Right now you have a movie playing inside your head. It's an amazing multi-track movie. It has 3D vision and surround sound for what you're seeing and hearing right now, but that's just the start of it. Your movie has smell and taste and touch. It has a sense of your body, pain, hunger, orgasms. It has emotions, anger and happiness. It has memories, like scenes from your childhood playing before you. And it has this constant voiceover narrative in your stream of conscious thinking. At the heart of this movie is you experiencing all this directly. This movie is your stream of consciousness, the subject of experience of the mind and the world.
En ce moment même, il y a un film qui passe dans votre tête. C'est un incroyable film multi-pistes. Il vous passe ce que vous voyez et entendez en ce moment même en images 3D, et avec le son surround, mais ce n'est que le début. Votre film a l'odorat, le goût et le sens du toucher. Il vous fait ressentir votre corps, la douleur, la faim, les orgasmes. Il a des émotions : la colère et le bonheur. Il a des souvenirs, comme des scènes de votre enfance qui se jouent devant vous. Et il a cette voix off permanente dans votre flux de pensées conscientes. Le centre de ce film, c'est vous, en train de faire l'expérience directe de tout ceci. Ce film, c'est votre flux de conscience, le sujet qui fait l'expérience de l’esprit et du monde.
Consciousness is one of the fundamental facts of human existence. Each of us is conscious. We all have our own inner movie, you and you and you. There's nothing we know about more directly. At least, I know about my consciousness directly. I can't be certain that you guys are conscious.
La conscience est l'un des faits essentiels de l'existence humaine. Nous sommes tous conscients. Nous avons tous notre propre film intérieur, vous, vous et vous aussi. Il n'y a rien d'autre dont nous ayons une connaissance aussi directe. Au moins, moi, j'ai une connaissance directe de ma conscience. Je ne peux pas être sûr que vous autres soyez conscients.
Consciousness also is what makes life worth living. If we weren't conscious, nothing in our lives would have meaning or value. But at the same time, it's the most mysterious phenomenon in the universe. Why are we conscious? Why do we have these inner movies? Why aren't we just robots who process all this input, produce all that output, without experiencing the inner movie at all? Right now, nobody knows the answers to those questions. I'm going to suggest that to integrate consciousness into science, some radical ideas may be needed.
La conscience est aussi ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. Sans conscience, rien dans nos vies n'aurait de sens ou de valeur. Mais, en même temps, c'est aussi le phénomène le plus mystérieux de tout l'univers. Pourquoi sommes-nous conscients ? Pourquoi avons-nous ces films intérieurs ? Pourquoi ne sommes nous pas de simples robots qui traitent toutes ces données, produisent ces résultats, sans faire l'expérience de ce film intérieur ? Aujourd'hui, personne ne connait la réponse à ces questions. Je vais avancer l'idée que, pour pouvoir intégrer la conscience à la science, quelques idées radicales sont nécessaires.
Some people say a science of consciousness is impossible. Science, by its nature, is objective. Consciousness, by its nature, is subjective. So there can never be a science of consciousness. For much of the 20th century, that view held sway. Psychologists studied behavior objectively, neuroscientists studied the brain objectively, and nobody even mentioned consciousness. Even 30 years ago, when TED got started, there was very little scientific work on consciousness.
Certains disent qu'une science de la conscience est impossible. La science, par nature, est objective. La conscience, par nature, est subjective. Donc, il ne pourra jamais exister une science de la conscience. Ça a été la vision dominante pendant presque tout le 20ème siècle. Les psychologues étudiaient objectivement le comportement, les neuroscientifiques étudiaient objectivement le cerveau, et personne ne parlait jamais de la conscience. Même il y 30 ans, quand TED a débuté, il y avait très peu de travaux scientifiques sur la conscience.
