Let's go back to 1957. Representatives from six European countries had come to Rome to sign the treaty that was to create the European Union. Europe was destroyed. A world war had emerged from Europe. The human suffering was unbelievable and unprecedented. Those men wanted to create a peaceful, democratic Europe, a Europe that works for its people.
Retournons en 1957. Des représentants des six pays européens sont arrivés à Rome afin de signer le traité de création de l'Union Européenne. L'Europe était détruite. Une guerre mondiale était apparue en Europe. La souffrance humaine était incroyable et sans précédent. Ces hommes voulaient créer une Europe démocratique en paix, une Europe qui fonctionne pour ses habitants.
And one of the many building blocks in that peace project was a common European market. Already back then, they saw how markets, when left to themselves, can sort of slip into being just the private property of big businesses and cartels, meeting the needs of some businesses and not the needs of customers.
Et un des nombreux constituants de ce projet de paix était un marché commun européen. Déjà à cette époque, ils voyaient comment les marchés, lorsqu'ils sont laissés à eux-mêmes, peuvent devenir insensiblement la seule propriété privée des grandes entreprises et des cartels, répondant aux besoins d'un petit nombre d'entreprises mais pas aux besoins des clients.
So from our very first day, in 1957, the European Union had rules to defend fair competition. And that means competition on the merits, that you compete on the quality of your products, the prices you can offer, the services, the innovation that you produce. That's competition on the merits. You have a fair chance of making it on such a market. And it's my job, as Commissioner for Competition, to make sure that companies who do business in Europe live by those rules.
Donc, dès le tout premier jour, en 1957, l'Union Européenne avait des règles pour défendre la concurrence loyale. Il s'agit de la concurrence basée sur les mérites : vous faites concurrence sur le plan de la qualité de vos produits, des prix que vous pouvez offrir, des services et des innovations que vous créez. C'est cela, la compétition sur les mérites. Dans un tel marché, vous avez des chances égales de réussir. Et c'est mon travail, en tant que commissaire à la concurrence, de faire en sorte que les entreprises qui font des affaires en Europe suivent ces règles.
But let's take a step back. Why do we need rules on competition at all? Why not just let businesses compete? Isn't that also the best for us if they compete freely, since more competition drives more quality, lower prices, more innovation? Well, mostly it is. But the problem is that sometimes, for businesses, competition can be inconvenient, because competition means that the race is never over, the game is never won. No matter how well you were doing in the past, there's always someone who are out there wanting to take your place. So the temptation to avoid competition is powerful. It's rooted in motives as old as Adam and Eve: in greed for yet more money, in fear of losing your position in the market and all the benefits it brings.
Mais, prenons du recul. Pourquoi avons-nous besoin de règles en matière de concurrence ? Pourquoi ne pas laisser simplement les entreprises se concurrencer ? N'est-ce pas aussi ce qu'il y a de mieux pour nous, qu'ils se concurrencent librement, vu que plus de concurrence entraîne plus de qualité, des prix plus bas, plus d'innovation ? Eh bien, généralement, c'est le cas. Mais le problème est que, parfois, pour les entreprises, la concurrence peut être... gênante. Parce que la concurrence implique que la course n'est jamais finie, que le jeu n'est jamais gagné. Quel que soit votre degré de réussite dans le passé, il y a toujours quelqu'un, là, désireux de prendre votre place. Donc, la tentation d'éviter la concurrence est très grande. Elle a ses racines dans des raisons aussi vieilles qu'Adam et Ève : l'avidité pour toujours plus d'argent, la peur de perdre notre position sur le marché et tous les bénéfices qu'elle apporte.
And when greed and fear are linked to power, you have a dangerous mix. We see that in political life. In part of the world, the mix of greed and fear means that those who get power become reluctant to give it back. One of the many things I like and admire in our democracies are the norms that make our leaders hand over power when voters tell them to. And competition rules can do a similar thing in the market, making sure that greed and fear doesn't overcome fairness. Because those rules mean that companies cannot misuse their power to undermine competition.
