Leah Chase: Oh, this is beautiful. Oh, gosh, I never saw such a room and beauty and strength like I'm looking at. That's gorgeous. It is. It is a beautiful room.
Leah Chase : Oh, comme c'est beau. Oh mince, je n'ai jamais vu une telle pièce, une telle beauté et une telle force comme je le vois ici. C'est magnifique. Vraiment. C'est une très belle pièce.
Pat Mitchell: I almost said your age, because you gave me permission, but I realized that I was about to make you a year older. You're only 94.
Pat Mitchell : J'ai failli dire votre âge, parce que vous m'y avez autorisée, mais j'étais sur le point de vous vieillir d'un an. Vous n'avez que 94 ans.
(Laughter)
(Rires)
(Applause)
(Applaudissements)
LC: Yeah, I'm only 94.
LC : Oui, je n'ai que 94 ans.
(Applause)
(Applaudissements)
I mean, you get this old and parts start wearing out. Your legs start wearing out. The one thing that my children always say: "But nothing happened to your mouth."
Je veux dire, vous arrivez à mon âge et vous commencez à fatiguer par endroits. Vos jambes commencent à fatiguer. La chose que mes enfants disent toujours : « Mais ta bouche est toujours en bon état. »
(Laughter)
(Rires)
So you've got to have something going, so I've got my mouth going.
Il faut que quelque chose marche, et moi, c'est ma bouche qui marche.
(Laughter)
(Rires)
PM: So Mrs. Chase, the first time we were there, I brought a group of young women, who work with us at TED, into the kitchen, and we were all standing around and you had already cooked lunch for hundreds of people, as you do every day, and you looked up at them. You have to share with this audience what you said to those young women.
PM : La première fois que nous étions là-bas, j'ai amené un groupe de jeunes femmes qui travaillent avec nous à TED, dans la cuisine, vous aviez déjà préparé le déjeuner pour des centaines de personnes comme vous le faites chaque jour et vous avez levé les yeux vers elles. Vous devez partager avec notre public ce que vous avez dit à ces jeunes femmes.
LC: Well, you know, I talk to young women all the time, and it's beginning to bother me, because look how far I came. I'd come with women that had to really hustle and work hard, and they knew how to be women. They didn't play that man down. And, well, we didn't have the education you have today, and God, I'm so proud when I see those women with all that education under their belt. That's why I worked hard, tried to get everybody to use those resources. So they just don't know their power, and I always tell them, just look at my mother, had 12 girls before she had a boy.
LC : Vous savez, je parle tout le temps à des jeunes femmes et ça commence à m'ennuyer, parce que regardez le chemin que j'ai parcouru. J'ai vécu avec des femmes qui se débrouillaient et travaillaient dur et qui savaient comment être des femmes. Elles ne rabaissaient pas les hommes. Nous n'avions pas l'éducation que vous avez aujourd'hui et mon Dieu, je suis si fière lorsque je vois ces femmes avec tous ces diplômes à leur ceinture. C'est pour ça que j'ai travaillé, que j'ai essayé de faire en sorte que tout le monde utilise ces ressources. Elles ne connaissent pas leur pouvoir et je leur dis toujours, regardez ma mère, elle a eu 12 filles avant d'avoir un garçon.
(Laughter)
(Rires)
So you know how I came out.
Vous savez comment j'en suis arrivée là.
(Laughter)
(Rires)
Now, she had 14 children. She raised 11 of us out of that 14, and up until last year, we were all still living, a bunch of old biddies, but we're still here.
Elle a eu 14 enfants. Elle a élevé 11 d'entre nous et jusqu'à l'an dernier, nous étions tous en vie, de vieilles bonnes femmes, mais nous sommes toujours là.
(Laughter)
(Rires)
And sometimes we can be just cantankerous and blah blah blah blah blah, but we still go. And I love to see women. You don't know what it does for me to see women in the position that you're in today. I never thought I'd see that. I never thought I'd see women be able to take places and positions that we have today. It is just a powerful thing.
On peut parfois être acâriatres et bla bla bla bla bla, mais on avance toujours. Et j'adore voir des femmes. Vous n'imaginez pas ce que ça me fait de voir des femmes dans les rôles que vous occupez aujourd'hui. Je n'aurais jamais pensé voir ça. Je n'aurais jamais pensé voir des femmes capables d'investir les endroits et les rôles que nous avons aujourd'hui. C'est quelque chose de puissant.
