Hi. So I'd like to talk a little bit about the people who make the things we use every day: our shoes, our handbags, our computers and cell phones. Now, this is a conversation that often calls up a lot of guilt. Imagine the teenage farm girl who makes less than a dollar an hour stitching your running shoes, or the young Chinese man who jumps off a rooftop after working overtime assembling your iPad. We, the beneficiaries of globalization, seem to exploit these victims with every purchase we make, and the injustice feels embedded in the products themselves. After all, what's wrong with a world in which a worker on an iPhone assembly line can't even afford to buy one? It's taken for granted that Chinese factories are oppressive, and that it's our desire for cheap goods that makes them so.
Bonjour. J'aimerais vous parler un peu des gens qui fabriquent les choses que nous utilisons tous les jours : nos chaussures, nos sacs à main, nos ordinateurs et téléphones. Bon, c'est une discussion qui provoque souvent beaucoup de culpabilité. Imaginez la jeune fermière adolescente qui gagne moins d'un dollar de l'heure en cousant vos tennis, ou le jeune Chinois qui saute d'un toit après avoir travaillé trop longtemps à assembler votre iPad. Nous, les bénéficiaires de la mondialisation, semblons exploiter ces victimes avec chaque achat que nous faisons, et l'injustice semble incorporée dans les produits eux-mêmes. Après tout, qu'est-ce qui ne va pas dans ce monde pour qu'un ouvrier sur une ligne d'assemblage d'iPhone n'ait même pas les moyens de s'en payer un ? Il est admis que les usines chinoises sont oppressives, et que c'est notre désir pour des biens bon marché qui provoque cela.
So, this simple narrative equating Western demand and Chinese suffering is appealing, especially at a time when many of us already feel guilty about our impact on the world, but it's also inaccurate and disrespectful. We must be peculiarly self-obsessed to imagine that we have the power to drive tens of millions of people on the other side of the world to migrate and suffer in such terrible ways. In fact, China makes goods for markets all over the world, including its own, thanks to a combination of factors: its low costs, its large and educated workforce, and a flexible manufacturing system that responds quickly to market demands. By focusing so much on ourselves and our gadgets, we have rendered the individuals on the other end into invisibility, as tiny and interchangeable as the parts of a mobile phone.
Ce récit simple, avec la demande occidentale d'un côté, et la souffrance chinoise de l'autre, est attrayant, en particulier à une époque où beaucoup d'entre nous se sentent déjà coupables de notre impact sur le monde, mais c'est aussi inexact et irrespectueux. Nous devons être particulièrement nombrilistes pour imaginer que nous avons le pouvoir de conduire des dizaines de millions de personnes, de l'autre côté du monde, à émigrer et souffrir de manière si terrible. En fait, la Chine fabrique des biens pour les marchés du monde entier, dont le sien, grâce à une combinaison de facteurs : ses bas coûts, sa main-d'œuvre abondante et éduquée, et un système industriel souple qui répond rapidement aux demandes du marché. En nous focalisant tellement sur nous-mêmes et nos gadgets, nous avons rendu les individus de l'autre bout invisibles, aussi minuscules et interchangeables que les éléments d'un téléphone portable.
Chinese workers are not forced into factories because of our insatiable desire for iPods. They choose to leave their homes in order to earn money, to learn new skills, and to see the world. In the ongoing debate about globalization, what's been missing is the voices of the workers themselves.
Les travailleurs chinois n'entrent pas de force dans les usines à cause de notre désir insatiable pour les iPods. Ils choisissent de quitter leurs maisons pour gagner de l'argent, apprendre de nouvelles compétences, et voir le monde. Dans le débat sur la mondialisation qui est en cours, ce qui manque, c'est la parole des travailleurs eux-mêmes.
Here are a few.
En voici un peu.
Bao Yongxiu: "My mother tells me to come home and get married, but if I marry now, before I have fully developed myself, I can only marry an ordinary worker, so I'm not in a rush."
Bao Yongxiu : "Ma mère me dit de rentrer et de me marier, mais si je me marie maintenant, avant que je me sois complètement développée, je ne peux épouser qu'un ouvrier ordinaire, alors je ne suis pas pressée."
Chen Ying: "When I went home for the new year, everyone said I had changed. They asked me, what did you do that you have changed so much? I told them that I studied and worked hard. If you tell them more, they won't understand anyway."