Quand cupidité et peur sont associées au pouvoir, vous obtenez une combinaison dangereuse. Nous observons cela dans la vie politique. Dans certaines parties du monde, le mélange de cupidité et de peur signifie que ceux qui ont obtenu du pouvoir sont alors peu disposés à le rendre. Une des nombreuses choses que j'aime et admire dans nos démocraties, ce sont les normes qui conduisent nos dirigeants à céder le pouvoir quand les électeurs le leur demandent. En fait, les règles de concurrence peuvent faire la même chose sur le marché, veiller à ce que cupidité et peur n'outrepassent pas les règles d'équité. Car ces règles veulent dire que les entreprises ne peuvent pas abuser de leur pouvoir pour éliminer la concurrence.
Think for a moment about your car. It has thousands of parts, from the foam that makes the seats to the electrical wiring to the light bulbs. And for many of those parts, the world's carmakers, they are dependent on only a few suppliers. So it's hardly surprising that it is kind of tempting for those suppliers to come together and fix prices. But just imagine what that could do to the final price of your new car in the market. Except, it's not imaginary. The European Commission has dealt with already seven different car parts cartels, and we're still investigating some. Here, the Department of Justice are also looking into the market for car parts, and it has called it the biggest criminal investigation it has ever pursued. But without competition rules, there would be no investigation, and there would be nothing to stop this collusion from happening and the prices of your car to go up.
Pensez un instant à votre voiture. Elle a des milliers de pièces, de la mousse qui constitue les sièges au câblage électrique, aux lampes... Et pour nombre de ces pièces, les constructeurs automobiles mondiaux dépendent d'un petit nombre seulement de fournisseurs. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que ces fournisseurs soient quelque peu tentés de s'unir et fixer les prix. Mais imaginez les conséquences sur le prix final de votre nouvelle voiture sur le marché. Sauf que, ce n'est pas imaginaire. La Commission Européenne a déjà affaire à sept cartels de pièces automobiles différents, et nous sommes encore en train d'enquêter sur certains. Ici, le Département de la Justice est aussi en train de faire l'examen du marché des pièces automobiles, et il l'a appelé « la plus grande enquête criminelle qu'il ait jamais poursuivie. » Mais sans règles de concurrence, il n'y aurait aucune enquête, et rien n'arrêterait la formation de cette collusion, ni l'augmentation du prix de votre voiture.
Yet it's not only companies who can undermine fair competition. Governments can do it, too. And governments do that when they hand out subsidies to just the favorite few, the selected. They may do that when they hand out subsidies -- and, of course, all financed by taxpayers -- to companies. That may be in the form of special tax treatments, like the tax benefits that firms like Fiat, Starbucks and Apple got from some governments in Europe. Those subsidies stop companies from competing on equal terms. They can mean that the companies that succeed, well, they are the companies that got the most subsidy, the ones that are the best-connected, and not, as it should be, the companies that serve consumers the best. So there are times when we need to step in to make sure that competition works the way it should. By doing that, we help the market to work fairly, because competition gives consumers the power to demand a fair deal. It means that companies know that if they cannot offer good prices or the service that's expected, well, the customers will go somewhere else.
Mais, les entreprises ne sont pas seules à pourvoir saper la concurrence loyale. Les gouvernements le peuvent aussi. Et les gouvernements le font quand ils distribuent des subventions au petit nombre de favoris, les sélectionnés. Ils peuvent le faire en donnant des subventions - le tout financé, bien sûr, par les contribuables - aux entreprises, sous la forme, par exemple, de traitements fiscaux spéciaux, comme les avantages fiscaux alloués à des firmes telles que Fiat, Starbucks et Apple par certains gouvernements en Europe. Ces subventions empêchent les entreprises de se concurrencer sur un pied d'égalité. Elles peuvent impliquer que les compagnies qui réussissent sont les compagnies obtenant le plus de subventions, celles qui ont le plus de contacts, et non, comme il se devrait, les entreprises servant le mieux les consommateurs. Donc, il y a des moments où nous devons intervenir pour veiller à ce que la concurrence fonctionne comme elle le devrait. Ce faisant, nous aidons le marché à fonctionner de manière équitable, parce que la concurrence donne aux clients le pouvoir d'exiger une transaction juste. Cela signifie que les entreprises savent que si elles ne peuvent pas offrir de bons prix ou le service demandé, eh bien... les clients iront ailleurs.
