Thank you. It's really an honor and a privilege to be here spending my last day as a teenager. Today I want to talk to you about the future, but first I'm going to tell you a bit about the past. My story starts way before I was born. My grandmother was on a train to Auschwitz, the death camp. And she was going along the tracks, and the tracks split. And somehow -- we don't really know exactly the whole story -- but the train took the wrong track and went to a work camp rather than the death camp. My grandmother survived and married my grandfather. They were living in Hungary, and my mother was born. And when my mother was two years old, the Hungarian revolution was raging, and they decided to escape Hungary. They got on a boat, and yet another divergence -- the boat was either going to Canada or to Australia. They got on and didn't know where they were going, and ended up in Canada. So, to make a long story short, they came to Canada. My grandmother was a chemist. She worked at the Banting Institute in Toronto, and at 44 she died of stomach cancer. I never met my grandmother, but I carry on her name -- her exact name, Eva Vertes -- and I like to think I carry on her scientific passion, too.
Merci ! C'est vraiment un honneur et un privilège d'être ici pour passer mon dernier jour d'adolescente. Aujourd'hui je veux vous parler du futur, mais d'abord je vais faire un petit détour par le passé. Mon histoire commence bien avant ma naissance. Ma grand-mère était dans un train pour Auschwitz, le camp d'extermination. Et elle suivait les rails, et soudain les rails se divisèrent. Et d'une certaine façon -- nous n'avons jamais connu toute l'histoire -- le train a été mal aiguillé et s'est dirigé vers un camp de travail plutôt que vers Auschwitz. Ma grand-mère a survécu et s'est mariée à mon grand-père. Ils ont vécu en Hongrie, où ma mère est née. Et lorsque ma mère eut 2 ans, alors que la révolution faisait rage, mes grands-parents décidèrent de fuir la Hongrie. Il prirent un bateau, qui fut l'occasion d'une autre divergence -- le bateau partait soit pour le Canada, soit pour l'Australie. Ils montèrent sans savoir où ils débarqueraient, et sont finalement arrivés au Canada. En résumé, mes grands-parents ont émigré au Canada. Ma grand-mère était chimiste. Elle a travaillé au Banting Institute à Toronto, et mourut à 44 ans d'un cancer de l'estomac. Je ne l'ai jamais connue, mais je porte son nom -- à l'identique, Eva Vertes -- and j'aime à penser que je porte aussi sa passion scientifique.
I found this passion not far from here, actually, when I was nine years old. My family was on a road trip and we were in the Grand Canyon. And I had never been a reader when I was young -- my dad had tried me with the Hardy Boys; I tried Nancy Drew; I tried all that -- and I just didn't like reading books. And my mother bought this book when we were at the Grand Canyon called "The Hot Zone." It was all about the outbreak of the Ebola virus. And something about it just kind of drew me towards it. There was this big sort of bumpy-looking virus on the cover, and I just wanted to read it. I picked up that book, and as we drove from the edge of the Grand Canyon to Big Sur, and to, actually, here where we are today, in Monterey, I read that book, and from when I was reading that book, I knew that I wanted to have a life in medicine. I wanted to be like the explorers I'd read about in the book, who went into the jungles of Africa, went into the research labs and just tried to figure out what this deadly virus was. So from that moment on, I read every medical book I could get my hands on, and I just loved it so much. I was a passive observer of the medical world.
