Have you ever wondered why extremism seems to have been on the rise in Muslim-majority countries over the course of the last decade? Have you ever wondered how such a situation can be turned around? Have you ever looked at the Arab uprisings and thought, "How could we have predicted that?" or "How could we have better prepared for that?" Well my personal story, my personal journey, what brings me to the TED stage here today, is a demonstration of exactly what's been happening in Muslim-majority countries over the course of the last decades, at least, and beyond. I want to share some of that story with you, but also some of my ideas around change and the role of social movements in creating change in Muslim-majority societies.
Vous êtes-vous jamais demandés pourquoi l'extrémisme semble avoir augmenté dans les pays à majorité musulmane au cours des dix dernières années ? Vous êtes-vous jamais demandés comment on peut retourner une telle situation ? Avez-vous jamais regardés les soulèvements arabes et pensés : « Comment aurions-nous pu le prédire ? » ou « Comment aurions-nous pu y être mieux préparés ? » Eh bien, mon parcours personnel, ce qui m'amène ici sur la scène de TED aujourd'hui, démontre parfaitement ce qui s'est passé dans les pays à majorité musulmane au cours des 2 dernières décennies au moins, voire plus. Je veux partager une partie de cette histoire avec vous, mais aussi certaines de mes idées à propos du changement et le rôle des mouvements sociaux dans la création du changement dans les sociétés à majorité musulmane.
So let me begin by first of all giving a very, very brief history of time, if I may indulge. In medieval societies there were defined allegiances. An identity was defined primarily by religion. And then we moved on into an era in the 19th century with the rise of a European nation-state where identities and allegiances were defined by ethnicity. So identity was primarily defined by ethnicity, and the nation-state reflected that. In the age of globalization, we moved on. I call it the era of citizenship -- where people could be from multi-racial, multi-ethnic backgrounds, but all be equal as citizens in a state. You could be American-Italian; you could be American-Irish; you could be British-Pakistani.
Permettez-moi de commencer en vous donnant tout d'abord une très très brève histoire du temps, si vous le voulez bien. Dans les sociétés médiévales, il y avait des allégeances bien définies. On définissait une identité avant tout selon la religion. Et puis nous sommes entrés dans une ère au 19ème siècle avec la montée de l’État-nation européen où on définissait les identités et les allégeances selon l'appartenance ethnique. Donc on définissait avant tout l'identité selon l'appartenance ethnique, et l'état nation le reflétait. À l'âge de la mondialisation, nous avons avancé. C'est ce que j'appelle l'ère de la citoyenneté, où les gens peuvent venir d'horizons multi-raciaux et multi-ethniques mais tous être égaux en tant que citoyens dans un État. Vous pouvez être italo-américain ; vous pouvez être irlando-américain ; vous pouvez être pakistano-britannique.
But I believe now that we're moving into a new age, and that age The New York Times dubbed recently as "the age of behavior." How I define the age of behavior is a period of transnational allegiances, where identity is defined more so by ideas and narratives. And these ideas and narratives that bump people across borders are increasingly beginning to affect the way in which people behave. Now this is not all necessarily good news, because it's also my belief that hatred has gone global just as much as love. But actually it's my belief that the people who've been truly capitalizing on this age of behavior, up until now, up until recent times, up until the last six months, the people who have been capitalizing most on the age of behavior and the transnational allegiances, using digital activism and other sorts of borderless technologies, those who've been benefiting from this have been extremists. And that's something which I'd like to elaborate on.
Mais je crois maintenant que nous entrons dans une nouvelle ère, et le New York Times a récemment donné à cette ère le nom « d'ère du comportement. » Je définis l'ère du comportement comme une période d'allégeances transnationales, où l'identité est plutôt définie par les idées et les discours. Et ces idées et ces discours qui touchent les gens au travers des frontières affectent de plus en plus la façon dont les gens se comportent. Et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle, parce que je crois aussi que la haine est devenue mondiale tout autant que l'amour. Mais en fait je crois que les gens qui ont vraiment profité de cette ère du comportement, jusqu'à présent, jusqu'à une époque récente, jusqu'à ces six derniers mois, les gens qui ont le plus profité de l'ère du comportement et des allégeances transnationales, en utilisant l'activisme numérique et d'autres sortes de technologies sans frontières, ceux qui ont profité de tout ça ce sont les extrémistes. Et c'est ce que j'aimerais développer.