I had a young woman come to me. She was an African-American woman. And I said, "Well, what do you do, honey?" She said, "I am a retired Navy pilot." Oh God, that just melted me, because I knew how hard it was to integrate that Navy. You know, the Navy was the last thing to really be integrated, and that was done by Franklin Roosevelt as a favor to an African-American man, Lester Granger, that I knew very well. He was the head of the National Urban League back there, and when Roosevelt asked him, he wanted to appoint Lester as maybe one of his cabinet members. Lester said, "No, I don't want that. All I want you to do is integrate that Navy." And that was what Franklin did. Well, Franklin didn't live to do it, but Truman did it. But when this woman told me, "I have flown everything there is to fly," bombers, just all kinds of planes, it just melted me, you know, just to see how far women have come. And I told her, I said, "Well, you could get into the space program." She said, "But Ms. Chase, I'm too old." She was already 60-some years old, and, you know, you're over the hill then.
Une jeune femme était venue me parler. C'était une femme afro-américaine. J'ai dit : « Et qu'est-ce que tu fais, chérie ? » Elle a dit : « Je suis pilote pour la marine à la retraite. » Mon Dieu, je me suis décomposée, parce que je savais à quel point il est difficile d'intégrer la marine. Vous savez, la marine a été le dernier endroit à abolir la ségrégation et c'est grâce à Franklin Roosevelt, comme une faveur à un homme afro-américain, Lester Granger, que je connaissais très bien. Il était à la tête de la National Urban League à l'époque et lorsque Roosevelt lui a demandé, il voulait nommer Lester en tant que membre du Cabinet, Lester a dit : « Non, je ne veux pas ça. Tout ce que je veux, c'est que la marine soit ouverte à tous. » Et c'est ce que Franklin a fait. Bon, Franklin n'a pas vécu pour le faire, mais Truman l'a fait. Mais lorsque cette femme m'a dit : « J'ai piloté tout ce qu'il y a à piloter », des bombardiers, toutes sortes d'avions, ça m'a fait fondre, vous savez, de voir tout le chemin qu'ont parcouru les femmes. Et je lui ai dit : « Tu pourrais entrer dans le programme spatial. » Elle a dit : « Mais je suis trop vieille. » Elle avait déjà plus de 60 ans et vous savez, vous êtes fini à cet âge-là.
(Laughter)
(Rires)
They don't want you flying up in the sky at 60-something years old. Stay on the ground. When I meet women, and today everybody comes to my kitchen, and you know that, and it upsets Stella, my daughter. She doesn't like people coming in the kitchen. But that's where I am, and that's where you're going to see me, in the kitchen. So when they come there, I meet all kinds of people. And that is the thing that really uplifts me, is when I meet women on the move. When I meet women on the move, it is good for me. Now, I'm not one of these flag-waving women. You're not going to see me out there waving. No, I don't do that.
On ne veut pas vous envoyer dans le ciel à 60 ans et des poussières. Restez sur Terre. Lorsque je rencontre des femmes et aujourd'hui, tout le monde vient dans ma cuisine, vous le savez, et ça embête Stella, ma fille. Elle n'aime pas voir des gens dans la cuisine. Mais c'est là où je suis et c'est là où vous pouvez me voir, dans ma cuisine. Je rencontre plein de personnes différentes. C'est vraiment ce qui me réconforte, lorsque je rencontre des femmes d'action. Lorsque je rencontre des femmes d'action, c'est bon pour moi. Je ne suis pas l'une de ces femmes qui portent les armes. Vous n'allez pas me voir dehors à agiter un drapeau. Non, je ne fais pas ça.
(Laughter)
(Rires)
No, I don't do that, and I don't want any of you to do that. Just be good women. And you know, my mother taught us ... she was tough on us, and she said, "You know, Leah," she gave us all this plaque, "to be a good woman, you have to first look like a girl." Well, I thought I looked like a girl. "Act like a lady." That, I never learned to do.
Non, je ne fais pas ça et je ne veux pas que vous le fassiez. Soyez de braves femmes. Vous savez, ma mère nous a appris... elle était dure avec nous et elle a dit : « Tu sais, Leah », elle nous a donné à tous cette plaque, « pour être une brave femme, tu dois d'abord ressembler à une fille. » Je pensais que je ressemblais à une fille. « Comporte-toi comme une dame. » Je n'ai jamais réussi à faire ça.
(Laughter)
(Rires)
"Think like a man." Now don't act like that man; think like a man. And "work like a dog."
« Pense comme un homme. » Ne te comporte pas comme un homme, pense comme un homme. Et « travaille comme un chien ».
(Laughter)
(Rires)
So we learned that the hard way. And they taught you that. They taught you what women had to do. We were taught that women controlled the behavior of men. How you act, they will act. So you've got to do that, and I tell you all the time. You know, don't play this man down. It upsets me when you may have a husband that maybe he doesn't have as much education under his belt as you have, but still you can't play him down. You've got to keep lifting him up, because you don't want to live with a mouse. So you want that man to be a man, and do what he has to do. And anyway, always remember, he runs on cheap gas.
