I'm very fortunate to be here. I feel so fortunate. I've been so impressed by the kindness expressed to me. I called my wife Leslie, and I said, "You know, there's so many good people trying to do so much good. It feels like I've landed in a colony of angels." It's a true feeling. But let me get to the talk -- I see the clock is running.
J'ai beaucoup de chance d'être ici. J'ai l'impression d'avoir tellement de chance, j'ai été tellement impressionné par la gentillesse qu'on m'a témoignée. J'ai appelé ma femme Leslie, et lui ai dit: "Tu sais, il y a tellement de bonnes personnes qui essayent de faire tant de bien. C'est comme si j'avais atterri dans une colonie d'anges." C'est un sentiment vrai. Mais permettez-moi de passer à ma conférence - je vois l'heure tourner.
I'm a public school teacher, and I just want to share a story of my superintendent. Her name is Pam Moran in Albemarle County, Virginia, the foothills of the Blue Ridge Mountains. And she's a very high-tech superintendent. She uses smart boards, she blogs, she Tweets, she does Facebook, she does all this sort of high-tech stuff. She's a technology leader and instructional leader. But in her office, there's this old wooden, weather-worn table, kitchen table -- peeling green paint, it's kind of rickety. And I said, "Pam, you're such a modern, cutting-edge person. Why is this old table in your office?"
Je suis professeur dans une école publique, et je tiens à partager l'histoire de ma directrice, Pam Moran, dans le comté d'Albemarle, en Virginie, sur les contreforts des Blue Ridge Mountains. C'est une directrice très high-tech. Elle utilise des TBI, elle blogue, elle tweete, elle est sur Facebook, elle fait tout ces trucs high-tech. Elle est en pointe sur la technologie et sur la pédagogie. Mais dans son bureau, il y a une vieille table de cuisine en bois, usée par les intempéries - la peinture verte s'écaille, elle est un peu bancale. Je lui ai dit: "Pam, vous êtes si moderne, si à la pointe. Pourquoi cette vieille table dans votre bureau?"
And she told me, she said, "You know, I grew up in Southwestern Virginia, in the coal mines and the farmlands of rural Virginia, and this table was in my grandfather's kitchen. And we'd come in from playing, he'd come in from plowing and working, and we'd sit around that table every night. And as I grew up, I heard so much knowledge and so many insights and so much wisdom come out around this table, I began to call it the wisdom table. And when he passed on, I took this table with me and brought it to my office, and it reminds me of him. It reminds me of what goes on around an empty space sometimes." The project I'm going to tell you about is called the World Peace Game, and essentially it is also an empty space. And I'd like to think of it as a 21st century wisdom table, really.
Elle m'a répondu : "Vous savez, j'ai grandi dans le sud-ouest de la Virginie, dans les mines de charbon et les terres agricoles de la Virginie rurale, cette table était dans la cuisine de mon grand-père. Quand nous rentrions après avoir joué, il rentrait après avoir labouré et travaillé, et nous nous asseyions autour de la table tous les soirs. En grandissant, j'ai entendu tant de connaissances, tant d'idées et tant de sagesse autour de cette table, que je l'ai appelée la Table de la Sagesse. Quand il est décédé, j'ai pris cette table avec moi et l'ai transportée dans mon bureau, et elle me rappelle mon grand-père. Cela me rappelle ce qui se passe parfois autour d'un espace vide." Le projet dont je vais vous parler s'appelle "la Paix dans le Monde", et en fait, c'est aussi un espace vide. Je me plais à y penser comme à une table de sagesse du 21e siècle, vraiment.
It all started back in 1977. I was a young man, and I had been dropping in and out of college. And my parents were very patient, but I had been doing intermittent sojourns to India on a mystical quest. And I remember the last time I came back from India -- in my long white flowing robes and my big beard and my John Lennon glasses -- and I said to my father, "Dad, I think I've just about found spiritual enlightenment." He said, "Well there's one more thing you need to find." I said, "What is that, dad?" "A job." (Laughter) And so they pleaded with me to get a degree in something. So I got a degree and it turned out to be education. It was an experimental education program. It could have been dentistry, but the word "experimental" was in it, and so that's what I had to go for.
