Every day, I listen to harrowing stories of people fleeing for their lives, across dangerous borders and unfriendly seas. But there's one story that keeps me awake at night, and it's about Doaa.
Chaque jour, j'écoute les histoires douloureuses des gens qui fuient pour sauver leur vie, à travers les frontières dangereuses et les mers hostiles. Mais il y a une histoire qui me tient éveillée la nuit, et elle parle de Doaa.
A Syrian refugee, 19 years old, she was living a grinding existence in Egypt working day wages. Her dad was constantly thinking of his thriving business back in Syria that had been blown to pieces by a bomb. And the war that drove them there was still raging in its fourth year. And the community that once welcomed them there had become weary of them. And one day, men on motorcycles tried to kidnap her. Once an aspiring student thinking only of her future, now she was scared all the time.
Une réfugiée syrienne de 19 ans, Doaa vivait une existence pénible en Égypte, travaillant pour un salaire minimum. Son père pensait constamment à son affaire florissante en Syrie qui avait été réduite en miettes par une bombe. La guerre qui les avait conduits là-bas faisait rage depuis quatre ans. Et la communauté qui les avait un jour accueillis était devenue méfiante à leur égard. Et un jour, des hommes à moto ont essayé de la kidnapper. Autrefois une future étudiante qui ne songeait qu'à son futur, elle vivait désormais dans une peur constante.
But she was also full of hope, because she was in love with a fellow Syrian refugee named Bassem. Bassem was also struggling in Egypt, and he said to Doaa, "Let's go to Europe; seek asylum, safety. I will work, you can study -- the promise of a new life." And he asked her father for her hand in marriage.
Mais elle avait aussi pleine d'espoir, car elle était amoureuse d'un autre réfugié syrien du nom de Bassem. Bassem éprouvait aussi des difficultés en Égypte, et il dit à Doaa : « Allons en Europe ; chercher un refuge et la sécurité. Je vais travailler, tu pourras étudier » — la promesse d'une nouvelle vie. Et il demanda sa main à son père.
But they knew to get to Europe they had to risk their lives, traveling across the Mediterranean Sea, putting their hands in smugglers', notorious for their cruelty. And Doaa was terrified of the water. She always had been. She never learned to swim.
Mais ils savaient que pour aller en Europe, ils devraient risquer leurs vies, voyageant de l'autre côté de la Mer Méditerranée, mettant leur sort entre les mains des passeurs, réputés pour leur cruauté. Et Doaa avait terriblement peur de l'eau. Elle l'avait toujours été. Elle n'a jamais appris à nager.
It was August that year, and already 2,000 people had died trying to cross the Mediterranean, but Doaa knew of a friend who had made it all the way to Northern Europe, and she thought, "Maybe we can, too." So she asked her parents if they could go, and after a painful discussion, they consented, and Bassem paid his entire life savings -- 2,500 dollars each -- to the smugglers.
C'était le mois d'août cette année-là, et 2000 personnes étaient déjà mortes en essayant de travers la Méditerranée, mais Noaa connaissait un ami qui avait réussi à atteindre l'Europe du Nord, et elle pensait : « Peut-être qu'on peut, nous aussi. » Alors elle demanda à ses parents s'ils pouvaient partir, et après une discussion difficile, ils consentirent, et Bassem donna ses économies de toute une vie — 2500 dollars chacun — aux passeurs.
It was a Saturday morning when the call came, and they were taken by bus to a beach, hundreds of people on the beach. They were taken then by small boats onto an old fishing boat, 500 of them crammed onto that boat, 300 below, [200] above. There were Syrians, Palestinians, Africans, Muslims and Christians, 100 children, including Sandra -- little Sandra, six years old -- and Masa, 18 months. There were families on that boat, crammed together shoulder to shoulder, feet to feet. Doaa was sitting with her legs crammed up to her chest, Bassem holding her hand.
C'était un samedi matin lorsqu'ils furent appelés, et on les amena en bus sur une plage, des centaines de gens sur la plage. Des petits bateaux les amenèrent alors à un vieux bateau de pêche, 500 d'entre eux étaient entassés sur ce bateau, 300 en dessous, 500 sur le pont. Il y avait des Syriens, des Palestiniens, des Africains, des Musulmans et des Chrétiens, 100 enfants, y compris Sandra — petite Sandra, 6 ans — et Masa, 18 mois. Il y avait des familles sur ce bateau, entassées, épaules contre épaules, pieds contre pieds. Doaa était assise avec ses jambes pliées contre sa poitrine, Bassam lui tenant la main.