Nous avons appris ça à la dure. Et on vous a appris ça. On vous a appris ce que les femmes devaient faire. On nous a appris que les femmes contrôlaient le comportement des hommes. Ils se comporteront de la même manière que vous. C'est ce que vous devez faire et je vous le dis sans arrêt. Vous savez, ne rabaissez pas les hommes. Je suis ennuyée lorsque vous avez un mari qui n'est peut-être pas aussi éduqué que vous, mais vous ne devez quand même pas le rabaisser. Vous devez l'encourager parce que vous ne voulez pas vivre avec une souris. Vous voulez que cet homme soit un homme et qu'il fasse ce qu'il a à faire. Mais n'oubliez jamais, il n'est pas cher à entretenir.
(Laughter)
(Rires)
So fill him up with cheap gas --
Faites le plein –
(Laughter)
(Rires)
and then, you got him. It's just so --
et vous l'aurez. C'est tellement –
(Laughter) It's just --
(Rires) C'est juste –
PM: You have to give us a minute to take that in.
PM : Donnez-nous un instant pour digérer ça.
(Laughter)
(Rires)
LC: When I heard this young lady speak before I came out -- she was so beautiful, and I wished I could be like that, and my husband, poor darling -- I lost him after we were married 70 years -- didn't agree on one thing, never did, nothing, but we got along together because he learned to understand me, and that was just hard, because he was so different. And that lady reminded me. I said, "If I would have just been like her, Dooky would have really loved it."
LC : Lorsque j'ai entendu cette jeune femme avant d'entrer sur scène – elle était si belle, j'aurais aimé être comme ça et mon mari, pauvre chéri – je l'ai perdu après 70 ans de mariage – n'était jamais d'accord, jamais, sur rien, mais nous nous entendions bien parce qu'il a appris à me comprendre. C'était vraiment difficile parce qu'il était si différent. Et cette femme m'a rappelé ça. Je me suis dit : « Si j'avais été juste comme elle, Dooky aurait vraiment adoré. »
(Laughter)
(Rires)
But I wasn't. I was always pushy, always moving, always doing this, and he used to come to me all the time, and he said, "Honey, God's going to punish you."
Mais non. J'étais exigeante, toujours en mouvement, toujours à faire quelque chose. Il venait tout le temps me voir pour dire : « Chérie, Dieu va te punir. »
(Laughter)
(Rires)
"You -- you're just not grateful." But it isn't that I'm not grateful, but I think, as long as you're living, you've got to keep moving, you've got to keep trying to get up and do what you've got to do.
« Tu n'es pas reconnaissante. » Ce n'est pas que je ne suis pas reconnaissante mais je crois, tant que vous êtes en vie, que vous devez continuer à bouger, vous devez continuer à vous lever et à faire ce que vous avez à faire.
(Applause)
(Applaudissements)
You cannot sit down. You have to keep going, keep trying to do a little bit every day. Every day, you do a little bit, try to make it better. And that's been my whole life. Well, I came up in the country, small town, had to do everything, had to haul the water, had to wash the clothes, do this, do that, pick the dumb strawberries, all that kind of stuff.
Ne vous asseyez pas. Vous devez continuer, essayer de faire un peu chaque jour. Chaque jour, vous faites un petit peu, vous essayez de faire mieux. Ma vie entière a été comme ça. J'ai grandi dans la campagne, dans une petite ville, je devais tout faire, je devais transporter l'eau, laver les vêtements, faire ci, faire ça, cueillir ces satanées fraises, ce genre de choses.
(Laughter)
(Rires)
But still, my daddy insisted that we act nice, we be kind. And that's all. When I heard this young woman -- oh, she sounds so beautiful -- I said, "I wish I could be like that."
Et pourtant, mon père tenait à ce que l'on se comporte bien, à ce que l'on soit gentils. Et c'est tout. Lorsque j'ai entendu cette femme – oh, elle avait une si jolie voix – j'ai dit : « J'aimerais être comme ça. »
PM: Mrs. Chase, we don't want you to be any different than you are. There is no question about that. Let me ask you. This is why it's so wonderful to have a conversation with someone who has such a long view --
PM : Mme Chase, nous ne voulons pas que vous soyez différente. Il n'y aucun doute là-dessus. Permettez-moi de vous demander. C'est pour ça que c'est si formidable de pouvoir parler avec quelqu'un qui a une vision si longue –
LC: A long time.
LC : Si longue.