J'ai découvert cette passion près d'ici, en fait, lorsque j'avais 9 ans. Nous passions des vacances familiales itinérantes, et nous étions au Grand Canyon. Et je n'ai jamais été une lectrice pendant ma jeunesse -- mon père avait essayé de me faire lire les "Frères Hardy", j'avais essayé Nancy Drew, j'avais essayé tout ça -- mais je n'aimais pas la lecture. Ma mère a alors acheté ce livre quand nous étions au Grand Canyon, qui s'appelait "Virus." Il traitait de l'épidémie du virus Ebola. Et quelque chose m'a juste attiré vers ce livre. Il y avait cette espèce de virus cabossé sur la couverture, et j'ai juste eu envie de le lire. J'ai pris le livre, et tandis que nous quittions le Grand Canyon pour nous diriger vers Big Sur [partie Sud de la côté californienne] et vers ici-même, Monterey, j'ai lu ce livre, et à partir de cette lecture initiale, j'ai su que je voulais consacrer ma vie à la médecine. Je voulais être comme ces explorateurs dont parlait ce livre, qui partaient dans les jungles africaines, revenaient dans leurs labos de recherche et tentaient de comprendre la nature de ce virus mortel. A partir de ce moment, j'ai lu tous les livres médicaux sur lesquels je pouvais tomber, et cela m'a tellement plu. J'étais alors une observatrice passive du monde médical.
It wasn't until I entered high school that I thought, "Maybe now, you know -- being a big high school kid -- I can maybe become an active part of this big medical world." I was 14, and I emailed professors at the local university to see if maybe I could go work in their lab. And hardly anyone responded. But I mean, why would they respond to a 14-year-old, anyway? And I got to go talk to one professor, Dr. Jacobs, who accepted me into the lab. At that time, I was really interested in neuroscience and wanted to do a research project in neurology -- specifically looking at the effects of heavy metals on the developing nervous system. So I started that, and worked in his lab for a year, and found the results that I guess you'd expect to find when you feed fruit flies heavy metals -- that it really, really impaired the nervous system. The spinal cord had breaks. The neurons were crossing in every which way. And from then I wanted to look not at impairment, but at prevention of impairment.
Ce n'est qu'en entrant au lycée que j'ai pensé, "Peut-être que maintenant -- en tant qu'étudiante au lycée -- je peux devenir partie prenante dans ce grand monde médical." J'avais 14 ans, et j'ai envoyé des e-mails aux professeurs de l'université locale pour savoir si je pouvais travailler dans leurs labos. Personne n'a répondu. Mais après tout, pourquoi répondre à une jeune fille de 14 ans ? Puis je suis allée discuter avec un professeur, le Dr Jacobs, qui m'a acceptée dans son laboratoire. À cette époque, j'étais très intéressée par les neurosciences et je voulais faire un projet de recherche en neurologie -- spécifiquement sur les effets des métaux lourds sur le développement du système nerveux. J'ai débuté ce projet, et j'ai travaillé dans le laboratoire pendant un an, pour trouver des résultats que tout un chacun s'attendrait à trouver si vous donnez des métaux lourds à des drosophiles -- cela endommage très sérieusement le système nerveux. La moelle épinière était fragmentée, les neurones se croisaient dans tous les sens. À parti de ces résultats, j'ai voulu regarder non pas la dégradation, mais sa prévention.
So that's what led me to Alzheimer's. I started reading about Alzheimer's and tried to familiarize myself with the research, and at the same time when I was in the -- I was reading in the medical library one day, and I read this article about something called "purine derivatives." And they seemed to have cell growth-promoting properties. And being naive about the whole field, I kind of thought, "Oh, you have cell death in Alzheimer's which is causing the memory deficit, and then you have this compound -- purine derivatives -- that are promoting cell growth." And so I thought, "Maybe if it can promote cell growth, it can inhibit cell death, too." And so that's the project that I pursued for that year, and it's continuing now as well, and found that a specific purine derivative called "guanidine" had inhibited the cell growth by approximately 60 percent. So I presented those results at the International Science Fair, which was just one of the most amazing experiences of my life. And there I was awarded "Best in the World in Medicine," which allowed me to get in, or at least get a foot in the door of the big medical world.
