Hi there. I'm Hasan. I'm an artist. And usually when I tell people I'm an artist, they just look at me and say, "Do you paint?" or "What kind of medium do you work in?" Well most of my work that I work with is really a little bit about methodologies of working rather than actually a specific discipline or a specific technique. So what I'm really interested in is creative problem solving. And I had a little bit of a problem a few years ago. So let me show you a little of that.
Bonjour. Je m'appelle Hasan, je suis artiste. Et normalement, quand je dis que je suis artiste, les gens me regardent et demandent : « Vous peignez? » ou : « Sur quel type de support travaillez-vous? » La plupart des œuvres sur lesquelles je travaille relèvent plutôt des méthodes de travail que d'une discipline spécifique en fait ou à une technique spécifique. Ce qui m’intéresse vraiment, c'est de trouver des solutions créatives aux problèmes. J’ai eu un petit problème il y a quelques années. Je vais vous montrer.
So it started over here. And this is the Detroit airport in June 19th of 2002. I was flying back to the U.S. from an exhibition overseas. And as I was coming back, well I was taken by the FBI, met by an FBI agent, and went into a little room and he asked me all sorts of questions -- "Where were you? What were you doing? Who were you talking with? Why were you there? Who pays for your trips?" -- all these little details. And then literally just out of nowhere, the guy asks me, "Where were you September 12th?" And when most of us get asked, "Where were you September 12th?" or any date for that fact, it's like, "I don't exactly remember, but I can look it up for you."
Tout a commencé ici. C’est l’aéroport de Detroit, le 19 Juin 2002. Je rentrais aux États-Unis d’une exposition à l'étranger. Et en rentrant, le FBI m’a arrêté, un agent du FBI m’a rencontré, je suis entré dans une petite pièce, où il m’a posé toutes sortes de questions : « Où étiez-vous? Que faisiez-vous? Avec qui avez-vous parlé? Pourquoi étiez-vous là-bas? Qui paye vos déplacements? », tous ces petits détails. Et soudain, littéralement sans raison apparente, le type me demande : « Où étiez-vous le 12 septembre? » Lorsqu'on demande à la plupart d'entre nous : « Où étiez-vous le 12 septembre? » ou à n’importe quelle date, en fait, on répond : « Je ne m'en souviens pas exactement, mais je peux le vérifier pour vous. »
So I pulled out my little PDA, and I said, "Okay, let's look up my appointments for September 12th." I had September 12th -- from 10:00 a.m. to 10:30 a.m., I paid my storage bill. From 10:30 a.m. to 12:00 p.m., I met with Judith who was one of my graduate students at the time. From 12:00 p.m. to 3:00 p.m., I taught my intro class, 3:00 p.m. to 6:00 p.m., I taught my advanced class. "Where were you the 11th?" "Where were you the 10th?" "Where were you the 29th? the 30th?" "Where were you October 5th?" We read about six months of my calendar. And I don't think he was expecting me to have such detailed records of what I did. But good thing I did, because I don't look good in orange.
J'ai donc sorti mon petit assistant personnel, et j'ai dit : « OK, jetons un coup d’œil à mes rendez-vous du 12 septembre. » Le 12 septembre, de 10 h à 10 h 30, j’ai payé la facture du garde-meuble. De 10 h 30 à 12 h, j’ai vu Judith, qui était une de mes étudiantes à l’époque. De 12 h à 15 h, j'ai donné mon cours pour débutants, 15 h à 18 h, j'ai donné mon cours pour confirmés. « Où étiez-vous le 11? », « Où étiez-vous le 10? » « Où étiez-vous le 29? Le 30? » « Où étiez-vous le 5 octobre? » Nous avons parcouru six mois de mon agenda. Et je ne crois pas qu’il s’attendait à voir un compte-rendu si détaillé de ce que j’avais fait. Mais heureusement que je l’avais fait, parce que l’orange ne me va pas du tout.