And that sort of fairness is more important than we may sometimes realize. Very few people think about politics all the time. Some even skip it at election time. But we are all in the market. Every day, we are in the market. And we don't want businesses to agree on prices in the back office. We don't want them to divide the market between them. We don't want one big company just to shut out competitors from ever showing us what they can do.
Ce genre d'équité est plus important qu'on ne le croit parfois. Peu de gens pensent sans arrêt à la politique. Certains mêmes l'ignorent au moment des élections. Mais nous sommes tous dans le marché. Nous sommes dans le marché tous les jours. Nous ne voulons pas que les entreprises s'entendent sur les prix, dans le back office. Nous ne voulons pas qu'ils se partagent le marché. Nous ne voulons pas d'une seule grande compagnie excluant ses concurrents pour les empêcher de nous montrer ce qu'ils peuvent faire.
If that happens, well, obviously, we feel that someone has cheated us, that we are being ignored or taken for granted by the market. And that may undermine not only our trust in the market but also our trust in the society. In a recent survey, more than two-thirds of Europeans said that they had felt the effects of lack of competition: that the price for electricity was too high, that the price for the medicines they needed was too high, that they had no real choice if they wanted to travel by bus or by plane, or they got poor service from their internet provider. In short, they found that the market didn't treat them fairly. And that might seem like very small things, but they can give you this sense that the world isn't really fair. And they see the market, which was supposed to serve everyone, become more like the private property of a few powerful companies.
Quand cela arrive, alors bien sûr, nous avons l'impression que quelqu'un nous a trompés, que nous avons été ignorés ou tenus pour acquis par le marché. Cela peut compromettre non seulement notre confiance dans le marché mais aussi notre confiance dans la société. Dans une étude récente, plus des deux tiers des Européens disent qu'ils ont ressenti les effets du manque de compétition, que le prix de l'électricité était trop haut, que le prix des médicaments dont ils ont besoin était trop haut, qu'ils n'avaient pas de vrai choix s'ils voulaient voyager en bus ou en avion, ou qu'ils recevaient un service médiocre de la part de leur fournisseur internet. Bref, ils trouvaient que le marché ne les traitait pas équitablement. Certes, ces choses peuvent paraître très insignifiantes, mais elles peuvent vous donner l'impression que le monde n'est pas vraiment juste. Et ils voient le marché, qui était supposé servir tout le monde, devenir plutôt la propriété privée de quelques entreprises puissantes.
The market is not the society. Our societies are, of course, much, much more than the market. But lack of trust in the market can rub off on society so we lose trust in our society as well. And it may be the most important thing we have, trust. We can trust each other if we are treated as equals. If we are all to have the same chances, well, we all have to follow the same fundamental rules. Of course, some people and some businesses are more successful than others, but we do not trust in a society if the prizes are handed out even before the contest begins.
Le marché n'est pas la société. Nos sociétés sont, bien sûr, bien plus que le marché. Mais le manque de confiance dans le marché peut se répercuter sur la société, de telle sorte que nous perdons aussi confiance dans la société. Et la confiance, c'est peut-être la chose la plus importante que nous ayons. Nous pouvons nous faire mutuellement confiance si nous sommes traités en égaux, si nous avons tous les mêmes chances. Nous avons tous à suivre les mêmes règles fondamentales. Bien sûr, certaines personnes et quelques entreprises réussissent plus que d'autres, mais nous ne faisons pas confiance à une société si les prix sont remis avant même que la compétition ne commence.
