The story starts: I was at a friend's house, and she had on her shelf a copy of the DSM manual, which is the manual of mental disorders. It lists every known mental disorder. And it used to be, back in the '50s, a very slim pamphlet. And then it got bigger and bigger and bigger, and now it's 886 pages long. And it lists currently 374 mental disorders.
L'histoire commence ainsi : j'étais chez une amie, et elle avait sur son étagère un exemplaire du Manuel DSM, qui est le Manuel des troubles mentaux. Il répertorie tous les troubles mentaux connus. Et dans le temps, dans les années 50, c'était un fascicule très mince. Et puis il est devenu de plus gros en plus gros, et maintenant, il fait 886 pages. Et il répertorie actuellement 374 troubles mentaux.
So I was leafing through it, wondering if I had any mental disorders, and it turns out I've got 12.
Donc je le feuilletais en me demandant si j'avais moi-même des troubles mentaux, et il s'avère que j'en ai 12.
(Laughter)
(Rires)
I've got generalized anxiety disorder, which is a given. I've got nightmare disorder, which is categorized if you have recurrent dreams of being pursued or declared a failure, and all my dreams involve people chasing me down the street going, "You're a failure!"
J'ai une anxiété généralisée, c'est acquis, j'ai un trouble des cauchemards, qui est subdivisé si vous avez des rêves récurrents où on vous pousuit ou on vous traite de raté, et tous mes rêves concernent des gens qui me poursuivent dans la rue en me disant, « Tu es un raté. »
(Laughter)
(Rires)
I've got parent-child relational problems, which I blame my parents for.
J'ai des problèmes relationnels parent-enfant, dont je rends mes parents responsables.
(Laughter)
(Rires)
I'm kidding. I'm not kidding. I'm kidding. And I've got malingering. And I think it's actually quite rare to have both malingering and generalized anxiety disorder, because malingering tends to make me feel very anxious.
Je plaisante. Je ne plaisante pas. Je plaisante. J'ai aussi une sinistrose. Et je pense que c'est en fait assez rare d'avoir à la fois un trouble d'anxiété généralisée et de simulation, parce que la simulation a tendance à me rendre très anxieux.
Anyway, I was looking through this book, wondering if I was much crazier than I thought I was, or maybe it's not a good idea to diagnose yourself with a mental disorder if you're not a trained professional, or maybe the psychiatry profession has a kind of strange desire to label what's essentially normal human behavior as a mental disorder. I didn't know which of these was true, but I thought it was kind of interesting, and I thought maybe I should meet a critic of psychiatry to get their view, which is how I ended up having lunch with the Scientologists.
Donc, je parcourais ce livre, en me demandant si j'étais plus fou que je pensais l'être, ou peut-être que ce n'est pas une bonne idée de faire son propre diagnostic de trouble mental sans être un professionnel formé, ou peut-être que la profession de psychiatrie a un désir étrange de dénommer ce qui est essentiellement un comportement humain normal comme un trouble mental. Je ne savais pas laquelle de ces choses était vraie, mais j'ai pensé que c'était plutôt intéressant. Et j'ai pensé que peut-être je devrais rencontrer un critique en psychiatrie pour obtenir son avis. C'est comme ça que j'ai fini par déjeuner avec les scientologues.
(Laughter)
It was a man called Brian, who runs a crack team of Scientologists who are determined to destroy psychiatry wherever it lies. They're called the CCHR. And I said to him, "Can you prove to me that psychiatry is a pseudo-science that can't be trusted?" And he said, "Yes, we can prove it to you." And I said, "How?" And he said, "We're going to introduce you to Tony." And I said, "Who's Tony?" And he said, "Tony's in Broadmoor." Now, Broadmoor is Broadmoor Hospital. It used to be known as the Broadmoor Asylum for the Criminally Insane. It's where they send the serial killers, and the people who can't help themselves. And I said to Brian, "Well, what did Tony do?" And he said, "Hardly anything. He beat someone up or something, and he decided to fake madness to get out of a prison sentence. But he faked it too well, and now he's stuck in Broadmoor and nobody will believe he's sane. Do you want us to try and get you into Broadmoor to meet Tony?" So I said, "Yes, please."
