I have a question for you: Are you religious? Please raise your hand right now if you think of yourself as a religious person. Let's see, I'd say about three or four percent. I had no idea there were so many believers at a TED Conference. (Laughter) Okay, here's another question: Do you think of yourself as spiritual in any way, shape or form? Raise your hand. Okay, that's the majority.
J'ai une question à vous poser : Êtes-vous croyants ? Levez la main maintenant, s'il vous plait si vous vous considérez comme quelqu'un de croyant. Voyons, je dirais environ que ça fait trois ou quatre pour cent. Je ne pensais pas qu'il y avait autant de croyants à une conférence TED. (Rires) Okay, voici une autre question: Est-ce que vous vous considérez spirituels d'une manière, une sortes ou une forme quelconques ? Levez la main. Bien, c'est la majorité.
My Talk today is about the main reason, or one of the main reasons, why most people consider themselves to be spiritual in some way, shape or form. My Talk today is about self-transcendence. It's just a basic fact about being human that sometimes the self seems to just melt away. And when that happens, the feeling is ecstatic and we reach for metaphors of up and down to explain these feelings. We talk about being uplifted or elevated.
Mon exposé aujourd'hui porte sur la raison principale, ou l'une des raisons principales, pour laquelle la plupart des gens se considèrent spirituels d'une façon ou d'une autre. Mon exposé aujourd'hui parle de l'autotranscendance. C'est un fait établi de la nature humaine que parfois le Soi semble se dissoudre. Et quand c'est le cas, on ressent un sentiment d'extase et on tend vers des métaphores illustrant un haut et un bas pour expliquer ces sensations. On parle d'un état d'exaltation ou d'élévation.
Now it's really hard to think about anything abstract like this without a good concrete metaphor. So here's the metaphor I'm offering today. Think about the mind as being like a house with many rooms, most of which we're very familiar with. But sometimes it's as though a doorway appears from out of nowhere and it opens onto a staircase. We climb the staircase and experience a state of altered consciousness.
Mais c'est très difficile de réfléchir à quelque chose de si abstrait sans une métaphore bien concrète. Alors, voici la métaphore que je vous propose aujourd'hui. Pensez à l'esprit comme étant une maison dont nous connaissons très bien la plupart des nombreuses pièces. Mais, parfois une porte apparait de nulle part et elle donne sur un escalier. On monte l'escalier et on fait l'expérience d'un état modifié de conscience.
In 1902, the great American psychologist William James wrote about the many varieties of religious experience. He collected all kinds of case studies. He quoted the words of all kinds of people who'd had a variety of these experiences. One of the most exciting to me is this young man, Stephen Bradley, had an encounter, he thought, with Jesus in 1820. And here's what Bradley said about it.
En 1902, le grand psychologue américain William James a écrit sur la grande diversité d'expérience spirituelle. Il a collectionné des cas d'études de toutes sortes. Il a cité toutes sortes de gens qui avaient vécu ce genre d'expériences. Une des plus intéressantes à mes yeux est celle de ce jeune homme, Stephen Bradley, qui pensait avoir fait la rencontre de Jésus en 1820. Et voilà ce qu'en disait Bradley.
(Music)
(Musique)
(Video) Stephen Bradley: I thought I saw the savior in human shape for about one second in the room, with arms extended, appearing to say to me, "Come." The next day I rejoiced with trembling. My happiness was so great that I said I wanted to die. This world had no place in my affections. Previous to this time, I was very selfish and self-righteous. But now I desired the welfare of all mankind and could, with a feeling heart, forgive my worst enemies.
(Vidéo) Stephen Bradley : J'ai cru voir le Sauveur dans sa forme humaine pendant environ une seconde dans la pièce, avec les bras grands ouverts, et qui semblait me dire, "Viens". Le jour suivant, je tremblais de bonheur. Mon bonheur était si grand que j'ai dit que je souhaitais mourir. Ce monde n'était plus digne de mon affection. Avant cela, j'étais très égoïste et suffisant. Mais désormais, je désirais le bien-être de toute l'humanité et j'étais capable, avec un coeur bienveillant, de pardonner à mes pires ennemis.
