, souvent, ces histoires vont se contredire les unes les autres. Alors quand je travaille avec Rahman qui est un grand musicien, je lui dis souvent "Ne suis pas ce que le scenario dit déjà. Trouve ce qui n'y est pas encore. Trouve ta propre vérité, et quand tu trouves ta propre vérité, il y aura une vérité dedans, et elle peut contredire l'intrigue, mais ne t'en fais pas pour ça."
So, the sequel to "Elizabeth," "Golden Age." When I made the sequel to "Elizabeth," here was a story that the writer was telling: A woman who was threatened by Philip II and was going to war, and was going to war, fell in love with Walter Raleigh. Because she fell in love with Walter Raleigh, she was giving up the reasons she was a queen, and then Walter Raleigh fell in love with her lady in waiting, and she had to decide whether she was a queen going to war or she wanted...
Alors, la suite de "Elizabeth", "L'Age d'or". Quand j'ai fait la suite de "Elizabeth", voici l'histoire que racontait l'auteur. Une femme qui était menacée par Philippe II et partait à la guerre, est tombée amoureuse de Walter Raleigh. Comme elle est tombée amoureuse de Walter Raleigh, elle abandonnait les raisons pour lesquelles elle était reine. Et alors Walter Raleigh tombait amoureux de sa dame d'honneur, et il fallait qu'elle décide si elle était une reine qui partait à la guerre ou elle voulait...
Here's the story I was telling: The gods up there, there were two people. There was Philip II, who was divine because he was always praying, and there was Elizabeth, who was divine, but not quite divine because she thought she was divine, but the blood of being mortal flowed in her. But the divine one was unjust, so the gods said, "OK, what we need to do is help the just one." And so they helped the just one. And what they did was, they sent Walter Raleigh down to physically separate her mortal self from her spirit self. And the mortal self was the girl that Walter Raleigh was sent, and gradually he separated her so she was free to be divine. And the two divine people fought, and the gods were on the side of divinity.
Voilà l'histoire que je racontais. Les dieux là-haut. Il y avait deux personnes. Il y avait Philippe II, qui était divin, parce qu'il priait tout le temps, et il y avait Elizabeth, qui était divine, mais pas si divine que ça, parce qu'elle pensait l'être, mais le sang d'un être humain coulait dans ses veines. Mais le divin des deux était injuste, alors les dieux ont dit, "Ok. Ce qu'il faut que nous fassions c'est aider la juste." Alors ils ont aidé la juste. Et ce qu'ils ont fait, ils ont fait descendre Walter Raleigh pour séparer physiquement son être mortel de son être spirituel. Et l'être mortel était la fille que Walter Raleigh avait envoyé, et progressivement il l'a séparée de manière à ce qu'elle soit libre d'être divine. Et les deux personnes divines ont combattu, et les dieux étaient du côté de la divinité.
Of course, all the British press got really upset. They said, "We won the Armada."
Bien sûr, toute la presse britannique a été offusquée. Ils ont dit "Nous avons gagné l'Armada."
But I said, "But the storm won the Armada. The gods sent the storm."
Mais j'ai dit "C'est la tempête qui a gagné l'Armada. Les dieux ont envoyé la tempête."
So what was I doing? I was trying to find a mythic reason to make the film. Of course, when I asked Cate Blanchett, I said, "What's the film about?" She said, "The film's about a woman coming to terms with growing older." Psychological. The writer said "It's about history, plot." I said "It's about mythology, the gods."
Alors qu'est-ce que je faisais là ? J'essayais de trouver une raison mythique pour faire un film. Evidemment, quand j'ai demandé à Kate Blanchett, "De quoi parle le film?" Ellle a répondu "Le film parle d'une femme qui accepte de vieillir." Psychologique. L'auteur dit que c'est à propose de l'histoire, de l'intrigue. Je dis que ça parle de mythologie, les dieux.
So let me show you a film -- a piece from that film -- and how a camera also -- so this is a scene, where in my mind, she was at the depths of mortality. She was discovering what mortality actually means, and if she is at the depths of mortality, what really happens. And she's recognizing the dangers of mortality and why she should break away from mortality. Remember, in the film, to me, both her and her lady in waiting were parts of the same body, one the mortal self and one the spirit self.
