The magical moment, the magical moment of conducting. Which is, you go onto a stage. There is an orchestra sitting. They are all, you know, warming up and doing stuff. And I go on the podium. You know, this little office of the conductor. Or rather a cubicle, an open-space cubicle, with a lot of space. And in front of all that noise, you do a very small gesture. Something like this, not very pomp, not very sophisticated, this. And suddenly, out of the chaos, order. Noise becomes music.
L'instant magique, l'instant magique de la direction d'orchestre Quand vous arrivez sur scène. Il y a un orchestre assis. ils sont en train de s'échauffer, de faire des trucs. Et je monte sur le podium. Vous savez, ce petit bureau du chef d'orchestre. Ou plutôt une cellule, un bureau ouvert,. avec plein d'espace. Et face à tout ce bruit, vous faites un tout petit geste. Quelque chose comme ça, ni très pompeux ni très sophistiqué, ça. Et soudain l'ordre naît du chaos. Le bruit devient musique.
And this is fantastic. And it's so tempting to think that it's all about me. (Laughter) All those great people here, virtuosos, they make noise, they need me to do that. Not really. If it were that, I would just save you the talk, and teach you the gesture. So you could go out to the world and do this thing in whatever company or whatever you want, and you have perfect harmony. It doesn't work. Let's look at the first video. I hope you'll think it's a good example of harmony. And then speak a little bit about how it comes about.
C'est fantastique. C'est si tentant de penser que c'est grâce à moi. (Rires) Tous ces gens admirables devant moi, ces virtuoses, ils font du bruit, ils ont besoin de moi pour ça. Bon, pas vraiment. Si c'était le cas, je vous épargnerais le discours, et je vous apprendrais les gestes pour que vous puissiez aller de par le monde et faire ça dans n'importe quelle entreprise ou lieu, et avoir l'harmonie parfaite. Ça ne marche pas. Regardons la première vidéo. J'espère que vous penserez que c'est un bon exemple d'harmonie. Et nous parlerons un peu de comment elle vient.
(Music)
(Musique)
Was that nice? So that was a sort of a success. Now, who should we thank for the success? I mean, obviously the orchestra musicians playing beautifully, the Vienna Philharmonic Orchestra. They don't often even look at the conductor. Then you have the clapping audience, yeah, actually taking part in doing the music. You know Viennese audiences usually don't interfere with the music. This is the closest to an Oriental bellydancing feast that you will ever get in Vienna. (Laughter)
N'était-ce pas plaisant ? C'était donc un succès, en quelque sorte. Qui devrions-nous remercier pour ce succès ? Bon, évidemment les musiciens de l'orchestre qui jouent merveilleusement, le Philharmonique de Vienne Ils ne regardent même pas souvent le chef. Ensuite le public qui frappe des mains, oui, et qui participe à la musique. En général, le public viennois n'interfère pas avec la musique. C'est ce qu vous pouvez voir à Vienne qui se rapproche le plus d'un spectacle de danse du ventre (Rires)
Unlike, for example Israel, where audiences cough all the time. You know, Arthur Rubinstein, the pianist, used to say that, "Anywhere in the world, people that have the flu, they go to the doctor. In Tel Aviv they come to my concerts." (Laughter) So that's a sort of a tradition. But Viennese audiences do not do that. Here they go out of their regular, just to be part of that, to become part of the orchestra, and that's great. You know, audiences like you, yeah, make the event.
Pas comme Israel, par exemple, où le public tousse tout le temps. Arthur Rubinstein, le pianiste, disait "N'importe où dans le monde, les gens qui ont la grippe vont chez le médecin. A Tel Aviv, ils viennent à mes concerts." (Rires) C'est comme une tradition. Mais le public viennois ne fait pas ça. Là ils se lâchent un peu, rien que pour participer, pour faire un peu partie de l'orchestre, et c'est super. Vous savez, c'est le public comme vous, oui, qui crée l'évènement.
