To be honest, by personality, I'm just not much of a crier. But I think in my career that's been a good thing. I'm a civil rights lawyer, and I've seen some horrible things in the world. I began my career working police abuse cases in the United States. And then in 1994, I was sent to Rwanda to be the director of the U.N.'s genocide investigation. It turns out that tears just aren't much help when you're trying to investigate a genocide. The things I had to see, and feel and touch were pretty unspeakable.
Pour être honnête, je ne suis pas de nature grincheuse. Je pense néanmoins que ça a joué un rôle positif dans ma carrière. Je suis avocat en droit civil, et j'ai été témoin de choses terribles dans le monde. J'ai débuté ma carrière en combattant les abus policiers, aux États-Unis. En 1994, j'ai été envoyé au Rwanda, pour diriger le programme d'investigation de l'ONU sur le génocide. En fait, les larmes vous sont de peu de secours, quand on enquête sur un génocide. Les choses que j'ai vues, senties et touchées étaient indicibles.
What I can tell you is this: that the Rwandan genocide was one of the world's greatest failures of simple compassion. That word, compassion, actually comes from two Latin words: cum passio, which simply mean "to suffer with." And the things that I saw and experienced in Rwanda as I got up close to human suffering, it did, in moments, move me to tears. But I just wish that I, and the rest of the world, had been moved earlier. And not just to tears, but to actually stop the genocide.
S’il y a un constat que je peux faire, c’est celui-ci : le génocide rwandais fut dans le monde, un des plus grands fiascos en termes de compassion. Compassion provient de deux mots latins : « cum » et « passio », qui signifient : souffrir avec. J’ai été le témoin direct au Rwanda de la souffrance humaine, incommensurable, au point d’en être ému jusqu’aux larmes parfois. Il eut été préférable qu’avec le reste du monde, j’aie été ému bien plus tôt. Pas simplement jusqu'aux larmes. Mais suffisamment sensibilisé pour empêcher le génocide.
Now by contrast, I've also been involved with one of the world's greatest successes of compassion. And that's the fight against global poverty. It's a cause that probably has involved all of us here. I don't know if your first introduction might have been choruses of "We Are the World," or maybe the picture of a sponsored child on your refrigerator door, or maybe the birthday you donated for fresh water. I don't really remember what my first introduction to poverty was but I do remember the most jarring.
A contrario, je suis également impliqué dans le fruit de la compassion, à l’échelle planétaire. Il s'agit de la lutte contre la pauvreté dans le monde. C'est une cause qui nous concerne probablement tous ici. Votre premier contact avec la pauvreté a sans doute été le refrain de « We Are the World », la photo d'un enfant parrainé sur la porte de votre réfrigérateur, ou vos dons pour l'accès à l'eau potable. Je ne me souviens plus de mon premier contact avec la pauvreté. Je me rappelle uniquement du plus bouleversant :
It was when I met Venus -- she's a mom from Zambia. She's got three kids and she's a widow. When I met her, she had walked about 12 miles in the only garments she owned, to come to the capital city and to share her story. She sat down with me for hours, just ushered me in to the world of poverty. She described what it was like when the coals on the cooking fire finally just went completely cold. When that last drop of cooking oil finally ran out. When the last of the food, despite her best efforts, ran out. She had to watch her youngest son, Peter, suffer from malnutrition, as his legs just slowly bowed into uselessness. As his eyes grew cloudy and dim. And then as Peter finally grew cold.
ma rencontre avec Venus, une maman de Zambie. Elle a trois enfants et est veuve. Pour me rencontrer, elle avait marché 19 kilomètres, dans les seuls vêtements qu'elle possédait, pour se rendre à la capitale, et partager son histoire avec moi. Elle s'est assise avec moi durant des heures, et m'a pris par la main pour me montrer le monde de l'indigence. Elle a dépeint le froid quand la braise sur le feu s'éteint complètement, quand la dernière goutte d'huile de cuisson disparait, quand les dernières réserves de nourriture s'épuisent, en dépit de tous ses efforts. Impuissante, elle a vu Peter, son fils cadet, souffrir de malnutrition, alors que ses jambes fléchissaient lentement dans l'infirmité, et que son regard se troublait. Puis, Peter a fini par s'éteindre.