If we look at Islamists, if we look at the phenomenon of far-right fascists, one thing they've been very good at, one thing that they've actually been exceeding in, is communicating across borders, using technologies to organize themselves, to propagate their message and to create truly global phenomena. Now I should know, because for 13 years of my life, I was involved in an extreme Islamist organization. And I was actually a potent force in spreading ideas across borders, and I witnessed the rise of Islamist extremism as distinct from Islam the faith, and the way in which it influenced my co-religionists across the world.
Si on regarde les islamistes, si on regarde le phénomène des fascistes d'extrême droite, ils ont été très bons à une chose, une chose dans laquelle ils ont excellé, c'est la communication au travers des frontières, en utilisant les technologies pour s'organiser, pour propager leur message et pour créer des phénomènes vraiment mondiaux. Et je suis bien placé pour le savoir parce que pendant 13 ans de ma vie, j'ai été impliqué dans une organisation extrémiste islamiste. J'étais en fait une force puissante pour propager des idées à travers les frontières. J'ai vu la montée de l'extrémisme islamiste qui se détache de la foi de l'Islam, et la manière dont il a influencé mes coreligionnaires de par le monde.
And my story, my personal story, is truly evidence for the age of behavior that I'm attempting to elaborate upon here. I was, by the way -- I'm an Essex lad, born and raised in Essex in the U.K. Anyone who's from England knows the reputation we have from Essex. But having been born in Essex, at the age of 16, I joined an organization. At the age of 17, I was recruiting people from Cambridge University to this organization. At the age of 19, I was on the national leadership of this organization in the U.K. At the age of 21, I was co-founding this organization in Pakistan. At the age of 22, I was co-founding this organization in Denmark. By the age of 24, I found myself convicted in prison in Egypt, being blacklisted from three countries in the world for attempting to overthrow their governments, being subjected to torture in Egyptian jails and sentenced to five years as a prisoner of conscience.
Et mon histoire, mon histoire personnelle, est un vrai témoignage en faveur de l'ère du comportement que j'essaye de développer ici. J'étais, au fait, un gars de l'Essex, né et élevé en Essex au Royaume-Uni. Quiconque venant d'Angleterre connait la réputation que nous avons en Essex. Mais étant né en Essex, à l'âge de 16 ans, j'ai rejoint une organisation. À 17 ans, je recrutais des gens de l'Université de Cambridge pour cette organisation. À 19 ans, j'étais à la direction nationale de cette nation au Royaume-Uni. À 21 ans, je co-fondais cette organisation au Pakistan. À 22 ans, je co-fondais cette organisation au Danemark. Avant mes 24 ans, je me suis retrouvé en prison en Égypte, parce que j'étais sur la liste noire de 3 pays pour avoir tenté de renverser leurs gouvernements, j'ai été torturé dans les prisons égyptiennes et condamné à 5 ans de détention en tant que prisonnier d'opinion.
Now that journey, and what took me from Essex all the way across the world -- by the way, we were laughing at democratic activists. We felt they were from the age of yesteryear. We felt that they were out of date. I learned how to use email from the extremist organization that I used. I learned how to effectively communicate across borders without being detected. Eventually I was detected, of course, in Egypt. But the way in which I learned to use technology to my advantage was because I was within an extremist organization that was forced to think beyond the confines of the nation-state. The age of behavior: where ideas and narratives were increasingly defining behavior and identity and allegiances.