Chen Ying : "Quand je suis rentrée à la maison pour le nouvel an, tout le monde a dit que j'avais changé. Ils m'ont demandé, qu'est-ce que tu as fait pour changer à ce point ? Je leur ait dit que j'ai étudié et travaillé dur. Si vous leur en dites plus, ils ne comprendront pas, de toute façon."
Wu Chunming: "Even if I make a lot of money, it won't satisfy me. Just to make money is not enough meaning in life."
Wu Chunming : "Même si je gagne beaucoup d'argent, cela ne me satisfera pas. Simplement gagner de l'argent ne donne pas suffisamment de sens à la vie."
Xiao Jin: "Now, after I get off work, I study English, because in the future, our customers won't be only Chinese, so we must learn more languages."
Xiao Jin : "Maintenant, après le travail, j'étudie l'anglais, parce que dans le futur, nos clients ne seront plus seulement chinois, alors nous devons apprendre d'autres langues."
All of these speakers, by the way, are young women, 18 or 19 years old.
Au passage, toutes ces personnes sont de jeunes femmes, de 18 ou 19 ans.
So I spent two years getting to know assembly line workers like these in the south China factory city called Dongguan. Certain subjects came up over and over: how much money they made, what kind of husband they hoped to marry, whether they should jump to another factory or stay where they were. Other subjects came up almost never, including living conditions that to me looked close to prison life: 10 or 15 workers in one room, 50 people sharing a single bathroom, days and nights ruled by the factory clock. Everyone they knew lived in similar circumstances, and it was still better than the dormitories and homes of rural China.
J'ai donc passé deux ans à apprendre à connaître des ouvrières à la chaîne comme elles, dans une ville industrielle du sud de la Chine appelée Dongguan. Certains sujets revenaient tout le temps : combien d'argent elles se faisaient, quelle sorte de mari elles espéraient épouser, est-ce qu'elles devraient changer d'usine ou rester là où elles sont. D'autres sujets ne venaient presque jamais, dont les conditions de vie, qui me semblaient proches de la prison : 10 ou 15 ouvrières dans une pièce, 50 personnes partageant une seule salle de bains, les jours et les nuits régis par l'horloge de l'usine. Tous ceux qu'elles connaissaient vivaient dans des conditions semblables, et c'était toujours mieux que les dortoirs et les maisons de la Chine rurale.
The workers rarely spoke about the products they made, and they often had great difficulty explaining what exactly they did. When I asked Lu Qingmin, the young woman I got to know best, what exactly she did on the factory floor, she said something to me in Chinese that sounded like "qiu xi." Only much later did I realize that she had been saying "QC," or quality control. She couldn't even tell me what she did on the factory floor. All she could do was parrot a garbled abbreviation in a language she didn't even understand.
Les travailleuses parlaient rarement des produits qu'elles fabriquaient, et elles avaient souvent de grandes difficultés à expliquer ce qu'elles faisaient exactement. Quand j'avais demandé à Lu Qingmin, la jeune femme que j'ai fini par connaître le mieux, ce qu'elle faisait exactement dans l'atelier de l'usine, elle m'a répondu quelque chose en chinois qui sonnait comme "qiu xi." Ce n'est que bien plus tard que je me suis rendue compte qu'elle avait dit "QC," qui veut dire Contrôle Qualité, en anglais. Elle ne savait même pas me dire ce qu'elle faisait dans l'atelier. Tout ce qu'elle pouvait faire c'était répéter comme un perroquet une abréviation confuse dans une langue qu'elle ne comprenait même pas.
Karl Marx saw this as the tragedy of capitalism, the alienation of the worker from the product of his labor. Unlike, say, a traditional maker of shoes or cabinets, the worker in an industrial factory has no control, no pleasure, and no true satisfaction or understanding in her own work. But like so many theories that Marx arrived at sitting in the reading room of the British Museum, he got this one wrong. Just because a person spends her time making a piece of something does not mean that she becomes that, a piece of something. What she does with the money she earns, what she learns in that place, and how it changes her, these are the things that matter. What a factory makes is never the point, and the workers could not care less who buys their products.