JH: So note how Bradley's petty, moralistic self just dies on the way up the staircase. And on this higher level he becomes loving and forgiving. The world's many religions have found so many ways to help people climb the staircase. Some shut down the self using meditation. Others use psychedelic drugs. This is from a 16th century Aztec scroll showing a man about to eat a psilocybin mushroom and at the same moment get yanked up the staircase by a god. Others use dancing, spinning and circling to promote self-transcendence. But you don't need a religion to get you through the staircase. Lots of people find self-transcendence in nature. Others overcome their self at raves.
JH: Remarquez donc de quelle manière le Bradley mesquin et moralisateur meurt en gravissant les marches de l'escalier. Et à ce niveau supérieur il devient aimant et clément. Les nombreuses religions de ce monde ont trouvé de nombreuses façons d'aider les gens à gravir cet escalier. Certains font taire le soi par la méditation. D'autres utlisent des drogues hallucinogènes. Ceci est tiré d'un parchemin aztèque du 16e siècle et montre un homme sur le point de manger un champignon hallucinogène et qui au même moment est tiré d'un coup sec en haut de l'escalier par un dieu. D'autres dansent, tournent sur eux-même ou en rond afin d'accéder à l'autotranscendance. Mais une religion n'est pas nécessaire pour monter l'escalier. Beaucoup de gens accèdent à l'autotranscendance dans la nature. D'autres viennent à bout du Soi dans des raves.
But here's the weirdest place of all: war. So many books about war say the same thing, that nothing brings people together like war. And that bringing them together opens up the possibility of extraordinary self-transcendent experiences. I'm going to play for you an excerpt from this book by Glenn Gray. Gray was a soldier in the American army in World War II. And after the war he interviewed a lot of other soldiers and wrote about the experience of men in battle. Here's a key passage where he basically describes the staircase.
Mais, voilà l'endroit le plus étrange de tous : la guerre. Tant de livres sur la guerre disent la même chose, qu'il n'y a rien de tel que la guerre pour unir les gens. Et que les réunir rend possible d'extraordinaires expériences d'autotranscendance. Je vais vous faire écouter un passage de ce livre de Glenn Gray. Gray a servi dans l'armée américaine durant la seconde Guerre Mondiale. Et après la guerre, il a interrogé beaucoup d'autres soldats et a raconté leur expérience de combattant. Voici un passage clé dans lequel il décrit l'escalier.
(Video) Glenn Gray: Many veterans will admit that the experience of communal effort in battle has been the high point of their lives. "I" passes insensibly into a "we," "my" becomes "our" and individual faith loses its central importance. I believe that it is nothing less than the assurance of immortality that makes self-sacrifice at these moments so relatively easy. I may fall, but I do not die, for that which is real in me goes forward and lives on in the comrades for whom I gave up my life.
(Vidéo) Glenn Gray : Beaucoup de vétérans admettront qu'avoir vécu un effort commun au combat a été le point culminant de leur vie. On passe de "je" à "nous" sans s'en rendre compte, "mon" devient "notre" et nos croyances personnelles perdent de leur importance fondamentale. Je pense que ce n'est rien de plus que la garantie d'être immortel qui rend le sacrifice de soi dans ces moments-là si facile relativement parlant. Je peux tomber, mais je ne meurs pas, car ce qui est vrai en moi subsiste et survit avec mes frères d'armes pour qui j'ai donné ma vie.
JH: So what all of these cases have in common is that the self seems to thin out, or melt away, and it feels good, it feels really good, in a way totally unlike anything we feel in our normal lives. It feels somehow uplifting. This idea that we move up was central in the writing of the great French sociologist Emile Durkheim. Durkheim even called us Homo duplex, or two-level man. The lower level he called the level of the profane. Now profane is the opposite of sacred. It just means ordinary or common. And in our ordinary lives we exist as individuals. We want to satisfy our individual desires. We pursue our individual goals. But sometimes something happens that triggers a phase change. Individuals unite into a team, a movement or a nation, which is far more than the sum of its parts.
