Now, Hegel -- he very famously said that Africa was a place without history, without past, without narrative. Yet, I'd argue that no other continent has nurtured, has fought for, has celebrated its history more concertedly. The struggle to keep African narrative alive has been one of the most consistent and hard-fought endeavors of African peoples, and it continues to be so. The struggles endured and the sacrifices made to hold onto narrative in the face of enslavement, colonialism, racism, wars and so much else has been the underpinning narrative of our history.
Hegel a notoirement affirmé que l'Afrique était sans histoire sans passé, sans fil narratif. Mais je rétorque qu'aucun autre continent n'a nourri, ne s'est battu, n'a célébré son histoire avec autant de vigueur. Les Africains se sont battus avec acharnement pour garder leur culture depuis toujours et cela continue encore aujourd'hui. Les batailles endurées et les sacrifices consentis pour garder son histoire malgré l'esclavage, le colonialisme, le racisme ou les guerres, font partie du récit de notre histoire.
And our narrative has not just survived the assaults that history has thrown at it. We've left a body of material culture, artistic magistery and intellectual output. We've mapped and we've charted and we've captured our histories in ways that are the measure of anywhere else on earth. Long before the meaningful arrival of Europeans -- indeed, whilst Europe was still mired in its Dark Age -- Africans were pioneering techniques in recording, in nurturing history, forging revolutionary methods for keeping their story alive. And living history, dynamic heritage -- it remains important to us. We see that manifest in so many ways.
Et notre récit n'a pas juste survécu aux assauts que l'histoire lui a envoyés. Nous avons laissé toute une culture matérielle, un art et une pensée intellectuelle. Nous avons retranscrit, documenté et gravé nos histoires de façon unique sur Terre. Bien avant l'arrivée marquante des Européens - en effet, alors que l'Europe était encore enlisée dans son Moyen-Âge, les Africains développaient des techniques pour enregistrer et alimenter son histoire inventant des méthodes révolutionnaires pour garder leur histoire vivante. Et l'histoire vivante, notre patrimoine, cela reste important pour nous. Cela se manifeste de tant de façons différentes.
I'm reminded of how, just last year -- you might remember it -- the first members of the al Qaeda-affiliated Ansar Dine were indicted for war crimes and sent to the Hague. And one of the most notorious was Ahmad al-Faqi, who was a young Malian, and he was charged, not with genocide, not with ethnic cleansing, but with being one of the instigators of a campaign to destroy some of Mali's most important cultural heritage. This wasn't vandalism; these weren't thoughtless acts. One of the things that al-Faqi said when he was asked to identify himself in court was that he was a graduate, that he was a teacher. Over the course of 2012, they engaged in a systematic campaign to destroy Mali's cultural heritage. This was a deeply considered waging of war in the most powerful way that could be envisaged: in destroying narrative, in destroying stories. The attempted destruction of nine shrines, the central mosque and perhaps as many as 4,000 manuscripts was a considered act. They understood the power of narrative to hold communities together, and they conversely understood that in destroying stories, they hoped they would destroy a people.
Je me souviens, l'année dernière - peut-être vous aussi - les premiers membres du groupe affilié à Al-Qaeda Ansar Dine ont été accusés de crimes de guerre et envoyés à la Haye Et l'un des plus connus était Ahmad al-Faqi, un jeune Malien, accusé, non pas du génocide, ni du nettoyage ethnique, mais d'être un des instigateurs de la campagne pour détruire l'un des symboles culturels des plus importants du Mali. Ce n'était pas du vandalisme, ni des actes irréfléchis. Ce qu'a dit al-Faqi quand il lui a été demandé de se présenter à la cour est qu'il était diplômé et enseignant. En 2012, ils ont commencé une campagne de destruction systématique du patrimoine culturel du Mali. C'était un acte de guerre profondément réfléchi dans le sens le plus puissant qu'on puisse imaginer : en détruisant une narration, en détruisant des histoires. La tentative de destruction de neuf mausolées, la mosquée centrale et peut-être jusqu'à 4 000 manuscrits était un acte délibéré. Ils ont compris le pouvoir de l'histoire sur l'unité des communautés, et inversement, en détruisant des histoires, ils espéraient détruire un peuple.
