So I'm going to speak about a problem that I have and that's that I'm a philosopher.
Bien. Je vais vous parler d'un de mes problèmes : c'est que je suis philosophe.
(Laughter)
(rires)
When I go to a party and people ask me what do I do and I say, "I'm a professor," their eyes glaze over. When I go to an academic cocktail party and there are all the professors around, they ask me what field I'm in and I say, "philosophy" -- their eyes glaze over.
Quand je suis à une soirée et que les gens me demandent ce que je fais et que je réponds : "je suis prof", ils débranchent complètement. Quand je vais à un cocktail universitaire, que tous les enseignants sont là et qu'ils me demandent quel est mon domaine de recherche et que je réponds la philosophie -- ils débranchent totalement.
(Laughter)
(rires)
When I go to a philosopher's party
Quand je vais à une soirée de philosophes...
(Laughter)
(rires)
and they ask me what I work on and I say, "consciousness," their eyes don't glaze over -- their lips curl into a snarl.
et qu'ils me demandent sur quoi je travaille, et que je réponds "la conscience", ils ne débranchent pas -- ils s'apprêtent à grogner.
(Laughter)
(rires)
And I get hoots of derision and cackles and growls because they think, "That's impossible! You can't explain consciousness." The very chutzpah of somebody thinking that you could explain consciousness is just out of the question.
et soudain ça hurle, ça glousse, ça gronde de dérision parce qu'ils pensent "C'est impossible! On ne peut pas expliquer la conscience." Le simple courage d'émettre l'idée qu'il est possible d'expliquer la conscience est totalement impensable.
My late, lamented friend Bob Nozick, a fine philosopher, in one of his books, "Philosophical Explanations," is commenting on the ethos of philosophy -- the way philosophers go about their business. And he says, you know, "Philosophers love rational argument." And he says, "It seems as if the ideal argument for most philosophers is you give your audience the premises and then you give them the inferences and the conclusion, and if they don't accept the conclusion, they die. Their heads explode." The idea is to have an argument that is so powerful that it knocks out your opponents. But in fact that doesn't change people's minds at all.
Mon regretté ami, Bob Nozick, un philosophe de talent, dans l'un de ses livres, "Philosophical Explanations", commente l'attitude usuelle des philosophes -- la façon dont ils mènent leur job. Et il dit, vous voyez, "Les philosophes adorent l'argumentation rationnelle." Et il dit aussi, "Il semble que la démonstration idéale pour la plupart des philosophes, consiste simplement à donner les prémisses puis les inférences et enfin la conclusion, et si les gens n'acceptent pas la conclusion, ils meurent ! Leurs têtes explosent!" Le truc, c'est d'avoir un argument tellement convaincant qu'il laisse vos adversaires k.o. Mais en fait vous n'arrivez pas à changer l'idée que les gens se font.
It's very hard to change people's minds about something like consciousness, and I finally figured out the reason for that. The reason for that is that everybody's an expert on consciousness. We heard the other day that everybody's got a strong opinion about video games. They all have an idea for a video game, even if they're not experts. But they don't consider themselves experts on video games; they've just got strong opinions. I'm sure that people here who work on, say, climate change and global warming, or on the future of the Internet, encounter people who have very strong opinions about what's going to happen next. But they probably don't think of these opinions as expertise. They're just strongly held opinions. But with regard to consciousness, people seem to think, each of us seems to think, "I am an expert. Simply by being conscious, I know all about this." And so, you tell them your theory and they say, "No, no, that's not the way consciousness is! No, you've got it all wrong." And they say this with an amazing confidence.
C'est très dur de réussir à convaincre les gens à ce point lorsqu'il s'agit de quelque chose comme la conscience, et j'ai enfin compris la raison derrière cela. La raison, c'est que tout le monde est expert en conscience. On a entendu l'autre jour que tout le monde a une opinion marquée à propos des jeux vidéos. Tout le monde a quelque chose à dire sur les jeux vidéos, même les gens qui ne sont pas experts. Mais ceux-là ne se considèrent pas comme des experts en jeux vidéos, ils ont simplement de fortes opinions. Je suis persuadé que les gens d'ici qui travaillent sur, disons, le changement climatique et le réchauffement planétaire, ou sur l'avenir d'internet, ont l'habitude de rencontrer des gens qui ont leur avis sur ce qui va arriver dans la suite. Mais probablement, ils ne prennent pas leur avis pour de l'expertise. Après tout ce ne sont que opinions, même si elles sont bien marquées. Mais en ce qui concerne la conscience, on dirait que les gens pensent, que chacun d'entre nous pense : "Je suis un expert. par le simple fait que je suis moi-même conscient, je connais tout de ces choses-là." Et du coup, vous leur expliquez votre théorie et ils rétorquent : "Ah non, non, ce n'est pas comme ça que marche la conscience ! Non, vous avez tout faux." Et ils vous disent cela avec une assurance étonnante.