Tout a commencé en 1977. J'étais un jeune homme, et je séchais les cours de fac. Mes parents ont été très patients, je faisais des séjours intermittents en Inde dans une quête mystique. Je me souviens de la dernière fois où je suis revenu d'Inde -- dans ma longue robe blanche flottante, ma grande barbe et mes lunettes à la John Lennon, j'ai dit à mon père : "Papa, je crois que je viens juste de trouver l'illumination spirituelle." Il m'a répondu : "Eh bien, il y a encore une chose que tu dois trouver." "Quoi donc, papa?" "Un emploi." (Rires) Ils m'ont donc engagé à obtenir un diplôme en quelque matière. Donc, j'ai obtenu un diplôme il s'est trouvé que c'était en éducation. C'était un cursus d'éducation expérimentale. Ça aurait pu être dentaire, mais il y avait le mot "expérimental", c'était là où je devais aller.
And I went in for a job interview in the Richmond Public Schools in Virginia, the capital city, bought a three-piece suit -- my concession to convention -- kept my long beard and my afro and my platform shoes -- at the time it was the '70s -- and I walked in, and I sat down and had an interview. And I guess they were hard up for teachers because the supervisor, her name was Anna Aro, said I had the job teaching gifted children. And I was so shocked, so stunned, I got up and said, "Well, thank you, but what do I do?" (Laughter) Gifted education hadn't really taken hold too much. There weren't really many materials or things to use. And I said, "What do I do?" And her answer shocked me. It stunned me. Her answer set the template for the entire career I was to have after that. She said, "What do you want to do?" And that question cleared the space. There was no program directive, no manual to follow, no standards in gifted education in that way. And she cleared such a space that I endeavored from then on to clear a space for my students, an empty space, whereby they could create and make meaning out of their own understanding.
J'ai été passer un entretien d'embauche dans les écoles publiques de Richmond, la capitale de la Virginie, acheté un costume trois-pièces - ma concession aux conventions, gardé ma longue barbe, ma coupe afro mes chaussures à semelles compensées - c'était les années 70 - je suis entré, me suis assis et ai passé un entretien. Je pense qu'ils manquaient vraiment d'enseignants, parce que la directrice, elle s'appelait Anna Aro, m'a dit que j'étais engagé pour enseigner aux enfants surdoués. J'ai été si choqué, si étonné, que je me suis levé en disant : "Eh bien, merci, mais je fais quoi?" (Rires) L'éducation des surdoués n'avait pas vraiment beaucoup pris. Il n'y avait pas vraiment grand-chose à utiliser. Je lui ai dit : "Que dois-je faire?" Sa réponse m'a choqué. Elle m'a stupéfié. Sa réponse a défini le modèle pour l'ensemble de ma carrière à venir. Elle m'a dit: "Que voulez-vous faire?" Cette question a libéré l'espace. Il n'y avait aucune directive de programme, aucun manuel à suivre, aucune norme dans l'éducation des surdoués d'une certaine manière. Elle a libéré un tel espace que je me suis efforcé depuis à libérer un espace pour mes élèves, un espace vide, qui leur permette de créer et donner un sens à leur propre compréhension.
So this happened in 1978, and I was teaching many years later, and a friend of mine introduced me to a young filmmaker. His name is Chris Farina. Chris Farina is here today at his own cost. Chris, could you stand up and let them see you -- a young, visionary filmmaker who's made a film. (Applause) This film is called "World Peace and Other 4th Grade Achievements." He proposed the film to me -- it's a great title. He proposed the film to me, and I said, "Yeah, maybe it'll be on local TV, and we can say hi to our friends." But the film has really gone places. Now it's still in debt, but Chris has managed, through his own sacrifice, to get this film out. So we made a film and it turns out to be more than a story about me, more than a story about one teacher. It's a story that's a testament to teaching and teachers. And it's a beautiful thing.
C'était donc en 1978, j'enseignais toujours, des années plus tard, et un de mes amis m'a fait découvrir un jeune cinéaste. Il s'appelle Chris Farina. Chris Farina est venu ici aujourd'hui sur ses propres deniers. Chris, pourriez-vous lever pour qu'on vous voit - un jeune cinéaste visionnaire qui a fait un film. (Applaudissements) Ce film s'appelle "La Paix Mondiale et autres réalisations de CM1." Il m'a proposé le film - c'est un grand titre. Il m'a proposé le film, je lui ai dit: "Oui, peut-être que ça passera à la télévision locale, et nous pouvons dire "Bonjour" à nos amis." Mais le film a vraiment voyagé. Aujourd'hui, Chris est toujours endetté, mais a réussi, par son propre sacrifice, à sortir ce film. Nous avons donc fait un film qui s'avère être plus qu'une histoire sur moi, plus que l'histoire d'un enseignant. C'est une histoire qui témoigne de l'enseignement et des enseignants. C'est une belle chose.