Now, about 20 years ago, all that began to change. Neuroscientists like Francis Crick and physicists like Roger Penrose said now is the time for science to attack consciousness. And since then, there's been a real explosion, a flowering of scientific work on consciousness. And this work has been wonderful. It's been great. But it also has some fundamental limitations so far. The centerpiece of the science of consciousness in recent years has been the search for correlations, correlations between certain areas of the brain and certain states of consciousness. We saw some of this kind of work from Nancy Kanwisher and the wonderful work she presented just a few minutes ago. Now we understand much better, for example, the kinds of brain areas that go along with the conscious experience of seeing faces or of feeling pain or of feeling happy. But this is still a science of correlations. It's not a science of explanations. We know that these brain areas go along with certain kinds of conscious experience, but we don't know why they do. I like to put this by saying that this kind of work from neuroscience is answering some of the questions we want answered about consciousness, the questions about what certain brain areas do and what they correlate with. But in a certain sense, those are the easy problems. No knock on the neuroscientists. There are no truly easy problems with consciousness. But it doesn't address the real mystery at the core of this subject: why is it that all that physical processing in a brain should be accompanied by consciousness at all? Why is there this inner subjective movie? Right now, we don't really have a bead on that.
Mais il y a une vingtaine d'années, ça a commencé à changer. Des neuroscientifiques comme Francis Crick et des physiciens comme Roger Penrose ont dit qu'il était temps pour la science de s'attaquer à la conscience. Et depuis, il y a eu une explosion, une éclosion de travaux scientifiques sur la conscience. Ce travail est extraordinaire. C'est super. Mais il souffre encore de certaines limitations fondamentales. Ces dernières années, la pièce maitresse des sciences de la conscience a été la recherche de corrélations, de corrélations entre certaines zones du cerveau et certains états de conscience. Nous avons eu un aperçu de ce genre de recherches avec le magnifique travail que Nancy Kanwisher nous a présenté il y a quelques minutes. Maintenant nous comprenons beaucoup mieux quelles zones du cerveau s'activent lorsque, par exemple, nous voyons des visages de manière consciente, ou lorsque nous souffrons, ou lorsque nous sommes heureux. Mais, ça reste une science des corrélations. Ce n'est pas une science d'explications. Nous savons que ces zones du cerveau s'activent avec certains types d'expériences conscientes, mais nous ne savons pas pourquoi. Autrement dit, ce type de recherches en neurosciences répondent à quelques-unes des questions que nous nous posons sur la conscience, comme quelles parties du cerveau font quoi et avec quoi sont-elles liées. Mais en un sens, ce sont là des problèmes faciles. Sans vouloir heurter les neuroscientifiques. Il n'y a pas vraiment de problème facile avec la conscience. Mais ça ne questionne pas le vrai mystère, au cœur de cette question : pourquoi donc tout ces processus physiques du cerveau devraient-ils être accompagnés par la conscience ? Pourquoi ce film intérieur existe-t-il ? Aujourd'hui, on n'a pas la moindre idée là-dessus.
And you might say, let's just give neuroscience a few years. It'll turn out to be another emergent phenomenon like traffic jams, like hurricanes, like life, and we'll figure it out. The classical cases of emergence are all cases of emergent behavior, how a traffic jam behaves, how a hurricane functions, how a living organism reproduces and adapts and metabolizes, all questions about objective functioning. You could apply that to the human brain in explaining some of the behaviors and the functions of the human brain as emergent phenomena: how we walk, how we talk, how we play chess, all these questions about behavior. But when it comes to consciousness, questions about behavior are among the easy problems. When it comes to the hard problem, that's the question of why is it that all this behavior is accompanied by subjective experience? And here, the standard paradigm of emergence, even the standard paradigms of neuroscience, don't really, so far, have that much to say.
