Thank you so much. It's really scary to be here among the smartest of the smart.
Merci beaucoup. C'est vraiment effrayant d'être ici face à des gens aussi intelligents.
(Laughter)
Je suis venue vous raconter quelques histoires de passion.
I'm here to tell you a few tales of passion. There's a Jewish saying that I love: What is truer than truth? Answer: the story.
Il y a un proverbe juif que j'adore: Qu'est ce qui est plus vrai que la vérité? Réponse: une histoire.
I'm a storyteller. I want to convey something that is truer than truth about our common humanity. All stories interest me, and some haunt me until I end up writing them. Certain themes keep coming up: justice, loyalty, violence, death, political and social issues, freedom. I'm aware of the mystery around us, so I write about coincidences, premonitions, emotions, dreams, the power of nature, magic.
Je suis une conteuse. Je veux vous transmettre quelque chose de plus vrai que la vérité qui parle de notre humanité commune. Toutes les histoires m'intéressent, certaines me hantent à tel point que je finis par les écrire. Certains thèmes sont récurrents: la justice, la loyauté, la violence, la mort, les sujets sociaux et politiques, la liberté. J'ai conscience des mystères qui nous entourent c'est pour cela que je parle de coïncidences, de prémonitions, d'émotions, de rêves, du pouvoir de la nature, de magie.
In the last 20 years, I have published a few books, but I have lived in anonymity until February of 2006, when I carried the Olympic flag in the Winter Olympics in Italy. That made me a celebrity.
Depuis 20 ans, j'ai écrit quelques livres mais je suis restée dans l'anonymat jusqu'en février 2006, date à laquelle j'ai porté le drapeau olympique pour les Jeux Olympiques en Italie. Ça m'a rendue célèbre. Maintenant les gens me reconnaissent chez Macy's
(Laughter)
Now people recognize me in Macy's, and my grandchildren think that I'm cool.
et mes petits-enfants pensent que je suis cool. (Rires)
(Laughter)
Permettez-moi de vous parler de mes quatre minutes de gloire.
Allow me to tell you about my four minutes of fame. One of the organizers of the Olympic ceremony, of the opening ceremony, called me and said that I had been selected to be one of the flag bearers. I replied that surely, this was a case of mistaken identity, because I'm as far as you can get from being an athlete. Actually, I wasn't even sure that I could go around the stadium without a walker.
Une organisatrice de la cérémonie des Jeux Olympiques... de la cérémonie d'ouverture m'a appelée pour me dire que j'avais été choisie pour être l'une des porte-drapeaux. Je lui ai répondue que c'était certainement une erreur parce que je suis tout sauf une athlète. En fait, je n'étais même pas sûre de pouvoir faire le tour du stade sans un déambulateur.
(Laughter)
(Rires)
I was told that this was no laughing matter. This would be the first time that only women would carry the Olympic flag. Five women, representing five continents, and three Olympic gold medal winners. My first question was, naturally: What was I going to wear?
On m'a répondue que que ce n'était pas une blague et que ce serait la première fois que le drapeau ne serait porté que par des femmes. Cinq femmes représentant cinq continents plus trois médaillées d'or olympiques. Evidemment, ma première question a été: que vais-je me mettre?
(Laughter)
(Rires)
"A uniform," she said, and asked for my measurements. My measurements. I had a vision of myself in a fluffy anorak, looking like the Michelin Man.
Un uniforme, a-t-elle répondu et elle m'a demandée mes mesures. Mes mesures... J'ai eu soudain une vision de moi-même, emmitouflée dans un anorak, déguisée en Bonhomme Michelin.
(Laughter)
(Rires)
By the middle of February, I found myself in Turin, where enthusiastic crowds cheered when any of the 80 Olympic teams was in the street. Those athletes had sacrificed everything to compete in the games. They all deserved to win, but there's the element of luck. A speck of snow, an inch of ice, the force of the wind can determine the result of a race or a game. However, what matters most, more than training or luck, is the heart. Only a fearless and determined heart will get the gold medal. It is all about passion. The streets of Turin were covered with red posters announcing the slogan of the Olympics: "Passion lives here." Isn't it always true?
