Christiana Figueres: Today, February 19, 2021, at the beginning of a crucial year and a crucial decade for confronting the climate crisis, the United States rejoins the Paris Climate Agreement after four years of absence. Unanimously adopted by 195 nations, the Paris Agreement came into force in 2016, establishing targets and mechanisms to lead the global economy to a zero-emissions future. It was one of the most extraordinary examples of multilateralism ever, and one which I had the privilege to coordinate. One year later, the United States withdrew.
Christiana Figueres : Nous sommes le 19 février 2021, à l’aube d’une année et d’une décennie, toutes deux cruciales, pour combattre la crise du climat, les États-Unis ont rejoint l’Accord de Paris sur le climat après quatre années d’absence. Adopté à l’unanimité par 195 nations, l’Accord de Paris est entré en vigueur en 2016, posant des objectifs et des mécanismes pour guider l’économie mondiale vers un avenir zéro émission nette. C’est un des moments les plus extraordinaires du multilatéralisme que j’ai eu le privilège de coordonner. Mais une année plus tard, les États-Unis se sont retirés de l’accord.
The Biden-Harris administration is now bringing the United States back and has expressed strong commitment to responsible climate action. The two men you are about to see both played essential roles in birthing the Paris Agreement in 2015. Former Vice President Al Gore, a lifelong climate expert, made key contributions to the diplomatic process. John Kerry was the US Secretary of State and head of the US delegation. With his granddaughter sitting on his lap, he signed the Paris Agreement on behalf of the United States. He is now the US Special Envoy for Climate.
L’administration Biden-Harris remet le pays sur la carte et a exprimé un engagement fort pour agir pour le climat avec responsabilité. Les deux personnes que vous allez écouter ont tous deux joué un rôle important dans la naissance de l’Accord de Paris en 2015. L’ancien vice-président Al Gore, grand spécialiste sur le climat, est intervenu dans des moments clés du processus diplomatique. John Kerry était Secrétaire d’État et président de la délégation des États-Unis. Sa petite-fille sur les genoux, il signa l’Accord de Paris au nom des États-Unis. Il est aujourd’hui l’envoyé spécial du Président pour le climat.
TED Countdown has invited Al Gore to interview John Kerry as he begins his new role. Over to both of them.
TED Countdown a invité Al Gore à interviewer John Kerry à l’aube de son nouveau rôle. Je leur passe la main.
Al Gore: Well, thank you, Christiana, and John Kerry, thank you so much for doing this interview. I have to say on a personal basis, I was just absolutely thrilled when President Biden, then president-elect, announced you were going to be taking on this incredibly important role. And thank you for doing it. Let me just start by welcoming you to TED Countdown and asking you, how are you feeling as you step back into the middle of this issue that has been close to your heart for so long?
Al Gore : Merci Christina. Et merci, John Kerry, d’accepter d’être parmi nous. Personnellement, je dois admettre que je fus très enthousiaste quand le Président Biden, juste après son élection, annonça que vous aviez accepté ce rôle terriblement important. Et je vous remercie pour cela. Permettez-moi de vous accueillir à TED Countdown et de vous demander ce que vous avez ressenti au moment de quitter une négociation en cours dont l’enjeu vous est si important depuis si longtemps.
John Kerry: Well, I feel safer being here with you. I honestly, I feel very energized, very focused. I think it's a privilege to be able to take on this task. And as you know better than anybody, it's going to take everybody coming together. There's going to have to be a massive movement of people to do what we have to do. So I feel privileged to be part of it, and I’m honored to be here with you on this important day.
John Kerry : En fait, je me sens plus en sécurité, ici, avec vous. Franchement, je me sens plein d’énergie, concentré sur l’objectif. C’est un réel honneur de prendre la responsabilité de cette mission. Et vous le savez mieux que quiconque, mais cette tâche nécessitera les efforts de tout le monde. Il faudra un mouvement massif de tous les citoyens pour accomplir cela. Je me sens privilégié de faire partie de cela. Et je me sens honoré d’être avec vous pour ce jour si important.
AG: Well, it's been a privilege to be able to work with a dear friend for so long on this crisis. And, of course, on this historic day, when the United States now formally and legally rejoins the Paris Agreement, we have to acknowledge that the world is lagging behind the pace of change needed to successfully confront the climate crisis, because even if all countries kept the commitments made under the Paris Agreement -- and I watched you sign it, you had your grandchild with you -- I was there at the U.N, that was an inspiring moment, you signed on behalf of the United States, but even if all of those pledges were kept they're not strong enough to keep the global temperature increase well below two degrees or below 1.5 degrees, and emissions are still rising. So what needs to happen here in the US and globally in order to accelerate the pace of change?
AG : C’est un privilège pour moi aussi de travailler sur cette mission aux côtés d’un ami proche de longue date. Et naturellement, en ce jour historique, quand les États-Unis rejoignent officiellement l’Accord de Paris, force est de constater que le monde a pris du retard par rapport à la cadence du changement nécessaire pour combattre avec succès la crise climatique, car même si tous les pays ont tenu leurs engagements pris durant l’Accord de Paris -- et je vous ai observé le signer, avec votre petite-fille sur les genoux -- j’étais présent aux Nations Unies, ce fut un moment d’inspiration, et vous avez signé l’Accord au nom des États-Unis. Mais ces engagements furent-ils tous tenus, ils ne sont pas suffisants pour empêcher l’augmentation de la température mondiale de monter au-dessus de 2 degrés, soit, de rester en dessous de 1,5 degré, et les émissions continuent d’augmenter. Que devons-nous faire ici, aux États-Unis, et dans le monde, pour donner un coup d’accélérateur au rythme du changement ?
JK: Well, Al, you're absolutely correct. It's a very significant day, a day that never had to happen, America returning to this agreement. It is so sad that our previous president, without any scientific basis, without any legitimate economic rationale, decided to pull America out. And it hurt us and it hurt the world. Now we have an opportunity to try to make that up. And I approach that job with a lot of humility for the agony of the last four years of not moving faster.
JK : Vous avez raison. C’est une journée cruciale, qui n’aurait jamais dû survenir, le retour des États-Unis dans l’Accord. C’est vraiment déplorable que notre ancien président, sans preuve scientifique, sans logique économique légitime, ait décidé d’en retirer le pays. Cela fut nocif au pays et au monde. Nous avons l’occasion de corriger cela. J’ai donc accepté ce travail avec grande humilité de par l’agonie causée par la lenteur de ces quatre dernières années.
But we have to simply up our ambition on a global basis. United States is 15 percent of all the emissions. China is 30 percent. EU is somewhere around 14, 11, depends who you talk to. And India is about seven. So you add all those together, just four entities, and you've got well over 60 percent of all the emissions in the world. And yet none of those nations are at this moment doing enough to be able to get done what has to be done, let alone many others, at lower levels of emission. It's going to take all of us. Even if tomorrow China went to zero, or the United States went to zero, you know full well, Al, we're still not going to get there. We all have to be reducing greenhouse gas emissions. We have to do it much more rapidly.