And so what I'm going to try to do today is to shake your confidence. Because I know the feeling -- I can feel it myself. I want to shake your confidence that you know your own innermost minds -- that you are, yourselves, authoritative about your own consciousness. That's the order of the day here.
Ce que je vais donc essayer de faire aujourd'hui c'est d'ébranler cette assurance. En effet, je connais ce sentiment -- Je peux moi-même l'avoir. Je veux vous faire sortir de cet état où vous êtes persuadés que vous connaissez vos propres pensées les plus profondes -- que vous êtes vous-mêmes les mieux placés pour parler de votre conscience. Voilà l'ordre du jour.
Now, this nice picture shows a thought-balloon, a thought-bubble. I think everybody understands what that means. That's supposed to exhibit the stream of consciousness. This is my favorite picture of consciousness that's ever been done. It's a Saul Steinberg of course -- it was a New Yorker cover. And this fellow here is looking at the painting by Braque. That reminds him of the word baroque, barrack, bark, poodle, Suzanne R. -- he's off to the races. There's a wonderful stream of consciousness here and if you follow it along, you learn a lot about this man. What I particularly like about this picture, too, is that Steinberg has rendered the guy in this sort of pointillist style.
A présent, voici une image qui représente une bulle de pensée. Je pense que tout le monde voit de quoi il s'agit. Elle est censée représenter le flux de conscience. De toutes les images représentant la conscience qui ont été faites jusque là, c'est ma préférée. Elle est de Saul Steinberg évidemment -- Elle était en couverture d'un New Yorker. Et ce bonhomme ici est en train de regarder un tableau de Braque. Cela lui fait penser aux mots baroque, baraque, barque, rafiot, Suzanne R. -- il part dans les (???) On peut voir un magnifique flot de conscience ici et si on le suit du début à la fin, on peut en apprendre beaucoup sur cet homme. Ce que j'aime en particulier avec cette image, aussi, c'est que Steinberg fait apparaître le bonhomme dans une sorte de style pointilliste.
Which reminds us, as Rod Brooks was saying yesterday: what we are, what each of us is -- what you are, what I am -- is approximately 100 trillion little cellular robots. That's what we're made of. No other ingredients at all. We're just made of cells, about 100 trillion of them. Not a single one of those cells is conscious; not a single one of those cells knows who you are, or cares. Somehow, we have to explain how when you put together teams, armies, battalions of hundreds of millions of little robotic unconscious cells -- not so different really from a bacterium, each one of them -- the result is this. I mean, just look at it. The content -- there's color, there's ideas, there's memories, there's history. And somehow all that content of consciousness is accomplished by the busy activity of those hoards of neurons. How is that possible? Many people just think it isn't possible at all. They think, "No, there can't be any sort of naturalistic explanation of consciousness."
Ce qui nous rappelle, comme disait Rod Brooks hier : ce que nous sommes, ce que chacun d'entre nous est -- ce que vous êtes, ce que je suis -- c'est un agrégat d'à peu près 100 billions de petits robots cellulaires. Voilà de quoi l'on est fait. Aucun autre ingrédient. Nous sommes seulement fait de cellules, environ 100 million de millions de cellules. Pas une de ces cellules est consciente, pas une seule de ces cellules sait qui vous êtes, ou se le demande. Pourtant, notre tâche est d'expliquer comment se fait-il que lorsque l'on constitue des équipes, des armées, des bataillons de centaines de millions de petites cellules automates inconscientes -- vraiment pas si différentes que cela d'une bactérie, chacune d'entre elles -- ça donne ça. Je veux dire, regardez un peu. Le contenu -- il y a de la couleur, il y a des idées, il y a des souvenirs, il y a de l'histoire. Et pourtant tout ce contenu de conscience est créé par l'activité débordante de ces hordes de neurones. Comment est-ce possible ? Beaucoup de gens pensent que c'est tout simplement impossible. Ils pensent : "Non, il ne peut y avoir d'explication naturaliste de la conscience."
