Two weeks ago I was in my studio in Paris, and the phone rang and I heard, "Hey, JR, you won the TED Prize 2011. You have to make a wish to save the world." I was lost. I mean, I can't save the world. Nobody can. The world is fucked up. Come on, you have dictators ruling the world, population is growing by millions, there's no more fish in the sea, the North Pole is melting and as the last TED Prize winner said, we're all becoming fat. (Laughter) Except maybe French people. Whatever. So I called back and I told her, "Look, Amy, tell the TED guys I just won't show up. I can't do anything to save the world." She said, "Hey, JR, your wish is not to save the world, but to change the world." "Oh, all right." (Laughter) "That's cool." I mean, technology, politics, business do change the world -- not always in a good way, but they do. What about art? Could art change the world?
Il y a 2 semaines, j'étais dans mon studio à Paris quand mon téléphone sonna et on me dit : "Hey JR t'as gagné le prix TED 2011. Tu dois faire un vœu pour sauver le monde." J'étais perdu. Je ne pouvais pas sauver le monde; personne ne le peut. Le monde est sans dessus dessous. Il y a des dictateurs qui dirigent le monde, la population mondiale augmente de plusieurs millions, il n'y a plus de poissons dans les océans, le pôle Nord est en train de fondre, et comme l'a dit le dernier lauréat du prix TED, nous tendons tous à devenir gros. Rires Hormis peut-être les Français. Peu importe. J'ai donc rappelé et je lui ai dit, Écoute Amy dit aux gens de TED que je ne viendrai pas. Je ne peux rien faire pour sauver le monde." Elle me dit: " Attends JR, ton souhait n'est pas destiné à sauver le monde mais à changer le monde." "Oh, parfait." Rires "C'est cool." Je veux dire, les technologies, la politique, les affaires changent le monde -- pas toujours de la bonne manière, mais elles le changent. Et quant est il de l'art? L'art peut-il changer le monde?
I started when I was 15 years old. And at that time, I was not thinking about changing the world. I was doing graffiti -- writing my name everywhere, using the city as a canvas. I was going in the tunnels of Paris, on the rooftops with my friends. Each trip was an excursion, was an adventure. It was like leaving our mark on society, to say, "I was here," on the top of a building.
J'ai commencé à l'âge de 15 ans. À ce moment là, je ne pensais à changer le monde; Je faisais du graffiti -- j'écrivais mon nom partout, j'utilisais la ville comme une toile. J'allai dans les tunnels de Paris, sur les toits avec mes amis. Chaque sortie était une excursion, était une aventure. C'était comme laisser notre marque sur la société, pour dire. "J'étais ici", sur le toit de cet immeuble.
So when I found a cheap camera on the subway, I started documenting those adventures with my friends and gave them back as photocopies -- really small photos just that size. That's how, at 17 years old, I started pasting them. And I did my first "expo de rue," which means sidewalk gallery. And I framed it with color so you would not confuse it with advertising. I mean, the city's the best gallery I could imagine. I would never have to make a book and then present it to a gallery and let them decide if my work was nice enough to show it to people. I would control it directly with the public in the streets.
Et quand j'ai trouvé un appareil photo bon marché dans le métro, j'ai commencé à faire de ces aventures avec mes amis un témoignage et je les transcrivais sous forme de photocopies -- des photos vraiment petites à peu près de ce format. Voila comment à 17 ans, j'ai commencé à les coller. J'ai fait ma première expo de rue, ce qui signifie une galerie sur le trottoir. et je l'ai encadré avec de la couleur afin qu'on ne confonde pas avec de la pub. La ville est la meilleure galerie que je pouvais imaginer. Je n'aurais jamais fait un livre que j'aurais ensuite présenté à une galerie et les laisser décider si mon travail était assez bien pour l'exposer au gens. Je le contrôlerais directement avec le public dans les rues.
So that's Paris. I would change -- depending on the places I would go -- the title of the exhibition. That's on the Champs-Elysees. I was quite proud of that one. Because I was just 18 and I was just up there on the top of the Champs-Elysees. Then when the photo left, the frame was still there.
Donc voici Paris. Je changerais -- en fonction des endroits où j'irais -- le titre de l'exposition. Celle-la est sur les Champs-Élysées. J'étais plutôt fier de celle-la. Parce que je n'avais encore que 18 ans et que j'étais là juste en haut des Champs-Élysées. Et puis la photo est partie, le cadre était toujours là.