Et ce voyage, et ce qui m'a fait quitter l'Essex pour aller dans le monde entier, au fait, nous nous moquions des activistes démocratiques. Nous avions l'impression qu'ils appartenaient au passé. Nous avions l'impression qu'ils étaient démodés. J'ai appris à utiliser l'email avec l'organisation extrémiste que j'utilisais. J'ai appris comment communiquer efficacement au travers des frontières sans être détecté. Finalement, on m'a détecté, bien sûr, en Égypte. Mais la façon dont j'ai appris à utiliser la technologie à mon avantage, c'était parce que j'étais dans une organisation extrémiste qui était forcée de penser au-delà des limites de l’État-nation. L'ère du comportement : où les idées et les discours définissaient de plus en plus le comportement et l'identité et les allégeances.
So as I said, we looked to the status quo and ridiculed it. And it's not just Islamist extremists that did this. But even if you look across the mood music in Europe of late, far-right fascism is also on the rise. A form of anti-Islam rhetoric is also on the rise and it's transnational. And the consequences that this is having is that it's affecting the political climate across Europe. What's actually happening is that what were previously localized parochialisms, individual or groupings of extremists who were isolated from one another, have become interconnected in a globalized way and have thus become, or are becoming, mainstream. Because the Internet and connection technologies are connecting them across the world.
Donc comme je l'ai dit, nous regardions le statu quo et le tournions en ridicule. Il n'y a pas que les extrémistes islamistes qui faisaient ça. Mais même si vous examinez l'état d'esprit en Europe ces temps-ci, le fascisme d'extrême-droite gagne aussi du terrain. Une forme de rhétorique anti-islamique gagne aussi du terrain et c'est transnational. Et cela a pour conséquence d'affecter le climat politique dans toute l'Europe. Ce qui se passe vraiment c'est que ce qui s'apparentait jadis à du patriotisme de clocher localisé, des extrémismes individuels ou groupés qui étaient isolés les uns des autres sont devenus interconnectés de façon mondiale et sont donc devenus, ou deviennent, le courant dominant. Parce qu'Internet et les technologies de connexion les connectent de par le monde.
If you look at the rise of far-right fascism across Europe of late, you will see some things that are happening that are influencing domestic politics, yet the phenomenon is transnational. In certain countries, mosque minarets are being banned. In others, headscarves are being banned. In others, kosher and halal meat are being banned, as we speak. And on the flip side, we have transnational Islamist extremists doing the same thing across their own societies. And so they are pockets of parochialism that are being connected in a way that makes them feel like they are mainstream. Now that never would have been possible before. They would have felt isolated, until these sorts of technologies came around and connected them in a way that made them feel part of a larger phenomenon.
Si vous regardez la montée du fascisme d'extrême droite récemment en Europe, vous verrez des choses se produire qui influencent les politiques intérieures, et pourtant le phénomène est transnational. Dans certains pays, on interdit les minarets des mosquées. Dans d'autres, on interdit le port du foulard. Dans d'autres, on interdit la viande cachère et halal, au moment où nous parlons. Et à l'inverse, nous avons les extrémistes islamistes transnationaux qui font la même chose dans leurs propres sociétés. Donc ils constituent des poches d'esprits de clocher connectées d'une façon qui leur donne l'impression qu'ils sont la norme. Et cela aurait été impossible auparavant. Ils se seraient sentis isolés, jusqu'à l'apparition de ces technologies qui les ont connectés d'une façon qui leur donne l'impression de faire partie d'un phénomène plus grand.
Where does that leave democracy aspirants? Well I believe they're getting left far behind. And I'll give you an example here at this stage. If any of you remembers the Christmas Day bomb plot: there's a man called Anwar al-Awlaki. As an American citizen, ethnically a Yemeni, in hiding currently in Yemen, who inspired a Nigerian, son of the head of Nigeria's national bank. This Nigerian student studied in London, trained in Yemen, boarded a flight in Amsterdam to attack America. In the meanwhile, the Old mentality with a capital O, was represented by his father, the head of the Nigerian bank, warning the CIA that his own son was about to attack, and this warning fell on deaf ears. The Old mentality with a capital O, as represented by the nation-state, not yet fully into the age of behavior, not recognizing the power of transnational social movements, got left behind. And the Christmas Day bomber almost succeeded in attacking the United States of America. Again with the example of the far right: that we find, ironically, xenophobic nationalists are utilizing the benefits of globalization.