But what about the conductor? What can you say the conductor was doing, actually? Um, he was happy. And I often show this to senior management. People get annoyed. "You come to work. How come you're so happy?" Something must be wrong there, yeah? But he's spreading happiness. And I think the happiness, the important thing is this happiness does not come from only his own story and his joy of the music. The joy is about enabling other people's stories to be heard at the same time.
Et le chef d'orchestre ? Que pouvez-vous dire sur ce que le chef d'orchestre faisait, en fait ? Hum, il était heureux. Et je montre souvent ceci à la direction. Ça ennuie les gens. "Vous venez travailler. Comment pouvez-vous être aussi heureux ?" Il doit y avoir un truc qui ne va pas, non ? Mais il diffuse du bonheur. Et je pense que le bonheur, ce qui est important est que ce bonheur ne vient pas de sa propre histoire seulement, et de sa jouissance de la musique. La joie provient du fait de permettre qu'on entende les histoires d'autres gens en même temps.
You have the story of the orchestra as a professional body. You have the story of the audience as a community. Yeah. You have the stories of the individuals in the orchestra and in the audience. And then you have other stories, unseen. People who build this wonderful concert hall. People who made those Stradivarius, Amati, all those beautiful instruments. And all those stories are being heard at the same time. This is the true experience of a live concert. That's a reason to go out of home. Yeah? And not all conductors do just that. Let's see somebody else, a great conductor. Riccardo Muti, please.
Vous avez l'histoire de l'orchestre comme corps professionnel. Vous avez l'histoire du public comme communauté, oui. Vous avez les histoires des individus dans l'orchestre et dans le public. Et vous avez d'autres histoires, invisibles. Les gens qui ont bâti cette merveilleuse salle. Les gens qui ont fabriqué ces Stradivarius, Amati, tous ces instruments splendides. Et l'on entend toutes ces histoires en même temps. C'est ce que l'on vit vraiment en concert. C'est une vraie raison pour sortir, pas vrai ? Et tous les chefs d'orchestre ne font pas exactement ça. Regardons quelqu'un d'autre, un grand chef d'orchestre, Riccardo Muti, s'il vous plaît.
(Music)
(Musique)
Yeah, that was very short, but you could see it's a completely different figure. Right? He's awesome. He's so commanding. Yeah? So clear. Maybe a little bit over-clear. Can we have a little demonstration? Would you be my orchestra for a second? Can you sing, please, the first note of Don Giovanni? You have to sing "Aaaaaah," and I'll stop you. Okay? Ready?
Oui, c'était très court. Mais vous avez pu voir que c'est un personnage complètement différent. Pas vrai ? Il est impressionnant. Il maîtrise tellement. Hein ? Si clair. Peut-être un peu trop clair. Pouvons-nous faire ensemble une petite démonstration ? Voulez-vous être mon orchestre une seconde ? Pouvez-vous chanter, s'il vous plaît, la première note de Don Juan ? Vous chantez "Aaaaaah", et je vous arrête. OK ? Prêt ?
Audience: ♫ Aaaaaaah ... ♫
Public : ♫ Aaaaaah ... ♫
Itay Talgam: Come on, with me. If you do it without me I feel even more redundant than I already feel. So please, wait for the conductor. Now look at me. "Aaaaaah," and I stop you. Let's go.
Itay Talgam : Allez, avec moi. Si vous le faites sans moi je me sens encore plus inutile que je ne le ressens déjà. Alors, s'il vous plaît, attendez le chef d'orchestre. Maintenant regardez moi. "Aaaaaah", et je vous arrête. On y va.