PM: to remembering Roosevelt and the person he did that favor for. What is in your head and your mind and what you have seen and witnessed ... One of the things that it's good to remember, always, is that when you opened that restaurant, whites and blacks could not eat together in this city. It was against the law. And yet they did, at Dooky Chase. Tell me about that.
PM : de se rappeler de Roosevelt et de la personne à qui il a rendu service. Ce que vous pensez, ce que vous avez vu... L'une des choses qu'il est bon de se rappeler, toujours, c'est que lorsque vous avez ouvert ce restaurant, les Blancs et les Noirs ne pouvaient pas manger ensemble dans cette ville. C'était contraire à la loi. Et pourtant, ils mangeaient ensemble, à Dooky Chase. Racontez-nous.
LC: They did, there. Well, my mother-in-law first started this, and the reason she started is, because her husband was sickly, and he would go out -- and people from Chicago and all the places, you would call his job a numbers runner. But in New Orleans, we are very sophisticated --
LC : C'était comme ça, là-bas. C'est ma belle-mère qui en est à l'origine, et la raison derrière tout ça, c'est que son mari était malade, et il sortait – et les gens de Chicago et de partout ailleurs appelleraient son travail celui d'encaisseur de paris. Mais à la Nouvelle-Orléans, nous sommes très sophistiqués –
(Laughter)
(Rires)
so it wasn't a numbers runner, it was a lottery vendor.
alors il n'encaissait pas les paris, il vendait des tickets de loterie.
(Laughter)
(Rires)
So you see, we put class to that. But that's how he did it. And he couldn't go from house to house to get his clients and all that, because he was sick, so she opened up this little sandwich shop, so she was going to take down the numbers, because he was sick a lot. He had ulcers. He was really bad for a long a time. So she did that -- and not knowing anything, but she knew she could make a sandwich. She knew she could cook, and she borrowed 600 dollars from a brewery. Can you imagine starting a business today with 600 dollars and no knowledge of what you're doing? And it always just amazed me what she could do. She was a good money manager. That, I am not. My husband used to call me a bankrupt sister.
Vous voyez, on rajoute de la classe. Mais c'est ce qu'il faisait. Il ne pouvait pas faire du porte-à-porte pour trouver des clients et tout ça, parce qu'il était malade, alors elle a ouvert cette petite sandwicherie et elle allait noter les numéros, parce qu'il était souvent malade. Il avait des ulcères. Il a longtemps été très mal en point. C'est ce qu'elle a fait – et elle ne savait rien, sauf qu'elle pouvait faire un sandwich. Elle pouvait cuisiner et elle a emprunté 600 dollars à une brasserie. Vous imaginez ouvrir une entreprise aujourd'hui avec 600 dollars sans savoir ce que vous faites ? J'ai toujours été épatée par ce qu'elle pouvait faire. Elle était très douée pour gérer l'argent. Pas moi. Mon mari m'appelait la sœur de la ruine.
(Laughter)
(Rires)
"She'll spend everything you got." And I would, you know.
« Elle dépensera tout ce que vous avez. » Et c'est vrai, vous savez.
PM: But you kept the restaurant open, though, even in those times of controversy, when people were protesting and almost boycotting. I mean, it was a controversial move that you and your husband made.
PM : Mais vous avez gardé le restaurant, même lors de ces périodes de controverse où les gens manifestaient et en venaient presque à boycotter. C'est une décision controversée que vous avez prise avec votre mari.
LC: It was, and I don't know how we did it, but as I said, my mother-in-law was a kind, kind person, and you didn't have any African-Americans on the police force at that time. They were all white. But they would come around, and she would say, "Bebe, I'm gonna fix you a little sandwich." So she would fix them a sandwich. Today they would call that bribery.
LC : Oui et je ne sais pas comment on a fait, mais comme je l'ai dit, ma belle-mère était une personne très gentille et il n'y avait pas d'Afro-américains dans les forces de police à l'époque. Ils étaient tous blancs. Mais ils nous rendaient visite et elle leur disait : « Bébé, je vais te faire un petit sandwich. » Alors elle leur faisait un sandwich. Aujourd'hui, on appellerait ça un pot-au-vin.
(Laughter)
(Rires)
But she was just that kind of person. She liked to do things for you. She liked to give. So she would do that, and maybe that helped us out, because nobody ever bothered us. We had Jim Dombrowski, Albert Ben Smith, who started all kinds of things right in that restaurant, and nobody ever bothered us. So we just did it.
Mais elle était comme ça. Elle aimait faire des choses pour les autres, elle aimait donner. C'est ce qu'elle faisait et ça nous a peut-être aidés, parce que personne ne nous a jamais embêtés. Nous avions Jim Dombrowski et Albert Ben Smith qui ont commencé toutes sortes de choses dans ce restaurant même et personne ne nous a jamais embêtés. Alors on a continué.