JH : Donc le point commun de tous ces cas est que le Soi semble s'effriter ou se dissoudre, et c'est agréable, c'est très agréable, d'une façon incomparable à ce qu'on peut ressentir dans notre vie de tous les jours. C'est un sentiment d'exaltation, en quelque sorte. Cette idée d'élévation était essentielle dans les écrits du grand sociologue français Emile Durkheim. Durkheim nous appelait même Homo Duplex, ou Homme à deux niveaux. Il appelait le niveau inférieur profane. Et profane est le contraire de sacré. Ça signifie simplement ordinaire ou banal. Et dans nos vies de tous les jours, nous existons en tant qu'individu. Nous voulons satisfaire nos désirs personnels. Nous poursuivons nos propres objectifs. Mais parfois, quelque chose se produit et amorce un changement de phase. Les individus s'unissent pour former une équipe, un mouvement ou une nation, dont la valeur surpassent la simple addition de ses membres.
Durkheim called this level the level of the sacred because he believed that the function of religion was to unite people into a group, into a moral community. Durkheim believed that anything that unites us takes on an air of sacredness. And once people circle around some sacred object or value, they'll then work as a team and fight to defend it. Durkheim wrote about a set of intense collective emotions that accomplish this miracle of E pluribus unum, of making a group out of individuals. Think of the collective joy in Britain on the day World War II ended. Think of the collective anger in Tahrir Square, which brought down a dictator. And think of the collective grief in the United States that we all felt, that brought us all together, after 9/11.
Durkheim appelait ce niveau, le niveau du sacré car il croyait que le rôle de la religion était d'unir les gens en un groupe, en une communauté morale. Durkheim croyait que tout ce qui nous unit prend une dimension sacrée. Et une fois que les gens gravitent autour de quelque objet ou valeur sacré, alors ils travailleront en équipe et se battront pour le défendre. Durkheim a écrit sur tout un éventail d’émotions collectives intenses qui accomplissent le miracle de E pluribus unum, c'est-à-dire de faire d'individus un groupe. Pensez à la joie collective en Grande-Bretagne le jour de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Pensez à la colère collective sur la place Tahrir qui a renversé un dictateur. Et pensez au chagrin collectif aux Etats-Unis que nous avons tous ressenti, qui nous a uni, après le 11 septembre.
So let me summarize where we are. I'm saying that the capacity for self-transcendence is just a basic part of being human. I'm offering the metaphor of a staircase in the mind. I'm saying we are Homo duplex and this staircase takes us up from the profane level to the level of the sacred. When we climb that staircase, self-interest fades away, we become just much less self-interested, and we feel as though we are better, nobler and somehow uplifted.
Donc, laissez-moi résumer où nous en sommes. Je dis que la capacité d'autotranscendance fait simplement partie de nous en tant qu'humain. Je propose la métaphore d'un escalier dans l'esprit humain. Je dis que nous sommes des Homo Duplex et que cet escalier nous hisse du niveau du profane au niveau du sacré. Quand nous gravissons cet escalier, l'intérêt personnel s'efface, nous devenons beaucoup moins tournés vers nous-mêmes, et nous nous sentons comme meilleurs, plus nobles et exaltés, en quelque sorte.
So here's the million-dollar question for social scientists like me: Is the staircase a feature of our evolutionary design? Is it a product of natural selection, like our hands? Or is it a bug, a mistake in the system -- this religious stuff is just something that happens when the wires cross in the brain -- Jill has a stroke and she has this religious experience, it's just a mistake?
