One thing the world needs, one thing this country desperately needs is a better way of conducting our political debates. We need to rediscover the lost art of democratic argument. (Applause) If you think about the arguments we have, most of the time it's shouting matches on cable television, ideological food fights on the floor of Congress. I have a suggestion. Look at all the arguments we have these days over health care, over bonuses and bailouts on Wall Street, over the gap between rich and poor, over affirmative action and same-sex marriage. Lying just beneath the surface of those arguments, with passions raging on all sides, are big questions of moral philosophy, big questions of justice. But we too rarely articulate and defend and argue about those big moral questions in our politics.
Une chose dont le monde a besoin, une chose dont ce pays a vraiment besoin, c'est une meilleure façon de mener nos débats politiques. On doit retrouver l'art perdu du débat démocratique. (Applaudissements) Voyez les débats que nous avons. La plupart du temps, il s'agit d'invectives à la télévision, de barouf idéologique au Congrès. J'ai une proposition. Regardez tous ces débats que nous avons actuellement sur le système de santé, sur les bonus et les renflouages à Wall Street, sur le fossé entre les riches et les pauvres, sur la discrimination positive et les mariages homosexuels. Juste sous la surface de ces débats, avec de la passion de part et d'autre, il y a des grandes questions de philosophie morale, de justice. Ce n'est que trop rarement que l'on formule, défend et débat sur ces grandes questions morales dans notre politique.
So what I would like to do today is have something of a discussion. First, let me take a famous philosopher who wrote about those questions of justice and morality, give you a very short lecture on Aristotle of ancient Athens, Aristotle's theory of justice, and then have a discussion here to see whether Aristotle's ideas actually inform the way we think and argue about questions today. So, are you ready for the lecture? According to Aristotle, justice means giving people what they deserve. That's it; that's the lecture.
Aujourd'hui, je voudrais donc avoir un genre de discussion. D'abord, laissez-moi évoquer un célèbre philosophe qui a écrit sur ces sujets de justice et de morale pour vous parler brièvement d'Aristote - de la Grèce Antique - de sa théorie de la justice. Nous aurons ensuite une discussion pour voir si les idées d'Aristote nous apprennent des choses sur la façon dont on pense et argumente sur ces questions aujourd'hui. Vous êtes prêts pour cette petite conférence ? Selon Aristote, la justice, c'est donner aux gens ce qu'ils méritent. Voilà, c'était la conférence !
(Laughter)
(Rires)
Now, you may say, well, that's obvious enough. The real questions begin when it comes to arguing about who deserves what and why. Take the example of flutes. Suppose we're distributing flutes. Who should get the best ones? Let's see what people -- What would you say? Who should get the best flute? You can just call it out.
Vous pourriez dire que c'était assez évident. La vraie question, c'est quand on commence à débattre de qui mérite quoi et pourquoi. Prenez l'exemple des flûtes. Supposons que l'on distribue des flûtes. Qui devrait avoir les meilleures ? Alors. Qu'en dites-vous ? Qui doit avoir la meilleure flûte ? Vous pouvez juste me le dire.
(Audience: Random.)
Public : Au hasard.
Michael Sandel: At random. You would do it by lottery. Or by the first person to rush into the hall to get them. Who else?
Michael Sandel : Au hasard, vous en feriez une loterie. Ou à la première personne se précipitant pour en avoir une. Qui d'autre ?
(Audience: The best flute players.)
Public : Les meilleurs joueurs de flûte.
MS: The best flute players. (Audience: The worst flute players.)
MS : Les meilleurs joueurs de flûte. Public : Les pires joueurs de flûte.
MS: The worst flute players. How many say the best flute players? Why? Actually, that was Aristotle's answer too.
MS : Les pires joueurs de flûte. Combien disent les meilleurs ? Pourquoi ? En fait, c'est aussi ce qu'a dit Aristote.
(Laughter)
(Rires)
But here's a harder question. Why do you think, those of you who voted this way, that the best flutes should go to the best flute players?
Voici une question plus dure. Pourquoi pensez-vous, vous qui avez voté comme ça, que les meilleures flûtes doivent aller aux meilleurs flûtistes ?
Peter: The greatest benefit to all.
Peter : Le meilleur profit de tous.
MS: The greatest benefit to all. We'll hear better music if the best flutes should go to the best flute players. That's Peter? (Audience: Peter.)
MS : Le meilleur profit de tous. On entend de la meilleure musique si les meilleures flûtes vont aux meilleurs flûtistes. C'est Peter ? Public : Peter.
