We live on a human-dominated planet, putting unprecedented pressure on the systems on Earth. This is bad news, but perhaps surprising to you, it's also part of the good news. We're the first generation -- thanks to science -- to be informed that we may be undermining the stability and the ability of planet Earth to support human development as we know it. It's also good news, because the planetary risks we're facing are so large, that business as usual is not an option. In fact, we're in a phase where transformative change is necessary, which opens the window for innovation, for new ideas and new paradigms. This is a scientific journey on the challenges facing humanity in the global phase of sustainability.
Nous vivons sur une planète dominée par les humains, ce qui soumet les systèmes de la Terre à une pression sans précédent. C'est une mauvaise nouvelle, mais ça va peut-être vous surprendre, c'est aussi en partie une bonne nouvelle. Nous sommes la première génération, grâce à la science, à être informés que nous sommes peut-être en train de saper la stabilité et la capacité de la planète Terre à supporter le développement humain tel que nous le connaissons. C'est aussi une bonne nouvelle, parce que les risques planétaires qui nous menacent sont si grands qu'on ne peut pas faire comme si de rien n'était. En fait, nous sommes dans une phase où un changement profond est nécessaire, ce qui ouvre une fenêtre pour l'innovation, pour de nouvelles idées et de nouveaux paradigmes. C'est un voyage scientifique à travers les défis auxquels l'humanité est confrontée dans la phase mondiale de durabilité.
On this journey, I'd like to bring, apart from yourselves, a good friend, a stakeholder, who's always absent when we deal with the negotiations on environmental issues, a stakeholder who refuses to compromise -- planet Earth. So I thought I'd bring her with me today on stage, to have her as a witness of a remarkable journey, which humbly reminds us of the period of grace we've had over the past 10,000 years. This is the living conditions on the planet over the last 100,000 years. It's a very important period -- it's roughly half the period when we've been fully modern humans on the planet. We've had the same, roughly, abilities that developed civilizations as we know it. This is the environmental conditions on the planet.
Au cours de ce voyage, j'aimerais emmener, en plus de vous-même, un bon ami, un actionnaire qui est toujours absent quand nous traitons des négociations sur les questions d'environnement, un actionnaire qui refuse de faire des compromis -- la planète Terre. J'ai donc pensé à l'amener avec moi aujourd'hui, sur scène, pour la prendre à témoin d'un voyage remarquable, qui nous rappelle humblement la période de grâce que nous avons eue ces 10 000 dernières années. Voici les conditions de vie sur la planète ces 100 000 dernières années. C'est une période très importante. C'est en gros la moitié de la période durant laquelle nous avons été complètement des humains modernes sur la planète. Nous avons eu en gros les mêmes capacités qui ont développé des civilisations telles que nous les connaissons. Voici les conditions environnementales sur la planète.
Here, used as a proxy, temperature variability. It was a jumpy ride. 80,000 years back in a crisis, we leave Africa, we colonize Australia in another crisis, 60,000 years back, we leave Asia for Europe in another crisis, 40,000 years back, and then we enter the remarkably stable Holocene phase, the only period in the whole history of the planet, that we know of, that can support human development. A thousand years into this period, we abandon our hunting and gathering patterns. We go from a couple of million people to the seven billion people we are today. The Mesopotamian culture: we invent agriculture, we domesticate animals and plants. You have the Roman, the Greek and the story as you know it. The only phase, as we know it that can support humanity.
Ici, employée comme variable de substitution, la variabilité de la température C'était les montagnes russes. Il y a 80 000 ans, une crise, nous quittons l'Afrique, nous colonisons l'Australie lors d'une autre crise, il y a 60 000 ans, nous quittons l'Asie pour l'Europe lors d'une autre crise, il y a 40 000 ans, et puis nous entrons dans la phase remarquablement calme de l'Holocène, la seule période de toute l'histoire de la planète, pour autant que nous sachions, qui peut supporter le développement humain. Mille ans après le début de cette période, nous abandonnons nos modèles de chasse et cueillette. Nous passons de deux millions d'individus aux sept milliards que nous sommes aujourd'hui, la culture mésopotamienne : nous inventons l'agriculture, nous domestiquons les animaux et les plantes. Vous avez les romains et les grecs, et l'histoire telle que nous la connaissons. Le seul lieu, a priori, qui peut supporter l'humanité.
