We're here to celebrate compassion. But compassion, from my vantage point, has a problem. As essential as it is across our traditions, as real as so many of us know it to be in particular lives, the word "compassion" is hollowed out in our culture, and it is suspect in my field of journalism. It's seen as a squishy kumbaya thing, or it's seen as potentially depressing. Karen Armstrong has told what I think is an iconic story of giving a speech in Holland and, after the fact, the word "compassion" was translated as "pity."
Nous sommes ici pour célèbrer la compassion. Mais de mon point de vue, la compassion a un problème. Aussi essentielle soit il dans nos traditions, aussi réel que tant d'entre nous le savent dans nos vies, le mot "compassion" est creux dans notre culture, et il est douteux dans le domaine du journalisme qui est le mien. On le voit comme un hymne spongieux. Ou bien comme quelque chose de potentiellement déprimant. Karen Armstrong a dit ce que je pense être une histoire emblématique d'un discours qu'elle a prononcé aux Pays-Bas et, après coup, le mot "compassion" a été traduit par pitié.
Now compassion, when it enters the news, too often comes in the form of feel-good feature pieces or sidebars about heroic people you could never be like or happy endings or examples of self-sacrifice that would seem to be too good to be true most of the time. Our cultural imagination about compassion has been deadened by idealistic images. And so what I'd like to do this morning for the next few minutes is perform a linguistic resurrection. And I hope you'll come with me on my basic premise that words matter, that they shape the way we understand ourselves, the way we interpret the world and the way we treat others.
Alors maintenant,quand la compassion apparait dans les informations, c'est trop souvent sous la forme d'histoires qui aident les gens à se sentir bien ou bien d'encadrés contant la vie de personnes héroïques que vous ne pourrez jamais devenir ou bien de fins heureuses ou d'exemples d'abnégation qui semblent être trop beaux pour être vrais la plupart du temps. Notre imagination culturelle touchant à la compassion a été étouffée par des images idéalistes. Alors ce que j'aimerais faire ce matin pendant les minutes à venir c'est procéder à une résurrection linguistique. Et j'espère que vous serez d'accord avec mon hypothèse de base qui est que les mots ont de l'importance, qu'ils modèlent la façon que nous avons de nous comprendre, la façon dont nous interprétons le monde et la façon que nous avons d'interagir avec les autres.
When this country first encountered genuine diversity in the 1960s, we adopted tolerance as the core civic virtue with which we would approach that. Now the word "tolerance," if you look at it in the dictionary, connotes "allowing," "indulging" and "enduring." In the medical context that it comes from, it is about testing the limits of thriving in an unfavorable environment. Tolerance is not really a lived virtue; it's more of a cerebral ascent. And it's too cerebral to animate guts and hearts and behavior when the going gets rough. And the going is pretty rough right now. I think that without perhaps being able to name it, we are collectively experiencing that we've come as far as we can with tolerance as our only guiding virtue.
Quand ce pays a connu pour la première fois une réelle diversité dans les années 60, nous avons adopté la tolérance comme la vertu civique centrale qui nous permetterait d'approcher cela. Aujourd'hui, le mot "tolérance", si vous regardez dans un dictionnaire, évoque le laisser-faire, l'indulgence et l'endurance. Dans le contexte médical d'où il est originaire, il traite de la capacité à tester les limites du développement dans un environnement défavorable. La tolérance n'est pas vraiment une vertu ressentie; c'est plutôt une ascension intellectuelle. Et c'est trop cérébral pour animer la détermination et les coeurs et le comportement quand les choses deviennent violentes. Et les choses sont assez violentes aujourd'hui. Je pense que sans pour autant être capable de lui donner un nom, nous connaissons l'expérience collective d'avoir été le plus loin possible uniquement guidés par la vertu qu'est la tolérance.
Compassion is a worthy successor. It is organic, across our religious, spiritual and ethical traditions, and yet it transcends them. Compassion is a piece of vocabulary that could change us if we truly let it sink into the standards to which we hold ourselves and others, both in our private and in our civic spaces. So what is it, three-dimensionally? What are its kindred and component parts? What's in its universe of attendant virtues? To start simply, I want to say that compassion is kind. Now "kindness" might sound like a very mild word, and it's prone to its own abundant cliche. But kindness is an everyday byproduct of all the great virtues. And it is a most edifying form of instant gratification.
