Chris Anderson: So Robert spent the last few years think about how weird human behavior is, and how inadequate most of our language trying to explain it is. And it's very exciting to hear him explain some of the thinking behind it in public for the first time. Over to you now, Robert Sapolsky.
Chris Anderson : Robert a passé ces dernières années à réfléchir sur l'étrangeté des comportements humains et sur combien notre langage est peu approprié pour tenter de les expliquer. C'est captivant de l'écouter expliquer ses réflexions sur le sujet en public pour la première fois. Je vous passe le relai, Robert Sapolsky.
(Applause)
(Applaudissements)
Robert Sapolsky: Thank you. The fantasy always runs something like this. I've overpowered his elite guard, burst into his secret bunker with my machine gun ready. He lunges for his Luger. I knock it out of his hand. He lunges for his cyanide pill. I knock that out of his hand. He snarls, comes at me with otherworldly strength. We grapple, we fight, I manage to pin him down and put on handcuffs. "Adolf Hitler," I say, "I arrest you for crimes against humanity."
Robert Sapolsky : Merci. Le fantasme classique ressemble à ceci : J'ai neutralisé sa garde prétorienne et je me suis précipité dans son abri secret, la mitrailleuse au poing. Il se penche vers son Luger. Mais j'arrache l'arme de sa main. Il se penche vers ses gélules de cyanide. Mais je les arrache de sa main. Dans un rugissement, il se jette sur moi avec une force inhumaine. Corps à corps, on se bat, mais je parviens à le maîtriser et je lui passe les menottes. Je dis : « Adolf Hitler, je vous arrête pour crimes contre l'humanité. »
Here's where the Medal of Honor version of the fantasy ends and the imagery darkens. What would I do if I had Hitler? It's not hard to imagine once I allow myself. Sever his spine at the neck. Take out his eyes with a blunt instrument. Puncture his eardrums. Cut out his tongue. Leave him alive on a respirator, tube-fed, not able to speak or move or see or hear, just to feel, and then inject him with something cancerous that's going to fester and pustulate until every cell in his body is screaming in agony, until every second feels like an eternity in hell. That's what I would do to Hitler.
A cet instant, la version « Légion d'Honneur » prend fin et laisse place à un imaginaire obscur. Que ferais-je si j'avais arrêté Hilter ? En me laissant aller, ce n'est pas difficile d'imaginer ça. Je lui ferais le cou du lapin. Je lui arracherais les yeux avec une lame émoussée. Je lui percerais les tympans et j'arracherais sa langue. Je le laisserais vivre avec un respirateur et je le nourrirais avec une sonde. Incapable de parler, bouger, voir ou entendre, il pourrait juste ressentir. Alors, je lui injecterais un produit cancérigène qui infesterait son corps et le putréfierait jusqu'à ce que chacune de ses cellules hurle d'agonie, jusqu'à ce que chaque seconde passée ressemble à l'éternité en enfer. C'est ce que je ferais à Hilter.
I've had this fantasy since I was a kid, still do sometimes, and when I do, my heart speeds up -- all these plans for the most evil, wicked soul in history. But there's a problem, which is I don't actually believe in souls or evil, and I think wicked belongs in a musical. But there's some people I would like to see killed, but I'm against the death penalty. But I like schlocky violent movies, but I'm for strict gun control. But then there was a time I was at a laser tag place, and I had such a good time hiding in a corner shooting at people. In other words, I'm your basic confused human when it comes to violence.
Je nourris ce fantasme depuis que je suis gosse et il revient parfois encore. Quand j'y pense, mon cœur bat plus vite. Tous ces projets pour la plus maléfique, la plus damnée des âmes de l'histoire. Mais il y a un problème, car je ne crois pas aux âmes ou dans le mal et je pense que la damnation est un terme d'opéra. En revanche, j'aimerais que certaines personnes soient tuées, alors que je suis contre la peine de mort. J'adore les navets violents mais suis pour un contrôle sévère des armes. Je me rappelle cette fois où je suis allé dans à un laser game et que j'ai pris mon pied à fond en me camouflant pour tirer sur des gens. En d'autres mots, je suis un humain de base confus au sujet de la violence.