The trouble is we're putting a quadruple sqeeze on this poor planet, a quadruple sqeeze, which, as its first squeeze, has population growth of course. Now, this is not only about numbers; this is not only about the fact that we're seven billion people committed to nine billion people, it's an equity issue as well. The majority of the environmental impacts on the planet have been caused by the rich minority, the 20 percent that jumped onto the industrial bandwagon in the mid-18th century. The majority of the planet, aspiring for development, having the right for development, are in large aspiring for an unsustainable lifestyle, a momentous pressure.
Le problème est que nous mettons une pression quadruple sur cette pauvre planète, une pression quadruple qui, pour première pression, subit l'accroissement de la population, bien sûr. Maintenant, il ne s'agit pas que de chiffres. Il s'agit non seulement du fait que nous sommes 7 milliards d'individus et bientôt 9 milliards, c'est aussi une question d'équité. La majorité des impacts environnementaux sur la planète ont été provoqués par la minorité riche, les 20 % qui ont pris le train de l'industrie en marche au milieu du 18ème siècle. La majorité de la planète, qui aspire au développement, qui a le droit au développement, aspire largement à un style de vie non durable, une pression énorme.
The second pressure on the planet is, of course the climate agenda -- the big issue -- where the policy interpretation of science is that it would be enough to stabilize greenhouse gases at 450 ppm to avoid average temperatures exceeding two degrees, to avoid the risk that we may be destabilizing the West Antarctic Ice Sheet, holding six meters -- level rising, the risk of destabilizing the Greenland Ice Sheet, holding another seven meters -- sea level rising. Now, you would have wished the climate pressure to hit a strong planet, a resilient planet, but unfortunately, the third pressure is the ecosystem decline. Never have we seen, in the past 50 years, such a sharp decline of ecosystem functions and services on the planet, one of them being the ability to regulate climate on the long term, in our forests, land and biodiversity.
La deuxième pression sur la planète est, bien sûr, la question du climat, le grand problème, où l'interprétation politique de la science est qu'il suffirait de stabiliser les gaz à effet de serre à 450 ppm pour éviter que les températures moyennes n'augmentent de plus de 2 degrés, pour nous éviter le risque de déstabiliser la couche de glace de l'Antarctique de l'ouest qui retiennent 6 mètres -- d'augmentation de niveau, le risque de déstabiliser la couche de glace du Groenland qui elle retient 7 mètres --- d'augmentation du niveau de la mer. Maintenant, vous auriez aimé que la pression du climat frappe une planète forte, une planète résistante, mais malheureusement, la troisième pression est le déclin de l'écosystème. Nous n'avons jamais vu, ces 50 dernières années, un déclin si rapide des fonctions et des services de l'écosystème de la planète, en particulier la capacité à réguler le climat sur le long terme, dans nos forêts, nos terres et notre biodiversité.
The forth pressure is surprise, the notion and the evidence that we need to abandon our old paradigm, that ecosystems behave linearly, predictably, controllably in our -- so to say -- linear systems, and that in fact, surprise is universal, as systems tip over very rapidly, abruptly and often irreversibly. This, dear friends, poses a human pressure on the planet of momentous scale. We may, in fact, have entered a new geological era -- the Anthropocene, where humans are the predominant driver of change at a planetary level.
La quatrième pression est la surprise, la notion et les preuves que nous devons abandonner notre vieux paradigme, selon lequel les écosystèmes se comportent de façon linéaire, prévisible et contrôlable dans nos systèmes linéaires, pour ainsi dire, et que, en fait, la surprise est universelle, alors que les systèmes basculent rapidement, de façon abrupte et souvent irréversible. Cela, mes chers amis, applique une pression humaine sur la planète à une échelle monumentale. Nous sommes peut-être, en fait, entrés dans une ère géologique nouvelle, l'Anthropocène, où les humains sont le principal facteur de changement au niveau planétaire.
Now, as a scientist, what's the evidence for this? Well, the evidence is, unfortunately, ample. It's not only carbon dioxide that has this hockey stick pattern of accelerated change. You can take virtually any parameter that matters for human well-being -- nitrous oxide, methane, deforestation, overfishing land degredation, loss of species -- they all show the same pattern over the past 200 years. Simultaneously, they branch off in the mid-50s, 10 years after the Second World War, showing very clearly that the great acceleration of the human enterprise starts in the mid-50s. You see, for the first time, an imprint on the global level. And I can tell you, you enter the disciplinary research in each of these, you find something remarkably important, the conclusion that we may have come to the point where we have to bend the curves, that we may have entered the most challenging and exciting decade in the history humanity on the planet, the decade when we have to bend the curves.