Mi-février, je me suis retrouvée à Turin, où la foule hurlait dès que l'une des 80 équipes olympiques apparaissait au coin d'une rue. Ces athlètes avaient tout donné pour participer à ces Jeux. Ils méritaient tous de gagner. Mais le facteur chance intervient. La neige, la glace, la force du vent peuvent déterminer le résultat d'une course ou d'un match. Mais ce qui compte le plus... plus que l'entraînement ou la chance... c'est le coeur. Seul un coeur vaillant et déterminé remportera la médaille d'or. C'est la passion qui l'emporte. Les rues de Turin étaient couvertes d'affiches rouges reprenant le slogan des Jeux Olympiques. La passion vit ici. N'est ce pas toujours vrai? Le cœur est notre moteur, c'est lui qui scelle notre destin.
Heart is what drives us and determines our fate. That is what I need for my characters in my books: a passionate heart. I need mavericks, dissidents, adventurers, outsiders and rebels, who ask questions, bend the rules and take risks. People like all of you in this room. Nice people with common sense do not make interesting characters.
C'est ce dont j'ai besoin pour les personnages de mes livres: un coeur empli de passion. J'ai besoin de marginaux, de dissidents, d'aventuriers, de rebelles qui remettent en cause, contournent les lois, prennent des risques. Des gens comme vous tous ici présents. Les gens aimables et plein de bon sens ne font pas des personnages intéressants.
(Laughter)
(Rires)
They only make good former spouses.
Ils font juste de bons ex-maris
(Laughter)
(Rires)
(Applause)
(Applaudissements)
In the greenroom of the stadium, I met the other flag bearers: three athletes and the actresses Susan Sarandon and Sophia Loren. Also, two women with passionate hearts: Wangari Maathai, the Nobel Prize winner from Kenya who has planted 30 million trees, and by doing so, she has changed the soil, the weather, in some places in Africa, and of course, the economic conditions in many villages; and Somaly Mam, a Cambodian activist who fights passionately against child prostitution. When she was 14 years old, her grandfather sold her to a brothel. She told us of little girls raped by men who believe that having sex with a very young virgin will cure them from AIDS, and of brothels where children are forced to receive 15 clients per day, and if they rebel, they are tortured with electricity.
Dans la pièce verte du stade, j'ai rencontré les autres porte-drapeaux: trois athlètes et les actrices Susan Sarandon et Sophia Loren et aussi deux femmes au coeur passionné. Wangari Maathai, une Kenyane qui a remporté le Prix Nobel et a participé à la plantation de 30 millions d'arbres. Grâce à cela, elle a changé la structure des sols, le climat de certaines régions d'Afrique et bien sûr les conditions économiques de nombreux villages. Et Somaly Mam, une militante cambodgienne qui lutte de toute ses forces contre la prostitution des enfants. A 14 ans, son grand-père l'a vendue dans un bordel. Elle nous a parlées de ces petites filles violées par des hommes qui croient que faire l'amour avec une très jeune vierge les guérira du SIDA et de ces bordels où des enfants sont forcés de coucher avec cinq, dix ou quinze clients par jour et s'ils se rebellent, on les torture à l'électricité.
In the greenroom, I received my uniform. It was not the kind of outfit that I normally wear, but it was far from the Michelin Man suit that I had anticipated. Not bad, really. I looked like a refrigerator.
Dans cette pièce verte, j'ai reçu mon uniforme, pas le genre de vêtements que je porte habituellement mais c'était loin du Bonhomme Michelin que j'avais imaginé. Pas mal du tout en fait. Je ressemblais à un réfrigérateur.
(Laughter)
(Rires)
But so did most of the flag bearers, except Sophia Loren, the universal symbol of beauty and passion. Sophia is over 70 and she looks great. She's sexy, slim and tall, with a deep tan. Now, how can you have a deep tan and have no wrinkles? I don't know. When asked in a TV interview how could she look so good, she replied, "Posture."