Now, as a species, we obviously have problems with violence. We use shower heads to deliver poison gas, letters with anthrax, airplanes as weapons, mass rape as a military strategy. We're a miserably violent species. But there's a complication, which is we don't hate violence, we hate the wrong kind. And when it's the right kind, we cheer it on, we hand out medals, we vote for, we mate with our champions of it. When it's the right kind of violence, we love it. And there's another complication, which is, in addition to us being this miserably violent species, we're also this extraordinarily altruistic, compassionate one.
En tant qu'espèce, la violence est clairement un problème. On utilise des pommes de douche pour vaporiser du gaz toxique, des lettres pour disperser de l'anthrax, des avions comme des armes et le viol collectif comme stratégie militaire. Notre espèce est désespérément violente. Il y a une subtilité complémentaire : on ne déteste pas la violence, on déteste la mauvaise violence. Quand il s'agit de la bonne, on s'en réjouit, on distribue des médailles, on vote en sa faveur, on s'accouple avec ses champions. Quand c'est la bonne violence, on l'adore. Subtilité supplémentaire : en plus du côté désespérément violent de notre espèce, nous sommes aussi extraordinairement altruistes et mus par la compassion.
So how do you make sense of the biology of our best behaviors, our worst ones and all of those ambiguously in between?
Comment comprendre la biologie de nos meilleurs et pires comportements et de toute l'ambiguïté entre les deux ?
Now, for starters, what's totally boring is understanding the motoric aspects of the behavior. Your brain tells your spine, tells your muscles to do something or other, and hooray, you've behaved. What's hard is understanding the meaning of the behavior, because in some settings, pulling a trigger is an appalling act; in others, it's heroically self-sacrificial. In some settings, putting your hand one someone else's is deeply compassionate. In others, it's a deep betrayal. The challenge is to understand the biology of the context of our behaviors, and that's real tough.
Disons-le tout de suite : comprendre les aspects moteurs des comportements est très ennuyeux. Le cerveau envoie un signal à la colonne vertébrale, aux muscles, de faire une chose ou l'autre. Et voilà ! Vous avez un comportement. Ce qui est compliqué, c'est comprendre le sens de ce comportement car dans certaines circonstances, faire feu est un acte abominable, mais dans d'autres, c'est un sacrifice personnel héroïque. Parfois, poser ses mains sur celles de quelqu'un d'autre est un acte de profonde compassion. Mais parfois, c'est une trahison profonde. Le défi est de comprendre la biologie du contexte de nos comportements. C'est ça qui est super dur.
One thing that's clear, though, is you're not going to get anywhere if you think there's going to be the brain region or the hormone or the gene or the childhood experience or the evolutionary mechanism that explains everything. Instead, every bit of behavior has multiple levels of causality.
Une chose est cependant claire : on n'avancera pas en pensant qu'il y a une région du cerveau, une hormone, un gène, une expérience durant l'enfance, ou un mécanisme de l'évolution qui explique tout. Chaque petite partie du comportement a plutôt plusieurs niveaux de causalité.
Let's look at an example. You have a gun. There's a crisis going on: rioting, violence, people running around. A stranger is running at you in an agitated state -- you can't quite tell if the expression is frightened, threatening, angry -- holding something that kind of looks like a handgun. You're not sure. The stranger comes running at you and you pull the trigger. And it turns out that thing in this person's hand was a cell phone.
Prenons un exemple. Vous avez un fusil. Il y a une crise : émeutes, violence, les gens courent partout. Un inconnu court vers vous. Il est visiblement très agité. Impossible de lire son expression. Est-ce de la peur, de la menace, de la colère ? Il tient en main un objet qui ressemble à une arme de poing. Mais vous n'êtes pas certain. L'inconnu court vers vous, et vous tirez. Cependant, la chose dans les mains de cet inconnu, c'était un téléphone portable.
So we asked this biological question: what was going on that caused this behavior? What caused this behavior? And this is a multitude of questions.
La question biologique est la suivante : qu'est-ce qui a provoqué ce comportement ? Quelle est la cause de ce comportement ? En fait, il s'agit d'une multitude de questions.
We start. What was going on in your brain one second before you pulled that trigger? And this brings us into the realm of a brain region called the amygdala. The amygdala, which is central to violence, central to fear, initiates volleys of cascades that produce pulling of a trigger. What was the level of activity in your amygdala one second before?
La première. Que se passait-il dans votre cerveau une seconde avant de tirer ? Ceci nous emmène dans une région du cerveau appelée l'amygdale. L'amygdale, qui a un rôle central dans la violence ou la peur, initie des vagues de cascades qui mènent à appuyer sur la gâchette. Quel était le niveau d'activité de l'amygdale une seconde avant ça ?