Nous devons simplement être plus ambitieux au niveau mondial. Les États-Unis représentent 15 % des émissions mondiales. La Chine : 30 %. L’Europe tourne autour de 11 ou 14, selon l’interlocuteur. L’inde émet 7 %. En additionnant ces quatre blocs, on dépasse 60 % des émissions mondiales. Pourtant, aucune de ces nations n’agit de manière suffisante pour le moment pour accomplir l’exploit nécessaire, n’évoquons même pas les autres pays, aux émissions moins importantes. Nous devons tous nous y mettre. La Chine puisse-t-elle atteindre zéro émission, ou les États-Unis, vous n’êtes pas sans l'ignorer Al, on n’y arrivera pas. Nous devons tous réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Et bien plus rapidement que maintenant.
So the meeting in Glasgow rises in its importance. You and I, we've been to these meetings since way back in the beginning of the '90s with Rio and even before, some of them parliamentary meetings. And we’re at this most critical moment where we have a capacity to define the decade of the '20s, which will really make or break us in our ability to get to a 2050 net zero carbon economy. And so we all have to raise our ambition. That means coal has got to phase down faster. It means we've got to deploy renewables, all forms of alternative, renewable, sustainable energy. We've got to push the curve of discovery intensely. Whether we get to hydrogen economy or battery storage or any number of technologies, we are going to have to have an all-of-the-above approach to getting where we need to go to meet the target in this next 10 years.
La rencontre de Glasgow revêt une importance encore plus aiguë. Vous et moi avons participé à ces réunions depuis le début des années 90, à Rio. Et même plus tôt encore, dans des rencontres parlementaires. Nous avons atteint le stade critique où nous avons la capacité de définir quelle sera cette décennie, celle où nous réussirons ou échouerons à atteindre une économie totalement décarbonée en 2050. Nous devons tous devenir plus audacieux. Nous devons réduire le charbon beaucoup plus rapidement. Nous devons déployer le renouvelable, toutes formes d’énergies alternatives, renouvelables et durables. Nous devons faire avancer les découvertes davantage. Qu’il s’agisse d’hydrogène, de stockage des batteries, ou toute autre technologie, nous devons avoir une approche intégrée globale pour y parvenir, pour atteindre notre objectif endéans 10 ans.
And I think Glasgow has to not only have countries come and raise ambition,
Je suis convaincu que Glasgow ne doit pas se limiter à réunir les pays
but those countries are going to have to define in real terms, what their road map is for the next 10 years, then the next 30 years, so that we're really talking a reality that we've never been able to completely assemble at any of these meetings thus far.
et rehausser leurs ambitions, mais les pays devront y définir, concrètement, leur feuille de route pour les dix prochaines années et les 30 prochaines années. Donc, nous devons y discuter d’une réalité que nous n’avons jamais pu assembler complétement dans les réunions précédentes.
AG: Well, hearing you talk, John, just highlights how painful it's been for the US to be absent from the international effort for the last four years, and again, it makes me so happy President Biden has brought us back into the Paris Agreement. After this four year hiatus, how are you personally, as our Climate Envoy, planning to approach re-entry into the conversation? I know you've already started it, but is there anything tricky about that? Or I guess everything is tricky about it, but how are you planning to do it?
AG : Vos propos, John, accentue l’impact négatif de l’absence des États-Unis au sein des efforts internationaux ces quatre dernières années. Je suis profondément ravi que le président Biden ait réintégré notre pays dans l’Accord de Paris. Après ces quatre années entre parenthèses, comment allez-vous, personnellement, en tant qu’envoyé spécial pour le climat négocier ce retour à la conversation mondiale ? Je sais que vous avez déjà commencé, mais y a-t-il des complexités ? J’imagine en fait que tout est complexe mais comment allez-vous vous y prendre ?
JK: Well, I'm planning, first of all, to do it with humility, because I think it's not appropriate for the United States to leap back in and start telling everybody what has to happen. We have to listen. We have to work very, very closely with other countries, many of whom have been carrying the load for the last four years in the absence of the United States. I don't think we come in, Al, I want to emphasize this -- I don't believe we come to the table with our heads hanging down on behalf of many of our own efforts, because, as you know, President Obama worked very hard and we all did, together with you and others, to get the Paris Agreement. And we also have 38 states in America that have passed renewable portfolio laws. And during the four years of Trump being out, the governors of those 38 states, Republican and Democrat alike, continued to push forward and we're still in movement. And more than a thousand mayors, the mayors of our biggest cities in America, all have forged ahead. So it's not a totally, abjectly miserable story by the United States. I think we can come back and earn our credibility by stepping up in the next month or two with a strong national determined contribution.
JK : J’ai l’intention avant tout de le faire avec humilité, car je ne pense pas qu’il soit approprié que les États-Unis reviennent et disent à tout le monde ce qu’il faut faire. Nous devons écouter et travailler en étroite collaboration avec les autres pays, dont beaucoup ont supporté les principaux efforts pendant ces quatre ans, en l’absence des États-Unis. Je ne pense pas, Al, et je souhaite insister sur ça, que nous reviendrons à la table des négociations avec contrition. Car nous avons consenti beaucoup d’efforts, car, comme vous le savez, le président Obama a beaucoup travaillé, comme nous tous, avec vous-même et beaucoup d’autres, pour aboutir à l’Accord de Paris. Il y a aussi les 38 États de notre pays qui ont passé des lois en faveur des renouvelables. Et pendant notre absence durant les quatre années de Trump, les gouverneurs de ces 38 États, républicains et démocrates, ont continué d’avancer et continuent à progresser. Plus de mille maires, ceux des plus grandes villes d’Amérique, ont fait avancer l’agenda climat. Il ne s’agit dont pas non plus d’une histoire minable et abjecte. Nous pouvons revenir et regagner notre légitimité avec des actions d’ici un mois ou deux, avec une contribution nationale mue par une forte détermination.
We’re going to have a summit on April, 22. That summit will bring together the major emitting nations of the world again. And because, as you recall in Paris, a number of nations felt left out of the conversation. The island states, some of the poorer nations, Bangladesh, others. And so we're going to bring those stakeholders to the table, as well as the big emitters and developed countries, so that they can be heard from the get-go. And as we head on into Glasgow, hopefully we'll be building a bigger momentum and we'll have a larger consensus. And that's our goal -- have the summit, raise ambition, announce our national determined contribution, begin to break ground on entirely new initiatives, build towards the biodiversity convention in China, even though we're not a party, we want to be helpful, and then go into the G7, the G20, the UNGA, the meeting of the United Nations in the fall, reconvene and reenergize, going for the last six weeks into Glasgow.
