To give me an idea of how many of you here may find what I'm about to tell you of practical value, let me ask you please to raise your hands: Who here is either over 65 years old or hopes to live past age 65 or has parents or grandparents who did live or have lived past 65, raise your hands please. (Laughter)
Pour me donner une idée de combien d'entre vous pourraient trouver un intérêt pratique à ce que je vais vous dire, je vais vous demander de lever la main : Qui a ici plus de 65 ans ou espère vivre plus vieux que 65 ans ou a des parents ou grand-parents qui ont vécu ou vivent toujours, et qui ont dépassé 65 ans, levez la main s'il vous plaît. (Rires)
Okay. You are the people to whom my talk will be of practical value. (Laughter) The rest of you won't find my talk personally relevant, but I think that you will still find the subject fascinating.
Ok, je m'adresse au bon public. (Rires) Si vous n'avez pas levé la main, ma présentation ne vous touchera pas personnellement, mais je pense que vous allez trouver le sujet tout aussi fascinant.
I'm going to talk about growing older in traditional societies. This subject constitutes just one chapter of my latest book, which compares traditional, small, tribal societies with our large, modern societies, with respect to many topics such as bringing up children, growing older, health, dealing with danger, settling disputes, religion and speaking more than one language.
Je vais parler de la vieillesse dans les sociétés traditionnelles. Je n'ai traité ce sujet que dans un seul chapitre de mon dernier livre, qui compare les sociétés traditionnelles et tribales de petite envergure, à nos grandes sociétés modernes, dans différents domaines comme l'éducation des enfants, la vieillesse, la santé, la gestion du danger, la gestion des conflits, la religion et le multilinguisme.
Those tribal societies, which constituted all human societies for most of human history, are far more diverse than are our modern, recent, big societies. All big societies that have governments, and where most people are strangers to each other, are inevitably similar to each other and different from tribal societies. Tribes constitute thousands of natural experiments in how to run a human society. They constitute experiments from which we ourselves may be able to learn. Tribal societies shouldn't be scorned as primitive and miserable, but also they shouldn't be romanticized as happy and peaceful. When we learn of tribal practices, some of them will horrify us, but there are other tribal practices which, when we hear about them, we may admire and envy and wonder whether we could adopt those practices ourselves.
Ces sociétés tribales, prédominantes sur la majeure partie de notre civilisation, présentent beaucoup plus de contrastes que les grandes sociétés d'aujourd'hui. Toutes les grandes sociétés qui ont un gouvernement, et où la plupart des habitants ne se connaissent pas entre eux, sont forcément toutes similaires et très différentes des sociétés tribales. Les tribus représentent des milliers de façons différentes de gérer une société humaine. Chaque tribu est un exemple de gestion dont on peut tirer des leçons. Il ne faut pas dénigrer les sociétés tribales et les juger primitives et misérables, mais il ne faut pas non plus les idéaliser et les juger paisibles et heureuses. Certaines coutumes tribales sont horribles, mais on entend aussi parler de coutumes tribales que l'on admire au point de se demander si on pourrait nous-mêmes les adopter.
Most old people in the U.S. end up living separately from their children and from most of their friends of their earlier years, and often they live in separate retirements homes for the elderly, whereas in traditional societies, older people instead live out their lives among their children, their other relatives, and their lifelong friends. Nevertheless, the treatment of the elderly varies enormously among traditional societies, from much worse to much better than in our modern societies.
La plupart des personnes âgées aux États-Unis finissent par vivre loin de leurs enfants et de la plupart de leurs amis d'enfance. Ils vivent souvent dans des maisons de retraite éloignées, alors que dans les sociétés tribales, les personnes âgées passent leur fin de vie entourées de leurs enfants, de leur famille, et de leurs amis d'enfance. Mais les sociétés traditionnelles ont des manières très différentes de s'occuper des personnes âgées, avec des pratiques parfois pires ou parfois meilleures que les pratiques des sociétés modernes.