But to understand that, we have to step back a little bit. What was going on in the environment seconds to minutes before that impacted the amygdala? Now, obviously, the sights, the sounds of the rioting, that was pertinent. But in addition, you're more likely to mistake a cell phone for a handgun if that stranger was male and large and of a different race. Furthermore, if you're in pain, if you're hungry, if you're exhausted, your frontal cortex is not going to work as well, part of the brain whose job it is to get to the amygdala in time saying, "Are you really sure that's a gun there?"
Pour comprendre, il convient néanmoins de remonter en arrière. Que se passait-il dans l'environnement quelques secondes, voire minutes, qui a pu affecter l'amygdale ? Naturellement, la vision et le bruit de l'émeute sont pertinents. Mais en plus, on a plus facilement tendance à confondre un téléphone et une arme de poing si l'étranger est un homme, fort et de couleur différente. En plus, pour peu que nous ayons mal, ou faim, ou que nous soyons fatigué, notre cortex frontal ne fonctionne plus aussi bien. C'est la région du cerveau qui est censée communiquer avec l'amygdale à temps et lui demander : « T'es certain que c'est une arme ? »
But we need to step further back. Now we have to look at hours to days before, and with this, we have entered the realm of hormones. For example, testosterone, where regardless of your sex, if you have elevated testosterone levels in your blood, you're more likely to think a face with a neutral expression is instead looking threatening. Elevated testosterone levels, elevated levels of stress hormones, and your amygdala is going to be more active and your frontal cortex will be more sluggish.
Revenons encore en arrière. de quelques heures à plusieurs jours avant l'événement. Nous entrons dans le domaine des hormones. Par exemple, la testostérone. Peu importe notre sexe, avec des taux élevés de testostérone dans le sang, on a davantage propension à interpréter une expression neutre sur un visage comme étant menaçante. Des taux élevés de testostérone et des hormones du stress vont rendre votre amygdale plus active et ralentir votre cortex frontal.
Pushing back further, weeks to months before, where's the relevance there? This is the realm of neural plasticity, the fact that your brain can change in response to experience, and if your previous months have been filled with stress and trauma, your amygdala will have enlarged. The neurons will have become more excitable, your frontal cortex would have atrophied, all relevant to what happens in that one second.
Allons plus loin encore, des semaines ou des mois plus tôt. Est-ce vraiment pertinent ? On est dans le domaine de la neuroplasticité, c'est-à-dire le fait que notre cerveau peut changer en réaction à l'expérience. Si les mois qui précèdent ont été stressants et traumatisants, notre amygdale aura grossi. Les neurones seront devenus plus aisément excitables. Le cortex frontal se sera atrophié. Tout cela est lié à ce qu'il se passe une seconde avant de tirer.
But we push back even more, back years, back, for example, to your adolescence. Now, the central fact of the adolescent brain is all of it is going full blast except the frontal cortex, which is still half-baked. It doesn't fully mature until you're around 25. And thus, adolescence and early adulthood are the years where environment and experience sculpt your frontal cortex into the version you're going to have as an adult in that critical moment.
Regardons plus loin encore, des années avant l'événement. Notre adolescence, par exemple. La chose la plus importante dans un cerveau adolescent, c'est qu'il fonctionne à plein régime, sauf le cortex frontal, qui n'est pas encore développé totalement. Il n'arrive à maturité que vers l'âge de 25 ans. Donc, pendant les années d'adolescence et le début de l'âge adulte, nos expériences et notre environnement vont sculpter notre cortex frontal sous une forme qui sera la sienne, à l'âge adulte, au moment critique.
But pushing back even further, even further back to childhood and fetal life and all the different versions that that could come in. Now, obviously, that's the time that your brain is being constructed, and that's important, but in addition, experience during those times produce what are called epigenetic changes, permanent, in some cases, permanently activating certain genes, turning off others. And as an example of this, if as a fetus you were exposed to a lot of stress hormones through your mother, epigenetics is going to produce your amygdala in adulthood as a more excitable form, and you're going to have elevated stress hormone levels.