And the strange thing is, when I watch the film -- I have the eerie sensation of seeing it -- I saw myself literally disappear. What I saw was my teachers coming through me. I saw my geometry teacher in high school, Mr. Rucell's wry smile under his handlebar mustache. That's the smile I use -- that's his smile. I saw Jan Polo's flashing eyes. And they weren't flashing in anger, they were flashing in love, intense love for her students. And I have that kind of flash sometimes. And I saw Miss Ethel J. Banks who wore pearls and high-heels to elementary school every day. And you know, she had that old-school teacher stare. You know the one. (Laughter) "And I'm not even talking about you behind me, because I've got eyes in the back of my head." (Laughter) You know that teacher? I didn't use that stare very often, but I do have it in my repertoire. And Miss Banks was there as a great mentor for me.
Ce qui est étrange, quand je regarde le film - j'ai l'étrange sensation de le voir - je me voyais littéralement disparaître. Ce que j'ai vu, c'était mes professeurs qui ressortaient à travers moi. J'ai vu le professeur de géométrie que j'avais au lycée, le petit sourire de M. Rucell sous sa moustache en guidon de vélo. C'est le sourire que j'utilise - c'est son sourire. J'ai vu les yeux brillants de Jan Polo. Et ils ne brillaient pas de colère, ils brillaient d'amour, l'amour intense pour ses élèves. J'ai ce genre de flash parfois. Et j'ai vu Mademoiselle Ethel J. Banks qui portait des perles et des talons hauts à l'école primaire tous les jours. Vous savez, elle avait ce regard de prof de la vieille école. Vous voyez celui dont je parle. (Rires) "Je ne parle même pas de toi dans mon dos, parce que j'ai les yeux à l'arrière de ma tête." (Rires) Vous connaissez ce prof? Je n'ai pas utilisé ce regard très souvent, mais je l'ai dans mon répertoire. Mademoiselle Banks était là comme un mentor pour moi.
And then I saw my own parents, my first teachers. My father, very inventive, spatial thinker. That's my brother Malcolm there on the right. And my mother, who taught me in fourth grade in segregated schools in Virginia, who was my inspiration. And really, I feel as though, when I see the film -- I have a gesture she does, like this -- I feel like I am a continuation of her gesture. I am one of her teaching gestures. And the beautiful thing was, I got to teach my daughter in elementary school, Madeline. And so that gesture of my mother's continues through many generations. It's an amazing feeling to have that lineage. And so I'm here standing on the shoulders of many people. I'm not here alone. There are many people on this stage right now.
J'ai aussi vu mes parents, mes premiers maîtres. Mon père, très inventif, penseur spatial. C'est mon frère Malcolm sur la droite. Ma mère, qui m'a donné les cours jusqu'au CM1 dans les écoles de la ségrégation en Virginie, elle a été mon inspiration. Vraiment, j'ai l'impression quand je vois le film - j'ai un geste qu'elle fait, comme cela - j'ai l'impression d'être une continuation de son geste. Je suis l'un de ses gestes d'enseignement. Ce qu'il y a eu de beau, j'ai enseigné à ma fille Madeline à l'école primaire. Le geste de ma mère continue donc à travers plusieurs générations. C'est un sentiment incroyable d'avoir cette lignée. Je suis donc assis sur les épaules de beaucoup de gens. Je ne suis pas tout seul. Il y a beaucoup de gens sur scène en ce moment.
And so this World Peace Game I'd like to tell you about. It started out like this: it's just a four-foot by five-foot plywood board in an inner-city urban school, 1978. I was creating a lesson for students on Africa. We put all the problems of the world there, and I thought, let's let them solve it. I didn't want to lecture or have just book reading. I wanted to have them be immersed and learn the feeling of learning through their bodies. So I thought, well they like to play games. I'll make something -- I didn't say interactive; we didn't have that term in 1978 -- but something interactive. And so we made the game, and it has since evolved to a four-foot by four-foot by four-foot Plexiglass structure. And it has four Plexiglass layers.
Passons au Jeu de la Paix Mondiale dont je voudrais vous parler. Il a commencé comme ceci: un simple plateau en contreplaqué de 1,3m sur 1,5m dans une école de centre ville en 1978. J'écrivais un cours sur l'Afrique pour mes élèves. Nous y avons mis tous les problèmes du monde, et je pensais, laissons-les les résoudre. Je ne voulais pas faire la leçon ou juste lire des livres. Je voulais qu'ils s'immergent et ressentent physiquement la sensation de l'apprentissage. Je me suis dit: ils aiment jouer à des jeux, je vais faire quelque chose - je n'ai pas dit interactif, ce terme n'existait pas en 1978 - mais quelque chose d'interactif. Nous avons créé le jeu, il a évolué depuis en une structure en plexiglas de 1,3m sur 1,3m sur 1,3m. Il y a quatre couches de plexiglas.