La compassion est un noble successeur. C'est organique, à travers nos traditions religieuses, spirituelles et éthiques, et cependant, cela les transcende. La compassion est un fragment de vocabulaire qui pourrait nous transformer si nous décidions de vraiment le laisser s'immiscer dans les critères que nous appliquons aux autres et à nous-mêmes, tant dans notre espace privé que dans notre espace civique. Alors qu'est-ce que c'est, en trois dimensions? Quels sont ses semblables et les parties qui le composent? Qu'il y a-t-il dans cet univers de vertus concomitantes? Pour commencer simplement, j'aimerais dire que la compassion est gentille. Et le mot gentillesse peut sembler un peu léger, et il est sujet à son propre cliché bien fourni. Mais la gentillesse est un sous-produit quotidien de toutes les grandes vertus. Et c'est la forme la plus édifiante de satisfaction instantanée.
Compassion is also curious. Compassion cultivates and practices curiosity. I love a phrase that was offered me by two young women who are interfaith innovators in Los Angeles, Aziza Hasan and Malka Fenyvesi. They are working to create a new imagination about shared life among young Jews and Muslims, and as they do that, they cultivate what they call "curiosity without assumptions." Well that's going to be a breeding ground for compassion.
La compassion est aussi curieuse. La compassion cultive et entraîne la curiosité. J'adore une phrase qui m'a été donnée par deux jeunes femmes qui sont des innovatrices interreligieuses de Los Angeles, Aziza Hasan et Malka Fenyvesi. Elles travaillent pour créer une nouvelle imagination de vie commune parmi de jeunes Juifs et Musulmans. Et faisant cela, elles cultivent ce qu'elles appellent "la curiosité sans hypothèses." Et bien cela constituera une base très fertile pour engendrer la compassion.
Compassion can be synonymous with empathy. It can be joined with the harder work of forgiveness and reconciliation, but it can also express itself in the simple act of presence. It's linked to practical virtues like generosity and hospitality and just being there, just showing up. I think that compassion also is often linked to beauty -- and by that I mean a willingness to see beauty in the other, not just what it is about them that might need helping. I love it that my Muslim conversation partners often speak of beauty as a core moral value. And in that light, for the religious, compassion also brings us into the territory of mystery -- encouraging us not just to see beauty, but perhaps also to look for the face of God in the moment of suffering, in the face of a stranger, in the face of the vibrant religious other.
La compassion peut être synonyme d'empathie. Elle peut être assimilée aux durs labeurs du pardon ou de la réconciliation, mais elle peut également s'exprimer par elle-même par un simple acte de présence. Elle est liée à des vertus concrètes comme la générosité et l'hospitalité en étant juste ici, en se montrant simplement. Je pense que la compassion est aussi souvent reliée à la beauté -- et je veux dire par cela une volonté de voir la beauté chez l'autre, et pas seulement ce qui chez lui qui aurait besoin d'aide. J'aime beaucoup quand mes partenaires de conversation Musulmanes parlent de la beauté comme une valeur morale essentielle. Et selon cette perspective, pour les religieux, la compassion nous amène aussi dans le territoire du mystère -- nous encourageant à voir, pas seulement la beauté, mais peut être aussi à chercher le visage de Dieu lors d'un moment de souffrance, dans le visage d'un étranger, dans le visage plein de vie de l'Autre religieux.
I'm not sure if I can show you what tolerance looks like, but I can show you what compassion looks like -- because it is visible. When we see it, we recognize it and it changes the way we think about what is doable, what is possible. It is so important when we're communicating big ideas -- but especially a big spiritual idea like compassion -- to root it as we present it to others in space and time and flesh and blood -- the color and complexity of life.
Je ne sais pas si je peux vous montrer à quoi ressemble la tolérance, mais je peux vous montrer à quoi ressemble la compassion -- parce qu'elle est visible. Quand nous la voyons, nous la reconnaissons et elle change la façon que nous avons d'appréhender ce qui est faisable, ce qui est possible. C'est aussi important quand nous communiquons de grandes idées -- mais en particulier une grande idée spirituelle comme la compassion -- pour l'aider à prendre racine dans la forme que nous présentons aux autres dans l'espace et le temps et en chair et en sang -- la couleur et la complexité de la vie.