But just as Ansar Dine and their insurgency were driven by powerful narratives, so was the local population's defense of Timbuktu and its libraries. These were communities who've grown up with stories of the Mali Empire; lived in the shadow of Timbuktu's great libraries. They'd listened to songs of its origin from their childhood, and they weren't about to give up on that without a fight. Over difficult months of 2012, during the Ansar Dine invasion, Malians, ordinary people, risked their lives to secrete and smuggle documents to safety, doing what they could to protect historic buildings and defend their ancient libraries. And although they weren't always successful, many of the most important manuscripts were thankfully saved, and today each one of the shrines that was damaged during that uprising have been rebuilt, including the 14th-century mosque that is the symbolic heart of the city. It's been fully restored.
Autant Asar Dine et leurs insurgés étaient mus par des histoires puissantes, autant la population locale défendait Tombouctou et ses bibliothèques. Ce sont des communautés qui ont grandi avec des histoires de l'empire du Mali ; qui ont vécu à l'ombre des grandes bibliothèques de Tombouctou. Ils ont écouté les chants de leur origine depuis leur enfance et ils n'étaient pas prêts de les abandonner sans se battre. En 2012, durant des mois difficiles, pendant l'invasion d'Ansar Dine, les Maliens, des gens ordinaires, ont risqué leur vie pour mettre à l'abri clandestinement des documents, faisant ce qu'ils pouvaient pour protéger les monuments historiques et défendre leurs vieilles bibliothèques. Et bien qu'ils n'aient pas toujours réussi, plusieurs des manuscrits les plus importants ont pu être sauvés, et aujourd'hui chacun des mausolées détruits pendant ce soulèvement ont été reconstruits, y compris la mosquée du 14ème siècle, le symbole phare de la ville. Elle a été entièrement restaurée.
But even in the bleakest periods of the occupation, enough of the population of Timbuktu simply would not bow to men like al-Faqi. They wouldn't allow their history to be wiped away, and anyone who has visited that part of the world, they will understand why, why stories, why narrative, why histories are of such importance. History matters. History really matters. And for peoples of African descent, who have seen their narrative systematically assaulted over centuries, this is critically important. This is part of a recurrent echo across our history of ordinary people making a stand for their story, for their history.
Même dans les périodes les plus sombres de l'occupation, une masse critique de la population de Tombouctou ne plia pas sous la menace des hommes d'al-Faqi. Ils ne toléraient pas que leur histoire soit effacée. Quiconque a déjà visité cette partie du monde comprend pourquoi c'est le cas, pourquoi les histoires et les récits ont une telle importance. L'Histoire est importante. L'Histoire est très importante. Et pour les descendants d'Africains, qui ont vu leur histoire systématiquement attaquée au cours des siècles, c'est vital. Cela fait partie de notre histoire, comme un écho récurrent de gens ordinaires qui combattent pour leur récit et leur histoire.
Just as in the 19th century, enslaved peoples of African descent in the Caribbean fought under threat of punishment, fought to practice their religions, to celebrate Carnival, to keep their history alive. Ordinary people were prepared to make great sacrifices, some even the ultimate sacrifice, for their history. And it was through control of narrative that some of the most devastating colonial campaigns were crystallized. It was through the dominance of one narrative over another that the worst manifestations of colonialism became palpable.
Tout comme au 19ème siècle, les esclaves d'origine africaine dans les Caraïbes se sont battus sous la menace du châtiment, se sont battus pour pratiquer leur religion, pour célébrer le Carnaval et pour garder leur histoire vivante. Des gens ordinaires se sont préparés pour faire de grands sacrifices, certains même l'ultime sacrifice, pour leur histoire. C'est à travers le contrôle de l'histoire que certaines campagnes coloniales dévastatrices se sont cristallisées. C'est par la domination d'une histoire sur une autre que les pires manifestations du colonialisme se sont exprimées.