For over 50 years, stories like this have been moving us to compassion. We whose kids have plenty to eat. And we're moved not only to care about global poverty, but to actually try to do our part to stop the suffering. Now there's plenty of room for critique that we haven't done enough, and what it is that we've done hasn't been effective enough, but the truth is this: The fight against global poverty is probably the broadest, longest running manifestation of the human phenomenon of compassion in the history of our species. And so I'd like to share a pretty shattering insight that might forever change the way you think about that struggle.
Pendant plus de 50 ans, ces histoires nous ont procuré de la compassion. Nous, dont les enfants ont assez à manger. On ne se contente pas de se soucier de cette pauvreté mais on essaye d'agir pour mettre fin à cette souffrance. On peut facilement nous critiquer en affirmant que n'avons pas fait assez, et que ce nous avons fait n'a pas été suffisamment efficace. Mais en fait, la lutte contre la pauvreté dans le monde est probablement la plus large, la plus longue manifestation de la compassion humaine, dans l'histoire de notre espèce. J'aimerais partager avec vous une idée bouleversante qui pourrait changer à jamais la façon dont vous envisagez cette lutte.
But first, let me begin with what you probably already know. Thirty-five years ago, when I would have been graduating from high school, they told us that 40,000 kids every day died because of poverty. That number, today, is now down to 17,000. Way too many, of course, but it does mean that every year, there's eight million kids who don't have to die from poverty. Moreover, the number of people in our world who are living in extreme poverty, which is defined as living off about a dollar and a quarter a day, that has fallen from 50 percent, to only 15 percent. This is massive progress, and this exceeds everybody's expectations about what is possible. And I think you and I, I think, honestly, that we can feel proud and encouraged to see the way that compassion actually has the power to succeed in stopping the suffering of millions.
D'abord, je vais démarrer par ce que vous savez déjà. Il y a 25 ans, quand j'ai obtenu mon diplôme au lycée, on nous a expliqué que 40 000 enfants mouraient chaque jour de pauvreté. Ce chiffre est aujourd'hui passé à 17 000. C'est beaucoup trop, bien évidement. Mais ça signifie que chaque année, 8 millions d'enfants ne sont plus condamnés à mourir de pauvreté. De plus, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté dans le monde, c'est-à-dire vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, est passé de 50% à seulement 15%. Ceci est une avancée majeure qui dépasse les espoirs de chacun, sur ce qui est possible. Et je pense que vous et moi, je pense honnêtement que nous pouvons être fiers et encouragés de voir que la compassion a le pouvoir d'empêcher la souffrance de millions de personnes.
But here's the part that you might not hear very much about. If you move that poverty mark just up to two dollars a day, it turns out that virtually the same two billion people who were stuck in that harsh poverty when I was in high school, are still stuck there, 35 years later.
Parlons à présent de ce dont vous n'entendez pas beaucoup parler. Si vous élevez l'indice de pauvreté à deux dollars par jour, il s'avère que la plupart des mêmes 2 milliards de personnes victimes d'extrême pauvreté lorsque j'étais au lycée, le sont encore, 35 ans plus tard. Pourquoi y a-t-il encore tant de personnes souffrant d'extrême pauvreté ?
So why, why are so many billions still stuck in such harsh poverty? Well, let's think about Venus for a moment. Now for decades, my wife and I have been moved by common compassion to sponsor kids, to fund microloans, to support generous levels of foreign aid. But until I had actually talked to Venus, I would have had no idea that none of those approaches actually addressed why she had to watch her son die. "We were doing fine," Venus told me, "until Brutus started to cause trouble." Now, Brutus is Venus' neighbor and "cause trouble" is what happened the day after Venus' husband died, when Brutus just came and threw Venus and the kids out of the house, stole all their land, and robbed their market stall. You see, Venus was thrown into destitution by violence.