Karl Marx voyait en cela la tragédie du capitalisme, la séparation entre le travailleur et le produit de son labeur. Au contraire de, disons, un fabriquant traditionnel de chaussures ou de coffrets, la travailleuse dans une fabrique industrielle n'a pas de contrôle, pas de plaisir, et pas de vraie satisfaction ou de compréhension de son propre travail. Mais, comme tant de théories auxquelles Marx est arrivé, assis dans la salle de lecture du British Museum, il s'est trompé sur celle-là. Juste parce qu'une personne passe son temps à fabriquer une partie de quelque chose, cela ne signifie pas que c'est ce qu'elle est devenue, une partie de quelque chose. Ce qu'elle fait avec l'argent qu'elle gagne, ce qu'elle apprend dans cet endroit, et comment cela la change, voilà ce qui importe. Ce que fabrique l'usine n'est jamais l'essentiel, et les ouvriers se fichent complètement de qui achète leurs produits.
Journalistic coverage of Chinese factories, on the other hand, plays up this relationship between the workers and the products they make. Many articles calculate: How long would it take for this worker to work in order to earn enough money to buy what he's making? For example, an entry-level-line assembly line worker in China in an iPhone plant would have to shell out two and a half months' wages for an iPhone.
La couverture journalistique de ces usines chinoises, d'un autre côté, joue de cette relation entre les ouvriers et les produits qu'ils fabriquent. Bien des articles font le calcul : combien de temps faudrait-il à cet ouvrier pour gagner suffisamment d'argent pour acheter ce qu'il fabrique ? Par exemple, un ouvrier à la chaîne débutant, en Chine, dans une usine d'iPhones, devra dépenser deux mois et demi de salaire pour un iPhone.
But how meaningful is this calculation, really? For example, I recently wrote an article in The New Yorker magazine, but I can't afford to buy an ad in it. But, who cares? I don't want an ad in The New Yorker, and most of these workers don't really want iPhones. Their calculations are different. How long should I stay in this factory? How much money can I save? How much will it take to buy an apartment or a car, to get married, or to put my child through school?
Mais ce calcul est-il vraiment significatif ? Par exemple, j'ai récemment écrit un article dans le journal The New Yorker, mais je n'ai pas les moyens d'acheter ses encarts publicitaires. Et alors ? Je ne veux pas de publicité dans The New Yorker, et la plupart de ces ouvriers ne veulent pas vraiment d'iPhones. Leurs calculs sont différents. Combien de temps est-ce que je devrais rester dans cette usine ? Combien d'argent est-ce que je peux épargner ? Combien cela prendra-t-il pour acheter un appartement ou une voiture, pour me marier, ou pour envoyer mon enfant à l'école ?
The workers I got to know had a curiously abstract relationship with the product of their labor. About a year after I met Lu Qingmin, or Min, she invited me home to her family village for the Chinese New Year. On the train home, she gave me a present: a Coach brand change purse with brown leather trim. I thanked her, assuming it was fake, like almost everything else for sale in Dongguan. After we got home, Min gave her mother another present: a pink Dooney & Bourke handbag, and a few nights later, her sister was showing off a maroon LeSportsac shoulder bag. Slowly it was dawning on me that these handbags were made by their factory, and every single one of them was authentic.
Les travailleuses que j'ai connues avaient une relation curieusement abstraite avec le produit de leur labeur. A peu près un an après que j'aie rencontré Lu Qingmin, ou Min, elle m'a invitée chez elle dans son village natal pour le Nouvel An chinois. Dans le train, elle m'a offert un cadeau : un porte-monnaie de la marque Coach avec une finition en cuir brun. Je l'ai remerciée, en supposant que c'était une imitation, comme à peu près tout ce qui est à vendre à Dongguan. Une fois arrivée chez elle, Min offrit à sa mère un autre cadeau : un sac à main Dooney & Bourke rose, et quelques nuits plus tard, sa sœur exhibait un sac à bandoulière LeSportsac marron. Il m'est apparu progressivement que ces sacs étaient fabriqués dans leur usine, et que chacun d'entre eux était authentique.
Min's sister said to her parents, "In America, this bag sells for 320 dollars." Her parents, who are both farmers, looked on, speechless. "And that's not all -- Coach is coming out with a new line, 2191," she said. "One bag will sell for 6,000." She paused and said, "I don't know if that's 6,000 yuan or 6,000 American dollars, but anyway, it's 6,000." (Laughter)
La sœur de Min dit à ses parents, "Aux États-Unis, ce sac se vend à 320 dollars." Ses parents, qui sont tous deux paysans, l'ont regardé, sans voix. "Et ce n'est pas tout... Coach est en train de sortir une nouvelle ligne, 2191, dit-elle, chaque sac se vendra à 6 000." Elle fit une pause et ajouta, "je ne sais pas si c'est 6 000 yuans, ou 6 000 dollars américains, mais en tous cas, c'est 6 000." (Rires)
Min's sister's boyfriend, who had traveled home with her for the new year, said, "It doesn't look like it's worth that much."