Où cela laisse-t-il ceux qui aspirent à la démocratie ? Eh bien je crois qu'ils sont largués. Et je vais vous donner un exemple. Si parmi vous certains se souviennent du complot d'attentat de Noël, il y a un homme appelé Anwar al-Awlaki. Un citoyen Américain, ethniquement un Yéménite, qui se cache actuellement au Yémen, qui a inspiré un Nigérien, le fils du directeur de la banque nationale du Nigeria. Cet étudiant nigérien a étudié à Londres, s'est entraîné au Yémen, est monté dans un avion à Amsterdam pour attaquer l'Amérique. Pendant ce temps, la Vielle mentalité avec un V majuscule, était représentée par son père, le directeur de la banque nigérienne, et a prévenu la CIA que son propre fils était sur le point de commettre un attentat. et personne n'a écouté cet avertissement. La Vielle mentalité avec un V majuscule, telle que représentée par l’État-nation, pas encore complètement dans l'ère du comportement, ne reconnaissant pas la puissance des mouvements sociaux transnationaux, a été dépassée. Et le terroriste de Noël a presque réussi à attaquer les États-Unis d'Amérique. Pour revenir à l'exemple de l'extrême droite : nous découvrons, et c'est ironique que les nationalistes xénophobes utilisent les bienfaits de la mondialisation.
So why are they succeeding? And why are democracy aspirants falling behind? Well we need to understand the power of the social movements who understand this. And a social movement is comprised, in my view, it's comprised of four main characteristics. It's comprised of ideas and narratives and symbols and leaders. I'll talk you through one example, and that's the example that everyone here will be aware of, and that's the example of Al-Qaeda. If I asked you to think of the ideas of Al-Qaeda, that's something that comes to your mind immediately. If I ask you to think of their narratives -- the West being at war with Islam, the need to defend Islam against the West -- these narratives, they come to your mind immediately. Incidentally, the difference between ideas and narratives: the idea is the cause that one believes in; and the narrative is the way to sell that cause -- the propaganda, if you like, of the cause. So the ideas and the narratives of Al-Qaeda come to your mind immediately.
Alors pourquoi réussissent-ils ? Et pourquoi ceux qui aspirent à la démocratie sont dépassés ? Nous devons comprendre le pouvoir des mouvement sociaux pour comprendre cela. Et un mouvement social comprend, selon moi, 4 caractéristiques principales. Il comprend des idées et des récits, des symboles et des leaders. Je vais vous présenter un exemple, et c'est un exemple que tout le monde ici connaît, et c'est l'exemple d'Al-Qaïda. Si je vous demandais de penser aux idées d'Al-Qaïda, c'est une chose qui vient à l'esprit immédiatement. Si je vous demande de penser à leurs discours, que l'Occident est en guerre contre l'Islam, le besoin de défendre l'Islam contre l'Occident, ces discours, ils vous viennent à l'esprit immédiatement. Au passage, la différence entre les idées et les discours : l'idée est la cause dans laquelle tout le monde croit ; et le discours est la manière de vendre cette cause, la propagande de la cause, si vous voulez. Donc les idées et les discours d'Al-Qaïda vous viennent immédiatement à l'esprit.
If I ask you to think of their symbols and their leaders, they come to your mind immediately. One of their leaders was killed in Pakistan recently. So these symbols and these leaders come to your mind immediately. And that's the power of social movements. They're transnational, and they bond around these ideas and narratives and these symbols and these leaders. However, if I ask your minds to focus currently on Pakistan, and I ask you to think of the symbols and the leaders for democracy in Pakistan today, you'll be hard pressed to think beyond perhaps the assassination of Benazir Bhutto. Which means, by definition, that particular leader no longer exists.