Réfléchissons à la situation de Venus, quelques instants. Durant des décennies, ma femme et moi-même avons été animés par la compassion. Nous avons parrainé des enfants, et financé des micro-crédits. Nous soutenons activement l'aide internationale. Mais avant d'avoir réellement parlé avec Venus, je n'avais aucune idée que ces approches n'apportaient pas de solution à la cause pour laquelle elle avait dû voir son fils mourir. « Nous allions bien », m'a raconté Venus, « jusqu'à ce que Brutus commence à causer des problèmes. » Brutus est le voisin de Venus. « Causer des problèmes » renvoie à ce qu'il s'est passé le lendemain de la mort du mari de Venus. Brutus est arrivé et il a mis à la porte Venus et ses enfants, leur a volé leur terre, et dépossédés de leur étal sur le marché. C'est la violence qui a plongé Venus dans la misère.
And then it occurred to me, of course, that none of my child sponsorships, none of the microloans, none of the traditional anti-poverty programs were going to stop Brutus, because they weren't meant to.
Et j'ai alors pensé que bien sûr, aucun de mes parrainages d'enfants, aucun de mes micro-crédits, aucun programme classique de lutte contre la pauvreté n'allaient arrêter les Brutus de ce monde. Simplement parce que ce n'est pas leur objectif.
This became even more clear to me when I met Griselda. She's a marvelous young girl living in a very poor community in Guatemala. And one of the things we've learned over the years is that perhaps the most powerful thing that Griselda and her family can do to get Griselda and her family out of poverty is to make sure that she goes to school. The experts call this the Girl Effect. But when we met Griselda, she wasn't going to school. In fact, she was rarely ever leaving her home.
Ceci est devenu encore plus évident lorsque j'ai rencontré Griselda, une merveilleuse jeune fille qui vit dans une communauté très pauvre, au Guatemala. Ce que nous avons appris avec le temps, c'est que, la chose probablement la plus puissante que Griselda et sa famille puissent faire pour sortir de la pauvreté est de s'assurer qu'elle aille à l'école. Les experts appellent ça « The Girl Effect. » Mais quand nous avons rencontré Griselda, elle n'allait pas à l'école. En réalité, elle quittait sa maison très rarement.
Days before we met her, while she was walking home from church with her family, in broad daylight, men from her community just snatched her off the street, and violently raped her. See, Griselda had every opportunity to go to school, it just wasn't safe for her to get there. And Griselda's not the only one. Around the world, poor women and girls between the ages of 15 and 44, they are -- when victims of the everyday violence of domestic abuse and sexual violence -- those two forms of violence account for more death and disability than malaria, than car accidents, than war combined. The truth is, the poor of our world are trapped in whole systems of violence.
Quelques jours avant notre rencontre, alors qu'elle rentrait de l'église avec sa famille, en plein jour, des hommes de sa communauté l'ont enlevée dans la rue, et l'ont brutalement violée. Griselda avait toutes les opportunités d'aller à l'école. Il était juste très dangereux pour elle de s'y rendre. Le cas de Griselda n'est pas isolé. A travers le monde, les femmes et les jeunes filles pauvres, âgées de 15 à 44 ans, sont souvent victimes de violences quotidiennes : domestiques et sexuelles. Ces deux formes de violence causent plus de décès et de handicaps que la malaria, les accidents de voiture, et la guerre ensemble. Les populations pauvres sont piégées dans des systèmes de violence.
In South Asia, for instance, I could drive past this rice mill and see this man hoisting these 100-pound sacks of rice upon his thin back. But I would have no idea, until later, that he was actually a slave, held by violence in that rice mill since I was in high school. Decades of anti-poverty programs right in his community were never able to rescue him or any of the hundred other slaves from the beatings and the rapes and the torture of violence inside the rice mill. In fact, half a century of anti-poverty programs have left more poor people in slavery than in any other time in human history.