When, in 1874, the British attacked the Ashanti, they overran Kumasi and captured the Asantehene. They knew that controlling territory and subjugating the head of state -- it wasn't enough. They recognized that the emotional authority of state lay in its narrative and the symbols that represented it, like the Golden Stool. They understood that control of story was absolutely critical to truly controlling a people. And the Ashanti understood, too, and they never were to relinquish the precious Golden Stool, never to completely capitulate to the British. Narrative matters.
Quand, en 1874, les Britanniques ont attaqué le royaume d'Ashanti ils ont envahi Kumasi et capturé les Asantes. Ils savaient que contrôler le territoire et prendre la tête du pouvoir ne suffirait pas. Ils reconnurent que l'autorité émotionnelle de l'État résidait dans son histoire et les symboles qui le représentaient, comme le Trône d'Or. Ils comprirent que le contrôle de l'histoire était absolument critique pour vraiment contrôler un peuple. Et les Asantes le comprirent aussi, ils ne renoncèrent en effet jamais à leur précieux Trône d'Or, pour ne jamais capituler complètement devant les Britanniques. L'histoire est cruciale.
In 1871, Karl Mauch, a German geologist working in Southern Africa, he stumbled across an extraordinary complex, a complex of abandoned stone buildings. And he never quite recovered from what he saw: a granite, drystone city, stranded on an outcrop above an empty savannah: Great Zimbabwe. And Mauch had no idea who was responsible for what was obviously an astonishing feat of architecture, but he felt sure of one single thing: this narrative needed to be claimed.
En 1871, Karl Mauch, un géologue allemand travaillant en Afrique du Sud, tomba sur un complexe extraordinaire, un complexe de bâtiments en pierres abandonnés. Il ne se remit jamais de sa découverte : une ville de granit, en pierres séchées, prise dans un affleurement au-dessus d'une savane déserte : le Grand Zimbabwe. Et Mauch n'avait aucune idée de qui était responsable de ce qui dût être une extraordinaire prouesse architecturale, mais il était sûr d'une chose : ce site historique devait être revendiqué.
He later wrote that the wrought architecture of Great Zimbabwe was simply too sophisticated, too special to have been built by Africans. Mauch, like dozens of Europeans that followed in his footsteps, speculated on who might have built the city. And one went as far as to posit, "I do not think that I am far wrong if I suppose that that ruin on the hill is a copy of King Solomon's Temple." And as I'm sure you know, Mauch, he hadn't stumbled upon King Solomon's Temple, but upon a purely African complex of buildings constructed by a purely African civilization from the 11th century onward.
Plus tard, il écrivit que l'architecture du Grand Zimbabwe était trop sophistiquée, trop spéciale pour avoir été construite par des Africains. Mauch, comme des dizaines d'Européens qui suivirent ses pas, fit des hypothèses sur qui avait bien pu construire la ville. L'un d'eux alla même jusqu'à déclarer : « Je ne pense pas avoir complètement tort de croire que ces ruines sur la colline sont une copie du temple du Roi Salomon. » Vous le savez comme moi, Mauch n'a pas découvert le temple du Roi Salomon ; il a découvert un ensemble d'édifices purement africain, construit par une civilisation purement africaine, à partir du 11ème siècle.
But like Leo Frobenius, a fellow German anthropologist who speculated some years later, upon seeing the Nigerian Ife Heads for the very first time, that they must have been artifacts from the long-lost kingdom of Atlantis. He felt, just like Hegel, an almost instinctive need to rob Africa of its history. These ideas are so irrational, so deeply held, that even when faced with the physical archaeology, they couldn't think rationally. They could no longer see. And like so much of Africa's relationship with Enlightenment Europe, it involved appropriation, denigration and control of the continent. It involved an attempt to bend narrative to Europe's ends.