Si je vous demande de penser à leurs symboles et à leurs chefs, ils vous viennent immédiatement à l'esprit. Un de leurs chefs a été tué au Pakistan dernièrement. Donc ces symboles et ces chefs vous viennent immédiatement à l'esprit. C'est le pouvoir des mouvements sociaux. Ils sont transnationaux, et ils se rallient autour de ces idées, de ces discours, de ces symboles, et de ces chefs. Cependant, si je demande à vos esprits de se concentrer maintenant sur le Pakistan, et je vous demande de penser aux symboles et aux chefs de la démocratie au Pakistan aujourd'hui, vous aurez du mal à penser peut-être à autre chose que l'assassinat de Benazir Bhutto. Ce qui veut dire, par définition, qu'il n'existe plus de chef particulier.
One of the problems we're facing is, in my view, that there are no globalized, youth-led, grassroots social movements advocating for democratic culture across Muslim-majority societies. There is no equivalent of the Al-Qaeda, without the terrorism, for democracy across Muslim-majority societies. There are no ideas and narratives and leaders and symbols advocating the democratic culture on the ground. So that begs the next question. Why is it that extremist organizations, whether of the far-right or of the Islamist extremism -- Islamism meaning those who wish to impose one version of Islam over the rest of society -- why is it that they are succeeding in organizing in a globalized way, whereas those who aspire to democratic culture are falling behind? And I believe that's for four reasons. I believe, number one, it's complacency. Because those who aspire to democratic culture are in power, or have societies that are leading globalized, powerful societies, powerful countries. And that level of complacency means they don't feel the need to advocate for that culture.
Un des problèmes auquel nous sommes confrontés est, selon moi, est qu'il n'y a pas de mouvements sociaux populaires, menés par la jeunesse, et mondialisés, qui revendiquent une culture démocratique dans les sociétés à majorité musulmane. Il n'y a pas d'équivalent d'Al-Qaïda, le terrorisme en moins, en faveur de la démocratie dans les sociétés à majorité musulmane. Il n'y a pas d'idées, ni de discours, de chefs, ni de symboles, qui revendiquent la culture démocratique sur le terrain. Cela amène la question suivante. Comment se fait-il que les organisations extrémistes qu'elles soient d'extrême-droite ou d'extrémisme islamiste, islamiste signifiant ceux qui veulent imposer une version de l'Islam au reste de la société, comment se fait-il qu'elles réussissent à s'organiser mondialement, alors que celles qui aspirent à la culture démocratique sont à la traîne ? Je crois qu'il y a 4 raisons à ça. Je crois premièrement que c'est par complaisance. Parce que ceux qui aspirent à la culture démocratique sont au pouvoir, ou ont des sociétés qui dirigent des sociétés puissantes et mondialisées, des pays puissants. Et ce niveau de complaisance signifie qu'ils n'ont pas l'impression d'avoir besoin de prôner cette culture.
The second, I believe, is political correctness. That we have a hesitation in espousing the universality of democratic culture because we are associating that -- we associate believing in the universality of our values -- with extremists. Yet actually, whenever we talk about human rights, we do say that human rights are universal. But actually going out to propagate that view is associated with either neoconservativism or with Islamist extremism. To go around saying that I believe democratic culture is the best that we've arrived at as a form of political organizing is associated with extremism.
Deuxièmement, à mon avis, il y a le politiquement correct. Nous hésitons à épouser l'universalité d'une culture démocratique, parce que nous l'associons, nous associons le fait de croire à l'universalité de nos valeurs, avec les extrémistes. Pourtant, en fait, quand nous parlons de droits de l'Homme, nous disons bien que les Droits de l'Homme sont universels. Mais, en fait, aller propager cette vision est associé soit au néoconservatisme soit à l'extrémisme islamiste. Dire partout que je crois que la culture démocratique est la meilleure chose que nous ayons réussi comme forme d'organisation politique est associé à l'extrémisme.