Alors, la question à un million de dollars pour les chercheurs en sciences sociales comme moi est la suivante : Est-ce que l'escalier est une caractéristique de notre modèle évolutionaire ? Est-ce un résultat de la sélection naturelle, à l'instar de nos mains ? Ou est-ce un bug, une erreur du système -- ce truc mystique est juste quelque chose qui se produit quand les câbles s'emmêlent dans le cerveau -- Jill a une attaque et fait cette expérience spirituelle, est-ce seulement une erreur ?
Well many scientists who study religion take this view. The New Atheists, for example, argue that religion is a set of memes, sort of parasitic memes, that get inside our minds and make us do all kinds of crazy religious stuff, self-destructive stuff, like suicide bombing. And after all, how could it ever be good for us to lose ourselves? How could it ever be adaptive for any organism to overcome self-interest? Well let me show you.
Et bien, beaucoup de chercheurs en religion partagent ce point de vue. Les Nouveaux Athéistes, par exemple, affirment que la religion est un ensemble de mèmes, une sorte de mèmes parasites, qui pénètrent nos esprits et nous font faire tout un tas de trucs religieux dingues, des choses auto-destructrices, comme les attentats suicides. Et après tout, comment cela pourrait-il nous être bénéfique de nous perdre nous-mêmes ? Comment cela pourrait-il être adaptable pour quelque organisme que ce soit de venir à bout de ses intérêts personnels ? Et bien, laissez-moi vous montrer.
In "The Descent of Man," Charles Darwin wrote a great deal about the evolution of morality -- where did it come from, why do we have it. Darwin noted that many of our virtues are of very little use to ourselves, but they're of great use to our groups. He wrote about the scenario in which two tribes of early humans would have come in contact and competition. He said, "If the one tribe included a great number of courageous, sympathetic and faithful members who are always ready to aid and defend each other, this tribe would succeed better and conquer the other." He went on to say that "Selfish and contentious people will not cohere, and without coherence nothing can be effected." In other words, Charles Darwin believed in group selection.
Dans "La Filiation de l'Homme," Charles Darwin a longuement écrit sur l'évolution de la morale -- son origine, sa raison d'être. Darwin a remarqué que beaucoup de nos vertus nous sont très peu utiles au niveau personnel, mais sont très utiles au niveau collectif. Il a décrit un scenario dans lequel deux tribus de premiers hommes entraient en contact et en compétition. Il dit, "Si une des tribus comprenait un grand nombre de membres courageux, solidaires, loyaux et toujours prêts à s'entraider et à prendre la défense des uns et des autres, alors cette tribu réussirait mieux et vaincrait l'autre." Il a dit ensuite : "Les personnes égoïstes et belliqueuses ne feront pas preuve de cohésion et sans cohésion rien ne peut être accompli. Autrement dit, Charles Darwin croyait en la sélection de groupe.
Now this idea has been very controversial for the last 40 years, but it's about to make a major comeback this year, especially after E.O. Wilson's book comes out in April, making a very strong case that we, and several other species, are products of group selection. But really the way to think about this is as multilevel selection.
Cette idée a été très controversée ces 40 dernières années, mais elle est sur le point de faire son grand retour cette année, surtout après la sortie du livre d'E.O Wilson en avril, qui défend brillamment l'dée que nous, et plusieurs autres espèces, sommes le résultat de la sélection de groupe. Mais, vraiment, la seule façon voir ça, c'est comme une sélection à plusieurs niveaux.
So look at it this way: You've got competition going on within groups and across groups. So here's a group of guys on a college crew team. Within this team there's competition. There are guys competing with each other. The slowest rowers, the weakest rowers, are going to get cut from the team. And only a few of these guys are going to go on in the sport. Maybe one of them will make it to the Olympics. So within the team, their interests are actually pitted against each other. And sometimes it would be advantageous for one of these guys to try to sabotage the other guys. Maybe he'll badmouth his chief rival to the coach. But while that competition is going on within the boat, this competition is going on across boats. And once you put these guys in a boat competing with another boat, now they've got no choice but to cooperate because they're all in the same boat. They can only win if they all pull together as a team. I mean, these things sound trite, but they are deep evolutionary truths.