There's an outer space layer with black holes and satellites and research satellites and asteroid mining. There's an air and space level with clouds that are big puffs of cotton we push around and territorial air spaces and air forces, a ground and sea level with thousands of game pieces on it -- even an undersea level with submarines and undersea mining. There are four countries around the board. The kids make up the names of the countries -- some are rich; some are poor. They have different assets, commercial and military. And each country has a cabinet. There's a Prime Minister, Secretary of State, Minister of Defense and a CFO, or Comptroller. I choose the Prime Minister based on my relationship with them. I offer them the job, they can turn it down, and then they choose their own cabinet. There's a World Bank, arms dealers and a United Nations. There's also a weather goddess who controls a random stock market and random weather.
Il y a la couche de l'Espace avec les trous noirs, les satellites, les satellites de recherche et l'exploitation minière d'astéroïdes. Il y a la couche de l'Atmosphère avec les nuages, de grosses boules de coton que nous poussons, l'espace aérien et les forces aériennes, la couche du sol et de la mer avec des milliers de pièces de jeu dessus - même une couche sous-marine avec des sous-marins et des mines sous-marines. Il y a quatre pays sur le plateau. Les enfants inventent les noms des pays - certains sont riches, d'autres pauvres. Ils ont des atouts différents, commerciaux et militaires. Chaque pays a un gouvernement. Il y a un Premier Ministre, un Secrétaire d’État, un Ministre de la Défense un Directeur Financier ou un commissaire aux comptes. Je choisis le Premier Ministre en fonction de ma relation avec lui. Je lui offre le poste, il peut le refuser, puis il choisit lui-même son cabinet. Il y a une Banque mondiale, des marchands d'armes et une ONU. Il y a aussi une déesse météo qui gère aléatoirement une bourse et les conditions météorologiques.
(Laughter)
(Rires)
That's not all. And then there's a 13-page crisis document with 50 interlocking problems. So that, if one thing changes, everything else changes. I throw them into this complex matrix, and they trust me because we have a deep, rich relationship together. And so with all these crises, we have -- let's see -- ethnic and minority tensions; we have chemical and nuclear spills, nuclear proliferation. There's oil spills, environmental disasters, water rights disputes, breakaway republics, famine, endangered species and global warming. If Al Gore is here, I'm going to send my fourth-graders from Agnor-Hurt and Venable schools to you because they solved global warming in a week. (Laughter) (Applause) And they've done it several times too.
Ce n'est pas tout. Il y a un document de crise de 13 pages avec 50 problèmes imbriqués. Ainsi, si l'on change une chose, ça change tout le reste. Je les lance dans cette matrice complexe, et ils me font confiance parce que nous avons une relation profonde et riche. Avec toutes ces crises, nous avons - voyons ça : tensions ethniques, tensions avec les minorités, fuites de produits chimiques et nucléaires, prolifération nucléaire, marées noires, catastrophes écologiques, différends autour des droits sur l'eau, républiques séparatistes, famine, espèces en voie de disparition et réchauffement climatique. Si Al Gore est ici, je vais vous envoyer mes élèves de CM1 de l'école "Agnor-Hurt and Venable", car ils ont résolu le réchauffement climatique en une semaine. (Rires) (Applaudissements) En plus, ils l'ont fait plusieurs fois.
(Laughter)
(Rires)
So I also have in the game a saboteur -- some child -- it's basically a troublemaker -- and I have my troublemaker put to use because they, on the surface, are trying to save the world and their position in the game. But they're also trying to undermine everything in the game. And they do it secretly through misinformation and ambiguities and irrelevancies, trying to cause everyone to think more deeply. The saboteur is there, and we also read from Sun Tzu's "The Art of War." Fourth-graders understand it -- nine years old -- and they handle that and use that to understand how to, not follow -- at first they do -- the paths to power and destruction, the path to war. They learn to overlook short-sighted reactions and impulsive thinking, to think in a long-term, more consequential way.
