My mother was a philanthropist. And now I know you're asking -- let me give you the answer: yes, a little bit like Melinda Gates --
Ma mère était une philanthrope. Alors, je sais que vous vous demandez – laissez-moi y répondre : oui, un peu comme Melinda Gates –
(Laughter)
(Rires)
but with a lot less money.
mais avec beaucoup moins d'argent.
(Laughter)
(Rires)
She carried out her philanthropy in our community through a practice we call, "isirika." She supported the education of scores of children and invited many to live with us in our home in order to access schools. She mobilized resources for building the local health clinic and the maternity wing is named in memory of her. But most important, she was endeared by the community for her organizing skills, because she organized the community, and specifically women, to find solutions to anything that was needed.
Elle a conduit des actions philanthropiques dans notre communauté en se basant sur un concept appelé « isirika ». Elle a soutenu l'instruction de centaines d'enfants et elle en a invité beaucoup à venir habiter chez nous afin qu'ils accèdent à l'école. Elle a mobilisé des ressources pour construire un centre local de soins et l'aile consacrée à la maternité a été baptisée en sa mémoire. Mais, le plus important, c'est que la communauté l’a aimée pour ses qualités d'organisatrice, parce qu'elle a organisé la communauté, et plus spécifiquement les femmes, pour trouver des solutions à tout ce qui manquait.
She did all of this through isirika. Let me repeat that word for you again: isirika. Now it's your turn. Say it with me.
Elle a accompli tout ça en suivant l'isirika. Laissez-moi vous répéter encore ce mot : isirika. C'est à votre tour. Dites-le avec moi.
(Audience) Isirika.
Public : Isirika.
Musimbi Kanyoro: Thank you. That word is in my language, Maragoli, spoken in western Kenya, and now you speak my language.
Musimbi Kanyoro : Merci. Ce mot vient de ma langue maternelle, le Maragoli, parlée dans l'ouest du Kenya, et maintenant, vous parlez ma langue.
(Laughter)
(Rires)
So, isirika is a pragmatic way of life that embraces charity, services and philanthropy all together. The essence of isirika is to make it clear to everybody that you're your sister's keeper -- and yes, you're your brother's keeper. Mutual responsibility for caring for one another. A literal, simple English translation would be equal generosity, but the deep philosophical meaning is caring, together, for one another.
L'isirika est un mode de vie pragmatique qui prône autant la charité, que l'aide et la philanthropie. Le principe de l'isirika, c'est de dire clairement à tout le monde que vous prenez soin de votre sœur – et oui, vous prenez soin de votre frère. C'est la responsabilité mutuelle de prendre soin les uns des autres. En français, on le traduirait littéralement par « générosité égale », mais, son sens philosophique profond, c'est de s'occuper tous les uns des autres.
So how does isirika really happen? I grew up in a farming community in western Kenya. I remember vividly the many times that neighbors would go to a neighbor's home -- a sick neighbor's home -- and harvest their crop for them. I tagged alongside with my mother to community events and to women's events, and had the conversation about vaccinations in school, building the health center and really big things -- renewing seeds for the next planting season. And often, the community would come together to contribute money to send a neighbor's child to school -- not only in the country but to universities abroad as well. And so we have a surgeon. The first surgeon in my country came from that rural village.
Comment se manifeste réellement l'isirika ? J'ai été élevée dans une communauté agricole de l'ouest du Kenya. Je me souviens très bien des nombreuses fois où les voisins allaient chez un autre voisin – un voisin malade – et cueillaient sa récolte pour lui. Je suivais partout ma mère aux événements de la communauté et aux rassemblements des femmes. J'ai discuté de la vaccination à l'école, de la construction du centre médical et de choses importantes – comme récupérer les graines pour les prochaines semailles. Souvent, la communauté se réunissait et récoltait de l'argent pour financer les études de l'enfant d'un voisin – pas seulement au Kenya, mais aussi dans des universités à l'étranger. Nous avons un chirurgien. Le premier chirurgien de mon pays venait de ce village rural.
(Applause)
(Applaudissements)
So ... what isirika did was to be inclusive. We as children would stand alongside the adults and give our contributions of money, and our names were inscripted in the community book just like every adult.
Donc... l'isirika nous a permis de nous ouvrir à tous. Nous, les enfants, étions aux côtés des adultes, à donner de l'argent pour contribuer, et nos noms étaient inscrits dans le registre de la communauté, exactement comme celui de chaque adulte.