MS: All right. Well, it's a good reason. We'll all be better off if good music is played rather than terrible music. But Peter, Aristotle doesn't agree with you that that's the reason. That's all right. Aristotle had a different reason for saying the best flutes should go to the best flute players. He said, that's what flutes are for -- to be played well. He says that to reason about just distribution of a thing, we have to reason about, and sometimes argue about, the purpose of the thing, or the social activity -- in this case, musical performance. And the point, the essential nature, of musical performance is to produce excellent music. It'll be a happy byproduct that we'll all benefit. But when we think about justice, Aristotle says, what we really need to think about is the essential nature of the activity in question and the qualities that are worth honoring and admiring and recognizing. One of the reasons that the best flute players should get the best flutes is that musical performance is not only to make the rest of us happy, but to honor and recognize the excellence of the best musicians.
MS : D'accord. C'est une bonne raison. On se portera tous mieux avec de la bonne musique plutôt qu'avec de la mauvaise. Seulement, Peter, Aristote n'est pas d'accord avec toi que c'est la bonne raison. Ça va. Aristote a une raison différente pour dire que que les meilleures flûtes doivent aller aux meilleurs flûtistes. Il dit que les flûtes sont faites pour être bien jouées. Il dit que raisonner sur la distribution de quelque chose revient à raisonner et parfois à débattre sur l'usage de cette chose ou son rôle social, dans ce cas : l'interprétation musicale. La nature essentielle d'une interprétation musicale est de produire une excellente musique. Ce serait un dérivé heureux dont nous bénéficierions tous. Quand on pense à la justice, Aristote dit qu'on doit vraiment penser à la nature fondamentale de l'activité en question et aux qualités qui méritent qu'on les honore, admire et reconnaisse. L'une des raisons pour lesquelles les meilleurs flûtistes devraient avoir les meilleures flûtes, c'est que l'interprétation musicale ne fait pas que nous rendre tous heureux mais qu'elle honore et reconnaît l'excellence des meilleurs musiciens.
Now, flutes may seem ... the distribution of flutes may seem a trivial case. Let's take a contemporary example of the dispute about justice. It had to do with golf. Casey Martin -- a few years ago, Casey Martin -- did any of you hear about him? He was a very good golfer, but he had a disability. He had a bad leg, a circulatory problem, that made it very painful for him to walk the course. In fact, it carried risk of injury. He asked the PGA, the Professional Golfers' Association, for permission to use a golf cart in the PGA tournaments. They said, "No. Now that would give you an unfair advantage." He sued, and his case went all the way to the Supreme Court, believe it or not, the case over the golf cart, because the law says that the disabled must be accommodated, provided the accommodation does not change the essential nature of the activity. He says, "I'm a great golfer. I want to compete. But I need a golf cart to get from one hole to the next."
La distribution de flûtes peut sembler un exemple futile. Prenons un exemple contemporain de controverse sur la justice. Ça concernait le golf. Il y a quelques années : Casey Martin. Quelqu'un en a-t-il entendu parler ? C'était un très bon golfeur mais il avait une infirmité. Il avait un problème circulatoire dans une jambe, ce qui rendait très douloureux pour lui le parcours. En fait, il risquait de se blesser. Il a demandé à la PGA, l'association des golfeurs professionnels, le droit d'utiliser une voiturette dans les tournois PGA. Ils ont dit : "Non, ça vous donnerait un avantage injuste." Il a attaqué. Ce procès s'est poursuivi jusqu'à la cour suprême. Croyez-le ou pas : le procès de la voiturette de golf. En effet, la loi dit qu'un handicap doit être compensé dans la mesure où la compensation ne change pas la nature fondamentale de l'activité. Il dit : "Je suis un grand golfeur. Je veux faire de la compétition mais j'ai besoin d'une voiturette pour aller d'un trou au suivant."
Suppose you were on the Supreme Court. Suppose you were deciding the justice of this case. How many here would say that Casey Martin does have a right to use a golf cart? And how many say, no, he doesn't? All right, let's take a poll, show of hands. How many would rule in favor of Casey Martin? And how many would not? How many would say he doesn't? All right, we have a good division of opinion here. Someone who would not grant Casey Martin the right to a golf cart, what would be your reason? Raise your hand, and we'll try to get you a microphone. What would be your reason?