PM: Excuse me. You talked to me that day about the fact that people considered the restaurant a safe haven where they could come together, particularly if they were working on civil rights, human rights, working to change the laws.
PM : Excusez-moi. Vous m'avez dit ce jour-là que les gens considéraient ce restaurant comme un havre de paix où ils pouvaient se retrouver, en particulier s'ils travaillaient sur les droits civiques et les droits de l'Homme, s'ils travaillaient pour changer les lois.
LC: Well, because once you got inside those doors, nobody ever, ever bothered you. The police would never come in and bother our customers, never. So they felt safe to come there. They could eat, they could plan. All the Freedom Riders, that's where they planned all their meetings. They would come and we would serve them a bowl of gumbo and fried chicken.
LC : Eh bien, parce qu'une fois que vous passiez le seuil de la porte, personne ne vous embêtait, jamais. La police ne venait jamais déranger nos clients, jamais. Ils se sentaient en sécurité là-bas. Ils pouvaient manger, ils pouvaient organiser. Les Freedom Riders, c'est là où ils organisaient toutes leurs réunions. Ils venaient et on leur servait un bol de gombo et du poulet frit.
(Laughter)
(Rires)
So I said, we'd changed the course of America over a bowl of gumbo and some fried chicken.
J'ai dit que nous avons changé le cours des États-Unis autour d'un bol de gombo et de poulet frit.
(Applause)
(Applaudissements)
I would like to invite the leaders, now, just come have a bowl of gumbo and some fried chicken, talk it over and we'd go and we'd do what we have to do.
J'aimerais inviter les dirigeants, maintenant, venez prendre un bol de gombo et du poulet frit, discutez et nous vous laissons pour faire ce que nous avons à faire.
(Applause)
(Applaudissements)
And that's all we did.
C'est tout ce que nous faisions.
PM: Could we send you a list to invite to lunch?
PM : Pouvons-nous vous envoyer une liste de personnes à inviter ?
(Laughter)
(Rires)
LC: Yeah, invite. Because that's what we're not doing. We're not talking. Come together. I don't care if you're a Republican or what you are -- come together. Talk. And I know those old guys. I was friends with those old guys, like Tip O'Neill and all of those people. They knew how to come together and talk, and you would disagree maybe. That's OK. But you would talk, and we would come to a good thing and meet. And so that's what we did in that restaurant. They would plan the meeting, Oretha's mother, Oretha Haley's mother. She was big in CORE. Her mother worked for me for 42 years. And she was like me. We didn't understand the program. Nobody our age understood this program, and we sure didn't want our children to go to jail. Oh, that was ... oh God. But these young people were willing to go to jail for what they believed. We were working with Thurgood and A.P. Tureaud and all those people with the NAACP. But that was a slow move. We would still be out here trying to get in the door, waiting for them.
LC : Oui, invitez. Parce que c'est ce que nous ne faisons pas. Nous ne parlons pas. Venez vous rassembler. Je m'en fiche que vous soyez républicain ou autre – rassemblez-vous. Parlez. Je connais ces vieux papis. J'étais amie avec eux, comme Tip O'Neill et tous les autres. Ils savaient comment se retrouver et parler et vous n'étiez peut-être pas d'accord. Ce n'est pas un problème. Mais vous parliez et vous trouviez un terrain d'entente. C'est ce que nous faisions dans ce restaurant. Ils organisaient leur réunion. La mère d'Oretha Haley. Oretha était importante au CORE. Sa mère a travaillé par moi pendant 42 ans. Et elle était comme moi. On ne comprenait pas le programme. Personne de notre âge ne comprenait ce programme et on ne voulait certainement pas que nos enfants aillent en prison. Oh, c'était.... oh mon Dieu. Mais ces jeunes gens étaient prêts à aller en prison pour leurs convictions. On travaillait avec Thurgood et A.P. Tureaud et tous ces gens avec la NAACP. Mais ça a pris du temps. On était toujours là à essayer de se faire une place, à les attendre.
(Laughter)
(Rires)
PM: Is that Thurgood Marshall you're talking about?
PM : Est-ce Thurgood Marshall dont vous parlez ?
LC: Thurgood Marshall. But I loved Thurgood. He was a good movement. They wanted to do this without offending anybody. I'll never forget A.P. Tureaud: "But you can't offend the white people. Don't offend them." But these young people didn't care. They said, "We're going. Ready or not, we're going to do this." And so we had to support them. These were the children we knew, righteous children. We had to help them.
