It's a simple idea about nature. I want to say a word for nature because we haven't talked that much about it the last couple days. I want to say a word for the soil and the bees and the plants and the animals, and tell you about a tool, a very simple tool that I have found. Although it's really nothing more than a literary conceit; it's not a technology. It's very powerful for, I think, changing our relationship to the natural world and to the other species on whom we depend. And that tool is very simply, as Chris suggested, looking at us and the world from the plants' or the animals' point of view. It's not my idea, other people have hit on it, but I've tried to take it to some new places.
Il s'agit d'une idée sur la nature et je veux parler en faveur de la nature car nous n'en avons pas beaucoup parlé durant ces derniers jours. Je veux plaider ma cause pour le sol et les abeilles et les plantes et les animaux Et vous parler d'un outil, un outil très simple que j'ai découvert. Bien que ce soit rien de plus qu'une prétention littéraire -- ce n'est pas une technologie -- il est très puissant pour, je pense, changer notre relation avec le monde naturel et les autres espèces sur lesquelles nous dépendons. Et c'est outil est, tout simplement, comme l'a suggéré Chris, de nous observer nous-mêmes et notre monde avec l'optique des plantes et des animaux. Ce n'est pas mon idée, d'autres y ont déjà pensé, mais j'ai tenté de l'emmener vers de nouveaux horizons.
Let me tell you where I got it. Like a lot of my ideas, like a lot of the tools I use, I found it in the garden; I'm a very devoted gardener. And there was a day about seven years ago: I was planting potatoes, it was the first week of May -- this is New England, when the apple trees are just vibrating with bloom; they're just white clouds above. I was here, planting my chunks, cutting up potatoes and planting it, and the bees were working on this tree; bumblebees, just making this thing vibrate.
Laissez-moi vous raconter où je l'ai eue. Comme bien des idées, comme bien des outils que j'utilise, je l'ai trouvée dans le jardin. Je suis un jardinier très passionné. Et c'était un jour, il y a sept ans, je plantais des pommes de terre. C'était la première semaine de mai. C'était en Nouvelle-Angleterre, lorsque les pommiers vibrent de fleurs. Il n'y a que des nuages blancs au-dessus. J'étais là, à planter mes morceaux, à couper mes pommes de terres et à les planter. Et les abeilles butinaient sur cet arbre. Les bourdons, qui le faisaient trembler,
And one of the things I really like about gardening is that it doesn't take all your concentration, you really can't get hurt -- it's not like woodworking -- and you have plenty of kind of mental space for speculation. And the question I asked myself that afternoon in the garden, working alongside that bumblebee, was: what did I and that bumblebee have in common? How was our role in this garden similar and different? And I realized we actually had quite a bit in common: both of us were disseminating the genes of one species and not another, and both of us -- probably, if I can imagine the bee's point of view -- thought we were calling the shots. I had decided what kind of potato I wanted to plant -- I had picked my Yukon Gold or Yellow Finn, or whatever it was -- and I had summoned those genes from a seed catalog across the country, brought it, and I was planting it. And that bee, no doubt, assumed that it had decided, "I'm going for that apple tree, I'm going for that blossom, I'm going to get the nectar and I'm going to leave."
Et un des aspects du jardinage que j'aime est que cela ne nécessite pas toute votre concentration. On ne risque pas de se blesser. Ce n'est pas comme travailler le bois. Et vous pouvez -- vous avez de l'espace mental de libre pour réfléchir. Et la question que je me posais cet après-midi dans le jardin était -- tout en travaillant à côté de ce bourdon -- était: Qu'avions-nous en commun moi et ce bourdon? En quoi notre rôle dans ce jardin était-il similaire et différent? Et je me suis rendu compte que nous avions beaucoup en commun. Tous deux nous disséminions les gènes d'une espèce et non d'une autre. Et tous deux, probablement, si je peux imaginer le point de vue de l'abeille, pensions que nous menions la danse. J'avais décidé de l'espèce de pommes de terre que je voulais planter. J'avais choisi mes Yukon Gold ou Yellow Finn, ou quoique ce fut. Et j'avais convoqué ces gènes sur un catalogue d'horticulture à l'autre bout du pays, les avais achetés et étais en train de les planter. Et cette abeille, sans doute, pensait avoir décidé, Je vais vers ce pommier, je me dirige vers cette fleur, Je vais récupérer le nectar et je m'en vais.