Regardez-ça sous cet angle : Il y a de la concurrence au sein des groupes et entre les groupes. Voici un groupe de types qui font partie d'une équipe universitaire. Au sein de cette équipe il y a de la concurrence. Il y a des types qui sont en concurrence les uns contre les autres. Les rameurs les plus lents, les rameurs les plus faibles, seront évincés de l'équipe. Et peu d'entre eux persévereront dans cette discipline. Peut-être qu'un d'eux ira jusqu'aux Jeux Olympiques. Donc, dans l'équipe, leurs intérêts individuels sont en fait en conflit. Et parfois, ce serait profitable pour l'un d'entre eux d'essayer de saboter les autres. Peut-être qu'il dira du mal de son plus grand rival à l'entraineur. Mais tandis cette concurrence se déroule sur le bateau, il y en a aussi entre les bateaux. Et une fois que vous mettez ces types dans un bateau en compétition avec un autre bateau, ils n'ont plus d'autre choix que de coopérer parce qu'ils sont tous dans le même bateau. Ils ne peuvent gagner que s'ils joignent leurs efforts en tant qu'équipe. Tout ça peut sembler banal, mais ce sont de profondes vérités évolutionnaires.
The main argument against group selection has always been that, well sure, it would be nice to have a group of cooperators, but as soon as you have a group of cooperators, they're just going to get taken over by free-riders, individuals that are going to exploit the hard work of the others. Let me illustrate this for you. Suppose we've got a group of little organisms -- they can be bacteria, they can be hamsters; it doesn't matter what -- and let's suppose that this little group here, they evolved to be cooperative. Well that's great. They graze, they defend each other, they work together, they generate wealth. And as you'll see in this simulation, as they interact they gain points, as it were, they grow, and when they've doubled in size, you'll see them split, and that's how they reproduce and the population grows.
L'argument majeure contre la sélection de groupe a toujours été que, oui bien sûr, ce serait bien d'avoir un groupe de coopérateurs, mais que dès que vous avez un tel groupe, des parasites vont en prendre le contrôle des individus qui vont exploiter le dur labeur des autres. Laissez-moi vous donner un exemple. Admettons que nous avons un groupe de petits organismes -- ça peut être des bactéries, des hamters, peu importe -- et supposons que ce petit groupe-là a évolué pour devenir un groupe coopérateur. Super. Ils se nourrissent, se défendent les uns et les autres, ils travaillent ensemble, génèrent de la richesse. Et comme vous allez le voir dans cette simulation, en interagissant ils gagnent des points, ils grandissent, et quand ils ont doublé de taille, vous verrez qu'ils se divisent, et c'est ainsi qu'ils se reproduisent et que la population grandit.
But suppose then that one of them mutates. There's a mutation in the gene and one of them mutates to follow a selfish strategy. It takes advantage of the others. And so when a green interacts with a blue, you'll see the green gets larger and the blue gets smaller. So here's how things play out. We start with just one green, and as it interacts it gains wealth or points or food. And in short order, the cooperators are done for. The free-riders have taken over. If a group cannot solve the free-rider problem then it cannot reap the benefits of cooperation and group selection cannot get started.
Mais, admettons que l'un d'eux subisse une mutation. Une mutation dans le gène se produit et l'un d'eux mute afin de suivre une stratégie individualiste. Il profite des autres. Par conséquent, quand un vert entre en contact avec un bleu, vous verrez que le vert grandit et que le bleu rapetisse. Donc, voilà comment ça se passe. On commence avec un vert seulement, et alors qu'il entre en contact avec les autres il gagne de la richesse ou des points ou de la nourriture. Et rapidement, les uns après les autres, c'en est fini des coopérateurs. Les parasites ont pris le pouvoir. Si un groupe ne peut pas régler son problème de parasites alors il ne peut pas récolter les bénéfices de sa coopération et la sélection de groupe ne peut pas commencer.