Et en tant que scientifique, comment puis-je le prouver ? Et bien les preuves, malheureusement, sont nombreuses. Ce n'est pas seulement le dioxyde de carbone qui a ce modèle de changement accéléré en forme de crosse de hockey. Vous pouvez prendre virtuellement n'importe quel paramètre qui compte pour le bien-être humain -- le protoxyde d'azote, le méthane, la déforestation, la surpêche, la dégradation des sols, la perte d'espèces -- ils suivent tous le même modèle sur les 200 dernières années. Simultanément, ils bifurquent au milieu des années 50, 10 ans après la deuxième guerre mondiale, ce qui montre clairement que la grande accélération de l'entreprise humaine commence dans le milieu des années 50. Vous voyez, pour la première fois, une empreinte au niveau mondial. Et je peux vous dire, vous entrez dans la recherche dans chacun de ces domaines, vous trouvez quelque chose de remarquablement important, la conclusion que nous sommes peut-être arrivés au point où nous devons faire plier les courbes, que nous sommes peut-être entrés dans la décennie la plus stimulante et excitante de l'histoire de l'humanité sur la planète, la décennie pendant laquelle nous devons faire plier les courbes.
Now, as if this was not enough -- to just bend the curves and understanding the accelerated pressure on the planet -- we also have to recognize the fact that systems do have multiple stable states, separated by thresholds -- illustrated here by this ball and cup diagram, where the depth of the cup is the resilience of the system. Now, the system may gradually -- under pressure of climate change, erosion, biodiversity loss -- lose the depth of the cup, the resilience, but appear to be healthy and appear to suddenly, under a threshold, be tipping over. Upff. Sorry. Changing state and literally ending up in an undesired situation, where new biophysical logic takes over, new species take over, and the system gets locked.
maintenant, comme si ça ne suffisait pas -- simplement plier les courbes et comprendre la pression accélérée sur la planète -- nous devons aussi reconnaitre le fait que les systèmes ont des états stables multiples, séparés par des seuils -- illustré ici par ce diagramme en forme de vallées et cols, où la profondeur de la coupe est la résilience du système. Maintenant, le système peut graduellement -- sous la pression du changement climatique, l'érosion, la perte de biodiversité -- perdre la profondeur de la coupe, la résilience, mais sembler sain et paraître soudain, en approchant d'un seuil, basculer. Pouf. Désolé. Il change d'état et finit littéralement dans une situation non désirée, où la nouvelle logique biophysique prend le dessus, de nouvelles espèces prennent le dessus, et le système se verrouille.
Do we have evidence of this? Yes, coral reef systems. Biodiverse, low-nutrient, hard coral systems under multiple pressures of overfishing, unsustainable tourism, climate change. A trigger and the system tips over, loses its resilience, soft corals take over, and we get undesired systems that cannot support economic and social development. The Arctic -- a beautiful system -- a regulating biome at the planetary level, taking the knock after knock on climate change, appearing to be in a good state. No scientist could predict that in 2007, suddenly, what could be crossing a threshold. The system suddenly, very surprisingly, loses 30 to 40 percent of its summer ice cover. And the drama is, of course, that when the system does this, the logic may change. It may get locked in an undesired state, because it changes color, absorbs more energy, and the system may get stuck. In my mind, the largest red flag warning for humanity that we are in a precarious situation. As a sideline, you know that the only red flag that popped up here was a submarine from an unnamed country that planted a red flag at the bottom of the Arctic to be able to control the oil resources.