Audience: ♫ ... Aaaaaaaah ... ♫ (Laughter)
Public : ♫ ... Aaaaaaah ... ♫ (Rires)
Itay Talgam: So we'll have a little chat later. (Laughter) But ... There is a vacancy for a ... But -- (Laughter) -- you could see that you could stop an orchestra with a finger. Now what does Riccardo Muti do? He does something like this ... (Laughter) And then -- sort of -- (Laughter) So not only the instruction is clear, but also the sanction, what will happen if you don't do what I tell you. (Laughter) So, does it work? Yes, it works -- to a certain point.
Itay Talgam : Il faudra qu'on discute tout à l'heure. (Rires) Mais ... Il y a une place pour un ... Mais -- (Rires) -- vous avez pu voir qu'on peut arrêter un orchestre d'un doigt. Que fait Riccardo Muti? Quelque chose comme ça ... (Rires) Et puis -- une espèce de -- (Rires) Et donc non seulement l'instruction est claire, mais aussi la sanction, ce qui arrivera si vous ne faites pas ce que je vous dis. (Rires) Alors, est-ce que ça marche ? Oui, ça marche -- jusqu'à un certain point.
When Muti is asked, "Why do you conduct like this?" He says, "I'm responsible." Responsible in front of him. No he doesn't really mean Him. He means Mozart, which is -- (Laughter) -- like a third seat from the center. (Laughter) So he says, "If I'm -- (Applause) if I'm responsible for Mozart, this is going to be the only story to be told. It's Mozart as I, Riccardo Muti, understand it."
Quand on demande à Muti, "Pourquoi dirigez-vous comme ça ?" Il dit, "Je suis responsable." Responsable devant lui. Non, il ne veut pas dire Lui. Il veut dire Mozart, qui est -- (Rires) -- le troisième fauteuil à partir du centre. (Rires) Alors il dit, "Si je suis -- (Applaudissements) Si je suis responsable devant Mozart, ça va être la seule histoire à raconter. C'est Mozart comme moi, Riccardo Muti, je le comprends."
And you know what happened to Muti? Three years ago he got a letter signed by all 700 employees of La Scala, musical employees, I mean the musicians, saying, "You're a great conductor. We don't want to work with you. Please resign." (Laughter) "Why? Because you don't let us develop. You're using us as instruments, not as partners. And our joy of music, etc., etc. ..." So he had to resign. Isn't that nice? (Laughter) He's a nice guy. He's a really nice guy. Well, can you do it with less control, or with a different kind of control? Let's look at the next conductor, Richard Strauss.
Et vous savez ce qui est arrivé à Muti ? Il y a trois ans il a reçu une lettre signée par tous les 700 employés de La Scala, employés musicaux, je veux dire les musiciens, disant, "Vous êtes un grand chef. Nous ne voulons pas travailler avec vous. Merci de démissionner." (Rires) "Pourquoi ? Parce que vous ne nous laissez pas nous développer. Vous nous utilisez comme des instruments, pas comme des partenaires. Et notre amour de la musique, etc. etc. ..." Et il a dû démissionner. C'est beau, non ? (Rires) C'est un type sympa. Un type vraiment sympa. Eh bien, pouvez-vous le faire avec moins de contrôle, ou avec un autre genre de contrôle ? Regardons le chef d'orchestre suivant, Richard Strauss.
(Music)
(Musique)
I'm afraid you'll get the feeling that I really picked on him because he's old. It's not true. When he was a young man of about 30, he wrote what he called "The Ten Commandments for Conductors." The first one was: If you sweat by the end of the concert it means that you must have done something wrong. That's the first one. The fourth one you'll like better. It says: Never look at the trombones -- it only encourages them. (Laughter)
J'ai peur que vous ne pensiez que je l'ai surtout choisi à cause de son âge. Ce n'est pas vrai. Quand il était jeune, à environ 30 ans, il a écrit ce qu'il a appelé "Les dix commandements du chef d'orchestre" Le premier était : si vous êtes en sueur à la fin du concert ça veut dire que vous avez dû faire quelque chose de travers. C'était le premier. Vous allez mieux aimer le quatrième : Il dit : Ne regardez jamais les trombones -- ça ne fait que les encourager. (Rires)
So, the whole idea is really to let it happen by itself. Do not interfere. But how does it happen? Did you see him turning pages in the score? Now, either he is senile, and doesn't remember his own music, because he wrote the music. Or he is actually transferring a very strong message to them, saying, "Come on guys. You have to play by the book. So it's not about my story. It's not about your story. It's only the execution of the written music, no interpretation." Interpretation is the real story of the performer. So, no, he doesn't want that. That's a different kind of control. Let's see another super-conductor, a German super-conductor. Herbert von Karajan, please.