Laissez-moi vous montrer un film -- un bout de ce film -- et comment une caméra, aussi -- donc voici une scène, où dans mon esprit, elle touchait le fond de la mortalité. Elle découvrait ce que la mortalité implique vraiment, et si elle est au fond de la mortalité, ce qui se passe vraiment. Et elle reconnaît les dangers de la mortalité et pourquoi elle devrait s'éloigner de la mortalité. Rappelez-vous, dans le film, pour moi, elle et sa dame d'honneur appartenaient au même corps, l'une l'être mortel l'autre, l'être spirituel.
So can we have that second?
Alors pouvons-nous voir cet instant ?
(Music)
(Musique)
Elizabeth: Bess? Bess? Bess Throckmorton?
Elizabeth: Bess? Bess? Bess Throckmorton?
Bess: Here, my lady.
Bess: Ici, Madame.
Elizabeth: Tell me, is it true? Are you with child? Are you with child?
Elizabeth: Dites-moi, est-ce vrai ? Etes-vous enceinte ? Etes-vous enceinte ?
Bess: Yes, my lady.
Bess : Oui, Madame.
Elizabeth: Traitorous. You dare to keep secrets from me? You ask my permission before you rut, before you breed. My bitches wear my collars. Do you hear me? Do you hear me?
Elizabeth : Traîtresse ! Vous osez avoir des secrets pour moi ? Vous demandez la permission avant de [peu clair] avant de respirer. Mes chiennes portent mes colliers. Vous m'entendez ? Vous m'entendez ?
Walsingham: Majesty. Please, dignity. Mercy.
Walsingham: Majesté. S'il vous plait, de la dignité. Du pardon.
Elizabeth: This is no time for mercy, Walsingham. You go to your traitor brother and leave me to my business. Is it his? Tell me. Say it. Is the child his? Is it his?
Elizabeth: Il n'est pas l'heure du pardon, Walsingham. Allez voir votre traître de frère et laissez-moi faire ce que j'ai à faire. Est-ce le sien ? Dites-moi. Dites-le. Est-ce son enfant ? Est-ce le sien ?
Bess: Yes. My lady, it is my husband's child. Elizabeth: Bitch! (Cries)
Bess : Oui. Madame, c'est l'enfant de mon mari. Elizabeth : Chienne ! (Pleurs)
Raleigh: Majesty. This is not the queen I love and serve.
Raleigh : Majesté. Ce n'est pas la reine que j'aime et que je sers.
Elizabeth: This man has seduced a ward of the queen, and she has married without royal consent. These offenses are punishable by law. Arrest him. Go. You no longer have the queen's protection.
Elizabeth : Cet homme a séduit une pupille de la reine, et elle s'est mariée sans le consentement royal. Ces délits sont punis par la loi. Arrêtez-le. Allez-y. Nous n'avez plus la protection de la reine.
Bess: As you wish, Majesty.
Bess : Comme il vous sied, Majesté.
Elizabeth: Get out! Get out! Get out! Get out.
Elizabeth : Sortez! Sortez! Sortez ! Sortez.
(Music)
(Musique)
Shekhar Kapur: So, what am I trying to do here? Elizabeth has realized, and she's coming face-to-face with her own sense of jealousy, her own sense of mortality. What am I doing with the architecture? The architecture is telling a story. The architecture is telling a story about how, even though she's the most powerful woman in the world at that time, there is the other, the architecture's bigger. The stone is bigger than her because stone is an organic. It'll survive her. So it's telling you, to me, stone is part of her destiny. Not only that, why is the camera looking down? The camera's looking down at her because she's in the well. She's in the absolute well of her own sense of being mortal. That's where she has to pull herself out from the depths of mortality, come in, release her spirit. And that's the moment where, in my mind, both Elizabeth and Bess are the same person. But that's the moment she's surgically removing herself from that. So the film is operating on many many levels in that scene. And how we tell stories visually, with music, with actors, and at each level it's a different sense and sometimes contradictory to each other. So how do I start all this? What's the process of telling a story?
Shekhar Kapur: Alors, qu'est-ce que j'essaye de faire ici ? Elizabeth a réalisé, et elle arrive face à face avec son propre sens de la jalousie, son propre sens de la mortalité. Qu'est-ce que je fais avec l'architecture ? L'architecture raconte une histoire. L'architecture raconte une histoire sur comment, même si elle est la femme la plus puissante du monde à ce moment-là, il y a l'autre, l'architecture est plus grande. La pierre est plus grande qu'elle parce que la pierre n'est pas organique. Elle lui survivra. Donc cela vous dit, je pense, que la pierre est une partie de sa destinée. Pas seulement ça, pourquoi la caméra est tournée vers le bas ? La caméra est tournée vers le bas, vers elle, parce qu'elle est dans le puits. Elle est vraiment au fond de son propre sens de la mortalité. C'est pour cela qu'elle doit s'extraire des profondeurs de la mortalité, entrer, libérer son esprit. Et c'est le moment où, à mon sens, Elizabeth et Bess sont la même personne. Mais c'est le moment où elle s'extrait de cela d'une manière chirurgicale. Donc le film joue sur beaucoup beaucoup de niveaux dans cette scène. Et notre façon de raconter les histoires visuellement, avec la musique, avec les acteurs, et à chaque niveau c'est un sens différent et parfois ils sont en contradiction les uns avec les autres. Alors comment je commence tout ça? Quel est le processus pour raconter une histoire ?