C'était un homme appelé Brian qui dirige une équipe de cracks scientologues qui sont déterminés à détruire la psychiatrie partout où elle se trouve. On les appelle le CCHR. Et je lui ai dit, « Pouvez-vous me prouver que la psychiatrie est une pseudo-science à laquelle on ne peut pas faire confiance ? » Et il dit: « Oui, nous pouvons vous le prouver. » Et j'ai dit, « Comment ? » Et il répondu : « Nous allons vous présenter Tony. » J'ai dit, « Qui est Tony ? » Il a répondu, «Tony est à Broadmoor. » Broadmoor est maintenant Broadmoor Hospital. Avant, c'était l'asile de Broadmoor pour les fous criminels. C'est là qu'on envoie les tueurs en série et les gens qui ne peuvent pas se contrôler. Et j'ai dit à Brian, « Qu'a fait Tony ? » Il a répondu, « Presque rien. Il a tabassé quelqu'un ou quelque chose comme ça, et il a décidé de simuler la folie pour échapper à la prison. Mais il l'a trop bien simulée, et maintenant il est coincé à Broadmoor et personne ne croira qu'il est sain d'esprit. Voulez-vous qu'on essaye de vous faire entrer à Broadmoor pour rencontrer Tony? » J'ai dis : « Oui, merci. »
So I got the train to Broadmoor. I began to yawn uncontrollably around Kempton Park, which apparently is what dogs also do when anxious, they yawn uncontrollably. And we got to Broadmoor. And I got taken through gate after gate after gate after gate into the wellness center, which is where you get to meet the patients. It looks like a giant Hampton Inn. It's all peach and pine and calming colors. And the only bold colors are the reds of the panic buttons. And the patients started drifting in. And they were quite overweight and wearing sweatpants, and quite docile-looking. And Brian the Scientologist whispered to me, "They're medicated," which, to the Scientologists, is like the worst evil in the world, but I'm thinking it's probably a good idea.
J'ai donc pris le train pour Broadmoor. J'ai commencé à bâiller incontrôlablement vers Kempton Park, c'est apparemment que les chiens font aussi lorsque ils sont anxieux -- ils bâillent incontrôlablement. Et nous sommes arrivés à Broadmoor. Et on m'a fait passer une porte après l'autre jusqu'au Centre de bien-être, l'endroit où vous rencontrez les patients. Ça ressemble à un Hampton Inn géant. Tout est décoré de bois de pin de couleur pêche ou autres couleurs apaisantes. La seule couleur qui attire l'attention, c'est le rouge des boutons de panique. Et les patients ont fait leur apparition. Ils avaient tous quelques kilos en trop et portaient des pantalons de jogging affichant un regard bien docile. Et Brian le scientologue a chuchoté a mon oreille, "Ils sont sous l'effet de médicaments," ce qui, pour un scientologue, représente le mal incarné, mais je pense que c'est probablement une bonne idée.
(Laughter)
(Rires)
And then Brian said, "Here's Tony." And a man was walking in. And he wasn't overweight, he was in very good physical shape. And he wasn't wearing sweatpants, he was wearing a pinstripe suit. And he had his arm outstretched like someone out of The Apprentice. He looked like a man who wanted to wear an outfit that would convince me that he was very sane.
Et puis, Brian dit: « Voici Tony. » Un homme est entré. Il n'était pas gros, il était en très bonne forme physique. Il ne portait pas de pantalon de survêtement, il portait un costume à rayures. Il tendait les bras comme s'il sortait de l'émission The Apprentice. Il ressemblait à un homme qui voulait porter un costume qui irait me convaincre qu'il était très sain d'esprit.