We have a grammar that suggests that's who we are; that we are sovereign subjects in nature, the bee as well as me. I plant the potatoes, I weed the garden, I domesticate the species. But that day, it occurred to me: what if that grammar is nothing more than a self-serving conceit? Because, of course, the bee thinks he's in charge or she's in charge, but we know better. We know that what's going on between the bee and that flower is that bee has been cleverly manipulated by that flower. And when I say manipulated, I'm talking about in a Darwinian sense, right? I mean it has evolved a very specific set of traits -- color, scent, flavor, pattern -- that has lured that bee in. And the bee has been cleverly fooled into taking the nectar, and also picking up some powder on its leg, and going off to the next blossom. The bee is not calling the shots. And I realized then, I wasn't either.
Nous avons une grammaire qui suggère que c'est ce que nous sommes, que nous sommes des sujets souverains dans la nature, l'abeille aussi bien que moi. Je plante les pommes de terre, je désherbe le jardin, je domestique les espèces. Mais ce jour-là, il m'est venu à l'esprit, et si cette grammaire n'était rien de plus qu'une prétention égoïste? Car bien sûr, l'abeille pense qu'elle est la patronne. Et -- mais nous en savons plus long. Nous savons que ce qui se passe entre l'abeille et la fleur est que l'abeille a été manipulée habilement par la fleur. Et quand je dis manipulé, je parle dans le sens de Darwin, exact? Je veux dire qu'elle a évolué avec des caractéristiques spécifiques -- couleur, odeur, parfum, forme -- qui ont charmé cette abeille. Et l'abeille a été astucieusement leurrée afin de sucer le nectar, et aussi à ramasser de la poudre sur ses pattes. pour se rendre sur la fleur suivante. L'abeille ne mène pas la danse. Et alors je me suis rendu compte que moi mon plus.
I had been seduced by that potato and not another into planting its -- into spreading its genes, giving it a little bit more habitat. And that's when I got the idea, which was, "Well, what would happen if we kind of looked at us from this point of view of these other species who are working on us?" And agriculture suddenly appeared to me not as an invention, not as a human technology, but as a co-evolutionary development in which a group of very clever species, mostly edible grasses, had exploited us, figured out how to get us to basically deforest the world. The competition of grasses, right? And suddenly everything looked different. And suddenly mowing the lawn that day was a completely different experience.
J'avais été séduit par cette pomme de terre et non une autre, à planter ses -- à disséminer ses gènes, en lui donnant un petit peu plus d'habitat. Et c'est alors que j'ai eu l'idée, qui était, bon, ce qui serait - ce qui se passerait si nous nous regardions du point de vue de ces autres espèces qui agissent sur nous? Et l'agriculture soudainement m'est apparue non comme une invention, non comme technologie humaine, mais comme un développement co-évolutionnaire dans lequel un groupe d'espèces très intelligentes, des herbes comestibles pour la plupart, nous avait exploité, découvert comment nous faire couper les forêts du monde. La concurrence des herbes, vrai? Et soudainement tout paraissait différent. et soudainement, tondre la pelouse ce jour-là fut une expérience totalement différente.
I had thought always -- and in fact, had written this in my first book; this was a book about gardening -- that lawns were nature under culture's boot, that they were totalitarian landscapes, and that when we mowed them we were cruelly suppressing the species and never letting it set seed or die or have sex. And that's what the lawn was. But then I realized, "No, this is exactly what the grasses want us to do. I'm a dupe. I'm a dupe of the lawns, whose goal in life is to outcompete the trees, who they compete with for sunlight." And so by getting us to mow the lawn, we keep the trees from coming back, which in New England happens very, very quickly.
J'avais toujours pensé, en fait, j'avais écrit cela dans mon premier livre -- c'était un livre sur le jardinage -- que les pelouses étaient la nature sous la botte de la culture. Qu'elles étaient des paysages totalitaires. Et que lorsque nous les tondions nous supprimions cruellement les espèces et ne leur permettant jamais de faire des graines, de mourir, ou d'avoir de rapports sexuels. Et c'était cela la pelouse. Mais alors j'ai compris, "Non, c'est exactement ce que les herbes veulent que nous fassions. Je suis un dupe, un dupe des pelouses dont l'objectif est de gagner sur les arbres avec qui elles rivalisent -- avec qui elles rivalisent pour la lumière." Et en nous faisant tondre la pelouse, nous empêchons les arbres de revenir, ce qui en Nouvelle-Angleterre arrive très, très vite.