C'est ce qui m'a menée à la maladie d'Alzheimer. J'ai commencé à lire sur la maladie d'Alzheimer et j'ai essayé de me familiariser avec la recherche menée sur ce sujet, et en même temps j'étais dans le -- Un jour j'étais dans la bibliothèque médicale, et j'ai lu cet article qui traitait des dérivés de la purine. Ces dérivés semblaient capables de favoriser la croissance cellulaire. Comme j'étais naïve sur le sujet, j'ai pensé "Oh, il y a mort cellulaire dans la maladie d'Alzheimer qui cause une perte de mémoire, et il y a ces produits -- les dérivés de la purine -- qui promeuvent la croissance cellulaire." Donc j'ai pensé, "Peut-être si cela peut promouvoir la croissance cellulaire, cela peut également inhiber la mort cellulaire." Et c'est ce projet que j'ai poursuivi pendant cette année, qui continue encore aujourd'hui, et qui a trouvé qu'un dérivé particulier de la purine, nommé guanidine inhibait le développement cellulaire d'environ 60%. J'ai présenté ces résultats lors de l'International Science Fair [concours de recherches indépendantes pré-universitaires] qui fut l'une des plus extraordinaires expériences de ma vie. J'ai alors été récompensée par le Prix de Meilleure Recherche en Médecine ce qui m'a permis d'entrer, ou au moins de mettre un pied dans la porte du monde médical.
And from then on, since I was now in this huge exciting world, I wanted to explore it all. I wanted it all at once, but knew I couldn't really get that. And I stumbled across something called "cancer stem cells." And this is really what I want to talk to you about today -- about cancer. At first when I heard of cancer stem cells, I didn't really know how to put the two together. I'd heard of stem cells, and I'd heard of them as the panacea of the future -- the therapy of many diseases to come in the future, perhaps. But I'd heard of cancer as the most feared disease of our time, so how did the good and bad go together? Last summer I worked at Stanford University, doing some research on cancer stem cells. And while I was doing this, I was reading the cancer literature, trying to -- again -- familiarize myself with this new medical field. And it seemed that tumors actually begin from a stem cell. This fascinated me. The more I read, the more I looked at cancer differently and almost became less fearful of it.
Dès lors que je faisais partie de cet immense et excitant environnement, j'ai voulu tout explorer. Je voulais tout d'un coup, mais je savais que je ne pourrais l'obtenir. Et je suis tombée sur quelque chose appelé cellules souches cancéreuses. Et c'est le véritable sujet de ma conférence aujourd'hui -- le cancer. Au départ lorsque j'ai entendu parler de cellules souches cancéreuses, je ne savais pas vraiment comment assembler les deux notions. Cellules souches, j'en avais entendu parler comme panacée de la médecine future, la possible thérapie de nombreuses maladies actuelles et futures. Mais je connaissais le cancer comme la maladie actuelle la plus redoutée, alors comment assembler ces deux notions contradictoires ? L'été dernier j'ai travaillé à l'Université de Stanford, sur les cellules souches cancéreuses. Et en parallèle, j'explorais la littérature sur le cancer, en essayant -- encore -- de me familiariser avec ce nouveau domaine médical. Et il semblait que les tumeurs se formaient à partir d'une cellule souche. Cela m'a fascinée. Plus je lisais, et plus je considérais le cancer différemment, moins je le craignais, en quelque sorte.
It seems that cancer is a direct result to injury. If you smoke, you damage your lung tissue, and then lung cancer arises. If you drink, you damage your liver, and then liver cancer occurs. And it was really interesting -- there were articles correlating if you have a bone fracture, and then bone cancer arises. Because what stem cells are -- they're these phenomenal cells that really have the ability to differentiate into any type of tissue. So, if the body is sensing that you have damage to an organ and then it's initiating cancer, it's almost as if this is a repair response. And the cancer, the body is saying the lung tissue is damaged, we need to repair the lung. And cancer is originating in the lung trying to repair -- because you have this excessive proliferation of these remarkable cells that really have the potential to become lung tissue. But it's almost as if the body has originated this ingenious response, but can't quite control it. It hasn't yet become fine-tuned enough to finish what has been initiated. So this really, really fascinated me.