Admettons que vous soyez à la cour suprême. Admettons que vous deviez rendre la justice dans ce procès. Combien ici diraient que Casey Martin aurait le droit d'utiliser une voiturette ? Combien diraient non ? Votons, levez les mains. Combien votent pour Casey Martin ? Combien votent contre ? Bien. Nous avons des avis bien partagés. Quelqu'un qui n'accorderait pas à Casey Martin le droit à une voiturette pourrait-il dire pourquoi ? Levez la main pour qu'on vous apporte un micro. Quelle serait votre raison ?
(Audience: It'd be an unfair advantage.)
Public : Ce serait un avantage injuste.
MS: It would be an unfair advantage if he gets to ride in a golf cart. All right, those of you, I imagine most of you who would not give him the golf cart worry about an unfair advantage. What about those of you who say he should be given a golf cart? How would you answer the objection? Yes, all right.
MS : Ce serait un avantage injuste s'il pouvait utiliser une voiturette. La plupart d'entre vous, j'imagine, qui ne lui auraient pas accordé la voiturette s'inquiètent d'un avantage injuste. Qu'en est-il de ceux qui disent qu'on devrait lui en donner une ? Que répondriez-vous à l'objection ? Oui, d'accord.
Audience: The cart's not part of the game.
Public : La voiturette ne fait pas partie du jeu.
MS: What's your name? (Audience: Charlie.)
MS : Quel est votre nom ? Public : Charlie.
MS: Charlie says -- We'll get Charlie a microphone in case someone wants to reply. Tell us, Charlie, why would you say he should be able to use a golf cart?
MS : Charlie dit que... Donnons à Charlie un micro au cas où quelqu'un veuille répondre. Dites-nous, Charlie, pourquoi vous dites qu'il devrait pouvoir utiliser une voiturette ?
Charlie: The cart's not part of the game.
Charlie : La voiturette ne fait pas partie du jeu.
MS: But what about walking from hole to hole?
MS : Quid de la marche d'un trou à l'autre ?
Charlie: It doesn't matter; it's not part of the game.
Charlie : Ça ne compte pas, ça ne fait pas partie du jeu.
MS: Walking the course is not part of the game of golf?
MS : Marcher sur le parcours ne fait pas partie du jeu de golf ?
Charlie: Not in my book, it isn't.
Charlie : Non, pas chez moi.
MS: All right. Stay there, Charlie.
MS : D'accord. Ne bougez pas, Charlie.
(Laughter)
(Rires)
Who has an answer for Charlie? All right, who has an answer for Charlie? What would you say?
Qui veut répondre à Charlie ? Qui a une réponse pour Charlie ? Que diriez-vous ?
Audience: The endurance element is a very important part of the game, walking all those holes.
Public : L'endurance est une part très importante du jeu. Le fait de marcher le long de tous ces trous.
MS: Walking all those holes? That's part of the game of golf? (Audience: Absolutely.)
MS : Marcher le long des trous ? Ça fait partie du jeu de golf ? Public : Absolument.
MS: What's your name? (Audience: Warren.)
MS : Quel est votre nom ? Public : Warren.
MS: Warren. Charlie, what do you say to Warren?
MS : Warren. Charlie, qu'est-ce que vous dites à Warren ?
Charley: I'll stick to my original thesis.
Charlie : Je m'en tiens à ma thèse de départ.
(Laughter)
(Rires)
MS: Warren, are you a golfer?
MS : Warren, vous jouez au golf ?
Warren: I am not a golfer.
Warren : Je ne suis pas golfeur.
Charley: And I am. (MS: Okay.) (Laughter)
Charlie : Moi si : MS : D'accord. (Rires)
(Applause)
(Applaudissements)
You know, it's interesting. In the case, in the lower court, they brought in golfing greats to testify on this very issue. Is walking the course essential to the game? And they brought in Jack Nicklaus and Arnold Palmer. And what do you suppose they all said? Yes. They agreed with Warren. They said, yes, walking the course is strenuous physical exercise. The fatigue factor is an important part of golf. And so it would change the fundamental nature of the game to give him the golf cart. Now, notice, something interesting -- Well, I should tell you about the Supreme Court first.
Vous savez, c'est intéressant. Au procès, dans la chambre basse, ils ont fait venir des grands du golf pour témoigner sur cette question. Est-ce que la marche est indispensable au jeu ? Ils ont convoqué Jack Nicklaus et Arnold Palmer. Que pensez-vous qu'ils ont dit ? Oui. Ils ont été d'accord avec Warren. Ils ont dit que marcher sur le parcours, c'est un exercice physique ardu. Le facteur fatigue est une part importante du golf. Ça changerait la nature fondamentale du jeu si on lui donnait une voiturette. Remarquez quelque chose d'intéressant... mais je vais vous parler de la cour suprême d'abord.