Il y a aussi dans le jeu un saboteur - un enfant - en gros d'un fauteur de troubles - j'utilise mon fauteur de trouble parce que, en surface, ils tentent de sauver le monde et leur position dans le jeu. Mais ils essaient aussi de tout saper dans le jeu. Ils le font secrètement par la désinformation, des propos ambigus ou inutiles, en poussant tout le monde à réfléchir plus profondément. Le saboteur est là, nous avons aussi lu "L'Art de la Guerre" de Sun Tzu Les élèves de CM1 le comprennent - neuf ans - ils le manipulent et l'utilisent pour comprendre comment ne pas suivre - au début, si - les chemins d'accès au pouvoir et à la destruction, le sentier de la guerre. Ils apprennent à ignorer les réactions à courte vue et la pensée impulsive, à réfléchir à long terme, de façon plus conséquente.
Stewart Brand is here, and one of the ideas for this game came from him with a CoEvolution Quarterly article on a peace force. And in the game, sometimes students actually form a peace force. I'm just a clock watcher. I'm just a clarifier. I'm just a facilitator. The students run the game. I have no chance to make any policy whatsoever once they start playing. So I'll just share with you ...
Stewart Brand est ici, et l'une des idées de ce jeu vient de lui d'un article de "Coevolution Quarterly" sur une force de paix. Dans le jeu, les élèves forment parfois une force de paix. Je ne fais que surveiller le temps. Je ne suis qu'un clarificateur. Je ne suis qu'un facilitateur. Les étudiants contrôlent le jeu. Je n'ai pas l'occasion d'intervenir d'une façon quelconque une fois qu'ils ont commencé. Je vais donc partager avec vous...
(Video) Boy: The World Peace Game is serious. You're actually getting taught something like how to take care of the world. See, Mr. Hunter is doing that because he says his time has messed up a lot, and he's trying to tell us how to fix that problem.
(Vidéo) Garçon: Le Jeu de la Paix dans le Monde est sérieux. On vous apprend vraiment des choses comme comment prendre soin du monde. Vous voyez, M. Hunter fait ça parce qu'il dit que son époque a beaucoup foiré, et il essaie de nous dire comment faire pour résoudre ce problème.
John Hunter: I offered them a -- (Applause) Actually, I can't tell them anything because I don't know the answer. And I admit the truth to them right up front: I don't know. And because I don't know, they've got to dig up the answer. And so I apologize to them as well. I say, "I'm so sorry, boys and girls, but the truth is we have left this world to you in such a sad and terrible shape, and we hope you can fix it for us, and maybe this game will help you learn how to do it." It's a sincere apology, and they take it very seriously.
John Hunter: Je leur ai offert une - (Applaudissements) En fait, je ne peux rien leur dire, parce que je ne connais pas la réponse. Je leur avoue la vérité : je ne sais pas. Et parce que je ne sais pas, ils doivent creuser pour trouver la réponse. Je m'excuse donc également auprès d'eux. Je leur dis: "Je suis tellement désolé, les enfants, mais la vérité est que nous vous avons laissé ce monde dans un état si triste et terrible, et que nous espérons que vous pourrez résoudre le problème pour nous, et peut-être que ce jeu vous aidera à apprendre comment le faire." Ce sont des excuses sincères, et ils les prennent très au sérieux.
Now you may be wondering what all this complexity looks like. Well when we have the game start, here's what you see.
Maintenant, vous vous demandez peut-être à quoi ressemble cette complexité. Quand on lance le jeu, voici ce que l'on voit.
(Video) JH: All right, we're going into negotiations as of now. Go. (Chatter)
(Vidéo) JH: Très bien, commençons les négociations dès maintenant. Allez. (Brouhaha)
JH: My question to you is, who's in charge of that classroom? It's a serious question: who is really in charge? I've learned to cede control of the classroom over to the students over time. There's a trust and an understanding and a dedication to an ideal that I simply don't have to do what I thought I had to do as a beginning teacher: control every conversation and response in the classroom. It's impossible. Their collective wisdom is much greater than mine, and I admit it to them openly. So I'll just share with you some stories very quickly of some magical things that have happened.
JH: Première question : qui est en charge de cette classe? C'est une question sérieuse : qui est vraiment responsable? J'ai appris à céder le contrôle de la salle de classe aux élèves au fil du temps. Il y a une confiance, une compréhension et un attachement à un idéal que je n'ai tout simplement pas à faire ce que je pensais devoir faire en tant qu'enseignant débutant: contrôler toutes les conversations et les réactions dans la salle de classe. C'est impossible. Leur sagesse collective est beaucoup plus grande que la mienne, et je leur avoue ouvertement. Je vais partager avec vous quelques histoires très rapidement à propos de certaines choses magiques qui se sont produites.