Tout comme Leo Frobenius, un anthropologue allemand qui émit des spéculations quelques années plus tard, face à sa première vision de la Tête d'If au Nigeria, que ce devait être un artefact du royaume d'Atlantis disparu depuis longtemps, Il a ressenti, tout comme Hegel, le besoin presque instinctif de voler à l'Afrique son histoire. Ces idées sont tellement irrationnelles, tellement profondément enfouies, que même en présence de l'archéologie physique, ils ne pouvaient pas penser rationnellement. Ils ne pouvaient plus voir. À l'image de la relation entre l'Afrique et l'Europe des Lumières, ça inclut l'appropriation, le dénigrement et le contrôle du continent. Cela implique une tentative de déformer l'histoire en faveur de l'Europe.
And if Mauch had really wanted to find an answer to his question, "Where did Great Zimbabwe or that great stone building come from?" he would have needed to begin his quest a thousand miles away from Great Zimbabwe, at the eastern edge of the continent, where Africa meets the Indian Ocean. He would have needed to trace the gold and the goods from some of the great trading emporia of the Swahili coast to Great Zimbabwe, to gain a sense of the scale and influence of that mysterious culture, to get a picture of Great Zimbabwe as a political, cultural entity through the kingdoms and the civilizations that were drawn under its control. For centuries, traders have been drawn to that bit of the coast from as far away as India and China and the Middle East. And it might be tempting to interpret, because it's exquisitely beautiful, that building, it might be tempting to interpret it as just an exquisite, symbolic jewel, a vast ceremonial sculpture in stone. But the site must have been a complex at the center of a significant nexus of economies that defined this region for a millennium.
Si Mauch avait vraiment voulu trouver une réponse à sa question : « D'où vient le Grand Zimbabwe et ce magnifique site en pierre ? » il aurait dû commencer sa quête à des milliers de kilomètres du Grand Zimbabwe, à la pointe Est du continent, là où l'Afrique rencontre l'Océan Indien. Il aurait dû identifier l'origine de l'or et des marchandises d'un des grands axes commerciaux de la côte swahilie au Grand Zimbabwe, pour se rendre compte de l'échelle et de l'influence de cette mystérieuse culture, pour comprendre le Grand Zimbabwe dans son identité politique et culturelle à travers les royaumes et les civilisations sous son contrôle. Pendant des siècles, les commerçants ont été attirés par cette partie de la côte d'aussi loin que l'Inde, la Chine et le Moyen-Orient. Et il peut être tentant d'interpréter, parce que cet ensemble est tellement beau, il peut être tentant de l'interpréter, comme un simple bijou symbolique et raffiné, une immense sculpture de cérémonie en pierre. Mais le site a dû être un complexe au centre de liens économiques d'envergure qui définirent cette région pendant un millénaire.
This matters. These narratives matter. Even today, the fight to tell our story is not just against time. It's not just against organizations like Ansar Dine. It's also in establishing a truly African voice after centuries of imposed histories. We don't just have to recolonize our history, but we have to find ways to build back the intellectual underpinning that Hegel denied was there at all. We have to rediscover African philosophy, African perspectives, African history.
C'est important. Cette histoire est importante. Aujourd'hui, le combat pour notre histoire n'est pas qu'un combat contre la montre. Il ne se résume pas à combattre des organisations telles Ansar Dine. Il s'agit aussi d'établir une vraie voix africaine après des siècles d'histoires imposées. Nous ne devons pas juste nous réapproprier notre histoire, mais nous devons trouver des moyens de reconstruire l'intelligence sous-jacente dont Hegel niait l'existence. Nous devons redécouvrir la philosophie africaine, les perspectives africaines, l'histoire africaine.
The flowering of Great Zimbabwe -- it wasn't a freak moment. It was part of a burgeoning change across the whole of the continent. Perhaps the great exemplification of that was Sundiata Keita, the founder of the Mali Empire, probably the greatest empire that West Africa has ever seen. Sundiata Keita was born about 1235, growing up in a time of profound flux. He was seeing the transition between the Berber dynasties to the north, he may have heard about the rise of the Ife to the south and perhaps even the dominance of the Solomaic Dynasty in Ethiopia to the east. And he must have been aware that he was living through a moment of quickening change, of growing confidence in our continent. He must have been aware of new states that were building their influence from as far afield as Great Zimbabwe and the Swahili sultanates, each engaged directly or indirectly beyond the continent itself, each driven also to invest in securing their intellectual and cultural legacy. He probably would have engaged in trade with these peer nations as part of a massive continental nexus of great medieval African economies.