Avons-nous des preuves de cela ? Oui, les systèmes des récifs de corail. Les systèmes de corail dur, biodivers et à faible valeur nutritive qui subissent les pressions multiples de la surpêche, du tourisme non durable, du changement climatique. Une amorce et le système bascule, perd sa résilience le corail mou prend le dessus, et nous nous retrouvons avec des systèmes non désirés qui ne peuvent pas supporter un développement économique et social. L'Arctique, un beau système, une éco-zone régulatrice au niveau de la planète, qui encaisse les coups successifs du changement climatique, apparemment en bon état. Aucun scientifique ne pouvait prédire qu'en 2007, d'un coup, ce qui pourrait être le franchissement d'un seuil. Le système perd soudain, à la surprise générale, 30 à 40 % de sa couche de glace d'été. Et ce qui est tragique, c'est que quand un système fait cela, la logique peut changer. Il peut se verrouiller dans un état non désiré, parce qu'il change de couleur, absorbe plus d'énergie, et le système peut se trouver coincé. Pour moi, c'est le plus grand drapeau rouge d'alerte pour prévenir l'humanité que nous sommes dans une situation précaire. A côté de ça, vous savez que le seul drapeau rouge qui ait été dressé ici était un sous-marin d'un pays qu'on ne nommera pas qui a planté un drapeau rouge au fond de l'Arctique pour pouvoir contrôler les ressources pétrolières.
Now, if we have evidence, which we now have, that wetlands, forests, [unclear] monsoon system, the rainforests, behave in this nonlinear way. 30 or so scientists around the world gathered and asked a question for the first time, "Do we have to put the planet into the the pot?" So we have to ask ourselves: are we threatening this extraordinarily stable Holocene state? Are we in fact putting ourselves in a situation where we're coming too close to thresholds that could lead to deleterious and very undesired, if now catastrophic, change for human development? You know, you don't want to stand there. In fact, you're not even allowed to stand where this gentleman is standing, at the foaming, slippery waters at the threshold. In fact, there's a fence quite upstream of this threshold, beyond which you are in a danger zone. And this is the new paradigm, which we gathered two, three years back, recognizing that our old paradigm of just analyzing and pushing and predicting parameters into the future, aiming at minimalizing environmental impacts, is of the past.
Maintenant, si nous avons des preuves, ce qui est le cas, que les zones humides, les forêts, |inaudible], les forêts tropicales, se comportent de cette manière non linéaire, une trentaine de scientifiques dans le monde se sont rassemblés et ont posé une question pour la première fois, "Devons nous mettre notre planète dans le pot ?" Nous devons donc nous demander : Sommes-nous une menace pour cet extraordinaire état Holocène stable ? Nous mettons-nous en fait dans une situation où nous nous approchons trop près des seuils qui pourraient conduire à un changement délétère et très indésirable, voire catastrophique, pour le développement humain ? Vous savez, on n'a pas envie de se trouver là. En fait, on ne vous permet pas de vous trouver là où ce monsieur se trouve, dans les eaux écumantes et glissantes au bord du seuil. En fait, il y a une barrière en amont de ce seuil, au delà de laquelle vous êtes dans une zone dangereuse. Et c'est le nouveau paradigme, que nous avons compris il y a deux ou trois ans, en reconnaissant que notre vieux paradigme qui se contente d'analyser et de pousser et de prédire des paramètres dans l'avenir, qui vise à minimiser les impacts environnementaux, est dépassé.
Now we to ask ourselves: which are the large environmental processes that we have to be stewards of to keep ourselves safe in the Holocene? And could we even, thanks to major advancements in Earth systems science, identify the thresholds, the points where we may expect nonlinear change? And could we even define a planetary boundary, a fence, within which we then have a safe operating space for humanity? This work, which was published in "Nature," late 2009, after a number of years of analysis, led to the final proposition that we can only find nine planetary boundaries with which, under active stewardship, would allow ourselves to have a safe operating space. These include, of course, climate. It may surprise you that it's not only climate. But it shows that we are interconnected, among many systems on the planet, with the three big systems, climate change, stratospheric ozone depletion and ocean acidification being the three big systems, where the scientific evidence of large-scale thresholds in the paleo-record of the history of the planet.
Maintenant, nous devons nous demander : quels sont les grands processus environnementaux dont nous devons être les régisseurs pour nous maintenir en sécurité dans l'Holocène ? Et pourrions-nous même, grâce aux avancées majeures de la science des systèmes terrestres, identifier les seuils, les points où nous pouvons nous attendre à un changement non linéaire ? Et pourrions-nous même définir une frontière planétaire, une barrière, en deçà de laquelle nous aurions un espace sécurisé pour l'humanité? Ces travaux, qui ont été publié dans "Nature", fin 2009, après plusieurs années d'analyse, ont conduit à la proposition finale, que nous pouvons trouver seulement neuf limites planétaires avec lesquelles, par une gestion active nous nous donnerions un espace sécurisé. Parmi ces limites, il y a bien sûr le climat. Vous serez peut-être surpris mais il n'y a pas que le climat. Mais ça montre que nous sommes interconnectés, parmi de nombreux systèmes sur la planète, avec les trois grand systèmes, le changement climatique, la réduction de l'ozone stratosphérique et l'acidification des océans étant les trois grands systèmes pour lesquels les preuves scientifiques de seuils à grande échelle dans les archives préhistoriques de la planète.
