I first became fascinated with octopus at an early age. I grew up in Mobile, Alabama -- somebody's got to be from Mobile, right? -- and Mobile sits at the confluence of five rivers, forming this beautiful delta. And the delta has alligators crawling in and out of rivers filled with fish and cypress trees dripping with snakes, birds of every flavor. It's an absolute magical wonderland to live in -- if you're a kid interested in animals, to grow up in. And this delta water flows to Mobile Bay, and finally into the Gulf of Mexico.
J’ai commencé très jeune à être fasciné par les pieuvres. J’ai grandi à Mobile, en Alabama. Il faut bien qu’il y ait quelqu’un qui vienne de Mobile, d’accord. Et Mobile est situé au confluent de cinq rivières, ce qui forme ce beau delta. Et dans le delta il y a des alligators qui rentrent et sortent en rampant des rivières remplies de poissons, et des cyprès qui dégoulinent de serpents, d’oiseaux de toutes sortes. C’est un endroit absolument magique et merveilleux où vivre et grandir si on est un gosse intéressé par les animaux. Et l’eau de ce delta se jette dans la baie de Mobile, et enfin dans le golfe du Mexique.
And I remember my first real contact with octopus was probably at age five or six. I was in the gulf, and I was swimming around and saw a little octopus on the bottom. And I reached down and picked him up, and immediately became fascinated and impressed by its speed and its strength and agility. It was prying my fingers apart and moving to the back of my hand. It was all I could do to hold onto this amazing creature. Then it sort of calmed down in the palms of my hands and started flashing colors, just pulsing all of these colors. And as I looked at it, it kind of tucked its arms under it, raised into a spherical shape and turned chocolate brown with two white stripes. I'm going, "My gosh!" I had never seen anything like this in my life! So I marveled for a moment, and then decided it was time to release him, so I put him down. The octopus left my hands and then did the damnedest thing: It landed on the bottom in the rubble and -- fwoosh! -- vanished right before my eyes.
Et je me rappelle que mon premier vrai contact avec une pieuvre a probablement eu lieu quand j’avais cinq ou six ans. J'étais dans le golfe, et je me baignais, et j’ai vu une petite pieuvre dans le fond. Et je me suis baissé et je l'ai ramassée, et j’ai tout de suite été fasciné et impressionné par sa rapidité et sa force et son agilité. Elle poussait sur mes doigts pour les écarter et se mettait derrière ma main. C’est tout ce que je pouvais faire pour retenir cette créature extraordinaire. Ensuite elle se calma plus ou moins dans la paume de mes mains et commença à passer d'une couleur à l'autre rapidement, en émettant simplement toutes ces couleurs, et alors que je la regardais, elle rentra en quelque sorte ses bras sous elle-même, elle se gonfla et pris une forme sphérique, et une couleur chocolat avec deux bandes blanches. Je fais, « Mince alors! » Je n’avais jamais rien vu de tel de ma vie ! Je restai donc là à m'émerveiller pendant un moment, et puis je décidai qu’il était temps de la relâcher, et je la posai donc. La pieuvre quitta mes mains et fit ensuite le truc le plus sacrément bizarre. Elle atterrit au fond dans les graviers et – « pfuitt » -- elle disparut ! -- juste sous mes yeux.
And I knew, right then, at age six, that is an animal that I want to learn more about. So I did. And I went off to college and got a degree in marine zoology, and then moved to Hawaii and entered graduate school at the University of Hawaii. And while a student at Hawaii, I worked at the Waikiki Aquarium. And the aquarium had a lot of big fish tanks but not a lot of invertebrate displays, and being the spineless guy, I thought, well I'll just go out in the field and collect these wonderful animals I had been learning about as a student and bring them in, and I built these elaborate sets and put them on display.
Et là j’ai su, à l’âge de six ans, que c’était un animal sur lequel je voulais en apprendre plus. Et c’est ce que j’ai fait. Et je suis parti à l’université et j’ai obtenu un diplôme en zoologie marine, et ensuite je me suis installé à Hawaï et suis entré en troisième cycle à l’université d’Hawaï. Et alors que j'étais étudiant à Hawaï, je travaillais à l’aquarium de Waikiki. Et dans cet aquarium on pouvait voir beaucoup de gros poissons, mais pas beaucoup d’invertébrés, et comme j’étais un homme qui aimait les trucs mous, j’ai pensé, bon, je vais juste aller sur le terrain pour attraper ces animaux merveilleux sur lesquels j’avais travaillé pendant mes études et je vais les ramener, et construire une de ces installations compliquées et les exposer.