Il y aura un sommet le 22 avril 2021. Ce sommet va réunir à nouveau les nations principales émettrices du monde. Vous vous en souvenez sûrement, à Paris, un certain nombre de nations se sont senties écartées, les états insulaires, certaines nations les plus pauvres, dont le Bangladesh. Nous allons réunir ces parties prenantes avec nous, au même titre que les grands émetteurs et les pays développés, afin de leur donner une voix dès le départ. À quelques encablures de Glasgow, nous pourrons, espérons-le, créer un plus grand élan et démarrer les négociations avec un plus grand consensus. C’est notre objectif -- tenir le sommet, élever le niveau de nos ambitions, annoncer notre contribution nationale déterminée, poser la première pierre de nouvelles initiatives, préparer concrètement la convention sur la biodiversité en Chine, même sans en faire partie, nous souhaitons apporter notre soutien, ensuite, il y aura le G7, le G20, l’Assemblée générale de l’ONU, la rencontre des Nations Unies à l’automne, nous voulons reprendre et redynamiser, avec les six dernières semaines à Glasgow.
In my judgment, Glasgow, and you'd know this full well, I think Glasgow is the last, best hope we have for our nations to really set us on that path. And so, you know, one key is, as I said, raising ambition. The other is defining how you're going to get there, and then the third is finance. We've got to bring an unprecedented global finance plan to the table. And I think we're already working with private sector entities. I believe there's a way to do that in a very exciting way.
Selon moi, Glasgow, et vous n’ignorez pas cela, je crois que Glasgow est le dernier meilleur espoir de nous engager concrètement dans cette voie. Un élément crucial est donc de nourrir des ambitions plus hautes. L’autre élément est de définir comment y parvenir, et le troisième élément est le financement. Nous devons concevoir un plan de financement mondial sans précédent. Nous collaborons déjà avec des organisations du secteur privé. Je suis convaincu qu’on peut y arriver et que ce sera enthousiasmant.
AG: Well, that's encouraging, and I'm going to come back to that in just a moment. But I'm glad you made those points about state and local governments actually moving forward during the last four years. A lot of US private companies have as well. And already I'm extremely encouraged by the suite of executive actions that President Biden has already taken during his first weeks in office. And there's more to come. There's also a push for legislative action to invest in the fantastic new opportunities in clean energy, electric vehicles and more. Yet you and I have both seen the difficulties of this approach in the past. How can we use all of this activity to well and truly convince the world that America is genuinely back to being part of the solution? I know we are. You know we are, but we've got to really restore that confidence. I think your appointment went a long way to doing that. But what else can we do to gain back the world's confidence?
AG : C’est encourageant, et je vais y revenir dans un instant. Je suis heureux que vous ayez mentionné les avancées des gouvernements régionaux et des États ces quatre dernières années. De nombreuses entreprises américaines sont aussi dans le cas. Je suis ravi de voir la série d’actions gouvernementales que le président Biden a déjà prises en quelques semaines de présidence. Et il en prendra beaucoup d’autres. Il y a aussi une pression en faveur d’une action juridique pour investir dans les nouvelles opportunités fantastiques que représentent l’énergie propre ou les véhicules électriques. Pour autant, vous et moi sommes les témoins des difficultés de cette approche dans le passé. Comment catalyser cette activité pour convaincre le monde pleinement et véritablement que les États-Unis sont de retour et veulent faire partie de la solution ? Je suis convaincu de cela. Vous le savez aussi, mais nous devons restaurer cette confiance. Je pense que votre mandat y contribue fortement. Mais que pouvons-nous faire d’autre pour rétablir la confiance du monde ?
JK: Well, we have to be honest and forthright and direct about the things that we're prepared to do. And they have to be things we're really going to do. We just held a meeting a few days ago with all of the domestic entities that President Biden has ordered to come to the table and be part of this effort. This is an all-of-government effort now. So we will have the Energy Department, the Homeland Security Department, the Defense Department, the Treasury. I mean, Janet Yellen was there talking about how she's going to work and we're going to work together to try to mobilize some of the finance. So I think, you know, we're not going to convince anybody by just saying it. Nor should we. We have to do it. And I think the actions that we put together shortly after President Biden achieves the COVID legislation here, he will almost immediately introduce the rebuild effort, the infrastructure components, and those will be very much engaged in building out America's grid capacity, doing things that we should have done years ago to facilitate the transmission of electricity from one part of the country to another, whether it's renewable or otherwise. We just don't have that ability now. We have a queue of backed up projects sitting in one of our regulatory agencies which have got to be broken free. And by creating this all-of-government effort, Al, our hope is we're really going to be able to do that.
JK : Nous devons être honnêtes, francs et directs au sujet des choses que nous sommes prêts à faire. Et il devra s’agir d’actions que nous réaliserons. Nous venons de tenir une réunion avec toutes les organisations nationales que le président Biden a exigées autour de la table pour contribuer à cet effort. C’est devenu un effort du gouvernement qui réunit les administrations de l’énergie, de la sécurité intérieure, de la défense et les Finances. Janet Yellen y a évoqué comment elle va s’atteler à la tâche et nous allons tous collaborer pour essayer de mobiliser les financements. Vous savez, nous ne convaincrons personne avec de vaines paroles. Et c’est à éviter. Nous devons agir. Et les actions que nous avons conçues peu après l’entérinement de la législation COVID par le président Biden, il va immédiatement introduire les efforts de reconstruction, les composants de l’infrastructure, avec un engagement fort sur la capacité du réseau électrique de l’Amérique, concrétiser ce que nous aurions dû faire plus tôt pour faciliter le transport de l’électricité d’un côté du pays à l’autre, qu’il s’agisse de renouvelable ou pas. Maintenant, ce n’est pas possible. Nous avons une pile de projets gelés qui attendent dans une de nos agences régulatoires et qu’il est temps de relancer. Et en créant un effort commun du gouvernement, Al, nous espérons vraiment pouvoir accomplir ça.
The other thing that we're doing is I'm reaching out, very rapidly, to colleagues all around the world. We've had meetings already, discussions with India, with Latin American countries, with European countries, with the European Commission and others. And we're going to try to build as much energy and momentum as possible towards these various benchmarks that I've talked about. And I mean, the proof will be in the pudding. We're going to have to show people that we've got a strong NDC, we're actually implementing, we're passing legislation, and we're moving forward in a collegiate manner with other countries around the world.
Une autre action en cours est que j’ai pris contact avec mes collègues dans le monde. Nous avons déjà rencontré l’Inde, les pays d’Amérique latine, les pays d’Europe et la Commission européenne, entre autres. Nous allons tout faire pour avoir le plus d’énergie et d’élan possible pour nous lancer dans ces projets pilotes que je viens d’évoquer. Et les résultats se jugeront sur le terrain. Nous allons devoir montrer la preuve de notre contribution nationale, que nous mettons en œuvre, que nous passons des lois et que nous avançons de façon collégiale avec les autres nations du monde.
For instance, I've talked to Australia, we had a very good conversation. Australia has had some differences with us. We've not been able to get on the same page completely. That was one of the problems in Madrid, as you recall, together with Brazil. Well, I've reached out to Brazil already, we're starting to work on that. My hope is that we can build some new coalitions and approach this, hopefully in a new way.