(Laughter)
(Rires)
So he asked me -- (Applause) "So this storage unit that you paid the rent on, what did you have in it?" This was in Tampa, Florida, so I was like, "Winter clothes that I have no use for in Florida. Furniture that I can't fit in my ratty apartment. Just assorted garage sale junk, because I'm a pack rat." And he looks at me really confused and says, "No explosives?" (Laughter) I was like, "No, no. I'm pretty certain there were no explosives. And if there were, I would have remembered that one." And he's still a little confused, but I think that anyone who talks to me for more than a couple of minutes realizes I'm not exactly a terrorist threat. And so we're sitting there, and eventually after about an hour, hour and a half of just going back and forth, he says, "Okay, I have enough information here. I'm going to pass this onto the Tampa office. They're the ones who initiated this. They'll follow up with you, and we'll take care of it." I was like, "Great."
Il m’a donc demandé : (Applaudissements) « Donc, ce garde-meuble dont vous avez payé la facture, qu’est ce que vous y gardiez? » C’était à Tampa en Floride, et donc, moi : « Les vêtements d’hiver dont je ne me sers pas en Floride. Des meubles qui ne rentrent pas dans mon appartement miteux. Toutes sortes de bric-à-brac de vide-grenier, parce que j’aime accumuler. » Et il me regarde très confus, et dit : « Pas d’explosifs? » (Rires) Et moi : « Non, non. Je suis à peu près certain qu’il n’y avait pas d’explosifs. Et s’il y en avait eu, je m'en serais souvenu. » Et il est encore un peu hésitant, mais je crois que quiconque discute avec moi pendant plus de deux minutes se rend compte que je ne suis pas exactement une menace terroriste. Nous étions donc assis là, et finalement, après environ une heure, une heure et demie d'échanges, il me dit : « D’accord, j’ai assez d’informations. Je transmettrai tout ça au bureau de Tampa. Ce sont eux qui ont lancé ça. Ils vous recontacteront, et nous nous en occuperons. » J'ai pensé : « Parfait. »
So I got home and the phone rings, and a man introduced himself. Basically this is the FBI offices in Tampa where I spent six months of my life -- back and forth, not six months continuously. By the way, you folks know that in the United States, you can't take photographs of federal buildings, but Google can do it for you. So to the folks from Google, thank you. (Applause) So I spent a lot of time in this building. Questions like: "Have you ever witnessed or participated in any act that may be detrimental to the United States or a foreign nation?" And you also have to consider the state of mind you're in when you're doing this. You're basically face-to-face with someone that essentially decides life or death. Or questions such as -- actually, during the polygraph, which was how it finally ended after nine consecutive of them --
Je rentre donc à la maison et le téléphone sonne, et un homme se présente. En gros, c’est le bureau du FBI de Tampa où j’ai passé 6 mois de ma vie, à aller et venir, pas 6 mois consécutifs. Au fait, vous saviez qu’aux États-Unis, vous ne pouvez pas prendre en photo les bâtiments fédéraux, mais que Google peut le faire pour vous? Donc merci aux gars de Google. (Applaudissements) J’ai passé beaucoup de temps dans ce bâtiment. Des questions comme : « Avez-vous été témoin, ou avez-vous participé à tout acte qui puisse nuire aux États-Unis, ou à une nation étrangère? » Et il faut aussi tenir compte de l’état d’esprit dans lequel vous êtes quand vous êtes dans cette situation. Vous êtes concrètement face à face avec quelqu’un qui, au fond, a le pouvoir de vie ou de mort sur vous. Ou des questions comme, en fait, pendant la séance sous détecteur de mensonge, auquel on a fini par aboutir après neuf sessions consécutives,
one of the polygraph questions was ... well the first one was, "Is your name Hasan?" "Yes." "Are we in Florida?" "Yes." "Is today Tuesday?" "Yes." Because you have to base it on a yes or no. Then, of course, the next question is: "Do you belong to any groups that wish to harm the United States?" I work at a university. (Laughter) So I was like, "Maybe you want to ask some of my colleagues that directly." But they said, "Okay, aside from what we had discussed, do you belong to any groups that wish to harm the United States?" I was like, "No."