In this game we had a little girl, and she was the Defense Minister of the poorest nation. And the Defense Minister -- she had the tank corps and Air Force and so forth. And she was next door to a very wealthy, oil-rich neighbor. Without provocation, suddenly she attacked, against her Prime Minister's orders, the next-door neighbor's oil fields. She marched into the oil field reserves, surrounded it, without firing a shot, and secured it and held it. And that neighbor was unable to conduct any military operations because their fuel supply was locked up.
Dans ce jeu, il y avait une petite fille, elle était Ministre de la Défense de la nation la plus pauvre. Le Ministre de la Défense - elle avait les tanks, l'armée de l'air, etc. Elle était à côté d'un voisin très riche, disposant de pétrole. Sans provocation, soudain, elle a attaqué, contre les ordres de son Premier Ministre, les champs de pétrole du voisin d'à côté. Elle a envahi les champs de pétrole, les a encerclés, sans tirer un coup de feu, et les a sécurisés et les a conservés. Ce voisin a été incapable de mener une seule opération militaire parce que leur provision de carburant était verrouillée.
We were all upset with her, "Why are you doing this? This is the World Peace Game. What is wrong with you?" (Laughter) This was a little girl and, at nine years old, she held her pieces and said, "I know what I'm doing." To her girlfriends she said that. That's a breach there. And we learned in this, you don't really ever want to cross a nine year-old girl with tanks. (Laughter) They are the toughest opponents. And we were very upset. I thought I was failing as a teacher. Why would she do this?
Nous étions tous en colère contre elle : "Pourquoi fais-tu ça? C'est le Jeu de la Paix Mondiale. Qu'est-ce qui te prend?" (Rires) Il s'agissait d'une petite fille et, à neuf ans, elle ne s'est pas démontée et a répondu : "Je sais ce que je fais." Elle a dit ça à ses copines. C'est une violation. Nous avons donc appris qu'il ne faut jamais mettre en colère une fillette de neuf ans avec des blindés. (Rires) Ce sont les adversaires les plus coriaces. Nous étions très en colère. J'avais l'impression d'échouer comme professeur. Pourquoi est-ce qu'elle fait cela?
But come to find out, a few game days later -- and there are turns where we take negotiation from a team -- actually there's a negotiation period with all teams, and each team takes a turn, then we go back in negotiation, around and around, so each turn around is one game day. So a few game days later it came to light that we found out this major country was planning a military offensive to dominate the entire world. Had they had their fuel supplies, they would have done it. She was able to see the vectors and trend lines and intentions long before any of us and understand what was going to happen and made a philosophical decision to attack in a peace game.
Mais j'ai fini par découvrir, quelques jours de jeu plus tard - il y a des tours où l'on devient négociateur - en fait, il y a une période de négociation pour toutes les équipes, chaque équipe joue son tour, puis nous retournons aux négociations, encore et encore, de sorte que chaque tour est d'environ un jour de jeu. Ainsi, quelques jours de jeu plus tard, nous avons découvert que ce grand pays préparait une offensive militaire pour dominer le monde entier. S'ils avaient eu leur approvisionnement en carburant, ils l'auraient fait. Elle a été en mesure de voir les vecteurs, les lignes de tendance et les intentions bien avant tout le monde et de comprendre ce qui allait se passer, elle a pris la décision philosophique d'attaquer dans un jeu de la paix.
Now she used a small war to avert a larger war, so we stopped and had a very good philosophical discussion about whether that was right, conditional good, or not right. That's the kind of thinking that we put them in, the situations. I could not have designed that in teaching it. It came about spontaneously through their collective wisdom.
Elle a utilisé une petite guerre pour éviter une guerre plus vaste, nous nous sommes donc arrêtés et avons eu une très bonne discussion philosophique pour savoir si elle avait bien fait, bien fait avec réserve, ou mal fait. C'est le genre de réflexion que leur inculquons, ces situations. Je n'aurais pas pu le concevoir en l'enseignant. C'est venu spontanément par leur sagesse collective.
(Applause)
(Applaudissements)
Another example, a beautiful thing happened. We have a letter in the game. If you're a military commander and you wage troops -- the little plastic toys on the board -- and you lose them, I put in a letter. You have to write a letter to their parents -- the fictional parents of your fictional troops -- explaining what happened and offering your condolences. So you have a little bit more thought before you commit to combat. And so we had this situation come up -- last summer actually, at Agnor-Hurt School in Albemarle County -- and one of our military commanders got up to read that letter and one of the other kids said, "Mr. Hunter, let's ask -- there's a parent over there." There was a parent visiting that day, just sitting in the back of the room. "Let's ask that mom to read the letter. It'll be more realer if she reads it." So we did, we asked her, and she gamely picked up the letter. "Sure." She started reading. She read one sentence. She read two sentences. By the third sentence, she was in tears. I was in tears. Everybody understood that when we lose somebody, the winners are not gloating. We all lose. And it was an amazing occurrence and an amazing understanding.
