In the middle of Florida’s Apalachicola National Forest, a bizarre, almost magical scene is unraveling. Sliding a metal strip over a wooden stake, a master summoner is sending deep croaking noises reverberating through the area. And, as if in a trance, hundreds of earthworms begin emerging from the soil. This is worm grunting, also called worm charming or fiddling.
Au cœur de la forêt nationale Apalachicola National Forest, une scène bizarre, presque magique, est en train de se dérouler. En faisant glisser une bande métallique sur un pieu en bois, un maître invocateur envoie de profonds croassements qui se répercutent à travers la zone. Et, comme en transe, des centaines de vers de terre commencent à sortir du sol. C’est le grognement du ver, aussi appelé le charme du ver ou le tripotage.
It’s a tradition that’s been practiced for more than a century, but its inner workings were a mystery until only recently. Worms collectively undertaking an underground exodus seems especially unbelievable when you consider how vulnerable this makes them. So why is surfacing worth the risk? Over the years, people have proposed a number of imaginative hypotheses.
C’est une tradition pratiquée depuis plus d’un siècle, mais son fonctionnement interne était un mystère jusqu’à récemment. Les vers entreprennent collectivement un exode souterrain ce qui semble particulièrement incroyable quand on sait à quel point ça les rend vulnérables. Alors pourquoi faire surface vaut-il de courir le risque ? Au fil des ans, les gens ont avancé un nombre d’hypothèses imaginatives.
One was that worms were somehow charmed by the noise, like the rats from the medieval Pied Piper legend. Okay, sounds fun, but how would the worms actually become bewitched? Another hypothesis was that worm grunting tickled their bodies, so they emerged to end the aggravation. Whimsical! But worm grunting vibrates the ground’s surface. If worms were evading the vibrations, wouldn't they burrow deeper instead?
La première était que les vers étaient en quelque sorte charmés par le bruit, comme les rats de la légende médiévale du joueur de flûte. Ok, c’et amusant, mais comment les vers sont-ils réellement ensorcelés ? Selon une autre hypothèse, le grognement des vers les chatouillait alors ils émergeaint pour mettre fin à cette situation. Fantaisistes ! Mais le grognement des vers fait vibrer la surface du sol. Si les vers échappaient aux vibrations, ne s’enfonceraient-ils pas plutôt plus profondément ?
Perhaps the most popular hypothesis was that worm grunting mimicked falling rain and the worms fled to avoid drowning. In 2008, biologist Kenneth Catania tested this hypothesis, setting up three arenas filled with soil and 300 individuals of the large species of earthworm found in the Florida Panhandle. After an hour of rain, water had pooled at the surface, but only two earthworms emerged. The rest remained buried and healthy. So, unlike those containers, this hypothesis just didn’t hold water.
L’hypothèse la plus populaire était peut-être que les grognements des vers imitent la pluie qui tombe. et les vers fuyaient pour éviter de se noyer. En 2008, le biologiste Kenneth Catania a testé cette hypothèse, en installant trois arènes remplies de terre et 300 individus de la grande espèce de ver de terre qu’on trouve dans le Panhandle de la Floride. Après une heure de pluie, l’eau s’est accumulée à la surface, mais seuls deux vers de terre ont émergé. Le reste est resté enterré et en bonne santé. Donc, contrairement à ces conteneurs, cette hypothèse n’a pas tenu la route.
Catania decided to explore another route of inquiry. In 1881, Charles Darwin published his final work, a bestseller that rivaled his most well-known books at the time: “The Formation of Vegetable Mould, Through the Action of Worms, with Observations on their Habits.” Yes, it was literally called that— and it was the culmination of 40 years of earthworm investigations. Within it, Darwin noted that worms sometimes left their burrows when the ground trembled and mentioned an interesting hypothesis: maybe they flee because they believe they’re being pursued by moles.