En Asie du Sud, par exemple, en conduisant devant une rizière, j’ai observé un homme hisser des sacs de riz sur son dos frêle. Ces sacs pèsent 45 kg. Ce n’est que plus tard que j’ai compris qu'il était en réalité un esclave, retenu par la force dans cette rizière, depuis que j'étais au lycée. Des décennies de programmes contre la pauvreté dans la communauté de cet homme, n'ont jamais permis de le sauver, ni lui, ni les centaines d'esclaves, des coups, des viols, de la torture et de la violence dans les rizières. En fait, un demi-siècle de programmes contre la pauvreté a abandonné plus de personnes pauvres à l'esclavagisme que dans n'importe quelle période de l'histoire humaine.
Experts tell us that there's about 35 million people in slavery today. That's about the population of the entire nation of Canada, where we're sitting today. This is why, over time, I have come to call this epidemic of violence the Locust Effect. Because in the lives of the poor, it just descends like a plague and it destroys everything. In fact, now when you survey very, very poor communities, residents will tell you that their greatest fear is violence. But notice the violence that they fear is not the violence of genocide or the wars, it's everyday violence.
Les experts nous indiquent qu'il y a aujourd'hui 35 millions d'esclaves. C'est environ la population entière du Canada, où nous sommes aujourd'hui. Voilà pourquoi, j'appelle cette épidémie de violence l'Effet Sauterelle. Comme ce fléau, elle envahit, en effet, la vie des plus pauvres, et détruit tout sur son passage. En réalité, lorsque on enquête sur des communautés très pauvres, les habitants vous diront que leur plus grande peur est la violence. Mais comprenez que le type de violence qu'ils craignent n'est pas celle des génocides ou des guerres ; c'est la violence quotidienne.
So for me, as a lawyer, of course, my first reaction was to think, well, of course we've got to change all the laws. We've got to make all this violence against the poor illegal. But then I found out, it already is. The problem is not that the poor don't get laws, it's that they don't get law enforcement. In the developing world, basic law enforcement systems are so broken that recently the U.N. issued a report that found that "most poor people live outside the protection of the law." Now honestly, you and I have just about no idea of what that would mean because we have no first-hand experience of it. Functioning law enforcement for us is just a total assumption. In fact, nothing expresses that assumption more clearly than three simple numbers: 9-1-1, which, of course, is the number for the emergency police operator here in Canada and in the United States, where the average response time to a police 911 emergency call is about 10 minutes. So we take this just completely for granted.
Pour moi, en tant qu'avocat, ma première réaction a été de penser qu'il faut changer toutes les lois. Nous devons rendre illégale toute cette violence envers les pauvres. Et ensuite, j'ai réalisé que c'était déjà le cas. Le problème n'est pas l’absence de loi. Le problème est qu'ils ne bénéficient pas de leur application. Dans les pays en voie de développement, les systèmes d’application du droit sont si défaillants, qu'un rapport récent publié par l'O.N.U nous révèle ce constat : « la plupart des pauvres vivent en dehors de toute protection légale. » Honnêtement, vous et moi n'avons aucune idée de ce que ça veut dire, parce que nous n'en avons pas l'expérience. A nos yeux, l'application du droit est une totale évidence. Rien n'exprime plus clairement cette « évidence » que ces 3 chiffres : 9-1-1. Le numéro d'urgence de la police, ici, au Canada et aux États-Unis. Chez nous, l'attente moyenne d'un appel au 9-1-1 est d'environ 10 minutes. Nous considérons cette sécurité comme complètement naturelle. Que se passe-t-il quand la loi n'est pas appliquée pour vous protéger ?