But we also include, what we call, the slow variables, the systems that, under the hood, regulate and buffer the capacity of the resilience of the planet -- the interference of the big nitrogen and phosphorus cycles on the planet, land use change, rate of biodiversity loss, freshwater use, functions which regulate biomass on the planet, carbon sequestration, diversity. And then we have two parameters which we were not able to quantify -- air pollution, including warming gases and air-polluting sulfates and nitrates, but also chemical pollution. Together, these form an integrated whole for guiding human development in the Anthropocene, understanding that the planet is a complex self-regulating system. In fact, most evidence indicates that these nine may behave as three Musketeers, "One for all. All for one." You degrade forests, you go beyond the boundary on land, you undermine the ability of the climate system to stay stable. The drama here is, in fact, that it may show that the climate challenge is the easy one, if you consider the whole challenge of sustainable development.
Mais nous prenons en compte aussi, ce que nous appelons, les variables lentes, les systèmes qui, sous le capot, régulent et amortissent la capacité de la résilience de la planète -- l'interférence des grands cycles d’azote et de phosphore sur la planète, le changement d'exploitation des sols, le taux de perte de biodiversité, l'utilisation de l'eau douce, les fonctions qui régulent la biomasse de la planète, la séquestration du carbone, la diversité. Et puis nous avons deux paramètres que nous n'avons pas pu quantifier -- la pollution de l'air, y compris les gas à effet de serre et les sulfates et nitrates qui polluent l'atmosphère, mais aussi la pollution chimique. Pris ensemble, ces paramètres forment un tout intégré qui permet de guider le développement humain dans l'Anthropocène, et de comprendre que la planète est un système complexe qui s'autorégule. En fait, la plupart des preuves indiquent que ces neuf paramètres se comportent peut-être comme les trois mousquetaires -- "un pour tous et tous pour un." On dégrade les forêts, on dépasse les limites sur les sols, on sape la capacité du système climatique à rester stable. Ce qui est tragique, c'est qu’en fait, ça montre que le défi climatique est peut-être celui qu'il est facile d'aborder, si on considère le défi du développement durable tout entier.
Now this is the Big Bang equivalent then of human development within the safe operating space of the planetary boundaries. What you see here in black line is the safe operating space, the quantified boundaries, as suggested by this analysis. The yellow dot in the middle here is our starting point, the pre-industrial point, where we're very safely in the safe operating space. In the '50s, we start branching out. In the '60s already, through the green revolution and the Haber-Bosch process of fixing nitrogen from the atmosphere -- you know, human's today take out more nitrogen from the atmosphere than the whole biosphere does naturally as a whole. We don't transgress the climate boundary until the early '90s, actually, right after Rio. And today, we are in a situation where we estimate that we've transgressed three boundaries, the rate of biodiversity loss, which is the sixth extinction period in the history of humanity -- one of them being the extinctions of the dinosaurs -- nitrogen and climate change. But we still have some degrees of freedom on the others, but we are approaching fast on land, water, phosphorus and oceans. But this gives a new paradigm to guide humanity, to put the light on our, so far overpowered industrial vehicle, which operates as if we're only on a dark, straight highway.