Now, the fish in the tanks were gorgeous to look at, but they didn't really interact with people. But the octopus did. If you walked up to an octopus tank, especially early in the morning before anyone arrived, the octopus would rise up and look at you and you're thinking, "Is that guy really looking at me? He is looking at me!" And you walk up to the front of the tank. Then you realize that these animals all have different personalities: Some of them would hold their ground, others would slink into the back of the tank and disappear in the rocks, and one in particular, this amazing animal ... I went up to the front of the tank, and he's just staring at me, and he had little horns come up above his eyes. So I went right up to the front of the tank -- I was three or four inches from the front glass -- and the octopus was sitting on a perch, a little rock, and he came off the rock and he also came down right to the front of the glass. So I was staring at this animal about six or seven inches away, and at that time I could actually focus that close; now as I look at my fuzzy fingers I realize those days are long gone. Anyway, there we were, staring at each other, and he reaches down and grabs an armful of gravel and releases it in the jet of water entering the tank from the filtration system, and -- chk chk chk chk chk! -- this gravel hits the front of the glass and falls down. He reaches up, takes another armful of gravel, releases it -- chk chk chk chk chk! -- same thing. Then he lifts another arm and I lift an arm. Then he lifts another arm and I lift another arm. And then I realize the octopus won the arms race, because I was out and he had six left. (Laughter) But the only way I can describe what I was seeing that day was that this octopus was playing, which is a pretty sophisticated behavior for a mere invertebrate.
Bon, les poissons dans les aquaria étaient superbes à voir, mais ils ne communiquaient pas vraiment avec les gens. Mais les pieuvres oui. Si vous vous approchiez d’un aquarium de pieuvres, surtout tôt le matin, avant que personne ne soit arrivé, la pieuvre se soulevait et vous regardait et vous pensez, « Est-ce qu'elle me regarde vraiment ? Elle me regarde ! » Et vous vous approchez du devant de l’aquarium. Alors vous réalisez que ces animaux ont tous une personnalité différente. Certaines d’entre elles ne reculent pas d’un pouce. D’autres se glissent furtivement dans le fond de l’aquarium et disparaissent dans les rochers. Et l’une d’elles, en particulier, cet animal extraordinaire… Je m’approchai du devant de l’aquarium, et elle se contente de me dévisager. Et elle avait des petites cornes qui lui poussaient au-dessus des yeux. Donc je m’approchai jusqu’au devant de l'aquarium. J’étais à une dizaine de centimètres de la vitre frontale. Et la pieuvre était assise sur un perchoir, un petit rocher, et elle se détacha du rocher et elle aussi descendit jusqu’à la vitre frontale. Donc je dévisageais cet animal éloigné d'une quinzaine de centimètres, et à cette époque je pouvais vraiment fixer quelque chose d’aussi près; En voyant flou quand je regarde mes doigts, je réalise maintenant que cette époque est révolue, Bref, nous étions là, à nous dévisager, et il se baisse, saisit une brassée de gravier et la lâche dans le jet d’eau qui entre dans l’aquarium depuis le système de filtration, et « tchac tchac tchac tchac tchac !" -- ce gravier frappe le devant de la vitre et tombe par terre. il tend un bras, prend une autre brassée de gravier, la lâche… « tchac tchac tchac tchac tchac !" -- pareil. Puis il lève un bras. Alors je lève un bras. Puis il lève un autre bras. Et je lève un autre bras. Et là je réalise que la pieuvre a gagné la course de bras, parce que j’étais éliminé et qu’il lui en restait six. Mais la seule façon dont je peux décrire ce que je voyais ce jour là c’est que cette pieuvre jouait, ce qui est un comportement vraiment sophistiqué pour un simple invertébré.