Mais c'était le cas de la plupart des porte-drapeaux, à part Sophia Loren, symbole universel de beauté et de passion. Sophia a plus de 70 ans et elle est magnifique. Sexy, grande, mince, très bronzée. Comment peut-on être aussi bronzée et ne pas avoir la moindre ride? Je n'en sais rien. Lorsqu'on lui a demandé à la télévision, "Comment pouvez-vous être aussi belle?" elle a répondu, "la posture. Mon dos est toujours droit
(Laughter)
"My back is always straight, and I don't make old people's noises."
et je ne fais pas ces bruits que font les vieux."
(Laughter)
(Rires)
So there you have some free advice from one of the most beautiful women on earth: no grunting, no coughing, no wheezing, no talking to yourselves, no farting.
Voilà un tuyau pour vous tous de l'une des plus belles femmes du monde. On ne grogne pas, on ne tousse pas, on ne siffle pas en respirant, on ne parle pas tout seul et on ne pète pas.
(Laughter)
(Rires)
Well, she didn't say that, exactly.
Bon, elle n'a pas tout à fait dit ça.
(Laughter)
(Rires)
At some point around midnight, we were summoned to the wings of the stadium, and the loudspeakers announced the Olympic flag, and the music started -- by the way, the same music that starts here, the "Aida" march. Sophia Loren was right in front of me. She's a foot taller than I am, not counting the poofy hair.
A un moment, autour de minuit, on nous a réunies dans les couloirs d'accès au stade, les haut-parleurs ont accueilli la levée du drapeau olympique et la musique a commencé la même musique qu'ici d'ailleurs la Marche d'Aida. Sophia Loren était juste devant moi, elle fait bien trente centimètres de plus que moi sans compter la choucroute.
(Laughter)
(Rires)
She walked elegantly, like a giraffe on the African savanna, holding the flag on her shoulder. I jogged behind --
Elle se déplaçait avec grâce, telle une girafe dans la savane africaine, portant le drapeau sur son épaule et moi trottinant derrière... (Rires)
(Laughter)
... sur la pointe des pieds, tenant le drapeau à bout de bras.
on my tiptoes, holding the flag on my extended arm, so that my head was actually under the damn flag.
Du coup, ma tête était juste sous ce satané drapeau. (Rires)
(Laughter)
Les caméras n'en avaient que pour Sophia évidemment,
All the cameras were, of course, on Sophia. That was fortunate for me, because in most press photos, I appear too -- although, often between Sophia's legs --
une chance pour moi parce que sur la plupart des photos de presse on me voit aussi mais entre les jambes de Sophia. (Rires)
(Laughter)
Un endroit où beaucoup d'hommes aimeraient être.
a place where most men would love to be.
(Rires)
(Laughter)
(Applaudissements)
(Applause)
Les quatre plus belles minutes de ma vie
The best four minutes of my entire life were those in the Olympic stadium. My husband is offended when I say this, although I have explained to him that what we do in private usually takes less than four minutes --
se sont déroulées dans ce stade olympique. Mon mari est vexé quand je dis ça. Il faut que je lui explique que nos affaires privées prennent généralement moins de quatre minutes...
(Laughter)
(Rires)
so he shouldn't take it personally.
...et qu'il ne fallait donc pas qu'il le prenne pour lui.
(Laughter)
J'ai encore toutes les coupures de presse de ces quatre magnifiques minutes,
I have all the press clippings of those four magnificent minutes because I don't want to forget them when old age destroys my brain cells. I want to carry in my heart forever the key word of the Olympics: passion.
