The things we make have one supreme quality -- they live longer than us. We perish, they survive; we have one life, they have many lives, and in each life they can mean different things. Which means that, while we all have one biography, they have many.
Les choses que nous créons ont une qualité suprême -- elles vivent plus longtemps que nous. Nous périssons, elles survivent; nous avons une vie, elles en ont plusieurs, et dans chaque vie, elles peuvent signifier différentes choses. Ce qui veut dire que, alors que nous avons une seule biographie, elles en ont plusieurs.
I want this morning to talk about the story, the biography -- or rather the biographies -- of one particular object, one remarkable thing. It doesn't, I agree, look very much. It's about the size of a rugby ball. It's made of clay, and it's been fashioned into a cylinder shape, covered with close writing and then baked dry in the sun. And as you can see, it's been knocked about a bit, which is not surprising because it was made two and a half thousand years ago and was dug up in 1879. But today, this thing is, I believe, a major player in the politics of the Middle East. And it's an object with fascinating stories and stories that are by no means over yet.
Ce matin je veux raconter l'histoire, la biographie, ou plutôt les biographies, d'un objet particulier, une chose remarquable. Je suis d'accord que ça n'a pas l'air très imposant. Ça a à peu près la taille d'un ballon de rugby. C'est fait d'argile, et on lui a donné une forme cylindrique, on l'a couvert d'une écriture dense et ensuite séché au soleil. Et comme vous pouvez le voir, il a été un peu endommagé, ce qui n'est pas surprenant parce qu'il a été fait il y a deux mille cinq cent ans et qu'il a été déterré en 1879. Mais aujourd'hui, cet objet est, je pense, un acteur majeur dans la politique du Moyen Orient. Et c'est un objet avec des histoires fascinantes et des histoires qui en aucun cas ne sont encore terminées.
The story begins in the Iran-Iraq war and that series of events that culminated in the invasion of Iraq by foreign forces, the removal of a despotic ruler and instant regime change. And I want to begin with one episode from that sequence of events that most of you would be very familiar with, Belshazzar's feast -- because we're talking about the Iran-Iraq war of 539 BC. And the parallels between the events of 539 BC and 2003 and in between are startling. What you're looking at is Rembrandt's painting, now in the National Gallery in London, illustrating the text from the prophet Daniel in the Hebrew scriptures. And you all know roughly the story.
L'histoire commence pendant la guerre Iran-Irak et cette série d'évènements qui a culminé avec l'invasion de l'Irak par les forces étrangères, le retrait d'un dirigeant despotique et un changement immédiat du régime. Et je veux commencer avec un épisode de cette série d'évènements qui est familière à la plupart d'entre vous, le festin de Balthazar, parce que nous parlons ici de la guerre Iran-Irak en 539 avant JC. Et les ressemblances entre les évènements de 539 avant JC, de 2003 et entre les deux sont surprenantes. Ce que vous regardez est un tableau de Rembrandt, maintenant conservé à la National Gallery de Londres, qui illustre le texte du prophète Daniel dans les écritures Hébraïques. Vous connaissez tous en gros l'histoire.
Belshazzar, the son of Nebuchadnezzar, Nebuchadnezzar who'd conquered Israel, sacked Jerusalem and captured the people and taken the Jews back to Babylon. Not only the Jews, he'd taken the temple vessels. He'd ransacked, desecrated the temple. And the great gold vessels of the temple in Jerusalem had been taken to Babylon. Belshazzar, his son, decides to have a feast. And in order to make it even more exciting, he added a bit of sacrilege to the rest of the fun, and he brings out the temple vessels. He's already at war with the Iranians, with the king of Persia.
Balthazar, le fils de Nabuchodonosor, Nabuchodonosor qui avait conquis Israel, pillé Jérusalem, capturé les gens et ramenés les Juifs à Babylone. Pas seulement les Juifs, il avait pris les coupes du temple. Il avait pillé et profané le temple. Et les grandes coupes d'or du temple de Jérusalem avaient été emportés à Babylone. Balthazar, son fils, décide d'organiser un banquet. Et pour le rendre encore plus excitant, il ajouta un peu de sacrilège au reste de la fête et il sortit les coupes du temple. Il était déjà en guerre avec les Iraniens, avec le roi de Perse.