And this is where competition rules come in, because when we make sure that markets work fairly, then businesses compete on the merits, and that helps to build the trust that we need as citizens to feel comfortable and in control, and the trust that allows our society to work. Because without trust, everything becomes harder. Just to live our daily lives, we need to trust in strangers, to trust the banks who keep our money, the builders who build our home, the electrician who comes to fix the wiring, the doctor who treats us when we're ill, not to mention the other drivers on the road, and everyone knows that they are crazy. And yet, we have to trust them to do the right thing. And the thing is that the more our societies grow, the more important trust becomes and the harder it is to build. And that is a paradox of modern societies. And this is especially true when technology changes the way that we interact. Of course, to some degree, technology can help us to build trust in one another with ratings systems and other systems that enable the sharing economy. But technology also creates completely new challenges when they ask us not to trust in other people but to trust in algorithms and computers.
C'est là que les règles de concurrence entrent en jeu. Car, quand vous veillez à ce que les marchés fonctionnent équitablement, les entreprises se concurrencent sur la base des mérites, ce qui contribue à créer la confiance dont nous avons besoin en tant que citoyens, pour nous sentir à l'aise et aux commandes, ainsi que la confiance qui permet à notre société de fonctionner. Parce que sans confiance, tout devient plus difficile. Dans notre vie quotidienne, nous avons besoin de faire confiance à des étrangers: faire confiance aux banques qui gardent notre argent, aux constructeurs qui bâtissent nos maisons, l’électricien qui vient réparer l'installation, le médecin qui nous soigne en cas de maladie, sans parler des autres conducteurs sur la route et tout le monde sait qu'ils sont fous. Et pourtant, nous devons compter sur eux pour faire le nécessaire. Et le fait est que plus nos sociétés grandissent, plus la confiance devient importante et plus il est difficile de l'installer. Et ceci est un paradoxe des sociétés modernes. C'est particulièrement vrai quand la technologie change la façon dont nous interagissons. La technologie nous aide, dans une certaine mesure, à instaurer la confiance entre nous par des systèmes de notation et autres, qui permettent l'économie du partage. Mais la technologie crée aussi des défis complètement nouveaux quand elle nous demande de ne pas faire confiance aux autres, mais de faire confiance aux algorithmes et aux ordinateurs.
Of course, we all see and share and appreciate all the good that new technology can do us. It's a lot of good. Autonomous cars can give people with disabilities new independence. It can save us all time, and it can make a much, much better use of resources. Algorithms that rely on crunching enormous amounts of data can enable our doctors to give us a much better treatment, and many other things. But no one is going to hand over their medical data or step into a car that's driven by an algorithm unless they trust the companies that they are dealing with. And that trust isn't always there. Today, for example, less than a quarter of Europeans trust online businesses to protect their personal information.
Bien sûr, nous voyons tous, partageons et apprécions tout le bien que les technologies nouvelles nous apportent. Il y a beaucoup de bon. La voiture autonome offre une nouvelle indépendance aux personnes handicapées. Elle nous sauve la vie constamment et utilise beaucoup mieux les ressources. Les algorithmes s'appuyant sur l'analyse d'une énorme quantité de données peuvent permettre aux médecins de nous donner un meilleur traitement, et bien d'autres choses encore. Mais personne ne va transmettre ses informations médicales ni monter dans une voiture conduite par un algorithme, sans faire confiance aux entreprises avec lesquelles elle traite. Et cette confiance n'est pas toujours là. Aujourd'hui, par exemple, moins d'un quart des Européens font confiance aux entreprises en ligne pour protéger leurs informations personnelles.
But what if people knew that they could rely on technology companies to treat them fairly? What if they knew that those companies respond to competition by trying to do better, by trying to serve consumers better, not by using their power to shut out competitors, say, by pushing their services far, far down the list of search results and promoting themselves? What if they knew that compliance with the rules was built into the algorithms by design, that the algorithm had to go to competition rules school before they were ever allowed to work, that those algorithms were designed in a way that meant that they couldn't collude, that they couldn't form their own little cartel in the black box they're working in?