une des questions du détecteur de mensonge était… La première était : « Votre nom est bien Hasan ? » - « Oui ». « Sommes-nous en Floride? » - « Oui ». « Sommes-nous mardi? » - « Oui ». Parce que tout est basé sur des oui et des non. Ensuite, bien sûr, la question suivante est : « Appartenez-vous à un groupe qui souhaite nuire aux États-Unis? » Je travaille dans une université. (Rires) Je réponds : « Vous devriez peut-être demander directement à certains de mes collègues. » Mais ils m'ont dit : « D’accord, mais mis à part ça, appartenez-vous à un groupe qui souhaite nuire aux États-Unis? » Et moi : « Non. »
So at the end of six months of this and nine consecutive polygraphs, they said, "Hey, everything's fine." I was like, "I know. That's what I've been trying to tell you guys all along. I know everything's fine." So they're looking at me really odd. And it's like, "Guys, I travel a lot." This is with the FBI. And I was like, "All we need is Alaska not to get the last memo, and here we go all over again." And there was a sincere concern there. And he was like, "You know, if you get into trouble, give us a call -- we'll take care of it."
Après six mois de ce manège, et neuf séances consécutives sous détecteur de mensonge, ils m'ont dit : « Bon, tout va bien. » Et moi : « Je sais. C’est que j’ai essayé de vous dire depuis le début, les gars. Je le sais, que tout va bien. » Et ils me regardent très bizarrement. Alors je dis : « Les gars, je voyage beaucoup. » Là, c’est avec le FBI. Et moi : « Il ne manquerait plus que l'Alaska ne reçoive pas le dernier mémo, et on recommencerait tout à zéro. » Ils s’inquiétaient sincèrement pour moi. Et lui : « Bon, si vous avez des problèmes, appelez-nous, nous nous en occuperons. »
So ever since then, before I would go anywhere, I would call the FBI. I would tell them, "Hey guys, this is where I'm going. This is my flight. Northwest flight seven coming into Seattle on March 12th" or whatever. A couple weeks later, I'd call again, let them know. It wasn't that I had to, but I chose to. Just wanted to say, "Hey guys. Don't want to make it look like I'm making any sudden moves." (Laughter) "I don't want you guys to think that I'm about to flee. Just letting you know. Heads up." And so I just kept doing this over and over and over. And then the phone calls turned into emails, and the emails got longer and longer and longer ... with pictures, with travel tips. Then I'd make websites. And then I built this over here. Let me go back to it over here.
Et donc, depuis ce jour, avant d’aller où que ce soit, j'appelle le FBI. Je leur dis : « Les gars, je vais là. Voici mon vol. Vol Northwest Airlines 7 arrivant à Seattle le 12 mars. », ou quelque chose dans ce genre. Deux semaines après, j’appelle à nouveau, pour les tenir informés. Je n’y étais pas obligé, mais j'ai choisi de le faire. Je voulais juste dire : « Hé, les gars, Je ne veux pas que vous ayez l'impression que je vais faire un mouvement brusque. » (Rires) « Je ne veux pas que vous croyiez que je m'apprête à fuir. Juste pour vous mettre au courant. À bon entendeur... » Et j’ai continué à faire ça encore et encore et encore. Ensuite, les appels téléphoniques se sont transformés en emails, et les emails sont devenus de plus en plus longs… Avec des photos, avec des conseils sur les voyages. Ensuite j’ai fait des sites web. Ensuite j’ai créé ça. Revenons là-dessus.
So I actually designed this back in 2003. So this kind of tracks me at any given moment. I wrote some code for my mobile phone. Basically, what I decided is okay guys, you want to watch me, that's cool. But I'll watch myself. It's okay. You don't have to waste your energy or your resources. And I'll help you out. So in the process, I start thinking, well what else might they know about me? Well they probably have all my flight records, so I decided to put all my flight records from birth online. So you can see, Delta 1252 going from Kansas City to Atlanta. And then you see, these are some of the meals that I've been fed on the planes. This was on Delta 719 going from JFK to San Francisco. See that? They won't let me on a plane with that, but they'll give it to me on the plane. (Laughter) These are the airports that I hang out in, because I like airports. That's Kennedy airport, May 19th, Tuesday. This is in Warsaw. Singapore. You can see, they're kind of empty.