Un autre exemple, une belle chose qui est arrivée. Nous avons une lettre dans le jeu. Si vous êtes un commandant militaire et engagez des troupes -- les petits jouets en plastique sur le plateau - et que vous les perdez, je sors du papier à lettre. Vous devez écrire une lettre aux parents - les parents fictifs de vos troupes fictives -- expliquer ce qui s'est passé et offrir vos condoléances. Vous avez donc un peu plus de réflexion avant de vous engager à combattre. Cette situation s'est donc présentée à nous -- l'été dernier en fait, à l'école Agnor-Hurt dans le comté d'Albemarle - un de nos commandants militaires s'est levé pour lire cette lettre et l'un des autres enfants a dit: "M. Hunter, demandons -- il y a un parent là-bas." Il y avait un parent en visite ce jour-là, assis à l'arrière de la salle. "Demandons à cette maman de lire la lettre. Ce sera plus plus réel, si elle la lit." C'est que nous avons fait, nous lui avons demandé, elle a joué le jeu et pris la lettre. "Bien sûr." Elle a commencé la lecture. Elle a lu une phrase. Elle a lu deux phrases. À la troisième phrase, elle était en larmes. J'étais en larmes. Tout le monde a compris que lorsque nous perdons quelqu'un, les gagnants ne se réjouissent pas. Nous y perdons tous. C'était un événement extraordinaire et une compréhension étonnante.
I'll show you what my friend David says about this. He's been in many battles.
Je vais vous montrer ce que mon ami David dit à ce sujet. Il a participé à nombreuses batailles.
(Video) David: We've really had enough of people attacking. I mean, we've been lucky [most of] the time. But now I'm feeling really weird because I'm living what Sun Tzu said one week. One week he said, "Those who go into battle and win will want to go back, and those who lose in battle will want to go back and win." And so I've been winning battles, so I'm going into battles, more battles. And I think it's sort of weird to be living what Sun Tzu said.
(Vidéo) David: Nous en avons vraiment assez des gens qui attaquent. Je veux dire, nous avons eu de la chance en général. Mais maintenant je me sens vraiment bizarre, parce que je vis ce que Sun Tzu a dit une semaine. Une semaine il a dit, "Ceux qui vont au combat et gagnent voudront y retourner, et ceux qui perdent dans la bataille voudront y retourner et gagner." J'ai donc gagné des batailles, alors je vais dans des batailles, plus de batailles. Je pense que c'est un peu étrange de vivre ce que Sun Tzu a dit.
JH: I get chills every time I see that. That's the kind of engagement you want to have happen. And I can't design that, I can't plan that, and I can't even test that. But it's self-evident assessment. We know that's an authentic assessment of learning. We have a lot of data, but I think sometimes we go beyond data with the real truth of what's going on.
JH: j'ai des frissons à chaque fois que je vois cela. C'est le genre d'engagement que vous souhaitez voir se produire. Je ne peux pas le concevoir, je ne peux pas le planifier, et je ne peux même pas le tester. Mais cela tombe sous le sens. Nous savons que c'est une évaluation réelle de l'apprentissage. Nous avons beaucoup de données, mais je pense que parfois nous allons au-delà avec la vérité de ce qui se passe.
So I'll just share a third story. This is about my friend Brennan. We had played the game one session after school for many weeks, about seven weeks, and we had essentially solved all 50 of the interlocking crises. The way the game is won is all 50 problems have to be solved and every country's asset value has to be increased above its starting point. Some are poor, some are wealthy. There are billions. The World Bank president was a third-grader one time. He says, "How many zeros in a trillion? I've got to calculate that right away." But he was setting fiscal policy in that game for high school players who were playing with him.
Je vais vous raconter une troisième histoire, elle concerne mon ami Brennan. Nous avions joué une session après l'école pendant de nombreuses semaines, environ sept, et nous avions en gros résolu toutes les 50 crises imbriquées. Pour gagner à ce jeu, les 50 problèmes doivent être résolus et la valeur liquidative de chaque pays doit avoir augmenté au-dessus de son point de départ. Certains sont pauvres, certains sont riches. Il y a des milliards. Le président de la Banque mondiale fut une fois un enfant de CE2. Il demanda: "Combien de zéros dans mille milliards? Je dois calculer ça tout de suite." Mais il établissait la politique budgétaire dans ce jeu pour les joueurs du collège qui jouaient avec lui.