Day two on the water, they were sick with worry and sick to their stomachs from the rough sea.
Le deuxième jour en mer, ils étaient malades d'inquiétude et malades à l'estomac à cause de la mer agitée.
Day three, Doaa had a premonition. And she said to Bassem, "I fear we're not going to make it. I fear the boat is going to sink." And Bassem said to her, "Please be patient. We will make it to Sweden, we will get married and we will have a future."
Le troisième jour, Doaa eut une prémonition. Et elle dit à Bassem : « Je crains que l'on n'y arrive pas. Je crains que le bateau coule. » Et Bassem lui dit : « S'il te plaît, sois patiente. On va arriver en Suède, on va se marier, et on aura un futur. »
Day four, the passengers were getting agitated. They asked the captain, "When will we get there?" He told them to shut up, and he insulted them. He said, "In 16 hours we will reach the shores of Italy." They were weak and weary. Soon they saw a boat approach -- a smaller boat, 10 men on board, who started shouting at them, hurling insults, throwing sticks, asking them to all disembark and get on this smaller, more unseaworthy boat. The parents were terrified for their children, and they collectively refused to disembark. So the boat sped away in anger, and a half an hour later, came back and started deliberately ramming a hole in the side of Doaa's boat, just below where she and Bassem were sitting. And she heard how they yelled, "Let the fish eat your flesh!" And they started laughing as the boat capsized and sank.
Le quatrième jour, les passagers commençaient à s'agiter. Ils demandèrent au capitaine : « Quand arriverons-nous ? » Il leur dit de la fermer, et il les insulta. Il dit : « Dans 16 heures, nous atteindrons les côtes d'Italie. » Ils étaient faibles et méfiants. Bientôt ils virent un bateau approcher — plus petit, avec dix hommes à bord, qui commencèrent à leur crier après, à leur lancer des injures, à jeter des bâtons, leur demandant de tous débarquer et de monter sur l'autre bateau, plus petit et en plus mauvais état. Les parents avaient peur pour leurs enfants, et ils refusèrent tous ensemble de débarquer. Alors le bateau partit furieusement et à toute vitesse, et une demi-heure plus tard, revint et commença délibérément à percuter le bateau de Doaa et à faire un trou, juste en-dessous d'où ils étaient assis, Bassam et elle. Et elle entendit leurs cris : « Que les poissons mangent votre chair ! » Et ils commencèrent à rire tandis que le bateau chavira et se mit à couler.
The 300 people below deck were doomed. Doaa was holding on to the side of the boat as it sank, and watched in horror as a small child was cut to pieces by the propeller. Bassem said to her, "Please let go, or you'll be swept in and the propeller will kill you, too." And remember -- she can't swim. But she let go and she started moving her arms and her legs, thinking, "This is swimming." And miraculously, Bassem found a life ring. It was one of those child's rings that they use to play in swimming pools and on calm seas. And Doaa climbed onto the ring, her arms and her legs dangling by the side. Bassem was a good swimmer, so he held her hand and tread water. Around them there were corpses. Around 100 people survived initially, and they started coming together in groups, praying for rescue. But when a day went by and no one came, some people gave up hope, and Doaa and Bassem watched as men in the distance took their life vests off and sank into the water.
Les 300 personnes sous le pont étaient condamnées. Doaa se retenait au côté du bateau tandis qu'il coulait, et regarda avec horreur un petit enfant se faire déchiqueter par l'hélice. Bassem lui dit : « S'il te plaît, lâche, ou tu vas être aspirée et l'hélice te tuera aussi. » Et souvenez-vous — elle ne sait pas nager. Mais elle lâcha prise et commença à bouger ses bras et ses jambes, pensant : « C'est ça, nager. » Miraculeusement, Bassam trouva une bouée de sauvetage. C'était l'une de ces bouées pour enfants avec lesquelles ils jouent dans les piscines et les eaux calmes. Doaa grimpa sur la bouée, ses bras et ses jambes ballants sur le côté. Bassem était un bon nageur, alors il lui tint la main et avança dans l'eau. Autour d'eux, il y avait des corps. Environ 100 personnes avaient initialement survécu, et ils commencèrent à se regrouper, priant pour des secours. Mais lorsqu'une journée passa et que personne ne vint, certains perdirent espoir. et Doaa et Bassam virent des hommes au loin enlever leurs gilets de sauvetage et disparaître dans l'eau.