Et vous pourriez dire : Laissons encore quelques années aux neurosciences. On finira par découvrir que ce n'est qu'un autre phénomène émergent comme les embouteillages, les ouragans, la vie, et on finira bien par le comprendre. Les cas classiques d'émergences sont tous des cas de comportement émergent. Comment les embouteillages se forment, comment les ouragans fonctionnent, comment un organisme vivant se reproduit s'adapte et métabolise. Ce sont toutes des questions sur le fonctionnement objectif. On pourrait appliquer ça au cerveau humain en expliquant certains comportements et certaines fonctions du cerveau humain comme des phénomènes émergents : comment on marche, comment on parle, comment on joue aux échecs, toutes ces questions sur le comportement. Mais quand on en vient à la conscience, ces questions sur le comportement sont en fait des problèmes simples. Le problème dificile c'est de savoir pourquoi tous ces comportements s'accompagnent d'expériences subjectives. Et là-dessus, ni le paradigme habituel de l'émergence, ni même les paradigmes habituels des neurosciences, ne nous ont appris grand chose, jusqu'à présent.
Now, I'm a scientific materialist at heart. I want a scientific theory of consciousness that works, and for a long time, I banged my head against the wall looking for a theory of consciousness in purely physical terms that would work. But I eventually came to the conclusion that that just didn't work for systematic reasons. It's a long story, but the core idea is just that what you get from purely reductionist explanations in physical terms, in brain-based terms, is stories about the functioning of a system, its structure, its dynamics, the behavior it produces, great for solving the easy problems — how we behave, how we function — but when it comes to subjective experience — why does all this feel like something from the inside? — that's something fundamentally new, and it's always a further question. So I think we're at a kind of impasse here. We've got this wonderful, great chain of explanation, we're used to it, where physics explains chemistry, chemistry explains biology, biology explains parts of psychology. But consciousness doesn't seem to fit into this picture. On the one hand, it's a datum that we're conscious. On the other hand, we don't know how to accommodate it into our scientific view of the world. So I think consciousness right now is a kind of anomaly, one that we need to integrate into our view of the world, but we don't yet see how. Faced with an anomaly like this, radical ideas may be needed, and I think that we may need one or two ideas that initially seem crazy before we can come to grips with consciousness scientifically.
Je suis un scientifique matérialiste pur et dur. Je veux une théorie scientifique de la conscience, une théorie qui fonctionne, et pendant longtemps, je me suis frappé la tête contre le mur à chercher une théorie de la conscience en termes purement physiques qui fonctionnerait. Je suis finalement arrivé à la conclusion que ça ne marche pas pour des raisons systématiques. C'est une longue histoire, mais l'idée principale est qu'avec des explications purement réductionnistes, en termes physiques, basées sur le cerveau, on ne peut obtenir que des histoires sur le fonctionnement d'un système, sa structure, sa dynamique, les comportements qu'il produit. C'est parfait pour résoudre les problèmes simples : comment on se comporte, comment on fonctionne. Mais dès qu'il s'agit d'expériences subjectives : pourquoi semblent-elles venir de l'intérieur ? c'est fondamentalement différent, et ça demeure une question en suspens. Je pense donc que nous sommes là dans une impasse. On a cette merveilleuse chaîne d'explications dont on a l'habitude : la physique explique la chimie, la chimie explique la biologie, la biologie explique une partie de la psychologie. Mais la conscience ne semble pas avoir sa place dans ce schéma. D'un côté : c'est un fait, nous sommes conscients. De l'autre côté : on ne sait pas comment l'accorder avec notre approche scientifique du monde. Je pense donc que la conscience, aujourd'hui, est une sorte d'anomalie, une anomalie qu'on doit intégrer dans notre vision du monde, mais on ne sait pas encore comment. Face à une telle anomalie, il faut sans doute des idées radicales. Je crois qu'on a besoin d'une ou deux idées qui, à première vue, paraissent un peu folles, avant qu'on ne puisse aborder la conscience de façon scientifique.