And he sat down. And I said, "So is it true that you faked your way in here?" And he said, "Yep. Yep. Absolutely. I beat someone up when I was 17. And I was in prison awaiting trial, and my cellmate said to me, 'You know what you have to do? Fake madness. Tell them you're mad, you'll get sent to some cushy hospital. Nurses will bring you pizzas, you'll have your own PlayStation.'" I said, "Well, how did you do it?" He said, "Well, I asked to see the prison psychiatrist. And I'd just seen a film called 'Crash,' in which people get sexual pleasure from crashing cars into walls. So I said to the psychiatrist, 'I get sexual pleasure from crashing cars into walls.'" And I said, "What else?" He said, "Oh, yeah. I told the psychiatrist that I wanted to watch women as they died, because it would make me feel more normal." I said, "Where'd you get that from?" He said, "Oh, from a biography of Ted Bundy that they had at the prison library."
Et il s'est assis. Et j'ai dit, « C'est vrai que vous avez simulé pour entrer ici ? » Et il a répondu : « Oui. Oui. Absolument. J'ai tabassé quelqu'un quand j'avais 17.ans. J'étais en prison en attendant mon procès, et mon compagnon de cellule m'a dit : « Tu sais ce que tu dois faire ? Simuler la folie. Dis-leur que tu es fou. On t'enverra dans un hôpital confortable. Les infirmières t'apporteront des pizzas. Tu auras ta propre Playstation. » » Alors j'ai dit, « Et tu as fait comment ? » Il a répondu : « J'ai demandé à voir le psychiatre de la prison. Je venais de voir un film intitulé « Crash » dans lequel des gens ont du plaisir sexuel à écraser des voitures dans les murs. Alors j'ai dit au psychiatre, « J'ai du plaisir sexuel à écraser des voitures dans les murs. » » J'ai dit, « Quoi d'autre? » Il a répondu : « Oh, oui. J'ai dit au psychiatre que je voulais regarder les femmes mourir parce que ça me ferait sentir plus normal. » Et j'ai dit, « D'où tu tires ça ? » Il a répondu , « Oh, d'une biographie de Ted Bundy qu'ils avaient à la bibliothèque de la prison. »
Anyway, he faked madness too well, he said. And they didn't send him to some cushy hospital. They sent him to Broadmoor. And the minute he got there, said he took one look at the place, asked to see the psychiatrist, said, "There's been a terrible misunderstanding. I'm not mentally ill." I said, "How long have you been here for?" He said, "Well, if I'd just done my time in prison for the original crime, I'd have got five years. I've been in Broadmoor for 12 years."
En bref, il feignait la folie trop bien, disait-il. Et ils ne l'ont pas envoyé dans un hôpital confortable. Ils l'ont envoyé à Broadmoor. Dès qu'il y est entré, il a dit qu'il a jeté un coup d'œil à l'endroit, a demandé à voir le psychiatre, et a dit, « Il y a eu un terrible malentendu. Je n'ai pas de troubles mentaux. » J'ai dit, « Depuis combien de temps es-tu ici ? » Il a répondu, « Eh bien, si j'avais purgé toute la peine pourle crime que j'ai commis au départ, j'aurais fait cinq ans. Je suis à Broadmoor depuis 12 ans. »
Tony said that it's a lot harder to convince people you're sane than it is to convince them you're crazy. He said, "I thought the best way to seem normal would be to talk to people normally about normal things like football or what's on TV. I subscribe to New Scientist, and recently they had an article about how the U.S. Army was training bumblebees to sniff out explosives. So I said to a nurse, 'Did you know that the U.S. Army is training bumblebees to sniff out explosives?' When I read my medical notes, I saw they'd written: 'Believes bees can sniff out explosives.'"
Tony a dit qu'il est beaucoup plus difficile de convaincre les gens que vous êtes sain d'esprit plutôt que de les convaincre que vous êtes fou. Il a dit : « Je pensais que le meilleur moyen de paraître normal serait de parler aux gens normalement des choses normales comme de football ou de ce qu'il y a à la télé. Je suis abonné au New Scientist, et récemment il a eu un article sur comment l'armée américaine entrainait des bourdons à flairer des explosifs. Alors j'ai dit à une infirmière, « Vous saviez que l'armée américaine entraine des bourdons à flairer des explosifs ? » Lorsque j'ai lu mes notes médicales, j'ai vu qu'ils avaient écrit : « Croit que les abeilles peuvent flairer les explosifs. »
(Laughter)
Il a dit : « Tu sais, ils cherchent toujours
He said, "You know, they're always looking out for nonverbal clues to my mental state. But how do you sit in a sane way? How do you cross your legs in a sane way? It's just impossible." When Tony said that to me, I thought to myself, "Am I sitting like a journalist? Am I crossing my legs like a journalist?"