But what if there was no law enforcement to protect you? A woman in Oregon recently experienced what this would be like. She was home alone in her dark house on a Saturday night, when a man started to tear his way into her home. This was her worst nightmare, because this man had actually put her in the hospital from an assault just two weeks before. So terrified, she picks up that phone and does what any of us would do: She calls 911 -- but only to learn that because of budget cuts in her county, law enforcement wasn't available on the weekends. Listen. Dispatcher: I don't have anybody to send out there. Woman: OK Dispatcher: Um, obviously if he comes inside the residence and assaults you, can you ask him to go away? Or do you know if he is intoxicated or anything? Woman: I've already asked him. I've already told him I was calling you. He's broken in before, busted down my door, assaulted me. Dispatcher: Uh-huh. Woman: Um, yeah, so ... Dispatcher: Is there any way you could safely leave the residence? Woman: No, I can't, because he's blocking pretty much my only way out. Dispatcher: Well, the only thing I can do is give you some advice, and call the sheriff's office tomorrow. Obviously, if he comes in and unfortunately has a weapon or is trying to cause you physical harm, that's a different story. You know, the sheriff's office doesn't work up there. I don't have anybody to send."
Une femme dans l'Oregon en a récemment subi les effets. Elle était seule, dans sa maison, dans l'obscurité, un samedi soir, quand un homme a essayé de pénétrer chez elle. C'était son pire cauchemar, parce cet homme l'avait déjà agressée. Elle avait été hospitalisée des suites de ses blessures, pas moins de deux semaines auparavant. Terrifiée, elle s'est emparée de son téléphone et a fait ce que chacun de nous eut fait : elle a appelé 9-1-1, seulement pour apprendre que les économies budgétaires dans son comté, avaient conduit à supprimer le service de police les week-ends. Écoutez. Opérateur : Je n'ai personne à envoyer chez vous. Femme : OK O : Hmm, s'il entre dans la maison et vous agresse, pouvez-vous lui demander de partir ? Savez-vous s'il est saoul ? V : Je lui ai déjà demandé de partir. Il sait que je vous appelle. Il est déjà entré par effraction, il a démoli ma porte et m'a attaquée. O : Haha. V : Voilà, ... O : Y a-t-il un moyen pour vous échapper ? V : Non. Il bloque la seule sortie. O : La seule chose que je puisse faire est de vous conseiller, et d'appeler le bureau du sherif demain. Évidemment, s'il entre, et que malencontreusement, il est armé, ou qu'il tente de vous attaquer, c'est une autre histoire. Vous savez, le bureau du sherif est fermé dans votre quartier. Je n'ai personne à envoyer. »
Gary Haugen: Tragically, the woman inside that house was violently assaulted, choked and raped because this is what it means to live outside the rule of law. And this is where billions of our poorest live. What does that look like? In Bolivia, for example, if a man sexually assaults a poor child, statistically, he's at greater risk of slipping in the shower and dying than he is of ever going to jail for that crime. In South Asia, if you enslave a poor person, you're at greater risk of being struck by lightning than ever being sent to jail for that crime. And so the epidemic of everyday violence, it just rages on. And it devastates our efforts to try to help billions of people out of their two-dollar-a-day hell. Because the data just doesn't lie. It turns out that you can give all manner of goods and services to the poor, but if you don't restrain the hands of the violent bullies from taking it all away, you're going to be very disappointed in the long-term impact of your efforts.
Gary Haugen : Tragiquement, l'homme a agressé violemment cette femme, il l'a étranglée et violée, dans sa maison. Voilà comment devient la vie quand la loi n'est pas appliquée. Voilà où vivent les milliards de personnes les plus pauvres. A quoi cela ressemble-t-il ? En Bolivie, par exemple, si un homme viole un enfant pauvre, statistiquement, il a plus de risque de glisser dans sa douche et mourir, que d'aller en prison pour son crime. En Asie du Sud, en asservissant des pauvres dans l'esclavagisme, vous avez plus de risque d'être frappé par un éclair que d'être envoyé en prison pour ce crime. Ainsi, l'épidémie de la violence continue d'ensanglanter le quotidien. Elle anéantit nos efforts pour aider les millards de personnes à sortir de leur enfer des 2$ par jour. Parce les chiffres ne mentent pas. Vous pouvez donner des produits et des services variés aux pauvres mais si vous n'empêchez pas les voyous de s'en emparer, vous serez très déçus de l'impact à long terme de vos efforts.