Now, there are a few candidates for what those crazy ideas might be. My friend Dan Dennett, who's here today, has one. His crazy idea is that there is no hard problem of consciousness. The whole idea of the inner subjective movie involves a kind of illusion or confusion. Actually, all we've got to do is explain the objective functions, the behaviors of the brain, and then we've explained everything that needs to be explained. Well I say, more power to him. That's the kind of radical idea that we need to explore if you want to have a purely reductionist brain-based theory of consciousness. At the same time, for me and for many other people, that view is a bit too close to simply denying the datum of consciousness to be satisfactory. So I go in a different direction. In the time remaining, I want to explore two crazy ideas that I think may have some promise.
Et il y a bien sûr quelques propositions pour ces idées folles. Mon ami Dan Dennett, ici présent, en a une. Son idée folle est qu'il n'y a pas de problème ardu de la conscience. Toute cette idée d'un film subjectif intérieur n'est qu'une espèce d'illusion ou de confusion. En fait, tout ce que nous avons à faire, c'est expliquer les fonctions objectives, les comportements du cerveau, et ainsi, nous aurons expliqué tout ce qu'il est nécessaire d'expliquer. Eh bien, donnons-lui plus de voix ! C'est le genre d'idée radicale que nous devons explorer si nous voulons une théorie de la conscience purement réductionniste, fondée sur le cerveau. Mais en même temps, pour moi et pour beaucoup d'autres, cette vision ramène un peu trop à simplement nier le fait de la conscience pour être satisfaisante. Je pars donc dans une autre direction. Durant le temps qu'il me reste, je voudrais explorer deux idées folles qui me semblent prometteuses.
The first crazy idea is that consciousness is fundamental. Physicists sometimes take some aspects of the universe as fundamental building blocks: space and time and mass. They postulate fundamental laws governing them, like the laws of gravity or of quantum mechanics. These fundamental properties and laws aren't explained in terms of anything more basic. Rather, they're taken as primitive, and you build up the world from there. Now sometimes, the list of fundamentals expands. In the 19th century, Maxwell figured out that you can't explain electromagnetic phenomena in terms of the existing fundamentals — space, time, mass, Newton's laws — so he postulated fundamental laws of electromagnetism and postulated electric charge as a fundamental element that those laws govern. I think that's the situation we're in with consciousness. If you can't explain consciousness in terms of the existing fundamentals — space, time, mass, charge — then as a matter of logic, you need to expand the list. The natural thing to do is to postulate consciousness itself as something fundamental, a fundamental building block of nature. This doesn't mean you suddenly can't do science with it. This opens up the way for you to do science with it. What we then need is to study the fundamental laws governing consciousness, the laws that connect consciousness to other fundamentals: space, time, mass, physical processes. Physicists sometimes say that we want fundamental laws so simple that we could write them on the front of a t-shirt. Well I think something like that is the situation we're in with consciousness. We want to find fundamental laws so simple we could write them on the front of a t-shirt. We don't know what those laws are yet, but that's what we're after.
La première idée folle est que la conscience est fondamentale. Les physiciens considèrent parfois certains aspects de l'univers comme des composant essentiel : l'espace, le temps, et la masse. Ils postulent des lois fondamentales qui les gouvernent, comme les lois de la gravitation ou de la mécanique quantique. Ces propriétés et ces lois fondamentales ne peuvent pas s'explique dans des termes plus basiques. Au contraire, elles sont considérées comme des primaires, et on construit le monde à partir d'elles. Mais, parfois, cette liste de fondamentales s'agrandit. Au 19ème siècle, Maxwell a découvert que l'on ne pouvait pas expliquer l'électromagnétisme avec les fondamentales de l'époque : l'espace, le temps, lamasse, les lois de Newton. Il a donc postulé les lois fondamentales de l'électromagnétisme et a proposé la charge électrique comme l'élément fondamental régi par ces lois. Je crois que nous en sommes au même point avec la conscience. Si on n'arrive pas à l'expliquer en termes des lois fondamentales existantes - espace, temps, masse, charge - logiquement, il faudrait donc agrandir la liste. Il est alors naturel de postuler que la conscience elle-même est un composant fondamental, un élément essentiel de construction de la nature. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut plus l'étudier scientifiquement. Ça ouvre la voie à son étude scientifique. Ce que nous devons donc étudier sont les lois fondamentales qui gouvernent la conscience, les lois qui relient la conscience aux autres composants fondamentaux : l'espace, le temps, la masse, les phénomènes physiques. Les physiciens disent parfois que ces lois fondamentales doivent être suffisament simples pour pouvoir être écrites sur un T-shirt. Et je crois qu'il en va de même pour la conscience. Nous voulons des lois fondamentales suffisament simples pour qu'elles puissent tenir sur un T-shirt. Nous ne connaissons pas encore ces lois mais c'est ce que nous recherchons.