The Supreme Court decided. What do you suppose they said? They said yes, that Casey Martin must be provided a golf cart. Seven to two, they ruled. What was interesting about their ruling and about the discussion we've just had is that the discussion about the right, the justice, of the matter depended on figuring out what is the essential nature of golf. And the Supreme Court justices wrestled with that question. And Justice Stevens, writing for the majority, said he had read all about the history of golf, and the essential point of the game is to get very small ball from one place into a hole in as few strokes as possible, and that walking was not essential, but incidental.
La cour suprême a décidé... Que croyez-vous qu'elle a décidé ? Ils ont dit oui. Casey Martin devait avoir une voiturette. Ils ont voté par 7 voix contre 2. Ce qu'il y a d'intéressant à propos de leur décision et de la discussion qu'on vient d'avoir, c'est que la discussion sur le droit, la justice, de l'affaire dépendait de la compréhension de la nature fondamentale du golf. Les juges de la Cour suprême se sont confrontés à cette question. Le juge Stevens, reflétant la majorité, écrit avoir tout lu sur l'histoire du golf et que le point fondamental du jeu consiste à mettre une toute petite balle d'un endroit dans un trou en aussi peu de coups que possible. Marcher n'était pas fondamental mais secondaire.
Now, there were two dissenters, one of whom was Justice Scalia. He wouldn't have granted the cart, and he had a very interesting dissent. It's interesting because he rejected the Aristotelian premise underlying the majority's opinion. He said it's not possible to determine the essential nature of a game like golf. Here's how he put it. "To say that something is essential is ordinarily to say that it is necessary to the achievement of a certain object. But since it is the very nature of a game to have no object except amusement, (Laughter) that is, what distinguishes games from productive activity, (Laughter) it is quite impossible to say that any of a game's arbitrary rules is essential."
Il y avait 2 insoumis dont le juge Scalia. Il n'aurait pas accordé de voiturette. Sa dissidence était très intéressante. Elle est intéressante parce que elle réfute la prémisse aristotélicienne derrière l'opinion de la majorité. Il dit qu'il n'est pas possible de déterminer la nature fondamentale d'un jeu comme le golf. Voilà comment il le formule. "Affirmer qu'une chose est fondamentale signifie généralement qu'elle est nécessaire à la réalisation d'un certain objectif. Dès lors que la vraie nature d'un jeu n'est d'avoir d'autre objectif que l'amusement, (Rires) c'est ce qui distingue les jeux de l'activité productive, (Rires) il est presque impossible d'affirmer qu'une quelconque des règles arbitraires d'un jeu est fondamentale."
So there you have Justice Scalia taking on the Aristotelian premise of the majority's opinion. Justice Scalia's opinion is questionable for two reasons. First, no real sports fan would talk that way. (Laughter) If we had thought that the rules of the sports we care about are merely arbitrary, rather than designed to call forth the virtues and the excellences that we think are worthy of admiring, we wouldn't care about the outcome of the game. It's also objectionable on a second ground. On the face of it, it seemed to be -- this debate about the golf cart -- an argument about fairness, what's an unfair advantage. But if fairness were the only thing at stake, there would have been an easy and obvious solution. What would it be? (Audience: Let everyone use the cart.) Let everyone ride in a golf cart if they want to. Then the fairness objection goes away.