And that night, Daniel tells us, at the height of the festivities a hand appeared and wrote on the wall, "You are weighed in the balance and found wanting, and your kingdom is handed over to the Medes and the Persians." And that very night Cyrus, king of the Persians, entered Babylon and the whole regime of Belshazzar fell. It is, of course, a great moment in the history of the Jewish people. It's a great story. It's story we all know. "The writing on the wall" is part of our everyday language. What happened next was remarkable, and it's where our cylinder enters the story.
Et Daniel nous raconte que cette nuit-là, au sommet des festivités, une main est apparue et a écrit sur le mur, "Tu as été jugé et trouvé léger, et ton royaume est remis aux mains des Mèdes et des Perses". Et cette nuit-là Cyrus, le roi des Perses, est entré dans Babylone et tout le régime de Balthazar fut renversé. C'est bien sûr un grand moment dans l'histoire du peuple Juif. C'est une grande histoire. Une histoire que nous connaissons tous. "L'écriture sur le mur" fait partie de notre langage de tous les jours. Ce qui s'est passé ensuite a été remarquable, et c'est là que notre cylindre apparait dans l'histoire.
Cyrus, king of the Persians, has entered Babylon without a fight -- the great empire of Babylon, which ran from central southern Iraq to the Mediterranean, falls to Cyrus. And Cyrus makes a declaration. And that is what this cylinder is, the declaration made by the ruler guided by God who had toppled the Iraqi despot and was going to bring freedom to the people. In ringing Babylonian -- it was written in Babylonian -- he says, "I am Cyrus, king of all the universe, the great king, the powerful king, king of Babylon, king of the four quarters of the world." They're not shy of hyperbole as you can see. This is probably the first real press release by a victorious army that we've got. And it's written, as we'll see in due course, by very skilled P.R. consultants. So the hyperbole is not actually surprising.
Cyrus, roi des Perses, est entré dans Babylone sans combat, le grand empire de Babylone, qui allait du centre de l'Irak à la Méditerranée, est revenu à Cyrus. Et Cyrus a fait une déclaration. Et c'est ce que contient ce cylindre, la déclaration faite par le dirigeant guidé par Dieu qui a renversé le despote Irakien et qui allait apporter la liberté au peuple. En Babylonien vibrant,, c'était écrit en Babylonien -- il a dit "je suis Cyrus, roi de tout l'univers, le grand roi, le roi puissant, roi de Babylone, roi des quatre quartiers du monde". Ils n'ont pas peur de l'exagération comme vous pouvez le voir. C'est probablement le premier vrai communiqué de presse par une armée victorieuse que nous avons eu. Et c'est écrit, comme nous le verrons plus tard, par des consultants en communication très compétents. L'exagération n'est en fait pas surprenante.
And what is the great king, the powerful king, the king of the four quarters of the world going to do? He goes on to say that, having conquered Babylon, he will at once let all the peoples that the Babylonians -- Nebuchadnezzar and Belshazzar -- have captured and enslaved go free. He'll let them return to their countries. And more important, he will let them all recover the gods, the statues, the temple vessels that had been confiscated. All the peoples that the Babylonians had repressed and removed will go home, and they'll take with them their gods. And they'll be able to restore their altars and to worship their gods in their own way, in their own place. This is the decree, this object is the evidence for the fact that the Jews, after the exile in Babylon, the years they'd spent sitting by the waters of Babylon, weeping when they remembered Jerusalem, those Jews were allowed to go home. They were allowed to return to Jerusalem and to rebuild the temple.
Et qu'est-ce que le grand roi, le roi puissant, le roi des quatre quartiers de la terre va faire? Il enchaine en disant que, ayant conquis Babylone, il libèrera immédiatement tous les peuples que les Babyloniens, Nabuchodonosor et Balthazar, ont capturés et réduits en esclavage. Il les laissera retourner dans leurs pays. Et plus important, il les laissera tous récupérer les dieux, les statues, les vases de temple qui avaient été confisqués. Et tous les peuples que les Babyloniens avaient réprimés et déplacés rentreront chez eux, et ils emmèneront leurs dieux avec eux. Et ils pourront restaurer leurs autels et vénérer leurs dieux à leur manière, chez eux. Ceci est le décret, cet objet est la preuve que les Juifs, après l'exil de Babylone, les années qu'ils ont passées près des eaux de Babylone, en pleurant quand ils se rappelaient Jerusalem, ces Juifs ont été autorisés à rentrer chez eux. Ils ont été autorisés à retourner à Jerusalem et à reconstruire le temple.