des indices non verbaux de mon état d'esprit. Mais comment s'asseoir de manière saine ? Comment coiser les jambes de manière saine ? C'est juste impossible. » Et quand Tony qui m'a dit ça, je me suis dit, « Est-ce que je suis assis comme un journaliste ? Est-ce que je croise mes jambes comme un journaliste ? »
He said, "You know, I've got the Stockwell Strangler on one side of me, and I've got the 'Tiptoe Through the Tulips' rapist on the other side of me. So I tend to stay in my room a lot because I find them quite frightening. And they take that as a sign of madness. They say it proves that I'm aloof and grandiose." So, only in Broadmoor would not wanting to hang out with serial killers be a sign of madness. Anyway, he seemed completely normal to me, but what did I know?
Il a dit : « Vous savez, j'ai l'étrangleur de Stockwell à ma droite et j'ai le violeur des tulipes à ma gauche. Donc j'ai tendance à rester beaucoup dans ma chambre parce que je les trouve assez effrayant. Et ils prennent ça comme un signe de folie. Ils disent que ça prouve que je suis distant et grandiose. » Il n'y a qu'à Broadmoor où ne pas vouloir passer du temps avec des tueurs en série est un signe de folie. De toute façon il m'a semblé tout à fait normal , mais qu'est-ce que j'y connais ? Quand je suis rentré chez moi, j'ai envoyé un email à son clinicien, Anthony Maden.
And when I got home I emailed his clinician, Anthony Maden. I said, "What's the story?" And he said, "Yep. We accept that Tony faked madness to get out of a prison sentence, because his hallucinations -- that had seemed quite cliche to begin with -- just vanished the minute he got to Broadmoor. However, we have assessed him, and we've determined that what he is is a psychopath." And in fact, faking madness is exactly the kind of cunning and manipulative act of a psychopath. It's on the checklist: cunning, manipulative. So, faking your brain going wrong is evidence that your brain has gone wrong. And I spoke to other experts, and they said the pinstripe suit -- classic psychopath -- speaks to items one and two on the checklist: glibness, superficial charm and grandiose sense of self-worth. And I said, "Well, but why didn't he hang out with the other patients?" Classic psychopath -- it speaks to grandiosity and also lack of empathy. So all the things that had seemed most normal about Tony was evidence, according to his clinician, that he was mad in this new way. He was a psychopath.
J'ai dit, « C'est quoi l'histoire? » Et il a répondu : « Oui. Nous acceptons que Tony ait simulé la folie pour échapper à une peine de prison parce que ses hallucinations qui avaient semblé assez cliché à première vue ont disparu à la minute où il est arrivé à Broadmoor. Cependant, nous l'avons évalué. Et nous avons déterminé que c'était un psychopathe. » En fait, feindre la folie est exactement le genre d'action rusée et manipulatrice propre à un psychopathe. C'est sur la liste de vérification : rusé et manipulateur. Feindre que votre cerveau va mal est la preuve que votre cerveau va mal. Et j'ai parlé à d'autres experts, et ils ont dit le costume à rayures, c'est typique du psychopathe. Ça renvoie aux articles 1 et 2 sur la liste de vérification : le bagou, le charme superficiel et une estime de soi grandiose . J'ai dit, « Et puis quoi, il ne voulait à passer du temps avec les autres patients ? » Typique du psychopathe, ça renvoit à la folie des grandeurs et aussi au manque d'empathie. Toutes les choses qui avaient semblé tout à fait normales chez Tony étaient des preuves, selon son médecin, qu'il était fou de cette nouvelle manière. C'était un psychopathe.