But there are solutions to the free-rider problem. It's not that hard a problem. In fact, nature has solved it many, many times. And nature's favorite solution is to put everyone in the same boat. For example, why is it that the mitochondria in every cell has its own DNA, totally separate from the DNA in the nucleus? It's because they used to be separate free-living bacteria and they came together and became a superorganism. Somehow or other -- maybe one swallowed another; we'll never know exactly why -- but once they got a membrane around them, they were all in the same membrane, now all the wealth-created division of labor, all the greatness created by cooperation, stays locked inside the membrane and we've got a superorganism.
Mais des solutions à ce problème existent. Ce n'est pas bien compliqué. En fait, la nature l'a résolu à de maintes reprises. Et la solution que la nature préfère est de mettre tout le monde dans le même bateau. Par exemple, pourquoi les mitochondries dans chaque cellule ont-elles leur propre ADN, complètement séparé de l'ADN du noyau ? C'est parce qu'avant elles étaient des bactéries séparées semi-autonomes et elles se sont unies et sont devenues un superorganisme. D'une façon ou d'une autre -- peut-être en avalant une autre; nous ne saurons jamais exactement pourquoi -- mais une fois qu'elles se sont entourées d'une membrane, elles étaient toutes dans la même membrane, et désormais tous les biens générés par la répartition du travail, toute la grandeur créée par cette coopération, reste enfermée à l'intérieur de cette membrane et nous avons un superorganisme.
And now let's rerun the simulation putting one of these superorganisms into a population of free-riders, of defectors, of cheaters and look what happens. A superorganism can basically take what it wants. It's so big and powerful and efficient that it can take resources from the greens, from the defectors, the cheaters. And pretty soon the whole population is actually composed of these new superorganisms. What I've shown you here is sometimes called a major transition in evolutionary history. Darwin's laws don't change, but now there's a new kind of player on the field and things begin to look very different.
Maintenant rejouons la simulation en introduisant un de ces superorganismes dans une population de parasites, de renégats, de tricheurs et voyons ce qu'il se passe. Un superorganisme peut, en gros, prendre tout ce qu'il veut. Il est tellement grand, puissant et efficace qu'il peut prendre des ressources chez les verts, les renégats, les tricheurs. Et assez vite toute la population se compose de ces nouveaux superorganismes. Ce que je vous ai montré là est parfois appellé une transition majeure dans l'histoire de l'évolution. Les lois de Darwin sont immuables, mais désormais il y a un acteur nouveau qui entre en jeu et les choses commencent à paraître différentes.
Now this transition was not a one-time freak of nature that just happened with some bacteria. It happened again about 120 or a 140 million years ago when some solitary wasps began creating little simple, primitive nests, or hives. Once several wasps were all together in the same hive, they had no choice but to cooperate, because pretty soon they were locked into competition with other hives. And the most cohesive hives won, just as Darwin said.
Cette transition n'etait pas une seule et unique aberration de la nature qui s'est produite avec des bactéries. Elle s'est reproduite il y a environ 120 ou 140 millions d'années quand quelques guêpes solitaires ont commencé à créer de petits nids ou ruches simples et primitifs. Une fois que plusieurs guêpes se sont trouvées dans la même ruche, elles n'avaient guère d'autres choix que de coopérer, parce rapidement elles étaient forcées d'entrer en compétition avec d'autres ruches. Et la ruche avec le plus de cohésion gagnait, exactement comment Darwin l'avait décrit.
These early wasps gave rise to the bees and the ants that have covered the world and changed the biosphere. And it happened again, even more spectacularly, in the last half-million years when our own ancestors became cultural creatures, they came together around a hearth or a campfire, they divided labor, they began painting their bodies, they spoke their own dialects, and eventually they worshiped their own gods. Once they were all in the same tribe, they could keep the benefits of cooperation locked inside. And they unlocked the most powerful force ever known on this planet, which is human cooperation -- a force for construction and destruction.