It's a central document in Jewish history. And the Book of Chronicles, the Book of Ezra in the Hebrew scriptures reported in ringing terms. This is the Jewish version of the same story. "Thus said Cyrus, king of Persia, 'All the kingdoms of the earth have the Lord God of heaven given thee, and he has charged me to build him a house in Jerusalem. Who is there among you of his people? The Lord God be with him, and let him go up.'" "Go up" -- aaleh. The central element, still, of the notion of return, a central part of the life of Judaism. As you all know, that return from exile, the second temple, reshaped Judaism. And that change, that great historic moment, was made possible by Cyrus, the king of Persia, reported for us in Hebrew in scripture and in Babylonian in clay.
C'est un document majeur dans l'histoire juive. Le Livre des Chroniques et le Livre d'Esdras dans les écritures hébraïques le rapportent en termes vibrants. C'est la version juive de la même histoire. "Ainsi a dit Cyrus, Roi de Perse, 'L'Eternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les Royaumes de la terre, et il m'a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem. Qui d'entre vous est de son peuple ? Que son Dieu soit avec lui, et qu'il monte". "Montez" -- aaleh. L'élément central, reste la notion de retour, une partie centrale de la vie du Judaïsme. Comme vous le savez tous, ce retour d'exil, le deuxième temple, a remodelé le Judaïsme. Et ce changement, ce grand moment historique, a été rendu possible par Cyrus, le roi de Perse, et nous a été raconté en Hébreu dans les écritures et en Babylonien dans l'argile.
Two great texts, what about the politics? What was going on was the fundamental shift in Middle Eastern history. The empire of Iran, the Medes and the Persians, united under Cyrus, became the first great world empire. Cyrus begins in the 530s BC. And by the time of his son Darius, the whole of the eastern Mediterranean is under Persian control. This empire is, in fact, the Middle East as we now know it, and it's what shapes the Middle East as we now know it. It was the largest empire the world had known until then. Much more important, it was the first multicultural, multifaith state on a huge scale. And it had to be run in a quite new way. It had to be run in different languages. The fact that this decree is in Babylonian says one thing. And it had to recognize their different habits, different peoples, different religions, different faiths. All of those are respected by Cyrus.
Deux grands textes, et qu'en est-il de la politique? Ce qui se passait était un changement fondamental dans l'histoire du Moyen Orient. L'empire d'Iran, les Mèdes et les Perses, unis sous Cyrus, sont devenus le premier grand empire mondial. Le règne de Cyrus commence dans les années 530 avant JC. Et à l'époque de son fils Darius, la totalité de la Méditerranée orientale est sous contrôle Perse. Cet empire est en fait le Moyen Orient tel que nous le connaissons, et c'est ce qui façonne le Moyen Orient tel que nous le connaissons maintenant. C'était le plus grand empire que le monde avait connu jusque là. Bien plus important, c'était le premier état multiculturel et multiconfessionel à grande échelle. Et il fallait le diriger d'une manière tout à fait nouvelle. Il fallait le diriger en plusieurs langues. Le fait est que ce décret est en Babylonien et dit une chose. Et il devait reconnaitre les différentes coutumes, les différents peuples, les différentes religions, les différentes croyances. Tout cela a été respecté par Cyrus.
Cyrus sets up a model of how you run a great multinational, multifaith, multicultural society. And the result of that was an empire that included the areas you see on the screen, and which survived for 200 years of stability until it was shattered by Alexander. It left a dream of the Middle East as a unit, and a unit where people of different faiths could live together. The Greek invasions ended that. And of course, Alexander couldn't sustain a government and it fragmented. But what Cyrus represented remained absolutely central.
Cyrus a établi un modèle de la manière de diriger une grande société multi-nationale, multiconfessionnelle et multiculturelle. Et le résultat de cela a été un empire qui incluait les zones que vous voyez sur l'écran, et qui connu 200 ans de stabilité jusqu'à ce qu'elle soit brisée par Alexandre. Cela a laissé un rêve du Moyen Orient en tant qu'unité, et une unité où les peuples de différentes croyances pouvaient vivre ensemble. Les invasions Grecques ont mis un terme à cela. Et bien sûr, Alexandre n'a pas pu maintenir un gouvernement et il s'est fragmenté. Mais ce que Cyrus représentait est resté absolument central.
