One thing I wanted to say about film making is -- about this film -- in thinking about some of the wonderful talks we've heard here, Michael Moschen, and some of the talks about music, this idea that there is a narrative line, and that music exists in time. A film also exists in time; it's an experience that you should go through emotionally. And in making this film I felt that so many of the documentaries I've seen were all about learning something, or knowledge, or driven by talking heads, and driven by ideas. And I wanted this film to be driven by emotions, and really to follow my journey. So instead of doing the talking head thing, instead it's composed of scenes, and we meet people along the way. We only meet them once. They don't come back several times, so it really chronicles a journey. It's something like life, that once you get in it you can't get out.
Il y a un point que je voudrais aborder quant à la réalisation de ce film en pensant à quelques-unes des magnifiques conférences que nous avons entendues ici, à Michael Moschen et à certaines conférences sur la musique, l'idée qu'il existe une ligne narrative, et que la musique se situe dans le temps. Un film aussi se situe dans le temps, c'est une expérience que l'on doit vivre émotionnellement. En réalisant ce film, j'ai compris que beaucoup des documentaires que j'avais vus visaient à apprendre quelque chose, à acquérir une connaissance, ou étaient menés par des têtes pensantes et guidés par des idées. Mais je voulais que ce film soit porté par des émotions, et qu'il retrace vraiment mon parcours. Plutôt que faire une conférence, le documentaire s'est construit autour de scènes et nous avons rencontré des gens au cours du voyage. On ne les voit qu'une fois, dans le feu de l'action, c'est vraiment un carnet de voyage, comme la vie, une fois dedans on ne peut en sortir.
There are two clips I want to show you, the first one is a kind of hodgepodge, its just three little moments, four little moments with three of the people who are here tonight. It's not the way they occur in the film, because they are part of much larger scenes. They play off each other in a wonderful way. And that ends with a little clip of my father, of Lou, talking about something that is very dear to him, which is the accidents of life. I think he felt that the greatest things in life were accidental, and perhaps not planned at all. And those three clips will be followed by a scene of perhaps what, to me, is really his greatest building which is a building in Dhaka, Bangladesh. He built the capital over there. And I think you'll enjoy this building, it's never been seen -- it's been still photographed, but never photographed by a film crew. We were the first film crew in there.
Je voudrais vous montrer deux extraits, Le premier est une succession de trois ou quatre moments très courts où interviennent trois personnes qui sont ici ce soir. Ce n'est pas comme ça qu'ils apparaissent dans le film, où ils interviennent dans des scènes plus longues. Ils se donnent magnifiquement la réplique. Et on terminera par un extrait de mon père, Lou, parlant de quelque chose qui lui tient vraiment à cœur : les hasards de la vie. Je pense qu'il croyait que les plus grandes choses de la vie arrivent accidentellement et ne sont pas planifiées. Et ces trois extraits seront suivis d'une séquence sur ce qui est peut-être selon moi, son plus bel édifice, à savoir le bâtiment à Dhâkâ au Bangladesh. Il a construit le Parlement de ce pays. Je pense que vous apprécierez ce bâtiment, c'est du jamais vu, il a déjà été photographié mais jamais filmé par une équipe documentaire. Nous avons été les premiers à aller filmer là-bas.
So you'll see images of this remarkable building. A couple of things to keep in mind when you see it, it was built entirely by hand, I think they got a crane the last year. It was built entirely by hand off bamboo scaffolding, people carrying these baskets of concrete on their heads, dumping them in the forms. It is the capital of the country, and it took 23 years to build, which is something they seem to be very proud of over there. It took as long as the Taj Mahal. Unfortunately it took so long that Lou never saw it finished. He died in 1974. The building was finished in 1983. So it continued on for many years after he died. Think about that when you see that building, that sometimes the things we strive for so hard in life we never get to see finished.
Vous allez donc découvrir des images de ce remarquable édifice. Gardez à l'esprit qu'il a été entièrement construit à la main. Je crois qu'ils n'ont eu une grue que l'an passé. Les coffrages étaient en bambou, les gens portaient les sacs de béton sur leurs têtes et les déversaient dans les coffrages. C'est le cœur du pays et sa construction a pris 23 ans, ce dont ils semblent très fiers. Sa construction a duré aussi longtemps que celle du Taj Mahal. Si longtemps que Lou ne l'a malheureusement pas vu fini Il est mort en 1974. Le bâtiment a été terminé en 1983. La construction a donc continué plusieurs années après sa mort. Quand vous verrez le bâtiment, songez qu'il est possible de ne pas voir finies, les choses pour lesquelles on a tant lutté.