je ne veux pas les avoir oubliées quand l'âge aura fait son oeuvre. Pour toujours, je veux garder dans mon coeur l'expression "passion" olympique. Alors voici un conte de la passion:
So here's a tale of passion. The year is 1998, the place is a prison camp for Tutsi refugees in Congo. By the way, 80 percent of all refugees and displaced people in the world are women and girls. We can call this place in Congo a death camp, because those who are not killed will die of disease or starvation. The protagonists of this story are a young woman, Rose Mapendo, and her children. She's pregnant and a widow. Soldiers had forced her to watch as her husband was tortured and killed. Somehow she manages to keep her seven children alive, and a few months later, she gives birth to premature twins, two tiny little boys. She cuts the umbilical cord with a stick and ties it with her own hair. She names the twins after the camp's commanders to gain their favor, and feeds them with black tea because her milk cannot sustain them. When the soldiers burst in her cell to rape her oldest daughter, she grabs hold of her and refuses to let go, even when they hold a gun to her head. Somehow, the family survives for 16 months, and then, by extraordinary luck and the passionate heart of a young American man, Sasha Chanoff, who manages to put her in a US rescue plane, Rose Mapendo and her nine children end up in Phoenix, Arizona, where they're now living and thriving.
Nous sommes en 1998 dans un camp de réfugiés Tutsi au Congo. Au passage, 80% des réfugiés et des populations déplacées dans le monde sont des femmes et des jeunes filles. Cet endroit du Congo, on peut l'appeler un camp de la mort parce que ceux qui n'y sont pas tués, meurent de maladie ou de faim. Les protagonistes de cette histoire sont une jeune femme, Rose Mapendo et ses enfants. Elle est veuve et enceinte. Les soldats l'ont forcée à regarder son mari se faire torturer et être assassiné. Elle est parvenue à sauver ses sept enfants et quelques mois plus tard, elle a mis au monde deux jumeaux prématurés. Deux petits garçons. Elle coupe le cordon ombilical avec un bâton et le noue avec ses propres cheveux. Elle donne le nom des deux chefs du camp à ses jumeaux pour gagner leur estime et elle les nourrit avec du thé noir parce que son lait ne suffit pas. Quand les soldats sont entrés dans la cellule pour violer sa fille aînée, elle s'est accrochée à elle et a refusé de les laisser faire malgré le revolver qu'ils tenaient contre sa tempe. Finalement, la famille a survécu pendant 16 mois par une chance extraordinaire et grâce au courage d'un jeune homme américain, Sasha Chanoff, qui est parvenu à les mettre dans l'avion d'une organisation humanitaire. Rose Mapendo et ses neuf enfants se sont retrouvés à Phoenix dans l'Arizona où ils vivent aujourd'hui et ils vont bien.
"Mapendo," in Swahili, means "great love." The protagonists of my books are strong and passionate women like Rose Mapendo. I don't make them up; there's no need for that. I look around, and I see them everywhere. I have worked with women and for women all my life. I know them well. I was born in ancient times, at the end of the world, in a patriarchal Catholic and conservative family. No wonder that by age five, I was a raging feminist -- although the term had not reached Chile yet, so nobody knew what the heck was wrong with me.
En Swahili, Mapendo signifie "grand amour". Dans mes livres, les femmes sont fortes et passionnées comme Rose Mapendo. Je ne les invente pas. Ce n'est pas nécessaire. Je regarde autour de moi, elles sont là. Toute ma vie, j'ai travaillé pour et avec les femmes. Je les connais bien. Je suis née à une autre époque, au bout du monde, dans une famille patriarcale, catholique et conservatrice. Pas étonnant qu'à cinq ans, j'étais déjà une féministe convaincue... bien que le terme n'existait pas au Chili à cette époque alors tout le monde se demandait ce qui pouvait bien ne pas aller chez moi.
(Laughter)
(Rires)
I would soon find out that there was a high price to pay for my freedom and for questioning the patriarchy. But I was happy to pay it, because for every blow that I received, I was able to deliver two.
J'ai vite compris que le prix à payer pour ma liberté et la remise en cause du patriarcat, serait élevé. Mais je ne regrette rien. Pour chaque coup reçu, j'ai été capable d'en rendre deux. (Rires)
(Laughter)
Once, when my daughter Paula was in her twenties, she said to me that feminism was dated, that I should move on. We had a memorable fight. Feminism is dated? Yes, for privileged women like my daughter and all of us here today, but not for most of our sisters in the rest of the world, who are still forced into premature marriage, prostitution, forced labor. They have children that they don't want or they cannot feed. They have no control over their bodies or their lives. They have no education and no freedom. They are raped, beaten up and sometimes killed with impunity. For most Western young women of today, being called a "feminist" is an insult. Feminism has never been sexy, but let me assure you that it never stopped me from flirting, and I have seldom suffered from lack of men.