One man approached them with a small baby perched on his shoulder, nine months old -- Malek. He was holding onto a gas canister to stay afloat, and he said to them, "I fear I am not going to survive. I'm too weak. I don't have the courage anymore." And he handed little Malek over to Bassem and to Doaa, and they perched her onto the life ring. So now they were three, Doaa, Bassem and little Malek.
Un homme s'avança vers eux, un bébé assis sur son épaule, âgée de neuf mois — Malek. Il se tenait à un bidon d'essence pour rester à flot, et il leur dit : « Je crains de ne pas survivre. Je suis trop faible. Je n'ai plus le courage. » Et il passa la petite Malek à Bassem et Doaa, et il la posèrent sur la bouée de sauvetage. Ils étaient trois désormais, Doaa, Bassem et la petite Malek.
And let me take a pause in this story right here and ask the question: why do refugees like Doaa take these kinds of risks? Millions of refugees are living in exile, in limbo. They're living in countries [fleeing] from a war that has been raging for four years. Even if they wanted to return, they can't. Their homes, their businesses, their towns and their cities have been completely destroyed. This is a UNESCO World Heritage City, Homs, in Syria. So people continue to flee into neighboring countries, and we build refugee camps for them in the desert. Hundreds of thousands of people live in camps like these, and thousands and thousands more, millions, live in towns and cities. And the communities, the neighboring countries that once welcomed them with open arms and hearts are overwhelmed. There are simply not enough schools, water systems, sanitation. Even rich European countries could never handle such an influx without massive investment. The Syria war has driven almost four million people over the borders, but over seven million people are on the run inside the country. That means that over half the Syrian population has been forced to flee. Back to those neighboring countries hosting so many. They feel that the richer world has done too little to support them. And days have turned into months, months into years. A refugee's stay is supposed to be temporary.
Laissez-moi faire une pause à ce moment de l'histoire et poser la question : pourquoi les réfugiés tels que Doaa prennent ce genre de risques ? Des millions de réfugiés vivent en exil, dans l'oubli. Ils vivent des pays, échappant une guerre qui fait rage depuis quatre ans. Même s'ils voulaient revenir, ils ne le pourraient pas. Leurs maisons, leurs entreprises, leurs villages et leurs villes ont été complètement détruits. Voici une ville inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, Homs, en Syrie. Alors les gens continuent de fuir vers les pays voisins, et nous construisons pour eux des camps de réfugiés dans le désert. Des centaines de milliers de gens vivent dans des camps de ce genre, et des milliers et milliers d'autres, des millions, vivent dans des villages et dans des villes. Et les communautés, les pays voisins qui les ont accueillis un jour à bras ouverts, sont dépassés. Il n'y a tout simplement pas assez d'écoles, de réseaux d'eau et d'installations sanitaires. Même les riches pays d'Europe ne pourraient jamais gérer un tel afflux sans un investissement colossal. La guerre en Syrie a conduit près de 4 millions de gens hors des frontières, mais plus de 7 millions de gens sont en fuite à l'intérieur du pays. Ce qui signifie que plus de la moitié de la population syrienne a été forcée de s'enfuir. Revenons à ces pays voisins qui hébergent tant de réfugiés. Ils pensent que le monde plus riche a fait trop peu pour leur venir en aide. Les jours se sont transformés en mois, les mois en années. Un séjour de réfugié est censé être temporaire.
Back to Doaa and Bassem in the water. It was their second day, and Bassem was getting very weak. And now it was Doaa's turn to say to Bassem, "My love, please hold on to hope, to our future. We will make it." And he said to her, "I'm sorry, my love, that I put you in this situation. I have never loved anyone as much as I love you." And he released himself into the water, and Doaa watched as the love of her life drowned before her eyes.
Revenons à Doaa et Bassem dans l'eau. C'était leur deuxième jour, et Bassem s'affaiblissait. À présent, c'était au tour de Doaa de dire à Bassem : « Mon amour, s'il te plaît, garde espoir, pense à notre futur. On y arrivera. » Et il lui dit : « Je suis désolé, mon amour, de t'avoir mis dans cette situation. Je n'ai jamais aimé quelqu'un autant que je t'aime. » Et il se laissa aller dans l'eau, et Doaa vit l'amour de sa vie se noyer sous ses yeux.