So, about three years into my degree, a funny thing happened on the way to the office, which actually changed the course of my life. A man came into the aquarium. It's a long story, but essentially he sent me and a couple of friends of mine to the South Pacific to collect animals for him, and as we left, he gave us two 16-millimeter movie cameras. He said, "Make a movie about this expedition." "OK, a couple of biologists making a movie -- this'll be interesting," and off we went. And we did, we made a movie, which had to be the worst movie ever made in the history of movie making, but it was a blast. I had so much fun. And I remember that proverbial light going off in my head, thinking, "Wait a minute. Maybe I can do this all the time. Yeah, I'll be a filmmaker." So I literally came back from that job, quit school, hung my filmmaking shingle and just never told anyone that I didn't know what I was doing. It's been a good ride. And what I learned in school though was really beneficial. If you're a wildlife filmmaker and you're going out into the field to film animals, especially behavior, it helps to have a fundamental background on who these animals are, how they work and, you know, a bit about their behaviors.
Et puis, lors de ma 3ème année d'études, il m’arriva quelque chose de bizarre sur le chemin du bureau, qui en fait a changé le cours de ma vie. Un homme est venu à l’aquarium. C’est une longue histoire, mais pour l'essentiel il m'a envoyé avec deux de mes amis dans l'océan Pacifique sud, pour que nous lui ramenions des animaux, et alors que nous partions, il nous donna deux caméras 16mm. Il nous dit, «Tournez un film sur cette expédition.» ... OK, deux ou trois biologistes qui tournent un film -- ça va être intéressant. Et nous voilà partis, et nous l’avons fait, nous avons tourné un film, qui doit être le plus mauvais film jamais tourné de l’histoire du cinéma. Mais nous nous sommes éclatés ; je me suis tellement amusé. Et je me souviens quand l’étincelle proverbiale s'est faite dans ma tête, j'ai pensé, "Attends une minute. Peut-être que je pourrais faire cela tout le temps. Ouais, je serai réalisateur de films. » Donc je suis, et c’est vrai, rentré de ce travail, j’ai quitté l’école, j’ai accroché ma plaque de réalisateur de films et je n'ai simplement jamais dit à personne que je ne savais pas ce que je faisais. Ça a été super. Et ce que j’avais appris à l’école était quand même vraiment utile. Si on est un réalisateur de films sur la nature et que l’on va sur le terrain pour filmer des animaux, particulièrement leur comportement, ça aide d'avoir une formation fondamentale sur qui sont ces animaux, comment ils fonctionnent et, vous savez, un peu sur leurs comportements.
But where I really learned about octopus was in the field, as a filmmaker making films with them, where you're allowed to spend large periods of time with the animals, seeing octopus being octopus in their ocean homes. I remember I took a trip to Australia, went to an island called One Tree Island. And apparently, evolution had occurred at a pretty rapid rate on One Tree, between the time they named it and the time I arrived, because I'm sure there were at least three trees on that island when we were there. Anyway, one tree is situated right next to a beautiful coral reef. In fact, there's a surge channel where the tide is moving back and forth, twice a day, pretty rapidly. And there's a beautiful reef, very complex reef, with lots of animals, including a lot of octopus. And not uniquely but certainly, the octopus in Australia are masters at camouflage. As a matter of fact, there's one right there. So our first challenge was to find these things, and that was a challenge, indeed. But the idea is, we were there for a month and I wanted to acclimate the animals to us so that we could see behaviors without disturbing them. So the first week was pretty much spent just getting as close as we could, every day a little closer, a little closer, a little closer. And you knew what the limit was: they would start getting twitchy and you'd back up, come back in a few hours. And after the first week, they ignored us. It was like, "I don't know what that thing is, but he's no threat to me." So they went on about their business and from a foot away, we're watching mating and courting and fighting and it is just an unbelievable experience.