Le cancer est apparemment le résultat direct d'une blessure du corps. Si vous fumez, vous endommagez votre tissu pulmonaire, et le cancer du poumon se développe. Si vous buvez, vous abimez votre foie, et le cancer du foie se développe. C'était très intéressant -- certains articles faisaient la corrélation entre les fractures osseuses et le risque de développement de cancer osseux. Parce que la nature des cellules souches -- ce sont ces cellules fantastiques qui ont la possibilité de devenir n'importe quel type de tissu. Donc, si le corps réalise qu'un organe est endommagé et qu'il débute le processus de cancérisation, c'est presque comme s'il s'agissait d'une réparation. Et le corps voit que le tissu pulmonaire est endommagé, et dit il faut réparer le poumon. Et le cancer débute dans ce poumon qui essaie de se réparer -- car il y a cette prolifération excessive de ces cellules remarquables qui peuvent devenir du tissu pulmonaire. C'est presque comme si le corps avait initié cette réponse ingénieuse, mais ne pouvait réellement la contrôler. Cette réponse n'est pas encore assez précise pour terminer ce qu'elle a commencé. Ces phénomènes m'ont réellement, vraiment fascinée.
And I really think that we can't think about cancer -- let alone any disease -- in such black-and-white terms. If we eliminate cancer the way we're trying to do now, with chemotherapy and radiation, we're bombarding the body or the cancer with toxins, or with radiation, trying to kill it. It's almost as if we're getting back to this starting point. We're removing the cancer cells, but we're revealing the previous damage that the body has tried to fix. Shouldn't we think about manipulation, rather than elimination? If somehow we can cause these cells to differentiate -- to become bone tissue, lung tissue, liver tissue, whatever that cancer has been put there to do -- it would be a repair process. We'd end up better than we were before cancer. So, this really changed my view of looking at cancer. And while I was reading all these articles about cancer, it seemed that the articles -- a lot of them -- focused on, you know, the genetics of breast cancer, and the genesis and the progression of breast cancer -- tracking the cancer through the body, tracing where it is, where it goes.
et j'ai véritablement réalisé qu'on ne peut réfléchir au cancer -- et encore moins à toute autre maladie -- en termes manichéens. Si nous éliminons le cancer comme aujourd'hui, par chimiothérapie et radiations, en bombardant le corps ou le cancer de toxines, ou de radiations, pour le tuer, c'est presque comme si nous revenions au point de départ. Nous supprimons les cellules cancéreuses, mais nous révélons alors les lésions précédentes que le corps avait tenté de réparer. Ne devrions-nous pas penser à manipuler, plutôt qu'à éliminer ? Si nous trouvons un moyen de provoquer la différenciation de ces cellules, afin qu'elles deviennent du tissu osseux, pulmonaire, hépatique, quel que soit le tissu que le cancer est initialement supposé réparer -- il s'agirait d'un processus de réparation. Nous serions dans une meilleure situation qu'avant le cancer. Tout ceci a vraiment changé ma façon de voir le cancer. Et pendant que je lisais tous ces articles sur le cancer, il me semblait qu'ils -- beaucoup d'entre eux -- se concentraient sur l'aspect génétique du cancer du sein. Et sur la genèse et la progression du cancer du sein -- comment repérer le cancer dans le corps, où il se trouve, où il va.
But it struck me that I'd never heard of cancer of the heart, or cancer of any skeletal muscle for that matter. And skeletal muscle constitutes 50 percent of our body, or over 50 percent of our body. And so at first I kind of thought, "Well, maybe there's some obvious explanation why skeletal muscle doesn't get cancer -- at least not that I know of." So, I looked further into it, found as many articles as I could, and it was amazing -- because it turned out that it was very rare. Some articles even went as far as to say that skeletal muscle tissue is resistant to cancer, and furthermore, not only to cancer, but of metastases going to skeletal muscle. And what metastases are is when the tumor -- when a piece -- breaks off and travels through the blood stream and goes to a different organ. That's what a metastasis is. It's the part of cancer that is the most dangerous. If cancer was localized, we could likely remove it, or somehow -- you know, it's contained. It's very contained. But once it starts moving throughout the body, that's when it becomes deadly. So the fact that not only did cancer not seem to originate in skeletal muscles, but cancer didn't seem to go to skeletal muscle -- there seemed to be something here. So these articles were saying, you know, "Skeletal -- metastasis to skeletal muscle -- is very rare." But it was left at that. No one seemed to be asking why.