(Laughter)
Rires
November 2005: the streets are burning. A large wave of riots had broken into the first projects of Paris. Everyone was glued to the TV, watching disturbing, frightening images taken from the edge of the neighborhood. I mean, these kids, without control, throwing Molotov cocktails, attacking the cops and the firemen, looting everything they could in the shops. These were criminals, thugs, dangerous, destroying their own environment.
Novembre 2005 : les rues s'agitent. Une grande vague d'émeutes a éclaté dans les premières cités de Paris. Tout le monde était scotché à sa télé, pour regarder des images effrayantes et dérangeantes prises depuis l'extérieur du quartier. Je veux dire, ces jeunes, livrés à eux-mêmes, en train de lancer des cocktails Molotov, d'attaquer les policiers et les pompiers, et de piller tout ce qu'ils pouvaient dans les boutiques. Ils étaient des criminels, des escrocs, des dangereux qui pourchassent leur propre environnement.
And then I saw it -- could it be possible? -- my photo on a wall revealed by a burning car -- a pasting I'd done a year earlier -- an illegal one -- still there. I mean, these were the faces of my friends. I know those guys. All of them are not angels, but they're not monsters either. So it was kind of weird to see those images and those eyes stare back at me through a television.
Et ensuite j'ai vu -- j'en reviens toujours pas!-- ma photo sur un mur révélée par une voiture en flammes -- un affichage que j'avais fait un an plutôt -- illégal -- et qui était toujours là. C'étaient quand même le visage de mes amis. Je connais ces types. Tous ne sont pas des anges, mais ils ne sont pas des monstres non plus. Donc c'était quand même plutôt bizarre de voir ces images et ces yeux pointés sur moi à travers une télévision.
So I went back there with a 28 mm lens. It was the only one I had at that time. But with that lens, you have to be as close as 10 inches from the person. So you can do it only with their trust. So I took full portraits of people from Le Bosquet. They were making scary faces to play the caricature of themselves. And then I pasted huge posters everywhere in the bourgeois area of Paris with the name, age, even building number of these guys. A year later, the exhibition was displayed in front of the city hall of Paris. And we go from thug images, who've been stolen and distorted by the media, who's now proudly taking over his own image. That's where I realized the power of paper and glue. So could art change the world?
Donc je suis retourné là-bas avec un objectif de 28 mm. C'était le seul que j'avais à l'époque. Mais avec cet objectif, vous devez être à 25 cm de la personne. Vous ne pouvez donc le faire qu'avec leur confiance. Donc j'ai prix 4 portraits de jeunes de la cité du Bosquet. Ils faisaient des grimaces effrayantes pour faire leur propre caricature. Et ensuite j'ai collé des énormes posters partout dans les quartiers bourgeois de Paris avec le nom, l'âge et même le numéro de l'immeuble de ces personnes. Un an plus tard, l'exposition était affichée devant la mairie de Paris. Et nous passons de ces images précises, qui ont été reprises et déformées par les médias, et qui sont maintenant considérées pour ce qu'elles sont réellement. C'est la que j'ai réalisé le pouvoir du papier et de la colle. Donc est-ce que l'art peut changer le monde?
A year later, I was listening to all the noise about the Middle East conflict. I mean, at that time, trust me, they were only referring to the Israeli and Palestinian conflict. So with my friend Marco, we decided to go there and see who are the real Palestinians and who are the real Israelis. Are they so different? When we got there, we just went in the street, started talking with people everywhere, and we realized that things were a bit different from the rhetoric we heard in the media. So we decided to take portraits of Palestinians and Israelis doing the same jobs -- taxi-driver, lawyer, cooks. Asked them to make a face as a sign of commitment. Not a smile -- that really doesn't tell about who you are and what you feel. They all accepted to be pasted next to the other. I decided to paste in eight Israeli and Palestinian cities and on both sides of the wall. We launched the biggest illegal art exhibition ever. We called the project Face 2 Face.
Un an plus tard, j'écoutais tout le bruit autour du conflit au Moyen-Orient. Je veux dire, à ce moment là, croyez-moi, on entendait parler que du conflit Israelo-Palestinien. Donc avec mon ami Marco, nous avons décidé d'y aller et de voir véritablement qui étaient les Palestiniens et les Israeliens. Sont-ils si différents? Quand nous sommes arrivés là-bas, nous avons simplement arpenté les rues, commené à parler partout aux gens, et nous avons alors réalisé que les choses étaient un peu différente de la réthorique que nous entendions dans les médias. Nous avons donc décidé de prendre des portraits de Palestiniens et d'Israeliens qui font le même métier -- chauffeur de taxis, avocat, cuisiniers. Nous leur avons demandé d'exprimer un signe d'engagement. Pas un sourire -- qui ne dit rien sur ce que vous êtes et ce que vous sentez. Ils ont tous acceptés d'être collé l'un à côté de l'autre. J'ai décidé de coller dans 8 villes israéliennes et palestiniennes des deux côtés du mur. Nous avons lancé la plus grande exposition d'art illégale jamais faite. Nous avons appelé le projet Face 2 Face.