This is a lovely book by a friend of mine named Lee Siegel, who's a professor of religion, actually, at the University of Hawaii, and he's an expert magician, and an expert on the street magic of India, which is what this book is about, "Net of Magic." And there's a passage in it which I would love to share with you. It speaks so eloquently to the problem. "'I'm writing a book on magic,' I explain, and I'm asked, 'Real magic?' By 'real magic,' people mean miracles, thaumaturgical acts, and supernatural powers. 'No,' I answer. 'Conjuring tricks, not real magic.' 'Real magic,' in other words, refers to the magic that is not real; while the magic that is real, that can actually be done, is not real magic."
Voici un très beau livre par un ami à moi qui s'appelle Lee Siegel, qui est professeur de religion à l'université d'Hawaii, et qui est un magicien professionnel, et un expert de la magie de rue en Inde, ce dont parle le livre, "Net of Magic" ("Filet de Magie") Et il contient un passage que j'aimerais partager avec vous. C'est une façon tellement parlante d'aborder notre problème. "'Je suis en train d'écrire un livre sur la magie', je dis, et on me répond : 'De la vraie magie ?' Par vraie magie, les gens entendent miracles, numéros de thaumaturgie, et pouvoirs surnaturels. 'Non', je réponds, 'des tours de prestidigitation, pas de la vraie magie.' La vraie magie, en d'autres termes, désigne la magie qui n'est pas vraie, alors que la magie qui est vraie, qui peut vraiment être accomplie, n'est pas de la vraie magie."
(Laughter)
(rires)
Now, that's the way a lot of people feel about consciousness.
Eh bien, c'est la façon dont beaucoup de gens pensent à propos de la conscience.
(Laughter)
(rires)
Real consciousness is not a bag of tricks. If you're going to explain this as a bag of tricks, then it's not real consciousness, whatever it is. And, as Marvin said, and as other people have said, "Consciousness is a bag of tricks." This means that a lot of people are just left completely dissatisfied and incredulous when I attempt to explain consciousness. So this is the problem. So I have to do a little bit of the sort of work that a lot of you won't like, for the same reason that you don't like to see a magic trick explained to you. How many of you here, if somebody -- some smart aleck -- starts telling you how a particular magic trick is done, you sort of want to block your ears and say, "No, no, I don't want to know! Don't take the thrill of it away. I'd rather be mystified. Don't tell me the answer." A lot of people feel that way about consciousness, I've discovered. And I'm sorry if I impose some clarity, some understanding on you. You'd better leave now if you don't want to know some of these tricks.
La vraie conscience n'est pas qu'un sac rempli de tours. Si vous avez l'intention d'expliquer que c'est un sac plein de tours, alors on vous dira que c'est tout ce que vous voulez, mais que ce n'est pas la vraie conscience. Pourtant, comme Marvin (Minsky) l'a dit, et comme d'autres aussi, "La Conscience est un sac rempli de tours." Ca veut dire que beaucoup de gens ressortent complètement insatisfaits et incrédules quand j'essaie de donner une explication de la conscience. Voilà le problème. Donc je dois essayer de me lancer dans ce truc que beaucoup n'aimeront pas, de même que l'on n'aime pas que quelqu'un nous dévoile comment marche un tour. Combien sont d'accord ici ? Si quelqu'un -- un monsieur je-sais-tout -- commence à vous expliquer comment on fait tel tour de magie, vous allez vous boucher les oreilles et dire : "Non, non, je ne veux pas savoir ! N'enlève pas la magie. Je préfère trouver ça mystérieux. Ne me dis pas le truc." J'ai découvert que beaucoup de gens pensent ça à propos de la conscience. Et je m'excuse de vous imposer un éclaircissement, de vous apporter une compréhension. Vous feriez mieux de partir tout de suite si vous ne voulez pas connaître quelques uns de ces tours.