Il y a donc le juge Scalia qui s'en prend à la prémisse aristotélicienne de l'opinion majoritaire. L'avis du juge Scalia est discutable pour 2 raisons. D'abord, aucun fan de sports ne le prendrait comme ça. (Rires) Si nous pensions que les règles des sports qui nous intéressent sont simplement arbitraires et non pas faites pour évoquer les vertus et l'excellence dignes de notre admiration, nous ne nous intéresserions pas aux résultats du jeu. C'est aussi désobligeant pour une seconde raison. Superficiellement, ce débat sur la voiturette de golf semble être un débat sur l'équité, sur la nature d'un avantage injuste. Si l'équité était la seule chose en jeu, il y aurait eu une solution simple et évidente. Laquelle ? Public : Que tout le monde ait une voiturette. Laissez chacun utiliser une voiturette s'il le veut. L'objection d'équité disparaît
But letting everyone ride in a cart would have been, I suspect, more anathema to the golfing greats and to the PGA, even than making an exception for Casey Martin. Why? Because what was at stake in the dispute over the golf cart was not only the essential nature of golf, but, relatedly, the question: What abilities are worthy of honor and recognition as athletic talents? Let me put the point as delicately as possible: Golfers are a little sensitive about the athletic status of their game. (Laughter) After all, there's no running or jumping, and the ball stands still. (Laughter) So if golfing is the kind of game that can be played while riding around in a golf cart, it would be hard to confer on the golfing greats the status that we confer, the honor and recognition that goes to truly great athletes. That illustrates that with golf, as with flutes, it's hard to decide the question of what justice requires, without grappling with the question, "What is the essential nature of the activity in question, and what qualities, what excellences connected with that activity, are worthy of honor and recognition?"
mais, si on laissait tout un chacun avoir une voiturette, il y aurait, je pense, plus d'anathème de la part des grands du golf et de la PGA. Plus qu'en faisant une exception pour Casey Martin. Pourquoi ? Ce qu'il y avait en jeu dans la controverse de la voiturette ce n'était pas la nature fondamentale du golf mais la question des talents qui valent honneur et reconnaissance en tant que talents athlétiques. Je vais formuler ce point aussi délicatement que possible : les golfeurs sont un peu sensibles quant à la nature athlétique de leur jeu. (Rires) Après tout, il n'y a ni course, ni saut et la balle est immobile. (Rires) Donc, si le golf est le genre de jeu que l'on peut pratiquer au volant d'une voiturette, c'est difficile d'accorder aux grands du golf le statut que l'on confère, l'honneur et la reconnaissance qui vont aux vrais grands athlètes. Ça illustre que, avec le golf, comme avec les flûtes, il est ardu de trancher la question de ce que la justice réclame sans se confronter à la question : "Quelle est la nature fondamentale de l'activité en question, quelles qualités, quelle excellence en lien avec cette activité valent d'être honorées et reconnues ?"
Let's take a final example that's prominent in contemporary political debate: same-sex marriage. There are those who favor state recognition only of traditional marriage between one man and one woman, and there are those who favor state recognition of same-sex marriage. How many here favor the first policy: the state should recognize traditional marriage only? And how many favor the second, same-sex marriage? Now, put it this way: What ways of thinking about justice and morality underlie the arguments we have over marriage? The opponents of same-sex marriage say that the purpose of marriage, fundamentally, is procreation, and that's what's worthy of honoring and recognizing and encouraging. And the defenders of same-sex marriage say no, procreation is not the only purpose of marriage; what about a lifelong, mutual, loving commitment? That's really what marriage is about. So with flutes, with golf carts, and even with a fiercely contested question like same-sex marriage, Aristotle has a point. Very hard to argue about justice without first arguing about the purpose of social institutions and about what qualities are worthy of honor and recognition.
Prenons un dernier exemple qui est saillant dans le débat politique contemporain : le mariage homosexuel. Il y a ceux qui sont pour une reconnaissance par l'Etat du seul mariage traditionnel entre un homme et une femme. Il y a ceux qui sont pour une reconnaissance par l'Etat du mariage homosexuel. Combien d'entre vous sont pour la première politique : l'Etat ne devrait reconnaître que le mariage traditionnel ? Combien sont pour la seconde : mariage homosexuel ? Prenons-le comme ça maintenant : quels modes de pensée sur la justice et la morale sont à la base de la querelle que nous avons sur le mariage ? Les opposants au mariage homosexuel disent que le rôle du mariage, fondamentalement, c'est la procréation. C'est ça qu'il faut honorer, reconnaître et encourager. Les défenseurs du mariage homosexuel disent non, la procréation n'est pas la seule fonction du mariage. Quid d'un engagement mutuel de toute une vie dans l'amour ? C'est ça le mariage. Ainsi, avec des flûtes, des voiturettes de golf et même une question extrêmement controversée comme le mariage homosexuel, Aristote a raison. Très difficile de parler de justice sans parler d'abord des buts des institutions sociales et des qualités qui méritent honneur et reconnaissance.