Cela m'a frappé de ne jamais avoir entendu parler de cancer du cœur, ou d'aucun autre muscle squelettique d'ailleurs. Les muscles squelettiques constituent 50% de notre corps, voire plus. Et j'ai commencé à penser, "Peut-être y a-t-il une explication évidente au fait que le cancer ne touche pas les muscles squelettiques -- je ne la connais pas." Donc, j'ai exploré plus avant, trouvé autant d'articles que je pouvais, et c'était étonnant -- car il s'est trouvé qu'il y avait très peu d'articles à ce sujet. Certains articles allaient jusqu'à dire que le tissu du muscle squelettique est résistant au cancer, et, d'ailleurs, pas seulement au cancer, mais également aux métastases. Les métastases sont des parties de la tumeur initiale qui se détachent et voyagent via le courant sanguin pour s'implanter dans un autre organe. C'est la définition d'une métastase. Il s'agit de la partie la plus dangereuse du cancer. Si le cancer est localisé, nous pouvons sûrement l'enlever, ou du moins, il est limité. C'est un processus très limité. Mais quand le cancer commence à se déplacer dans le corps, alors il devient mortel. Donc le fait que non seulement le cancer ne débute pas dans les muscles squelettiques, mais également qu'il n'y essaime pas, -- il semblait y avoir quelque chose à explorer. Ces articles concluaient : "Les métastases au niveau du muscle squelettique sont très rares." Mais ils en restaient là. Personne ne semblait se demander pourquoi.
So I decided to ask why. At first -- the first thing I did was I emailed some professors who specialized in skeletal muscle physiology, and pretty much said, "Hey, it seems like cancer doesn't really go to skeletal muscle. Is there a reason for this?" And a lot of the replies I got were that muscle is terminally differentiated tissue. Meaning that you have muscle cells, but they're not dividing, so it doesn't seem like a good target for cancer to hijack. But then again, this fact that the metastases didn't go to skeletal muscle made that seem unlikely. And furthermore, that nervous tissue -- brain -- gets cancer, and brain cells are also terminally differentiated. So I decided to ask why. And here's some of, I guess, my hypotheses that I'll be starting to investigate this May at the Sylvester Cancer Institute in Miami. And I guess I'll keep investigating until I get the answers. But I know that in science, once you get the answers, inevitably you're going to have more questions. So I guess you could say that I'll probably be doing this for the rest of my life.
J'ai alors décidé de demander pourquoi. Au départ -- la première chose que j'ai faite -- j'ai envoyé des emails aux professeurs qui se spécialisaient dans la physiologie du muscle squelettique, et j'ai dit à peu près, "Hey, apparemment le cancer n'aime pas le muscle squelettique, y a-t-il une raison à cela ?" Une grande partie des réponses que j'ai reçues, disaient que le muscle squelettique est un tissu complètement différent. Cela signifie que les cellules musculaires ne se divisent plus, et que par conséquent elle ne sont pas une bonne cible pour le cancer. Mais, encore une fois, le fait que les métastases ne se localisent pas dans le muscle affaiblissait cette hypothèse. De plus, le tissu nerveux -- le cerveau -- est une cible fréquente du cancer, et les cellules du cerveau sont également très différentes. J'ai donc décidé de demander pourquoi. Et voici certaines de mes hypothèses, que je vais commencer à étudier en Mai au Sylvester Cancer Institute à Miami. Et je pense continuer à chercher jusqu'à ce que je trouve des réponses. Mais je sais qu'en sciences, une fois les réponses obtenues, de nouvelles questions apparaissent. Donc je suppose qu'on pourrait imaginer que je chercherai pour le restant de mes jours.