Later that day, a mother came up to Doaa with her small 18-month-old daughter, Masa. This was the little girl I showed you in the picture earlier, with the life vests. Her older sister Sandra had just drowned, and her mother knew she had to do everything in her power to save her daughter. And she said to Doaa, "Please take this child. Let her be part of you. I will not survive." And then she went away and drowned.
Plus tard dans la journée, une mère s'approcha de Doaa avec sa petite fille de 18 mois, Masa. C'est la petite fille que je vous ai montrée auparavant, avec les gilets de sauvetage. Sa sœur aînée, Sandra, venait de se noyer, et sa mère sut qu'elle devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour sauver sa fille. Elle dit à Doaa : « S'il vous plaît, prenez cette enfant. Laissez-la faire partie de vous. Je ne survivrai pas. » Puis elle partit et se noya.
So Doaa, the 19-year-old refugee who was terrified of the water, who couldn't swim, found herself in charge of two little baby kids. And they were thirsty and they were hungry and they were agitated, and she tried her best to amuse them, to sing to them, to say words to them from the Quran. Around them, the bodies were bloating and turning black. The sun was blazing during the day. At night, there was a cold moon and fog. It was very frightening. On the fourth day in the water, this is how Doaa probably looked on the ring with her two children.
Alors Doaa, une réfugiée de 19 ans qui avait peur de l'eau, qui ne savait pas nager, se trouva responsable de deux petits bébés. Elles avaient soif, elles avaient faim et elles étaient agitées. Elle fit de son mieux pour les distraire, pour leur chanter des chansons, leur dire des mots du Coran. Autour d'elles, les corps gonflaient et noircissaient. Le jour, le soleil était éclatant. La nuit, il y avait une lune froide et du brouillard. C'était très effrayant. Le quatrième jour dans l'eau, c'est sûrement ce à quoi Doaa ressemblait sur la bouée avec ses deux enfants.
A woman came on the fourth day and approached her and asked her to take another child -- a little boy, just four years old. When Doaa took the little boy and the mother drowned, she said to the sobbing child, "She just went away to find you water and food." But his heart soon stopped, and Doaa had to release the little boy into the water.
Une femme vint le quatrième jour et s'approcha d'elle, et lui demanda de prendre un autre enfant — un petit garçon, de tout juste quatre ans. Lorsque Doaa prit le petit garçon et que sa mère se noya, elle dit à l'enflant qui pleurait : « Elle est juste partie pour te trouver de l'eau et de la nourriture. » Mais son cœur s'arrêta rapidement, et Doaa dut lâcher le petit garçon dans l'eau.
Later that day, she looked up into the sky with hope, because she saw two planes crossing in the sky. And she waved her arms, hoping they would see her, but the planes were soon gone.
Un peu plus tard, elle regarda vers le ciel avec espoir, parce qu'elle vit deux avions traverser le ciel. Et elle agita les bras, espérant qu'ils la voient, mais ils disparurent rapidement.
But that afternoon, as the sun was going down, she saw a boat, a merchant vessel. And she said, "Please, God, let them rescue me." She waved her arms and she felt like she shouted for about two hours. And it had become dark, but finally the searchlights found her and they extended a rope, astonished to see a woman clutching onto two babies.
Mais cet après-midi, pendant le coucher du soleil, elle vit un bateau, un navire marchand. Elle dit : « S'il te plaît, Dieu, fais qu'ils viennent à mon secours. » Elle agita les bras et eut l'impression de crier pendant deux heures. Il faisait nuit, mais enfin les projecteurs la trouvèrent et ils lui lancèrent une corde, stupéfiés de voir une femme serrant deux bébés.
They pulled them onto the boat, they got oxygen and blankets, and a Greek helicopter came to pick them up and take them to the island of Crete.
Ils les firent monter à bord, on leur donna oxygène et couvertures, et un hélicoptère grec vint les chercher et les amener en Crète.
But Doaa looked down and asked, "What of Malek?" And they told her the little baby did not survive -- she drew her last breath in the boat's clinic. But Doaa was sure that as they had been pulled up onto the rescue boat, that little baby girl had been smiling.