J’ai créé ceci en 2003 en fait. Ça indique ma position à tout moment. J’ai écrit un code pour mon téléphone cellulaire. En fait, ce que j’ai décidé c’est, d’accord les gars, vous voulez me surveiller, très bien. Mais c’est moi qui me surveille. C’est bien comme ça. Inutile de dépenser votre énergie ou vos moyens. Je vous donnerai un coup de main. Au fur et à mesure, je commence à me dire : qu’est-ce qu’ils pourraient bien savoir d’autre sur moi? Ils ont probablement un dossier sur mes trajets en avion, j’ai donc décidé de mettre en ligne la liste de tous mes vols depuis ma naissance. Vous voyez, Delta 1252 allant de Kansas City à Atlanta. Ensuite vous voyez, ce sont quelques-uns des repas auxquels j’ai eu droit en avion. Celui-ci était sur le Delta 719 allant de JFK à San-Francisco. Vous voyez ça? On ne me laisserait pas monter dans un avion avec ça, mais on me le donne une fois à bord. (Rires) Voici les aéroports que je fréquente, parce que j’aime les aéroports. Voici l’aéroport Kennedy, le 19 mai, mardi. Ça, c'est à Varsovie. Singapour. Vous voyez, ils sont presque vides.
These images are shot really anonymously to the point where it could be anyone. But if you can cross-reference this with the other data, then you're basically replaying the roll of the FBI agent and putting it all together. And when you're in a situation where you have to justify every moment of your existence, you're put in the situation where you react in a very different manner. At the time that this was going on, the last thing on my mind was "art project." I was certainly not thinking, hey, I got new work here. But after going through this, after realizing, well what just happened? And after piecing together this, this and this, this way of actually trying to figure out what happened for myself eventually evolved into this, and it actually became this project.
Ces photos sont vraiment prises de façon anonyme au point qu’elles pourraient être prises par n’importe qui. Mais si vous les croisez avec les autres données, alors vous êtes en train de rejouer le rôle de l’agent du FBI en remettant tout dans l'ordre. Et quand vous êtes dans une situation où vous devez justifier de chaque moment de votre existence, vous êtes mis dans une situation où vous réagissez de manière très différente. Pendant toute cette période, j'étais loin de penser à un projet artistique. Je ne pensais pas du tout : « hé, j’ai un nouveau projet, là. » Mais après avoir vécu tout ça, après m’être rendu compte de ce qui s'était passé, et après avoir assemblé les morceaux du puzzle, cette manière d'essayer de donner du sens à ce qui m'arrivait a finalement évolué, et est finalement devenu ce projet.
So these are the stores that I shop in -- some of them -- because they need to know. This is me buying some duck flavored paste at the Ranch 99 in Daly City on Sunday, November 15th. At Coreana Supermarket buying my kimchi because I like kimchi. And I bought some crabs too right around there, and some chitlins at the Safeway in Emoryville. And laundry too. Laundry detergent at West Oakland -- East Oakland, sorry. And then my pickled jellyfish at the Hong Kong Supermarket on Route 18 in East Brunswick. Now if you go to my bank records, it'll actually show something from there, so you know that, on May 9th, that I bought $14.79 in fuel from Safeway Vallejo.
Et donc voici les magasins où je fais mes courses - certains d’entre eux - parce qu’il faut qu’ils le sachent. Me voici en train d’acheter de la mousse de canard au Ranch 99, à Daly City, le dimanche 15 novembre. Au supermarché Coreana, j’achète du kimchi, parce que j’adore le kimchi. Et j’ai aussi acheté du crabe dans le coin, et des tripes, au Safeway, à Emoryville. Et de la lessive aussi. De la lessive à West Oakland. East Oakland, désolé. Et ensuite, mes méduses marinées au supermarché Hong Kong, sur la Route 18, dans East Brunswick. Si vous vérifiez mes relevés bancaires, ils vous montreront effectivement que quelque chose s'est passé là, vous savez donc que le 9 mai j’ai fait 14,79 $ d’essence au Safeway de Vallejo.
So not only that I'm giving this information here and there, but now there's a third party, an independent third party, my bank, that's verifying that, yes indeed, I was there at this time. So there's points, and these points are actually being cross-referenced. And there's a verification taking place. Sometimes they're really small purchases. So 34 cents foreign transaction fee. All of these are extracted directly from my bank accounts, and everything pops up right away.