About ten years ago, I heard this little thing from a politician, not a politician that was very well respected in India. And he said that these people in the cities, in one flush, expend as much water as you people in the rural areas don't get for your family for two days. That struck a chord, and I said, "That's true." I went to see a friend of mine, and he made me wait in his apartment in Malabar Hill on the twentieth floor, which is a really, really upmarket area in Mumbai. And he was having a shower for 20 minutes. I got bored and left, and as I drove out, I drove past the slums of Bombay, as you always do, and I saw lines and lines in the hot midday sun of women and children with buckets waiting for a tanker to come and give them water. And an idea started to develop. So how does that become a story? I suddenly realized that we are heading towards disaster.
Il y a environ dix ans, j'ai entendu cette petite chose d'un politicien, pas un politicien très respecté en Inde. Il a dit que ces gens dans les villes, en tirant la chasse une fois, utilisent plus d'eau que vous, gens des campagnes n'en avez en deux jours. Ca a fait tilt, et j'ai dit "C'est vrai." Je suis allé voir un ami à moi et il m'a fait patienter dans son appartement à Malabar Hill au vingtième étage, qui est vraiment, vraiment dans le meilleur quartier de Bombay. Et il a pris une douche pendant 20 minutes. Je m'ennuyais et je suis parti, et alors que je partais en voiture, j'ai roulé le long des bidonvilles de Bombay, comme on fait toujours, et j'ai vu des lignes et des lignes, sous le soleil brûlant de midi, de femmes et d'enfants avec des seaux en train d'attendre que le camion-citerne vienne leur donner de l'eau. Et une idée a commencé à germer. Alors comment ça devient une histoire ? J'ai soudain réalisé que nous nous dirigeons vers un désastre.
So my next film is called "Paani" which means water. And now, out of the mythology of that, I'm starting to create a world. What kind of world do I create, and where does the idea, the design of that come? So, in my mind, in the future, they started to build flyovers. You understand flyovers? Yeah? They started to build flyovers to get from A to B faster, but they effectively went from one area of relative wealth to another area of relative wealth. And then what they did was they created a city above the flyovers. And the rich people moved to the upper city and left the poorer people in the lower cities, about 10 to 12 percent of the people have moved to the upper city.
Et mon prochain film s'appelle "Paani" qui veut dire "eau". Et maintenant, à partir de la mythologie de ça, je commence à créer un monde. Quel genre de monde je crée, et d'où vient l'idée, le plan de tout ça ? Alors dans mon esprit, dans le futur, ils commencent à construire des ponts aériens. Vous comprenez "ponts aériens" ? Oui ? Ils ont commencé à construire des ponts aériens pour aller plus vite du point A au point B, mais en fait ils sont allés d'une zone assez riche à une autre zone assez riche. Et ce qu'ils ont fait ensuite, c'est créer une ville au-dessus des ponts aériens. Et les gens riches ont déménagé dans la ville au-dessus et laissé les gens les plus pauvres dans les villes les plus basses, environ 10 à 12 pourcent des gens avaient déménagé dans la ville au-dessus.
Now, where does this upper city and lower city come? There's a mythology in India about -- where they say, and I'll say it in Hindi, [Hindi] Right. What does that mean? It says that the rich are always sitting on the shoulders and survive on the shoulders of the poor. So, from that mythology, the upper city and lower city come. So the design has a story.
Alors, d'où viennent la ville supérieure et la ville inférieure ? Il y a un mythe en Inde au sujet -- où on dit, et je vais le dire en Hindi, [Hindi] Voilà. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ca dit, les riches sont toujours assis sur les épaules des pauvres et survivent sur leur dos. Alors, de ce mythe, viennent la ville supérieure et la ville inférieure. Donc la conception a une histoire.