And then I grew up, went to universities back at home and abroad, obtained a few degrees here and there, became organized and took up international jobs, working in development, humanitarian work and philanthropy. And very soon, isirika began to become small. It dissipated and then just disappeared. In each place, I gained a new vocabulary. The vocabulary of donors and recipients. The vocabulary of measuring impact, return on investment ... projects and programs. Communities such as my childhood community became referred to as "poor, vulnerable populations." Those are the communities of which literature speaks about as living on less than a dollar a day, and they become the targets for poverty eradication programs. And by the way, they are the targets of our first United Nations' sustainable development goal. Now, I'm really interested that we find solutions to poverty and to the world's other many big problems because they do exist. I however think that we could do a better job, and we could do a better job by embracing isirika. So let me tell you how.
Et puis, j'ai grandi, je suis allée dans des universités de mon pays et à l'étranger, j'ai reçu des diplômes ici et là, je suis devenue organisée, j'ai accepté des postes à l'étranger, j'ai œuvré pour le développement, le travail humanitaire et la philanthropie. Et très vite, l'isirika a commencé à s'amenuiser. Il s'est dissipé, puis a tout bonnement disparu. A chaque endroit, j'ai appris un nouveau vocabulaire. Le vocabulaire des donateurs et des bénéficiaires. Le vocabulaire pour mesurer l'impact, le retour sur investissement, les projets et les programmes. Les communautés comme celle de mon enfance ont été considérées comme des « populations pauvres et vulnérables ». La recherche mentionne ces communautés quand elle parle des gens vivant avec moins d'un dollar par jour, et elles deviennent les cibles des programmes d'éradication de la pauvreté. Et d'ailleurs, ce sont les cibles du premier Objectif de Développement Durable des Nations Unies. Alors, je suis vraiment motivée par trouver des solutions à la pauvreté et aux autres grands problèmes mondiaux, qui sont bien réels. Je pense, cependant, que nous pouvons mieux faire, et nous pourrions mieux faire en adoptant l'isirika. Laissez-moi vous dire comment.
First, isirika affirms common humanity. For whatever that you do, you begin from the premise that you're human together. When you begin that you're human together, you see each other differently. You don't see a refugee first and you don't see a woman first and you don't see a person with disability first. You see a human being first. That is the essence of seeing a person first. And when you do that, you value their ideas, you value their contribution -- small or big. And you value what they bring to the table. That is the essence of isirika.
D'abord, l'isirika témoigne de notre humanité partagée. Pour n'importe laquelle de nos actions, on part du postulat qu'on est humains ensemble. Quand on commence à être humains ensemble, on regarde les autres différemment. Vous ne voyez pas d'abord le réfugié, ni la femme d'abord, ni la personne handicapée d'abord. Vous voyez un être humain avant toute chose. C'est le principe de regarder d'abord la personne. Et quand nous le faisons, nous valorisons leurs idées, nous apprécions leur contribution – petite ou grande. Et nous estimons ce qu'ils nous apportent. C'est le principe de l'isirika.
I just want to imagine what it would look like if everyone in this room -- a medical doctor, a parent, a lawyer, a philanthropist, whatever you are -- if you embraced isirika and made it your default. What could we achieve for each other? What could we achieve for humanity? What could we achieve for peace issues? What could we achieve for medical science? Let me give you a couple of hints, because I'm going to ask you to accompany me in this process of rebuilding and reclaiming isirika with me.
Je veux seulement imaginer ce qui se passerait si tout le monde dans cette salle – médecin, parent, avocat, philanthrope, qui que vous soyez – si vous adoptiez l'isirika pour en faire votre valeur par défaut. Que pourrait-on accomplir les uns pour les autres ? Que pourrait-on accomplir pour l'humanité ? Que pourrait-on accomplir pour la paix ? Que pourrait-on accomplir pour la médecine ? Laissez-moi vous donner quelques indices, car je vais vous demander de m'accompagner dans ce processus de reconstruction et de récupération de l'isirika.
First, you have to have faith that we are one humanity, we have one planet and we don't have two choices about that. So there's not going to be a wall that is high enough to separate humanity. So give up the walls. Give them up.