So I started looking at things this way and wrote a whole book about it called "The Botany of Desire." And I realized that in the same way you can look at a flower and deduce all sorts of interesting things about the taste and the desires of bees -- that they like sweetness, that they like this color and not that color, that they like symmetry -- what could we find out about ourselves by doing the same thing? That a certain kind of potato, a certain kind of drug, a sativa-indica Cannabis cross has something to say about us. And that, wouldn't this be kind of an interesting way to look at the world?
Ainsi j'ai commencé à regarder les choses de cette façon, et ai écrit un livre entier intitulé "La botanique du désir". et je me suis aperçu que de la même façon qu'on regarde une fleur et conclut bien des choses intéressantes sur le goût et les désirs des abeilles, qu'elles aiment le sucre, qu'elles aiment cette couleur et pas celle-là, qu'elles aiment la symétrie. que pourrait-on découvrir sur nous-mêmes en faisant la même chose? Qu'un certain type de pomme de terre, un certain type de médicament, un croisement de marijuana sativa et indica a quelque chose à dire à notre sujet. Et que -- ne serait-il pas plus intéressant de regarder le monde de cette façon?
Now, the test of any idea -- I said it was a literary conceit -- is what does it get us? And when you're talking about nature, which is really my subject as a writer, how does it meet the Aldo Leopold test? Which is, does it make us better citizens of the biotic community? Get us to do things that leads to the support and perpetuation of the biota, rather than its destruction? And I would submit that this idea does this. So, let me go through what you gain when you look at the world this way, besides some entertaining insights about human desire.
Maintenant le test d'une idée -- J'ai dit que c'était une prétention littéraire -- est qu'est-ce qu'elle nous donne? Et quand on parle de la nature, qui est mon sujet en tant qu'écrivain, comment -- réussit-elle le test d'Aldo Leopold? Qui est, devenons-nous de meilleurs citoyens de la communauté biotique? Nous fait-elle faire des choses qui tendent vers le support et la perpétuation de la biote, au lieu de la détruire? Et je soutiens que cette idée le fait. Ainsi permettez-moi de partager ce qu'on gagne à regarder le monde ce cette façon, en plus, vous savez, de découvrir les profondeurs du désir humain.
As an intellectual matter, looking at the world from other species' points of view helps us deal with this weird anomaly, which is -- and this is in the realm of intellectual history -- which is that we have this Darwinian revolution 150 years ago ... Ugh. Mini-Me. (Laughter) We have this intellectual, this Darwinian revolution in which, thanks to Darwin, we figured out we are just one species among many; evolution is working on us the same way it's working on all the others; we are acted upon as well as acting; we are really in the fiber, the fabric of life. But the weird thing is, we have not absorbed this lesson 150 years later; none of us really believes this. We are still Cartesians -- the children of Descartes -- who believe that subjectivity, consciousness, sets us apart; that the world is divided into subjects and objects; that there is nature on one side, culture on another. As soon as you start seeing things from the plant's point of view or the animal's point of view, you realize that the real literary conceit is that -- is the idea that nature is opposed to culture, the idea that consciousness is everything -- and that's another very important thing it does.
En tant que sujet intellectuel, observer le monde avec la perspective d'autres espèces nous aide à faire face à cette anomalie bizarre. qui est -- et c'est le royaume de l'histoire intellectuelle -- qui est que nous avons cette révolution de Darwin il y a 150 ans -- Pouah. Mini-moi -- nous avons cette révolution intellectuelle avec laquelle, grâce à Darwin, on a découvert que nous n'étions qu'une espèce parmi tant d'autres. L'évolution nous transforme de la même façon qu'elle transforme toutes les autres. On agit sur nous ainsi bien que nous agissons. Nous sommes réellement dans la fibre, dans le tissu de la vie. Mais la chose étrange est que l'on n'a pas assimilé cette leçon après 150 ans. Aucun d'entre nous y croit. Nous sommes encore Cartésiens -- les enfants de Descartes -- qui croient que la subjectivité, la conscience nous différencient. Que le monde est divisé entre les sujets et les objets. Qu'il y a d'un côté la nature, de l'autre la culture. Dès que l'on commence à voir les choses avec l'optique des plantes ou des animaux, on se rend compte que tout cela n'est qu'une prétention littéraire. C'est que -- l'idée que la nature est opposée à la culture. L'idée que la conscience est tout. Et cela provoque une autre chose très importante.