The Greek historian Xenophon wrote his book "Cyropaedia" promoting Cyrus as the great ruler. And throughout European culture afterward, Cyrus remained the model. This is a 16th century image to show you how widespread his veneration actually was. And Xenophon's book on Cyrus on how you ran a diverse society was one of the great textbooks that inspired the Founding Fathers of the American Revolution. Jefferson was a great admirer -- the ideals of Cyrus obviously speaking to those 18th century ideals of how you create religious tolerance in a new state.
L'historien grec Xenophon a écrit un livre "Cyropédie" qui décrivait Cyrus comme un grand dirigeant. Et dans les cultures Européennes après cela Cyrus est resté un modèle. C'est une image du 16ème siècle pour vous montrer à quel point sa vénération était étendue. Le livre de Xenophon sur Cyrus, sur la manière de diriger une société variée a été un des grands ouvrages qui a inspiré les Pères Fondateurs de la révolution Américaine. Jefferson était un grand admirateur, les idéaux de Cyrus se rapprochant évidemment des idéaux du 18ème siècle, sur la manière d'établir une tolérance religieuse dans un nouvel état.
Meanwhile, back in Babylon, things had not been going well. After Alexander, the other empires, Babylon declines, falls into ruins, and all the traces of the great Babylonian empire are lost -- until 1879 when the cylinder is discovered by a British Museum exhibition digging in Babylon. And it enters now another story. It enters that great debate in the middle of the 19th century: Are the scriptures reliable? Can we trust them? We only knew about the return of the Jews and the decree of Cyrus from the Hebrew scriptures. No other evidence. Suddenly, this appeared. And great excitement to a world where those who believed in the scriptures had had their faith in creation shaken by evolution, by geology, here was evidence that the scriptures were historically true. It's a great 19th century moment.
Pendant ce temps, à Babylone, les choses n'allaient pas bien. Après Alexandre, les autres empires, Babylone décline, tombe en ruines, et toutes les traces du Grand Empire Babylonien sont perdues, jusqu'en 1879 quand le cylindre est découvert par une fouille pour une exposition du British Museum à Babylone. Et il entre maintenant dans une autre histoire. Il est au coeur d'un grand débat au milieu du 19ème siècle : Est ce que les écritures sont fiables? Pouvons-nous leur faire confiance? Nous connaissions seulement l'histoire du retour des Juifs et du décret de Cyrus par les écritures hébraïques. Pas d'autre preuve. Soudain, ceci est apparu. Et une grande excitation dans un monde où ceux qui croyaient les écritures avaient vu leur foi en la création ébranlée par l'évolution , par la géologie, il y avait là la preuve que les écritures étaient historiquement exactes. C'est un grand moment du 19ème siècle.
But -- and this, of course, is where it becomes complicated -- the facts were true, hurrah for archeology, but the interpretation was rather more complicated. Because the cylinder account and the Hebrew Bible account differ in one key respect. The Babylonian cylinder is written by the priests of the great god of Bablyon, Marduk. And, not surprisingly, they tell you that all this was done by Marduk. "Marduk, we hold, called Cyrus by his name." Marduk takes Cyrus by the hand, calls him to shepherd his people and gives him the rule of Babylon. Marduk tells Cyrus that he will do these great, generous things of setting the people free. And this is why we should all be grateful to and worship Marduk.
Mais -- et c'est bien sûr, là où ça se complique -- les faits étaient vrais, hourrah pour l'archéologie, mais l'interprétation était un peu plus compliquée. Parce que le compte-rendu du cylindre et le récit de la Bible hébraïque diffèrent sur un aspect clé. Le cylindre babylonien est écrit par les prêtres du grand Dieu de Babylone, Marduk. Et sans surprise, ils vous racontent que tout cela a été fait par Marduk. "Marduk appela Cyrus par son nom". Marduk a pris Cyrus par la main, lui a demandé de guider son peuple et lui a donné les rênes de Babylone. Marduk a dit à Cyrus qu'il ferait ces grandes et généreuses choses de libérer les peuples. Et c'est pourquoi nous devrions être reconnaissants et vénérer Marduk.
The Hebrew writers in the Old Testament, you will not be surprised to learn, take a rather different view of this. For them, of course, it can't possibly by Marduk that made all this happen. It can only be Jehovah. And so in Isaiah, we have the wonderful texts giving all the credit of this, not to Marduk but to the Lord God of Israel -- the Lord God of Israel who also called Cyrus by name, also takes Cyrus by the hand and talks of him shepherding his people. It's a remarkable example of two different priestly appropriations of the same event, two different religious takeovers of a political fact.