The experts said, "No way. The people will not accept. The army will shoot you, and Hamas will kidnap you." We said, "Okay, let's try and push as far as we can." I love the way that people will ask me, "How big will my photo be?" "It will be as big as your house." When we did the wall, we did the Palestinian side. So we arrived with just our ladders and we realized that they were not high enough. And so Palestinians guys say, "Calm down. No wait. I'm going to find you a solution." So he went to the Church of Nativity and brought back an old ladder that was so old that it could have seen Jesus being born. (Laughter) We did Face 2 Face with only six friends, two ladders, two brushes, a rented car, a camera and 20,000 square feet of paper. We had all sorts of help from all walks of life.
Les experts ont dit. "Pas possible. Les gens n'accepteront pas. L'armée tirera et le Hamas vous kidnappera." Et nous avons dit. "Okay, essayons et creusons le plus loin que nous pourrons." J'aime la façon dont les gens me demandaient, "de quelle taille sera ma photo?" "Elle sera grande comme votre maison." Quand nous avons fait le mur, nous avons fait le côté Palestinienne, Donc nous sommes arrivés avec juste nos échelles quand on a réalisé qu'elles n'étaient pas assez grandes. Et alors des Palestiniens nous ont dit, "Calmez vous. Pas de panique. Je vais trouver une solution." Il est allé à l'église de la Nativité et il a ramené une vieille échelle qui était tellement vieille qu'elle avait Jésus naitre. Rires Nous avons fait Face 2 Face avec seulement 6 amis, 2 échelles, 2 brosses une voiture de location, un appareil photo et 1 800 mètres carré de papiers. Nous avons reçu toute sorte d'aide de toutes les professions.
Okay, for example, that's Palestine. We're in Ramallah right now. We're pasting portraits -- so both portraits in the streets in a crowded market. People come around us and start asking, "What are you doing here?" "Oh, we're actually doing an art project and we are pasting an Israeli and a Palestinian doing the same job. And those ones are actually two taxi-drivers." And then there was always a silence. "You mean you're pasting an Israeli face -- doing a face -- right here?" "Well, yeah, yeah, that's part of the project." And I would always leave that moment, and we would ask them, "So can you tell me who is who?" And most of them couldn't say.
Par exemple, c'est en Palestine. Nous sommes à Ramallah maintenant. Nous sommes en train d'afficher des portraits -- donc vous avez les deux portraits dans les rues aux abords d'un marché bondé. Les gens nous encerclent et commencent à nous poser des questions, "Qu'est ce vous faites ici?" "Oh nous travaillons sur un projet artistique et nous plaçons un israélien et un palestinien qui font le même métier. Ces deux-là sont chauffeurs de taxi en fait." Et il y avait toujours un silence après. "Vous voulez dire que vous coller un visage israélien -- qui fait un grimace juste ici?" "Oui, Oui ca fait partie du projet." Et je laissais toujours ce moment et nous leur demandions, "pouvez vous nous dire qui est qui?" Et la plupart ne pouvait pas.
(Applause)
(Applaudissements)
We even pasted on Israeli military towers, and nothing happened. When you paste an image, it's just paper and glue. People can tear it, tag on it, or even pee on it -- some are a bit high for that, I agree -- but the people in the street, they are the curator. The rain and the wind will take them off anyway. They are not meant to stay. But exactly four years after, the photos, most of them are still there. Face 2 Face demonstrated that what we thought impossible was possible -- and, you know what, even easy. We didn't push the limit; we just showed that they were further than anyone thought.
Nous avons même coller sur les tours militaires israéliennes, et il ne s'est rien passé. Quand vous coller une image, c'est juste du papier et de la colle. Les gens peuvent la déchirer, la taguer ou même uriner dessus -- certaines sont un peu hautes, je l'admet -- mais les gens dans la rue, ce sont eux les conservateurs. La pluie et le vent les enlèveront de toute façon. Elles ne sont pas destinées à rester. Mais exactement 4 ans après, les photos, la plupart étaient encore en place. Face 2 Face a démontré que ce que nous pensions impossible était possible -- et vous savez quoi, c'était même facile. Nous n'avons pas franchi les limites, nous avons juste montré que nous étions aller plus loin que n'importe qui.