Et donc, toute l'idée est vraiment de laisser les choses se faire toutes seules. N'intervenez pas. Mais comment cela se passe-t-il ? L'avez-vous vu tourner les pages de la partition ? Soit il est sénile et ne se rappelle pas sa propre musique, parce qu'il l'a composée. Ou bien, il leur communique en fait un message très fort, qui dit, "Allez les gars. Il faut suivre la partition. Donc ce n'est pas mon histoire. Ce n'est pas votre histoire. C'est juste l'exécution de la musique qui est écrite, pas d'interprétation." L'interprétation est la véritable histoire d'un musicien. Alors, non, il ne veut pas de ça. C'est une autre forme de contrôle. Voyons un autre super-chef d'orchestre, un super-chef allemand, Herbert von Karajan, s'il vous plaît.
(Music)
(Musique)
What's different? Did you see the eyes? Closed. Did you see the hands? Did you see this kind of movement? Let me conduct you. Twice. Once like a Muti, and you'll -- (Claps) -- clap, just once. And then like Karajan. Let's see what happens. Okay? Like Muti. You ready? Because Muti ... (Laughter) Okay? Ready? Let's do it.
Qu'est-ce qui est différent ? Vous avez vu ses yeux ? Fermés. Vous avez vu ses mains ? Vous avez vu cette espèce de mouvement ? Laissez-moi vous diriger. Deux fois. Une fois comme Muti, et vous allez -- (il frappe dans ses mains) -- frapper dans vos mains, une seule fois. Et puis comme Karajan. Voyons ce qui arrive. OK ? Comme Muti. Vous êtes prêts ? Parce que Muti ... (Rires) OK ? Prêt ? Allons-y.
Audience: (Claps)
Public : (Frappe dans ses mains)
Itay Talgam: Hmm ... again.
Itay Talgam : Hmm ... encore.
Audience: (Claps) Itay Talgam: Good. Now like a Karajan. Since you're already trained, let me concentrate, close my eyes. Come, come.
Public : (Frappe dans ses mains) Itay Talgam : Bien. Maintenant comme un Karajan. Puisque vous êtes entrainés, laissez moi me concentrer et fermer mes yeux. Allez, allez.
Audience: (Claps) (Laughter)
Public : (Frappe dans les mains )(Rires)
Itay Talgam: Why not together? (Laughter) Because you didn't know when to play. Now I can tell you, even the Berlin Philharmonic doesn't know when to play. (Laughter) But I'll tell you how they do it. No cynicism. This is a German orchestra, yes? They look at Karajan. And then they look at each other. (Laughter) "Do you understand what this guy wants?" And after doing that, they really look at each other, and the first players of the orchestra lead the whole ensemble in playing together.
Itay Talgam : Pourquoi pas ensemble ? (Rires) Parce que vous ne saviez pas quand jouer. Je peux vous dire, même le Philharmonique de Berlin ne sait pas quand jouer. (Rires) Mais je vais vous dire comment ils font. Aucun cynisme. C'est un orchestre allemand, oui ? Ils regardent Karajan. Puis ils se regardent. (Rires) "Vous comprenez ce que veut ce type ?" Et après avoir fait ça, ils se regardent vraiment, et les premiers interprètes de l'orchestre conduisent tout l'ensemble à jouer à l'unisson.