Le copain de la sœur de Min, qui était revenu au village avec elle pour le nouvel an, dit, "Ça n'a pas l'air de valoir tant que ça."
Min's sister turned to him and said, "Some people actually understand these things. You don't understand shit."
La sœur de Min se retourna vers lui et lui dit, "Il y a des gens qui comprennent vraiment ces choses. T'y comprends que dalle, toi !"
(Laughter) (Applause)
(Rires) (Applaudissements)
In Min's world, the Coach bags had a curious currency. They weren't exactly worthless, but they were nothing close to the actual value, because almost no one they knew wanted to buy one, or knew how much it was worth. Once, when Min's older sister's friend got married, she brought a handbag along as a wedding present. Another time, after Min had already left the handbag factory, her younger sister came to visit, bringing two Coach Signature handbags as gifts.
Dans le monde de Min, le sac Coach avait un drôle de cours monétaire. Ce n'est pas vraiment qu'ils ne valaient rien, mais ils étaient très loin de leur valeur réelle, parce que quasiment aucune de leurs connaissances n'aurait voulu en acheter un, ou n'aurait su combien ils valaient. Une fois, quand l'amie de la grande sœur de Min s'est mariée, elle a apporté un sac à main comme cadeau de mariage. Une autre fois, après que Min soit partie de l'usine de sacs à main, sa petite sœur est venue lui rendre visite, apportant deux sacs Coach Signature en cadeaux.
I looked in the zippered pocket of one, and I found a printed card in English, which read, "An American classic. In 1941, the burnished patina of an all-American baseball glove inspired the founder of Coach to create a new collection of handbags from the same luxuriously soft gloved-hand leather. Six skilled leatherworkers crafted 12 Signature handbags with perfect proportions and a timeless flair. They were fresh, functional, and women everywhere adored them. A new American classic was born."
J'ai regardé dans la poche zippée de l'un d'entre eux, et j'y ai trouvé une carte imprimée en Anglais, où il était écrit : "Un classique américain. En 1941, la patine lustrée d'un gant de base-ball totalement américain inspira le fondateur de Coach à créer une nouvelle collection de sacs à main faits du même cuir foulonné luxueusement doux. Six talentueux artisans maroquiniers créèrent 12 sacs à main Signature avec des proportions parfaites et un style intemporel. Ils étaient novateurs, fonctionnels, et les femmes de partout les adoraient. Un nouveau classique américain était né."
I wonder what Karl Marx would have made of Min and her sisters. Their relationship with the product of their labor was more complicated, surprising and funny than he could have imagined. And yet, his view of the world persists, and our tendency to see the workers as faceless masses, to imagine that we can know what they're really thinking.
Je me demande ce que Karl Marx aurait fait de Min et ses sœurs. Leur relation avec le produit de leur labeur était plus compliquée, surprenante et drôle que ce qu'il pouvait imaginer. Et pourtant, sa vision du monde persiste, et avec elle notre tendance à voir les ouvriers comme des masses sans visage, à imaginer que nous pouvons savoir ce qu'ils pensent vraiment.
The first time I met Min, she had just turned 18 and quit her first job on the assembly line of an electronics factory. Over the next two years, I watched as she switched jobs five times, eventually landing a lucrative post in the purchasing department of a hardware factory. Later, she married a fellow migrant worker, moved with him to his village, gave birth to two daughters, and saved enough money to buy a secondhand Buick for herself and an apartment for her parents. She recently returned to Dongguan on her own to take a job in a factory that makes construction cranes, temporarily leaving her husband and children back in the village.
La première fois que j'ai rencontré Min, elle venait juste d'avoir 18 ans et elle venait de démissionner de son travail sur une ligne d'assemblage d'une usine d'électronique. Durant les deux années suivantes, je l'ai vue changer de travail cinq fois, jusqu'à obtenir un poste lucratif dans le département achats d'une usine de matériel informatique. Plus tard, elle s'est mariée avec un autre travailleur migrant, a emménagé avec lui dans son village, a donné naissance à deux filles, et économisé assez d'argent pour acheter une Buick d'occasion pour elle-même, et un appartement pour ses parents. Elle est récemment retournée, seule, à Dongguan pour prendre un travail dans une usine qui fait des grues de construction, en laissant temporairement son mari et ses enfants au village.