And compassion does seek physicality. I first started to learn this most vividly from Matthew Sanford. And I don't imagine that you will realize this when you look at this photograph of him, but he's paraplegic. He's been paralyzed from the waist down since he was 13, in a car crash that killed his father and his sister. Matthew's legs don't work, and he'll never walk again, and -- and he does experience this as an "and" rather than a "but" -- and he experiences himself to be healed and whole. And as a teacher of yoga, he brings that experience to others across the spectrum of ability and disability, health, illness and aging. He says that he's just at an extreme end of the spectrum we're all on. He's doing some amazing work now with veterans coming back from Iraq and Afghanistan. And Matthew has made this remarkable observation that I'm just going to offer you and let it sit. I can't quite explain it, and he can't either. But he says that he has yet to experience someone who became more aware of their body, in all its frailty and its grace, without, at the same time, becoming more compassionate towards all of life.
Et la compassion cherche vraiment la physicalité. J'ai appris cela pour la première fois d'une manière très vivante grâce à Matthew Sanford. Et je ne pense pas que vous imaginerez cela quand vous regarderez une photo de lui, mais il est paraplégique. Tout son corps en dessous de la taille est paralysé depuis qu'il a 13 ans, dans un accident de voiture qui a tué son père et sa soeur. Les jambes de Matthew ne fonctionnent pas, et il ne remarchera jamais, et -- et il ressent cela plutôt comme un "et" que comme un "mais" -- et il se considère comme étant guéri et entier. Et en tant que professeur de yoga, il apporte cette expérience aux autres à travers le spectre de la validité et de l'infirmité, de la santé, de la maladie et du vieillissement. Il dit qu'il se situe seulement à une extrémité d'un spectre commun à nous tous. Il fait un travail extraordinaire en ce moment avec les vétérans qui reviennent d'Irak et d'Afghanistan. Et Matthew a fait cette observation étonnante que je suis sur le point de vous présenter. Je ne peux pas vraiment vous l'expliquer, et lui non plus. Mais il dit cependant qu'il n'a pas encore rencontré quelqu'un qui devienne plus conscient de son corps, dans toute sa fragilité et sa grâce, sans pour autant, en même temps, devenir plus compatissant en ce qui concerne la vie dans sa globalité.
Compassion also looks like this. This is Jean Vanier. Jean Vanier helped found the L'Arche communities, which you can now find all over the world, communities centered around life with people with mental disabilities -- mostly Down syndrome. The communities that Jean Vanier founded, like Jean Vanier himself, exude tenderness. "Tender" is another word I would love to spend some time resurrecting. We spend so much time in this culture being driven and aggressive, and I spend a lot of time being those things too. And compassion can also have those qualities. But again and again, lived compassion brings us back to the wisdom of tenderness. Jean Vanier says that his work, like the work of other people -- his great, beloved, late friend Mother Teresa -- is never in the first instance about changing the world; it's in the first instance about changing ourselves. He's says that what they do with L'Arche is not a solution, but a sign. Compassion is rarely a solution, but it is always a sign of a deeper reality, of deeper human possibilities.
La compassion ressemble également à ceci. Voici Jean Vanier. Jean Vanier a aidé à fonder les communautés de L'Arche, que vous trouvez maintenant aux quatre coins du globe, des communautés centrées sur la vie avec des personnes handicapées mentales -- principalement la trisomie 21. Les communautés que Jean Vanier a fondées, tout comme Jean Vanier lui-même, respirent la tendresse. "Tendre" est un autre mot que j'adorerais ressusciter. Nous passons tellement de temps dans cette culture à être passionné et motivé, et je passe moi-même beaucoup de temps à être comme ça. Et la compassion peut aussi avoir ses qualités. Mais encore et toujours, la compassion réelle nous ramène à la sagesse de la sensibilité. Jean Vanier affirme que son travail, tout comme celui d'autres personnes -- sa très chère, bien-aimée, amie de longue date, Mère Teresa -- n'a jamais en premier lieu, vocation à changer le monde; il a en premier lieu, vocation à nous changer nous-même. Il explique que ce qu'il fait avec L'Arche n'est pas une solution, mais un signe. La compassion est rarement une solution, mais c'est toujours un signe de réalité plus profonde, de possibilités humaines plus profondes.