Ces guêpes primitives ont engendré les abeilles et les fourmis qui se sont répandues sur toute la terre et ont changé la biosphère. Et c'est arrivé à nouveau, d'une façon encore plus spectaculaire, ces dernières 500 000 années quand nos ancêtres sont devenus des créatures culturelles, ils se sont rassemblés autour d'un âtre ou d'un feu de camp, ils se sont répartis le travail, ils ont commencé à se peindre le corps, ils ont parlé leurs propres dialectes, et finalement ils ont vénéré leurs propres dieux. Quant ils étaient une seule et même tribu, ils pouvaient garder les profits de leur coopération confinés au sein de celle-ci. Et ils ont libéré la force la plus puissante que cette planète ait connue, celle de la coopération humaine -- une force de construction et de destruction.
Of course, human groups are nowhere near as cohesive as beehives. Human groups may look like hives for brief moments, but they tend to then break apart. We're not locked into cooperation the way bees and ants are. In fact, often, as we've seen happen in a lot of the Arab Spring revolts, often those divisions are along religious lines. Nonetheless, when people do come together and put themselves all into the same movement, they can move mountains.
Bien sûr, les groupes humains sont loin de faire preuve d'autant de cohésion que les ruches d'abeilles. Les groupes humains peuvent avoir l'air de ruches durant de brefs instants, mais ils ont tendance à se diviser. Nous ne sommes pas forcés de coopérer comme le sont les abeilles et les fourmis. En fait, souvent, comme nous avons pu le voir dans beaucoup de révoltes du Printemps Arabe, souvent ces divisions sont d'origine religieuse. Néanmois, quand les gens s'unissent vraiment et s'engagent tous dans le même mouvement, ils peuvent déplacer des montagnes.
Look at the people in these photos I've been showing you. Do you think they're there pursuing their self-interest? Or are they pursuing communal interest, which requires them to lose themselves and become simply a part of a whole?
Regardez les personnes sur les photos que je vous ai montrées. Est-ce que vous pensez qu'ils sont là à poursuivre leurs intérêts personnels ? Ou est-ce qu'ils poursuivent un intérêt commun, qui leur demande de perdre leur sens du Soi et de simplement devenir une partie d'un tout ?
Okay, so that was my Talk delivered in the standard TED way. And now I'm going to give the whole Talk over again in three minutes in a more full-spectrum sort of way.
Bon, c'était donc mon exposé présenté de la façon TED classique. Et maintenant, je vais refaire tout mon exposé en trois minutes d'une façon plus exhaustive.
(Music)
(Musique)
(Video) Jonathan Haidt: We humans have many varieties of religious experience, as William James explained. One of the most common is climbing the secret staircase and losing ourselves. The staircase takes us from the experience of life as profane or ordinary upwards to the experience of life as sacred, or deeply interconnected. We are Homo duplex, as Durkheim explained. And we are Homo duplex because we evolved by multilevel selection, as Darwin explained. I can't be certain if the staircase is an adaptation rather than a bug, but if it is an adaptation, then the implications are profound. If it is an adaptation, then we evolved to be religious.
(Vidéo) Jonathan Haidt : Nous, les humains, pouvons vivre une grande variété d'expériences spirituelles, comme l'a expliqué William James. Une des plus courantes est de monter l'escalier secret et de nous perdre nous-mêmes. L'escalier nous tire de cette façon de vivre profane et ordinaire pour nous élever vers une façon de vivre sacrée, ou profondément interconnectée. Nous sommes des Homo Duplex, comme l'a expliqué Durkheim. Et nous sommes des Homo Duplex parce que nous avons évolué par une sélection à plusieurs niveaux, comme l'a expliqué Darwin. Je ne suis pas sûr que l'escalier soit une adaptation et non un bug, mais si c'est une adaptation, alors les implications sont profondes. Si c'est bien une adaptation, alors nous avons évolué pour devenir des êtres croyants.