And that really struck me about my father, in the sense that he had such belief that somehow, doing these things giving in the way that he gave, that something good would come out of it, even in the middle of a war, there was a war with Pakistan at one point, and the construction stopped totally and he kept working, because he felt, "Well when the war is done they'll need this building." So, those are the two clips I'm going to show. Roll that tape. (Applause)
C'est ce qui m'a frappé chez mon père, dans le sens où il croyait tellement qu'en faisant de telles choses et en donnant ce qu'il a donné, quelque chose de bon en ressortirait, même au milieu d'une guerre. Il y avait une guerre avec le Pakistan à un moment, la construction s'est arrêtée totalement mais il a continué à travailler. parce qu'il s'est dit : "Une fois la guerre terminée ils auront besoin de ce bâtiment." Voilà les deux extraits que je vais donc vous montrer. C'est parti! (Applaudissements)
Richard Saul Wurman: I remember hearing him talk at Penn. And I came home and I said to my father and mother, "I just met this man: doesn't have much work, and he's sort of ugly, funny voice, and he's a teacher at school. I know you've never heard of him, but just mark this day that someday you will hear of him, because he's really an amazing man."
Richard Saul Wurman: Je me souviens l'avoir entendu parler à Penn. Je suis rentré à la maison et j'ai dit à mes parents : Je viens de rencontrer ce type qui n'a pas beaucoup de travail et qui a une drôle de voix, il est professeur à l'école. Je sais que vous n'en avez jamais entendu parler, mais rappelez-vous un jour vous en entendrez parler parce que c'est vraiment un génie.
Frank Gehry: I heard he had some kind of a fling with Ingrid Bergman. Is that true?
Frank Gehry: J'ai entendu dire qu'il avait plus ou moins flirté avec Ingrid Bergman. C'est vrai?
Nathaniel Kahn: If he did he was a very lucky man.
Nathaniel Kahn: Si c'est vrai, c'est un sacré veinard!
(Laughter)
(Rires)
NK: Did you hear that, really?
NK : Mais, c'est vrai?
FG: Yeah, when he was in Rome.
FG : Oui, quand il était à Rome.
Moshe Safdie: He was a real nomad. And you know, when I knew him when I was in the office, he would come in from a trip, and he would be in the office for two or three days intensely, and he would pack up and go. You know he'd be in the office till three in the morning working with us and there was this kind of sense of the nomad in him. I mean as tragic as his death was in a railway station, it was so consistent with his life, you know? I mean I often think I'm going to die in a plane, or I'm going to die in an airport, or die jogging without an identification on me. I don't know why I sort of carry that from that memory of the way he died. But he was a sort of a nomad at heart.
Moshe Safdie: C'était un vrai nomade. Vous savez, à l'époque où je l'ai connu, quand j'étais au bureau, il rentrait de voyage, il restait deux ou trois jours à travailler intensément et il repartait aussitôt. Il restait au bureau jusqu'à trois heures du matin à travailler avec nous et on sentait le nomade qui était en lui. Aussi tragique que sa mort dans la gare ait pu apparaître, il y a une certaine cohérence avec le reste de sa vie, je trouve. Il m'arrive souvent de penser que je vais mourir dans un avion, ou dans un aéroport, ou en faisant mon jogging, sans papiers d'identités sur moi. Je ne sais pas pourquoi, je pense à ça en me souvenant des circonstances de sa mort. Mais c'était un vrai nomade.
Louis Kahn: How accidental our existences are really and how full of influence by circumstance.
Louis Kahn: Nos existences sont tellement liées au hasard et influencées par les événements.
Man: We are the morning workers who come, all the time, here and enjoy the walking, city's beauty and the atmosphere and this is the nicest place of Bangladesh. We are proud of it.
Un homme : On travaille le matin et on vient ici tous le temps pour profiter du site, de la beauté de la ville et de l'atmosphère et c'est le plus bel endroit du Bangladesh. Nous en sommes fiers.
NK: You're proud of it?
NK : Vous en êtes fiers?
Man: Yes, it is the national image of Bangladesh.
L'homme : Oui, c'est l'image du Bangladesh!
NK: Do you know anything about the architect?
NK: Vous savez qui est l'architecte?
Man: Architect? I've heard about him; he's a top-ranking architect.