And compassion is unleashed in wider and wider circles by signs and stories, never by statistics and strategies. We need those things too, but we're also bumping up against their limits. And at the same time that we are doing that, I think we are rediscovering the power of story -- that as human beings, we need stories to survive, to flourish, to change. Our traditions have always known this, and that is why they have always cultivated stories at their heart and carried them forward in time for us. There is, of course, a story behind the key moral longing and commandment of Judaism to repair the world -- tikkun olam.
Et la compassion est lâchée dans des cercles de plus en plus grands à travers des signes et des histoires, jamais à travers des statistiques et des stratégies. Nous avons aussi besoin de ces choses là, mais nous nous heurtons aussi à leurs limites. Et pendant que nous faisons cela, je pense que nous redécouvrons le pouvoir de l'histoire -- qu'en tant qu'êtres humains, nous avons besoin d'histoires pour survivre, pour nous épanouir, pour changer. Nos traditions ont toujours connu cela, et c'est pourquoi elles ont, en leur sein, cultivé des histoires qu'elles transmettaient à travers le temps pour nous. Il y a bien entendu, une histoire derrière l'aspiration morale clé et les commandements du Judaïsme à rectifier le monde -- tikkun olam.
And I'll never forget hearing that story from Dr. Rachel Naomi Remen, who told it to me as her grandfather told it to her, that in the beginning of the Creation something happened and the original light of the universe was shattered into countless pieces. It lodged as shards inside every aspect of the Creation. And that the highest human calling is to look for this light, to point at it when we see it, to gather it up, and in so doing, to repair the world. Now this might sound like a fanciful tale. Some of my fellow journalists might interpret it that way. Rachel Naomi Remen says this is an important and empowering story for our time, because this story insists that each and every one of us, frail and flawed as we may be, inadequate as we may feel, has exactly what's needed to help repair the part of the world that we can see and touch.
Et je n'oublierai jamais quand j'ai entendu cette histoire de la bouche de Dr. Rachel Naomi Remen, qui me l'a dite de la même façon que son grand père lui a dite, qu'au début de la Création quelque chose s'est passé et la lumière originelle de l'univers a volé en millions d'éclats. Elle est venue se coincer en minuscules brisures dans tous les aspects de la Création. Et la plus haute vocation de l'Homme est de chercher cette lumière, de la montrer du doigt quand on la voit, de la rassembler, et en faisant cela, de rectifier le monde. Alors, cela peut sembler être un conte fantaisiste. Certains de mes confrères journalistes pourraient l'interpréter de la sorte. Rachel Naomi Remen affirme que c'est une histoire puissante et importante pour notre temps, parce que cette histoire insiste sur le fait que chacun d'entre nous, avec notre fragilité et nos défauts, même si nous avons l'impression d'être inadéquats, possède exactement ce qui est nécessaire pour aider à rectifier la partie du monde que l'on peut voir et toucher.
Stories like this, signs like this, are practical tools in a world longing to bring compassion to abundant images of suffering that can otherwise overwhelm us. Rachel Naomi Remen is actually bringing compassion back to its rightful place alongside science in her field of medicine in the training of new doctors. And this trend of what Rachel Naomi Remen is doing, how these kinds of virtues are finding a place in the vocabulary of medicine -- the work Fred Luskin is doing -- I think this is one of the most fascinating developments of the 21st century -- that science, in fact, is taking a virtue like compassion definitively out of the realm of idealism. This is going to change science, I believe, and it will change religion.
Des histoires comme celle-là, des signes comme celui-ci, sont des outils pratiques dans un monde qui aspire à apporter de la compassion à une abondance d'images de souffrance qui sinon pourrait nous submerger. Rachel Naomi Remen ramène en réalité la compassion à sa place légitime, juste à côté de la science dans son domaine de médecine à travers la formation des nouveaux médecins. Et cette tendance que Rachel Naomi Remen est en train de lancer, comment ces sortes de vertus trouvent une place dans le jargon médical -- le travail que Fred Luskin fait -- je pense que c'est l'un des développements les plus fascinants du 21ème siècle -- cette science, en fait, sort une vertu comme de la compassion du royaume de l'idéalisme, absolument . Cela va changer la science, je crois, et cela changera la religion.