Les écrivains hébreux dans l'Ancien Testament, vous ne serez pas étonnés de l'apprendre, ont une vision plutôt différente de cela. Evidemment pour eux, ça ne peut pas être Marduk qui a fait tout cela. Ce ne peut être que Jehovah. Et donc dans Isaïe, nous avons de magnifiques textes accordant tous les mérites de cela, non pas à Marduk mais à l'Eternel d'Israel -- l'Eternel d'Israel qui a aussi appelé Cyrus par son nom, a aussi pris Cyrus par la main et lui a dit de diriger son peuple. C'est un exemple remarquable de deux appropriations religieuses différentes du même évènement, deux reprises religieuses différentes d'un fait politique.
God, we know, is usually on the side of the big battalions. The question is, which god was it? And the debate unsettles everybody in the 19th century to realize that the Hebrew scriptures are part of a much wider world of religion. And it's quite clear the cylinder is older than the text of Isaiah, and yet, Jehovah is speaking in words very similar to those used by Marduk. And there's a slight sense that Isaiah knows this, because he says, this is God speaking, of course, "I have called thee by thy name though thou hast not known me." I think it's recognized that Cyrus doesn't realize that he's acting under orders from Jehovah. And equally, he'd have been surprised that he was acting under orders from Marduk. Because interestingly, of course, Cyrus is a good Iranian with a totally different set of gods who are not mentioned in any of these texts.
Dieu, nous le savons, est généralement du côté des grands bataillons. La question est : quel Dieu était-ce? Et le débat ébranle tout le monde au 19ème siècle quand on réalise que les écritures hébraïques s'inscrivent dans un monde de religion beaucoup plus vaste. Et il est assez clair que le cylindre est plus vieux que le texte d'Isaïe, et pourtant, Jehovah parle en des termes très similaires à ceux employés par Marduk. Et on a un léger sentiment qu'Isaïe le sait car il dit, c'est Dieu qui parle bien sûr, "Je t'ai appelé par ton nom bien que tu ne me connaisses pas". Je pense qu'il est reconnu que Cyrus ne réalise pas qu'il agit sous les ordres de Jehovah. Et de même, il a été surpris d'agir sous les ordres de Marduk. Parce qu'il est intéressant de noter, bien sûr, que Cyrus est un bon Iranien avec un ensemble de dieux totalement différents qui ne sont mentionnés dans aucun de ces textes.
(Laughter)
(Rires)
That's 1879. 40 years on and we're in 1917, and the cylinder enters a different world. This time, the real politics of the contemporary world -- the year of the Balfour Declaration, the year when the new imperial power in the Middle East, Britain, decides that it will declare a Jewish national home, it will allow the Jews to return. And the response to this by the Jewish population in Eastern Europe is rhapsodic. And across Eastern Europe, Jews display pictures of Cyrus and of George V side by side -- the two great rulers who have allowed the return to Jerusalem. And the Cyrus cylinder comes back into public view and the text of this as a demonstration of why what is going to happen after the war is over in 1918 is part of a divine plan. You all know what happened. The state of Israel is setup, and 50 years later, in the late 60s, it's clear that Britain's role as the imperial power is over. And another story of the cylinder begins.
Voilà pour 1879. 40 ans plus tard nous sommes en 1917, et le cylindre entre dans un monde différent. Cette fois, la vraie politique du monde contemporain, l'année de la Déclaration Balfour, l'année où la nouvelle puissance impériale au Moyen-Orient, la Grande-Bretagne, décide de déclarer un foyer national pour le peuple Juif, cela permettra au Juifs de revenir. Et la réponse de la population juive à cela en Europe de l'est est enthousiaste. A travers l'Europe de l'Est les Juifs affichent des images de Cyrus et de Georges V côte à côte, les deux grands dirigeants qui ont permis le retour à Jérusalem. Et le cylindre de Cyrus revient sous les regards du public et son texte comme une démonstration de pourquoi ce qui va passer après la fin de la guerre en 1918 fait partie d'un plan divin. Vous savez tous ce qui s'est passé. L'état d'Israel est établi et 50 ans plus tard, à la fin des années 60, il est clair que le rôle de la Grande-Bretagne en tant que puissance impériale est terminé. Et une autre histoire du cylindre commence.