Some of my hypotheses are that when you first think about skeletal muscle, there's a lot of blood vessels going to skeletal muscle. And the first thing that makes me think is that blood vessels are like highways for the tumor cells. Tumor cells can travel through the blood vessels. And you think, the more highways there are in a tissue, the more likely it is to get cancer or to get metastases. So first of all I thought, you know, "Wouldn't it be favorable to cancer getting to skeletal muscle?" And as well, cancer tumors require a process called angiogenesis, which is really, the tumor recruits the blood vessels to itself to supply itself with nutrients so it can grow. Without angiogenesis, the tumor remains the size of a pinpoint and it's not harmful. So angiogenesis is really a central process to the pathogenesis of cancer.
Certaines de mes hypothèses sont que lorsque vous considérez le muscle squelettique, il y a de nombreux vaisseaux sanguins qui irriguent le muscle. Et ma première pensée fut que les vaisseaux sanguins sont comme des autoroutes pour les cellules cancéreuses. Les cellules cancéreuses peuvent voyager dans le courant sanguin. Et donc, le plus d'autoroutes on trouve dans un tissu, plus il est probable que ce tissu devienne cancéreux ou métastasé. Au départ, j'ai donc pensé, "Ne serait-ce pas favorable pour le cancer de se localiser dans le muscle squelettique ?" Et, également, les tumeurs cancéreuses nécessitent un processus nommé l'angiogénèse, qui consiste en la tumeur attirant les vaisseaux sanguins à elle afin de pouvoir s'alimenter pour grandir. Sans angiogénèse, la tumeur reste de la taille d'une tête d'épingle, inoffensive. L'angiogénèse est donc un processus central dans la pathogénèse du cancer.
And one article that really stood out to me when I was just reading about this, trying to figure out why cancer doesn't go to skeletal muscle, was that it had reported 16 percent of micro-metastases to skeletal muscle upon autopsy. 16 percent! Meaning that there were these pinpoint tumors in skeletal muscle, but only .16 percent of actual metastases -- suggesting that maybe skeletal muscle is able to control the angiogenesis, is able to control the tumors recruiting these blood vessels. We use skeletal muscles so much. It's the one portion of our body -- our heart's always beating. We're always moving our muscles. Is it possible that muscle somehow intuitively knows that it needs this blood supply? It needs to be constantly contracting, so therefore it's almost selfish. It's grabbing its blood vessels for itself. Therefore, when a tumor comes into skeletal muscle tissue, it can't get a blood supply, and can't grow.
Et un article qui a retenu mon attention, alors que je lisais sur ce sujet, en essayant de comprendre pourquoi le cancer ne va pas dans le muscle squelettique, rapportait 16% de micro-métastases dans le muscle squelettique lors de l'autopsie. 16% ! Ce qui signifiait qu'il y avait ces tumeurs de la taille d'une aiguille dans le muscle squelettique mais seulement 0,16% de métastases avérées -- ce qui suggérait la capacité du muscle squelettique à contrôler l'angiogénèse, à contrôler les tumeurs qui captent à elles les vaisseaux sanguins. Nous utilisons en permanences nos muscles. C'est la seule portion de notre corps -- notre cœur bat sans arrêt. Nous bougeons tout le temps nos muscles. Est-ce possible qu'intuitivement le muscle sache qu'il a besoin de cet afflux sanguin ? Il a besoin de se contracter en permanence, donc c'est un organe égoïste. Il accapare les vaisseaux sanguins pour son usage. D'où, lorsqu'une tumeur s'installe dans le muscle squelettique, elle ne peut s'approvisionner en sang, et ne peut grandir.