Looking at the world from other species' points of view is a cure for the disease of human self-importance. You suddenly realize that consciousness -- which we value and we consider the crowning achievement of nature, human consciousness -- is really just another set of tools for getting along in the world. And it's kind of natural that we would think it was the best tool. But, you know, there's a comedian who said, "Well, who's telling me that consciousness is so good and so important? Well, consciousness." So when you look at the plants, you realize that there are other tools and they're just as interesting.
Regarder le monde du point de vue des autres espèces est un remède contre la maladie de la suffisance humaine. Tout d'un coup on se rend compte que la conscience, que nous prisons et considérons comme, vous savez, la couronne de -- le couronnement suprême de la nature, la conscience humaine n'est réellement qu'un outil pour naviguer dans le monde. Et c'est un peu normal qu'on pense que c'est le meilleur outil. Mais, vous savez, que -- c'est un comédien qui disait, "Bien, qui me dit que la conscience est si bonne et si importante? Et bien, la conscience." Ainsi quand on observe les plantes, on s'aperçoit qu'elles sont d'autres outils, et qu'ils sont aussi intéressants.
I'll give you two examples, also from the garden: lima beans. You know what a lima bean does when it's attacked by spider mites? It releases this volatile chemical that goes out into the world and summons another species of mite that comes in and attacks the spider mite, defending the lima bean. So what plants have -- while we have consciousness, tool making, language, they have biochemistry. And they have perfected that to a degree far beyond what we can imagine. Their complexity, their sophistication, is something to really marvel at, and I think it's really the scandal of the Human Genome Project. You know, we went into it thinking, 40,000 or 50,000 human genes and we came out with only 23,000. Just to give you grounds for comparison, rice: 35,000 genes. So who's the more sophisticated species? Well, we're all equally sophisticated. We've been evolving just as long, just along different paths. So, cure for self-importance, way to sort of make us feel the Darwinian idea. And that's really what I do as a writer, as a storyteller, is try to make people feel what we know and tell stories that actually help us think ecologically.
Je donnerai deux exemples, inspirés du jardin. Les haricots en grains. Savez-vous ce que ce haricot fait s'il est attaqué par des tétranyques? Il émet un produit chimique volatile qui se propage dans le monde et somme d'autres espèces d'acariens qui arrivent et attaquent les tétranyques, défendant les haricots en grains. Tout comme nous avons la conscience, des outils, le langage, les plantes ont la biochimie. Et elles l'ont perfectionnée à un degré bien au-delà de ce qu'on peut imaginer. Et leur complexité, leur sophistication ont de quoi nous laisser pantois. Et je pense que c'est vraiment le scandale du projet génome humain. Vous savez, nous l'avons abordé en pensant, 40 ou 50 000 gènes humains. Et le résultat fut seulement de 23 000. Pour vous donner un point de comparaison, le riz: 35 000 gènes. Alors qu'elle est l'espèce la plus sophistiquée? En fait, nous sommes sophistiqués également. Nous avons évolué -- évolué depuis autant de temps, juste sur des voies différentes. Ainsi, remède pour la suffisance, pour nous faire sentir l'idée Darwinienne. Et ce que je fais en tant qu'écrivain, en tant que conteur d'histoires, est d'essayer de faire ressentir ce que nous savons et raconter des histoires qui nous font -- qui nous aident à penser écologiquement.
Now, the other use of this is practical. And I'm going to take you to a farm right now, because I used this idea to develop my understanding of the food system and what I learned, in fact, is that we are all, now, being manipulated by corn. And the talk you heard about ethanol earlier today, to me, is the final triumph of corn over good sense. (Laughter) (Applause) It is part of corn's scheme for world domination. (Laughter) And you will see, the amount of corn planted this year will be up dramatically from last year and there will be that much more habitat because we've decided ethanol is going to help us.