The region, the U.K. and the U.S. decide, has to be kept safe from communism, and the superpower that will be created to do this would be Iran, the Shah. And so the Shah invents an Iranian history, or a return to Iranian history, that puts him in the center of a great tradition and produces coins showing himself with the Cyrus cylinder. When he has his great celebrations in Persepolis, he summons the cylinder and the cylinder is lent by the British Museum, goes to Tehran, and is part of those great celebrations of the Pahlavi dynasty. Cyrus cylinder: guarantor of the Shah.
La région, le Royaume-Uni et les Etats-Unis décident, doit être protégée du communisme et la superpuissance qui va être créée pour faire ça sera l'Iran, le Shah. Et donc le Shah invente une histoire iranienne ou un retour à l'histoire iranienne, qui le met au centre d'une grande tradition et il fait frapper des pièces qui le montrent avec le cylindre de Cyrus. Lorsdes grandes célébrations qu'il a fait donner à Persepolis, il a demandé le cylindre et le cylindre a été prêté par le British Museum, a été envoyé à Téhéran et a fait partie de ces grandes célébrations de la dynastie Pahlavi. Le cylindre de Cyrus : garant du Shah.
10 years later, another story: Iranian Revolution, 1979. Islamic revolution, no more Cyrus; we're not interested in that history, we're interested in Islamic Iran -- until Iraq, the new superpower that we've all decided should be in the region, attacks. Then another Iran-Iraq war. And it becomes critical for the Iranians to remember their great past, their great past when they fought Iraq and won. It becomes critical to find a symbol that will pull together all Iranians -- Muslims and non-Muslims, Christians, Zoroastrians, Jews living in Iran, people who are devout, not devout. And the obvious emblem is Cyrus.
10 ans plus tard, autre histoire : la Révolution Iranienne, 1979. La révolution islamique, plus de Cyrus ; cette histoire ne nous intéresse pas, nous sommes intéressés par l'Iran islamique, jusqu'à ce que l'Irak, la nouvelle superpuissance que nous avons choisi pour la région, attaque. Puis une autre guerre Iran-Irak. Et il devient critique pour les Iraniens de se souvenir de leur grand passé, leur grand passé quand ils ont combattu l'Irak et gagné. ll devient essentiel de trouver un symbole qui rassemblera tous les Iraniens, musulmans et non-musulmans, chrétiens, zoroastriens, juifs vivant en Iran, les gens pieux, ceux qui ne sont pas pieux. Et l'emblème évident est Cyrus.
So when the British Museum and Tehran National Musuem cooperate and work together, as we've been doing, the Iranians ask for one thing only as a loan. It's the only object they want. They want to borrow the Cyrus cylinder. And last year, the Cyrus cylinder went to Tehran for the second time. It's shown being presented here, put into its case by the director of the National Museum of Tehran, one of the many women in Iran in very senior positions, Mrs. Ardakani. It was a huge event. This is the other side of that same picture. It's seen in Tehran by between one and two million people in the space of a few months. This is beyond any blockbuster exhibition in the West. And it's the subject of a huge debate about what this cylinder means, what Cyrus means, but above all, Cyrus as articulated through this cylinder -- Cyrus as the defender of the homeland, the champion, of course, of Iranian identity and of the Iranian peoples, tolerant of all faiths. And in the current Iran, Zoroastrians and Christians have guaranteed places in the Iranian parliament, something to be very, very proud of.
Donc quand le British Museum et le Musée National de Téhéran coopèrent et travaillent ensemble, comme nous le faisons, les Iraniens demandent une seule chose en prêt. C'est le seul objet qu'ils veulent. Ils veulent emprunter le cylindre de Cyrus. Et l'année dernière, le cylindre de Cyrus est allé à Téhéran pour la deuxième fois. On le voit présentéici, mis dans sa boite par la directrice du Musée National de Téhéran, une des nombreuses femmes en Iran qui occupe de hautes fonctions, Madame Ardakani. C'était un évènement majeur. C'est un autre aspect de cette même photo. Il est vu à Téhéran par environ un ou deux millions de personnes en l'espace de quelques mois. C'est bien plus que toutes les expositions à grand succès en Occident. Et c'est l'objet d'un grand débat sur ce que signifie le cylindre, ce que Cyrus veut dire, mais surtout, Cyrus tel que décrit à travers ce cylindre, Cyrus comme le défenseur de la patrie, le champion, bien sûr, de l'identité iranienne et des peuples iraniens, tolérant envers toutes les religions. Et dans l'Iran contemporain, les zoroastriens et les chrétiens ont des sièges garantis au parlement iranien, quelque chose dont ils peuvent être extrêmement fiers.