Maintenant, c'est l'équivalent du Big Bang originel pour le développement humain à l'intérieur de l'espace sécurisé des limites planétaires. Ce que vous voyez ici en noir c'est dans les limites de l'espace sécurisé, les limites quantifiées, comme suggérées par cette analyse. Le point jaune au milieu est notre point de départ, le point pré-industriel, quand nous étions bien en sécurité dans l'espace sécurisé. Dans les années 50, nous avons commencé à nous en écarter. Dans les années 60 déjà, avec la révolution verte et le procédé Haber-Bosch qui permet de fixer -- l'azote de l'atmosphère -- vous savez, les humains aujourd'hui prélèvent plus d'azote dans l'atmosphère que ne le fait la biosphère toute entière de façon naturelle. Nous ne transgressons pas la limite climatique avant les années 1990, en fait tout de suite après la convention de Rio. et aujourd'hui, nous sommes dans une situation où nous estimons que nous avons transgressé trois limites, le taux de perte de la biodiversité, ce qui représente la sixième période d'extinction dans l'histoire de l'humanité -- l'une d'elle étant l'extinction des dinosaures -- l'azote et le changement climatique. Mais nous avons encore quelques degrés de liberté par rapport aux autres, mais nous nous approchons rapidement sur les sols, l'eau, le phosphore et les océans. Mais cela donne un nouveau paradigme pour guider l'humanité pour éclairer notre véhicule jusqu'à présent industriel et surpuissant, qui fonctionne comme si nous étions seuls sur une autoroute sombre et droite.
Now the question then is: how gloomy is this? Is then sustainable development utopia? Well, there's no science to suggest. In fact, there is ample science to indicate that we can do this transformative change, that we have the ability to now move into a new innovative, a transformative gear, across scales. The drama is, of course, is that 200 countries on this planet have to simultaneously start moving in the same direction. But it changes fundamentally our governance and management paradigm, from the current linear, command and control thinking, looking at efficiencies and optimization towards a much more flexible, a much more adaptive approach, where we recognize that redundancy, both in social and environmental systems, is key to be able to deal with a turbulent era of global change. We have to invest in persistence, in the ability of social systems and ecological systems to withstand shocks and still remain in that desired cup. We have to invest in transformations capability, moving from crisis into innovation and the ability to rise after a crisis, and of course to adapt to unavoidable change. This is a new paradigm. We're not doing that at any scale on governance.
Maintenant la question est : à quel point est-ce sinistre ? Et donc est-ce que le développement durable est une utopie ? Et bien, il n'y a pas de science pour suggérer En fait il y a beaucoup de science pour indiquer que nous pouvons faire ce changement transformationnel, que nous avons la capacité de passer à une vitesse nouvelle, innovante et transformationnelle pour passer au travers des échelles. La tragédie est bien sûr, que 200 pays sur cette planète doivent se mettre simultanément en marche dans la même direction. Mais ça change fondamentalement notre paradigme de gouvernance et de gestion, en passant du commandement linéaire actuel et du contrôle de pensée, en regardant les efficacités et l'optimisation à une approche beaucoup plus flexible, bien plus adaptable, où nous reconnaissons que la redondance, à la fois dans les systèmes environnementaux et sociaux, est la clé pour être capable de faire face à une ère de turbulence de changement mondial. Nous devons investir dans la persistance, dans la capacité des systèmes sociaux et écologiques à résister aux chocs et rester malgré ça dans cette vallée désirée. Nous devons investir dans la capacité de transformation, en passant de la crise à l'innovation, et la capacité de se relever après une crise, et bien sûr, de s'adapter au changement inévitable. Voilà le nouveau paradigme. Nous ne faisons pas ça à aucune échelle sur la gouvernance.
But is it happening anywhere? Do we have any examples of success on this mind shift being applied at the local level? Well, yes, in fact we do and the list can start becoming longer and longer. There's good news here, for example, from Latin America, where plow-based farming systems of the '50s and '60s led farming basically to a dead-end, with lower and lower yields, degrading the organic matter and fundamental problems at the livelihood levels in Paraguay, Uruguay and a number of countries, Brazil, leading to innovation and entrepreneurship among farmers in partnership with scientists into an agricultural revolution of zero tillage systems combined with mulch farming with locally adapted technologies, which today, for example, in some countries, have led to a tremendous increase in area under mulch, zero till farming which, not only produces more food, but also sequesters carbon.
Mais est-ce que ça se passe quelque part ? Avons-nous des exemples de réussite de l'application de ce changement d'état d'esprit au niveau local ? Et bien en fait oui, et la liste peut commencer à se rallonger. C'est là qu'on a de bonnes nouvelles, par exemple, de l'Amérique Latine, où les systèmes agricoles à base de labour des années 50 et 60 ont en gros conduit l'agriculture dans une impasse, avec des rendements de plus en plus faibles, en dégradant la matière organique et avec des problèmes fondamentaux en ce qui concerne les niveaux de vie au Paraguay, en Uruguay, et bon nombre de pays, le Brésil, ce qui a conduit à l'innovation et l'entreprenariat chez les agriculteurs en partenariat avec les scientifiques dans une révolution agricole de systèmes sans labour combinés à l'utilisation de paillis et de technologies adaptées localement, qui aujourd'hui, par exemple, dans certains pays ont conduit à un accroissement énorme de la surface utilisant du paillis, de l'agriculture sans labour, ce qui non seulement produit plus de nourriture, mais aussi stocke le carbone.