Si on remonte encore dans le temps, dans notre enfance et notre vie fœtale, et les multiples versions qui auraient pu exister. C'est à ce moment, clairement, que notre cerveau se forme. C'est important, certes, mais en plus, l'expérience durant ces périodes est à la source de ce qu'on appelle les changements épigénétiques. Certains sont permanents, en activant définitivement certains gènes ou en inhibant d'autres. Voici une illustration parlante. Si, le fœtus est fortement exposé aux hormones du stress de sa mère, l'épigénétique rendra votre amygdale adulte plus excitable et vous aurez des taux d'hormones du stress plus élevés.
But pushing even further back, back to when you were just a fetus, back to when all you were was a collection of genes. Now, genes are really important to all of this, but critically, genes don't determine anything, because genes work differently in different environments. Key example here: there's a variant of a gene called MAO-A, and if you have that variant, you are far more likely to commit antisocial violence if, and only if, you were abused as a child. Genes and environment interact, and what's happening in that one second before you pull that trigger reflects your lifetime of those gene-environment interactions.
Remontons encore dans le temps, au moment où nous étions un fœtus, au moment où nous étions à peine une poignée de gènes. Les gènes sont cruciaux. mais seuls, les gènes ne déterminent rien car ils fonctionnent différemment selon les environnements. Un exemple typique est : il existe une variante du gène appelé MAO-A. Quand on possède cette variante, on a davantage tendance à agir avec une violence antisociale si, et seulement si, on a abusé de nous pendant notre enfance. Il y a une interaction entre les gènes et l'environnement. Ce qu'il se passe pendant cette seconde qui précède le moment où on tire reflète les interactions entre les gènes et l'environnement pendant notre vie.
Now, remarkably enough, we've got to push even further back now, back centuries. What were your ancestors up to. And if, for example, they were nomadic pastoralists, they were pastoralists, people living in deserts or grasslands with their herds of camels, cows, goats, odds are they would have invented what's called a culture of honor filled with warrior classes, retributive violence, clan vendettas, and amazingly, centuries later, that would still be influencing the values with which you were raised.
Ça devient fascinant car on doit remonter davantage dans le temps, des siècles en arrière. Que faisaient nos ancêtres ? Imaginons qu'ils soient des pasteurs nomades, des pasteurs, des gens qui vivent dans le déserts ou les steppes avec leur cheptel de chameaux, de vaches ou de chèvres. Il y a des chances qu'ils aient inventé ce qu'on appelle une culture de l'honneur, avec des classes guerrières, une violence punitive, des vendettas entre les clans et ce qui est impressionnant, c'est que, des siècles plus tard, ça continue d'influencer les valeurs selon lesquelles vous avez été éduqué.
But we've got to push even further back, back millions of years, because if we're talking about genes, implicitly we're now talking about the evolution of genes. And what you see is, for example, patterns across different primate species. Some of them have evolved for extremely low levels of aggression, others have evolved in the opposite direction, and floating there in between by every measure are humans, once again this confused, barely defined species that has all these potentials to go one way or the other.
Remontons encore dans le temps, des millions d'années en arrière. Car lorsque les gènes sont sur la table, on discute implicitement de leur évolution. On observe, par exemple, des tendances parmi les différentes espèces de primates. Certaines ont évolué vers des niveaux d'agression extrêmement bas. D'autres ont évolué dans la direction opposée. Et entre les deux pôles, il y a les humains, cette espèce vaguement définie et confuse qui possède tous les potentiels, dans un sens comme dans l'autre.
So what has this gotten us to? Basically, what we're seeing here is, if you want to understand a behavior, whether it's an appalling one, a wondrous one, or confusedly in between, if you want to understand that, you've got take into account what happened a second before to a million years before, everything in between.
Qu'est-ce que ça fait de nous ? Fondamentalement, ce que nous observons, quand on cherche à comprendre un comportement, qu'il soit épouvantable ou merveilleux, ou entre les deux, pour le comprendre, il faut considérer tout ce qui est survenu entre la seconde qui précède et des millions d'années auparavant.
So what can we conclude at this point? Officially, it's complicated. Wow, that's really helpful. It's complicated, and you'd better be real careful, real cautious before you conclude you know what causes a behavior, especially if it's a behavior you're judging harshly.
Que pouvons-nous conclure alors ? Officiellement, c'est très complexe. Mais ça n'aide pas vraiment. C'est complexe et il faut vraiment prendre de grandes précautions avant de décider que l'on sait ce qui est à l'origine d'un comportement, surtout s'il s'agit d'un comportement que nous jugeons sévèrement.