So the team that was the poorest had gotten even poorer. There was no way they could win. And we were approaching four o'clock, our cut-off time -- there was about a minute left -- and despair just settled over the room. I thought, I'm failing as a teacher. I should have gotten it so they could have won. They shouldn't be failing like this. I've failed them. And I was just feeling so sad and dejected. And suddenly, Brennan walked over to my chair and he grabbed the bell, the bell I ring to signal a change or a reconvening of cabinets, and he ran back to his seat, rang the bell. Everybody ran to his chair: there was screaming; there was yelling, waving of their dossiers. They get these dossiers full of secret documents. They were gesticulating; they were running around. I didn't know what they were doing. I'd lost control of my classroom. Principal walks in, I'm out of a job. The parents were looking in the window.
L'équipe qui était la plus pauvre était devenue encore plus pauvre. Ils ne pouvaient absolument pas gagner. Il était près de quatre heures, l'heure où l'on s'arrête de jouer - il restait environ une minute - le désespoir venait de s'installer dans la salle. Je me suis dit : "Je ne suis pas un bon enseignant. J'aurais dû faire en sorte qu'ils puissent gagner. Ils ne devraient pas échouer comme ça. J'ai échoué." Je me sentais si triste et abattu. Soudain, Brennan se dirigea vers ma chaise, saisit la cloche, la cloche que je fais tinter pour signaler un changement ou un remaniement des cabinets, revint à son siège et fit tinter la cloche. Tout le monde a couru à sa chaise, ça criait, ça hurlait, en agitant des dossiers. Ils ont des dossiers pleins de documents secrets. Ils gesticulaient, ils couraient partout. Je ne savais pas ce qu'ils faisaient. J'avais perdu le contrôle de ma classe. Si le directeur entre, je suis viré. Les parents regardaient par la fenêtre.
And Brennan runs back to his seat. Everybody runs back to their seat. He rings the bell again. He says, "We have" -- and there's 12 seconds left on the clock -- "we have, all nations, pooled all our funds together. And we've got 600 billion dollars. We're going to offer it as a donation to this poor country. And if they accept it, it'll raise their asset value and we can win the game. Will you accept it?" And there are three seconds left on the clock. Everybody looks at this prime minister of that country, and he says, "Yes." And the game is won. Spontaneous compassion that could not be planned for, that was unexpected and unpredictable.
Et Brennan retourne à sa place. Tout le monde court à sa place. Il sonne la cloche à nouveau. Il dit : "Nous avons" - il restait 12 secondes à l'horloge - "Nous allons mettre en commun tous nos fonds. Nous avons 600 milliards de dollars. Nous allons le donner à ce pays pauvre. S'ils l'acceptent, ça augmentera leur valeur et nous pouvons gagner le jeu. L'acceptez-vous?" Il restait trois secondes à l'horloge. Tout le monde regarde le premier ministre de ce pays, qui dit: "Oui." Et la partie est gagnée. Une compassion spontanée qui ne pouvait être prévue, qui était inattendue et imprévisible.
Every game we play is different. Some games are more about social issues, some are more about economic issues. Some games are more about warfare. But I don't try to deny them that reality of being human. I allow them to go there and, through their own experience, learn, in a bloodless way, how not to do what they consider to be the wrong thing. And they find out what is right their own way, their own selves. And so in this game, I've learned so much from it, but I would say that if only they could pick up a critical thinking tool or creative thinking tool from this game and leverage something good for the world, they may save us all. If only.
Chaque jeu est différent. Certains jeux portent plus sur les questions sociales, d'autres plus sur les questions économiques. D'autres portent plus sur la guerre. Mais je ne cherche pas à leur refuser cette réalité de l'être humain. Je leur permets d'y aller et, à travers leur propre expérience, apprendre sans effusion de sang comment ne pas faire ce qu'ils considèrent être la mauvaise chose. Ils découvrent ce qui est juste à leur façon, par eux-mêmes. Dans ce jeu, j'ai tellement appris, mais je dirais que si seulement ils pouvaient retenir un outil de pensée critique ou de réflexion créative grâce à ce jeu et en tirer quelque chose de bon pour le monde, ils pourraient nous sauver tous. Si seulement.
And on behalf of all of my teachers on whose shoulders I'm standing, thank you. Thank you. Thank you.
Et au nom de tous mes professeurs sur les épaules desquels je suis assis, merci. Merci. Merci.
(Applause)
(Applaudissements)