And when Karajan is asked about it he actually says, "Yes, the worst damage I can do to my orchestra is to give them a clear instruction. Because that would prevent the ensemble, the listening to each other that is needed for an orchestra." Now that's great. What about the eyes? Why are the eyes closed? There is a wonderful story about Karajan conducting in London. And he cues in a flute player like this. The guy has no idea what to do. (Laughter) "Maestro, with all due respect, when should I start?" What do you think Karajan's reply was? When should I start? Oh yeah. He says, "You start when you can't stand it anymore." (Laughter)
Et quand on interroge Karajan à ce sujet Il répond en fait, "Oui, le pire que je puisse infliger à mon orchestre c'est de lui donner un signe clair parce que ça empêche l'unisson, l'audition mutuelle qui est nécessaire à un orchestre." Voilà qui est bien. Et ses yeux ? Pourquoi ses yeux sont-ils fermés ? Il y a une histoire merveilleuse à propos de Karajan dirigeant à Londres. Il fait un signe à un flûtiste comme ceci. Le type n'a pas la moindre idée de quoi faire. (Rires) "Maestro, avec tout le respect que je vous dois, quand dois-je démarrer ?" Que pensez-vous que fut la réponse de Karajan ? Quand dois-je démarrer ? Oh oui. Il dit, "Vous démarrez quand vous ne le supportez plus." (Rires)
Meaning that you know you have no authority to change anything. It's my music. The real music is only in Karajan's head. And you have to guess my mind. So you are under tremendous pressure because I don't give you instruction, and yet, you have to guess my mind. So it's a different kind of, a very spiritual but yet very firm control. Can we do it in another way? Of course we can. Let's go back to the first conductor we've seen: Carlos Kleiber, his name. Next video, please.
Il voulait dire que vous savez que vous n'avez aucune autorité pour changer les choses C'est ma musique. La vraie musique n'est que dans la tête de Karajan. Et vous devez deviner mes pensées. Alors vous êtes sous une pression formidable parce que je ne vous donne pas d'instructions, et malgré cela, il faut me deviner. Donc c'est un genre différent de contrôle, très spirituel et néanmoins très ferme. Peut-on le faire autrement ? Évidemment. Revenons au premier chef d'orchestre que nous avons vu : Carlos Kleiber, il s'appelle. Vidéo suivante s'il vous plaît.
(Music)
(Musique)
(Laughter) Yeah. Well, it is different. But isn't that controlling in the same way? No, it's not, because he is not telling them what to do. When he does this, it's not, "Take your Stradivarius and like Jimi Hendrix, smash it on the floor." It's not that. He says, "This is the gesture of the music. I'm opening a space for you to put in another layer of interpretation." That is another story.
(Rires) Oui. Eh bien, c'est différent. Mais n'est-ce pas maîtriser de la même manière ? Eh bien non. Parce qu'il ne leur dit pas quoi faire. Quand il fait cela, ce n'est pas, "Prenez votre Stradivarius et comme Jimmy Hendrix, fracassez-le par terre." Ce n'est pas ça. Il dit, "Ceci est le geste de la musique. Je vous ouvre un espace pour ajouter une autre couche d'interprétation." C'est une autre histoire.
But how does it really work together if it doesn't give them instructions? It's like being on a rollercoaster. Yeah? You're not really given any instructions, but the forces of the process itself keep you in place. That's what he does. The interesting thing is of course the rollercoaster does not really exist. It's not a physical thing. It's in the players' heads.
Mais comment est-ce que cela peut vraiment marcher ensemble s'il ne leur donne pas d'instructions ? C'est comme être sur des montagnes russes. Oui ? On ne vous donne pas d'instructions. Mais les forces en action vous maintiennent en place. C'est ce qu'il fait. Le truc intéressant est bien sûr qu'il n'y a pas vraiment de montagnes russes. Ce n'est pas physique. C'est dans la tête des interprètes.