The second crazy idea is that consciousness might be universal. Every system might have some degree of consciousness. This view is sometimes called panpsychism: pan for all, psych for mind, every system is conscious, not just humans, dogs, mice, flies, but even Rob Knight's microbes, elementary particles. Even a photon has some degree of consciousness. The idea is not that photons are intelligent or thinking. It's not that a photon is wracked with angst because it's thinking, "Aww, I'm always buzzing around near the speed of light. I never get to slow down and smell the roses." No, not like that. But the thought is maybe photons might have some element of raw, subjective feeling, some primitive precursor to consciousness.
La deuxième idée folle est que la conscience est peut-être universelle. Tous les systèmes pourraient posséder un certain degré de conscience. Cette notion est parfois appelée "panpsychisme" : "pan" pour tout, "psych" pour esprit ; tous les systèmes sont conscients, pas seulement les humains, les chiens, les souris ou les mouches, mais même les microbes de Rob Knight, et les particules élémentaires. Même un photon possède un certain degré de conscience. L'idée n'est pas que les photons sont intelligents, ou qu'ils pensent. Un photon n'est pas rempli de colère car il pense : "Ah, je bourdonne toujours à la vitesse de la lumière. Je ne peux jamais ralentir pour sentir le parfum des roses". Non, pas de cette façon. Mais les photons ont peut-être des éléments de sensations subjectives brutes, des précurseurs primitifs de la conscience.
This may sound a bit kooky to you. I mean, why would anyone think such a crazy thing? Some motivation comes from the first crazy idea, that consciousness is fundamental. If it's fundamental, like space and time and mass, it's natural to suppose that it might be universal too, the way they are. It's also worth noting that although the idea seems counterintuitive to us, it's much less counterintuitive to people from different cultures, where the human mind is seen as much more continuous with nature.
Vous trouvez peut-être ça un peu loufoque. Qui pourrait penser une chose pareille ? Cela découle partiellement de la première idée folle, que la conscience est fondamentale. Si elle est fondamentale, comme l'espace, le temps et la masse, il est naturel de penser qu'elle est aussi universelle, comme le sont les autres. Il faut aussi noter que, même si cette idée nous semble contraire au bon sens, elle l'est beaucoup moins pour des personnes d'autres cultures, où l'esprit humain est beaucoup plus considéré en continuité avec la nature.
A deeper motivation comes from the idea that perhaps the most simple and powerful way to find fundamental laws connecting consciousness to physical processing is to link consciousness to information. Wherever there's information processing, there's consciousness. Complex information processing, like in a human, complex consciousness. Simple information processing, simple consciousness.
Une raison plus profonde vient de l'idée que, peut-être, la façon la plus simple de trouver des lois fondamentales qui relient la conscience aux processus physiques est de lier la conscience à l'information. Là où il y a traitement d'information, il y a conscience. Un traitement complexe d'information, comme chez l'homme, c'est une conscience complexe. Un traitement d'information simple, c'est une conscience simple.