And his clinician said to me, "If you want to know more about psychopaths, you can go on a psychopath-spotting course run by Robert Hare, who invented the psychopath checklist." So I did. I went on a psychopath-spotting course, and I am now a certified -- and I have to say, extremely adept -- psychopath spotter.
Et son médecin m'a dit : « Si vous voulez en savoir plus sur les psychopathes, vous pouvez assister à un cours pour apprendre à repérer les psychopathes dirigé par Robert Hare, celui qui a inventé la liste de vérification pour psychopathe ». Donc je l'ai fait. je suis allé à un cours de repérage de psychopathe, et je suis maintenant certifié, et je dois dire, extrêmement habile, en ce qui concerne le repérage des psychopathes.
So, here's the statistics: One in a hundred regular people is a psychopath. So there's 1,500 people in his room. Fifteen of you are psychopaths. Although that figure rises to four percent of CEOs and business leaders, so I think there's a very good chance there's about 30 or 40 psychopaths in this room. It could be carnage by the end of the night.
Voici donc quelques statistiques : Une personne ordinaire sur 100 est un psychopathe. Il y a 1 500 personnes dans cette salle Quinze d'entre vous sont des psychopathes. Bien que ce chiffre s'élève à 4 % parmi les PDG et autres chefs d'entreprise. Donc je pense qu'il y de grandes chances qu'il y ait 30 ou 40 psychopathes dans cette salle. Il pourrait y avoir un carnage avant la fin de la nuit.
(Laughter)
(Rires) (Rires)
Hare said the reason why is because capitalism at its most ruthless rewards psychopathic behavior -- the lack of empathy, the glibness, cunning, manipulative. In fact, capitalism, perhaps at its most remorseless, is a physical manifestation of psychopathy. It's like a form of psychopathy that's come down to affect us all. Hare said, "You know what? Forget about some guy at Broadmoor who may or may not have faked madness. Who cares? That's not a big story. The big story," he said, "is corporate psychopathy. You want to go and interview yourself some corporate psychopaths."
Hare a dit que c'est parce que le capitalisme dans sa forme la plus impitoyable récompense le comportement psychopathe, le manque d'empathie, le bagou, fourbe, manipulateur. En fait, le capitalisme, dans sa forme la plus implacable, est une manifestation physique de la psychopathie. C'est comme une forme de psychopathie qui est parvenue à nous affecter tous. Et Hare m'a dit, « Vous savez quoi ? Oubliez le type à Broadmoor qui simule la folie ou pas. Ça intéresse qui ? Ce n'est pas important. Ce qui est important », a-t-il dit, « c'est la psychopathie d'entreprise. Ce que vous devez faire, c'est aller interviewer des psychopathes d'entreprises. »
So I gave it a try. I wrote to the Enron people. I said, "Could I come and interview you in prison, to find out it you're psychopaths?"
J'ai donc essayé. J'ai écrit aux gens d'Enron. J'ai dit, « Est-ce que je pourrais venir et vous interviewer en prison pour savoir si vous êtes psychopathes? »
(Laughter)
Et ils n'ont pas répondu.
And they didn't reply.
(Laughter)
J'ai donc changé de tactique.
So I changed tack. I emailed "Chainsaw Al" Dunlap, the asset stripper from the 1990s. He would come into failing businesses and close down 30 percent of the workforce, just turn American towns into ghost towns. And I emailed him and I said, "I believe you may have a very special brain anomaly that makes you ... special, and interested in the predatory spirit, and fearless. Can I come and interview you about your special brain anomaly?" And he said, "Come on over!"
J'ai envoyé un email à Al « la tronçonneuse » Dunlap, qui licenciait à tour de bras à partir des années 1990. Il investissait des entreprises en faillite et licenciait 30 % des effectifs, et transformait des villes américaines en villes fantômes. Je lui ai envoyé un email qui disait : « Je crois que vous avez peut-être une anomalie du cerveau très particulière qui vous rend spécial et intéressé par l'esprit prédateur et intrépide. Puis-je venir vous interviewer au sujet de votre anomalie cérébrale particulière ? » Et il répondu , « Venez donc. »
(Laughter)
So I went to Al Dunlap's grand Florida mansion. It was filled with sculptures of predatory animals. There were lions and tigers -- he was taking me through the garden -- there were falcons and eagles, he was saying, "Over there you've got sharks and --" he was saying this in a less effeminate way -- "You've got more sharks and you've got tigers." It was like Narnia.