And that's what makes them into partners. You have the plan in your head. You know what to do, even though Kleiber is not conducting you. But here and there and that. You know what to do. And you become a partner building the rollercoaster, yeah, with sound, as you actually take the ride. This is very exciting for those players. They do need to go to a sanatorium for two weeks, later. (Laughter) It is very tiring. Yeah? But it's the best music making, like this.
Et c'est ce qui les transforme en partenaires. Vous avez le plan en tête. Vous savez quoi faire, même si Kleiber ne vous dirige pas. Mais ici, puis là, et ça. Vous savez quoi faire. Et vous devenez un partenaire dans la construction des montagnes russes. Oui, avec du son, tout en prenant votre tour. C'est très excitant pour ces interprètes. Après ça, ils ont besoin de deux semaines de sanatorium. (Rires) C'est très éprouvant. Pas vrai ? Mais ça, c'est la meilleure manière de faire de la musique.
But of course it's not only about motivation and giving them a lot of physical energy. You also have to be very professional. And look again at this Kleiber. Can we have the next video, quickly? You'll see what happens when there is a mistake.
Mais bien sûr ce n'est pas qu'une question de motivation et de leur donner plein d'énergie physique. Vous devez aussi être très professionnel. Et regardez encore Kleiber. Pouvons-nous vite avoir la vidéo suivante ? Vous allez voir ce qui arrive quand il y a une erreur.
(Music) Again you see the beautiful body language. (Music) And now there is a trumpet player who does something not exactly the way it should be done. Go along with the video. Look. See, second time for the same player. (Laughter) And now the third time for the same player. (Laughter) "Wait for me after the concert. I have a short notice to give you." You know, when it's needed, the authority is there. It's very important. But authority is not enough to make people your partners.
(Musique) Vous admirez encore un fois le langage du corps. (Musique) Et maintenant il y a un trompettiste qui fait quelque chose pas tout à fait comme il le faudrait. Suivez la vidéo. Regardez. Vous avez vu, deuxième rappel pour le même interprète. (Rires) Et maintenant troisième rappel du même interprète. (Rires) "Attendez-moi après le concert que je vous signifie votre préavis." Vous savez, quand il le faut, l'autorité est là. C'est très important. Mais l'autorité ne suffit pas à faire que les gens deviennent vos partenaires.
Let's see the next video, please. See what happens here. You might be surprised having seen Kleiber as such a hyperactive guy. He's conducting Mozart. (Music) The whole orchestra is playing. (Music) Now something else. (Music) See? He is there 100 percent, but not commanding, not telling what to do. Rather enjoying what the soloist is doing. (Music)
Regardons la prochaine vidéo s'il vous plaît. Regardez ce qu'il s'y passe. Ça peut vous surprendre après avoir vu Kleiber aussi hyperactif. Il dirige Mozart. (Musique) Tout l'orchestre joue. (Musique) Maintenant quelque chose d'autre. (Musique) Vous avez vu ? Il y est à 100%, mais il ne commande pas, il ne dit pas quoi faire. Mais plutôt il apprécie la performance du soliste. (Musique)
Another solo now. See what you can pick up from this. (Music) Look at the eyes. Okay. You see that? First of all, it's a kind of a compliment we all like to get. It's not feedback. It's an "Mmmm ..." Yeah, it comes from here. So that's a good thing. And the second thing is it's about actually being in control, but in a very special way. When Kleiber does -- did you see the eyes, going from here? (Singing) You know what happens? Gravitation is no more.
Et maintenant un autre solo. Voyez ce que vous pouvez en tirer. (Musique) Regardez ses yeux. OK. Vous avez vu ça ? D'abord, c'est le genre de compliment que nous aimons tous recevoir. Ce n'est pas un commentaire. C'est un "Mmmm ..." Oui, ça vient de là. Donc c'est bien. Et la seconde chose c'est le fait d'être en contrôle, mais d'une manière très spéciale. Quand Kleiber -- vous avez vu ses yeux, partant de là ? (Chantonne) Vous savez ce qui arrive ? Il n'y a plus de gravitation.