At the worst extreme, many traditional societies get rid of their elderly in one of four increasingly direct ways: by neglecting their elderly and not feeding or cleaning them until they die, or by abandoning them when the group moves, or by encouraging older people to commit suicide, or by killing older people. In which tribal societies do children abandon or kill their parents? It happens mainly under two conditions. One is in nomadic, hunter-gather societies that often shift camp and that are physically incapable of transporting old people who can't walk when the able-bodied younger people already have to carry their young children and all their physical possessions. The other condition is in societies living in marginal or fluctuating environments, such as the Arctic or deserts, where there are periodic food shortages, and occasionally there just isn't enough food to keep everyone alive. Whatever food is available has to be reserved for able-bodied adults and for children. To us Americans, it sounds horrible to think of abandoning or killing your own sick wife or husband or elderly mother or father, but what could those traditional societies do differently? They face a cruel situation of no choice. Their old people had to do it to their own parents, and the old people know what now is going to happen to them.
Parmi les pires pratiques, beaucoup de sociétés tribales se débarrassent de leurs ancêtres de quatre façons de plus en plus directes : soit en s'en occupant mal, en les laissant mourir de faim ou dans des conditions insalubres, soit en les abandonnant lorsque la tribu se déplace, soit les poussant à se suicider, soit en les tuant. Qu'est-ce qui pousse les enfants à abandonner ou tuer leurs parents dans certaines tribus ? Souvent ce phénomène est présent dans deux types de tribus. Premier cas : les tribus nomades qui vivent de chasse et de cueillette, qui changent souvent de campement et sont physiquement incapables de transporter les personnes âgées qui ne peuvent pas marcher lorsque les membres plus jeunes physiquement aptes doivent déjà porter leurs enfants en bas âge et leurs possessions. Deuxième cas : les groupes basés dans des milieux fluctuants ou en marge, comme l'Arctique ou le désert, où les saisons répétées de pénurie alimentaire peuvent provoquer des difficultés pour subvenir aux besoins de tous les membres de la tribu. Les dernières réserves de nourriture sont gardées en priorité pour les enfants et les adultes physiquement aptes. A nous, Américains, il semble horrible d'imaginer abandonner ou tuer notre propre femme ou mari malade ou notre mère ou père âgé, mais est-ce que ces sociétés traditionnelles ont d'autres alternatives ? Elles se retrouvent dans une impasse cruelle. Leurs ancêtres ont dû faire la même chose avec leurs propres parents, et les personnes âgées savent ce qui va leur arriver.
At the opposite extreme in treatment of the elderly, the happy extreme, are the New Guinea farming societies where I've been doing my fieldwork for the past 50 years, and most other sedentary traditional societies around the world. In those societies, older people are cared for. They are fed. They remain valuable. And they continue to live in the same hut or else in a nearby hut near their children, relatives and lifelong friends.
A l'inverse, les pratiques les plus heureuses pour les personnes âgées s'observent dans les sociétés agricoles de Nouvelle-Guinée sur lesquelles je mène des recherches de terrain depuis 50 ans, et également dans la plupart des tribus sédentaires présentes dans le monde. Dans ces sociétés, les personnes âgées reçoivent des soins. Elles sont nourries. Elles gardent une importance dans la tribu. Elles continuent de vivre dans la même hutte ou s'installent dans une hutte près de leurs enfants, de leurs proches et de leurs amis d'enfance.
There are two main sets of reasons for this variation among societies in their treatment of old people. The variation depends especially on the usefulness of old people and on the society's values.
La différence de traitement des personnes âgées entre les tribus a deux explications. Cette différence de traitement dépend principalement de l'utilité des personnes âgées et des valeurs de la tribu.
First, as regards usefulness, older people continue to perform useful services. One use of older people in traditional societies is that they often are still effective at producing food. Another traditional usefulness of older people is that they are capable of babysitting their grandchildren, thereby freeing up their own adult children, the parents of those grandchildren, to go hunting and gathering food for the grandchildren. Still another traditional value of older people is in making tools, weapons, baskets, pots and textiles. In fact, they're usually the people who are best at it. Older people usually are the leaders of traditional societies, and the people most knowledgeable about politics, medicine, religion, songs and dances.