In the Middle East, I experienced my work in places without [many] museums. So the reactions in the street were kind of interesting. So I decided to go further in this direction and go in places where there were zero museums. When you go in these developing societies, women are the pillars of their community, but the men are still the ones holding the streets. So we were inspired to create a project where men will pay tribute to women by posting their photos. I called that project Women Are Heroes. When I listened to all the stories everywhere I went on the continents, I couldn't always understand the complicated circumstances of their conflict. I just observed. Sometimes there was no words, no sentence, just tears. I just took their pictures and pasted them.
Au Moyen-Orient, j'ai expérimenté mon travail dans des endroits sans [beaucoup] de musée. Cette immersion dans la rue était très enrichissante. J'ai donc décidé d'aller plus loin dans cette voie et suis donc allé dans des endroits où il n'y avait même pas de musée. Lorsque vous allez dans ces sociétés en voie de développement, les femmes sont les piliers de leur communauté mais les hommes sont toujours ceux qui tiennent les rues. Nous avons donc eu l'idée de créer un projet où les hommes rendront hommage au femmes en publiant leur photo. J'ai intitulé ce projet Women Are Heroes. Quand j'ai écouté toutes les histoires partout où je suis allé, je ne pouvais pas toujours comprendre les circonstances compliquées de leur conflit, j'ai juste observé. Parfois il n'y avait pas de mot, pas de phrase, juste des larmes. Je me suis contenté de prendre leur photo et de les coller.
Women Are Heroes took me around the world. Most of the places I went to, I decided to go there because I've heard about it through the media. So for example, in June 2008, I was watching TV in Paris, and then I heard about this terrible thing that happened in Rio de Janeiro -- the first favela of Brazil named Providencia. Three kids -- that was three students -- were [detained] by the army because they were not carrying their papers. And the army took them, and instead of bringing them to the police station, they brought them to an enemy favela where they get chopped into pieces. I was shocked. All Brazil was shocked. I heard it was one of the most violent favelas, because the largest drug cartel controls it. So I decided to go there.
Women are Heroes m'a emmené tout autour du monde. La plupart des endroits que j'ai visité, j'ai décidé d'y aller parce que j'en avais entendu parlé dans les médias. Par exemple en Juin 2008, j'étais en train de regarder la télé à Paris, quand j'ai entendu parlé de l'évènement terrible qui s'est produit à Rio de Janeiro. La première favela du Brésil appelée Providencia. Trois enfants -- il s'agissait de trois étudiants -- été [détenu] par l'armée parce qu'ils n'avaient pas leurs papiers sur eux. L'armée les a pris mais au lieu de les amener au poste de police, ils les conduit dans la favela ennemie où ils ont été découpés en morceaux. J'étais choqué. Tout le Brésil était choqué. J'ai entendu que c'était une des plus violentes favelas, parce que le plus gros cartel de drogue la contrôle. Et donc j'ai décidé d'y aller.
When I arrived -- I mean, I didn't have any contact with any NGO. There was none in place -- no association, no NGOs, nothing -- no eyewitnesses. So we just walked around, and we met a woman, and I showed her my book. And she said, "You know what? We're hungry for culture. We need culture out there." So I went out and I started with the kids. I just took a few photos of the kids, and the next day I came with the posters and we pasted them. The day after, I came back and they were already scratched. But that's okay. I wanted them to feel that this art belongs to them.
Quand je suis arrivé -- il faut savoir que je n'étais pas en contact avec une ONG sur place. Il n'y avait personne sur place -- pas de guide touristique, pas d'ONG, rien-- pas de témoin. Nous avons donc juste marché, et puis nous avons rencontré une femme, et je lui ai montré mon livre. Et elle répondit, "Vous savez quoi? Nous avons soif de culture. Nous avons besoin de culture par ici." Nous sommes donc sortis et avons commencé avec les enfants. J'ai juste pris quelques photos des enfants, et le jour d'après je suis revenu avec les posters et les ai collés. Le jour d'après quand je suis revenu ils étaient déjà arrachés. Mais ce n'était pas un problème. Je voulais leur faire sentir que cet art leur appartenait.