But here's a face from 20th century science that might surprise you in a discussion about compassion. We all know about the Albert Einstein who came up with E = mc2. We don't hear so much about the Einstein who invited the African American opera singer, Marian Anderson, to stay in his home when she came to sing in Princeton because the best hotel there was segregated and wouldn't have her. We don't hear about the Einstein who used his celebrity to advocate for political prisoners in Europe or the Scottsboro boys in the American South.
Voici un visage de la science du 20ème siècle qui pourrait vous surprendre dans une discussion sur la compassion. Nous connaissons tous l'Albert Einstein qui apporta E = mc2. Nous n'entendons pas tellement parler de l'Einstein qui invita la chanteuse d'opéra afro-américaine, Marian Anderson, à rester vivre chez lui quand elle est venue chanter à Princeton parce que le meilleur hotel du coin était ségrégationniste et ne voulait pas d'elle. Nous n'entendons pas parler de l'Einstein qui usa de sa célébrité pour défendre des prisonniers politiques en Europe ou bien les Scottsboro boys dans le sud des Etats-Unis.
Einstein believed deeply that science should transcend national and ethnic divisions. But he watched physicists and chemists become the purveyors of weapons of mass destruction in the early 20th century. He once said that science in his generation had become like a razor blade in the hands of a three-year-old. And Einstein foresaw that as we grow more modern and technologically advanced, we need the virtues our traditions carry forward in time more, not less. He liked to talk about the spiritual geniuses of the ages. Some of his favorites were Moses, Jesus, Buddha, St. Francis of Assisi, Gandhi -- he adored his contemporary, Gandhi. And Einstein said -- and I think this is a quote, again, that has not been passed down in his legacy -- that "these kinds of people are geniuses in the art of living, more necessary to the dignity, security and joy of humanity than the discoverers of objective knowledge."
Einstein était profondément convaincu que la science devait surpasser les divisions nationales et éthiques. Cependant il a vu des physiciens et chimistes devenir les pourvoyeurs d'armes de destruction massive au début du 20ème siècle. Il lui arriva de dire que la science de sa génération était devenue une lame de rasoir dans les mains d'un enfant de trois ans. Et Einstein a anticipé qu'en nous modernisant et en devenant technologiquement plus avancé, nous aurions besoin des vertus que nos traditions transportent dans le temps encore plus, pas moins. Il aimait parler des génies spirituels de toutes les époques. Certains de ses favoris étaient Moïse, Jesus, Buddha, Saint François d'Assise, Gandhi -- il adorait son contemporain, Gandhi. Et Einstein disait -- et je pense que c'est là encore une citation, qui ne fait pas partie de son héritage -- que "ce genre de personnes sont des génies dans l'art de vivre, plus nécessaires à la dignité, la sécurité et la joie de l'humanité que les découvreurs de la connaissance objective."
Now invoking Einstein might not seem the best way to bring compassion down to earth and make it seem accessible to all the rest of us, but actually it is. I want to show you the rest of this photograph, because this photograph is analogous to what we do to the word "compassion" in our culture -- we clean it up and we diminish its depths and its grounding in life, which is messy. So in this photograph you see a mind looking out a window at what might be a cathedral -- it's not. This is the full photograph, and you see a middle-aged man wearing a leather jacket, smoking a cigar. And by the look of that paunch, he hasn't been doing enough yoga. We put these two photographs side-by-side on our website, and someone said, "When I look at the first photo, I ask myself, what was he thinking? And when I look at the second, I ask, what kind of person was he? What kind of man is this?"
Alors, invoquer Einstein pourrait sembler ne pas être la meilleure façon d'apporter de la compassion sur Terre et pourrait sembler accessible pour le reste d'entre nous, mais en réalité, ça l'est. Je veux vous montrer le reste de cette photographie, parce que cette photographie est analogue au traitement que l'on fait subir au mot "compassion" dans notre culture -- on le débarbouille et on dénigre ses entrailles et ses bases dans la vie, ce qui est pénible. Alors sur cette photographie vous voyez un esprit qui regarde par la fenêtre ce qui pourrait être une cathédrale -- ce n'est pas le cas. Voici l'intégralité de la photographie, et vous voyez un homme d'âge mûr qui porte une veste en cuir, fumant un cigare. Et à en juger par son ventre, il n'a pas fait assez de yoga. Nous avons mis ces deux photographies côte à côte sur notre site internet, et quelqu'un a dit, "Quand je regarde la première photo, je me demande, à quoi pouvait-il penser? Et quand je regarde la seconde, je me demande, quel genre de personne était-il? C'est quel genre d'homme ça?"