Un jour, ma fille Paula, qui devait avoir un peu plus de 20 ans m'a dit que le féminisme était dépassé, que je devais passer à autre chose. On a eu une dispute mémorable. Le féminisme est dépassé? Oui pour les femmes privilégiées comme ma fille et nous tous ici mais pas pour la plupart de nos soeurs dans le monde livrées au mariage quand elles sont encore de jeunes filles, à la prostitution, au travail forcé... accouchant d'enfants qu'elles ne désirent pas ou ne peuvent pas nourrir. Elle n'ont aucun droit sur leurs corps et sur leurs vies. Pas d'éducation, pas de liberté. On les viole, on les bat, on les tue parfois en toute impunité. Pour la plupart des jeunes filles occidentales d'aujourd'hui être qualifiée de féministe est une insulte. Le féminisme n'a jamais été sexy mais soyez-en certains ça ne m'a jamais empêchée de flirter et d'avoir des hommes autour de moi.
(Laughter)
(Rires)
Feminism is not dead, by no means. It has evolved. If you don't like the term, change it, for Goddess' sake. Call it "Aphrodite" or "Venus" or "bimbo" or whatever you want. The name doesn't matter, as long as we understand what it is about, and we support it.
Le féminisme n'est pas mort, en aucune manière. Il a évolué. Et si vous n'aimez pas ce mot changez-le, pour l'amour de Dieu, ou de sa Femme! Appelez-le Aphrodite, Vénus, bimbo ou ce que vous voulez, le nom n'a aucune importance tant que nous savons de quoi il s'agit et que nous y croyons. Voici un autre conte de la passion, une histoire très triste.
So here's another tale of passion, and this is a sad one. The place is a small women's clinic in a village in Bangladesh. The year is 2005. Jenny is a young American dental hygienist who has gone to the clinic as a volunteer during her three-week vacation. She's prepared to clean teeth, but when she gets there, she finds out that there are no doctors, no dentists, and the clinic is just a hut full of flies. Outside, there is a line of women who have waited several hours to be treated. The first patient is in excruciating pain because she has several rotten molars. Jenny realizes that the only solution is to pull out the bad teeth. She's not licensed for that; she has never done it. She risks a lot and she's terrified. She doesn't even have the proper instruments, but fortunately, she has brought some novocaine. Jenny has a brave and passionate heart. She murmurs a prayer and she goes ahead with the operation. At the end, the relieved patient kisses her hands. That day the hygienist pulls out many more teeth.
Il se déroule dans une clinique pour femmes dans un village du Bangladesh. Nous sommes en 2005. Jenny est une jeune hygiéniste dentaire qui fait du volontariat pendant ses trois semaines de vacances. Elle s'est préparée à soigner des dents et quand elle arrive, elle réalise qu'il n'y a aucun médecin présent, aucun dentiste et la clinique est une cabane infestée de mouches. Dehors, il y a une longue file d'attente composée de femmes qui attendent là depuis plusieurs heures pour se faire soigner. La première patiente souffre de douleurs atroces à cause de plusieurs molaires cariées. Jenny décide que la seule solution est d'extraire ces dents. Elle n'est pas formée pour ça, elle ne l'a jamais fait. C'est un grand risque et elle est terrifiée. Elle n'a même pas le matériel nécessaire. Heureusement elle a emporté de la novocaïne. Jenny est courageuse et passionnée. Elle murmure une prière et se lance dans l'extraction. A la fin, la patiente soulagée lui embrasse les mains. Ce jour-là, notre hygiéniste a arraché de nombreuses dents.
The next morning, when she comes again to the so-called clinic, her first patient is waiting for her with her husband. The woman's face looks like a watermelon. It is so swollen that you can't even see the eyes. The husband, furious, threatens to kill the American. Jenny is horrified at what she has done. But then, the translator explains that the patient's condition has nothing to do with the operation. The day before, her husband beat her up because she was not home in time to prepare dinner for him.