The Australian Great Barrier Reef is another success story. Under the realization from tourist operators, fishermen, the Australian Great Barrier Reef Authority and scientists that the Great Barrier Reef is doomed under the current governance regime. Global change, beautification rack culture, overfishing and unsustainable tourism, all together placing this system in the realization of crisis. But the window of opportunity was innovation and new mindset, which today has led to a completely new governance strategy to build resilience, acknowledge redundancy and invest in the whole system as an integrated whole, and then allow for much more redundancy in the system.
La grande barrière de corail australienne est une autre histoire de réussite. Grâce à la prise de conscience des professionnels du tourisme, des pêcheurs, de l'Autorité australienne de la grande barrière de corail et des scientifiques qui ont compris que la grande barrière était condamnée sous le régime actuel de gouvernance. Le changement climatique, la culture de la beauté du corps, la surpêche et le tourisme non durable, se combinent pour mettre ce système en crise. Mais la fenêtre d'opportunité a été l'innovation et un nouvel état d'esprit, qui aujourd'hui a conduit à une stratégie de gouvernance complètement nouvelle pour construire une résilience, reconnaitre la redondance et investir dans tout le système en tant qu'ensemble intégré, et ensuite permettre beaucoup plus de redondance dans le système.
Sweden, the country I come from, has other examples, where wetlands in southern Sweden were seen as -- as in many countries -- as flood-prone polluted nuisance in the peri-urban regions. But again, a crisis, new partnerships, actors locally, transforming these into a key component of sustainable urban planning. So crisis leading into opportunities.
La Suède, le pays d'où je viens, a d'autres exemples, où les zones humides dans le sud de la Suède étaient perçus comme -- comme dans de nombreux pays -- comme une nuisance polluée inondable dans les zones péri-urbaines. Mais là encore, une crise, de nouveaux partenariats, des acteurs qui localement les transforment en un composant clé de la planification urbaine durable. Donc la crise qui conduit à des opportunités.
Now, what about the future? Well, the future, of course, has one massive challenge, which is feeding a world of nine billion people. We need nothing less than a new green revolution, and the planet boundaries shows that agriculture has to go from a source of greenhouse gases to a sink. It has to basically do this on current land. We cannot expand anymore, because it erodes the planetary boundaries. We cannot continue consuming water as we do today, with 25 percent of world rivers not even reaching the ocean. And we need a transformation. Well, interestingly, and based on my work and others in Africa, for example, we've shown that even the most vulnerable small-scale rainfall farming systems, with innovations and supplementary irrigation to bridge dry spells and droughts, sustainable sanitation systems to close the loop on nutrients from toilets back to farmers' fields, and innovations in tillage systems, we can triple, quadruple, yield levels on current land.
Maintenant, que dire du futur? Et bien, le futur, bien sûr, présente un défi énorme, qui est de nourrir un monde de neuf milliards d'individus. Nous avons besoin de rien de moins qu'une nouvelle révolution verte, et les limites de la planète montrent que l'agriculture doit passer d'une source de gaz à effets de serre à un puits. Elle doit fondamentalement faire ça sur les terres existantes. Nous ne pouvons plus nous étendre, parce qu'elle érode les limites planétaires. Nous ne pouvons pas continuer à consommer l'eau comme nous le faisons aujourd'hui, avec 25 % des rivières du monde qui n'atteignent même pas les océans. Et nous avons besoin de transformation. Et bien, c'est intéressant, et d'après mes travaux et d'autres en Afrique, par exemple, nous avons montré que même les systèmes agricoles basés sur l’eau de pluie les plus vulnérables avec des innovations et un complément d'irrigation pour palier aux périodes de sécheresse, des systèmes sanitaires durables pour refermer la boucle des nutriments depuis les toilettes jusqu'aux champs des agriculteurs, et des innovations dans les systèmes de paillis, nous pouvons tripler, quadrupler les rendements sur les sols actuels.