Catania a décidé d’explorer une autre voie d’investigation. En 1881, Charles Darwin a publié son dernier ouvrage, un best-seller qui rivalisait avec ses livres les plus connus à l’époque : “La formation de terre végétale, par l’action des vers, avec une observation de leurs habitudes” Oui, c’était bien le titre... et c’était l’aboutissement de 40 ans de recherches sur les vers de terre. À l’intérieur, Darwin a noté que les vers quittaient parfois leur abri quand le sol tremblait et a avancé une hypothèse intéressante : peut-être qu’ils fuient parce qu’ils croient être poursuivis par des taupes.
Catania got to work testing this hypothesis himself. He found that Eastern moles had astounding tracking abilities, could eat their weight in worms every day, and were abundant in the Florida Panhandle. When Catania released a single mole into worm- and soil-filled arenas, about 30% of the worms crawled to the surface in the first hour— a markedly different result from the control and rain trials. And when he recorded the vibrations produced by worm grunters and moles digging, their frequencies overlapped substantially.
Catania s’est mis au travail pour tester cette hypothèse lui-même. Il a découvert que les taupes d’Europe avaient des capacités de repérage étonnantes, pourraient manger leur poids en vers chaque jour, et étaient abondantes dans le Panhandle de la Floride. Quand Catania a lâché une seule taupe dans des arènes remplies de vers et de terre, environ 30% des vers ont rampé à la surface dans la première heure, un résultat nettement différent de ceux des essais de contrôle et de pluie. Et quand il a enregistré les vibrations produites par des vermisseaux et des taupes qui creusent, leurs fréquences se chevauchaientd significative.
This was it. Over hundreds of thousands of years, these earthworms evolved a behavior that helped them escape a top predator. Aboveground, they were immune to the moles, which usually stayed subterranean. But then humans came along. And, funnily enough, we aren’t even the only ones that take advantage of this behavior. Herring gulls and wood turtles also sometimes drum their feet on the earth to summon worms. So then why does this behavior persist?
C’était bien ça. Pendant des centaines de milliers d’années, ces vers de terre ont développé un comportement qui les a aidés à échapper à un prédateur majeur. À la surface, ils étaient protégés des taupes qui restaient généralement sous terre. Mais ensuite les humains sont arrivés. Et, assez bizarrement, nous ne sommes même pas les seuls qui tirent parti de ce comportement. Les goélands argentés et les tortues des bois tambourinent parfois leurs pattes sur la terre pour appeler les vers. Alors pourquoi ce comportement persiste-t-il ?
Scientists think it’s beneficial for a prey species to maintain its adaptations against a more frequent predator, even if it makes it more vulnerable to a rarer one. Many insects, for example, use flight to avoid predation. But painted redstarts take advantage of this: they boldly flash their colorful tail and wing feathers to elicit this response, then catch the insects as they try to fly away. It seems the prey species’ response remains simply because it’s beneficial most of the time.
Selon les scientifiques, il est bénéfique pour une espèce prédatrice de conserver ses adaptations contre un prédateur plus fréquent, même si ça la rend plus vulnérable à un prédateur plus rare. De nombreux insectes, par exemple, utilisent le vol pour éviter la prédation. Mais les rougequeues à front blanc profitent de cette situation : ils exhibent leur queue et les plumes colorées de leurs ailes pour obtenir cette réaction puis attrapent les insectes quand ils tentent de fuir. Il semble que la réaction à l’espèce prédatrice reste simplement parce qu’elle est bénéfique la plupart du temps.
For over a century, humans in the southern US, the UK, and elsewhere have been unknowingly exploiting the worm’s escape response. The current world record for “most worms charmed” was set by a 10-year-old British girl in 2009. Wiggling a fork in the ground and hitting it with a stick, she made 567 worms surface in just 30 minutes. Charming, really.
Depuis plus d’un siècle, les humains dans le sud des États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs ont exploité sans le savoir la réaction de fuite du ver. Le record du monde actuel pour “le plus de vers charmés” a été établi par une fillette britannique de 10 ans en 2009. En remuant une fourchette dans le sol et la frappant avec un bâton, elle a fait remonter 567 vers à la surface en seulement 30 minutes. Vraiment charmant.