Commençons par l'utilité des personnes âgées : elles continuent de rendre service. Souvent dans les sociétés traditionnelles, les personnes âgées continuent de participer à la production de nourriture. Les personnes âgées peuvent aussi garder leurs petits-enfants, ce qui permet à leurs enfants adultes, les parents de ces petits-enfants, d'aller chasser et de ramener de la nourriture pour les enfants. Les personnes âgées peuvent aussi apporter une contribution artisanale à leur tribu en fabriquant des outils, des armes, des paniers, des marmites et des textiles. Elles sont souvent les plus douées pour ce genre de travaux. Ce sont souvent les personnes âgées qui dirigent les sociétés traditionnelles, et qui s'y connaissent le plus en matière de politique, de médecine, de religion, de chant et de danse.
Finally, older people in traditional societies have a huge significance that would never occur to us in our modern, literate societies, where our sources of information are books and the Internet. In contrast, in traditional societies without writing, older people are the repositories of information. It's their knowledge that spells the difference between survival and death for their whole society in a time of crisis caused by rare events for which only the oldest people alive have had experience. Those, then, are the ways in which older people are useful in traditional societies. Their usefulness varies and contributes to variation in the society's treatment of the elderly.
Enfin, les personnes âgées ont un rôle énorme dans les sociétés traditionnelles, un rôle inimaginable dans nos sociétés actuelles où les gens sont lettrés et s'informent grâce aux livres et à Internet. En revanche, dans les sociétés traditionnelles sans écriture, ce sont les personnes âgées qui ont le savoir. C'est sur leur savoir que repose la survie ou la mort de tout leur peuple en temps de crise causée par des événements rares que seuls les plus anciens ont connu. Voilà toutes les façons dont les personnes âgées peuvent êtres utiles à leurs tribus. Leur contribution n'est pas la même dans chaque tribu, et c'est ce qui fait qu'ils sont traités différemment selon les tribus.
The other set of reasons for variation in the treatment of the elderly is the society's cultural values. For example, there's particular emphasis on respect for the elderly in East Asia, associated with Confucius' doctrine of filial piety, which means obedience, respect and support for elderly parents. Cultural values that emphasize respect for older people contrast with the low status of the elderly in the U.S. Older Americans are at a big disadvantage in job applications. They're at a big disadvantage in hospitals. Our hospitals have an explicit policy called age-based allocation of healthcare resources. That sinister expression means that if hospital resources are limited, for example if only one donor heart becomes available for transplant, or if a surgeon has time to operate on only a certain number of patients, American hospitals have an explicit policy of giving preference to younger patients over older patients on the grounds that younger patients are considered more valuable to society because they have more years of life ahead of them, even though the younger patients have fewer years of valuable life experience behind them. There are several reasons for this low status of the elderly in the U.S. One is our Protestant work ethic which places high value on work, so older people who are no longer working aren't respected. Another reason is our American emphasis on the virtues of self-reliance and independence, so we instinctively look down on older people who are no longer self-reliant and independent. Still a third reason is our American cult of youth, which shows up even in our advertisements. Ads for Coca-Cola and beer always depict smiling young people, even though old as well as young people buy and drink Coca-Cola and beer. Just think, what's the last time you saw a Coke or beer ad depicting smiling people 85 years old? Never. Instead, the only American ads featuring white-haired old people are ads for retirement homes and pension planning.