A really exciting thing is in recent years a neuroscientist, Giulio Tononi, has taken this kind of theory and developed it rigorously with a mathematical theory. He has a mathematical measure of information integration which he calls phi, measuring the amount of information integrated in a system. And he supposes that phi goes along with consciousness. So in a human brain, incredibly large amount of information integration, high degree of phi, a whole lot of consciousness. In a mouse, medium degree of information integration, still pretty significant, pretty serious amount of consciousness. But as you go down to worms, microbes, particles, the amount of phi falls off. The amount of information integration falls off, but it's still non-zero. On Tononi's theory, there's still going to be a non-zero degree of consciousness. In effect, he's proposing a fundamental law of consciousness: high phi, high consciousness. Now, I don't know if this theory is right, but it's actually perhaps the leading theory right now in the science of consciousness, and it's been used to integrate a whole range of scientific data, and it does have a nice property that it is in fact simple enough you can write it on the front of a t-shirt.
Ces dernières années, de façon vraiment passionnante, le neuroscientifique Giulio Tononi a pris cette espèce de théorie et l'a développée de manière rigoureuse avec une théorie mathématique. Il a une mesure mathématique de l'intégration de l'information qu'il appelle Phi, et qui mesure la quantité d'information intégrée dans un système. Et il suppose que Phi varie avec la conscience. Dans un cerveau humain, on a une intégration incroyable d'informations, et un niveau élevé de Phi, une conscience élevée. Chez une souris, un degré moyen d'intégration de l'information, mais pas négligeable, et un niveau assez sérieux de conscience. Mais lorsqu'on descend vers les vers, les microbes, ou les particules, le niveau de Phi dégringole. Le niveau d'intégration de l'information diminue, mais ça reste au dessus de zéro. Selon la théorie de Tononi, il y a toujours un degré de conscience supérieur à zéro. Il propose donc une loi fondamentale de la conscience : Phi élevé, conscience élevée. Je ne sais pas si cette théorie est exacte, mais, pour l'instant, c'est sans doute la théorie la plus avancée dans le domaine des sciences de la conscience, elle a été utilisée pour intégrer de nombreuses données scientifiques, et elle à l'avantage d'être en fait assez simple pour pouvoir être écrite sur un T-shirt.
Another final motivation is that panpsychism might help us to integrate consciousness into the physical world. Physicists and philosophers have often observed that physics is curiously abstract. It describes the structure of reality using a bunch of equations, but it doesn't tell us about the reality that underlies it. As Stephen Hawking puts it, what puts the fire into the equations? Well, on the panpsychist view, you can leave the equations of physics as they are, but you can take them to be describing the flux of consciousness. That's what physics really is ultimately doing, describing the flux of consciousness. On this view, it's consciousness that puts the fire into the equations. On that view, consciousness doesn't dangle outside the physical world as some kind of extra. It's there right at its heart.
Une dernière raison est que le panspychisme peut nous aider à intégrer la conscience dans le monde physique. Les physiciens et les philosophes ont souvent remarqué que la physique est curieusement abstraite. Elle décrit la structure de la réalité en utilisant un tas d'équations, mais elle ne nous dit rien sur la réalité qui la sous-tend. Comme le dit Stephen Hawking : qu'est-ce qui met le feu aux équations ? Selon le panpsychisme, on peut laisser les équations de la physique telles qu'elles sont, mais on peut aussi les utiliser pour décrire le flux de conscience. C'est le but ultime de la physique : décrire le flux de conscience. Selon cette idée, c'est donc la conscience qui met le feu aux équations. Selon cette idée, la conscience ne pendouille pas en dehors du monde physique, comme une espèce d'appendice. Elle siège bien en son cœur.
This view, I think, the panpsychist view, has the potential to transfigure our relationship to nature, and it may have some pretty serious social and ethical consequences. Some of these may be counterintuitive. I used to think I shouldn't eat anything which is conscious, so therefore I should be vegetarian. Now, if you're a panpsychist and you take that view, you're going to go very hungry. So I think when you think about it, this tends to transfigure your views, whereas what matters for ethical purposes and moral considerations, not so much the fact of consciousness, but the degree and the complexity of consciousness.