J’ai, par exemple, parlé avec l’Australie et ce fut un très bon échange. L’Australie a eu quelques différends avec nous. Nous n’avons pas toujours pu nous entendre parfaitement. Ce fut un des problèmes à Madrid, si vous vous en souvenez, avec le Brésil. J’ai déjà contacté le Brésil et nous travaillons à une solution. Je fonde des espoirs de pouvoir construire des coalitions nouvelles pour aborder cela de manière neuve.
AG: Well, that's exciting, and I do agree with your statement earlier that the COP26 conference in Glasgow this fall may be the world's last, best chance, I like your phrase there. From your perspective, what would you list as the priorities for ensuring that this Glasgow conference is a success?
AG : C’est très enthousiasmant. Je suis d’accord avec votre propos que la conférence COP26 de Glasgow cet automne pourrait s’avérer être notre dernière meilleure chance - j’aime votre expression. De votre point de vue, quelles sont les priorités pour garantir que la conférence de Glasgow soit un succès ?
JK: I think that perhaps one of the single most important things, which is why we're focused on this summit of ours, is to get the 17 nations, that produced the vast majority of emissions, on the same page of committing to 2050 net zero, committing to this decade, having a road map that is going to lay down how they are going to accelerate the reduction of emissions in a way that keeps 1.5 degrees as a floor alive and also in a way that guarantees that we are seeing the road map to get to net zero.
JK : Je crois qu’une des choses sans doute les plus importantes, la raison pour laquelle nous concentrons nos efforts sur ce sommet, est de mettre d’accord les 17 nations qui produisent la grande majorité des émissions, et d’obtenir un engagement pour le zéro net en 2050, un engagement cette décennie sur une feuille de route qui jette les fondations sur les moyens d’accélérer la réduction des émissions afin de préserver notre objectif de 1,5 degré et d’une manière qui garantisse que nous exécuterons cette feuille de route pour atteindre le zéro net.
I will personally be dissatisfied, disappointed if for our children's sake and our grandkids sake we can't say that when these adults came together to make this kind of a decision, we didn't actually make it. We've got to make it. And I think if we can show people we're actually on the road, I think you believe this as much as I do, that -- I mean, you're far more knowledgeable than I am about some of the technologies and you've helped break ground on some of them. The pace at which we are now beginning to accelerate, I mean, the reduction in cost of solar, the movement in storage and other kinds of things, I'm convinced we're going to find one breakthrough or another. I don't know what it's going to be, but I do know that when we push the curve and we put the resources to work, the innovative creative capacity of humankind is such that we have an ability to surprise ourselves.
Je ne serais personnellement pas satisfait, et même déçu, si, pour le bien de nos enfants et de nos petits-enfants, nous ne pouvons pas dire que quand nous, les adultes, avons eu l’occasion de prendre ces décisions-là, nous ne les avons pas prises. Nous devons y parvenir. Et je pense que si nous pouvons montrer dans les faits notre action, et vous croyez à ceci autant que moi, que -- je veux dire que vous vous connaissez bien mieux que moi au sujet de ces technologies et vous avez contribué au déploiement de certaines. Le rythme d’accélération que nous prenons actuellement, comme la réduction des coûts du solaire, l’évolution dans le stockage et d’autres technologies encore, va nous permettre, j’en suis convaincu, de faire des découvertes capitales. J’ignore ce que ce sera, mais je sais que quand nous passerons ce cap, et que toutes nos ressources s’associeront, la capacité de créativité innovante de l’humanité est telle, que nous nous surprendrons.
We've always done it. When we went to the Moon in this incredible backdrop behind you. And that's exactly what we did. And people today use products in everyday household use that came out of that quest that you never would have anticipated. That's what's going to happen now. We can move faster to electric vehicles. No question in my mind, we could absolutely phase down coal-fired emissions faster than we are in a plan to do it. So the available choices are there. The test is going to be whether we create the energy and momentum necessary to actually get those choices made.
On a toujours réussi. Quand nous sommes allés sur la Lune, comme cet incroyable fond derrière vous. C’est ce qu’on a fait. Aujourd’hui, on utilise quotidiennement chez soi des produits issus de cette quête dont personne n’aurait pu anticiper les usages. C’est ce qui va arriver aujourd’hui. On peut développer plus rapidement les véhicules électriques. Aucun doute, nous pouvons réduire les émissions de la combustion du charbon plus rapidement que nos projets. Des choix réalistes sont là. Le test réside dans notre capacité à créer l’énergie et l’élan nécessaires pour vraiment opter pour ces choix.
AG: One of the big challenges is one you referred to earlier on finance. Wealthy countries have promised financial assistance to the less wealthy countries to help them out with cutting emissions and to help them cope with the impacts of the climate crisis. But of course, we need to continue to work to meet this commitment, especially as countries around the world rebuild their economies in the wake of this pandemic. What are some of the most effective ways in which the wealthier countries can help those that don't have as many resources, and why is this so important for the world to move forward?
AG : Un des grands défis, vous l’avez évoqué, est le financement. Les pays les plus riches ont promis un soutien financier aux pays les plus pauvres pour les aider à réduire leurs émissions et pour les aider à gérer les impacts de la crise climatique. Naturellement, nous devons persévérer pour tenir nos engagements, surtout quand des pays dans le monde reconstruisent leur économie suite à la pandémie. Quels sont les moyens les plus efficaces que les pays les plus riches peuvent employer pour aider ceux qui ne jouissent pas d’autant de moyens, et pourquoi est-ce si crucial que le monde fasse des avancées ?
JK: Let me answer the last part first. It's so important because it's the only way we're going to get there. I don't believe that any government has either the money or the inclination to be able to do what's necessary here. I believe the private sector, particularly driven by venture capital investment, by the quest to be able to create a product that then can help create wealth and actually provide a benefit to humankind drives a lot of things that we've done all through history. And I don't think it'll be any different now.
JK : Je commencerai par la fin. C’est crucial car c’est la seule façon d’y arriver. Je ne crois pas qu’un seul gouvernement soit enclin ou ait les moyens pour pouvoir accomplir ce qui est indispensable. Je crois que le secteur privé, surtout s’il est motivé par le capital risque, par la quête de pouvoir créer des produits qui peuvent ensuite créer de la valeur et effectivement apporter un bénéfice pour l’humanité, est la locomotive de tout ce que nous avons réalisé dans l’Histoire. Je ne pense pas que cela va changer.
I think the question is, can we pull together enough nations to leverage a uniform approach to the judgment about the kinds of investments that are being made. And I believe that if we can standardize to some degree, with disclosure requirements, which Janet Yellen is now seized of that issue, and Europe, there are folks working on that and European Commission elsewhere, if we could actually find a way to come together and harmonize some of those definitions and the marketplace begins to make those judgments as they qualify risk, looking way out, risk, because of climate crisis for investing is very, very real. And we all understand that. We spent 265 billion dollars in America two years ago just cleaning up after three storms, Maria, Harvey and Irma. And it's crazy. You spend 265 billion to clean up after the storms, but we can't put 100 billion together for the Green Climate Fund. That's what this year has to be about. We've got to break that cycle. And I think business, I'm convinced of this, a lot of people will doubt me and say, have I lost my mind, but I'm convinced the private sector is going to be critical, if not the key to helping to make this happen. And that will leverage other money.