La naissance du Grand Zimbabwe n'est pas un hasard. Cela faisait partie d'un changement qui commençait à travers tout le continent. Le meilleur exemple est sans doute celui de Sundiata Keita, le fondateur de l'Empire du Mali, probablement le plus grand empire que l'Afrique de l'Ouest ait jamais connu. Sundiata Keita est né vers 1235. Il a grandi à une période de profonds changements. Il a vu la transition entre les dynasties berbères au Nord. Il a peut-être entendu parler de la montée de l'If au Sud et peut-être même de la domination de la dynastie Solomaic en Éthiopie, à l'Est. Il a dû s'apercevoir qu'il vivait à une période de changement rapide, de confiance grandissante dans notre continent. Il a dû avoir connaissance de nouveaux États qui construisaient leur influence d'aussi loin que le Grand Zimbabwe et les sultanats swahilis, chacun impliqué directement ou indirectement au-delà du continent, chacun poussé à investir pour sécuriser son héritage intellectuel et culturel. Il a probablement fait du commerce avec ces nations partenaires dans le cadre de vastes relations continentales des grandes économies africaines du Moyen-Âge.
And like all of those great empires, Sundiata Keita invested in securing his legacy through history by using story -- not just formalizing the idea of storytelling, but in building a whole convention of telling and retelling his story as a key to founding a narrative for his empire. And these stories, in musical form, are still sung today.
Et comme tout grand empire qui se respecte, Sundiata Keita a investi pour sécuriser son héritage à travers l'histoire, en utilisant un récit, pas juste en formalisant une idée de celui-ci, mais en construisant toute une convention pour conter encore et encore son histoire en tant que clé de décodage du fil narratif de son empire. Et ces histoires, sous forme musicale, sont toujours chantées aujourd'hui.
Now, several decades after the death of Sundiata, a new king ascended the throne, Mansa Musa, its most famous emperor. Now, Mansa Musa is famed for his vast gold reserves and for sending envoys to the courts of Europe and the Middle East. He was every bit as ambitious as his predecessors, but saw a different kind of route of securing his place in history. In 1324, Mansa Musa went on pilgrimage to Mecca, and he traveled with a retinue of thousands. It's been said that 100 camels each carried 100 pounds of gold. It's been recorded that he built a fully functioning mosque every Friday of his trip, and performed so many acts of kindness, that the great Berber chronicler, Ibn Battuta, wrote, "He flooded Cairo with kindness, spending so much in the markets of North Africa and the Middle East that it affected the price of gold into the next decade."
Plusieurs décennies après la mort de Sundiata, un nouveau roi monta sur le trône, Mansa Musa, son empereur le plus connu. Mansa Musa est connu pour ses grandes réserves d'or et pour avoir envoyé ses émissaires dans les cours d'Europe et du Moyen-Orient. Il était aussi ambitieux que ces prédécesseurs, mais il a pris un chemin différent pour sécuriser sa place dans l'histoire. En 1324, Mansa Musa fit un pèlerinage à la Mecque. Il voyagea avec un cortège de milliers de personnes. On relate que 100 chameaux portaient chacun 50 kg d'or. Il a été rapporté qu'il a construit une mosquée complètement opérationnelle chaque vendredi de son voyage, et qu'il a réalisé tellement d'actes de bienveillance, que le grand chroniqueur berbère, Ibn Battuta, a écrit de lui : « Il a inondé Le Caire de sa bienveillance, dépensant tant sur les marchés de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient que cela eut un impact sur le prix de l'or les dix années suivantes. »
And on his return, Mansa Musa memorialized his journey by building a mosque at the heart of his empire. And the legacy of what he left behind, Timbuktu, it represents one of the great bodies of written historical material produced by African scholars: about 700,000 medieval documents, ranging from scholarly works to letters, which have been preserved often by private households. And at its peak, in the 15th and 16th centuries, the university there was as influential as any educational establishment in Europe, attracting about 25,000 students. This was in a city of around 100,000 people. It cemented Timbuktu as a world center of learning. But this was a very particular kind of learning that was focused and driven by Islam.