Mais, que se passerait-il si les gens savaient qu'ils peuvent compter sur les sociétés de technologie pour les traiter équitablement ? Que se passerait-il s'ils savaient que ces compagnies répondent à la concurrence en essayant de faire mieux, en essayant de mieux servir les consommateurs, et non en utilisant leur pouvoir pour évincer les concurrents en repoussant, par exemple, leur services très loin derrière, dans la liste des résultats de recherche, et en se mettant eux-mêmes en avant ? Que se passerait-il s'ils savaient que le respect des règles a été intégré aux algorithmes dès la conception, que les algorithmes doivent apprendre les règles de concurrence avant d'être autorisés à travailler, que ces algorithmes ont été conçus d'une telle manière qu'ils ne peuvent pas être complices, ils ne peuvent pas former leur propre petit cartel dans la boîte noire dans laquelle ils travaillent ?
Together with regulation, competition rules can do that. They can help us to make sure that new technology treats people fairly and that everyone can compete on a level playing field. And that can help us build the trust that we need for real innovation to flourish and for societies to develop for citizens. Because trust cannot be imposed. It has to be earned.
Conjointement avec la législation, les règles de la concurrence peuvent faire cela. Elles peuvent nous aider à veiller à ce que les technologies nouvelles traitent les gens équitablement et que tout le monde se concurrence à égalité de chances. Et ceci peut nous aider à instaurer la confiance nécessaire à l'épanouissement d'une réelle innovation, et au développement de sociétés bénéfiques aux citoyens. Parce que la confiance ne peut pas être imposée, elle doit être gagnée.
Since the very first days of the European Union, 60 years ago, our competition rules have helped to build that trust. A lot of things have changed. It's hard to say what those six representatives would have made of a smartphone. But in today's world, as well as in their world, competition makes the market work for everyone. And that is why I am convinced that real and fair competition has a vital role to play in building the trust we need to get the best of our societies, and that starts with enforcing our rules, actually just to make the market work for everyone.
Dès les premiers jours de la Communauté Européenne, il y a 60 ans, nos règles de concurrence ont contribué à instaurer cette confiance. Beaucoup de choses ont changé. Il est difficile de dire ce que ces six représentants auraient fait d'un smartphone. Mais dans le monde d'aujourd'hui tout comme dans le leur, la concurrence fait que le marché fonctionne pour tout le monde. C'est pourquoi, je suis convaincue qu'une concurrence vraie et juste a un rôle vital à jouer dans l'instauration de la confiance dont nous avons besoin, pour tirer le meilleur parti de nos sociétés. Et cela commence par faire appliquer les règles, juste pour faire en sorte que le marché fonctionne pour tout le monde.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)
Bruno Giussani: Thank you. Thank you, Commissioner.
Bruno Giussani : Merci. Merci.
Margrethe Vestager: It was a pleasure.
Margrethe Vestager : Avec plaisir.
BG: I want to ask you two questions. The first one is about data, because I have the impression that technology and data are changing the way competition takes place and the way competition regulation is designed and enforced. Can you maybe comment on that?
B.G. : J'ai deux questions à vous poser. La première porte sur les données : il me semble que la technologie et les données changent la façon dont s'opère la concurrence et la façon dont les règles de concurrence sont conçues et appliquées. Pouvez-vous commenter ce point ?
MV: Well, yes, it is definitely challenging us, because we both have to sharpen our tools but also to develop new tools. When we were going through the Google responses to our statement of objection, we were going through 5.2 terabytes of data. It's quite a lot. So we had to set up new systems. We had to figure out how to do this, because you cannot work the way you did just a few years ago. So we are definitely sharpening up our working methods. The other thing is that we try to distinguish between different kinds of data, because some data is extremely valuable and they will form, like, a barrier to entry in a market. Other things you can just -- it loses its value tomorrow. So we try to make sure that we never, ever underestimate the fact that data works as a currency in the market and as an asset that can be a real barrier for competition.
M. V. : Oui, c'est vraiment un défi pour nous, car nous devons à la fois perfectionner nos outils et en créer, également, de nouveaux. En parcourant les réponses de Google à notre déclaration d'opposition, nous avons examiné 5,2 téraoctets de données. C'est beaucoup. Donc, nous avons dû installer de nouveaux systèmes. Nous avons dû comprendre comment le faire, car vous ne pouvez pas travailler comme vous le faisiez quelques années plus tôt. Donc certainement, nous affinons nos méthodes de travail. De plus, nous essayons de différencier les différents types de données, car certaines sont extrêmement précieuses et formeront une sorte de barrière pour l'entrée dans le marché. D'autres, vous pouvez les [écarter], elles perdent leur valeur le lendemain. Donc, nous essayons de veiller à ne jamais sous-estimer le fait que les données fonctionnent, dans le marché, comme une devise et comme un atout qui peut représenter un obstacle réel à la concurrence.