Je pense que la question est : Pouvons-nous réunir suffisamment de nations pour maximiser une approche uniforme au moment d’évaluer les types d’investissements qui seront réalisés. Je suis convaincu que si nous pouvons harmoniser nos approches, avec des clauses de transparence, et Janet Yellen travaille sur ça actuellement, en Europe aussi, on y travaille, la Commission européenne aussi, si nous trouvons une voie qui nous réunisse et qui harmonise certaines définitions et si les marchés posent des évaluations au moment de qualifier les risques, pour trouver des solutions. Le risque causé par la crise climatique est très réel quand on est investisseur. Nous comprenons tous cela. Il y a deux ans, les États-Unis ont consacré 265 milliards de dollars pour effacer les conséquences de trois tornades, Maria, Harvey et Irma. C’est incroyable. On consacre 265 milliards pour nettoyer les suites des tempêtes mais on est incapable de réunir cent milliards pour le Fonds pour le Climat. C’est ça, le sens de 2021. Nous devons casser ce cycle. Et je suis convaincu que le monde des affaires, et vous serez nombreux à me remettre en question sur ça, mais je suis convaincu que le secteur privé va jouer un rôle critique, voire central, pour concrétiser tout cela. Cela fera un appel d’air pour d’autres financements.
I've talked to the IMF, we'll be talking with the World Bank, we're going to try to bring our own Finance Development Corporation in America. All of these things can help leverage investment into the sectors that can make the greatest difference to the rapid reduction of greenhouse gases. And I think people are going to get very excited about where this money is going to go and how much it is going to be. And my hope is in a matter of weeks to be in a position to make a couple of announcements with respect to that that could be helpful in building some of this momentum.
J’ai discuté avec le FMI, je rencontre prochainement la Banque mondiale, pour essayer ensemble d’amener notre propre banque de développement en Amérique. Tous ces éléments peuvent contribuer à lever des investissements dans des secteurs qui feront la différence dans la réduction rapide des gaz à effet de serre. Je pense aussi que les gens vont s’enthousiasmer de voir où cet argent sera investi et des montants. J’espère pouvoir être en mesure, d’ici quelques semaines, d’annoncer plusieurs choses à ce sujet susceptibles de contribuer à construire cet élan.
AG: Well, that's great. It sounds like some major news coming in a couple of weeks and just one example you used, the point about businessmen. I have a friend in Australia, Mike Cannon-Brookes, building a long undersea cable from the northern territories of Australia to take renewable electricity to Singapore. You have made the point about the need for the US to approach this with humility a number of times. In that spirit, what lessons can a country like ours learn from some of the lower income nations that are already beginning to tackle climate change?
AG : C’est formidable. On va entendre des nouvelles d’envergure d’ici quelques semaines et voici un de vos exemples, au sujet du monde des affaires. J’ai un ami en Australie, Mike Cannon-Brookes, qui déploie un câble sous-marin depuis les territoires du nord de l’Australie pour transporter de l’électricité renouvelable à Singapour. Vous avez évoqué la nécessité pour les États-Unis d’aborder tout ceci avec humilité, plusieurs fois. Dans cet esprit, quelles sont les leçons qu’un pays comme le nôtre peut retirer des nations moins développées qui se sont déjà attelées au changement climatique.
JK: Well, I think one of the most important things, Al, is to make sure that central to this transformation, to this transition to the new energy economy, central to it is environmental justice, is that we don't leave people behind, that we're not making whole communities the recipients of the downside of some particular choice, that the diesel trucks, for instance, aren't all being routed through a particular low income community that doesn't have the ability to make a different political decision. I think it is vital for the developed world to recognize that there are nations, 138 nations or more, way below one percent in terms of emissions. And they're looking around some of them, like Tommy Remengesau, the president of Palau, who no longer can consider adaptation, he's got to figure out where his people are going to go live, as do other very low-lying areas in the ocean. So that impact on people is really not known by the vast majority of people who live pretty good lives in a lot of countries in the world. And we have a responsibility to make sure that we're learning the lesson of their lives and of their hopes and aspirations here.
JK : Selon moi, une des choses les plus importantes, Al, est de s’assurer qu’au cœur de cette transformation, de cette transition vers une nouvelle économie verte, on place la justice environnementale, qu’on n’abandonne personne, qu’on ne crée pas des communautés entières qui subissent les impacts négatifs de certains choix, que les camions diesel, par exemple, ne sont pas revendus à des communautés particulièrement pauvres, qui n’ont pas la capacité de prendre une autre décision politique. À mes yeux, il est vital que le monde développé reconnaisse qu’il y a des nations, 138 environ, qui sont en dessous de 1 % en termes d’émission. Et certains sont à la recherche, comme Tommy Remengesau, le président de Palaos, pour qui s’adapter ne fait plus partie des choix, de solutions de nouveaux lieux de vie pour ses concitoyens, comme d’autres états insulaires. L’impact sur certaines populations reste inconnu par la majorité de ceux qui vivent dans l’opulence dans de nombreux pays du monde. Nous avons donc la responsabilité de nous assurer que nous apprenons de leurs vies, de leurs espoirs et de leurs aspirations.
AG: Couldn't agree more. And here in the US, if we had paid more attention to the differential impact on Black, Brown and Indigenous communities, we would have had a better early warning of what the whole country was facing. But let me shift subjects and ask you about China. I know that you, as you are close friends with Xie Zhenhua, as I have been over the years, and I was very happy when he was brought out of retirement to play the lead role for them. But the US is now in the middle of a somewhat contentious relationship with China. But successfully solving the climate crisis is going to require collaboration between the US and China, we're the two biggest emitters and the two biggest economies. How can this collaboration be shaped, in your view? I know you played a role, as Joe Biden did before the Paris Agreement, in getting our two countries together. Can we do that again?
AG : Vous avez raison. Et aux États-Unis, eussions-nous été plus vigilants aux répercussions discriminantes sur les communautés noires, brunes et indigènes, nous aurions été alertés plus précocement de ce à quoi le pays était confronté. Mais permettez-moi de faire une transition avec la Chine. Je sais que vous, comme vous êtes un ami proche de Xie Zhenhua, comme je le suis depuis toutes ces années, et j’étais vraiment ravi qu’il quitte sa retraite, quand la Chine lui a demandé d’endosser ce rôle important. Mais les États-Unis sont actuellement au cœur d’une relation conflictuelle avec la Chine. Mais résoudre fructueusement la crise climatique nécessitera la collaboration entre notre pays et la Chine, puisque nous sommes les plus grands émetteurs et les plus grandes économies. Comment façonner, selon vous, cette collaboration ? Vous avez influencé, comme Joe Biden avant l’Accord de Paris, le rapprochement de nos deux pays. Pouvons-nous refaire cela ?