Je crois que cette vision panpsychique pourrait transformer notre relation avec la nature, et pourrait donc avoir de sérieuses implications sociales et éthiques. Certaines vont peut-être à l'encontre du sens commun. Je pensais que je ne devais pas manger quelque chose qui ait une conscience, et que je devais donc être végétarien. Mais si vous adoptez la vision panpsychique, vous allez vite mourir de faim. Je crois donc que, quand on y pense, cela peut transformer notre vision ; ce qui compte, pour l'éthique et la morale, n'est pas tant l'existence ou non d'une conscience, mais le degré et la complexité de la conscience.
It's also natural to ask about consciousness in other systems, like computers. What about the artificially intelligent system in the movie "Her," Samantha? Is she conscious? Well, if you take the informational, panpsychist view, she certainly has complicated information processing and integration, so the answer is very likely yes, she is conscious. If that's right, it raises pretty serious ethical issues about both the ethics of developing intelligent computer systems and the ethics of turning them off.
Il est également naturel de s'interroger sur la conscience dans d'autres systèmes, comme les ordinateurs. Et l'intelligence artificielle dans le film "Her", Samantha ? Est-elle consciente ? D'après la vision informationelle du panpsychisme, elle opère bien un traitement et une intégration complexes d'information. Donc la réponse est probablement : oui, elle est consciente. Si c'est vrai, cela soulève de sérieux problèmes éthiques sur la question du développement de systèmes informatiques intelligents et sur le fait de les éteindre.
Finally, you might ask about the consciousness of whole groups, the planet. Does Canada have its own consciousness? Or at a more local level, does an integrated group like the audience at a TED conference, are we right now having a collective TED consciousness, an inner movie for this collective TED group which is distinct from the inner movies of each of our parts? I don't know the answer to that question, but I think it's at least one worth taking seriously.
Enfin, on peut s'interroger sur la conscience de groupes entiers, voire de la planète. Le Canada a-t-il sa propre conscience ? Ou, d'un point de vue plus local, un groupe intégré, comme le public d'une conférence TED : avons nous, en ce moment même, une conscience collective TED, un film intérieur pour ce groupe collectif TED qui serait différent des films intérieurs de chacun d'entre nous ? Je ne connais pas la réponse à cette question, mais je crois que cela vaut la peine, de se la poser sérieusement.
Okay, so this panpsychist vision, it is a radical one, and I don't know that it's correct. I'm actually more confident about the first crazy idea, that consciousness is fundamental, than about the second one, that it's universal. I mean, the view raises any number of questions, has any number of challenges, like how do those little bits of consciousness add up to the kind of complex consciousness we know and love. If we can answer those questions, then I think we're going to be well on our way to a serious theory of consciousness. If not, well, this is the hardest problem perhaps in science and philosophy. We can't expect to solve it overnight. But I do think we're going to figure it out eventually. Understanding consciousness is a real key, I think, both to understanding the universe and to understanding ourselves. It may just take the right crazy idea.
D'accord, cette vision du panpsychisme, est plutôt radicale, et je ne sais pas si elle est exacte. En fait, j'ai plus de certitudes à propos de la première idée folle, selon laquelle la conscience est fondamentale, qu'à propose de la seconde, selon laquelle elle est universelle. Cette idée soulève beaucoup de questions, et beaucoup de problèmes. Comment, par exemple, ces petits bouts de conscience s'additionnent-ils dans cette conscience complexe que nous connaissons et aimons ? Si on arrive à répondre à ces questions, on aura fait un bon bout de chemin vers une théorie sérieuse de la conscience. Si non, eh bien, il s'agit sans doute là du problème le plus ardu qui se soit jamais posé à la science et à la philosophie. On ne peut pas espérer le résoudre du jour au lendemain. Mais je crois que nous finirons pas le résoudre. Comprendre la conscience est la clé, selon moi, pour comprendre l'univers et pour nous comprendre nous-mêmes. Et pour ça, il nous faudra sans doute la bonne idée folle.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)