Mais Doaa baissa les yeux et demanda : « Et Malek ? » Ils lui dirent que le petit bébé n'avait pas survécu — elle a rendu son dernier soupir dans la clinique du bateau. Mais Doaa était sûre qu'en montant sur le bateau, la petite fille souriait.
Only 11 people survived that wreck, of the 500. There was never an international investigation into what happened. There were some media reports about mass murder at sea, a terrible tragedy, but that was only for one day. And then the news cycle moved on.
Seulement 11 personnes survécurent à ce naufrage, sur 500. Il n'y a jamais eu d'enquête internationale sur cet incident. Il y a eu quelques comptes-rendus dans les médias sur un massacre en mer, une terrible tragédie, mais ça n'a duré qu'une journée. Puis le cycle des actualités passa à autre chose.
Meanwhile, in a pediatric hospital on Crete, little Masa was on the edge of death. She was really dehydrated. Her kidneys were failing. Her glucose levels were dangerously low. The doctors did everything in their medical power to save them, and the Greek nurses never left her side, holding her, hugging her, singing her words. My colleagues also visited and said pretty words to her in Arabic. Amazingly, little Masa survived.
Pendant ce temps, dans un hôpital pédiatrique en Crète, la petite Masa était au seuil de la mort. Elle était très déshydratée. Ses reins étaient faibles. Son taux de glucose était dangereusement faible. Les médecins firent tout ce qui était en leur pouvoir pour la sauver, et les infirmières grecques n'ont jamais quitté son chevet, la serrant dans leurs bras, lui chantant des chansons. Mes collègues visitèrent aussi et lui dirent de jolis mots en arabe. De façon incroyable, la petite Masa survécut.
And soon the Greek press started reporting about the miracle baby, who had survived four days in the water without food or anything to drink, and offers to adopt her came from all over the country.
Bientôt, la presse grecque commença à rendre compte du miracle, du bébé qui avait survécu quatre jours dans l'eau sans nourriture et sans rien à boire, et des offres d'adoption arrivèrent de tout le pays.
And meanwhile, Doaa was in another hospital on Crete, thin, dehydrated. An Egyptian family took her into their home as soon as she was released. And soon word went around about Doaa's survival, and a phone number was published on Facebook. Messages started coming in.
Pendant ce temps, Doaa était dans un autre hôpital en Crète, maigre, déshydratée. Une famille égyptienne l’accueillit dès sa sortie. Bientôt, il y eut vent de la survie de Doaa, et un numéro de téléphone fut publié sur Facebook. Des messages commencèrent à arriver.
"Doaa, do you know what happened to my brother? My sister? My parents? My friends? Do you know if they survived?"
« Doaa, sais-tu ce qui est arrivé à mon frère ? Ma sœur ? Mes parents ? Mes amis ? Sais-tu s'ils ont survécu ? »
One of those messages said, "I believe you saved my little niece, Masa." And it had this photo. This was from Masa's uncle, a Syrian refugee who had made it to Sweden with his family and also Masa's older sister. Soon, we hope, Masa will be reunited with him in Sweden, and until then, she's being cared for in a beautiful orphanage in Athens.
L'un de ces messages disait : « Je crois que vous avez sauvé ma petite nièce, Masa. » Et il y avait cette photo. Le message venait de l'oncle de Masa, un réfugié syrien qui était arrivé en Suède avec sa famille et la sœur aînée de Masa. Nous espérons que bientôt, Masa puisse être réunie avec lui en Suède, et en attendant, un bel orphelinat d'Athènes s'occupe d'elle.
And Doaa? Well, word went around about her survival, too. And the media wrote about this slight woman, and couldn't imagine how she could survive all this time under such conditions in that sea, and still save another life. The Academy of Athens, one of Greece's most prestigious institutions, gave her an award of bravery, and she deserves all that praise, and she deserves a second chance. But she wants to still go to Sweden. She wants to reunite with her family there. She wants to bring her mother and her father and her younger siblings away from Egypt there as well, and I believe she will succeed. She wants to become a lawyer or a politician or something that can help fight injustice. She is an extraordinary survivor.