JK: I hope so. I really do hope so, Al. As you just said, if we can -- if we don't get China to be cooperating and partnering with the rest of the world on this, we don't solve the problem. And we unfortunately, we see too much investment in China right now in coal still. We've had some conversations about it. I was on a panel with Xie Zhenhua several months before the election by the University of California, and we had a very constructive conversation. My hope is that that will continue and can continue and that China will be just as constructive, if not more so, in this endeavor than they were in 2013 as we began the process to build up to Paris.
JK : Je l’espère. Je l’espère vraiment, Al. Comme vous l’avez dit, si nous pouvons -- si nous ne convainquons pas la Chine de coopérer, de devenir partenaire, avec le reste du monde pour le climat, nous ne résoudrons rien. Et, hélas, nous constatons trop d’investissement dans le charbon, en Chine, aujourd’hui. Nous en avons déjà discuté. J’ai participé à un débat avec Xie Zhenhua quelques mois avant l’élection, organisé par l’Université de Californie, et notre conversation fut très constructive. J’espère que cet esprit se perpétuera et que la Chine sera aussi constructive, voire davantage, dans leur entreprise, qu’elle ne le fut en 2013 au moment d’entamer le processus de négociation de Paris.
AG: Well, that relationship is absolutely crucial. But in order to cover all the ground I want to cover here, let me shift again and ask you, what role do you expect that big corporations and also smaller businesses will play in moving this green transition forward?
AG : Cette relation est fondamentale. Mais pour couvrir tous les sujets que je souhaite survoler, sans transition, voici ma question suivante : Quel rôle pensez-vous que les grandes entreprises et les plus petites aussi, joueront pour faire avancer la transition verte ?
JK: I think they're the biggest single players in it. I mean, governments are important and governments can and have made a difference with tax credits. For instance, our solar tax credit made an enormous difference and it will make one going forward. And even in the middle of COVID, we've been able to hold on to that. But we need to grow those kinds of efforts. But in the end, it's not going to be government cash that makes this happen. It's going to be the private sector investment that is coming in because it's the right thing to do, because it's also smart investing. And the truth is, you can talk to many -- and you have, you're one of the investors actually, Al -- you and others have proven that you can invest in this sector of dealing with climate or environment or sustainability, whether it's ESG or it's pure climate. There are ways to have a good return on money. And during the last couple of years, we had something like, 13 to 17 trillion dollars sitting in parked banking situations around the world in net negative interest. In other words, they were paying for the privilege of sitting there, not invested in something. And so I think there's just a massive opportunity here. And most of the CEOs I am talking to, at least now, are increasingly aware of the potential of these alternatives. And you were in early, I don't know if you invested in it or not, but I know you're involved with Tesla or have been. Tesla is the most highly valued automobile company in the world. And it only makes one thing: electric car. If that isn't a message to people, I don't know what is.
JK : Je pense qu’ils s’agit là du plus grand acteur. Certes, les gouvernements sont importants, et ils peuvent influer avec des dispositifs fiscaux comme par exemple, le crédit d’impôt solaire a fait la différence, et continuera de le faire. Même au plus profond de la pandémie du COVID, on a pu le conserver. Mais nous devons amplifier ce type d’efforts. Toutefois, ultimement, ce ne sont pas les gouvernements qui réalisent cette gageure. C’est le financement du secteur privé car c’est la chose juste à faire et parce que c’est un investissement intelligent. Et en fait, quand on en parle autour de nous, et vous, Al, vous êtes un investisseur, vous et d’autres avez démontré qu’il est possible d’investir dans ce secteur relatif au climat, à l’environnement ou à la durabilité, qu’il s’agisse de critères ESG ou de climat directement. Il y a des manières de trouver un retour sur investissement. Ces dernières années, nous avons eu entre 13 et 17 000 milliards de dollars qui sommeillent dans les banques dans le monde entier avec un intérêt négatif. En d’autres mots, ils paient pour pouvoir être dans une banque, sans nourrir aucun investissement. C’est une opportunité massive, selon moi. La plupart des patrons à qui je parle, aujourd’hui en tout cas, sont de plus en plus conscients du potentiel de ces alternatives. Vous faites partie des premiers, j’ignore si vous y avez investi ou pas, mais vous êtes, ou avez été associé à Tesla. Tesla est le fabricant automobile le plus valorisé au monde. Pourtant, elle ne fait qu’une chose : un véhicule électrique. Si ça, ce n’est pas un message, j’ignore ce qui peut l’être.
AG: I wish I had invested in Tesla, John, but I'm a huge fan of Elon Musk and what he's doing. I'm also a huge fan of Greta Thunberg. And I'm just curious what you think in practical terms is the real impact for change coming from these youth movements like Fridays for the Future?
AG : J’aurais aimé avoir investi dans Tesla, John, mais je suis un grand fan d’Elon Musk et de ce qu’il fait. Je suis aussi admiratif devant Greta Thunberg. Et je suis curieux de savoir ce qui, selon vous, sera concrètement le véritable impact issu de ces mouvements des jeunes comme Vendredi pour l’avenir.
JK: I think it's been gigantic and spectacular and in the best traditions of what young people do and have done historically. I mean, as you recall, in America, at least in the 1960s, it was young people who drove the environment movement, the peace movement, the women's movement, the civil rights movement, and they were willing to put their lives on the line. And Greta has been just unbelievable. And in the way in which she has held adults accountable and it has created this wonderful movement. I've met so many young people, many of whom have worked in one fashion or another with me in the last few years, who were brought to it from Fridays for the Future, from the Sunrise Movement, or, you know, it's all that focused youthful idealism and energy and it demands to be heard. And I think all of us, I mean, we should be ashamed of ourselves that we have to have people who were then 16 or 15 not going to school to get our attention. I mean, what the hell is the matter with adult leadership? That's not leadership at all. So I salute her and all the young people who put themselves on the line.
JK : Je pense que c’est gigantesque et spectaculaire, et une des meilleures traditions en termes d’actions de la jeunesse d’aujourd’hui et d’autrefois. Souvenez-vous de l’Amérique des années 60, c’est la jeunesse qui a mené les mouvements pour l’environnement, pour la paix, pour les droits des femmes, pour les droits civils. Ils étaient prêts à mettre leur vie en jeu pour ça. Greta est tout simplement incroyable. Tout comme sa façon de mettre les adultes face à leurs responsabilités. Elle a donné naissance à un mouvement extraordinaire. J’ai rencontré tant de jeunes. Ils sont nombreux à avoir travaillé avec moi d’une façon ou d’une autre. Ces dernières années, ils ont été attirés dans les mouvements Vendredi pour l’avenir, le mouvement Sunrise, ou, en fait, c’est tout cet idéalisme et cette énergie que la jeunesse focalise et on doit les écouter. Je pense que nous devrions tous avoir honte de nous pour avoir besoin que des jeunes de 15 ou 16 ans arrêtent d’aller à l’école pour gagner notre attention. Qu’est-ce qui nous est arrivé, à nous, les adultes ? Ce n’est pas ça le leadership. Je lève mon chapeau à Greta et tous les jeunes qui mouillent leur chemise.