Then the next day, I held a meeting on the main square and some women came. They were all linked to the three kids that got killed. There was the mother, the grandmother, the best friend -- they all wanted to shout the story. After that day, everyone in the favela gave me the green light. I took more photos, and we started the project. The drug lords were kind of worried about us filming in the place, so I told them, "You know what? I'm not interested in filming the violence and the weapons. You see that enough in the media. What I want to show is the incredible life and energy. I've been seeing it around me the last few days." So that's a really symbolic pasting, because that's the first one we did that you couldn't see from the city. And that's where the three kids got arrested, and that's the grandmother of one of them. And on that stairs, that's where the traffickers always stand and there's a lot of exchange of fire. Everyone there understood the project. And then we pasted everywhere -- the whole hill.
Alors le prochain jour, j'ai organisé une réunion sur la place principale et quelques femmes sont venues. Elles étaient toutes parentes avec les 3 enfants qui s'étaient fait tuer. Il y avait la mère, la grand-mère, le meilleur ami. Ils voulaient tous révéler l'histoire. Après ce jour, tout le monde dans la favela m'a donné le feu vert. J'ai pris plus de photos et nous avons commencé le projet. Les barons de la drogue étaient un peu inquiets du fait que nous filmions à l'intérieur de la favela, alors je leur ai dit, "Vous savez quoi? Ça ne m'intéresse pas de filmer la violence et les armes. On en voit déjà assez dans les médias. Ce que je veux montrer c'est la vie incroyable. Et en fait c'est ce que j'ai vu autour de moi ces derniers jours." Celui-ci est vraiment un affichage symbolique, parce que c'est le premier que nous avons fait qu'on ne pouvait pas voir de la ville. Et que c'est ici que les 3 enfants se sont faits arrêtés, et voici la grand-mère de l'un d'entre eux. Et sur ces escaliers, c'est là que les trafiquants opèrent toujours et ils y a donc beaucoup d'échanges de coups de feu. Tout le monde là-bas a compris le projet. Et donc nous avons coller partout -- toute la colline.
(Applause)
(Applaudissements)
What was interesting is that the media couldn't get in. I mean, you should see that. They would have to film us from a really long distance by helicopter and then have a really long lens, and we would see ourselves, on TV, pasting. And they would put a number: "Please call this number if you know what's going on in Providencia." We just did a project and then left so the media wouldn't know. So how can we know about the project? So they had to go and find the women and get an explanation from them. So you create a bridge between the media and the anonymous women.
Ce qui était intéressant c'est que les médias ne pouvaient pas rentrer. Vous devriez voir cela. Ils auraient du nous filmer de très loin par hélicoptère et puis avoir un très très long objectif, et nous nous serions vu à la télé en train de coller. Ils mettraient alors un numéro de téléphone :" Appelez ce numéro si vous savez ce qui se passe dans Providencia." Nous nous avons seulement fait un projet puis nous sommes partis donc les médias n'auraient pas pu savoir. Alors comment pouvons nous être informés du projet? Ils ont donc du aller trouver les femmes et obtenir des informations à leur contact. Et nous avons ainsi créer un lien entre les médias et les femmes anonymes.
We kept traveling. We went to Africa, Sudan, Sierra Leone, Liberia, Kenya. In war-torn places like Monrovia, people come straight to you. I mean, they want to know what you're up to. They kept asking me, "What is the purpose of your project? Are you an NGO? Are you the media?" Art. Just doing art. Some people question, "Why is it in black and white? Don't you have color in France?" (Laughter) Or they tell you, "Are these people all dead?" Some who understood the project would explain it to others. And to a man who did not understand, I heard someone say, "You know, you've been here for a few hours trying to understand, discussing with your fellows. During that time, you haven't thought about what you're going to eat tomorrow. This is art." I think it's people's curiosity that motivates them to come into the projects. And then it becomes more. It becomes a desire, a need, an armor. On this bridge that's in Monrovia, ex-rebel soldiers helped us pasting a portrait of a woman that might have been raped during the war. Women are always the first ones targeted during conflict.