Tout d'abord, vous devez avoir la conviction qu'il n'y a qu'une seule humanité, que nous n'avons qu'une seule planète et qu'il n'y a pas d'autre option à ça. Aucun mur ne sera assez haut pour séparer l'humanité. Alors, renoncez aux murs. Oubliez-les.
(Applause)
(Applaudissements)
And we don't have a planet B to go to. So that's really important. Make that clear; move onto the next stage. The second stage: remember, in isirika, every idea counts. Bridges have big posters and they have nails. Every idea counts -- small or big counts. And third, isirika affirms that those who have more really enjoy the privilege of giving more. It is a privilege to give more.
Il n'y a aucune planète de secours. C'est très important. Que les choses soient claires, passons à l'étape suivante. La deuxième étape : souvenez-vous, pour l'isirika, chaque idée compte. Les ponts sont faits de grands piliers et aussi de petits clous. Chaque idée compte – petite ou grande. Et troisièmement, selon l'isirika, les plus favorisés ont la chance de donner plus. C'est un honneur de donner plus.
(Applause)
(Applaudissements)
And this is the time for women to give more for women. It is the time to give more for women. Our parents, when they brought in other children to live with us, they didn't ask our permission. They made it clear that they had a responsibility because they had gone to school and they had an earning. And they made it clear that we should understand that their prosperity was not our entitlement, and I think that's good wisdom from isirika. We could use that wisdom today, I think, in every culture, in every place, passing to the next generation what we could do together.
Et c'est le moment, pour les femmes, de donner plus aux autres femmes. C'est le moment de donner plus aux femmes. Mes parents, quand ils ont accueilli d'autres enfants chez nous, ne nous ont pas demandé la permission. Ils nous ont bien fait comprendre qu'ils avaient une responsabilité parce qu'ils étaient allés à l'école et qu'ils gagnaient de l'argent. Ils nous ont expliqué qu'on devait comprendre que leur prospérité ne nous donnait pas de droits. Je pense que c'est un sage précepte tiré de l'isirika. Aujourd'hui, je pense que nous pourrions utiliser ce bon sens dans chaque culture, dans chaque endroit, en transmettant à la génération future ce que nous pouvons réaliser ensemble.
I have, over the years, encountered isirika in many places, but what gives me really the passion today to embrace isirika is the work that I do with women all over the world through the Global Fund for Women, though women's funds and through women's movements globally. If you work with women, you change every day because you experience them living isirika together in what they do.
J'ai, au fil des années, retrouvé l'isirika dans beaucoup d'endroits. Mais, ce qui me motive vraiment aujourd'hui pour adopter l'isirika, c'est le travail que je fais avec des femmes dans le monde entier dans le cadre du Fonds mondial pour les femmes, des fonds destinés aux femmes et des mouvements de femmes dans le monde entier. En travaillant avec des femmes, vous évoluez tous les jours car vous pratiquez le concept de l'isirika avec elles, dans ce qu'elles font.
In the work that I do, we trust women leaders and their ideas. And we support them with funding so that they can expand, they can grow and they can thrive within their own communities. A woman in 1990 came to the Global Fund with a big idea -- a woman from Mexico by the name of Lucero González. She wanted to begin a fund that would support a movement that would be rooted in the communities in Mexico. And she received a grant of 7,500 US dollars. Today, 25 years later, Semillas, the name of the fund, has raised and spent, within the community, 17.8 million dollars.
Dans mon travail, nous faisons confiance aux femmes dirigeantes et à leurs idées. Nous les appuyons en les finançant pour qu'elles puissent se développer, se construire et s'épanouir au sein de leurs communautés. En 1990, une femme est venue au Fonds mondial avec une grande idée – une Mexicaine nommée Lucero Gonzalez. Elle voulait lancer un fonds pour soutenir un mouvement qui serait enraciné dans les communautés du Mexique. Et elle a reçu une subvention de 7 500 dollars. Aujourd'hui, 25 ans plus tard, Semillas – ce fonds s'appelle ainsi – a levé et dépensé, au sein de sa communauté, 17,8 millions de dollars.
(Applause)
(Applaudissements)
They have impacted over two million people, and they work with a group of 600,000 women in Mexico. During the recent earthquake, they were so well rooted that they could quickly assess within the community and with others, what were the short-term needs and what were the long-term needs. And I tell you, long after the lights have gone off Mexico, Semillas will be there with the communities, with the women, for a very long time. And that's what I'm talking about: when we are able to support the ideas of communities that are rooted within their own setting.