Maintenant l'autre usage de ceci est pratique. Et je vais parler -- maintenant je vais vous emmener dans une ferme. Car j'ai utilisé cette idée pour développer ma compréhension du système alimentaire et ce que j'ai appris, en fait, est que nous sommes tous manipulés par le maïs. Et l'exposé que vous avez écouté plus tôt sur l'éthanol, selon moi, est le triomphe final du maïs sur le bon sens. (Rires) Cela fait parti -- (Applaudissements) du complot du maïs pour dominer le monde. (Rires) Et vous allez voir que les quantités de maïs semées cette année seront bien supérieures à l'année passée, et il y aura bien plus de cultures, car nous avons décidé que l'éthanol va nous aider.
So it helped me understand industrial agriculture, which of course is a Cartesian system. It's based on this idea that we bend other species to our will and that we are in charge, and that we create these factories and we have these technological inputs and we get the food out of it or the fuel or whatever we want. Let me take you to a very different kind of farm.
Ainsi -- mais permettez moi -- ainsi cela m'a permit de comprendre l'agriculture industrielle, qui est bien sûr un système Cartésien. Basé sur le principe que nous faisons plier les autres espèces à notre volonté, et que l'on commande et que l'on fabrique ces usines, et l'on a ces apports technologiques, et on en retire la nourriture, ou le fuel, ou quoique ce soit que l'on veut. Laissez-moi vous emmener dans un genre de ferme bien différent.
This is a farm in the Shenandoah Valley of Virginia. I went looking for a farm where these ideas about looking at things from the species' point of view are actually implemented, and I found it in a man. The farmer's name is Joel Salatin. And I spent a week as an apprentice on his farm, and I took away from this some of the most hopeful news about our relationship to nature that I've ever come across in 25 years of writing about nature. And that is this: the farm is called Polyface, which means ... the idea is he's got six different species of animals, as well as some plants, growing in this very elaborate symbiotic arrangement.
C'est une ferme dans la vallée de Shenandoah en Virginie. Je cherchais une ferme où ces idées d'observer les choses avec l'optique des espèces sont appliquées en réalité. Et je l'ai trouvée dans un homme, le nom du fermier est Joel Salatin, et j'ai passé une semaine chez lui comme apprenti sur sa ferme. Et j'ai emporté des nouvelles les plus puissantes et encourageantes sur notre relation avec la nature que j'ai découvert depuis mes 25 ans d'écrits sur la nature. Et la voici. La ferme s'appelle Polyface. Qui signifie -- l'idée est qu'il a six espèces d'animaux différents ainsi que quelques plantes, qui poussent dans cet arrangement symbiotique élaboré.
It's permaculture, those of you who know a little bit about this, such that the cows and the pigs and the sheep and the turkeys and the ... what else does he have? All the six different species -- rabbits, actually -- are all performing ecological services for one another, such that the manure of one is the lunch for the other and they take care of pests for one another. It's a very elaborate and beautiful dance, but I'm going to just give you a close-up on one piece of it, and that is the relationship between his cattle and his chickens, his laying hens. And I'll show you, if you take this approach, what you get, OK? And this is a lot more than growing food, as you'll see; this is a different way to think about nature and a way to get away from the zero-sum notion, the Cartesian idea that either nature's winning or we're winning, and that for us to get what we want, nature is diminished.
C'est de la permaculture, pour ceux qui parmi vous cela dit quelque chose, telle que les vaches et les porcs et les moutons et les dindons et les -- les-- quoi d'autre, qu'y a-t-il d'autre? Les six espèces différentes - les lapins, en fait -- se rendent des services écologiques les unes aux autres, ainsi le fumier de l'une est le casse-croûte de l'autre et elles se protègent des nuisibles les unes les autres. Et je ne puis -- c'est une danse très élaborée et belle mais je vais faire un gros plan sur une des facettes. Celui de la relation entre le bétail et ses poulets, ses poules pondeuses. Et je vais démontrer, si l'on adopte cette approche, ce que l'on obtient, d'accord? Cela va plus loin que de faire de la culture, comme on va le voir. C'est une façon différente de penser à la nature, et une façon de s'éloigner de la notion de somme nulle que -- l'idée Cartésienne: soit c'est la nature, soit c'est nous qui gagnions et pour obtenir ce que l'on veut, la nature est diminuée.