Mais là où j’en ai vraiment appris sur les pieuvres c’est sur le terrain en tant que réalisateur de films, en tournant des films avec elles, quand on peut passer de longs moments avec les animaux, voir les pieuvres se comporter en pieuvres chez elles dans l’océan. Je me rappelle, je suis parti en Australie, je suis allé sur une île qui s’appelle l’Ile de l’Arbre Unique. Et, apparemment, l’évolution est arrivée assez rapidement sur l’Ile de l’Arbre Unique. entre le moment où elle a été baptisée et le moment où je suis arrivé, parce que je suis sûr qu’il y avait au moins trois arbres sur cette île quand nous y étions. Bref, l’Ile de l’Arbre Unique est située juste à côté d'un superbe récif de corail. En fait il y a un étroit bras de mer dans lequel la marée monte et descend, deux fois par jour, assez rapidement, et il y a un récif superbe un récif très complexe avec beaucoup d'animaux, y compris beaucoup de pieuvres. Et, elles ne sont pas les seules, mais certainement, les pieuvres en Australie sont maîtres dans l’art du camouflage. En fait, il y en a une juste là. Donc notre premier défi était de trouver ces animaux, et ça c’était un défi, vraiment. Mais l’idée est celle-ci : Nous sommes là pendant un mois, et je voulais habituer les animaux à notre présence. Ainsi nous pourrions voir leur comportement sans les déranger. Donc nous avons plus ou moins passé la première semaine simplement à s’en approcher le plus possible, chaque jour un peu plus près, un peu plus près, un peu plus près. Et on savait où était la limite, elles commençaient à devenir agitées, et on reculait, et on revenait quelques heures plus tard. Après la première semaine, elles nous ignoraient. C’était comme, «Je ne sais pas ce qu’est cette chose, mais elle n’est pas une menace pour moi.» Donc elles ont continué à vaquer à leurs affaires. Et à trente centimètres d’elles, nous les regardons s’accoupler et faire leur parade nuptiale et se battre et c’est tout simplement une expérience incroyable.
And one of the most fantastic displays that I remember, or at least visually, was a foraging behavior. And they had a lot of different techniques that they would use for foraging, but this particular one used vision. And they would see a coral head, maybe 10 feet away, and start moving over toward that coral head. And I don't know whether they actually saw crab in it, or imagined that one might be, but whatever the case, they would leap off the bottom and go through the water and land right on top of this coral head, and then the web between the arms would completely engulf the coral head, and they would fish out, swim for crabs. And as soon as the crabs touched the arm, it was lights out. And I always wondered what happened under that web. So we created a way to find out, (Laughter) and I got my first look at that famous beak in action. It was fantastic.
Et un des spectacles les plus fantastiques dont je me souviens, ou du moins visuellement, était un comportement de recherche de nourriture. Et elles avaient beaucoup de techniques différentes qu’elles utilisaient pour rechercher de la nourriture. Mais cette technique particulière utilisait la vue. Et elles repéraient une tête de corail à peut-être 3 mètres de là et elles commençaient à se déplacer vers cette tête de corail. Et je ne sais pas si elles avaient vraiment vu un crabe dans cette dernière, ou si elles avaient imaginé qu’il pourrait y en avoir un, mais dans tous les cas, elles bondissaient du fond et traversaient l’eau pour atterrir juste sur cette tête de corail, et alors la membrane entre leurs bras engloutissait complètement la tête de corail, et elles sortaient les crabes, elles nageaient pour les attraper. Et dès que les crabes touchaient leur bras, c’était fini pour eux. Et je me suis toujours demandé ce qui se passait sous cette membrane. Donc nous avons créé un moyen de le découvrir. Et pour la première fois j’ai regardé ce fameux bec à l’œuvre. C’était fantastique.
If you're going to make a lot of films about a particular group of animals, you might as well pick one that's fairly common. And octopus are, they live in all the oceans. They also live deep. And I can't say octopus are responsible for my really strong interest in getting in subs and going deep, but whatever the case, I like that. It's like nothing you've ever done.
Si on a l’intention de faire beaucoup de films sur un groupe d’animaux en particulier, autant en choisir un qui est assez répandu. Et les pieuvres sont répandues, elles vivent dans tous les océans. Elles vivent aussi en profondeur. Et je ne peux pas dire que les pieuvres sont responsables de mon intérêt vraiment fort pour aller dans des sous-marins et descendre en profondeur, mais dans tous les cas, j’aime ça. Ça ne ressemble à rien de ce que vous ayez jamais pu faire.
If you ever really want to get away from it all and see something that you have never seen, and have an excellent chance of seeing something no one has ever seen, get in a sub. You climb in, seal the hatch, turn on a little oxygen, turn on the scrubber, which removes the CO2 in the air you breathe, and they chuck you overboard. Down you go. There's no connection to the surface apart from a pretty funky radio. And as you go down, the washing machine at the surface calms down. And it gets quiet. And it starts getting really nice. And as you go deeper, that lovely, blue water you were launched in gives way to darker and darker blue. And finally, it's a rich lavender, and after a couple of thousand feet, it's ink black. And now you've entered the realm of the mid-water community.