So this suggests that maybe if there is an anti-angiogenic factor in skeletal muscle -- or perhaps even more, an angiogenic routing factor, so it can actually direct where the blood vessels grow -- this could be a potential future therapy for cancer. And another thing that's really interesting is that there's this whole -- the way tumors move throughout the body, it's a very complex system -- and there's something called the chemokine network. And chemokines are essentially chemical attractants, and they're the stop and go signals for cancer. So a tumor expresses chemokine receptors, and another organ -- a distant organ somewhere in the body -- will have the corresponding chemokines, and the tumor will see these chemokines and migrate towards it. Is it possible that skeletal muscle doesn't express this type of molecules? And the other really interesting thing is that when skeletal muscle -- there's been several reports that when skeletal muscle is injured, that's what correlates with metastases going to skeletal muscle.
Cela suggère qu'il existe peut-être un facteur anti-angiogénique dans le muscle squelettique -- ou peut-être encore mieux, un facteur de redirection de l'angiogénèse, qui peut diriger la croissance des vaisseaux sanguins. Cela pourrait être une thérapie potentielle pour le cancer. Une autre chose passionnante est qu'il y a cet ensemble -- la façon dont les tumeurs se déplacent dans le corps par un système très complexe -- qu'on appelle le réseau de chémokines. Les chémokines sont essentiellement des capteurs chimiques, et ce sont les signaux de départ et d'arrêt pour le cancer. Une tumeur doit donc produire des récepteurs de chémokines, et un autre organe -- distant dans le corps -- aura les chémokines correspondantes, et la tumeur va identifier ces chémokines et migrer dans leur direction. Est-il possible que le muscle squelettique ne produise pas ces types de molécules ? Et l'autre phénomène vraiment intéressant est que lorsque le muscle squelettique -- il y a eu plusieurs cas rapportés de corrélation entre lésion musculaire et développement de métastases musculaires.
And, furthermore, when skeletal muscle is injured, that's what causes chemokines -- these signals saying, "Cancer, you can come to me," the "go signs" for the tumors -- it causes them to highly express these chemokines. So, there's so much interplay here. I mean, there are so many possibilities for why tumors don't go to skeletal muscle. But it seems like by investigating, by attacking cancer, by searching where cancer is not, there has got to be something -- there's got to be something -- that's making this tissue resistant to tumors. And can we utilize -- can we take this property, this compound, this receptor, whatever it is that's controlling these anti-tumor properties and apply it to cancer therapy in general? Now, one thing that kind of ties the resistance of skeletal muscle to cancer -- to the cancer as a repair response gone out of control in the body -- is that skeletal muscle has a factor in it called "MyoD." And what MyoD essentially does is, it causes cells to differentiate into muscle cells. So this compound, MyoD, has been tested on a lot of different cell types and been shown to actually convert this variety of cell types into skeletal muscle cells. So, is it possible that the tumor cells are going to the skeletal muscle tissue, but once in contact inside the skeletal muscle tissue, MyoD acts upon these tumor cells and causes them to become skeletal muscle cells? Maybe tumor cells are being disguised as skeletal muscle cells, and this is why it seems as if it is so rare.
De plus, lorsque le muscle squelettique est endommagé, c'est ce qui est à l'origine des chémokines -- ces signaux qui disent, "Cancer, tu peux venir à moi", c'est le signal de départ pour les tumeurs -- ces lésions musculaires sont à l'origine de la production élevée de chémokines. Il y a beaucoup d'interactions dans ce processus. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a tellement de possibilités pour expliquer l'absence de tumeurs dans le muscle squelettique. Mais il semble qu'en enquêtant, en attaquant le cancer, en cherchant pourquoi le cancer n'est pas là, il doit y avoir une raison -- il doit y avoir quelque chose -- qui rend ce tissu résistant aux tumeurs. Et pouvons nous utiliser -- pouvons nous prendre cette propriété, ce composé, ce récepteur, quel que soit ce qui contrôle ces propriétés anti-tumorales et l'appliquer à la thérapie anti-cancéreuse en général ? Maintenant, une chose relie un peu la résistance du muscle squelettique au cancer -- au cancer comme processus de réparation du corps qui échappe au contrôle -- est la présence d'un facteur appelé MyoD dans le muscle squelettique. MyoD est responsable de la différenciation des cellules en cellules musculaires. Donc cette protéine, MyoD, a été testée sur de nombreux autres types cellulaires et il a été montré qu'elle peut convertir une grande variété de cellules en cellules de muscle strié. Donc, serait-il possible que les cellules tumorales aillent dans le tissu musculaire, mais une fois en contact avec ce dernier, que MyoD agisse sur ces cellules tumorales pour les transformer en cellules de muscle strié ? Peut-être que les cellules tumorales sont déguisées en cellules de muscle strié, et que c'est pour cette raison qu'elle semblent si rares.