Le lendemain, quand elle arrive à la soi-disant clinique, la même patiente l'attend avec son mari. Le visage de la femme ressemble à une pastèque, si gonflé qu'on ne voit même plus ses yeux. Le mari est furieux, il menace de tuer les Américains. Jenny est mortifiée en voyant ce qu'elle a provoqué puis le traducteur explique que l'état de la patiente n'a rien à voir avec l'opération. La veille, son mari l'a battue parce qu'elle n'était pas à la maison à temps pour préparer son dîner
Millions of women live like this today. They are the poorest of the poor. Although women do two-thirds of the world's labor, they own less than one percent of the world's assets. They are paid less than men for the same work, if they're paid at all, and they remain vulnerable because they have no economic independence, and they are constantly threatened by exploitation, violence and abuse. It is a fact that giving women education, work, the ability to control their own income, inherit and own property benefits the society. If a woman is empowered, her children and her family will be better off. If families prosper, the village prospers, and eventually, so does the whole country.
Des millions de femmes vivent ça. Elles sont parmi les plus pauvres. Les femmes produisent les deux-tiers du travail dans le monde et possèdent moins d'1% des actifs mondiaux. Elles sont moins bien payées que les hommes, à travail égal, - quand elles sont payées - et elles sont vulnérables à cause de leur dépendance économique. Elles sont constamment menacées par l'exploitation, la violence et les abus. Il est évident qu'en donnant aux femmes l'accès à l'éducation, au travail, au contrôle de leurs revenus, à l'héritage et à la propriété est une avancée sociétale. Si une femme a plus de droits, ses enfants et sa famille n'en vivront que mieux. Si les familles prospèrent, les villages prospèrent et c'est tout un pays qui finit par avancer.
Wangari Maathai goes to a village in Kenya. She talks with the women and explains that the land is barren because they have cut and sold the trees. She gets the women to plant new trees and water them, drop by drop. In a matter of five or six years, they have a forest, the soil is enriched, and the village is saved.
Wangari Maathai se rend dans un village du Kenya. Elle parle aux femmes et leur explique que la terre est stérile parce que tous les arbres ont été coupés et vendus. Elle montre aux femmes comment planter et arroser les arbres, pied à pied. En cinq ou six ans, il y a une forêt, le sol s'est enrichi et le village est sauvé.
The poorest and most backward societies are always those that put women down. Yet this obvious truth is ignored by governments and also by philanthropy. For every dollar given to a women's program, 20 dollars are given to men's programs. Women are 51 percent of humankind. Empowering them will change everything, more than technology and design and entertainment. I can promise you that women working together -- linked, informed and educated -- can bring peace and prosperity to this forsaken planet. In any war today, most of the casualties are civilians, mainly women and children. They are collateral damage. Men run the world, and look at the mess we have. What kind of world do we want? This is a fundamental question that most of us are asking. Does it make sense to participate in the existing world order? We want a world where life is preserved and the quality of life is enriched for everybody, not only for the privileged.
Les sociétés les plus pauvres et les plus arriérées sont celles qui rabaissent le plus les femmes. Et pourtant cette criante vérité est ignorée des gouvernements et des philanthropes. Lorsque 1 dollar est donné aux programmes d'aide pour les femmes, 20 dollars sont donnés pour les programmes destinés aux hommes. Les femmes représentent 51% de la population mondiale. Les aider changera tout... bien plus que la technologie, le design ou les loisirs. Je peux vous assurer que des femmes travaillant ensemble, des femmes intégrées, informées et éduquées peuvent apporter la paix et la prospérité sur cette planète en péril. Dans la plupart des guerres actuelles, l'essentiel des victimes sont des civils surtout des femmes et des enfants. Ce sont eux les dommages collatéraux. Les hommes dirigent le monde et regardez ce que ça donne. Quel monde voulons-nous? C'est une question essentielle que la plupart d'entre nous posons. Y a-t-il un sens à notre participation à ce monde? Nous voulons un monde dans lequel la vie est préservée et où la qualité de vie est meilleure pour chacun pas seulement pour quelques privilégiés.