So you would think that the disintegration of basic law enforcement in the developing world would be a huge priority for the global fight against poverty. But it's not. Auditors of international assistance recently couldn't find even one percent of aid going to protect the poor from the lawless chaos of everyday violence. And honestly, when we do talk about violence against the poor, sometimes it's in the weirdest of ways. A fresh water organization tells a heart-wrenching story of girls who are raped on the way to fetching water, and then celebrates the solution of a new well that drastically shortens their walk. End of story. But not a word about the rapists who are still right there in the community. If a young woman on one of our college campuses was raped on her walk to the library, we would never celebrate the solution of moving the library closer to the dorm. And yet, for some reason, this is okay for poor people.
On pourrait penser que la désintégration de l'application du droit dans les pays en voie de développement, est une priorité dans la lutte contre la la pauvreté. Mais ce n'est pas le cas. Les auditeurs d'aides internationales n'ont même pas pu trouver ne serait-ce qu'1% d'aide visant la protection des pauvres, contre le chaos sans loi de la violence journalière. Honnêtement, lorsque nous parlons de violence contre les pauvres, c'est parfois de manière très étrange. Une organisation qui développe l'accès à l'eau potable, nous fend le cœur avec ses histoires de filles violées sur la route vers le puits. Ensuite, elle se félicite d'une solution de nouveaux puits pour raccourcir leur chemin. Fin de l'histoire. Mais pas un seul mot des violeurs qui sont toujours là, dans la communauté. Si une jeune femme sur un de nos campus se faisait violer sur le chemin de la bibliothèque, nous ne réjouirions pas d'avoir installé une bibliothèque plus proche. Cependant, pour une raison étrange, c'est satisfaisant pour les indigents.
Now the truth is, the traditional experts in economic development and poverty alleviation, they don't know how to fix this problem. And so what happens? They don't talk about it. But the more fundamental reason that law enforcement for the poor in the developing world is so neglected, is because the people inside the developing world, with money, don't need it. I was at the World Economic Forum not long ago talking to corporate executives who have massive businesses in the developing world and I was just asking them, "How do you guys protect all your people and property from all the violence?" And they looked at each other, and they said, practically in unison, "We buy it."
En fait, les experts traditionnels du développement économique et de la réduction de la pauvreté, ne savent pas comment résoudre ce problème. Et donc que se passe-t-il ? Ils n'en parlent pas. Mais la raison fondamentale pour laquelle on n'applique pas la loi pour les pauvres dans ces pays, est la suivante : les riches de ces pays n'en ont pas besoin. J'ai participé récemment au Forum Économique Mondial. En parlant aux dirigeants d'entreprises qui ont des activités importantes dans ces pays, je leur demandais simplement : « Comment vos employés et vos propriétés sont-ils protégés de la violence? » Ils se sont regardés et ont répondu presque à l'unisson : « Nous achetons la protection. »
Indeed, private security forces in the developing world are now, four, five and seven times larger than the public police force. In Africa, the largest employer on the continent now is private security. But see, the rich can pay for safety and can keep getting richer, but the poor can't pay for it and they're left totally unprotected and they keep getting thrown to the ground.
Évidemment, les forces de sécurité privées dans les pays en voie de développement sont 4, 5 et 7 fois plus importantes que les forces de police publique. En Afrique, la sécurité privée est le plus gros employeur du continent. Les riches peuvent payer pour la sécurité, et continuer à devenir riches. Mais les pauvres ne peuvent pas payer pour ça et sont laissés sans protection. Ils restent à genoux, dans la misère.
This is a massive and scandalous outrage. And it doesn't have to be this way. Broken law enforcement can be fixed. Violence can be stopped. Almost all criminal justice systems, they start out broken and corrupt, but they can be transformed by fierce effort and commitment.
C'est un outrage gigantesque et scandaleux. Or, ça ne doit pas nécessairement se passer ainsi. L’échec de l'application de la loi peut être corrigé. La violence peut être arrêtée. Presque tous les systèmes de justice criminelle ont commencé avec des échecs et la corruption, mais ils peuvent être améliorés avec des efforts et de l'engagement.