But I invite them, you know, it's not enough. You've got to then -- and I said this during the course of the election where I hope we created a lot of new voters. And I think environment, specifically climate crisis, became a real voting issue this year, just as it was back in 1970 when we created the EPA and the Clean Air Act and a host of things. And it proves that that kind of activism is necessary. And I hope we're going to keep young people at the table here and finish the job, that's the key now.
Je les invite, en fait, ce n’est pas suffisant. Il faut ensuite -- et j’ai affirmé cela pendant la campagne électorale et j’espère que cela a galvanisé de nombreux nouveaux électeurs. Je crois que l’environnement, la crise climatique plus spécifiquement, se sont invités aux élections 2020, autant que ce fut le cas en 1970, quand nous avons créé l’Agence de protection de l’environnement et passé la loi sur l’Air et d’autres choses encore. C’est la preuve que ce genre d’activisme est indispensable. J’espère garder les jeunes à la table des négociations et accomplir notre mission, c’est crucial.
AG: Yeah, I couldn't agree more. And another big movement that's having an impact is the environmental justice movement. You referred to it earlier. And I'm so glad that President Biden is putting environmental justice at the heart of his climate agenda. It might be good if I could ask you to just take a moment and tell people why that is such an important part of this issue.
AG : Je suis entièrement d’accord. Un autre mouvement a aussi un impact, celui en faveur de la justice environnementale. Vous l’avez évoqué. Je suis ravi de voir le président Biden mettre la justice environnementale au cœur de son agenda pour le climat. Pourriez-vous prendre le temps de nous expliquer pourquoi ceci est un pan important de la problématique ?
JK: Well, I think it's important part of this issue for many reasons, the most basic is just moral, you know, what is morally right. And how do you redress a wrong that has for too many years held people back, killed people by virtue of disease or other things, and resulted in a basic inequality and unfairness in society. And I think you share a feeling, as I do, Al, that the fabric of a nation is built around certain organizational principles. And if you're holding yourselves out as a nation to be one thing, i.e. equal opportunity and fairness and all people created equal, and equal rights and so forth, if that's what you hold out there and it isn't there, eventually you get such a cynicism and such a backlash built up into your society that it doesn't hold together. To some degree, that is what we're seeing around the world today, is this nationalistic populism that is driven by this heightened inequality that has come through globalization that has mostly enriched already fairly well-off folks. And so if it's the upper one percent that's getting all the benefits and the rest of the world struggling to survive and they also have COVID, and then you tell them we've got to do this or that in terms of climate, you're walking on very thin ice in terms of that sacred relationship between government and the people who are governed.
JK : Ça l’est pour de nombreuses raisons. La plus fondamentale est morale, c’est moralement juste. Comment réparer le tort causé qui a entravé les gens pendant de si longues années, qui a tué des personnes via des maladies, par exemple, et qui a conduit à une inégalité et une injustice sociales. Je pense que vous partagez mon sentiment, Al, que le tissu d’une nation est construit autour de certains principes d’organisation. Si on s’exclut en tant que nation de vivre nos valeurs, par exemple, l’égalité des chances et la justice, le fait que tout le monde naît égal, ou l'égalité des droits, si ces valeurs ne sont que des vaines paroles, on finit par rencontrer tant de cynisme et de rejet dans la société que plus rien ne tient ensemble. Dans une certaine mesure, c’est ce qu’on constate dans le monde aujourd’hui : un populisme nationaliste qui se répand à cause des inégalités croissantes dans le monde, et qui ont principalement enrichi les personnes déjà nanties dès le départ. Donc, si le 1 % de la population le plus nanti qui récolte tous les bénéfices, alors que le reste du monde lutte pour survivre et en plus, il y a le COVID, dit à celui-ci qu’ils doivent faire ceci ou cela pour le climat, on compromet rapidement le caractère sacré de la relation entre le gouvernement et ses citoyens.
It's not just an American phenomenon. You see it in Europe. You see it in alternative movements in various countries. And I think it is the great task of our generation not only to deal with climate, but to restore a sense of fairness to our economies, to our societies, to our world. And that is part of this battle, I think.
Il n’y a pas que les États-Unis. On constate ça aussi en Europe. On le constate dans des mouvements alternatifs dans divers pays. C’est, je pense, la grande mission de notre génération, de non seulement trouver une solution au climat, mais aussi de restaurer un sentiment de justice dans nos économies, dans nos sociétés, dans notre monde. C’est une partie de notre combat.
AG: Yeah, I agree. And another common source of opposition to what governments are doing now has to do with the fear, both in the US and elsewhere, on the part of some, that jobs might be lost in this transition toward a green economy. You and I both know that there are a lot of jobs that can be created. But let me put the question to you. How can we approach this green transition in a way that lifts everyone up?
AG : Je suis d’accord. Une autre source d’opposition habituelle au sujet de l’action des gouvernements est relative à la peur, aux États-Unis et ailleurs, de la part de certains, de perdre des emplois dans la transition vers une économie verte. Nous savons tous deux que beaucoup de nouveaux emplois seront créés. Mais je vais vous poser la question. Comment aborder cette transition pour élever tout le monde ?
JK: That is one of the most important things that we need to do, Al. And we can't lie to people. We can't say that some of the dislocation doesn't mean that a job that exists today might not be the same job in the future and that that person has to go through a process of getting there. And we need to make certain that nobody's abandoned. We need to make certain that there are real mechanisms in place to help folks be able to transition. And I just spoke the other day with Richie Trumka, the head of the American Federation of Labor, and he's been very focused on this. And we agreed to try to work through how do we integrate that into this transitional process so that we're guaranteeing that you don't abandon people.
JK : C’est une des choses les plus importantes à faire, Al. On ne peut pas mentir aux citoyens. On ne peut pas leur dire qu’une partie des bouleversements ne seront pas sans influence sur le travail d’aujourd’hui et que la personne doit évoluer pour y arriver. Nous devons nous assurer que personne ne sera laissé au bord de la route. Nous devons nous assurer qu’il y a des mécanismes concrets en place pour épauler les citoyens dans leur transition. Je discutais justement avec Richie Trumka récemment, le chef de l’association des travailleurs américains. Ce sujet le préoccupe beaucoup. Nous nous sommes mis d’accord pour trouver une solution sur la manière d’intégrer cela dans le processus de transition afin de nous assurer que nous n’abandonnons personne derrière nous.