Nous avons continuer à voyager. Nous sommes allés en Afrique, au Soudan, en Sierra Leone, au Liberia, au Kenya. Dans des villes ravagées par la guerre comme Monrovia, les gens viennent directement vous parler. Ils veulent savoir ce que vous faites. Ils n'arrêtent pas de demander : "quel est le but de votre projet? Travaillez-vous pour une NGO? pour les médias?" Non je fais de l'art, juste de l'art. D'autres demandaient : "Pourquoi est-ce en noir et blanc? Vous n'avez pas de couleur en France?" (Rires) Ou ils vous demandent "Est ce que ces gens sont tous morts?" Certains qui avaient compris le projet l'expliquaient à d'autres. Et à un homme qui n'avait pas compris, j'ai entendu quelqu'un dire, "Tu sais, t'es là depuis quelques heures à essayer de comprendre en discutant avec tes potes. Et pendant ce temps là tu n'as pas pensé à ce que tu allais manger demain. C'est de l'art." Je pense que c'est la curiosité des gens qui les motive à rentrer dans les projets. Et ensuite ça devient plus cela. Ça deviens un désir, un besoin, un [confus]. Sur ce pont qui se trouve à Monrovia, un ancien soldat rebelle nous a aidé à coller ce portrait d'une femme qu'il avait peut-être violée pendant la guerre. Les femmes sont toujours les premières personnes à souffrir pendant un conflit.
This is Kibera, Kenya, one of the largest slums of Africa. You might have seen images about the post-election violence that happened there in 2008. This time we covered the roofs of the houses, but we didn't use paper, because paper doesn't prevent the rain from leaking inside the house -- vinyl does. Then art becomes useful. So the people kept it. You know what I love is, for example, when you see the biggest eye there, there are so [many] houses inside. And I went there a few months ago -- photos are still there -- and it was missing a piece of the eye. So I asked the people what happened. "Oh, that guy just moved." (Laughter) When the roofs were covered, a woman said as a joke, "Now God can see me." When you look at Kibera now, they look back.
Voici Kibera au Kenya, un des plus grands bidonvilles d'Afrique. Vous avez vu des images des violences post électorales qui ont eu lieu en 2008. Cette fois nous avons recouvert les toits des maisons, mais sans utiliser de papier, qui n'est pas imperméable et n'empêche pas l'eau de couler dans la maison -- contrairement au vinyle. L'art devient alors utile. Et les gens l'ont gardé. Vous savez ce qu'est l'amour, par exemple, quand vous voyez le plus grand oeil là, il y a tellement de maisons en dessous. Et quand j'y suis retourné il y a quelques mois -- les photos étaient encore là -- mais il manquait une partie de l'oeil. Donc j'ai demandé aux gens ce qui s'était passé. "Oh, cet homme à simplement déménagé." (Rires) Quand les toits ont été recouverts, une femme a fait une blague, "Maintenant Dieu peut me voir." Quand vous regardez vers Kibera maintenant, ils vous regardent aussi.
Okay, India. Before I start that, just so you know, each time we go to a place, we don't have authorization, so we set up like commandos -- we're a group of friends who arrive there, and we try to paste on the walls. But there are places where you just can't paste on a wall. In India it was just impossible to paste. I heard culturally and because of the law, they would just arrest us at the first pasting. So we decided to paste white, white on the walls. So imagine white guys pasting white papers. So people would come to us and ask us, "Hey, what are you up to?" "Oh, you know, we're just doing art." "Art?" Of course, they were confused. But you know how India has a lot of dust in the streets, and the more dust you would have going up in the air, on the white paper you can almost see, but there is this sticky part like when you reverse a sticker. So the more dust you have, the more it will reveal the photo. So we could just walk in the street during the next days and the photos would get revealed by themselves. (Applause) Thank you. So we didn't get caught this time.
Bien, l'Inde. Avant que je commence, juste pour que vous sachiez, chaque fois que nous allons dans un endroit, nous ne prenons pas de guide touristique, et donc on est équipé comme des commandos -- nous sommes un groupe d'amis qui arrive là-bas, et nous essayons de coller sur les murs. Mais il y a des endroits où vous n'avez pas le droit de coller sur un mur. En Inde c'était juste impossible de coller. On m'a dit que culturellement et à cause de la loi, on aurait été arrêté dès qu'on aurait coller la première affiche. Donc on a décidé de coller en blanc, blanc sur les murs. Imaginez des blancs en train de coller des papiers. Donc les gens venaient vers nous et nous demandaient, "Hé vous faites quoi là?" "Oh ce n'est que de l'art." "De l'art?" Bien sûr ils étaient interpellés. Mais vous savez combien il y a beaucoup de poussière dans les rues en Inde, et plus vous avez de poussière dans l'air, plus vous pouvez voir nettement sur du papier blanc, mais il y a cette partie collante comme quand vous retourner un autocollant. Donc plus vous avez de poussière, plus cela révèlera la photo. Donc nous avons juste marché dans les rues les jours d'après et les photos se sont révélées par elles-mêmes. (Applaudissements) Merci. Donc on ne s'est pas fait attrapé cette fois.