Je ne donne donc pas seulement des informations éparses, il y a maintenant un tiers, un tiers indépendant, ma banque, qui vérifie que oui, j’étais bien là-bas à ce moment. Il y a donc des points, et ces points sont référencés de façon croisée. Une vérification a lieu. Des fois, il s’agit de tout petits achats. 0,34 $ de frais de transaction à l’étranger. Toutes ces informations sont extraites directement de mes comptes bancaires, et tout apparaît immédiatement.
Sometimes there's a lot of information. This is exactly where my old apartment in San Francisco was. And then sometimes you get this. Sometimes you just get this, just an empty hallway in Salt Lake City, January 22nd. And I can tell you exactly who I was with, where I was, because this is what I had to do with the FBI. I had to tell them every little detail of everything. I spend a lot of time on the road. This is a parking lot in Elko, Nevada off of Route 80 at 8:01 p.m. on August 19th. I spend a lot of time in gas stations too -- empty train stations. So there's multiple databases. And there's thousands and thousands and thousands of images. There's actually 46,000 images right now on my site, and the FBI has seen all of them -- at least I trust they've seen all of them. And then sometimes you don't get much information at all, you just get this empty bed. And sometimes you get a lot of text information and no visual information. So you get something like this. This, by the way, is the location of my favorite sandwich shop in California -- Vietnamese sandwich.
Parfois il y a beaucoup d’informations. Voici l'emplacement exact de mon ancien appartement de San Francisco. Parfois, vous avez ça. Parfois, vous n'avez que ça, une salle vide à Salt Lake City, le 22 janvier. Et je peux vous dire exactement avec qui j’étais, où j’étais, parce que c’est ce que j’ai dû faire avec le FBI. J’ai dû leur raconter chaque détail de chaque événement. Je passe beaucoup de temps sur la route. Voici un parking à Elko, dans le Nevada, sur la Route 80 à 20 h 01 le 19 août. Je passe aussi beaucoup de temps dans les stations-service, dans les gares vides. Il y a donc plusieurs bases de données. Et il y a des milliers et des milliers et des milliers d’images. Il y a en fait 46 000 images actuellement sur mon site, et le FBI les a toutes vues. Du moins je crois qu’ils les ont toutes vues. Et parfois vous n'avez presque pas d’informations, il y a juste ce lit vide. Et parfois il y a plein de texte et pas d'image. Vous avez alors quelque chose de ce genre-là. Ceci, au passage, est l’endroit où se trouve ma sandwicherie préférée en Californie, des sandwiches vietnamiens.
So there's different categorizations of meals eaten outside empty train stations, empty gas stations. These are some of the meals that I've been cooking at home. So how do you know these are meals eaten at home? Well the same plate shows up a whole bunch of times. So again, you have to do some detective work here. So sometimes the databases get so specific. These are all tacos eaten in Mexico City near a train station on July fifth to July sixth. At 11:39 a.m. was this one. At 1:56 p.m. was this one. At 4:59 p.m. was this one. So I time-stamp my life every few moments. Every few moments I shoot the image.
Il y a donc des catégories différentes de repas pris à l'extérieur, de gares vides, de stations-service vides. Voici quelques-uns des repas que j'ai cuisinés à la maison. Comment sait-on que ce sont des repas pris à la maison? Eh bien, la même assiette réapparaît plein de fois. Encore une fois, il faut faire un travail de détective. Parfois les bases de données deviennent excessivement précises. Voici tous les tacos mangés à Mexico City à côté d’une gare du 5 au 6 janvier. À 11 h 39 c'était celui-là. À 13 h 56 celui-là. À 16 h 59 celui-là. Je marque le temps à chaque instant de ma vie. À chaque instant je prends une photo.
Now it's all done on my iPhone, and it all goes straight up to my server, and my server does all the backend work and categorizes things and puts everything together. They need to know where I'm doing my business, because they want to know about my business. So on December 4th, I went here. And on Sunday, June 14th at 2009 -- this was actually about two o'clock in the afternoon in Skowhegan, Maine -- this was my apartment there. So what you're basically seeing here is all bits and pieces and all this information.