To see this object in Tehran, thousands of Jews living in Iran came to Tehran to see it. It became a great emblem, a great subject of debate about what Iran is at home and abroad. Is Iran still to be the defender of the oppressed? Will Iran set free the people that the tyrants have enslaved and expropriated? This is heady national rhetoric, and it was all put together in a great pageant launching the return. Here you see this out-sized Cyrus cylinder on the stage with great figures from Iranian history gathering to take their place in the heritage of Iran. It was a narrative presented by the president himself.
Pour voir cet objet à Téhéran, des milliers de juifs vivant en Iran se sont déplacés à Téhéran pour le voir. C'est devenu un grand symbole, un grand sujet de débat sur ce qu'est l'Iran sur place et à l'étranger. Est-ce que l'Iran est le défenseur ou l'opprimé? Est-ce que l'Iran va libérer les gens que les tyrans ont réduits en esclavage et expropriés? C'est de la rhétorique nationale entêtante et cela a été rassemblé dans une grande représentation pour lancer le retour. Ici vous voyez ce cylindre de Cyrus gigantesque sur la scène avec des grandes figures de l'histoire iranienne qui se rassemblent pour prendre leur place dans l'héritage de l'Iran. C'était un récit présenté par le président lui-même.
And for me, to take this object to Iran, to be allowed to take this object to Iran was to be allowed to be part of an extraordinary debate led at the highest levels about what Iran is, what different Irans there are and how the different histories of Iran might shape the world today. It's a debate that's still continuing, and it will continue to rumble, because this object is one of the great declarations of a human aspiration. It stands with the American constitution. It certainly says far more about real freedoms than Magna Carta. It is a document that can mean so many things, for Iran and for the region.
Et pour moi, emmener cet objet à l'Iran, être autorisé à emmener cet objet à l'Iran signifiait être autorisé à faire partie d'un débat extraordinaire mené aux plus hauts niveaux sur ce qu'est l'Iran, quels Irans différents existent et comment les différentes histoires de l'Iran pouvaient façonner le monde aujourd'hui. C'est un débat qui se poursuit, et qui continuera à gronder parce que cet objet est une des grandes déclarations d'une aspiration humaine. Il a sa place à côté de la constitution américaine. Il dit certainement bien plus de chose sur les vraies libertés que la Magna Carta. C'est un document qui veut dire tellement de choses pour l'Iran et pour la région.
A replica of this is at the United Nations. In New York this autumn, it will be present when the great debates about the future of the Middle East take place. And I want to finish by asking you what the next story will be in which this object figures. It will appear, certainly, in many more Middle Eastern stories. And what story of the Middle East, what story of the world, do you want to see reflecting what is said, what is expressed in this cylinder? The right of peoples to live together in the same state, worshiping differently, freely -- a Middle East, a world, in which religion is not the subject of division or of debate.
Une réplique se trouve aux Nations Unies. Cet automne à New York, il sera présent quand les grands débats au sujet de l'avenir du Moyen Orient auront lieu. Je veux terminer en vous demandant quelle sera la prochaine histoire dans laquelle cet objet apparaitra. Il apparaîtra certainement dans beaucoup d'autres histoires du Moyen Orient. Et quelle histoire du Moyen Orient, quelle histoire du monde, voulez-vous voir qui reflète ce qui est dit, ce qui est exprimé sur ce cylindre? Le droit des peuples à vivre ensemble dans un même état, en pratiquant des cultes différents, librement, le Moyen-Orient, un monde, dans lequel la religion n'est pas un sujet de division ou de débat.
In the world of the Middle East at the moment, the debates are, as you know, shrill. But I think it's possible that the most powerful and the wisest voice of all of them may well be the voice of this mute thing, the Cyrus cylinder.
Dans le monde du Moyen-Orient en ce moment, les débats sont, comme vous le savez, tendus. Mais je pense qu'il est possible que la voix la plus puissante et la plus sage de toutes soit la voix de cette chose muette, le cylindre de Cyrus.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)