I don't mean that we evolved to join gigantic organized religions. Those things came along too recently. I mean that we evolved to see sacredness all around us and to join with others into teams and circle around sacred objects, people and ideas. This is why politics is so tribal. Politics is partly profane, it's partly about self-interest, but politics is also about sacredness. It's about joining with others to pursue moral ideas. It's about the eternal struggle between good and evil, and we all believe we're on the good team.
Je ne veux pas dire que nous avons évolué pour rejoindre de gigantesques religions organisées. Tout ça est bien trop récent. Je veux dire que nous avons évolué afin de voir le sacré tout autour de nous et de rejoindre les autres pour former des équipes et graviter autour d'objets, de gens et d'idées sacrés. C'est pourquoi la politique est si tribale. La politique est en partie profane, car il est en partie question d'intérêts personnels, mais la politique est aussi une question de sacré. Il s'agit de s'unir à d'autres afin de poursuivre des idées morales. Il s'agit de la lutte éternelle entre le bien et le mal, et nous pensons tous être du bon côté.
And most importantly, if the staircase is real, it explains the persistent undercurrent of dissatisfaction in modern life. Because human beings are, to some extent, hivish creatures like bees. We're bees. We busted out of the hive during the Enlightenment. We broke down the old institutions and brought liberty to the oppressed. We unleashed Earth-changing creativity and generated vast wealth and comfort.
Et plus important encore, si l'escalier est réel, il explique ce courant sous-jacent continuel qu'est l'insatisfaction de la vie moderne. Parce que les êtres humains sont, dans une certaine mesure, des créatures de ruches comme les abeilles. Nous nous sommes évadés de la ruche au siècle des Lumières. Nous avons renversé les anciennes institutions et apporté la liberté aux opprimés. Nous avons libéré une créativité qui a changé la face du monde et généré grande richesse et confort.
Nowadays we fly around like individual bees exulting in our freedom. But sometimes we wonder: Is this all there is? What should I do with my life? What's missing? What's missing is that we are Homo duplex, but modern, secular society was built to satisfy our lower, profane selves. It's really comfortable down here on the lower level. Come, have a seat in my home entertainment center.
De nos jours, nous volons par ci par là comme des abeilles indépendantes en nous réjouissant de notre liberté. Mais parfois, nous nous demandons : Est-ce qu'il n'y a rien de plus ? Que devrais-je faire de ma vie ? Que manque-t-il ? Ce qu'il manque, c'est que nous sommes des Homo Duplex, mais qu'une société moderne et séculaire a été construite afin de satisfaire le Soi médiocre et profane. C'est vraiment confortable ici bas, au niveau inférieur. Venez, prenez place dans mon centre de loisir personnel.
One great challenge of modern life is to find the staircase amid all the clutter and then to do something good and noble once you climb to the top. I see this desire in my students at the University of Virginia. They all want to find a cause or calling that they can throw themselves into. They're all searching for their staircase. And that gives me hope because people are not purely selfish.
Un des grands défis de la vie moderne est de trouver l'escalier dans tout ce désordre puis de faire quelque chose de bon et de noble une fois qu'on a gravi toutes les marches. Je vois cette envie chez mes étudiants à l'Université de Virginie. Ils veulent tous trouver une cause ou une vocation dans laquelle ils pourront se jeter à corps perdus. Ils recherchent tous leur escalier. Et ça me donne de l'espoir car les gens ne sont pas purement égoïstes.
Most people long to overcome pettiness and become part of something larger. And this explains the extraordinary resonance of this simple metaphor conjured up nearly 400 years ago. "No man is an island entire of itself. Every man is a piece of the continent, a part of the main."
La plupart meurent d'envie de surpasser leur médiocrité et d'appartenir à quelque chose de plus grand. Et ceci explique la résonance extraordinaire d'une simple métaphore créée il y a environ 400 ans. "Aucun homme n'est une île, un tout, complet en soi. Tout homme est un fragment du continent, une partie de l'ensemble."
JH: Thank you.
JH: Merci.
(Applause)
(Applaudissements)