À son retour, Mansa Musa commémora son voyage en construisant une mosquée au cœur de son empire. L'héritage qu'il a laissé, Tombouctou, représente l'une des grandes œuvres de l'histoire écrite produites par des intellectuels africains : environ 700 000 documents médiévaux, allant des travaux académiques aux œuvres littéraires, souvent conservés par des privés. À son apogée, aux 15ème et 16ème siècles, l'université était aussi influente que tout établissement éducatif en Europe, attirant environ 25 000 étudiants. On parle d'une ville d'environ 100 000 personnes. Cela a consolidé Tombouctou en tant que centre mondial d'éducation. Mais c'était une façon particulière d'apprendre, centrée et dirigée par l'Islam.
And since I first visited Timbuktu, I've visited many other libraries across Africa, and despite Hegel's view that Africa has no history, not only is it a continent with an embarrassment of history, it has developed unrivaled systems for collecting and promoting it. There are thousands of small archives, textile drum stores, that have become more than repositories of manuscripts and material culture. They have become fonts of communal narrative, symbols of continuity, and I'm pretty sure that many of those European philosophers who questioned an African intellectual tradition must have, beneath their prejudices, been aware of the contribution of Africa's intellectuals to Western learning. They must have known of the great North African medieval philosophers who had driven the Mediterranean. They must have known about and been aware of that tradition that is part of Christianity, of the three wise men. And in the medieval period, Balthazar, that third wise man, was represented as an African king. And he became hugely popular as the third intellectual leg of Old World learning, alongside Europe and Asia, as a peer.
Depuis ma première visite à Tombouctou, j'ai visité beaucoup d'autres bibliothèques en Afrique, et malgré l'opinion d'Hegel comme quoi l'Afrique n'a pas d'histoire, elle n'est pas seulement un continent avec une histoire massive et encombrante, elle a développé des systèmes inégalés pour la rassembler et la promouvoir. Il y a des milliers de petites archives, peintes sur des tissus, devenus bien plus que des recueils de manuscrits et de culture matérielle. Ils sont devenus une mine de savoir du récit collectif, symboles de la continuité, et je suis presque sûr que beaucoup de ces philosophes européens qui ont contesté la tradition intellectuelle africaine ont dû, sous leurs préjugés, être conscients de la contribution des intellectuels africains à l'éducation occidentale. Ils ont dû connaître les grands philosophes médiévaux de l'Afrique du Nord qui ont régné sur la Méditerranée. Ils ont dû savoir et être conscients des trois rois mages de la tradition chrétienne. Et dans la période médiévale, Balthazar, le troisième roi mage, était représenté par un roi africain. Et il est devenu très populaire en tant que troisième pilier intellectuel de l'éducation du Vieux Monde, aux côtés de l'Europe et de l'Asie, considéré comme un pair.
These things were well-known. These communities did not grow up in isolation. Timbuktu's wealth and power developed because the city became a hub of lucrative intercontinental trade routes. This was one center in a borderless, transcontinental, ambitious, outwardly focused, confident continent. Berber merchants, they carried salt and textiles and new precious goods and learning down into West Africa from across the desert. But as you can see from this map that was produced a little time after the life of Mansa Musa, there was also a nexus of sub-Saharan trade routes, along which African ideas and traditions added to the intellectual worth of Timbuktu and indeed across the desert to Europe. Manuscripts and material culture, they have become fonts of communal narrative, symbols of continuity. And I'm pretty sure that those European intellectuals who cast aspersions on our history, they knew fundamentally about our traditions.