But I'm not going to explain it all to you. I'm going to do what philosophers do. Here's how a philosopher explains the sawing-the-lady-in-half trick. You know the sawing-the-lady-in-half trick? The philosopher says, "I'm going to explain to you how that's done. You see, the magician doesn't really saw the lady in half."
Mais je ne vais quand même pas tout vous expliquer. Je vais faire comme tous les philosophes. Voilà comment un philosophe explique le tour de la femme coupée en deux. Vous connaissez ce tour ? Le philosophe vous dit : "Je vais vous révéler comment on le fait. En fait, vous voyez, le magicien ne coupe pas vraiment la femme en deux."
(Laughter)
(rires)
"He merely makes you think that he does." And you say, "Yes, and how does he do that?" He says, "Oh, that's not my department, I'm sorry."
"Il vous fait tout bêtement croire qu'il la coupe." Et vous lui dites : "Oui, et comment il fait ça ?" Et il répond : "Ah, ça, ce n'est plus dans mon champ de recherche, désolé."
(Laughter)
(rires)
So now I'm going to illustrate how philosophers explain consciousness. But I'm going to try to also show you that consciousness isn't quite as marvelous -- your own consciousness isn't quite as wonderful -- as you may have thought it is. This is something, by the way, that Lee Siegel talks about in his book. He marvels at how he'll do a magic show, and afterwards people will swear they saw him do X, Y, and Z. He never did those things. He didn't even try to do those things. People's memories inflate what they think they saw. And the same is true of consciousness.
Donc je vais illustrer comment les philosophes expliquent la conscience. Mais je vais aussi essayer de vous montrer que la conscience n'est pas aussi miraculeuse -- votre propre conscience n'est pas aussi merveilleuse -- que ce que vous pensiez peut-être. D'ailleurs, c'est quelque chose dont parle Lee Siegel dans son livre. A chaque fois qu'il fait un spectacle de magie, il est émerveillé par ce que les gens jurent plus tard l'avoir vu faire. Il n'a jamais fait ces choses. Il n'a même pas essayé de les faire. Les souvenirs des gens sont une version augmentée de ce qu'ils pensent avoir vu. Et cela vaut pour la conscience.
Now, let's see if this will work. All right. Let's just watch this. Watch it carefully. I'm working with a young computer-animator documentarian named Nick Deamer, and this is a little demo that he's done for me, part of a larger project some of you may be interested in. We're looking for a backer. It's a feature-length documentary on consciousness. OK, now, you all saw what changed, right? How many of you noticed that every one of those squares changed color? Every one. I'll just show you by running it again. Even when you know that they're all going to change color, it's very hard to notice. You have to really concentrate to pick up any of the changes at all.
A présent, voyons voir si ça marche. OK. Regardez ça. Regardez bien. Je travaille avec un jeune qui fait de l'animation par ordinateur pour documentaires il s'appelle Nick Deamer, et ceci est une petite démo qu'il a réalisée pour moi, elle fait partie d'un projet plus grand qui pourrait intéresser certains d'entre vous. On recherche quelqu'un pour nous aider dans ce projet. C'est un long documentaire consacré à la conscience. Alors, vous avez remarqué ce qui a changé, n'est-ce pas ? Combien ont remarqué que chacune des cases a changé de couleur ? Chaque case. Je vais vous remontrer. Même en sachant qu'elles vont toutes changer de couleur, c'est vraiment dur à apercevoir. Il faut vraiment se concentrer pour apercevoir rien qu' une case en train de changer.
Now, this is an example -- one of many -- of a phenomenon that's now being studied quite a bit. It's one that I predicted in the last page or two of my 1991 book, "Consciousness Explained," where I said if you did experiments of this sort, you'd find that people were unable to pick up really large changes. If there's time at the end, I'll show you the much more dramatic case. Now, how can it be that there are all those changes going on, and that we're not aware of them? Well, earlier today, Jeff Hawkins mentioned the way your eye saccades, the way your eye moves around three or four times a second. He didn't mention the speed. Your eye is constantly in motion, moving around, looking at eyes, noses, elbows, looking at interesting things in the world. And where your eye isn't looking, you're remarkably impoverished in your vision. That's because the foveal part of your eye, which is the high-resolution part, is only about the size of your thumbnail held at arms length. That's the detail part. It doesn't seem that way, does it? It doesn't seem that way, but that's the way it is. You're getting in a lot less information than you think.