So, one day, cattle in a pen. The only technology involved here is this cheap electric fencing: relatively new, hooked to a car battery; even I could carry a quarter-acre paddock, set it up in 15 minutes. Cows graze one day. They move, OK? They graze everything down, intensive grazing. He waits three days, and then we towed in something called the Eggmobile. The Eggmobile is a very rickety contraption -- it looks like a prairie schooner made out of boards -- but it houses 350 chickens. He tows this into the paddock three days later and opens the gangplank, turns them down, and 350 hens come streaming down the gangplank -- clucking, gossiping as chickens will -- and they make a beeline for the cow patties.
Ainsi, un jour, le bétail dans un enclos. La seule technologie requise ici est une clôture électrique peu chère, assez neuve, branchée à une batterie de voiture. Même moi je pouvais porter de quoi clôturer un enclos de 10 ares et l'installer en 15 minutes. Les vaches broutent un jour. Elles se déplacent, d'accord? Elles broutent tout -- broutage intensif. Il attend trois jours. Et ensuite on remorque quelque chose appelé l'eggmobile. L'eggmobile est un machin très délabré. Qui ressemble à un schooner des prairies fait en planches, mais il abrite 350 poulets. Il remorque cela dans l'enclos trois jours plus tard et ouvre la passerelle, la baisse et 350 poules défilent sur la passerelle -- gloussant et caquetant comme le font les poulets. Et ils filent tout droit vers les bouses de vache.
And what they're doing is very interesting: they're digging through the cow patties for the maggots, the grubs, the larvae of flies. And the reason he's waited three days is because he knows that on the fourth day or the fifth day, those larvae will hatch and he'll have a huge fly problem. But he waits that long to grow them as big and juicy and tasty as he can because they are the chickens' favorite form of protein.
Et ce qu'ils font est très intéressant. Ils fouillent dans les bouses de vache pour les asticots, les vers, les larves de mouches. Et la raison pour l'attente de trois jours est qu'il sait que le quatrième jour ou le cinquième, ces larves vont éclore, et on sera alors infesté de mouches. Mais il attend assez longtemps pour qu'ils soient aussi gros et juteux et savoureux que possible. car ils sont la source favorite de protéines pour les poulets.
So the chickens do their kind of little breakdance and they're pushing around the manure to get at the grubs, and in the process they're spreading the manure out. Very useful second ecosystem service. And third, while they're in this paddock they are, of course, defecating madly and their very nitrogenous manure is fertilizing this field. They then move out to the next one, and in the course of just a few weeks, the grass just enters this blaze of growth. And within four or five weeks, he can do it again. He can graze again, he can cut, he can bring in another species, like the lambs, or he can make hay for the winter.
Et les poulets font leur sorte de breakdance, et ils éparpillent le fumier pour attraper les vers, et en même temps ils épandent le fumier. Très utile. Deuxième service à l'écosystème. Et tertio, lorsqu'ils sont dans l'enclos, ils défèquent, bien sûr, à qui mieux mieux et le fumier plein d'azote fertilise le champ. Ensuite ils se déplacent vers le prochain, et dans l'intervalle de quelques semaines l'herbe pousse à une vitesse vertigineuse et dans quatre ou cinq semaines, il peut recommencer. Il peut faire brouter, il peut couper, il peut amener d'autres animaux, tels que les moutons, ou il peut faire du foin pour l'hiver.
Now, I want you to just look really close up onto what's happened there. So, it's a very productive system. And what I need to tell you is that on 100 acres he gets 40,000 pounds of beef; 30,000 pounds of pork; 25,000 dozen eggs; 20,000 broilers; 1,000 turkeys; 1,000 rabbits -- an immense amount of food.
Je veux que vous observiez de très près ce qui se passe ici. Ainsi c'est un système très productif. Et j'ai besoin de préciser que sur environ 40 hectares on obtient 18 tonnes de bœuf, 13 tonnes de porc, 25 000 douzaines d'œufs, 20 000 poulets, 1 000 dindons, 1 000 lapins -- une grosse quantité de nourriture.
You know, you hear, "Can organic feed the world?" Well, look how much food you can produce on 100 acres if you do this kind of ... again, give each species what it wants, let it realize its desires, its physiological distinctiveness. Put that in play.
Vous savez, on entend, "Le biologique peut-il nourrir le monde?" Et bien, voyez combien de nourriture on peut produire sur 40 hectares si on fait ce genre de -- à nouveau, on donne à chaque espèce ce dont elle a besoin. On lui permet de répondre à ses désirs, à son caractère distinctif. Mettons ça en œuvre.