So let's step back from these cases and see how they shed light on the way we might improve, elevate, the terms of political discourse in the United States, and for that matter, around the world. There is a tendency to think that if we engage too directly with moral questions in politics, that's a recipe for disagreement, and for that matter, a recipe for intolerance and coercion. So better to shy away from, to ignore, the moral and the religious convictions that people bring to civic life. It seems to me that our discussion reflects the opposite, that a better way to mutual respect is to engage directly with the moral convictions citizens bring to public life, rather than to require that people leave their deepest moral convictions outside politics before they enter. That, it seems to me, is a way to begin to restore the art of democratic argument.
Prenons du recul sur ces affaires et voyons comment elles nous éclairent sur la façon d'améliorer, d'élever les termes du discours politique aux Etats-Unis et, sur cette question, dans le monde. Il y a une tendance à penser que si on s'engage trop directement vers les questions de morale en politique, c'est une recette pour le désaccord et, en la matière, une recette pour l'intolérance et la contrainte. Mieux vaut répugner à, ignorer les certitudes morales et religieuses que les gens amènent dans la vie civique. Il me semble que notre discussion reflète le contraire. Une meilleure voie vers le respect mutuel consiste à embrayer directement avec les convictions morales que les citoyens amènent à la vie publique plutôt que d'exiger que les gens laissent leurs plus profondes convictions morales en-dehors de la politique avant d'y entrer. Ça, me semble-t-il, est une façon pour commencer à restaurer l'art du débat démocratique.
Thank you very much.
Merci beaucoup.
(Applause)
(Applaudissements)
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)
Thank you very much. Thanks. Thank you. Chris. Thanks, Chris.
Merci beaucoup. Merci. Chris. Merci Chris.
Chris Anderson: From flutes to golf courses to same-sex marriage -- that was a genius link. Now look, you're a pioneer of open education. Your lecture series was one of the first to do it big. What's your vision for the next phase of this?
Chris Anderson : Des flûtes aux parcours de golf aux mariages homosexuels. C'était une transition géniale. Vous êtes un pionnier des Ressources Éducatives Libres. Votre série de conférences était l'une des premières à voir ça en grand. Quelle est votre vision sur la prochaine étape ?
MS: Well, I think that it is possible. In the classroom, we have arguments on some of the most fiercely held moral convictions that students have about big public questions. And I think we can do that in public life more generally. And so my real dream would be to take the public television series that we've created of the course -- it's available now, online, free for everyone anywhere in the world -- and to see whether we can partner with institutions, at universities in China, in India, in Africa, around the world, to try to promote civic education and also a richer kind of democratic debate.
MS : Je crois que c'est possible. En classe, nous avons des débats sur certaines des plus farouches convictions morales que les étudiants ont sur les grands sujets publics. Je crois qu'on peut faire ça dans la vie publique de façon plus générale. Mon vrai rêve serait de diffuser les émissions de télé que nous avons faites à partir de ces cours - elles sont disponibles en ligne - gratuitement et partout dans le monde. On verrait si on peut faire des partenariats avec des institutions, dans des universités en Chine, en Inde, en Afrique, autour du monde, pour essayer de promouvoir l'éducation civique et aussi une sorte de débat démocratique plus riche.
CA: So you picture, at some point, live, in real time, you could have this kind of conversation, inviting questions, but with people from China and India joining in?
CA : Vous décrivez en quelque sorte qu'en direct, en temps réel, vous pourriez avoir ce genre de conversations avec des gens vous rejoignant de Chine et d'Inde.
MS: Right. We did a little bit of it here with 1,500 people in Long Beach, and we do it in a classroom at Harvard with about 1,000 students. Wouldn't it be interesting to take this way of thinking and arguing, engaging seriously with big moral questions, exploring cultural differences and connect through a live video hookup, students in Beijing and Mumbai and in Cambridge, Massachusetts and create a global classroom. That's what I would love to do.
MS : Exactement. On a eu un aperçu ici avec 1 500 personnes à Long Beach. On le fait en cours à Harvard avec environ 1 000 étudiants. Ne serait-il pas intéressant de prendre cette façon de penser et de débattre, d'affronter sérieusement des grandes questions de morale en explorant les différences culturelles et de se connecter par un pont vidéo à des étudiants de Pékin, Mumbaï, Cambridge dans le Massachusetts pour créer une salle de classe mondiale. C'est ce que j'aimerais faire.
(Applause)
(Applaudissements)
CA: So, I would imagine that there are a lot of people who would love to join you in that endeavor. Michael Sandel. Thank you so much. (MS: Thanks so much.)
CA : J'imagine que de nombreuses personnes aimeraient vous rejoindre dans cette tentative. Michael Sandel. Merci beaucoup.