La deuxième raison des disparités de traitement des personnes âgées entre tribus est liée à leurs valeurs culturelles. Par exemple, les pays d'Asie de l'Est ont beaucoup de respect pour les personnes âgées, en accord avec la doctrine de la piété filiale transmise par Confucius, qui invite à faire preuve d'obéissance, de respect et de soutien envers ses parents âgés. Le respect des anciens ancré dans ces cultures est à mille lieues du statut défavorable réservé aux personnes âgées aux États-Unis. À partir d'un certain âge, les Américains sont moins recherchés sur le marché du travail. Ils sont très pénalisés dans le milieu hospitalier. Nos hôpitaux sont ouvertement régis par un système dit « d'allocation des ressources de santé selon l'âge ». Cela veut dire que si les hôpitaux manquent de ressources, par exemple s'il n'y a qu'un cœur disponible pour une greffe, ou si un chirurgien n'a le temps d'effectuer qu'un nombre limité d'opérations, les hôpitaux en Amérique ont des règles explicites qui donnent priorité aux malades plus jeunes sur les malades plus vieux. Ces règles partent du principe que les malades plus jeunes sont plus utiles à la société car ils ont plus d'années devant eux, même si les malades plus jeunes ont moins d'années d'expérience derrière eux. Les personnes âgées sont défavorisées aux États-Unis pour plusieurs raisons. La première raison, c'est notre éthique protestante du travail qui donne une place primordiale à celui-ci, et ainsi a peu d'estime pour les personnes âgées qui ne travaillent plus. Une autre raison est le point d'honneur que l'on met en Amérique à défendre les vertus de l'autonomie et de l'indépendance. Automatiquement, on se met à dédaigner les personnes âgées qui ont perdu leur autonomie et leur indépendance. La troisième raison, c'est le culte de la jeunesse en Amérique, que l'on retrouve même dans nos publicités. Les pubs de bière et de Coca-Cola mettent toujours en scène des jeunes gens souriants, même si la bière et le Coca-Cola sont des boissons consommées tout aussi bien par des personnes âgées que par des jeunes. Est-ce que vous avez déjà vu une pub de Coca ou de bière avec un homme souriant de 85 ans ? Jamais. Les seules pubs américaines avec des gens âgés aux cheveux blancs sont des pubs pour des maisons de retraite ou pour des plans d'épargne retraite.
Well, what has changed in the status of the elderly today compared to their status in traditional societies? There have been a few changes for the better and more changes for the worse. Big changes for the better include the fact that today we enjoy much longer lives, much better health in our old age, and much better recreational opportunities. Another change for the better is that we now have specialized retirement facilities and programs to take care of old people. Changes for the worse begin with the cruel reality that we now have more old people and fewer young people than at any time in the past. That means that all those old people are more of a burden on the few young people, and that each old person has less individual value. Another big change for the worse in the status of the elderly is the breaking of social ties with age, because older people, their children, and their friends, all move and scatter independently of each other many times during their lives. We Americans move on the average every five years. Hence our older people are likely to end up living distant from their children and the friends of their youth. Yet another change for the worse in the status of the elderly is formal retirement from the workforce, carrying with it a loss of work friendships and a loss of the self-esteem associated with work. Perhaps the biggest change for the worse is that our elderly are objectively less useful than in traditional societies. Widespread literacy means that they are no longer useful as repositories of knowledge. When we want some information, we look it up in a book or we Google it instead of finding some old person to ask. The slow pace of technological change in traditional societies means that what someone learns there as a child is still useful when that person is old, but the rapid pace of technological change today means that what we learn as children is no longer useful 60 years later. And conversely, we older people are not fluent in the technologies essential for surviving in modern society. For example, as a 15-year-old, I was considered outstandingly good at multiplying numbers because I had memorized the multiplication tables and I know how to use logarithms and I'm quick at manipulating a slide rule. Today, though, those skills are utterly useless because any idiot can now multiply eight-digit numbers accurately and instantly with a pocket calculator. Conversely, I at age 75 am incompetent at skills essential for everyday life. My family's first TV set in 1948 had only three knobs that I quickly mastered: an on-off switch, a volume knob, and a channel selector knob. Today, just to watch a program on the TV set in my own house, I have to operate a 41-button TV remote that utterly defeats me. I have to telephone my 25-year-old sons and ask them to talk me through it while I try to push those wretched 41 buttons.