Après, ceci n'est qu'un exemple -- un parmi d'autres -- d'un phénomène qui commence à être bien étudié. J'avais prédit ce phénomène dans la ou les dernières pages de mon livre sorti en 1991, "Consciousness Explained" ("La Conscience expliquée") où je disais que si l'on menait des expériences de ce type, il ressortirait que les gens ont beaucoup de mal à apercevoir certains changements vraiment très gros. Si on a du temps à la fin, je vous montrerai le cas le plus spectaculaire. Donc, comment se fait-il que tous ces changements aient lieu, et que l'on ne s'en rende pas compte ? Et bien, plus tôt dans la journée, Jeff Hawkins a évoqué le mouvement saccadé des yeux, la façon dont nos yeux bougent trois ou quatre fois par seconde. Il n'a pas parlé de la vitesse. Vos yeux sont constamment en mouvement, en train de bouger, de regarder d'autres yeux, des nez, des coudes, en train de regarder les choses intéressantes autour de vous. Et là où vos yeux ne regardent pas, votre vision est spectaculairement appauvrie. C'est parce que la zone spatiale captée par la fovéa de votre oeil, qui est la seule partie en haute résolution, a seulement une taille correspondant à votre pouce quand vous avez le bras tendu. C'est la partie détaillée. On ne dirait pas, hein ? On ne dirait pas, et pourtant c'est le cas. Vous captez beaucoup moins d'information que vous ne le pensez.
Here's a completely different effect. This is a painting by Bellotto. It's in the museum in North Carolina. Bellotto was a student of Canaletto's. And I love paintings like that -- the painting is actually about as big as it is right here. And I love Canalettos, because Canaletto has this fantastic detail, and you can get right up and see all the details on the painting. And I started across the hall in North Carolina, because I thought it was probably a Canaletto, and would have all that in detail. And I noticed that on the bridge there, there's a lot of people -- you can just barely see them walking across the bridge. And I thought as I got closer I would be able to see all the detail of most people, see their clothes, and so forth. And as I got closer and closer, I actually screamed. I yelled out because when I got closer, I found the detail wasn't there at all. There were just little artfully placed blobs of paint. And as I walked towards the picture, I was expecting detail that wasn't there. The artist had very cleverly suggested people and clothes and wagons and all sorts of things, and my brain had taken the suggestion.
Voici un effet totalement différent. C'est un tableau de Bellotto. Il est au musée de Caroline de Nord. Bellotto était un élève de Canaletto. Et j'adore les tableaux comme celui-ci -- le vrai tableau fait a peu près la même taille que ce que je vous montre. Et j'adore les tableaux de Canaletto, parce que Canaletto a un sens du détail, et vous pouvez vous rapprocher et voir tous ces détails sur le tableau. Et donc je traversais le hall du musée, pensant que c'était un Canaletto, et que je pourrais voir tous les détails. Et j'ai remarqué que sur le pont, là, il y avait plein de gens -- on les voit tout juste, marchant le long du pont. Et je pensais, tout en me rapprochant, que j'allais pouvoir regarder les détails de presque tous les personnages, voir leurs habits, et tout. Et au fur et à mesure que je me rapprochais, j'ai commencé à crier. j'ai hurlé parce qu'en me rapprochant, j'ai compris qu'il n'y avait aucun détail. Il y avait juste des pâtés de peinture, placés avec un certain talent. Et alors que je marchais vers l'image, j'attendais des détails qui n'existaient pas. L'artiste avait suggéré les personnages, leurs vêtements et les charettes et toutes ces choses de façon très futée, et mon cerveau était tombé dans le panneau.
You're familiar with a more recent technology, which is -- There, you can get a better view of the blobs. See, when you get close they're really just blobs of paint. You will have seen something like this -- this is the reverse effect. I'll just give that to you one more time.
Vous êtes habitués à une technologie plus récente, qui est... voilà. Vous pouvez mieux voir les pâtés. Vous voyez, quand on se rapproche, ce ne sont que des pâtés de couleur. Vous devez avoir déjà vu ça -- c'est l'effet contraire. je vous le remontre juste une fois.