Si vous voulez vraiment tout laisser derrière vous et voir quelque chose que vous n'ayez jamais vu, et avoir de très bonnes chances de voir quelque chose que personne n’a jamais vu, allez dans un sous-marin. Montez-y, fermez l’écoutille, ouvrez un peu l’oxygène, allumez cet épurateur, qui élimine le CO2 dans l’air qu’on respire, et puis on vous balance par-dessus bord. Vous descendez. Vous n'êtes pas relié à la surface sauf par un poste de radio assez branché. Et comme vous descendez, la lessiveuse à la surface se calme. Et le calme se fait. Et ça commence à devenir vraiment agréable. Et comme vous descendez plus profond, cette eau bleue, magnifique dans laquelle on vous a lancé laisse place à un bleu de plus en plus sombre. Et, enfin, ça devient d’un riche bleu lavande, et, après environ six cent mètres, d’un noir d’encre. Et maintenant vous êtes entré dans le royaume de la communauté de mi-profondeur.
You could give an entire talk about the creatures that live in the mid-water. Suffice to say though, as far as I'm concerned, without question, the most bizarre designs and outrageous behaviors are in the animals that live in the mid-water community. But we're just going to zip right past this area, this area that includes about 95 percent of the living space on our planet and go to the mid-ocean ridge, which I think is even more extraordinary.
On pourrait faire un exposé entier sur les animaux qui vivent dans la mi-profondeur. Cependant je dirai juste que, en ce qui me concerne, sans aucun doute, les apparences les plus bizarres et les comportements les plus extravagants se trouvent chez les animaux qui vivent dans la communauté de la mi-profondeur. Mais nous allons rapidement laisser cette zone, cette zone qui comprend environ 95 pour cent de l’espace habitable sur notre planète et nous allons aller sur la dorsale océanique, laquelle est je pense encore plus extraordinaire.
The mid-ocean ridge is a huge mountain range, 40,000 miles long, snaking around the entire globe. And they're big mountains, thousands of feet tall, some of which are tens of thousands of feet and bust through the surface, creating islands like Hawaii. And the top of this mountain range is splitting apart, creating a rift valley. And when you dive into that rift valley, that's where the action is because literally thousands of active volcanoes are going off at any point in time all along this 40,000 mile range. And as these tectonic plates are spreading apart, magma, lava is coming up and filling those gaps, and you're looking land -- new land -- being created right before your eyes. And over the tops of them is 3,000 to 4,000 meters of water creating enormous pressure, forcing water down through the cracks toward the center of the earth, until it hits a magma chamber where it becomes superheated and supersaturated with minerals, reverses its flow and starts shooting back to the surface and is ejected out of the earth like a geyser at Yellowstone. In fact, this whole area is like a Yellowstone National Park with all of the trimmings.
La dorsale océanique est une immense chaîne de montagnes, longue de plus de 60.000 kilomètres, qui serpente sur tout le globe. Et ce sont de grandes montagnes, hautes de centaines de mètres, certaines atteignent plusieurs milliers de mètres et crèvent la surface, créant des îles comme Hawaï. Et le sommet de cette chaîne de montagnes s'écarte, créant une fosse sous-marine. Et quand on plonge dans cette fosse sous-marine, c’est là qu’il se passe quelque chose parce que, vraiment, des milliers de volcans actifs entrent en éruption à chaque instant, tout le long de cette chaîne de 60.000 kilomètres. Et comme ces plaques tectoniques s'écartent, le magma, la lave, remontent et remplissent ces brèches. Et vous voyez une terre, une nouvelle terre, se créer juste sous vos yeux. Et au dessus de leurs sommets il y a à peu près 3000 à 4000 mètres d’eau, qui créent une énorme pression, qui oblige l’eau à descendre par les crevasses vers le centre de la terre, jusqu’à ce qu’elle atteigne une poche de magma, où elle devient surchauffée et super saturée en minéraux, son courant s’inverse et elle repart à toute vitesse vers la surface, et est éjectée de la terre comme un geyser à Yellowstone. En fait, toute cette région ressemble au parc national de Yellowstone avec tout ce qui va avec.