BG: Google. You fined them 2.8 billion euros a few months ago.
B. G.: Google. Vous leur avez infligés une amende de 2,8 milliards d'euros récemment.
MV: No, that was dollars. It's not so strong these days.
M. V. : Non, dollars. Il n'est pas fort ces temps-ci.
BG: Ah, well, depends on the --
B. G. : Ah, oui, cela dépend...
(Laughter)
(Rires)
Google appealed the case. The case is going to court. It will last a while. Earlier, last year, you asked Apple to pay 13 billion in back taxes, and you have also investigated other companies, including European and Russian companies, not only American companies, by far. Yet the investigations against the American companies are the ones that have attracted the most attention and they have also attracted some accusations. You have been accused, essentially, of protectionism, of jealousy, or using legislation to hit back at American companies that have conquered European markets. "The Economist" just this week on the front page writes, "Vestager Versus The Valley." How do you react to that?
B. G. : Google a fait appel. La Cour a été saisie. Cela va prendre du temps. L'année dernière, vous aviez réclamé à Apple 13 milliards d'impôts rétroactifs, et vous avez aussi enquêté sur les autres entreprises y compris les compagnies européennes et russes, pas seulement américaines. Pourtant, les enquêtes concernant les compagnies américaines sont celles qui ont suscité le plus d'intérêt et elles ont provoqué aussi quelques accusations. Vous avez été accusée, en gros, de protectionnisme, de jalousie, ou d'utiliser la loi pour attaquer les compagnies américaines qui ont conquis les marchés européens. Juste cette semaine, [la revue] The Economist a écrit à la une : « Vestager versus Silicon Valley » Quelle est votre réaction ?
MV: Well, first of all, I take it very seriously, because bias has no room in law enforcement. We have to prove our cases with the evidence and the facts and the jurisprudence in order also to present it to the courts. The second thing is that Europe is open for business, but not for tax evasion.
M. V. : Premièrement, je le prends très sérieusement, parce que la partialité n'a pas sa place dans le respect des lois. Nous devons démontrer nos cas avec les preuves, les faits, la jurisprudence, dans le but, aussi, de les présenter aux tribunaux. Deuxièmement, l'Europe est ouverte au commerce mais pas à la fraude fiscale.
(Applause)
(Applaudissements)
The thing is that we are changing, and for instance, when I ask my daughters -- they use Google as well -- "Why do you do that?" They say, "Well, because it works. It's a very good product." They would never, ever, come up with the answer, "It's because it's a US product." It's just because it works. And that is of course how it should be. But just the same, it is important that someone is looking after to say, "Well, we congratulate you while you grow and grow and grow, but congratulation stops if we find that you're misusing your position to harm competitors so that they cannot serve consumers."
Le fait est que nous sommes en train de changer. Par exemple, quand je demande à mes filles - qui utilisent aussi Google - « Pourquoi le faites-vous ? » Elle disent : « Parce ça marche. C'est un très bon produit. » Jamais, au grand jamais, elles ne me répondront : « Parce que c'est un produit américain. » C'est juste parce que ça marche. Et c'est, bien sûr, comme cela devrait être. Mais il est quand même important que quelqu'un se charge de dire : « Bon, nous vous félicitons alors que vous continuez à grandir, grandir, et grandir, mais les félicitations s'arrêtent quand nous découvrons que vous abusez de votre position au détriment des concurrents,
BG: It will be a fascinating case to follow.
afin qu'ils ne puissent pas servir les consommateurs. »
Thank you for coming to TED.
B. G. : Un cas fascinant à suivre. Merci de votre venue à TED.
MV: It was a pleasure. Thanks a lot.
M. V. : Ce fut un plaisir. Merci beaucoup.
(Applause)
(Applaudissements)