Kleiber not only creates a process, but also creates the conditions in the world in which this process takes place. So again, the oboe player is completely autonomous and therefore happy and proud of his work, and creative and all of that. And the level in which Kleiber is in control is in a different level. So control is no longer a zero-sum game. You have this control. You have this control. And all you put together, in partnership, brings about the best music. So Kleiber is about process. Kleiber is about conditions in the world.
Kleiber non seulement crée un processus, mais il crée aussi les bonnes conditions dans le monde où ce processus se déroule. Et donc encore une fois, le joueur de hautbois est complètement autonome et par conséquent heureux, fier de son travail, créatif et tout ça. Le niveau de maîtrise de Kleiber est à un tout autre niveau. Et donc, la maîtrise n'est plus un jeu à somme nulle. Vous avez cette maîtrise. Vous avez cette maîtrise. Et tout ce que vous mettez ensemble, en partenariat, produit la meilleure des musiques. Et donc Kleiber pense processus. Kleiber pense conditions dans le monde.
But you need to have process and content to create the meaning. Lenny Bernstein, my own personal maestro. Since he was a great teacher, Lenny Bernstein always started from the meaning. Look at this, please.
Mais vous avez besoin d'un processus et de contenu pour créer le sens. Leonard Bernstein, mon maestro personnel, car il était un grand professeur, Bernstein partait toujours du sens. Regardez ceci s'il vous plaît.
(Music)
(Musique)
Do you remember the face of Muti, at the beginning? Well he had a wonderful expression, but only one. (Laughter) Did you see Lenny's face? You know why? Because the meaning of the music is pain. And you're playing a painful sound. And you look at Lenny and he's suffering. But not in a way that you want to stop. It's suffering, like, enjoying himself in a Jewish way, as they say. (Laughter) But you can see the music on his face. You can see the baton left his hand. No more baton. Now it's about you, the player, telling the story. Now it's a reversed thing. You're telling the story. And you're telling the story. And even briefly, you become the storyteller to which the community, the whole community, listens to. And Bernstein enables that. Isn't that wonderful?
Vous vous rappelez le visage de Muti, au début ? Eh bien il avait une expression merveilleuse, mais il n'en avait qu'une. (Rires) Avez-vous vu le visage de Leonard ? Vous savez pourquoi ? Parce que la musique exprime la douleur. Et vous jouez un son qui fait mal. Et vous regardez Leonard et il souffre. Mais pas d'une manière à laquelle vous voulez mettre fin. C'est une souffrance, une manière "juive" d'apprécier, comme on dit. (Rires) Mais vous lisez la musique sur son visage. Vous voyez que sa main a abandonné la baguette. Plus de baguette. Maintenant c'est vous, l'interprète, qui racontez l'histoire. Maintenant, c'est une situation inversée. Vous racontez l'histoire. Et vous racontez l'histoire. Et même brièvement vous devenez le raconteur que la communauté, toute la communauté, écoute. Et Bernstein crée les conditions pour ça. N'est-ce pas merveilleux ?
Now, if you are doing all the things we talked about, together, and maybe some others, you can get to this wonderful point of doing without doing. And for the last video, I think this is simply the best title. My friend Peter says, "If you love something, give it away." So, please.
Si vous faites toutes les choses dont on a parlé, ensemble, et peut-être quelques autres, vous pouvez atteindre ce point merveilleux où l'on fait sans faire. Et pour la dernière vidéo, je pense que c'est simplement le meilleur des titres. Mon ami Peter dit, "Si vous aimez quelque chose, donnez le." Et donc, s'il vous plaît ...
(Music)
(Musique)
(Applause)
(Applaudissements)