In a recent email to me, she explained, "A person should have some ambition while she is young so that in old age she can look back on her life and feel that it was not lived to no purpose."
Dans un récent e-mail, elle m'a expliqué, "Une personne devrait avoir de l'ambition tant qu'elle est jeune de sorte que quand elle sera vieille elle puisse regarder sa vie passée, et sentir qu'elle n'a pas été vécue sans but."
Across China, there are 150 million workers like her, one third of them women, who have left their villages to work in the factories, the hotels, the restaurants and the construction sites of the big cities. Together, they make up the largest migration in history, and it is globalization, this chain that begins in a Chinese farming village and ends with iPhones in our pockets and Nikes on our feet and Coach handbags on our arms that has changed the way these millions of people work and marry and live and think. Very few of them would want to go back to the way things used to be.
A travers la Chine, il y a 150 millions de travailleurs comme elle, un tiers d'entre eux des femmes, qui ont quitté leurs villages pour travailler dans les usines, les hôtels, les restaurants et les chantiers de construction des grandes villes. Ensemble, ils forment la plus grande migration de l'Histoire, et c'est la mondialisation, cette chaîne qui commence dans un village agricole chinois et finit avec de iPhones dans nos poches et des Nikes à nos pieds et des sacs à main Coach à nos bras qui a changé la façon dont ces millions de personnes travaillent et se marient et vivent et pensent. Très peu d'entre eux voudraient revenir à la façon dont les chose étaient autrefois.
When I first went to Dongguan, I worried that it would be depressing to spend so much time with workers. I also worried that nothing would ever happen to them, or that they would have nothing to say to me. Instead, I found young women who were smart and funny and brave and generous. By opening up their lives to me, they taught me so much about factories and about China and about how to live in the world.
Quand je suis allée à Dongguan pour la première fois, je craignais que ce soit déprimant de passer tant de temps avec les ouvrières. Je craignais aussi que rien ne leur arrive, ou qu'elles n'aient rien à me dire. Au lieu de cela, j'ai trouvé des jeunes femmes qui étaient intelligentes et drôles et braves et généreuses. En m'ouvrant leurs vies, elles m'ont énormément appris sur les usines, et sur la Chine, et sur comment vivre dans le monde.
This is the Coach purse that Min gave me on the train home to visit her family. I keep it with me to remind me of the ties that tie me to the young women I wrote about, ties that are not economic but personal in nature, measured not in money but in memories. This purse is also a reminder that the things that you imagine, sitting in your office or in the library, are not how you find them when you actually go out into the world.
Voici le porte-monnaie Coach que Min m'a donné dans le train vers chez elle pour rendre visite à sa famille. Je le garde avec moi pour me rappeler les liens qui me lient à la jeune femme sur laquelle j'ai écrit, des liens qui ne sont pas de nature économique mais personnelle, qui se mesurent non pas en argent mais en souvenirs. Ce porte-monnaie sert aussi à me rappeler que les choses qu'on imagine, assis à son bureau ou dans la bibliothèque, ne sont pas comme on les trouve quand on sort réellement dans le monde.
Thank you. (Applause) (Applause)
Merci. (Applaudissements) (Applaudissements)
Chris Anderson: Thank you, Leslie, that was an insight that a lot of us haven't had before. But I'm curious. If you had a minute, say, with Apple's head of manufacturing, what would you say?
Chris Anderson : Merci, Leslie, c'était une mise en perspective que beaucoup d'entre nous n'avaient pas eu avant. Mais je suis curieux. Si vous aviez, disons, une minute avec le directeur de production d'Apple, qu'est-ce que vous lui diriez ?
Leslie Chang: One minute?
Leslie Chang : Une minute ?