Each project -- that's a film from Women Are Heroes. (Music) Okay. For each project we do a film. And most of what you see -- that's a trailer from "Women Are Heroes" -- its images, photography, taken one after the other. And the photos kept traveling even without us. (Laughter) (Applause) Hopefully, you'll see the film, and you'll understand the scope of the project and what the people felt when they saw those photos. Because that's a big part of it. There's layers behind each photo. Behind each image is a story.
Chaque projet, celui-ci est un film du projet Women are Heroes. (Musique) Okay. Pour chaque projet que nous faisons nous faisons un film. Et presque tout ce que vous voyez, ça c'est la bande-annonce de "Women are Heroes", ce sont des images, des photos, prises l'une après l'autre. Et la photo continue de voyager même sans nous. (Rires) (Applaudissements) J'espère que vous verrez le film, et que vous comprendrez l'ampleur du projet et ce que les gens ont ressentis quand ils ont vu leur photo. Parce que c'est une part importante du projet. Il y a des couches derrière chaque photo. Il y a une histoire derrière chaque image.
Women Are Heroes created a new dynamic in each of the communities, and the women kept that dynamic after we left. For example, we did books -- not for sale -- that all the community would get. But to get it, they would have to [get] it signed by one of the women. We did that in most of the places. We go back regularly. And so in Providencia, for example, in the favela, we have a cultural center running there. In Kibera, each year we cover more roofs. Because of course, when we left, the people who were just at the edge of the project said, "Hey, what about my roof?" So we decided to come the year after and keep doing the project.
Women Are Heroes a créé une nouvelle dynamique dans chaque communauté, et les femmes ont perduré la dynamique après que nous soyons partis. Par exemple, nous avons fait des livres -- pas à vendre -- que toute la communauté pouvait se procurer. Mais pour l'obtenir ils devaient demander une signature d'une des femmes. Nous avons fait cela dans la plupart des endroits où nous sommes allés. Et nous y retournons régulièrement. À Providencia par exemple dans la favela nous avons un centre de contrôle qui est en place là-bas. À Kiberia, nous couvrons chaque année plus de maisons. Parce que bien sûr, quand nous partons, les gens qui habitaient à la frontière du projet ont dit : "Hé, et mon toit?" Donc nous avons décidé de revenir l'année d'après pour continuer le projet.
A really important point for me is that I don't use any brand or corporate sponsors. So I have no responsibility to anyone but myself and the subjects. (Applause) And that is for me one of the more important things in the work. I think, today, as important as the result is the way you do things. And that has always been a central part of the work. And what's interesting is that fine line that I have with images and advertising. We just did some pasting in Los Angeles on another project in the last weeks. And I was even invited to cover the MOCA museum. But yesterday the city called them and said, "Look, you're going to have to tear it down. Because this can be taken for advertising, and because of the law, it has to be taken down." But tell me, advertising for what?
Quelque chose qui me tient à coeur est de ne pas faire appel à une marque ou une entreprise pour me sponsoriser. Ainsi je n'ai pas à rendre de compte à qui que ce soit excepté moi-même et des sujets. (Applaudissements) Et c'est selon moi un des aspects les plus importants dans le travail. je crois aujourd'hui que la manière est aussi importante que le résultat. Et ça a toujours été une part non négligeable du travail. Ce qui est intéressant est cette mince frontière que j'ai entre les images et la publicité. On vient juste de finir des collages à Los Angeles sur un autre projet ces dernières semaines. J'ai même été invité à couvrir le musée du MOCA. Mais hier la ville les a appelés et a dit, "Regardez, nous allons devoir l'enlever. Parce que cela peut être perçu comme de la publicité, et à cause de la loi, elle doit être retiré." Mais dîtes-moi, publicité pour quoi?
The people I photograph were proud to participate in the project and to have their photo in the community. But they asked me for a promise basically. They asked me, "Please, make our story travel with you." So I did. That's Paris. That's Rio. In each place, we built exhibitions with a story, and the story traveled. You understand the full scope of the project. That's London. New York. And today, they are with you in Long Beach.
Les gens que je prend en photo étaient fiers de participer à ce projet et d'avoir leur propre photo au sein de leur communauté. Mais en gros ils m'ont demandé en gros de faire un promesse. Ils m'ont demandé. "S'il vous plait faîtes voyager notre histoire avec vous." Et je l'ai fait. Voici Paris. Voila Rio. À chaque endroit, nous avons organié des expositions avec une histoire, et l'histoire a voyagé. Vous comprenez toute la dimension du projet. Voici Londres, New York. Et aujourd'hui ils sont avec vous à Long Beach.