LC : Thurgood Marshall. J'adorais Thurgood. C'était un bon homme d'action. Ils voulaient agir sans blesser personne. Je n'oublierai jamais A.P. Tureaud : « Vous ne pouvez pas vexer les Blancs. Ne les vexez pas. » Mais ces jeunes s'en fichaient. Ils disaient : « On y va. Prêts ou pas, on y va. » Il fallait qu'on les soutienne. C'étaient les enfants que l'on connaissait, de braves enfants. On devait les aider.
PM: And they brought the change. LC: And they brought the change. You know, it was hard, but sometimes you do hard things to make changes.
PM : Et ils ont apporté le changement. LC : Ils ont apporté le changement. Vous savez, c'était difficile mais parfois il faut faire des choses difficiles pour avancer.
PM: And you've seen so many of those changes. The restaurant has been a bridge. You have been a bridge between the past and now, but you don't live in the past, do you? You live very much in the present.
PM : Et vous avez vu tellement de ces changements. Le restaurant a été un lien. Vous avez été le lien entre le passé et le présent, mais vous ne vivez pas dans le passé, n'est-ce pas ? Vous êtes très ancrée dans le présent.
LC: And that's what you have to tell young people today. OK, you can protest, but put the past behind you. I can't make you responsible for what your grandfather did. That's your grandfather. I have to build on that. I have to make changes. I can't stay there and say, "Oh, well, look what they did to us then. Look what they do to us now." No, you remember that, but that makes you keep going on, but you don't harp on it every day. You move, and you move to make a difference, and everybody should be involved. My children said, "Mother, don't get political," you know.
LC : C'est ce qu'il faut dire aux jeunes d'aujourd'hui. D'accord, vous pouvez manifester mais laissez le passé derrière vous. Je ne peux pas vous rendre responsable des actions de votre grand-père. C'était votre grand-père. Je dois construire là-dessus. Je dois faire des changements. Je ne peux pas rester ici et dire : « Regardez ce qu'ils nous ont fait alors et ce qu'ils nous font maintenant. » Non, vous vous en rappelez, mais c'est ce qui vous fait avancer, vous ne ruminez pas ça tous les jours. Vous avancez et vous avancez pour faire la différence. Tout le monde devrait être impliqué. Mes enfants disaient : « Mère, arrête avec la politique », vous savez.
(Laughter)
(Rires)
"Don't get political, because you know we don't like that." But you have to be political today. You have to be involved. Be a part of the system. Look how it was when we couldn't be a part of the system. When Dutch Morial became the mayor, it was a different feeling in the African-American community. We felt a part of things. Now we've got a mayor. We feel like we belong. Moon tried before Dutch came.
« Arrête avec la politique, tu sais qu'on n'aime pas ça. » Mais il faut être politique aujourd'hui. Vous devez être engagés. Faire partie du système. Regardez comment c'était lorsqu'on ne pouvait pas en faire partie. Lorsque Dutch Morial est devenu maire, quelque chose a changé dans la communauté afro-américaine. Nous faisions enfin partie des choses. Maintenant nous avons un maire. Nous nous sentons acceptés. Moon a essayé avant l'arrivée de Dutch.
PM: Mayor Landrieu's father, Moon Landrieu.
PM : Le père du maire Landrieu, Moon Landrieu.
LC: Mayor Landrieu's father, he took great, great risks by putting African-Americans in city hall. He took a whipping for that for a long time, but he was a visionary, and he did those things that he knew was going to help the city. He knew we had to get involved. So that's what we have to do. We don't harp on that. We just keep moving, and Mitch, you know, I tell Moon all the time, "You did a good thing," but Mitch did one bigger than you and better than you. When he pulled those statues down, I said, "Boy, you're crazy!"
LC : Le père du maire Landrieu, il a pris beaucoup de risques en mettant des Afro-américains à la mairie. Il a eu des problèmes pendant longtemps à cause de ça, mais c'était un visionnaire et il a fait ces choses parce qu'il savait que ça aiderait la ville. Il savait qu'on devait être impliqués. Voici ce qu'on a à faire. On ne ressasse pas le passé. On continue d'avancer et Mitch, vous savez, je dis à Moon sans arrêt : « Tu as fait quelque chose de bien, mais Mitch a fait une chose qui était mieux que ce que tu as fait. Lorsqu'il a désinstallé ces statues, j'ai dit : « Garçon, tu es fou ! »
(Applause)
(Applaudissements)
You're crazy. But it was a good political move. You know, when I saw P.T. Beauregard come down, I was sitting looking at the news, and it just hit me what this was all about. To me, it wasn't about race; it was a political move. And I got so furious, I got back on that kitchen the next morning, and I said, come on, pick up your pants, and let's go to work, because you're going to get left behind. And that's what you have to do. You have to move on people, move on what they do. It was going to bring visibility to the city. So you got that visibility -- move on it, uplift yourself, do what you have to do, and do it well. And that's all we do. That's all I try to do.