And now, what happens is that the people of the upper city, they suck up all the water. Remember the word I said, suck up. They suck up all the water, keep to themselves, and they drip feed the lower city. And if there's any revolution, they cut off the water. And, because democracy still exists, there's a democratic way in which you say "Well, if you give us what [we want], we'll give you water."
Et alors, ce qui se passe c'est que les gens de la cité supérieure ils aspirent toute l'eau. Rappelez-vous le mot que j'ai employé, aspirer. Ils aspirent toute l'eau, la gardent pour eux, et ensuite nourrissent au goutte à goutte la ville inférieure. S'il y a la moindre révolution, ils coupent l'eau. Et comme la démocratie existe toujours, il y a une façon démocratique de dire bien, si vous nous donnez ce que nous voulons, nous vous donnerons de l'eau.
So, okay my time is up. But I can go on about telling you how we evolve stories, and how stories effectively are who we are and how these get translated into the particular discipline that I am in, which is film. But ultimately, what is a story? It's a contradiction. Everything's a contradiction. The universe is a contradiction. And all of us are constantly looking for harmony. When you get up, the night and day is a contradiction. But you get up at 4 a.m. That first blush of blue is where the night and day are trying to find harmony with each other. Harmony is the notes that Mozart didn't give you, but somehow the contradiction of his notes suggest that. All contradictions of his notes suggest the harmony. It's the effect of looking for harmony in the contradiction that exists in a poet's mind, a contradiction that exists in a storyteller's mind. In a storyteller's mind, it's a contradiction of moralities. In a poet's mind, it's a conflict of words, in the universe's mind, between day and night. In the mind of a man and a woman, we're looking constantly at the contradiction between male and female, we're looking for harmony within each other.
Bon, j'arrive à la fin de mon temps. Mais je pourrais continuer à vous raconter comment nous faisons évoluer les histoires, et comment les histoires sont vraiment ce que nous sommes et comme elles se traduisent dans cette discipline particulière qui est la mienne, à savoir le film. Mais finalement, qu'est-ce qu'une histoire ? C'est une contradiction. Tout est contradiction. L'univers est contradiction. Et nous cherchons tous en permanence l'harmonie. Quand vous vous levez, le jour et la nuit sont une contradiction. Mais vous vous levez à 4 heure du matin. Le premier rougissement de bleu c'est quand la nuit et le jour essayent de trouver l'harmonie ensemble. L'harmonie, ce sont les notes que Mozart ne vous a pas données, mais pourtant la contradiction dans ses notes la suggère. Toutes les contradictions de ses notes suggèrent l'harmonie. C'est l'effet de regarder l'harmonie dans la contradiction qui existe dans l'esprit d'un poète, une contradiction qui existe dans l'esprit d'un narrateur. Dans l'esprit d'un narrateur il y a une contradiction d'éthique. Dans l'esprit d'un poète, il y a un conflit de mots. Dans l'esprit de l'univers, entre le jour et la nuit. Dans l'esprit d'un homme et d'une femme, nous regardons constamment la contradiction entre mâle et femelle. Nous recherchons l'harmonie avec l'autre.
The whole idea of contradiction, but the acceptance of contradiction is the telling of a story, not the resolution. The problem with a lot of the storytelling in Hollywood and many films, and as [unclear] was saying in his, that we try to resolve the contradiction. Harmony is not resolution. Harmony is the suggestion of a thing that is much larger than resolution. Harmony is the suggestion of something that is embracing and universal and of eternity and of the moment. Resolution is something that is far more limited. It is finite; harmony is infinite. So that storytelling, like all other contradictions in the universe, is looking for harmony and infinity in moral resolutions, resolving one, but letting another go, letting another go and creating a question that is really important.
Toute l'idée de la contradiction, mais l'acceptation de la contradiction est dans la narration de l'histoire, pas la résolution. Le problème avec beaucoup d'histoires à Hollywood et beaucoup de films, et comme [peu clair] le disait dans le sien, c'est que nous essayons de résoudre la contradiction. L'harmonie n'est pas la résolution. L'harmonie suggère quelque chose de bien plus large que la résolution. L'harmonie suggère quelque chose qui embrasse et est universel et éternel et dans le moment. La résolution est quelque chose de bien plus limité. Elle est finie. L'harmonie est infinie. Alors cette façon de raconter, comme toutes les autres contradictions de l'univers, recherche l'harmonie et l'infini dans des résolutions morales, résolvant l'une, laissant l'autre, en laissant encore une autre et créant une question qui est vraiment importante.
Thank you very much. (Applause)
Merci beaucoup. Applaudissements.