The path forward is really pretty clear. Number one: We have to start making stopping violence indispensable to the fight against poverty. In fact, any conversation about global poverty that doesn't include the problem of violence must be deemed not serious.
Le chemin est assez clair. Premièrement : nous devons commencer par faire en sorte qu'arrêter la violence soit indispensable à la lutte contre la pauvreté. En fait, tout débat sur la pauvreté qui n'inclut pas le problème de violence, ne doit pas être pris au sérieux.
And secondly, we have to begin to seriously invest resources and share expertise to support the developing world as they fashion new, public systems of justice, not private security, that give everybody a chance to be safe. These transformations are actually possible and they're happening today. Recently, the Gates Foundation funded a project in the second largest city of the Philippines, where local advocates and local law enforcement were able to transform corrupt police and broken courts so drastically, that in just four short years, they were able to measurably reduce the commercial sexual violence against poor kids by 79 percent.
Deuxièmement, nous devons commencer à investir sérieusement, et à partager nos ressources et notre expertise, pour aider ces pays à modéliser un nouveau système de justice publique. Pas de sécurité privée, mais un système qui donne à tous une chance d'être en sécurité. Ces transformations sont vraiment possibles. Elles sont mises en place, maintenant. Récemment, la Fondation Gates a financé un projet dans la deuxième plus grosse ville des Philippines, où les défenseurs locaux et les services judiciaires ont permis de métamorphoser la police et les tribunaux corrompus de manière si drastique, qu'elles ont été capables de réduire de manière notable le commerce de violence sexuelles contre les enfants pauvres de 79%, en seulement 4 petites années.
You know, from the hindsight of history, what's always most inexplicable and inexcusable are the simple failures of compassion. Because I think history convenes a tribunal of our grandchildren and they just ask us, "Grandma, Grandpa, where were you? Where were you, Grandpa, when the Jews were fleeing Nazi Germany and were being rejected from our shores? Where were you? And Grandma, where were you when they were marching our Japanese-American neighbors off to internment camps? And Grandpa, where were you when they were beating our African-American neighbors just because they were trying to register to vote?" Likewise, when our grandchildren ask us, "Grandma, Grandpa, where were you when two billion of the world's poorest were drowning in a lawless chaos of everyday violence?" I hope we can say that we had compassion, that we raised our voice, and as a generation, we were moved to make the violence stop.
Vous savez, avec le recul sur cette histoire, le plus inexplicable et inexcusable est le simple échec de compassion. Quand j'imagine un tribunal où nous convoqueraient nos petits-enfants, et qu'ils nous demanderaient « Mamie, Papi, où étiez-vous ? Où étais-tu, Papi, quand les Juifs fuyaient l'Allemagne Nazie et étaient rejetés sur nos rives ? Où regardais-tu ? Et toi Mamie, où étais-tu quand ils envoyaient nos voisins Japano-Américains dans des camps d'internement ? Papi, où étais-tu quand ils tabassaient nos voisins Africano-Américains juste parce qu'il étaient en train d'essayer de s'inscrire pour voter ? » Nos petits-enfants nous mettront aussi devant nos responsabilités : « Mamie, Papi, où étiez-vous quand les 2 milliards de personnes les plus pauvres au monde se noyaient dans le chaos anarchique de violences journalières ? » J'espère que nous pourrons affirmer que nous avons agi avec compassion, et que notre génération a été affectée au point de faire arrêter la violence.
Thank you very much.
Merci beaucoup.
(Applause)
( Applaudissements )
Chris Anderson: Really powerfully argued. Talk to us a bit about some of the things that have actually been happening to, for example, boost police training. How hard a process is that? GH: Well, one of the glorious things that's starting to happen now is that the collapse of these systems and the consequences are becoming obvious. There's actually, now, political will to do that. But it just requires now an investment of resources and transfer of expertise. There's a political will struggle that's going to take place as well, but those are winnable fights, because we've done some examples around the world at International Justice Mission that are very encouraging.