Now, what does your brain do when it takes the suggestion? When an artful blob of paint or two, by an artist, suggests a person -- say, one of Marvin Minsky's little society of mind -- do they send little painters out to fill in all the details in your brain somewhere? I don't think so. Not a chance. But then, how on Earth is it done? Well, remember the philosopher's explanation of the lady? It's the same thing. The brain just makes you think that it's got the detail there. You think the detail's there, but it isn't there. The brain isn't actually putting the detail in your head at all. It's just making you expect the detail.
Dans ce cas, qu'est-ce qui arrive à votre cerveau quand il se laisse suggérer ? Quand un pâté de couleur ou deux, fait par un peintre, suggère à un agent -- disons l'une des petites sociétés de l'esprit dont parle Marvin Minsky -- est-ce que ces agents envoient des mini peintres pour compléter les détails manquants quelque part dans votre cerveau ? Je ne crois pas. Pas une seconde. Mais alors, comment ça peut bien marcher ? Et bien, vous rappelez-vous de l'explication du philosophe à propos de la femme coupée ? C'est pareil. Le cerveau vous fait juste croire qu'il connaît les détails, là. Vous pensez que les détails sont là, mais ils ne le sont pas. Le cerveau ne va pas du tout jusqu'à mettre les détails dans votre tête. Il vous fait seulement attendre les détails.
Let's just do this experiment very quickly. Is the shape on the left the same as the shape on the right, rotated? Yes. How many of you did it by rotating the one on the left in your mind's eye, to see if it matched up with the one on the right? How many of you rotated the one on the right? OK. How do you know that's what you did?
Faisons cette expérience très vite. Est-ce que la forme de gauche est la même que la forme de droite, après rotation ? Oui. Combien d'entre vous l'ont vu en tournant mentalement la forme de gauche, pour voir si elle correspondait à celle de droite ? Et combien d'entre vous ont tourné la forme de droite ? OK. Comment savez-vous que c'est ce que vous avez fait ?
(Laughter)
(rires)
There's in fact been a very interesting debate raging for over 20 years in cognitive science -- various experiments started by Roger Shepherd, who measured the angular velocity of rotation of mental images. Yes, it's possible to do that. But the details of the process are still in significant controversy. And if you read that literature, one of the things that you really have to come to terms with is even when you're the subject in the experiment, you don't know. You don't know how you do it. You just know that you have certain beliefs. And they come in a certain order, at a certain time. And what explains the fact that that's what you think? Well, that's where you have to go backstage and ask the magician.
Il y a eu en fait tout un débat très intéressant qui a remué les science cognitives pendant plus de vingt ans -- des expériences variées lancées par Roger Shepherd, qui a mesuré la vitesse angulaire de rotation mentale d'une image. Oui, c'est possible de faire ça. Mais le processus détaillé est encore l'objet d'une grande controverse. Et si vous lisez la littérature consacrée, l'une des choses que vous devez vraiment accepter, c'est que même si vous êtes le sujet dans l'expérience, vous ne savez pas. Vous ne savez pas comment vous faites Vous savez juste que vous avez certaines croyances. Et elles arrivent dans un certain ordre, à certains moments. Et qu'est-ce qui fait que c'est ce que vous pensez ? Et bien c'est à cette étape que l'on aurait besoin d'aller en coulisses demander au magicien.
This is a figure that I love: Bradley, Petrie, and Dumais. You may think that I've cheated, that I've put a little whiter-than-white boundary there. How many of you see that sort of boundary, with the Necker cube floating in front of the circles? Can you see it? Well, you know, in effect, the boundary's really there, in a certain sense. Your brain is actually computing that boundary, the boundary that goes right there. But now, notice there are two ways of seeing the cube, right? It's a Necker cube. Everybody can see the two ways of seeing the cube? OK. Can you see the four ways of seeing the cube? Because there's another way of seeing it. If you're seeing it as a cube floating in front of some circles, some black circles, there's another way of seeing it. As a cube, on a black background, as seen through a piece of Swiss cheese.