Comment le statut des personnes âgées a-t-il évolué de son statut tribal à son statut moderne ? Il y a eu quelques changements bénéfiques et davantage de changements néfastes. Les grands changements bénéfiques comprennent l'augmentation de l'espérance de vie, l'amélioration de la santé des personnes âgées, ainsi qu'un meilleur choix de loisirs. Le développement d'installations et de programmes spécialisés dans la prise en charge des personnes âgées a aussi amélioré les choses. Ce qui a empiré, c'est tout d'abord la cruelle réalité que nous n'avons jamais eu autant de personnes âgées et si peu de jeunes qu'aujourd'hui. Cela veut dire que toutes ces personnes âgées représentent un fardeau plus lourd pour les jeunes, et que toutes ces personnes âgées perdent en estime individuelle. Ce qui a aussi empiré le statut des personnes âgées, c'est qu'avec l'âge, les liens sociaux se désintègrent, car les personnes âgées, leurs enfants, et leurs amis, déménagent et se dispersent tous indépendamment à plusieurs reprises dans leur vie. En moyenne, les Américains déménagent tous les cinq ans. Les personnes âgées ont donc plus de chances de se retrouver éloignées de leurs enfants et de leurs amis d'enfance. L'officialisation de la retraite dans le milieu professionnel a également été un changement néfaste pour le statut des personnes âgées, qui perdent de vue leurs relations de bureau et qui perdent l'estime d'eux-mêmes qu'ils trouvaient au travail. Le changement le plus néfaste, c'est peut-être qu'objectivement, nos personnes âgées n'ont pas autant d'utilité sociale que dans les sociétés traditionnelles. Une éducation largement répandue signifie qu'ils ne sont plus désormais utiles en tant que dépositaires du savoir. Quand l'on recherche des informations, on ouvre un livre ou l'on recherche sur Google plutôt que d'aller trouver une personne âgée à qui poser la question. La lenteur du changement technologique dans les sociétés traditionnelles signifie que ce que quelqu'un apprend là-bas étant enfant est toujours aussi utile lorsqu'il est devenu vieux, mais la vitesse du changement technologique de nos jours prouve que ce que l'on apprend étant enfant n'est plus valable 60 ans après. De la même manière, nous, les personnes plus âgées, nous ne sommes plus du tout à jour quant aux nouvelles technologies essentielles pour survivre dans notre société moderne. Par exemple, quand j'avais 15 ans, j'étais considéré comme incroyablement bon en multiplications parce que j'avais appris toutes mes tables, je savais comment utiliser les logarithmes et j'étais très rapide pour manipuler la règle à calcul. Mais aujourd'hui, ces talents sont profondément inutiles parce que n'importe quel imbécile peut multiplier des nombres à 8 chiffres sans faute et instantanément grâce à une calculatrice de poche. A l'inverse, moi, à 75 ans, je suis totalement incompétent pour les tâches essentielles de tous les jours. Ma famille a eu sa première télé en 1948 : elle n'avait que trois boutons dont j'ai rapidement su me servir : un pour allumer et éteindre, un bouton pour le volume, et le dernier pour changer de chaîne. Aujourd'hui, juste pour regarder un programme sur mon propre téléviseur, je dois savoir utiliser à une télécommande de 41 boutons qui m'a totalement vaincu. Je dois appeler mes fils de 25 ans et leur demander de me parler à travers l'écran pendant que j'essaye d'appuyer sur ces satanés 41 boutons.
What can we do to improve the lives of the elderly in the U.S., and to make better use of their value? That's a huge problem. In my remaining four minutes today, I can offer just a few suggestions. One value of older people is that they are increasingly useful as grandparents for offering high-quality childcare to their grandchildren, if they choose to do it, as more young women enter the workforce and as fewer young parents of either gender stay home as full-time caretakers of their children. Compared to the usual alternatives of paid babysitters and day care centers, grandparents offer superior, motivated, experienced child care. They've already gained experience from raising their own children. They usually love their grandchildren, and are eager to spend time with them. Unlike other caregivers, grandparents don't quit their job because they found another job with higher pay looking after another baby. A second value of older people is paradoxically related to their loss of value as a result of changing world conditions and technology. At the same time, older people have gained in value today precisely because of their unique experience of living conditions that have now become rare because of rapid change, but that could come back. For example, only Americans now in their 70s or older today can remember the experience of living through a great depression, the experience of living through a world war, and agonizing whether or not dropping atomic bombs would be more horrible than the likely consequences of not dropping atomic bombs. Most of our current voters and politicians have no personal experience of any of those things, but millions of older Americans do. Unfortunately, all of those terrible situations could come back. Even if they don't come back, we have to be able to plan for them on the basis of the experience of what they were like. Older people have that experience. Younger people don't.