L'homme : L'architecte? J'en ai entendu parler, c'est un architecte [inaudible]
NK: Well actually I'm here because I'm the architect's son, he was my father.
NK : Je suis là parce que je suis le fils de l'architecte, c'était mon père.
Man: Oh! Dad is Louis Farrakhan?
L'homme : Oh! Papa c'est Louis Farrakhan?
NK: Yeah. No not Louis Farrakhan, Louis Kahn.
NK : Oui. Pas Louis Farrakhan, Louis Kahn.
Man: Louis Kahn, yes!
L'homme : Oui! Louis Kahn!
(Laughter)
(Rires)
Man: Your father, is he alive?
L'homme : Il est vivant votre père?
NK: No, he's been dead for 25 years.
NK : Non, il est mort il y a 25 ans.
Man: Very pleased to welcome you back.
L'homme : Content de votre retour!
NK: Thank you.
NK : Merci.
NK: He never saw it finished, Pop. No, he never saw this.
NK : Papa ne l'a jamais vu fini. Non, il n'a jamais vu ça.
Shamsul Wares: It was almost impossible, building for a country like ours. In 30, 50 years back, it was nothing, only paddy fields, and since we invited him here, he felt that he has got a responsibility. He wanted to be a Moses here, he gave us democracy. He is not a political man, but in this guise he has given us the institution for democracy, from where we can rise. In that way it is so relevant. He didn't care for how much money this country has, or whether he would be able to ever finish this building, but somehow he has been able to do it, build it, here. And this is the largest project he has got in here, the poorest country in the world.
Shamsul Wares :C'était presque impossible de construire dans un pays comme le nôtre il y a 50 ans, il n'y avait rien, juste des rizières, et quand nous l'avons invité ici, il a senti qu'il avait une responsabilité. Il voulait être comme Moïse, il nous a offert la démocratie. Ce n'était pas un homme politique, mais il nous a donné le lieu qui nous permet d'accéder à la démocratie. C'est tellement pertinent vu sous cet angle. Il se moquait du niveau de vie de notre pays, ou de savoir s'il serait capable de finir le bâtiment un jour, mais malgré tout il a été capable de le construire ici. Et ça a été son plus grand projet, ici, dans le pays le plus pauvre du monde.
NK: It cost him his life.
NK : Ça a lui coûté la vie.
SW: Yeah, he paid. He paid his life for this, and that is why he is great and we'll remember him. But he was also human. Now his failure to satisfy the family life, is an inevitable association of great people. But I think his son will understand this, and will have no sense of grudge, or sense of being neglected, I think. He cared in a very different manner, but it takes a lot of time to understand that. In social aspect of his life he was just like a child, he was not at all matured. He could not say no to anything, and that is why, that he cannot say no to things, we got this building today. You see, only that way you can be able to understand him. There is no other shortcut, no other way to really understand him. But I think he has given us this building and we feel all the time for him, that's why, he has given love for us. He could not probably give the right kind of love for you, but for us, he has given the people the right kind of love, that is important. You have to understand that. He had an enormous amount of love, he loved everybody. To love everybody, he sometimes did not see the very closest ones, and that is inevitable for men of his stature.
SW: Oui, il a laissé sa vie ici. et c'est pour cela qu'il est grand et que nous nous souviendrons de lui. Mais c'était aussi un être humain, son incapacité à satisfaire sa famille, est le propre des grands hommes. Mais je pense que son fils comprendra et n'aura aucune rancune ou sentiment d'avoir été délaissé, je pense. Il a aimé d'une façon différente mais il faut du temps pour le comprendre. Dans ses relations aux autres, il était comme un enfant, il n'était pas du tout mature. Il ne savait pas dire non et c'est parce qu'il ne savait pas dire non, que nous avons ce bâtiment aujourd'hui. Vous voyez, il n'y a que comme ça que vous pouvez le comprendre. Il n'y a pas d'autre manière, pas d'autre façon de le comprendre réellement. Il nous a offert ce bâtiment et nous pensons à lui tout le temps, c'est pour cela qu'il nous a offert l'amour. Il ne pouvait probablement pas vous offrir l'amour dont vous aviez besoin, mais il a offert à notre peuple le véritable amour. C'est ce qui importe. Vous devez comprendre cela. Il avait beaucoup d'amour en lui il aimait tout le monde et pour aimer tout le monde, parfois il a oublié ses proches et c'est le lot des hommes de cette envergure.
(Applause)
(Applaudissements)