Ces choses étaient bien connues. Ces communautés n'ont pas grandi dans l'isolement. Tombouctou a développé richesse et pouvoir parce que la ville était au cœur de routes commerciales intercontinentales lucratives. C'était un centre d'un continent sans frontière, transcontinental, ambitieux, ouvert au monde et confiant. Les marchands berbères apportèrent le sel et les textiles, de nouvelles marchandises précieuses et l'éducation en Afrique de l'Ouest en traversant le désert. Mais comme vous pouvez le voir sur cette carte, réalisée peu après la mort de Mansa Musa, il y avait aussi un croisement de routes commerciales subsahariennes, apportant des idées et des traditions africaines qui s'ajoutèrent à la valeur intellectuelle de Tombouctou par-delà le désert, jusqu'en Europe. Les manuscrits et la culture matérielle sont devenus une mine de savoir de l'histoire collective, symboles de la continuité. Et je suis quasiment sûr que ces intellectuels européens qui ont tant dénigré notre histoire, connaissaient fondamentalement nos traditions.
And today, as strident forces like Ansar Dine and Boko Haram grow popular in West Africa, it's that spirit of truly indigenous, dynamic, intellectual defiance that holds ancient traditions in good stead. When Mansa Musa made Timbuktu his capital, he looked upon the city as a Medici looked upon Florence: as the center of an open, intellectual, entrepreneurial empire that thrived on great ideas wherever they came from. The city, the culture, the very intellectual DNA of this region remains so beautifully complex and diverse, that it will always remain, in part, located in storytelling traditions that derive from indigenous, pre-Islamic traditions. The highly successful form of Islam that developed in Mali became popular because it accepted those freedoms and that inherent cultural diversity. And the celebration of that complexity, that love of rigorously contested discourse, that appreciation of narrative, was and remains, in spite of everything, the very heart of West Africa.
Aujourd'hui, alors que des forces comme celle d'Ansar Dine et Boko Haram gagnent en popularité en Afrique de l'Ouest, c'est l'esprit indigène, dynamique et la désobéissance intellectuelle qui maintiennent les vieilles traditions en position de force. Quand Mansa Musa fit de Tombouctou sa capitale, il vit au-delà de la cité, tout comme les Medicis à Florence : le cœur d'un empire ouvert, intellectuel et entrepreneurial qui se développa sur de grandes idées, peu importe leur origine. La ville, la culture, l'ADN intellectuel même de cette région, demeurent tellement complexes et variées, qu'elles demeureront toujours partiellement dans les traditions narratives inspirées des traditions indigènes préislamiques. La forme d'Islam développée au Mali devint populaire parce qu'elle acceptait ces libertés et la diversité culturelle inhérente. La célébration de cette complexité, cet amour du discours rigoureusement contesté, le goût du récit, était et demeure, malgré tout, le cœur même de l'Afrique de l'Ouest.
And today, as the shrines and the mosque vandalized by Ansar Dine have been rebuilt, many of the instigators of their destruction have been jailed. And we are left with powerful lessons, reminded once again of how our history and narrative have held communities together for millennia, how they remain vital in making sense of modern Africa. And we're also reminded of how the roots of this confident, intellectual, entrepreneurial, outward-facing, culturally porous, tariff-free Africa was once the envy of the world.
Aujourd'hui, comme les mausolées et la mosquée vandalisés par Ansar Dine ont été reconstruits, plusieurs des instigateurs de leur destruction ont été emprisonnés. Nous ne pouvons qu'en tirer de puissantes leçons, nous rappelant une fois de plus comment notre histoire a préservé des communautés depuis des millénaires, comment elle demeure vitale et fait sens pour l'Afrique moderne. Ceci nous rappelle en outre qu'il fut un temps où les racines de cette Afrique confiante, intellectuelle, entrepreneuriale, ouverte sur les cultures et le monde, libre de droits étaient enviées par le monde.
But those roots, they remain.
Ces racines demeurent vivantes.
Thank you very much.
Merci beaucoup.
(Applause)
(Applaudissements)