Que peut-on faire pour améliorer la vie des personnes âgées aux États-Unis, et mieux utiliser leur potentiel ? C'est un énorme problème. Dans les 4 minutes qu'il me reste aujourd'hui, je voudrais vous proposer quelques suggestions. Une des qualités que possèdent les personnes âgées est qu'ils sont de plus en plus utiles en tant que grands-parents car ils peuvent s'occuper très soigneusement de leurs petits-enfants, s'ils choisissent de le faire, étant donné que de plus en plus de femmes deviennent salariées et que de moins en moins de jeunes parents -- quel que soit leur sexe -- restent à la maison à plein temps pour s'occuper de leurs enfants. En comparaison des alternatives classiques comme les baby-sitters rémunérées et les crèches, les grands-parents offrent aux enfants une éducation de bien meilleure qualité grâce à leur expérience et à leur motivation. Ils ont déjà gagné pas mal d'expérience en élevant leurs propres enfants. Et normalement ils adorent leurs petits-enfants et ont envie de passer du temps avec eux. Et contrairement aux autres baby-sitters, les grands-parents ne démissionnent pas parce qu'ils ont trouvé un autre job mieux payé pour s'occuper d'un autre bébé. Une deuxième utilité des personnes âgées est paradoxalement en relation avec leur perte d'utilité, liée au changement des conditions de vie et des avancées technologiques. En même temps, les personnes âgées ont gagné de la valeur aujourd'hui justement grâce à leur expérience unique de certaines conditions de vie, qui sont maintenant devenues étrangères à cause des changements rapides, mais qui pourraient revenir. Par exemple, seuls les Américains de plus de 70 ans peuvent se souvenir des conditions de vie durant une grande crise, durant une guerre mondiale, et de l'angoisse de se demander si le fait de larguer des bombes atomiques serait encore pire que les possibles conséquences à ne pas le faire. La plupart de nos politiciens et électeurs actuels n'ont aucune expérience de ce genre de choses, contrairement à des millions d'Américains plus âgés. Malheureusement, toutes ces situations terribles pourraient surgir à nouveau. Et même si elles ne se reproduisent pas, nous nous devons d'être capable de les anticiper sur la base des expériences du passé. Les personnes âgées ont cette expérience. Les plus jeunes non.
The remaining value of older people that I'll mention involves recognizing that while there are many things that older people can no longer do, there are other things that they can do better than younger people. A challenge for society is to make use of those things that older people are better at doing. Some abilities, of course, decrease with age. Those include abilities at tasks requiring physical strength and stamina, ambition, and the power of novel reasoning in a circumscribed situation, such as figuring out the structure of DNA, best left to scientists under the age of 30. Conversely, valuable attributes that increase with age include experience, understanding of people and human relationships, ability to help other people without your own ego getting in the way, and interdisciplinary thinking about large databases, such as economics and comparative history, best left to scholars over the age of 60. Hence older people are much better than younger people at supervising, administering, advising, strategizing, teaching, synthesizing, and devising long-term plans. I've seen this value of older people with so many of my friends in their 60s, 70s, 80s and 90s, who are still active as investment managers, farmers, lawyers and doctors. In short, many traditional societies make better use of their elderly and give their elderly more satisfying lives than we do in modern, big societies.
La dernière valeur des personnes âgées que je vais mentionner, demande de reconnaître que, s'il y a de nombreuses choses que les personnes âgées ne peuvent plus faire, il y a d'autres choses qu'ils savent faire bien mieux que les plus jeunes. C'est un défi pour la société d'arriver à mettre ces choses-là à profit, que les personnes âgées savent bien mieux faire. Certaines capacités, bien sûr, diminuent avec l'âge. Par exemple la capacité à réaliser des tâches physiques ou qui demandent de l'endurance, l'ambition, et le pouvoir de raisonnement dans une situation compliquée, comme comprendre la structure de l'ADN, mieux à la portée de scientifiques de moins de 30 ans. A l'inverse, certains attributs qui se développent avec les années comme l'expérience, la compréhension des autres et des relations humaines, la capacité d'aider les autres sans inclure son propre égo, et la capacité de raisonner à partir d'une base de données interdisciplinaires comme l'économie ou l'histoire comparée, disciplines que l'on ferait mieux de laisser aux plus de 60 ans. Ce pour quoi les personnes âgées sont bien meilleures que les jeunes pour superviser, administrer, donner des conseils, élaborer des stratégies, enseigner, synthétiser, et prévoir des plans à long terme. J'ai remarqué cette capacité des personnes âgées grâce à beaucoup de mes amis qui ont 60, 70, 80 ou 90 ans, et qui sont toujours actifs en tant que gestionnaires financiers, fermiers, avocats et médecins. En résumé, beaucoup de sociétés traditionnelles mettent bien mieux à profit les qualités de leurs anciens et leur donnent une vie plus satisfaisante que nous le faisons dans nos grandes sociétés modernes.