Elinor Ostrom, the latest Nobel laureate of economics, clearly shows empirically across the world that we can govern the commons if we invest in trust, local, action-based partnerships and cross-scale institutional innovations, where local actors, together, can deal with the global commons at a large scale. But even on the hard policy area we have innovations. We know that we have to move from our fossil dependence very quickly into a low-carbon economy in record time. And what shall we do? Everybody talks about carbon taxes -- it won't work -- emission schemes, but for example, one policy measure, feed-in tariffs on the energy system, which is already applied, from China doing it on offshore wind systems, all the way to the U.S. where you give the guaranteed price for investment in renewable energy, but you can subsidize electricity to poor people. You get people out of poverty. You solve the climate issue with regards to the energy sector, while at the same time, stimulating innovation -- examples of things that can be out scaled quickly at the planetary level.
Elinor Ostrom, la toute dernière lauréate du prix Nobel d'économie, montre clairement de façon empirique partout dans le monde que nous pouvons gouverner le bien commun si nous investissons des partenariats de confiance, Centrés sur l’action et en local et dans des innovations institutionnelles croisées, dans lesquelles les acteurs locaux, ensemble, peuvent faire face aux problèmes communs sur une grande échelle. Mais même pour le difficile secteur politique nous avons des innovations, nous savons que nous devons passer de notre dépendance aux énergies fossiles très rapidement à une économie pauvre en carbone en un temps record. Et que devons nous faire ? Tout le monde parle de taxe carbone -- ça ne marchera pas -- de régimes d’émissions mais par exemple, une mesure politique, les tarifs de rachat sur le système énergétique, qui est déjà appliqué depuis la Chine qui l'applique sur les systèmes éoliens en mer jusqu'aux Etats-Unis, où on donne le prix garanti pour l'investissement dans les énergies renouvelables, mais on peut subventionner l'électricité pour les pauvres. Vous sortez les gens de la pauvreté. Vous résolvez le problème du climat en ce qui concerne le secteur de l'énergie, et dans le même temps vous stimulez l'innovation -- des exemples de choses que l'on peut étendre rapidement au niveau planétaire.
So there is -- no doubt -- opportunity here, and we can list many, many examples of transformative opportunities around the planet. The key though in all of these, the red thread, is the shift in mindset, moving away from a situation where we simply are pushing ourselves into a dark future, where we instead backcast our future, and we say, "What is the playing field on the planet? What are the planetary boundaries within which we can safely operate?" and then backtrack innovations within that. But of course, the drama is, it clearly shows that incremental change is not an option.
Et donc il y a sans aucun doute une opportunité ici, et nous pouvons dresser la liste de très nombreux exemples d'opportunités transformationnelles partout dans le monde. Cependant, la clé dans tout ça, le fil rouge, est le changement d'état d'esprit, s'éloigner d'une situation dans laquelle nous nous poussons vers un futur sombre, où nous choisissons plutôt un futur [inaudible], et nous disons, "Quel est le terrain de jeu sur la planète ? Quelles sont les limites planétaires à l'intérieur desquelles on peut fonctionner en toute sécurité ?" et puis revenir aux innovations dans ces limites. Mais bien sûr, ce qui est tragique, c'est que ça montre clairement que le changement incrémentiel n'est pas une option.
So, there is scientific evidence. They sort of say the harsh news, that we are facing the largest transformative development since the industrialization. In fact, what we have to do over the next 40 years is much more dramatic and more exciting than what we did when we moved into the situation we're in today. Now, science indicates that, yes, we can achieve a prosperous future within the safe operating space, if we move simultaneously, collaborating on a global level, from local to global scale, in transformative options, which build resilience on a finite planet.
Donc, il y a des preuves scientifiques. En quelque sorte, elles nous donnent les mauvaises nouvelles selon lesquelles nous sommes face au plus grand développement transformationnel depuis la révolution industrielle. En fait, ce nous devons faire pendant les 40 prochaines années est bien plus radical et bien plus excitant que ce que nous avons fait quand nous sommes passés à la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Maintenant, la science indique que oui, nous pouvons parvenir à un avenir prospère dans les limites de l'espace sécurisé, si nous agissons simultanément, que nous collaborons au niveau mondial, en passant de l'échelle locale à l'échelle mondiale, avec des options transformationnelles qui construisent une résilience sur une planète finie.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)