Voici une figure que j'aime beaucoup : Bradley, Petrie, et Dumais. Vous allez peut être penser que j'ai triché, et que j'ai mis une arête plus blanche que le blanc par là. Combien d'entre vous voient cette arête, et le cube de Necker qui flotte devant les cercles ? Vous le voyez ? Et bien, vous savez, dans l'effet, l'arête est vraiment là, si on veut. Votre cerveau est vraiment en train de calculer cette arête, l'arête qui serait juste ici. Mais bon, remarquez qu'il y a deux façons de voir le cube, pas vrai ? C'est un cube de Necker. Tout le monde arrive à voir le cube des deux façons ? OK Et est-ce que vous arrivez à voir le cube de quatre façons différentes ? Parce qu'il y a une autre façon de le voir. Si vous le voyez comme un cube flottant devant quelques cercles, des cercles noirs, il y a une autre manière de voir. Voyez un cube, sur un fond noir, que l'on aperçoit à travers un morceau de gruyère.
(Laughter)
(rires)
Can you get it? How many of you can't get it? That'll help.
Vous l'avez ? Combien n'y arrivent pas ? Ca, ça peut aider.
(Laughter)
(rires)
Now you can get it. These are two very different phenomena. When you see the cube one way, behind the screen, those boundaries go away. But there's still a sort of filling in, as we can tell if we look at this. We don't have any trouble seeing the cube, but where does the color change? Does your brain have to send little painters in there? The purple-painters and the green-painters fight over who's going to paint that bit behind the curtain? No. Your brain just lets it go. The brain doesn't need to fill that in. When I first started talking about the Bradley, Petrie, Dumais example that you just saw -- I'll go back to it, this one -- I said that there was no filling-in behind there. And I supposed that that was just a flat truth, always true. But Rob Van Lier has recently shown that it isn't.
Maintenant vous le voyez. Ce sont deux phénomènes bien distincts. Quand vous voyez le cube d'une façon, derrière l'écran, les arêtes s'effacent. Mais il y a toujours comme un remplissage, comme on peut le voir si on regarde ça. On peut voir le cube sans difficulté, par contre le changement de couleur ? Est-ce que votre cerveau s'amuse à envoyer des mini peintres là-dedans ? Un qui met du violet et l'autre qui met du vert et ils se battent pour savoir lequel mettra sa couleur derrière le rideau ? Non. Votre cerveau laisse faire tout simplement. Il n'a pas besoin de remplir ces zones. Quand j'ai commencé à parler de l'exemple de Bradley, Petrie, Dumais que vous venez de voir -- j'y reviendrai à cet exemple -- j'ai dit qu'il n'y avait pas de remplissage derrière tout ça. Et je pensais que c'était une pure vérité, toujours vraie. Mais Rob Van Lier a montré récemment que ce n'est pas le cas.
Now, if you think you see some pale yellow -- I'll run this a few more times. Look in the gray areas, and see if you seem to see something sort of shadowy moving in there -- yeah, it's amazing. There's nothing there. It's no trick. ["Failure to Detect Changes in Scenes" slide] This is Ron Rensink's work, which was in some degree inspired by that suggestion right at the end of the book. Let me just pause this for a second if I can.
Là, si vous pensez voir une sorte de jaune pâle -- je vais le remettre encore un peu. Regardez les zones grises, et essayez de voir une sorte d'ombre qui bouge là dedans -- Oui ! C'est stupéfiant. Il n'y a rien pourtant. Pas de trucage. C'est l'oeuvre de Ron Rensik, qui est à un certain point inspirée par la remarque tout à la fin de mon livre. Laissez-moi juste mettre pause deux secondes si j'y arrive. Il s'agit d'aveuglement au changement.
This is change-blindness. What you're going to see is two pictures, one of which is slightly different from the other. You see here the red roof and the gray roof, and in between them there will be a mask, which is just a blank screen, for about a quarter of a second. So you'll see the first picture, then a mask, then the second picture, then a mask. And this will just continue, and your job as the subject is to press the button when you see the change. So, show the original picture for 240 milliseconds. Blank. Show the next picture for 240 milliseconds. Blank. And keep going, until the subject presses the button, saying, "I see the change."