It's not harmful; it has just repaired the muscle. Muscle is constantly being used -- constantly being damaged. If every time we tore a muscle or every time we stretched a muscle or moved in a wrong way, cancer occurred -- I mean, everybody would have cancer almost. And I hate to say that. But it seems as though muscle cell, possibly because of all its use, has adapted faster than other body tissues to respond to injury, to fine-tune this repair response and actually be able to finish the process which the body wants to finish. I really believe that the human body is very, very smart, and we can't counteract something the body is saying to do.
Ce n'est pas dangereux, juste une réparation du muscle. Les muscle sont constamment utilisés, constamment endommagés. Si, à chaque élongation, à chaque claquage, ou à chaque faux mouvement, le cancer se manifestait -- tout le monde aurait le cancer, ou presque. Et je n'aime pas dire ça. Mais il semble que les cellules musculaires, peut-être à cause de cette utilisation intensive, se sont adaptées plus vite que d'autres tissus du corps pour répondre aux lésions, et pour parfaire ce processus de réparation qui peut alors être effectivement terminé comme il était initialement prévu. Je crois vraiment que le corps humain est très, très intelligent et que nous ne pouvons contrecarrer ce que le corps entreprend.
It's different when a bacteria comes into the body -- that's a foreign object -- we want that out. But when the body is actually initiating a process and we're calling it a disease, it doesn't seem as though elimination is the right solution. So even to go from there, it's possible, although far-fetched, that in the future we could almost think of cancer being used as a therapy. If those diseases where tissues are deteriorating -- for example Alzheimer's, where the brain, the brain cells, die and we need to restore new brain cells, new functional brain cells -- what if we could, in the future, use cancer? A tumor -- put it in the brain and cause it to differentiate into brain cells?
C'est différent lorsqu'une bactérie s'installe dans notre corps, il s'agit d'un corps étranger -- le corps veut s'en débarrasser. Mais lorsque le corps est en train d'initier un processus et que nous l'appelons maladie, il ne me semble pas que l'élimination soit la bonne solution. Pour aller plus loin, il est possible -- perspective lointaine certes -- que dans le futur nous puissions considérer le cancer comme une thérapie. Si ces maladies où les tissus dégénèrent -- par exemple la maladie d'Alzheimer, où le cerveau, les neurones, meurent et que nous devons recréer des neurones fonctionnels -- peut-être pourrons nous, dans le futur, utiliser le cancer ? Une tumeur pourrait-elle être implantée dans le cerveau pour regénérer des neurones ?
That's a very far-fetched idea, but I really believe that it may be possible. These cells are so versatile, these cancer cells are so versatile -- we just have to manipulate them in the right way. And again, some of these may be far-fetched, but I figured if there's anywhere to present far-fetched ideas, it's here at TED, so thank you very much.
C'est une idée qui peut sembler tirée par les cheveux, mais je la crois possible. Ces cellules sont si polyvalentes, ces cellules cancéreuses sont si versatiles -- nous n'avons qu'à les manipuler correctement. Et, de nouveau, certaines idées que j'ai exposées peuvent sembler farfelues, mais je me suis dit que s'il y avait un endroit où les présenter, c'était ici, à TED, donc merci beaucoup.
(Applause)
(Applaudissements)