CA: One minute. (Laughter)
CA : Une minute. (Rires)
LC: You know, what really impressed me about the workers is how much they're self-motivated, self-driven, resourceful, and the thing that struck me, what they want most is education, to learn, because most of them come from very poor backgrounds. They usually left school when they were in 7th or 8th grade. Their parents are often illiterate, and then they come to the city, and they, on their own, at night, during the weekends, they'll take a computer class, they'll take an English class, and learn really, really rudimentary things, you know, like how to type a document in Word, or how to say really simple things in English. So, if you really want to help these workers, start these small, very focused, very pragmatic classes in these schools, and what's going to happen is, all your workers are going to move on, but hopefully they'll move on into higher jobs within Apple, and you can help their social mobility and their self-improvement. When you talk to workers, that's what they want. They do not say, "I want better hot water in the showers. I want a nicer room. I want a TV set." I mean, it would be nice to have those things, but that's not why they're in the city, and that's not what they care about.
LC : Vous savez, ce qui m'a vraiment impressionnée chez les ouvrières, c'est à quel point elles sont motivées, autonomes, pleines de ressources, et ce qui m'a frappée, ce qu'elles veulent plus que tout, c'est l'éducation, apprendre, parce que la plupart d'entre elles viennent de milieux très pauvres. Elles ont souvent quitté l'école en classe de 5e ou de 4e. Leurs parents sont souvent analphabètes, et puis elles vont à la ville et, toutes seules, la nuit, pendant les week-ends, elles vont suivre un cours d'informatique, elles vont suivre un cours d'anglais, et apprendre des choses vraiment très rudimentaires, vous savez, comme écrire un document sous Word, ou comment dire des choses vraiment simples en anglais. Alors, si vous voulez vraiment aider ces ouvrières, démarrez des petits cours, très focalisés, très pragmatiques, dans ces écoles, et ce qui va se passer, c'est que toutes vos travailleuses vont partir, mais avec un peu de chance elles vont partir vers des emplois plus qualifiés à Apple et vous pouvez aider leur mobilité sociale et leur amélioration. Quand vous parlez avec les ouvrières, c'est cela qu'elles veulent. Elles ne disent pas, "je veux plus d'eau chaude dans les douches. Je veux une chambre plus belle. Je veux une télévision." Je veux dire, ce serait bien d'avoir ces choses, mais ce n'est pas pour cela qu'elles sont à la ville, et ce n'est pas cela qui leur importe.
CA: Was there a sense from them of a narrative that things were kind of tough and bad, or was there a narrative of some kind of level of growth, that things over time were getting better?
CA : Est-ce qu'il y avait chez elles une impression que les choses étaient plutôt dures et mauvaises, ou était-ce l'impression d'une sorte de niveau de croissance, que les choses s'amélioraient au fil du temps ?
LC: Oh definitely, definitely. I mean, you know, it was interesting, because I spent basically two years hanging out in this city, Dongguan, and over that time, you could see immense change in every person's life: upward, downward, sideways, but generally upward. If you spend enough time, it's upward, and I met people who had moved to the city 10 years ago, and who are now basically urban middle class people, so the trajectory is definitely upward. It's just hard to see when you're suddenly sucked into the city. It looks like everyone's poor and desperate, but that's not really how it is. Certainly, the factory conditions are really tough, and it's nothing you or I would want to do, but from their perspective, where they're coming from is much worse, and where they're going is hopefully much better, and I just wanted to give that context of what's going on in their minds, not what necessarily is going on in yours.
LC : Oh, complètement, complètement. Je veux dire, vous savez, c'était intéressant, parce que j'ai passé en gros deux ans à traîner dans cette ville, Dongguan, et sur cette durée, vous pouviez voir d'énormes changements dans la vie de chaque personne : vers le haut, vers le bas, vers les côtés, mais généralement vers le haut. Si vous y passez suffisamment de temps, c'est vers le haut, et j'ai rencontré des gens qui étaient venus en ville il y a dix ans, et qui sont maintenant, en gros, des gens de la classe moyenne urbaine, alors la trajectoire est définitivement dirigée vers le haut. C'est juste que c'est difficile à voir quand vous êtes tout d'un coup aspiré dans la ville. On dirait que tout le monde est pauvre et désespéré, mais ce n'est pas vraiment ainsi. C'est sûr que les conditions d'usine sont vraiment dures, et c'est quelque chose que vous et moi ne voudrions jamais faire, mais depuis leur point de vue, l'endroit d'où elles viennent est bien pire, et là où elles vont est en principe bien mieux, et je voulais juste donner le contexte de ce qui se passe dans leurs têtes, et pas forcément ce qui se passe dans les vôtres.
CA: Thanks so much for your talk. Thank you very much. (Applause)
CA : Merci beaucoup pour votre présentation. Merci beaucoup. (Applaudissements)