Vous allez voir deux images, dont l'une est une version légèrement modifiée de l'autre. Vous voyez le toit rouge et le toit gris, et entre les deux il y aura un masque qui est juste un écran vide, pendant à peu près un quart de seconde. Vous verrez donc la première image, puis un masque. Ensuite la seconde image, puis un masque. Et cela sans arrêt, et votre tâche en tant que sujet est d'appuyer sur un bouton quand vous voyez ce qui a changé. Donc, on a : l'image originale apparaît pendant 240 millisecondes. Blanc. L'image suivante apparaît pendant 240 millisecondes. Blanc. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que le sujet appuie sur le bouton, pour dire "Je vois la différence" Et maintenant nous allons jouer les sujets dans cette expérience.
So now we're going to be subjects in the experiment. We're going to start easy. Some examples. No trouble there. Can everybody see? All right. Indeed, Rensink's subjects took only a little bit more than a second to press the button. Can you see that one? 2.9 seconds. How many don't see it still? What's on the roof of that barn?
On va commencer doucement. Voilà quelques exemples. Celui-là est facile. Tout le monde voit ? Bien. Et effectivement, les sujets de Rensik mettent juste un petit peu plus d'une seconde pour appuyer sur le bouton. Vous voyez celui-là ? 2.9 secondes. Combien y en a-t-il qui ne voient pas encore ? Qu'est-ce qu'il y a sur le toit de la grange ? (rires)
(Laughter)
Facile.
It's easy. Is it a bridge or a dock? There are a few more really dramatic ones, and then I'll close. I want you to see a few that are particularly striking. This one because it's so large and yet it's pretty hard to see. Can you see it?
C'est un pont ou un ponton ? Encore quelques-uns qui sont vraiment spectaculaires, et on arrête. Je veux vous en montrer certains qui sont particulièrement frappants. Celui-ci parce que c'est vraiment gros et pourtant on a du mal à voir. Vous voyez ? le public : oui
Audience: Yes.
Vous voyez les ombres projetées qui bougent de droite à gauche ? C'est assez gros.
Dan Dennett: See the shadows going back and forth? Pretty big. So 15.5 seconds is the median time for subjects in his experiment there.
le temps moyen est de 15 secondes et demie pour les sujets de cette expérience. J'aime beaucoup celle-là. On va finir avec.
I love this one. I'll end with this one, just because it's such an obvious and important thing. How many still don't see it? How many still don't see it? How many engines on the wing of that Boeing?
Juste parce que c'est tellement quelque chose d'évident et de primordial. Combien ne le voit pas encore ? Combien ? Il y a combien de réacteurs sur l'aile de ce Boeing au fait ? (rires)
(Laughter)
En plein milieu de l'image !
Right in the middle of the picture! Thanks very much for your attention. What I wanted to show you is that scientists, using their from-the-outside, third-person methods, can tell you things about your own consciousness that you would never dream of, and that, in fact, you're not the authority on your own consciousness that you think you are. And we're really making a lot of progress on coming up with a theory of mind.
Merci beaucoup pour votre attention. Ce que je voulais vous montrer, c'est que les chercheurs, en abordant les problèmes comme tierce personne, avec un point de vue externe, peuvent vous révéler des choses à propos de votre propre conscience des choses dont vous ne rêveriez même pas. Et aussi qu'à vrai dire, vous n'êtes pas les mieux placés pour parler de votre propre conscience, contrairement à ce que vous croyez. Et on avance vraiment énormément dans la formulation d'une théorie de l'esprit. Ce matin, Jeff Hawkins a décrit sa tentative
Jeff Hawkins, this morning, was describing his attempt to get theory, and a good, big theory, into the neuroscience. And he's right. This is a problem. Harvard Medical School once -- I was at a talk -- director of the lab said, "In our lab, we have a saying. If you work on one neuron, that's neuroscience. If you work on two neurons, that's psychology."
d'intégrer de la théorie, et même une grande et belle théorie, dans les neurosciences. Et il a raison. C'est tout le problème. Une fois, à l'école de médecine d'Harvard -- j'étais à une conférence -- le directeur du labo a dit : "Dans notre labo, on a un proverbe. Si tu travailles sur un neurone, c'est de la neuroscience. Si tu travailles sur deux neurones, c'est de la psychologie !" (rires)
(Laughter)
Nous avons besoin d'avoir plus de théorie, et ça peut aussi bien venir d'en haut.
We have to have more theory, and it can come as much from the top down.
Merci beaucoup.
Thank you very much.
(applaudissements)
(Applause)