And the third, democratic choice in Muslim-majority societies has been relegated to a political choice, meaning political parties in many of these societies ask people to vote for them as the democratic party, but then the other parties ask them to vote for them as the military party -- wanting to rule by military dictatorship. And then you have a third party saying, "Vote for us; we'll establish a theocracy." So democracy has become merely one political choice among many other forms of political choices available in those societies. And what happens as a result of this is, when those parties are elected, and inevitably they fail, or inevitably they make political mistakes, democracy takes the blame for their political mistakes. And then people say, "We've tried democracy. It doesn't really work. Let's bring the military back again."
Et troisièmement, le choix démocratique dans les sociétés à majorité musulmane a été relégué à un choix politique, ce qui signifie que les partis politiques dans beaucoup de ces sociétés demandent aux gens de voter pour eux en tant que parti démocratique, mais alors les autres partis leur demandent de voter pour eux en tant que parti militaire, qui veut établir une dictature militaire. Et puis vous avez un troisième parti qui dit : « Votez pour nous, nous instaurerons une théocratie. » La démocratie est donc devenue un simple choix politique parmi d'autres formes de choix politiques disponibles dans ces sociétés. Et ce qui en résulte, c'est que quand ces partis sont élus, et qu'inévitablement ils échouent, ou inévitablement ils font des erreurs politiques, c'est à la démocratie qu'on reproche leurs erreurs. Puis les gens disent : « On a essayé la démocratie. Ça ne marche pas vraiment. Revenons aux militaires. »
And the fourth reason, I believe, is what I've labeled here on the slide as the ideology of resistance. What I mean by that is, if the world superpower today was a communist, it would be much easier for democracy activists to use democracy activism as a form of resistance against colonialism, than it is today with the world superpower being America, occupying certain lands and also espousing democratic ideals. So roughly these four reasons make it a lot more difficult for democratic culture to spread as a civilizational choice, not merely as a political choice.
Et la quatrième raison, je crois, c'est ce que j'appelle sur cette diapo l'idéologie de la résistance. Ce que je veux dire, c'est que si la superpuissance du monde aujourd'hui était communiste, il serait bien plus facile pour les activistes démocratiques d'utiliser l'activisme démocratique comme une forme de résistance au colonialisme, que ça l'est aujourd'hui avec l'Amérique comme superpuissance, qui occupe certaines terres et épouse aussi des idéaux démocratiques. Donc en gros ces 4 raisons rendent bien plus difficile la propagation de la culture démocratique en tant que choix civilisé, pas seulement comme un choix politique.
When talking about those reasons, let's break down certain preconceptions. Is it just about grievances? Is it just about a lack of education? Well statistically, the majority of those who join extremist organizations are highly educated. Statistically, they are educated, on average, above the education levels of Western society. Anecdotally, we can demonstrate that if poverty was the only factor, well Bin Laden is from one of the richest families in Saudi Arabia. His deputy, Ayman al-Zawahiri, was a pediatrician -- not an ill-educated man. International aid and development has been going on for years, but extremism in those societies, in many of those societies, has been on the rise. And what I believe is missing is genuine grassroots activism on the ground, in addition to international aid, in addition to education, in addition to health. Not exclusive to these things, but in addition to them, is propagating a genuine demand for democracy on the ground.
Quand on parle de ces raisons, brisons certaines préconceptions. Ne s'agit-il que de doléances ? Ne s'agit-il que d'un manque d'éducation ? Statistiquement, la majorité de ceux qui rejoignent des organisations extrémistes ont fait des études supérieures. Statistiquement, ils ont fait en moyenne plus d'études qu'on en fait dans la société occidentale. Au passage, nous pouvons démontrer que si la pauvreté était le seul facteur, Ben Laden vient d'une des familles les plus riches d'Arabie Saoudite. Son adjoint, Ayman al-Zawahiri, était pédiatre, pas un homme mal éduqué. L'aide et le développement internationaux durent depuis des années, mais l'extrémisme dans ces sociétés, dans beaucoup de ces sociétés, s'est développé. Et je crois que ce qui manque c'est un véritable activisme populaire sur le terrain, en plus de l'aide internationale, en plus de l'éducation, en plus de la santé. Non seulement ça, mais en plus, la propagation d'une vraie demande de démocratie sur le terrain.