Now, one of the things we need to do is go to the places where there have been changes and there will be change. Southeastern Ohio, Kentucky, West Virginia. You know, if the marketplace is making the decision and it's -- by the way, it's not government policy, it is the marketplace that has decided, in America at least, not to be building a new coal-fired plant. So where does that miner, or where does that person who worked in that supply chain go? We have to make sure that the new companies, that the new jobs are actually going into those communities that the coal community, the coal country, as we call it, in America, is actually being immediately and directly and realistically addressed in this to make sure that people are not abandoned and left behind. That is possible. That is doable. Historically, unfortunately, there have been too many words and not enough actual -- not enough actually implementation and process. I think that can change. And I'm going to do everything possible in my ability to make sure that we do change it.
Nous devons nous rendre dans ces lieux où il y a eu des bouleversements, et où il y en aura encore. Le sud-est de l’Ohio, le Kentucky, la Virginie occidentale. Si les marchés prennent une décision -- d’ailleurs, ce n’est pas une politique du gouvernement, c’est le marché qui décide, en Amérique, en tout cas, de ne pas construire une nouvelle centrale à charbon. Où va aller le mineur, ou la personne qui travaille dans la chaîne de valeur de cette centrale ? Nous devons faire en sorte que les nouvelles entreprises, que les nouveaux emplois seront distribués dans ces communautés, que la communauté minière, la région minière, comme nous l’appelons, est directement, immédiatement et réalistement impliquée pour s’assurer que les citoyens ne sont pas laissés au bord de la route. C’est possible et c’est faisable. Hélas, historiquement, il y a eu trop de paroles creuses et pas suffisamment -- et pas suffisamment de mise en œuvre et de processus. Ceci peut changer. Et je ferai tout ce qui est possible dans mon pouvoir pour faire en sorte que nous changions cela.
AG: Well, that's great. And another part of the context within which you are taking on this enormous challenge is the COVID pandemic, which has exposed the cost of ignoring pre-existing systemic risks, inequalities and sustainability. And now as we start to come out of this pandemic, how can we avoid sleepwalking back into old habits?
AG : C’est formidable. Une autre part du contexte dans lequel vous vous inscrivez concerne ce défi énorme que représente la pandémie du COVID, qui a mis en relief le prix d’ignorer les risques systémiques existants, les inégalités et la durabilité. Maintenant que nous voyons la fin du tunnel de cette pandémie, comment éviter de retomber dans nos vieilles habitudes ?
JK: Boy, that's probably the toughest of all. I mean, there's a natural proclivity for people sometimes to just choose the easiest way. And clearly, some people already have and will resort to that. I think the key will be in President Biden's proposal for the build back, which will actually fight hard to direct funds to the investments and to the sectors where we want to see a responsible build back. There’s another aspect, and I think that can be done, Al, I really feel that.
JK : C’est le plus difficile. Certaines personnes sont naturellement enclines à choisir la facilité. Et clairement, ce fut déjà et ce sera le choix de certains. Je pense que la clé fera partie de la proposition du président Biden pour la reconstruction, qui va se battre avec détermination pour diriger les levées de fonds et les investissements là où nous souhaitons une reconstruction responsable. Il y a un autre aspect, Al, et je pense que c’est possible, j’en ai la conviction intime.
For instance, someone who's making a car today in South Carolina, where BMW has plants, and just to pick one place or Detroit, GM is obviously going to make this shift, they just announced it. The people building the car today are still going to have to put wheels on a car, build the car, put the seats in, do everything else. It's just that instead of an internal combustion engine, they can be quickly trained to be able to put the platform in for the batteries and the engines themselves, etc, that will drive the car, the motors, that's one way of dealing.
Par exemple, un fabricant automobile en Caroline du Sud aujourd’hui, où BMW a des usines, et c’est un lieu à titre illustratif, tout comme Detroit, GM va assurément se transformer, ils viennent de l’annoncer. Les constructeurs automobiles devront continuer de les assembler, de fabriquer leurs voitures, d’y mettre des sièges, et tout le reste. Mais à la place d’un moteur thermique, on formera le personnel facilement pour assembler des batteries, et des moteurs électriques qui propulseront le véhicule. C’est une première façon.
Others are that there's new work in some ways. We have to lay transmission lines in America. We do not have a grid in the United States, as you know. We have at east coast, west coast. Texas has its own grid, north part of America, but there's a huge hole in the country. You can't send energy efficiently from one place to another. We could lower prices for people and create more jobs in the build-out of all of that kind of new infrastructure. Not to mention the things that you and I, you know, there are going to be things that we can't name today, some negative-emissions technology that's going to grab CO2 out of the atmosphere and do something with it, like in Iceland, where they put it into the rock, mix it with liquid and it turns into stone. I mean, there are all kinds of different things people are exploring. Those are new jobs.
D’autres façons sont relatives à de nouveaux emplois. Nous devons poser des lignes de transport électrique en Amérique. Il n’y a pas un réseau, vous ne l’ignorez pas. Il y a la côte est, la côte ouest, le Texas a son propre réseau, la région nord des États-Unis mais il y a un immense trou dans le pays. On ne peut pas transporter de l’énergie efficacement d’un endroit à l’autre. Il est possible de faire baisser les prix et de créer des emplois avec le développement de ce type de nouvelles infrastructures. Sans oublier les choses dont nous avons connaissance, vous et moi, des choses qui arrivent mais que nous ne pouvons pas citer, des technologies d’émissions négatives, qui vont capter le CO2 dans l’atmosphère et le traiter, comme en Islande, où on séquestre le CO2 dans de la roche, on le mélange avec un liquide qui le transforme en pierre. Les scientifiques explorent des tas de pistes. Ce sont des nouveaux emplois.
AG: I just want to say, since we've come to the end of our time for this conversation, thank you again for taking on this crucial challenge on behalf of the United States of America and enabling the US to restore its traditional role in trying to bring the world together. And I know that everybody watching and listening to this conversation sends you their best wishes and hopes for all the success possible in this new work, John. Thank you so much for joining TED Countdown, and we wish you the very best.
AG : Je souhaite, car nous arrivons à la fin de notre discussion, vous remercier à nouveau pour avoir accepté ce défi crucial au nom des États-Unis d’Amérique, et pour permettre à notre pays de reprendre son rôle traditionnel de réunir le monde ensemble. Tous ceux qui regardent notre échange vous souhaitent de réussir dans votre nouvelle mission, John. Merci de nous avoir rejoint au TED Countdown et nous vous souhaitons le meilleur.
JK: Can I reciprocate for a minute? First of all, I want to thank you for your extraordinary leadership for years, I can remember when you were leading us in the Senate on this, and you've done so much since. And I am personally delighted to be working with you on this again and look forward to the next months and together with a lot of other folks. Let's get this done.
JK : Ai-je le temps de vous répondre ? J’aimerais d’abord vous remercier pour votre leadership extraordinaire. Je me souviens de vous au Sénat, quand vous nous dirigiez et vous avez accompli tant depuis lors. Je suis personnellement ravi de collaborer avec vous sur ce sujet et j’ai hâte de voir advenir les prochains mois, avec vous et plein d’autres. Alors, au travail !