Well, he was complicated. He was incredibly compassionate in some of his relationships and terribly inadequate in others. And it is much harder, often, to be compassionate towards those closest to us, which is another quality in the universe of compassion, on its dark side, that also deserves our serious attention and illumination. Gandhi, too, was a real flawed human being. So was Martin Luther King, Jr. So was Dorothy Day. So was Mother Teresa. So are we all. And I want to say that it is a liberating thing to realize that that is no obstacle to compassion -- following on what Fred Luskin says -- that these flaws just make us human.
Et bien, il était compliqué. Il était incroyablement compatissant dans certaines de ses relations et terriblement inadéquat dans d'autres. Et c'est bien plus difficile, le plus souvent, d'être compatissant envers ceux qui sont les plus proches de nous, ce qui est une autre qualité dans l'univers de la compassion, dans son côté obscur, qui mérite également une sérieuse attention de notre part et notre illumination. Gandhi aussi était un être humain avec de vrais défauts. Tout comme l'était Martin Luther King Jr. Tout comme l'était Dorothy Day. Tout comme l'était Mère Teresa. Tout comme nous le sommes tous. Et j'aimerais dire que c'est une chose émancipatrice de réaliser qu'il n'y a pas d'obstacle à la compassion -- pour rebondir sur ce que Fred Luskin a dit -- que ces défauts nous rendent humains.
Our culture is obsessed with perfection and with hiding problems. But what a liberating thing to realize that our problems, in fact, are probably our richest sources for rising to this ultimate virtue of compassion, towards bringing compassion towards the suffering and joys of others. Rachel Naomi Remen is a better doctor because of her life-long struggle with Crohn's disease. Einstein became a humanitarian, not because of his exquisite knowledge of space and time and matter, but because he was a Jew as Germany grew fascist. And Karen Armstrong, I think you would also say that it was some of your very wounding experiences in a religious life that, with a zigzag, have led to the Charter for Compassion. Compassion can't be reduced to sainthood any more than it can be reduced to pity.
Notre culture est obsédée par la perfection et par le fait de cacher ses problèmes. Mais c'est une chose émancipatrice de réaliser que nos problèmes, en réalité, sont probablement nos sources les plus riches pour accéder à cette vertu ultime qu'est la compassion, en amenant de la compassion à travers la souffrance et les joies des autres. Rachel Naomi Remen est un meilleur médecin grâce à sa longue bataille contre la maladie de Crohn. Einstein est devenu un humaniste, pas grâce à sa grande connaissance du temps et de l'espace et de la matière, mais parce qu'il était Juif lorsque l'Allemagne est devenue fasciste. Et Karen Armstrong, je pense que serez d'accord pour dire que ce fut certaines de vos expériences les plus blessantes dans une vie religieuse qui, en zigzag, ont mené à la Charte pour la Compassion. La compassion ne peut être réduite à de la sainteté tout comme elle ne peut être réduite à de la pitié.
So I want to propose a final definition of compassion -- this is Einstein with Paul Robeson by the way -- and that would be for us to call compassion a spiritual technology. Now our traditions contain vast wisdom about this, and we need them to mine it for us now. But compassion is also equally at home in the secular as in the religious.
Alors j'aimerais proposer une définition finale de la compassion -- C'est Einstein avec Paul Robeson soit dit en passant -- et cela reviendrait pour nous à appeler la compassion, une technologie spirituelle. Alors , nos traditions contiennent une vaste sagesse à ce propos, et nous devons maintenant l'extraire pour nous. Mais la compassion est aussi présente à la maison tant dans la laïcité que dans les religions.
So I will paraphrase Einstein in closing and say that humanity, the future of humanity, needs this technology as much as it needs all the others that have now connected us and set before us the terrifying and wondrous possibility of actually becoming one human race.
Alors je paraphraserai Einstein pour finir et dirai que l'humanité, l'avenir de l'humanité, a autant besoin de cette technologie qu'elle a besoin de toutes les autres qui nous ont connecté et mis en place avant nous la terrifiante et superbe possibilité de ne devenir qu'une seule et unique espèce humaine.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)