All right, recently I started a public art project where I don't use my artwork anymore. I use Man Ray, Helen Levitt, Giacomelli, other people's artwork. It doesn't matter today if it's your photo or not. The importance is what you do with the images, the statement it makes where it's pasted. So for example, I pasted the photo of the minaret in Switzerland a few weeks after they voted the law forbidding minarets in the country. (Applause) This image of three men wearing gas masks was taken in Chernobyl originally, and I pasted it in Southern Italy, where the mafia sometimes bury the garbage under the ground.
Bon, récemment j'ai commencé un projet d'art public dans lequel je n'utilise plus mon travail artistique. J'utilise Man Ray, Helen Levitt, Giacomelli, d'autres travaux artistiques. Ça n'a plus d'importance aujourd'hui si c'est votre photo ou pas. L'important c'est ce que vous faites avec les images, les messages que cela envoient selon l'endroit où on les affiche. Par exemple, j'ai collé la photo du minaret en Suisse quelques semaines après qu'ils aient voté la loi sur l'interdiction des minarets dans le pays. (Applaudissements) Cette image de 3 hommes qui portent des masques à gaz a été prise à Tchernobyl à l'origine, et je l'ai colllé dans le sud de l'Italie, où la mafia enfouisse parfois les ordures dans le sol.
In some ways, art can change the world. Art is not supposed to change the world, to change practical things, but to change perceptions. Art can change the way we see the world. Art can create an analogy. Actually the fact that art cannot change things makes it a neutral place for exchanges and discussions, and then enables you to change the world. When I do my work, I have two kinds of reactions. People say, "Oh, why don't you go in Iraq or Afghanistan. They would be really useful." Or, "How can we help?" I presume that you belong to the second category, and that's good, because for that project, I'm going to ask you to take the photos and paste them.
D'une certaine façon l'art peut changer le monde. L'art n'est pas supposé changer le monde, changer les choses matérielles, mais changer les perceptions. L'art peut changer la façon dont nous voyons le monde. L'art peut créer une analogie. Finalement le fait que l'art ne puisse pas changer les choses matérielles le rend neutre pour les échanges et les discussions, et ensuite vous permet de changer le monde. Quand je travaille, j'ai rencontré deux sortes de réactions. Les gens disent "Oh, et pourquoi vous n'allez pas en Irak ou en Afghanistan. Vos travaux seraient vraiment utiles." Ou bien "comment pouvons nous aider." Je présume que vous appartenez à la seconde catégorie, et c'est bien, parce que pour ce projet, je vais vous demander de prendre des photos et de les coller.
So now my wish is: (mock drum roll) (Laughter) I wish for you to stand up for what you care about by participating in a global art project, and together we'll turn the world inside out. And this starts right now. Yes, everyone in the room. Everyone watching. I wanted that wish to actually start now. So a subject you're passionate about, a person who you want to tell their story or even your own photos -- tell me what you stand for. Take the photos, the portraits, upload it -- I'll give you all the details -- and I'll send you back your poster. Join by groups and reveal things to the world. The full data is on the website -- insideoutproject.net -- that is launching today.
Donc maintenant mon souhait est: (roulement de tambour) (Rires) Je vous demande de vous lever pour ce à quoi vous tenez en participant à un projet artistique global, et ensemble mous changerons le monde. Et ça commence tout de suite. Oui tout le monde dans la salle. Tous les spectateurs. Je voudrais que mon souhait commence maintenant. Donc un sujet qui vous passionne, une personne dont vous voulez raconter l'histoire, ou même vos propres photos -- dites-mois ce que vous représentez. Prenez des photos, des portraits, charger les -- je vous donnerez tous les détails -- et je vous renverrai votre poster. Inscrivez-vous en groupe révélez des choses au monde. Toutes les données sont sur le site internet: insideoutproject.net qui vient d'être lancé aujourd'hui.
What we see changes who we are. When we act together, the whole thing is much more than the sum of the parts. So I hope that, together, we'll create something that the world will remember. And this starts right now and depends on you.
Ce que nous voyons change ce que nous sommes. Quand nous agissons ensemble, le tout bien plus que la sommes des parties. Donc j'espère qu'ensemble nous créerons quelque chose que le monde se rappellera. Et cela commence aujourd'hui et dépend de vous.
Thank you.
Merci
(Applause)
(Applaudissements)
Thank you.
Merci
(Applause)
(Applaudissements)