Paradoxically nowadays, when we have more elderly people than ever before, living healthier lives and with better medical care than ever before, old age is in some respects more miserable than ever before. The lives of the elderly are widely recognized as constituting a disaster area of modern American society. We can surely do better by learning from the lives of the elderly in traditional societies. But what's true of the lives of the elderly in traditional societies is true of many other features of traditional societies as well. Of course, I'm not advocating that we all give up agriculture and metal tools and return to a hunter-gatherer lifestyle. There are many obvious respects in which our lives today are far happier than those in small, traditional societies. To mention just a few examples, our lives are longer, materially much richer, and less plagued by violence than are the lives of people in traditional societies. But there are also things to be admired about people in traditional societies, and perhaps to be learned from them. Their lives are usually socially much richer than our lives, although materially poorer. Their children are more self-confident, more independent, and more socially skilled than are our children. They think more realistically about dangers than we do. They almost never die of diabetes, heart disease, stroke, and the other noncommunicable diseases that will be the causes of death of almost all of us in this room today. Features of the modern lifestyle predispose us to those diseases, and features of the traditional lifestyle protect us against them.
Paradoxalement, de nos jours, alors que la population de personnes âgées est beaucoup plus importante qu'autrefois, qu'ils vivent en meilleure santé et bénéficient de meilleurs soins médicaux que jamais dans le passé, cette période de la vie est en quelque sorte plus misérable qu'elle ne l'a jamais été. Les vies des personnes âgées sont bien connues pour être une sorte de désastre de la société américaine moderne. On pourrait surement s'améliorer en apprenant du mode de vie des anciens dans les sociétés traditionnelles. Mais ce qui est vrai à propos de la vie des personnes âgées dans les sociétés traditionnelles est vrai dans beaucoup d'autres domaines de ces mêmes sociétés. Bien sûr, je ne recommande pas que l'on abandonne tous l'agriculture et les outils en métal pour retourner vivre de la chasse et de la cueillette. Il y a énormément d'aspects dans lesquels nos vies d'aujourd'hui sont de loin beaucoup plus heureuses que celles de ces petites sociétés traditionnelles. Pour ne citer que quelques exemples, nous vivons plus longtemps, sommes plus riches matériellement, et moins atteints par la violence que les vies des gens vivant dans des sociétés traditionnelles. Mais il y a aussi des choses que nous nous devons d'admirer à propos de ces mêmes sociétés, et que nous devrions peut-être apprendre d'eux. Leurs vies sont souvent socialement plus riches que les nôtres, bien que matériellement plus pauvres. Leurs enfants sont plus confiants, plus indépendants, et plus sociables que les nôtres. Ils évaluent les dangers de manière plus réaliste que nous. Ils ne meurent presque jamais de diabète, de problèmes cardiaques, d'infarctus, ou d'autres maladies non transmissibles qui seront probablement les causes des décès de la plupart des personnes présentes dans cette salle aujourd'hui. Les habitudes de notre mode de vie moderne nous prédisposent à ce genre de maladies alors que le mode de vie traditionnel nous protège contre celles-ci.
Those are just some examples of what we can learn from traditional societies. I hope that you will find it as fascinating to read about traditional societies as I found it to live in those societies.
Et ce ne sont là que quelques exemples de ce que l'on peut apprendre des sociétés traditionnelles. J'espère que vous trouverez aussi fascinant de lire sur les sociétés traditionnelles que je l'ai ressenti en vivant dans ces milieux.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)