Maintenant je le fais avec mon iPhone, et ça va directement sur mon serveur, et mon serveur fait tout le travail en coulisses, il classe les choses et rassemble tout. Ils veulent savoir où je fais mes besoins, parce qu’ils veulent tout savoir sur mes besoins. Le 4 décembre, je suis venu ici. Et le dimanche 14 juin 2009, il était à peu près 14 h à Skowhegan dans le Maine, c'était dans mon appartement. Au fond, ce que vous voyez ici, ce sont des fragments et des informations.
If you go to my site, there's tons of things. And really, it's not the most user-friendly interface. It's actually quite user-unfriendly. And one of the reasons, also being part of the user-unfriendliness, is that everything is there, but you have to really work through it. So by me putting all this information out there, what I'm basically telling you is I'm telling you everything. But in this barrage of noise that I'm putting out, I actually live an incredibly anonymous and private life. And you know very little about me actually. And really so I've come to the conclusion that the way you protect your privacy, particularly in an era where everything is cataloged and everything is archived and everything is recorded, there's no need to delete information anymore.
Si vous allez sur mon site, il y a des tonnes de choses. Et vraiment, ce n’est pas vraiment l’interface la plus intuitive. En fait elle n’est vraiment pas intuitive du tout. Et l'une des raisons à cela, qui est une composante de ce manque d'intuitivité, est que tout est là, mais qu'il faut se débrouiller avec. Donc en affichant moi-même toutes ces informations, ce que je suis en train de vous dire c’est que je vous dis tout. Mais derrière ce barrage de bruit que je dresse, je vis en fait une vie incroyablement anonyme et privée. Et vous savez très peu de choses sur moi en réalité. Je suis donc arrivé à la conclusion que la manière de protéger votre vie privée, en particulier dans une époque où tout est classé, où tout est archivé et tout est enregistré, il n’y a plus besoin d’effacer les informations.
So what do you do when everything is out there? Well you have to take control over it. And if I give you this information directly, it's a very different type of identity than if you were to try to go through and try to get bits and pieces. The other thing that's also interesting that's going on here is the fact that intelligence agencies -- and it doesn't matter who they are -- they all operate in an industry where their commodity is information, or restricted access to information. And the reason their information has any value is, well, because no one else has access to it. And by me cutting out the middle man and giving it straight to you, the information that the FBI has has no value, so thus devaluing their currency. And I understand that, on an individual level, it's purely symbolic. But if 300 million people in the U.S. started doing this, we would have to redesign the entire intelligence system from the ground up. Because it just wouldn't work if everybody was sharing everything. And we're getting to that.
Que faites-vous quand tout est affiché? Il vous faut en prendre le contrôle. Et si je vous donne ces informations directement, c'est un genre d’identité complètement différent que si vous deviez essayer de tout reconstituer à partir de fragments. L'autre chose intéressante qui se passe également, c’est que les services de renseignements, peu importe lesquels, évoluent tous dans une économie où la marchandise est l’information, ou l’accès limité à l’information. Et la raison pour laquelle leurs informations ont une valeur quelconque, c’est que personne d'autre n’y a accès. Et en éliminant l’intermédiaire, en vous les donnant directement, j'enlève toute valeur aux informations que possède le FBI, et par là même je dévalue leur monnaie. Je sais bien que, à un niveau individuel, c’est purement symbolique. Mais si 300 millions de personnes aux États-Unis commençaient à faire ça, il nous faudrait repenser tout le système des renseignements de bas en haut. Simplement parce que ça ne marcherait pas si tout le monde partageait tout. Et nous allons vers cela.
When I first started this project, people were looking at me and saying, "Why would you want to tell everybody what you're doing, where you're at? Why are you posting these photos?" This was an age before people were Tweeting everywhere and 750 million people were posting status messages or poking people. So in a way, I'm glad that I'm completely obsolete. I'm still doing this project, but it is obsolete, because you're all doing it. This is something that we all are doing on a daily basis, whether we're aware of it or not. So we're creating our own archives and so on.
Quand j’ai commencé ce projet, les gens me regardaient et me disaient, « Pourquoi veux-tu raconter à tout le monde ce que tu fais, où tu es? Pourquoi publies-tu ces photos? » C’était avant que les gens ne commencent à Tweeter partout et que 750 millions de personnes ne publient leurs statuts ou ne pokent les gens. D’une certaine façon, je suis heureux d’être complètement obsolète. Ce projet est encore en cours, mais il est obsolète, parce que vous le faites tous. C’est une chose que nous faisons tous, tous les jours, consciemment ou pas. Nous créons nous-mêmes nos propres archives, et ainsi de suite.