In January, I saw an exhibit of Fernando Botero's paintings at the UC Berkeley library. No museum or gallery in the United States, except for the New York gallery that carries Botero's work, has dared to show the paintings, because the theme is the Abu Ghraib prison. They are huge paintings of torture and abuse of power, in the voluminous Botero style. I have not been able to get those images out of my mind or my heart.
En janvier, j'ai vu une exposition de peintures de Fernando Botero à la bibliothèque de Berkeley. Il n'y a pas de musées ou de galeries aux Etats-Unis sinon à New York dans la galerie qui expose le travail de Botero et qui a osé exposer des peintures dont le thème est la prison d'Abu Ghraib. Ce sont de grandes oeuvres montrant la torture et l'abus de pouvoir dans le style tout en volumes de Botero. Je n'ai pas pu évacuer ces images de mon esprit et de mon coeur.
What I fear most is power with impunity. I fear abuse of power, and the power to abuse. In our species, the alpha males define reality, and force the rest of the pack to accept that reality and follow the rules. The rules change all the time, but they always benefit them, and in this case, the trickle-down effect, which does not work in economics, works perfectly. Abuse trickles down from the top of the ladder to the bottom. Women and children, especially the poor, are at the bottom. Even the most destitute of men have someone they can abuse -- a woman or a child. I'm fed up with the power that a few exert over the many through gender, income, race and class.
Ce qui m'effraie le plus, c'est le pouvoir marié à l'impunité, j'ai peur de l'abus de pouvoir et du pouvoir des abus. Dans notre espèce, les mâles alpha définissent les réalités et forcent les autres à accepter cette réalité et à suivre les règles. Les règles changent perpétuellement mais restent à leur profit. Ici il s'agit de l'effet de ruissellement qui sans avoir aucune efficacité économique, fonctionne parfaitement. Ce sont les abus de l'effet de ruissellement allant du haut de l'échelle vers le bas. Les femmes et les enfants, surtout les pauvres, sont en bas. Même les hommes les plus démunis trouvent quelqu'un dont ils peuvent abuser, une femme ou un enfant. J'en ai assez du pouvoir exercé par quelques-uns sur beaucoup d'autres pour des questions de genre, de revenus, de races et de classes sociales.
I think that the time is ripe to make fundamental changes in our civilization. But for real change, we need feminine energy in the management of the world. We need a critical number of women in positions of power, and we need to nurture the feminine energy in men. I'm talking about men with young minds, of course. Old guys are hopeless; we have to wait for them to die off.
Je crois que le moment est venu d'apporter de profondes réformes à notre civilisation. Mais pour réaliser de vrais changements, nous avons besoin des femmes pour gérer le monde. Il faut qu'un nombre suffisant de femmes occupent des postes-clés et nous devons mettre en valeur la part féminine de chaque homme. Je parle d'hommes jeunes d'esprit évidemment. Les vieux sont sans espoir, il faut juste attendre qu'ils meurent.
(Laughter)
(Rires)
Yes, I would love to have Sophia Loren's long legs and legendary breasts. But given a choice, I would rather have the warrior hearts of Wangari Maathai, Somaly Mam, Jenny, and Rose Mapendo. I want to make this world good. Not better -- but to make it good. Why not? It is possible. Look around in this room -- all this knowledge, energy, talent and technology. Let's get off our fannies, roll up our sleeves and get to work, passionately, in creating an almost-perfect world.
Oui, j'aimerais avoir les longues jambes de Sophia Loren et sa poitrine de légende. Mais si j'avais le choix, je prendrais plutôt le coeur vaillant de Wangari Maathai, de Somaly Mam, de Jenny et de Rose Mapendo. Je veux que ce monde devienne juste. Pas meilleur mais juste. Et pourquoi ne serait-ce pas possible? Regardez autour de vous... toute cette connaissance, cette énergie, ce talent, cette technologie. Bougeons-nous les fesses, remontons nos manches et mettons nous au travail avec passion pour créer un monde presque parfait.
Thank you.
Merci.
(Applause and cheers)