Et Doaa ? Eh bien, on parla aussi de sa survie. Les médias écrivirent à propos de cette femme frêle, et ne pouvaient pas imaginer comment elle avait pu survivre tout ce temps dans de telles conditions, dans cette mer, et malgré tout, sauver une autre vie. L'Académie d'Athènes, l'une des institutions les plus prestigieuses de Grèce, lui décerna la médaille du courage, et elle mérite toutes ces louanges, et elle mérite une deuxième chance. Mais elle veut toujours aller en Suède. Elle veut être réunie avec sa famille là-bas. Elle veut emmener sa mère, son père et ses jeunes frères et sœurs loin de l'Égypte également, et je crois qu'elle y arrivera. Elle veut devenir avocate ou femme politique, ou quelque chose pour pouvoir aider à combattre l'injustice. C'est une survivante extraordinaire.
But I have to ask: what if she didn't have to take that risk? Why did she have to go through all that? Why wasn't there a legal way for her to study in Europe? Why couldn't Masa have taken an airplane to Sweden? Why couldn't Bassem have found work? Why is there no massive resettlement program for Syrian refugees, the victims of the worst war of our times? The world did this for the Vietnamese in the 1970s. Why not now? Why is there so little investment in the neighboring countries hosting so many refugees? And why, the root question, is so little being done to stop the wars, the persecution and the poverty that is driving so many people to the shores of Europe? Until these issues are resolved, people will continue to take to the seas and to seek safety and asylum.
Mais je dois demander : et si elle n'avait pas eu à prendre ce risque ? Pourquoi a-t-elle dû endurer tout ceci ? Pourquoi ne pouvait-elle pas venir étudier en Europe par voie légale ? Pourquoi Masa n'a-t-elle pas pu prendre un avion pour la Suède ? Pourquoi Bassem n'aurait-il pas pu trouver de travail ? Pourquoi n'y a-t-il pas d'important programme de relocalisation pour les réfugiés syriens, victimes de la pire guerre de notre époque ? Le monde l'a fait pour les Vietnamiens dans les années 70. Pourquoi pas maintenant ? Pourquoi y a-t-il si peu d'investissement dans les pays voisins qui hébergent tant de réfugiés ? Et pourquoi, la question fondamentale, fait-on si peu pour arrêter les guerres, la persécution et la pauvreté qui conduisent tant de gens sur les côtes de l'Europe ? Jusqu'à ce que ces problèmes soient résolus, les gens continueront de partir en mer et de chercher la sécurité et le droit d'asile.
And what happens next? Well, that is largely Europe's choice. And I understand the public fears. People are worried about their security, their economies, the changes of culture. But is that more important than saving human lives? Because there is something fundamental here that I think overrides the rest, and it is about our common humanity. No person fleeing war or persecution should have to die crossing a sea to reach safety.
Et ensuite ? C'est en grande partie le choix de l'Europe. Et je comprends les peurs du public. Les gens s'inquiètent pour leur sécurité, leur économie, le changement de culture. Mais est-ce plus important que sauver des vies humaines ? Parce qu'il y a quelque chose de fondamental ici, qui je crois dépasse le reste, et c'est notre humanité commune. Quiconque fuyant la guerre ou la persécution ne devrait pas mourir en traversant une mer pour parvenir en lieu sûr.
(Applause)
(Applaudissements)
One thing is for sure, that no refugee would be on those dangerous boats if they could thrive where they are. And no migrant would take that dangerous journey if they had enough food for themselves and their children. And no one would put their life savings in the hands of those notorious smugglers if there was a legal way to migrate.
Une chose est sûre, pas un réfugié ne serait à bord de ces bateaux dangereux s'ils pouvaient prospérer là où ils sont. Pas un migrant ne ferait ce voyage dangereux s'ils avaient assez de nourriture, pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Et personne ne mettrait ses économies d'une vie dans les mains de ces fameux passeurs s'il y avait un moyen légal de migrer.
So on behalf of little Masa and on behalf of Doaa and of Bassem and of those 500 people who drowned with them, can we make sure that they did not die in vain? Could we be inspired by what happened, and take a stand for a world in which every life matters?
Au nom de la petite Masa, au nom de Doaa, et de Bassem, et de ces 500 personnes qui se sont noyées avec eux, peut-on s'assurer qu'ils ne soient pas morts en vain ? Pouvons-nous nous inspirer de ce qui s'est passé, et prendre position pour un monde dans lequel chaque vie compte ?
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)