Il a touché plus de deux millions de personnes et il fonctionne avec un groupe de 600 000 femmes au Mexique. Lors du dernier tremblement de terre, il était tellement bien implanté qu'il a pu rapidement évaluer, au sein de sa communauté et en dehors, quels étaient les besoins à court terme et à long terme. Et je vous le dis, dans les heures les plus sombres du Mexique, Semillas sera toujours là avec les communautés, avec les femmes, pour très longtemps. Et c'est ce dont je vous parle : être capable d'appuyer les idées de groupes ancrés dans leur environnement.
Thirty years ago, there was very little funding that went directly to women's hands in their communities. Today we celebrate 168 women's funds all over the world, 100 of which are in this country. And they support --
Il y a 30 ans, il y avait très peu de financements que les femmes recevaient directement dans leurs communautés. Aujourd'hui, nous sommes rendus à 168 fonds pour les femmes dans le monde entier, dont une centaine est basée dans ce pays. Et ils soutiennent –
(Applause)
(Applaudissements)
they support grassroots women's organizations -- community organizations under the leadership of girls and women, and together we have been able, collectively, to give a billion dollars to women and girls-led organizations.
ils soutiennent des organisations locales de femmes – des organisations communautaires dirigées par des femmes et des jeunes filles. Ensemble, nous avons été capables, collectivement, de donner un milliard de dollars à des organisations dirigées par des femmes.
(Applause)
(Applaudissements)
But the challenge begins today. The challenge begins today because we see women everywhere organizing as isirika, including women organizing as isirika in TED. Because isirika is the evergreen wisdom that lives in communities. You find it in indigenous communities, in rural communities. And what it really ingrains in people is that ability to trust and to move the agenda ahead.
Mais le vrai défi commence aujourd'hui. Le vrai défi commence aujourd'hui car nous voyons partout des femmes s'organiser selon le concept de l'isirika, y compris des femmes au sein de TED. Car l'isirika est la sagesse intemporelle qui habite les communautés. On le retrouve dans les groupes autochtones, dans les groupes ruraux. Ce que l'isirika inculque aux gens, c'est la capacité à faire confiance et à faire avancer les choses.
So, three things that I have learned that I want to share with you through my work. One: if you want to solve the world's biggest problems, invest in women and girls.
Je voudrais donc partager avec vous trois choses que j'ai apprises grâce à mon travail. Premièrement, si vous voulez résoudre les grands problèmes mondiaux, investissez dans les femmes et les jeunes filles.
(Applause)
(Applaudissements)
Not only do they expand the investment, but they care for everyone in the community. Not only their needs but the needs of their children, the needs of the rest of the community, the needs of the elderly, and most important, they protect themselves -- which is really important -- and they protect their communities. Women who know how to protect themselves know what it means to make a difference. And the second reason that I'm asking you to invest in women and girls is because this is the smartest thing you could ever do at this particular time. And if we are going to have over 350 trillion dollars by 2030, those dollars need to be in the hands of women.
Elles font non seulement fructifier l'investissement, tout en prenant soin de chacun au sein du groupe. Elles ne pensent pas qu'à leurs besoins, mais aussi à ceux de leurs enfants, à ceux du reste du groupe, à ceux des personnes âgées, et le plus important, elles se protègent elles-mêmes – ce qui est très important – et elles protègent leur groupe. Des femmes qui savent comment se protéger savent ce que signifie changer les choses. Ma deuxième raison pour investir dans les femmes et les jeunes filles, c'est parce que c'est la chose la plus intelligente que vous pouvez faire à ce moment précis. Et si nous allons avoir plus de 350 000 milliards de dollars en 2030, ces dollars doivent passer par les mains des femmes.
And so I grew up with isirika. My mother was isirika. She was not a project or a program. And now, I pass that to you. That you will be able to share this with your families, with your friends and with your community, and embrace isirika as a way of living -- as a pragmatic way of living.
Et donc, j'ai grandi avec l'isirika. Ma mère était l'isirika. Elle n'était pas un projet ou un programme. Et aujourd'hui, je vous transmets l'isirika. Pour que vous puissiez le partager avec votre famille, avec vos amis et avec votre communauté. Et pour que vous adoptiez l'isirika comme mode de vie – comme mode de vie pragmatique.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)