Chris Anderson : Quels arguments ! Parlez-nous un peu de certaines actions mises en place, par exemple, l'intensification des formations de police. A quel point est-ce difficile ? GH : Une des meilleures choses qui est en train d'arriver, est l'implosion de ces systèmes et l'apparition des conséquences. C'est maintenant une volonté politique, qui nécessite un investissement en ressources et en transfert d'expertise. Une lutte des pouvoirs politiques va forcément avoir lieu, mais ce sont des combats que nous pouvons gagner, car Mission de Justice Internationale a créé des précédents très encourageants, dans le monde entier.
CA: So just tell us in one country, how much it costs to make a material difference to police, for example -- I know that's only one piece of it. GH: In Guatemala, for instance, we've started a project there with the local police and court system, prosecutors, to retrain them so that they can actually effectively bring these cases. And we've seen prosecutions against perpetrators of sexual violence increase by more than 1,000 percent. This project has been very modestly funded at about a million dollars a year, and the kind of bang you can get for your buck in terms of leveraging a criminal justice system that could function if it were properly trained and motivated and led, and these countries, especially a middle class that is seeing that there's really no future with this total instability and total privatization of security I think there's an opportunity, a window for change.
CA : Je sais que ce n'est qu'une facette du problème, mais, dans un pays, combien cela coûte pour faire une différence matérielle significative dans la police ? GH : Au Guatemala, par exemple, nous avons commencé un projet de formation avec la police locale, les tribunaux et les procureurs. pour qu'ils puissent gérer efficacement leurs dossiers. Nous avons constaté une augmentation des procès, par un facteur 1000, contre des auteurs de violences sexuelles. Ce projet a été financé modestement avec un million de dollars par an. Le retour sur investissement est impressionnant en termes d'effet de levier : un système de justice pénal en état de fonctionnement quand il est formé et motivé. Dans ces pays, ça ouvre une fenêtre vers le changement, vers de nouvelles opportunités, spécialement pour la classe moyenne qui ne croit pas à l'avenir, avec cette instabilité totale et la privatisation de la sécurité.
CA: But to make this happen, you have to look at each part in the chain -- the police, who else? GH: So that's the thing about law enforcement, it starts out with the police, they're the front end of the pipeline of justice, but they hand if off to the prosecutors, and the prosecutors hand it off to the courts, and the survivors of violence have to be supported by social services all the way through that. So you have to do an approach that pulls that all together. In the past, there's been a little bit of training of the courts, but they get crappy evidence from the police, or a little police intervention that has to do with narcotics or terrorism but nothing to do with treating the common poor person with excellent law enforcement, so it's about pulling that all together, and you can actually have people in very poor communities experience law enforcement like us, which is imperfect in our own experience, for sure, but boy, is it a great thing to sense that you can call 911 and maybe someone will protect you.
CA : Pour permettre le changement, vous devez influer sur tous les maillons de la chaîne. Il y a la police. Quoi d'autre ? GH : L'application du droit commence par la police, ils sont le premier maillon de la justice. Ils passent le relais aux procureurs, et les procureurs passent le relais aux tribunaux. Pendant tout ce temps-là, les victimes doivent être aidées par les services sociaux. Nous devons donc avoir une approche holistique. Dans le passé, on a organisé des formations pour les tribunaux. Mais la police leur transmet des dossiers mal ficelés, ou bien un dossier pour la forme, sur des narcotrafiquants ou des terroristes. Mais ça n'a aucun rapport avec l'application du droit en faveur des populations défavorisées. Si on influence le système intégralement, des personnes qui vivent dans des endroits très pauvres, peuvent jouir de l'application du droit, comme nous. Cette application reste certes imparfaite, mais, quel sentiment de sécurité de savoir qu'on peut appeler le 911, et que quelqu'un viendra nous protéger.
CA: Gary, I think you've done a spectacular job of bringing this to the world's attention in your book and right here today.
CA : Gary, vous avez fait un travail spectaculaire pour tirer la sonnette d'alarme grâce à votre livre, et aujourd'hui même. Merci beaucoup.
Thanks so much.
Gary Haugen.
Gary Haugen.
(Applaudissements)
(Applause)