Now, to me, the single most important point about all of this is one having to do with change. Every bit of biology I have mentioned here can change in different circumstances. For example, ecosystems change. Thousands of years ago, the Sahara was a lush grassland. Cultures change. In the 17th century, the most terrifying people in Europe were the Swedes, rampaging all over the place. This is what the Swedish military does now. They haven't had a war in 200 years. Most importantly, brains change. Neurons grow new processes. Circuits disconnect. Everything in the brain changes, and out of this come extraordinary examples of human change.
Dans tout ceci, le point le plus important pour moi concerne le changement. Chaque aspect biologique que j'ai évoqué peut changer selon les circonstances. Par exemple, l'écosystème change. Il y a des milliers d'années, le Sahara était une steppe luxuriante. La culture change. Au XVIIe siècle, les Suédois étaient le peuple le plus terrifiant d'Europe, saccageant tout sur leur passage. Voici une activité des militaires suédois aujourd'hui. Ils n'ont plus eu de guerre depuis 200 ans. Le plus important est que le cerveau change. Les neurones développent des nouveaux processus. Des circuits sont déconnectés. Tout change dans le cerveau. Cela mène à des exemples extraordinaires du changement des hommes.
First one: this is a man named John Newton, a British theologian who played a central role in the abolition of slavery from the British Empire in the early 1800s. And amazingly, this man spent decades as a younger man as the captain of a slave ship, and then as an investor in slavery, growing rich from this. And then something changed. Something changed in him, something that Newton himself celebrated in the thing that he's most famous for, a hymn that he wrote: "Amazing Grace."
Le premier : voici John Newton, un théologien anglais qui a joué un rôle primordial en faveur de l'abolition de l'esclavage dans l'Empire anglais au début des années 1800. Ce qui est étrange, c'est que cet homme, jeune, a passé des dizaines d'années comme capitaine d'un navire négrier, qu'il a investi dans l'esclavage et qu'il s'est enrichi ainsi. Et puis, quelque chose a changé. Quelque chose a changé en lui, une chose que Newton lui-même célèbre dans la chose qui l'a rendu célèbre, un hymne qu'il a composé : « Amazing Grace ».
This is a man named Zenji Abe on the morning of December 6, 1941, about to lead a squadron of Japanese bombers to attack Pearl Harbor. And this is the same man 50 years later to the day hugging a man who survived the attack on the ground. And as an old man, Zenji Abe came to a collection of Pearl Harbor survivors at a ceremony there and in halting English apologized for what he had done as a young man.
Cet homme s'appelle Zenji Abe. Le 6 décembre 1941 au matin, il s'apprête à conduire un escadron de bombardiers japonais à Pearl Harbor. Voici le même homme, exactement 50 ans plus tard, prenant dans ses bras un survivant de l'attaque. Devenu vieux, Zenji Abe est allé à la rencontre de nombreux survivants de Pearl Harbor, et à l'occasion d'une cérémonie, dans un anglais boiteux, il a présenté ses excuses pour ses actes commis durant sa jeunesse.
Now, it doesn't always require decades. Sometimes, extraordinary change could happen in just hours. Consider the World War I Christmas truce of 1914. The powers that be had negotiated a brief truce so that soldiers could go out, collect bodies from no-man's-land in between the trench lines. And soon British and German soldiers were doing that, and then helping each other carry bodies, and then helping each other dig graves in the frozen ground, and then praying together, and then having Christmas together and exchanging gifts, and by the next day, they were playing soccer together and exchanging addresses so they could meet after the war. That truce kept going until the officers had to arrive and said, "We will shoot you unless you go back to trying to kill each other." And all it took here was hours for these men to develop a completely new category of "us," all of us in the trenches here on both sides, dying for no damn reason, and who is a "them," those faceless powers behind the lines who were using them as pawns.