And this is where I believe neoconservatism had it upside-down. Neoconservatism had the philosophy that you go in with a supply-led approach to impose democratic values from the top down. Whereas Islamists and far-right organizations, for decades, have been building demand for their ideology on the grassroots. They've been building civilizational demand for their values on the grassroots, and we've been seeing those societies slowly transition to societies that are increasingly asking for a form of Islamism. Mass movements in Pakistan have been represented after the Arab uprisings mainly by organizations claiming for some form of theocracy, rather than for a democratic uprising. Because since pre-partition, they've been building demand for their ideology on the ground. And what's needed is a genuine transnational youth-led movement that works to actively advocate for the democratic culture -- which is necessarily more than just elections. But without freedom of speech, you can't have free and fair elections. Without human rights, you don't have the protection granted to you to campaign. Without freedom of belief, you don't have the right to join organizations.
Et c'est là, je crois, que le néoconservatisme a pris le problème à l'envers. Le néoconservatisme avait pour philosophie d'intervenir avec une approche axée sur l'aide pour imposer des valeurs démocratiques de haut en bas. Alors que les islamistes et les organisations d'extrême-droite ont construit pendant des décennies une demande populaire pour leur idéologie. Ils ont construit une demande civilisationnelle populaire pour leurs valeurs, et nous avons vu ces sociétés devenir lentement des sociétés demandant de plus en plus une forme d'islamisme. Des mouvements de masse au Pakistan ont été représentés après les soulèvements arabes essentiellement par des organisations revendiquant une certaine forme de théocratie, plutôt qu'un soulèvement démocratique. Parce que depuis la pré-partition, ils ont construit la demande pour leur idéologie sur le terrain. Et ce dont on a besoin est un vrai mouvement transnational mené par des jeunes qui travaille à prôner activement la culture démocratique, qui nécessairement ne se limite pas à des élections. Mais sans liberté de parole, on peut avoir des élections libres et justes. Sans droits de l'homme, on n'a pas la protection pour faire campagne. Sans liberté de croyance, on n'a pas le droit de s'engager dans des organisations.
So what's needed is those organizations on the ground advocating for the democratic culture itself to create the demand on the ground for this culture. What that will do is avoid the problem I was talking about earlier, where currently we have political parties presenting democracy as merely a political choice in those societies alongside other choices such as military rule and theocracy. Whereas if we start building this demand on the ground on a civilizational level, rather than merely on a political level, a level above politics -- movements that are not political parties, but are rather creating this civilizational demand for this democratic culture. What we'll have in the end is this ideal that you see on the slide here -- the ideal that people should vote in an existing democracy, not for a democracy. But to get to that stage, where democracy builds the fabric of society and the political choices within that fabric, but are certainly not theocratic and military dictatorship -- i.e. you're voting in a democracy, in an existing democracy, and that democracy is not merely one of the choices at the ballot box. To get to that stage, we genuinely need to start building demand in those societies on the ground.
Donc ce qu'il faut ce sont ces organisations de terrain qui prônent la culture démocratique même pour créer la demande pour cette culture sur le terrain. Le résultat sera d'éviter le problème dont je parlais plus tôt, où nous avons des partis politiques qui présentent la démocratie comme un simple choix politique dans ces sociétés au côté d'autres choix tels que le gouvernement militaire et la théocratie. Alors que si nous commençons à construire cette demande sur le terrain au niveau civilisationnel, plutôt que simplement politique, un niveau au-dessus de la politique, des mouvements qui ne sont pas des partis politiques, mais créent plutôt cette demande civilisationnelle pour une culture démocratique, ce que nous aurons en fin de compte est un idéal que vous voyez ici sur la diapo, l'idéal que les gens votent dans une démocratie existante, par pour une démocratie. Mais pour en arriver là, où la démocratie construit la structure de la société et les choix politiques sont au cœur de cette structure, mais ne sont certainement pas des dictatures théocratiques ou militaires, c'est-à-dire que vous votez dans une démocratie, dans une démocratie existante, et cette démocratie n'est pas seulement un des choix dans les urnes. Pour arriver à ce stade, nous devons vraiment commencer à construire la demande sur le terrain dans ces sociétés.