Tu es fou. » Mais c'était un geste politique intelligent. Lorsque j'ai vu P.T. Beauregard descendre de son socle, je regardais le journal télévisé, et j'ai compris d'un coup ce que tout ça signifiait. Pour moi, ce n'était pas à propos de la race, c'était un geste politique. Je suis devenue si furieuse, je suis retournée à la cuisine le lendemain, j'ai dit, viens, enfile ton pantalon, on va au travail parce qu'on risquerait de t'oublier. Et c'est ce qu'il faut faire. Il faut suivre les gens, suivre le mouvement. C'était censé attirer l'attention sur la ville. Vous avez cette visibilité – profitez-en, manifestez-vous, faites ce que vous avez à faire et faites-le bien. C'est tout ce que nous faisons. C'est tout ce que je fais.
PM: But you just gave the formula for resilience. Right? So you are clearly the best example we could find anywhere of resilience, so there must be something you think --
PM : Vous venez juste de donner la recette de la résilience, n'est-ce pas ? Vous êtes clairement le meilleur exemple qui soit de la résilience. Il doit y avoir quelque chose que vous pensez –
LC: I like emotional strength. I like people with emotional and physical strength, and maybe that's bad for me. My favorite all-time general was George Patton. You know, that wasn't too cool.
LC : J'aime la force émotionnelle. J'aime les gens avec une force émotionnelle et physique et peut-être que c'est mauvais pour moi. Mon général préféré de tous les temps était George Patton. Vous savez, ce n'était pas si cool.
(Laughter)
(Rires)
PM: It's surprising.
PM : C'est surprenant.
LC: I've got George Patton hanging in my dining room because I want to remember. He set goals for himself, and he was going to set out to reach those goals. He never stopped. And I always remember his words: "Lead, follow, or get out of the way." Now, I can't lead --
LC : George Patton est accroché dans ma salle à manger parce que je veux me rappeler. Il s'est fixé des objectifs et il a tout fait pour atteindre ces objectifs. Il ne s'arrêtait jamais. Je me rappellerai toujours de ses mots : « Menez, suivez ou dégagez. » Je ne suis pas une meneuse –
(Applause)
(Applaudissements)
I can't be a leader, but I can follow a good leader, but I am not getting out of the way.
Je ne peux pas être une meneuse mais je peux suivre un bon meneur et je ne dégagerai pas.
(Applause)
(Applaudissements)
But that's just what you have to do.
Mais c'est tout ce que vous avez à faire.
(Applause)
(Applaudissements)
If you can't lead -- leaders need followers, so if I help you up there, I'm going to ride on your coattails, and I can't count the coattails I've ridden upon.
Si vous ne pouvez pas mener – les meneurs ont besoin de suiveurs, alors si je vous aide, je ne vais pas vous lâcher les basques, et je ne compte plus les basques que je n'ai pas lâchées.
(Laughter)
(Rires)
Feed you good. You'll help me out.
Je vous fais bien à manger. Vous m'aidez.
(Laughter)
(Rires)
And that's what life is all about. Everybody can do something, but please get involved. Do something. The thing we have to do in this city, in all cities -- mommas have to start being mommas today. You know? They have to start understanding -- when you bring this child in the world, you have to make a man out of it, you have to make a woman out of it, and it takes some doing. It takes sacrifice. Maybe you won't have the long fingernails, maybe you won't have the pretty hair. But that child will be on the move, and that's what you have to do. We have to concentrate on educating and making these children understand what it's all about. And I hate to tell you, gentlemen, it's going to take a good woman to do that. It's going to take a good woman to do that.
Et c'est ça, la vie. Tout le monde peut faire quelque chose, mais s'il vous plaît, participez. Faites quelque chose. Ce que nous devons faire dans cette ville, dans toutes les villes – les mamans doivent commencer à être des mamans aujourd'hui. Vous savez ? Elles doivent comprendre – lorsque l'on met un enfant au monde, on doit en faire un homme, on doit en faire une femme et ça demande des efforts. Ça demande des sacrifices. Peut-être que vous n'aurez pas de longs ongles ou de beaux cheveux. Mais cet enfant fera quelque chose de lui et c'est ce que vous devez faire. Vous devez vous consacrer à l'éducation et à faire comprendre à ces enfants ce que ça veut dire. Et je déteste vous le dire, messieurs, mais il faut une brave femme pour faire ça. Il faut une brave femme pour faire ça.