Ça ne prend pas toujours des dizaines d'années. Des changements extraordinaires peuvent survenir en quelques heures. Rappelez-vous la trêve de Noël 1914 pendant la première guerre mondiale. Les puissances au pouvoir ont négocié une courte trêve pour permettre aux soldats de sortir et ramener les corps de ceux tombés entre les tranchées du no man's land. C'est ce qu'ont fait les soldats anglais et allemands. Ensuite, ils se sont aidés pour transporter les corps, pour creuser les tombes dans le sol gelé, pour prier ensemble et pour fêter Noël ensemble, en s'échangeant des cadeaux. Le lendemain, ils jouaient au foot ensemble et échangeaient leurs adresses, pour se revoir après la guerre. Cette trêve a continué jusqu'à ce que des officiers arrivent et disent : « Nous vous tuerons si vous ne retournez pas à essayer de vous tuer. » Il n'aura donc fallu que quelques heures pour que ces hommes développent une nouvelle catégorie de « nous », qui sommes dans les tranchées, des deux côtés, à donner notre vie pour aucune bonne raison, et « les autres », ces puissances anonymes derrière les lignes, qui les utilisaient comme des pions.
And sometimes, change can occur in seconds. Probably the most horrifying event in the Vietnam War was the My Lai Massacre. A brigade of American soldiers went into an undefended village full of civilians and killed between 350 and 500 of them, mass-raped women and children, mutilated bodies. It was appalling. It was appalling because it occurred, because the government denied it, because the US government eventually did nothing more than a slap on the wrist, and appalling because it almost certainly was not a singular event. This man, Hugh Thompson, this is the man who stopped the My Lai Massacre. He was piloting a helicopter gunship, landed there, got out and saw American soldiers shooting babies, shooting old women, figured out what was going on, and he then took his helicopter and did something that undid his lifetime of conditioning as to who is an "us" and who is a "them." He landed his helicopter in between some surviving villagers and American soldiers and he trained his machine guns on his fellow Americans, and said, "If you don't stop the killing, I will mow you down."
Le changement peut arriver en l'espace de quelques secondes. L'événement le plus atroce de la guerre du Vietnam est sans doute le massacre de My Lai. Une brigade de soldats américains s'est rendue dans un village sans défense habité par des civils. Ils ont tué entre 350 et 500 personnes. Ils ont violé femmes et enfants et mutilé les corps. C'était épouvantable. C'était épouvantable car ça a eu lieu, parce que le gouvernement a nié ça, parce que le gouvernement n'a pas vraiment réprimandé l'armée et parce que ce ne fut sans doute pas le seul cas. Cet homme, Hugh Thompson, est l'homme qui a arrêté le massacre de My Lai. Il pilotait un hélicoptère de combat. Il a atterri, il est sorti et a vu les soldats américains qui tiraient sur des bébés, sur des vieilles femmes. Il a compris ce qui arrivait et est remonté à bord de son hélicoptère. Il a fait une chose en contradiction avec le conditionnement de toute une vie, sur le « nous » et « les autres ». Il a fait atterrir son appareil entre les quelques survivants du village et les soldats américains, et il a placé ses collègues américains dans le viseur de sa mitrailleuse et dit : « Si vous n'arrêtez pas le carnage, je vous massacre tous. »
Now, these people are no more special than any of us. Same neurons, same neurochemicals, same biology. What we're left with here is this inevitable cliche: "Those who don't study history are destined to repeat it." What we have here is the opposite of it. Those who don't study the history of extraordinary human change, those who don't study the biology of what can transform us from our worst to our best behaviors, those who don't do this are destined not to be able to repeat these incandescent, magnificent moments.
Ces gens ne sont pas plus particuliers que nous. Les mêmes neurones, la même neuro-chimie, la même biologie. Il ne nous reste donc que le cliché inévitable : « ceux qui n'étudient pas l'histoire sont voués à la répéter ». Cet acte est l'opposé de ça. Ceux qui n'ont pas appris l'histoire du changement extraordinaire de l'homme, ceux qui n'étudient pas la biologie de ce qui peut nous transformer de notre pire comportement à notre meilleur, ceux qui ne font rien de tout ça sont voués à ne pas pouvoir répéter ces magnifiques moments incandescents.
So thank you.
Merci beaucoup.
(Applause)
(Applaudissements)
CA: Talks that really give you a new mental model about something, those are some of my favorite TED Talks, and we just got one. Robert, thank you so much for that. Good luck with the book. That was amazing, and we're going to try and get you to come here in person one year. Thank you so much.
CA : Parmi mes présentations favorites, il y a celles qui nous donnent un nouveau modèle mental sur un sujet. En voilà une. Robert, merci beaucoup. Bonne chance avec votre livre. C'était incroyable. On va faire ce qu'on peut pour que vous soyez parmi nous en personne. Merci beaucoup.
RS: Thank you. Thank you all.
RS : Merci. Merci à tous.