Je suis donc allé au grand manoir de Al Dunlap en Floride qui était rempli de sculptures d'animaux prédateurs. Il y avait des lions et des tigres. Il m'a fait visité le jardin. Il y avait des faucons et des aigles. Il me disait , « Là, vous avez des requins. » Il disait ça d'une manière moins effeminée. « Encore plus de requins et vous avez des tigres ». C'était comme Narnia.
(Laughter)
(Rires)
And then we went into his kitchen. Now, Al Dunlap would be brought in to save failing companies, he'd close down 30 percent of the workforce. And he'd quite often fire people with a joke. Like, for instance, one famous story about him, somebody came up to him and said, "I've just bought myself a new car." And he said, "Well, you may have a new car, but I'll tell you what you don't have -- a job."
Et puis nous sommes allés dans sa cuisine. On appelait Al Dunlap pour sauver les entreprises qui faisaient faillite. Il licenciait 30 % de la main-d'œuvre. Et il renvoyait très souvent les gens avec une note d'humour. Par exemple, une célèbre annecdote à son sujet, quelqu'un est venu lui dire, « Je viens de d'acheter une nouvelle voiture. » Il a répondu : « Vous avez peut-être une nouvelle voiture, mais je vais vous dire ce que vous n'avez pas, un emploi. »
So in his kitchen -- he was in there with his wife, Judy, and his bodyguard, Sean -- and I said, "You know how I said in my email that you might have a special brain anomaly that makes you special?" He said, "Yeah, it's an amazing theory, it's like Star Trek. You're going where no man has gone before." And I said, "Well --" (Clears throat)
Dans sa cuisine, il se tenait debout il avec son épouse, Judy, et son garde du corps Sean, j'ai dit, « Vous savez que j'ai dit dans mon email que vous avez peut-être une anomalie cérébrale particulière qui vous rend spécial ? » Il a dit, « Oui, c'est une théorie étonnante. C'est comme Star Trek. Tu vas là où aucun homme n'est encore allé. » J'ai dit, « Eh bien, certains psychologues diront
(Laughter)
Some psychologists might say that this makes you --" (Mumbles)
que cela fait de vous... « (Marmonne)
(Laughter)
(Rires)
And he said, "What?" And I said, "A psychopath." And I said, "I've got a list of psychopathic traits in my pocket. Can I go through them with you?"
Et il dit : « Quoi? » J'ai dit, « Un psychopathe ». J'ai dit, « J'ai une liste de caractéristiques psychopathiques dans ma poche. Puis-je les passer en revue avec vous ? »
And he looked intrigued despite himself, and he said, "Okay, go on." And I said, "Okay. Grandiose sense of self-worth." Which I have to say, would have been hard for him to deny, because he was standing under a giant oil painting of himself.
Et il semblait intrigué malgré lui, et il a dit: « OK, allez-y. » J'ai dit, "OK. Une estime de soi grandiose . » Ce qui, je dois dire, lui aurait été difficile de nier parce qu'il se tenait debout sous une peinture à l'huile géante de lui-même.
(Laughter)
(Rires)
He said, "Well, you've got to believe in you!" And I said, "Manipulative." He said, "That's leadership."
Il a dit : « Bien, Il faut croire en soi ! » J'ai dit, « Manipulateur. » Il a dit, « C'est ça être un leader. »
(Laughter)
And I said, "Shallow affect, an inability to experience a range of emotions." He said, "Who wants to be weighed down by some nonsense emotions?" So he was going down the psychopath checklist, basically turning it into "Who Moved My Cheese?"