But look at it from the point of view of the grass, now. What happens to the grass when you do this? When a ruminant grazes grass, the grass is cut from this height to this height, and it immediately does something very interesting. Any one of you who gardens knows that there is something called the root-shoot ratio, and plants need to keep the root mass in some rough balance with the leaf mass to be happy. So when they lose a lot of leaf mass, they shed roots; they kind of cauterize them and the roots die. And the species in the soil go to work basically chewing through those roots, decomposing them -- the earthworms, the fungi, the bacteria -- and the result is new soil. This is how soil is created. It's created from the bottom up. This is how the prairies were built, the relationship between bison and grasses.
Mais regardons les choses du point de vue de l'herbe, maintenant. Qu'arrive-t-il à l'herbe quand on fait cela? Lorsqu'un ruminant broute l'herbe, l'herbe est coupée de cette hauteur à cette hauteur. Et, immédiatement elle fait quelque chose de très intéressant. Les jardiniers dans la salle savent qu'il existe ce que l'on appelle le ratio racines-pousses. Et les plantes ont besoin de maintenir la quantité de racines en équilibre avec le volume des feuilles pour être heureuses. Ainsi lorsqu'elles perdent leur volume de feuilles elles perdent des racines. Elles les cautérisent en quelque sorte et les racines meurent. Et les espèces dans le sol se mettent au travail, essentiellement en mâchant ces racines, en les décomposant -- les vers de terre, le fongus, les bactéries -- et le résultat est un sol renouvelé. C'est ainsi que le sol se crée. Il se crée du bas vers le haut. C'est ainsi que les prairies sont apparues, la relation entre les bisons et les herbes.
And what I realized when I understood this -- and if you ask Joel Salatin what he is, he'll tell you he's not a chicken farmer, he's not a sheep farmer, he's not a cattle rancher; he's a grass farmer, because grass is really the keystone species of such a system -- is that, if you think about it, this completely contradicts the tragic idea of nature we hold in our heads, which is that for us to get what we want, nature is diminished. More for us, less for nature. Here, all this food comes off this farm, and at the end of the season there is actually more soil, more fertility and more biodiversity.
Et ce dont je me suis rendu compte lorsque j'ai compris cela -- et si on demande à Joel Salatin ce qu'il est, il vous dira qu'il n'est pas un éleveur de poulets, pas un éleveur de moutons, pas un éleveur de bétail, il est un producteur d'herbe, car l'herbe est réellement la clé-de-voute d'un tel système -- cela, en y pensant bien, contredit carrément l'idée tragique de la nature que nous avons en tête, qui est que pour obtenir ce que l'on veut, la nature est diminuée. Plus pour nous, moins pour la nature. Ici, toute cette nourriture est produite dans cette ferme, et à la fin de la saison il y a plus de sol, plus de fertilité et plus de biodiversité.
It's a remarkably hopeful thing to do. There are a lot of farmers doing this today. This is well beyond organic agriculture, which is still a Cartesian system, more or less. And what it tells you is that if you begin to take account of other species, take account of the soil, that even with nothing more than this perspectival idea -- because there is no technology involved here except for those fences, which are so cheap they could be all over Africa in no time -- that we can take the food we need from the Earth and actually heal the Earth in the process.
C'est un projet remarquablement porteur d'espoir. Il y a beaucoup d'agriculteurs qui le font aujourd'hui. Cela va bien plus loin que l'agriculture biologique, qui est encore un système Cartésien, plus ou moins. Et cela nous apprend que si on tient compte des autres espèces, on tient compte du sol, et que même avec rien de plus que cette perspective car il n'y a pas besoin de technologie sauf pour les clôtures, vous savez, elles sont si bon marché qu'elles pourraient être disséminées dans toute l'Afrique en peu de temps -- et que l'on peut, on peut obtenir la nourriture dont on a besoin de la Terre, et en même temps pendre soin de la Terre.
This is a way to reanimate the world, and that's what's so exciting about this perspective. When we really begin to feel Darwin's insights in our bones, the things we can do with nothing more than these ideas are something to be very hopeful about.
C'est une façon de réanimer le monde. C'est ce qui est exaltant avec cette perspective. Lorsque nous commençons à sentir les découvertes de Darwin dans nos os, les choses que l'on peut faire avec rien de plus que ces idées est quelque chose de très encourageant.
Thank you very much.
Merci beaucoup.