(Applause)
(Applaudissements)
Men can do their part. The other part is to just do what you have to do and bring it home, but we can handle the rest, and we will handle the rest. If you're a good woman, you can do that.
Les hommes peuvent faire leur part. Faites ce que vous avez à faire et ramenez-le à la maison, mais on peut s'occuper du reste et on s'occupera du reste. Si vous êtes une brave femme, vous pouvez le faire.
PM: You heard that first here. We can handle the rest.
PM : Vous en avez la primeur ici : on peut s'occuper du reste.
LC: We can handle the rest.
LC : On peut s'occuper du reste.
Mrs. Chase, thank you so much --
Mme Chase, merci beaucoup –
LC: Thank you.
LC : Merci.
PM: for taking time out from the work you do every day in this community.
PM : d'avoir pris le temps sur le travail que vous faites pour la communauté.
LC: But you don't know what this does for me. When I see all of these people, and come together -- people come to my kitchen from all over the world. I had people come from London, now twice this happened to me. First a man came, and I don't know why he came to this -- Every year, the chefs do something called "Chef's Charity." Well, it so happened I was the only woman there, and the only African-American there on that stage doing these demonstrations, and I would not leave until I saw another woman come up there, too. I'm not going up -- they're going to carry me up there until you bring another woman up here.
LC : Vous ne savez pas ce que c'est pour moi. Lorsque je vois tous ces gens se rassembler – des gens du monde entier viennent dans mon restaurant. J'ai eu des gens qui venaient de Londres, ça m'est arrivé deux fois. D'abord c'était un homme et je ne sais pas pourquoi il est venu pour ça – tous les ans, les chefs font quelque chose qui s'appelle Chef's Charity. Il s'est avéré que j'étais la seule femme et la seule Afro-américaine sur la scène à faire ces démonstrations et je ne voulais pas partir jusqu'à ce qu'une autre femme monte sur la scène. Je ne m'en vais pas – vous devez me porter jusqu'à ce que vous ameniez une autre femme.
(Laughter)
(Rires)
So they have another one now, so I could step down. But this man was from London. So after that, I found the man in my kitchen. He came to my kitchen, and he said, "I want to ask you one question." OK, I thought I was going to ask something about food. "Why do all these white men hang around you?"
Ils ont amené une autre femme et j'ai pu lui laisser la place. Mais cet homme venait de Londres. Après l'événement, j'ai trouvé cet homme dans ma cuisine. Il est venu dans ma cuisine et il a dit : « Je veux vous poser une question. » J'ai cru qu'il allait me demander quelque chose sur la cuisine. « Pourquoi tous ces hommes blancs tournent autour de vous ? »
(Laughter)
(Rires)
What?
Quoi ?
(Laughter)
(Rires)
I couldn't understand. He couldn't understand that. I said, "We work together. This is the way we live in this city. I may never go to your house, you may never come to my house. But when it comes to working, like raising money for this special school, we come together. That's what we do. And still here comes another, a woman, elegantly dressed, about a month ago in my kitchen. She said, "I don't understand what I see in your dining room." I said, "What do you see?" She saw whites and blacks together.
Je ne comprenais pas. Il ne pouvait pas comprendre ça. J'ai dit : « On travaille ensemble. C'est comme ça qu'on vit dans cette ville. Je ne vais peut-être jamais chez vous ou vous n'allez jamais chez moi. Mais lorsqu'il s'agit de travailler, comme réunir de l'argent pour une telle école, on se rassemble. C'est ce que nous faisons. » Et en voilà encore une autre, une femme, très élégante, il y a environ un mois dans ma cuisine. Elle a dit : « Je ne comprends pas ce que je vois dans votre salle à manger. » J'ai répondu : « Que voyez-vous ? » Elle a vu des Blancs et des Noirs ensemble.
That's what we do. We meet. We talk. And we work together, and that's what we have to do. You don't have to be my best friend to work to better your city, to better your country. We just have to come together and work, and that's what we do in this city. We're a weird bunch down here.
C'est ce que nous faisons. On se retrouve. On parle. Et on travaille ensemble et c'est ce que nous devons faire. Vous n'avez pas besoin d'être mon meilleur ami pour vouloir améliorer votre ville, pour vouloir améliorer votre pays. On doit juste se rassembler et travailler et c'est ce qu'on fait dans cette ville. On est bizarre par ici.
(Laughter)
(Rires)
Nobody understands us, but we feed you well.
Personne ne nous comprend mais on fait de la bonne cuisine.
(Laughter)
(Rires)
(Applause)
(Applaudissements)
(Cheering)
(Acclamations)
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)