Et j'ai dit, « Emotions peu profondes : l'incapacité de vivre une gamme d'émotions. » Il a dit: « Qui veut être entravé par des émotions absurdes ? » Il parcourait la check-list caractérisant le psychopathe. en la transformant en « Qui a déplacé mon fromage? »
(Laughter)
(Rires)
But I did notice something happening to me the day I was with Al Dunlap. Whenever he said anything to me that was kind of normal -- like he said "no" to juvenile delinquency, he said he got accepted into West Point, and they don't let delinquents in West Point. He said "no" to many short-term marital relationships. He's only ever been married twice. Admittedly, his first wife cited in her divorce papers that he once threatened her with a knife and said he always wondered what human flesh tasted like, but people say stupid things to each other in bad marriages in the heat of an argument, and his second marriage has lasted 41 years. So whenever he said anything to me that just seemed kind of non-psychopathic, I thought to myself, well I'm not going to put that in my book. And then I realized that becoming a psychopath spotter had kind of turned me a little bit psychopathic. Because I was desperate to shove him in a box marked "Psychopath." I was desperate to define him by his maddest edges.
Mais j'ai remarqué une chose qui m'arrivait à moi le jour où j'étais avec Al Dunlap. Chaque fois qu'il disait quelque chose qui était plus ou moins normal, par exemple il a dit non à la délinquance juvénile. Il a dit qu'il a été accepté à West Point, et ils ne laissent pas les délinquants entrer à West Point. Il a dit non aux nombreuses relations conjugales à court terme. Il a n'a été marié que deux fois. Certes, sa première femme a cité dans ses papiers de divorce qu'une fois, il l'aurait menacée avec un couteau et qu'il aurait dit qu'il sétait toujours demandé quel goût a la chair humaine, mais les gens se disent des choses stupides dans un mauvais mariage, dans le feu d'une dispute et son second mariage a duré 41 ans. Chaque fois qu'il m'a dit quoi que ce soit qui semblait non-psychopathe, je me suis dit, bien je vais pas le mettre dans mon livre. Et puis j'ai pris conscience que devenir un repéreur de psychopathe m'avait rendu un peu psychopathe. Parce que je cherchais désespérément à le mettre dans une case marquée psychopathe. Je voulais absolument le définir par ses angles les plus fous.
And I realized, my God -- this is what I've been doing for 20 years. It's what all journalists do. We travel across the world with our notepads in our hands, and we wait for the gems. And the gems are always the outermost aspects of our interviewee's personality. And we stitch them together like medieval monks, and we leave the normal stuff on the floor. And you know, this is a country that over-diagnoses certain mental disorders hugely. Childhood bipolar -- children as young as four are being labeled bipolar because they have temper tantrums, which scores them high on the bipolar checklist.
Et j'je me suis dit, oh mon Dieu. C'est ce que j'ai fait pendant 20 ans. C'est ce que font tous les journalistes. Nous voyageons à travers le monde avec nos blocs-notes en main, et nous attendons les perles. Et les perles sont toujours les aspects ultrapériphériques de la personnalité de celui qu'on interviewe. Et nous les assemblons comme des moines médiévaux. Et nous décidons d'ignorer les choses normales. Et c'est un pays qui sur-diagnostique énormément certains troubles mentaux. Enfance bipolaire, des enfants de quatre ans à peine sont étiquettés bipolaires parce qu'ils font des colères, qualifiées de bipolaires par une check-list.
When I got back to London, Tony phoned me. He said, "Why haven't you been returning my calls?" I said, "Well, they say that you're a psychopath." And he said, "I'm not a psychopath." He said, "You know what? One of the items on the checklist is lack of remorse, but another item on the checklist is cunning, manipulative. So when you say you feel remorse for your crime, they say, 'Typical of the psychopath to cunningly say he feels remorse when he doesn't.' It's like witchcraft, they turn everything upside-down." He said, "I've got a tribunal coming up. Will you come to it?" So I said okay.