And this vent fluid is about 600 or 700 degrees F. The surrounding water is just a couple of degrees above freezing. So it immediately cools, and it can no longer hold in suspension all of the material that it's dissolved, and it precipitates out, forming black smoke. And it forms these towers, these chimneys that are 10, 20, 30 feet tall. And all along the sides of these chimneys is shimmering with heat and loaded with life. You've got black smokers going all over the place and chimneys that have tube worms that might be eight to 10 feet long. And out of the tops of these tube worms are these beautiful red plumes. And living amongst the tangle of tube worms is an entire community of animals: shrimp, fish, lobsters, crab, clams and swarms of arthropods that are playing that dangerous game between over here is scalding hot and freezing cold.
Et ce liquide qui s’échappe est à une température d'environ 350 degrés Celcius. L’eau qui l’entoure est à seulement quelques degrés au dessus de zéro. Donc il refroidit immédiatement, et il ne peut plus conserver en suspension toutes les matières qui y ont été dissoutes, et qui sont précipitées à l’extérieur, et forment une fumée noire. Et cela forme ces tours, ces cheminées qui mesurent 3, 7, 10 mètres de hauteur. Et tout le long, les parois de ces cheminées vibrent de chaleur et sont chargées de vie. On a partout des fumeurs noirs, et des cheminées avec des vers tubulaires qui peuvent mesurer de 2,5 à 3 mètres de longueur. Et, sortant du haut de ces vers tubulaires il y a ces beaux plumets rouges. Et au milieu de cet enchevêtrement de vers tubulaires vit une toute une population d’animaux, crevettes, poissons, homards, crabes, palourdes et des essaims d’arthropodes qui jouent à ce jeu dangereux entre ici, où il fait une chaleur brûlante, et là, où il fait un froid glacial.
And this whole ecosystem wasn't even known about until 33 years ago. And it completely threw science on its head. It made scientists rethink where life on Earth might have actually begun. And before the discovery of these vents, all life on Earth, the key to life on Earth, was believed to be the sun and photosynthesis. But down there, there is no sun, there is no photosynthesis; it's chemosynthetic environment down there driving it, and it's all so ephemeral. You might film this unbelievable hydrothermal vent, which you think at the time has to be on another planet. It's amazing to think that this is actually on earth; it looks like aliens in an alien environment. But you go back to the same vent eight years later and it can be completely dead. There's no hot water. All of the animals are gone, they're dead, and the chimneys are still there creating a really nice ghost town, an eerie, spooky ghost town, but essentially devoid of animals, of course. But 10 miles down the ridge... pshhh! There's another volcano going. And there's a whole new hydrothermal vent community that has been formed. And this kind of life and death of hydrothermal vent communities is going on every 30 or 40 years all along the ridge.
Et cet écosystème tout entier n’était même pas connu il y a encore 33 ans. Et ça a complètement bouleversé la science. Cela a conduit les scientifiques à repenser là où la vie avait pu vraiment apparaître sur la terre. Et avant la découverte de ces conduits, toute la vie sur la terre, on pensait que la clé de la vie sur la terre, était le soleil et la photosynthèse, mais là en bas, il n’y a pas de soleil, il n’y a pas de photosynthèse. Là en bas c’est un environnement chimiosynthétique qui engendre la vie, et tout est tellement éphémère. Il se peut que l’on filme cette incroyable cheminée hydrothermique, dont on pourrait alors penser qu’elle est sur une autre planète. C'est extraordinaire, penser que ça se passe vraiment sur la terre. On dirait des extra-terrestres dans un environnement extra-terrestre. Mais si on retourne voir cette même cheminée huit ans plus tard, elle peut être complètement morte. Il n’y a plus d’eau chaude. Tous les animaux sont partis, ils sont morts. Et les cheminées sont toujours là, elles créent une bien jolie ville fantôme, une ville fantôme inquiétante, sinistre, mais avant tout dépourvue d’animaux, bien sûr. Mais 15 kilomètres plus loin le long de la crête… Ppcchhiitt ! Il y a un autre volcan en éruption. Et il s’est formé une population entièrement nouvelle qui vit sur la cheminée hydrothermale. Et cette espèce de vie et de mort des populations qui vivent sur les cheminées hydrothermiques arrive tous les 30 ou 40 ans tout le long de la crête.