And you know, some of my friends have always said, "Hey, you're just paranoid. Why are you doing this? Because no one's really watching. No one's really going to bother you." So one of the things that I do is I actually look through my server logs very carefully. Because it's about surveillance. I'm watching who's watching me. And I came up with these. So these are some of my sample logs. And just little bits and pieces, and you can see some of the things there. And I cleaned up the list a little bit so you can see. So you can see that the Homeland Security likes to come by -- Department of Homeland Security. You can see the National Security Agency likes to come by. I actually moved very close to them. I live right down the street from them now. Central Intelligence Agency. Executive Office of the President. Not really sure why they show up, but they do. I think they kind of like to look at art. And I'm glad that we have patrons of the arts in these fields.
Vous savez, certains de mes amis m'ont toujours dit : « Hé, tu es vraiment parano. Pourquoi fais-tu ça? Parce que personne ne regarde vraiment, tu sais, Personne ne viendra jamais t’embêter. » Donc l'une des choses que je fais c’est de vérifier très attentivement les accès à mon serveur. Parce qu’il s’agit de surveillance. Je surveille ceux qui me surveillent. Et voilà ce que j'ai trouvé. Voici quelques-uns de mes journaux d'accès. Juste des petits bouts et des fragments, et vous pouvez voir quelque chose là. J’ai nettoyé un peu la liste pour que vous puissiez voir. Vous pouvez voir que la Sécurité Intérieure aime passer par là, le Département de la Sécurité Intérieure. Vous pouvez voir que la National Security Agency aime passer par là. En fait, j’ai déménagé très près de chez eux. Maintenant, j’habite juste au bout de leur rue. La Central Intelligence Agency. Le Bureau Exécutif du Président. Je ne connais pas vraiment la raison pour laquelle ils apparaissent, mais ils sont là. Je crois qu’ils aiment voir de l’art. Et je suis heureux qu’on ait des mécènes de l’art dans ce domaine.
So thank you very much. I appreciate it.
Merci beaucoup. Je vous remercie.
(Applause)
(Applaudissements)
Bruno Giussani: Hasan, just curious. You said, "Now everything automatically goes from my iPhone," but actually you do take the pictures and put on information. So how many hours of the day does that take?
Bruno Giussani : Hasan, je suis curieux. Vous avez dit : « Maintenant, tout se fait automatiquement de mon iPhone. », mais en fait, vous prenez des photos et chargez les informations. Alors combien d’heures par jour cela vous prend-il?
HE: Almost none. It's no different than sending a text. It's no different than checking an email. It's one of those things, we got by just fine before we had to do any of those. So it's just become another day. I mean, when we update a status message, we don't really think about how long that's going to take. So it's really just a matter of my phone clicking a couple of clicks, send, and then it's done. And everything's automated at the other end.
HE : Presque aucune. Ce n’est pas différent de l’envoi d’un texto. Ce n’est pas différent de vérifier ses emails. Ça fait partie de ces choses, on se débrouillait très bien quand on n'avait pas à les faire. C’est juste devenu la routine. Quand on met à jour notre statut, on ne pense pas vraiment au temps que ça va prendre. C’est juste l'affaire de cliquer deux ou trois fois sur mon téléphone, envoyer, et c’est fait. Tout est automatisé de l’autre côté.
BG: On the day you are in a place where there is no coverage, the FBI gets crazy?
BG : Le jour ou vous êtes dans un endroit où il n’y a pas de couverture, le FBI devient fou?
HE: Well it goes to the last point that I was at. So it holds onto the very last point. So if I'm on a 12-hour flight, you'll see the last airport that I departed from.
HE : En fait, il en reste au dernier point où je me trouvais. Il s'arrête au tout dernier point. Ainsi, si je suis sur un vol de 12 heures, vous verrez le dernier aéroport d’où j’ai décollé.
BG: Hasan, thank you very much. (HE: Thank you.)
BG : Hasan, merci beaucoup. (HE : Merci.)
(Applause)
(Applaudissements)