Now to conclude, how does that happen? Well, Egypt is a good starting point. The Arab uprisings have demonstrated that this is already beginning. But what happened in the Arab uprisings and what happened in Egypt was particularly cathartic for me. What happened there was a political coalition gathered together for a political goal, and that was to remove the leader. We need to move one step beyond that now. We need to see how we can help those societies move from political coalitions, loosely based political coalitions, to civilizational coalitions that are working for the ideals and narratives of the democratic culture on the ground. Because it's not enough to remove a leader or ruler or dictator. That doesn't guarantee that what comes next will be a society built on democratic values.
Pour conclure, comment faire ? L’Égypte est un bon point de départ. Les soulèvements arabes ont montré que ça a déjà commencé. Mais ce qui s'est passé dans les soulèvements arabes et en Égypte a été particulièrement cathartique pour moi. Ce qui s'est passé là-bas, c'est qu'une coalition politique a rassemblé dans un but politique, et il s'agissait de faire tomber le chef. Nous devons faire un pas plus loin maintenant. Nous devons voir comment nous pouvons aider ces sociétés à passer de coalitions politiques, des coalitions vaguement basées sur la politique, à des coalitions civilisationnelles qui travaillent pour l'idéal et les discours de la culture démocratique sur le terrain. Parce que faire tomber un chef ou un dirigeant ou un dictateur ne suffit pas. Ça ne garantit pas que ce qui vient ensuite sera une société construite sur des valeurs démocratiques.
But generally, the trends that start in Egypt have historically spread across the MENA region, the Middle East and North Africa region. So when Arab socialism started in Egypt, it spread across the region. In the '80s and '90s when Islamism started in the region, it spread across the MENA region as a whole.
Mais en général, les tendances qui commencent en Égypte se sont historiquement répandues dans toute la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Quand le socialisme arabe a commencé en Égypte, il s'est répandu dans toute la région. Dans les années 1980 et 1990, quand l'islamisme a commencé dans la région, il s'est répandu dans la région toute entière.
And the aspiration that we have at the moment -- as young Arabs are proving today and instantly rebranding themselves as being prepared to die for more than just terrorism -- is that there is a chance that democratic culture can start in the region and spread across to the rest of the countries that are surrounding that. But that will require helping these societies transition from having merely political coalitions to building genuinely grassroots-based social movements that advocate for the democratic culture. And we've made a start for that in Pakistan with a movement called Khudi, where we are working on the ground to encourage the youth to create genuine buy-in for the democratic culture. And it's with that thought that I'll end.
Et l'aspiration que nous avons en ce moment, comme les jeunes arabes le prouvent aujourd'hui et se déclarent instantanément prêts à mourir pour plus qu'un simple terrorisme, est qu'il y a une chance que la culture démocratique puisse démarrer dans la région et se répandre à travers tous les pays qui l'entourent. Mais cela demandera qu'on aide ces sociétés à faire la transition entre le fait d'avoir de simples coalitions politiques et la construction de mouvements sociaux vraiment populaires qui prônent la culture démocratique. Et nous avons initié ça au Pakistan avec un mouvement appelé Khudi, où nous travaillons sur le terrain pour encourager les jeunes à créer une véritable adhésion à la culture démocratique. Et je terminerai sur cette pensée.
And my time is up, and thank you for your time.
Et mon temps est écoulé, merci de m'avoir écouté.
(Applause)
(Applaudissements)