And that ephemeral nature of the hydrothermal vent community isn't really different from some of the areas that I've seen in 35 years of traveling around, making films. Where you go and film a really nice sequence at a bay. And you go back, and I'm at home, and I'm thinking, "Okay, what can I shoot ... Ah! I know where I can shoot that. There's this beautiful bay, lots of soft corals and stomatopods." And you show up, and it's dead. There's no coral, algae growing on it, and the water's pea soup. You think, "Well, what happened?" And you turn around, and there's a hillside behind you with a neighborhood going in, and bulldozers are pushing piles of soil back and forth. And over here there's a golf course going in. And this is the tropics. It's raining like crazy here. So this rainwater is flooding down the hillside, carrying with it sediments from the construction site, smothering the coral and killing it. And fertilizers and pesticides are flowing into the bay from the golf course -- the pesticides killing all the larvae and little animals, fertilizer creating this beautiful plankton bloom -- and there's your pea soup.
Et la nature éphémère de ces populations des cheminées hydrothermiques n’est pas vraiment différente de certaines des régions que j'ai vues en 35 années de voyages, de tournage de films. Quand on va filmer une séquence vraiment belle dans une baie. Et on rentre, et je suis chez moi, et je pense, « Bon, qu’est ce que je peux aller voir. Ah, je sais où je peux filmer ça. Il y a cette superbe baie, avec plein de coraux mous et de stomatopodes. » Et on se pointe, et c’est mort. Il n’y a pas de corail, les algues y poussent, et l’eau est verte. On se dit « Et bien, que s’est-il passé? » Et on se retourne, et il y a un coteau derrière soi sur lequel on construit un nouveau quartier, et les bulldozers poussent des tas de terre d’un côté et de l’autre. Et par ici on construit un terrain de golf. Et nous sommes sous les tropiques. Il tombe des cordes ici. Donc cette eau de pluie dévale le coteau, emportant avec elle des sédiments venant du chantier, ce qui étouffe le corail et le tue. Et les engrais et les pesticides s’écoulent du terrain de golf dans la baie. Les pesticides tuent toutes les larves et les petits animaux, l’engrais crée cette belle éclosion de plancton. Et voilà notre eau verte.
But, encouragingly, I've seen just the opposite. I've been to a place that was a pretty trashed bay. And I looked at it, just said, "Yuck," and go and work on the other side of the island. Five years later, come back, and that same bay is now gorgeous. It's beautiful. It's got living coral, fish all over the place, crystal clear water, and you go, "How did that happen?" Well, how it happened is the local community galvanized. They recognized what was happening on the hillside and put a stop to it; enacted laws and made permits required to do responsible construction and golf course maintenance and stopped the sediments flowing into the bay, and stopped the chemicals flowing into the bay, and the bay recovered. The ocean has an amazing ability to recover, if we'll just leave it alone.
Mais, et c’est encourageant, j’ai vu exactement le contraire. Je suis allé dans un endroit, une baie plutôt saccagée. Et je la regarde, je dis seulement, « Berk, » et je vais travailler de l’autre côté de l’île. Cinq ans plus tard, je reviens, et cette même baie est maintenant superbe. Elle est de toute beauté. On y voit des coraux vivants, des poissons un peu partout, une eau claire comme du cristal, et on se dit, «Comment c’est arrivé?» Et bien, c’est arrivé parce que la communauté locale s’est prise en main. Ils ont identifié ce qui se passait sur le coteau et y ont mis fin, ont édicté des lois et rendu les permis obligatoires pour construire et entretenir le terrain de golf de façon responsable et ils ont arrêté l’écoulement des sédiments dans la baie, et ils ont arrêté l’écoulement des produits chimiques dans la baie, et la baie a récupéré. L’océan a une capacité extraordinaire à récupérer, si nous le laissons tout simplement tranquille.
I think Margaret Mead said it best. She said that a small group of thoughtful people could change the world. Indeed, it's the only thing that ever has. And a small group of thoughtful people changed that bay. I'm a big fan of grassroots organizations. I've been to a lot of lectures where, at the end of it, inevitably, one of the first questions that comes up is, "But, but what can I do? I'm an individual. I'm one person. And these problems are so large and global, and it's just overwhelming." Fair enough question.
Je pense que Margaret Mead l’a le mieux dit. Elle a dit qu’un petit groupe de personnes sensées pouvait changer le monde. En effet, c’est la seule chose qui ait jamais marché. Et un petit groupe de personnes sensées a changé cette baie. Je suis un fervent supporter des organisations locales. Je suis allé à de nombreuses conférences où, à la fin, inévitablement, une des premières questions soulevées est, «Mais, mais que puis-je faire ? Je suis tout seul. Je ne suis qu’une personne. Et ces problèmes sont si grands et à l'échelle mondiale, et c'est simplement accablant.» On peut se poser la question.