Quand je suis revenu à Londres, Tony m'a téléphoné. Il a dit: « Pourquoi ne m'avez vous pas rappelé ? » J'ai dit, « Bien on dit que vous êtes un psychopathe. » Et il a répondu: « Je ne suis pas un psychopathe. » Il a dit: « Tu sais quoi, un des éléments de la check-list est le manque de remords, mais un autre élément dans la check-list est le caractère fourbe et manipulateur. Donc quand vous dites que vous éprouvez des remords pour votre crime, Ils disent, ' Typique d'un psychopathe de dire habilement qu'il a des remords lorsqu'il n'en a pas. » C'est comme la sorcellerie. Ils retournent tout. » Il a dit: « J'ai un procès prochainement. Vous viendrez ? » Alors j'ai dit d'accord.
So I went to his tribunal. And after 14 years in Broadmoor, they let him go. They decided that he shouldn't be held indefinitely because he scores high on a checklist that might mean that he would have a greater than average chance of recidivism. So they let him go. And outside in the corridor he said to me, "You know what, Jon? Everyone's a bit psychopathic." He said, "You are, I am. Well, obviously I am." I said, "What are you going to do now?" He said, "I'm going to go to Belgium. There's a woman there that I fancy. But she's married, so I'm going to have to get her split up from her husband."
Je suis donc allé à son procès. Et après 14 ans de Broadmoor, ils l'ont laissé partir. Ils ont décidé qu'il ne devrait pas rester enfermé indéfiniment à cause d'une check-list bien remplie qui pourraient signifier qu'il aurait une plus grande chance que la moyenne de récidiver. Donc ils l'ont laissé partir. Et dehors dans le couloir il m'a dit : « Vous savez quoi, Jon ? Tout le monde est un peu psychopathe ». Il a dit, « Vous l'êtes. Je le suis. Bien évidemment je le suis. » J'ai dit, « Qu'allez-vous faire maintenant ? » Il a dit, « Je vais aller en Belgique parce qu'il y a une femme qui me plait. Mais elle est mariée, donc je vais devoir la séparer de son mari. »
(Laughter)
(Rires)
Anyway, that was two years ago, and that's where my book ended. And for the last 20 months, everything was fine. Nothing bad happened. He was living with a girl outside London. He was, according to Brian the Scientologist, making up for lost time, which I know sounds ominous, but isn't necessarily ominous. Unfortunately, after 20 months, he did go back to jail for a month. He got into a "fracas" in a bar, he called it. Ended up going to jail for a month, which I know is bad, but at least a month implies that whatever the fracas was, it wasn't too bad.
De toute façon, c'était il y a deux ans et c'est là où mon ouvrage s'est terminé. Et pendant les 20 derniers mois, tout allait bien. Rien de mal n'est arrivé. Il vivait avec une fille en banlieue de Londres. Selon Brian le scientologue, il rattrappait le temps perdu, et je sais que ça semble inquiétant, mais ça ne l'est pas nécessairement. Malheureusement, au bout de 20 mois, il est retourné en prison pendant un mois. Il s'est retrouvé dans une bagarre dans un bar, pour utiliser ses mots, il a fini par aller en prison pour un mois, et je sais que c'est grave, mais au moins une durée d'un mois implique que la bagarre quelle qu'elle ait été n'était pas trop grave
And then he phoned me. And you know what, I think it's right that Tony is out. Because you shouldn't define people by their maddest edges. And what Tony is, is he's a semi-psychopath. He's a gray area in a world that doesn't like gray areas. But the gray areas are where you find the complexity. It's where you find the humanity, and it's where you find the truth. And Tony said to me, "Jon, could I buy you a drink in a bar? I just want to thank you for everything you've done for me." And I didn't go. What would you have done?
Et puis il m'a téléphoné. Et vous savez quoi, je pense que c'est bien que Tony soit dehors. Parce qu'on ne devrait pas juger les gens par leurs angles les plus fous. Et Tony, est un semi-psychopathe. Il est une zone grise dans un monde qui n'aime pas les zones grises. Mais c'est dans les zones grises qu'on trouve la complexité, c'est là où on trouve l'humanité et c'est là où on trouve la vérité. Et Tony m'a dit : « Jon, est-ce que je pourrais vous payer un verre dans un bar ? Je veux vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi. » Et je n'y suis pas allé. Qu'auriez-vous fait ?
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)