My answer to that is don't look at the big, overwhelming issues of the world. Look in your own backyard. Look in your heart, actually. What do you really care about that isn't right where you live? And fix it. Create a healing zone in your neighborhood and encourage others to do the same. And maybe these healing zones can sprinkle a map, little dots on a map. And in fact, the way that we can communicate today -- where Alaska is instantly knowing what's going on in China, and the Kiwis did this, and then over in England they tried to ... and everybody is talking to everyone else -- it's not isolated points on a map anymore, it's a network we've created. And maybe these healing zones can start growing, and possibly even overlap, and good things can happen. So that's how I answer that question. Look in your own backyard, in fact, look in the mirror. What can you do that is more responsible than what you're doing now? And do that, and spread the word. The vent community animals can't really do much about the life and death that's going on where they live, but up here we can. In theory, we're thinking, rational human beings. And we can make changes to our behavior that will influence and affect the environment, like those people changed the health of that bay.
Ma réponse est de ne pas regarder les grands problèmes du monde qui nous accablent. Regardez là où vous êtes. Regardez dans votre coeur, en fait. Qu’est-ce qui est vraiment important pour vous et qui ne va pas là où vous habitez. Et apportez une solution. Créez une zone de rétablissement dans votre voisinage et encouragez d’autres personnes à en faire autant. Et peut-être que ces zones de rétablissement peuvent saupoudrer une carte, des petits points sur la carte. Et en fait, la manière dont nous pouvons communiquer aujourd’hui, où l’Alaska sait instantanément ce qui se passe en Chine, et les Néo-Zélandais font ci, et là-bas en Angleterre ils essaient ça… Et tout le monde se parle. Ce ne sont plus des points isolés sur une carte, c’est un réseau que nous avons créé. Et peut-être que ces zones de rétablissement peuvent commencer à s’agrandir, et peut-être même se chevaucher, et de bonnes choses peuvent arriver. Donc c’est ma façon de répondre à cette question. Regardez près de chez vous, en fait, regardez dans votre miroir. Que pouvez-vous faire qui est plus responsable que ce que vous faites maintenant? Et faites-le. Et parlez-en. Les populations d’animaux qui vivent sur les cheminées ne peuvent vraiment pas faire grand chose à propos de la vie et la mort qui arrivent là où ils vivent, mais en haut ici nous le pouvons. En théorie, nous sommes des êtres humains rationnels, doués de la pensée. Et nous pouvons apporter des changements dans notre comportement qui vont influencer et affecter l’environnement, comme ces personnes ont changé la situation de cette baie.
Now, Sylvia's TED Prize wish was to beseech us to do anything we could, everything we could, to set aside not pin pricks, but significant expanses of the ocean for preservation, "hope spots," she calls them. And I applaud that. I loudly applaud that. And it's my hope that some of these "hope spots" can be in the deep ocean, an area that has historically been seriously neglected, if not abused. The term "deep six" comes to mind: "If it's too big or too toxic for a landfill, deep six it!" So, I hope that we can also keep some of these "hope spots" in the deep sea. Now, I don't get a wish, but I certainly can say that I will do anything I can to support Sylvia Earle's wish. And that I do.
Bien, le vœu de Sylvia pour son prix TED était de nous supplier de faire tout ce que nous pouvions, toutes les choses que nous pouvions, de laisser au repos, non pas des têtes d'épingle, mais des étendues considérables de l’océan pour sa préservation, « des points d’espoir,» elle les appelle. Et j’applaudis à cela. J’applaudis des deux mains. Et ce que j’espère c’est que certains de ces «points d’espoir» pourront être dans l’océan profond, une zone qui a été, historiquement, sérieusement négligée, sinon maltraitée -- l'expression "balancer à la mer" vient à l'esprit. Si c’est trop gros ou trop toxique pour une décharge, balancez-le. Donc, j’espère que l’on pourra aussi garder quelques uns de ces « points d’espoir » dans la mer profonde. Bon, je n’ai pas le droit à un vœu, mais je peux certainement dire que je ferai tout ce que je peux pour apporter tout mon soutient au vœu de Sylvia Earle. Et ça, je le fais.
Thank you very much. (Applause)
Merci beaucoup. (Applaudissements)