Chris Anderson: Christiane, great to have you here. So you've had this amazing viewpoint, and perhaps it's fair to say that in the last few years, there have been some alarming developments that you're seeing. What's alarmed you most?
Chris Anderson : Christiane, ravi de vous recevoir. Vous avez un point de vue génial et il est juste de dire que les dernières années, vous avez été témoin de développements alarmants. Qu'est-ce qui vous alarme le plus ?
Christiane Amanpour: Well, just listening to the earlier speakers, I can frame it in what they've been saying: climate change, for instance -- cities, the threat to our environment and our lives. It basically also boils down to understanding the truth and to be able to get to the truth of what we're talking about in order to really be able to solve it. So if 99.9 percent of the science on climate is empirical, scientific evidence, but it's competing almost equally with a handful of deniers, that is not the truth; that is the epitome of fake news. And so for me, the last few years -- certainly this last year -- has crystallized the notion of fake news in a way that's truly alarming and not just some slogan to be thrown around. Because when you can't distinguish between the truth and fake news, you have a very much more difficult time trying to solve some of the great issues that we face.
Christiane Amanpour : En écoutant les intervenants précédents, je peux le formuler grâce à ce qu'ils ont dit : le réchauffement climatique, les villes, la menace envers notre environnement et nos vies. Il s'agit de comprendre la vérité et d'en venir à la vérité de ce dont nous parlons afin de pouvoir résoudre cela. Si 99,8% de la science climatique est empirique, basée sur des preuves scientifiques, mais qu'elle est en compétition et mise sur un pied d'égalité avec quelques négationnistes, ce n'est pas la vérité mais le summum des fake news. Pour moi, les dernières années -- certainement l'année dernière -- ont cristallisé la notion des fake news d'une façon très alarmante et pas seulement comme un slogan à utiliser un peu partout. Car lorsque nous ne pouvons pas distinguer la vérité des fake news, nous avons bien plus de difficultés à résoudre les grands problèmes auxquels nous faisons face.
CA: Well, you've been involved in this question of, what is balance, what is truth, what is impartiality, for a long time. You were on the front lines reporting the Balkan Wars 25 years ago. And back then, you famously said, by calling out human right abuses, you said, "Look, there are some situations one simply cannot be neutral about, because when you're neutral, you are an accomplice." So, do you feel that today's journalists aren't heeding that advice about balance?
CAn : Vous êtes impliquée dans cette question : qu'est-ce que l'équilibre, la vérité et l'impartialité depuis longtemps. Vous étiez en première ligne des guerres des Balkans il y a 25 ans. A cette époque, vous êtes connue pour avoir dit, en dénonçant les atteintes aux droits de l'Homme : « Il y a des situations où l'on ne peut pas être neutre car si l'on est neutre, on est complice. » Pensez-vous que les journalistes actuels ne tiennent pas compte de ce conseil à propos d'équilibre ?
CA: Well, look, I think for journalists, objectivity is the golden rule. But I think sometimes we don't understand what objectivity means. And I actually learned this very, very young in my career, which was during the Balkan Wars. I was young then. It was about 25 years ago. And what we faced was the wholesale violation, not just of human rights, but all the way to ethnic cleansing and genocide, and that has been adjudicated in the highest war crimes court in the world. So, we know what we were seeing. Trying to tell the world what we were seeing brought us accusations of bias, of siding with one side, of not seeing the whole side, and just, you know, trying to tell one story. I particularly and personally was accused of siding with, for instance, the citizens of Sarajevo -- "siding with the Muslims," because they were the minority who were being attacked by Christians on the Serb side in this area. And it worried me. It worried me that I was being accused of this. I thought maybe I was wrong, maybe I'd forgotten what objectivity was.
CAm : Pour les journalistes, à mon avis, l'objectivité est la règle d'or. Mais parfois nous ne comprenons pas ce que signifie l'objectivité. J'ai appris cela très tôt au cours de ma carrière, durant la guerre des Balkans. J'étais jeune à l'époque. C'était il y a environ 25 ans. Nous étions face à une violation en masse non seulement des droits de l'Homme, mais cela allait jusqu'à l'épuration ethnique et le génocide et cela avait été déclaré dans les plus hautes cours de justice du monde. Nous savions ce que nous observions. Essayer de raconter au monde ce que nous observions a mené à des accusations de partialité, de parti pris, de ne pas voir entièrement la situation et d'essayer de raconter une seule histoire. En particulier, j'ai personnellement été accusée de prendre le parti, par exemple, des citoyens de Sarajevo -- « prendre le parti des musulmans » car c'était la minorité qui était attaquée par les chrétiens du côté serbe dans cette zone. Cela m'inquiétait. Cela m'inquiétait d'être accusée ainsi. J'ai pensé avoir tort, avoir peut-être oublié ce qu'était l'objectivité.
But then I started to understand that what people wanted was actually not to do anything -- not to step in, not to change the situation, not to find a solution. And so, their fake news at that time, their lie at that time -- including our government's, our democratically elected government's, with values and principles of human rights -- their lie was to say that all sides are equally guilty, that this has been centuries of ethnic hatred, whereas we knew that wasn't true, that one side had decided to kill, slaughter and ethnically cleanse another side. So that is where, for me, I understood that objectivity means giving all sides an equal hearing and talking to all sides, but not treating all sides equally, not creating a forced moral equivalence or a factual equivalence. And when you come up against that crisis point in situations of grave violations of international and humanitarian law, if you don't understand what you're seeing, if you don't understand the truth and if you get trapped in the fake news paradigm, then you are an accomplice. And I refuse to be an accomplice to genocide.
Mais ensuite j'ai compris que ce que voulaient les gens, c'était de ne rien faire -- ne pas intervenir, ne pas changer la situation, ne pas trouver de solution. Leur fake news de l'époque, leur mensonge de l'époque -- y compris pour notre gouvernement, notre gouvernement élu démocratiquement, ayant les valeurs de droits de l'Homme -- leur mensonge était de dire que tous les partis étaient autant coupables, que la haine ethnique durait depuis des siècles, même si nous savions que c'était faux, qu'un parti avait décidé de tuer, de massacrer et de purifier ethniquement un autre parti. C'est là que j'ai compris que l'objectivité, c'était d'écouter équitablement tous les partis et de parler à tous les partis mais pas de traiter tous les partis de la même manière, pas de créer une équivalence morale forcée ou une équivalence factuelle. Quand vous êtes dans une telle situation de crise, qu'il y a de graves violations des lois internationales et humanitaires, si vous ne comprenez pas ce que vous observez, si vous ne comprenez pas la vérité et que vous êtes coincé dans le paradigme des fake news, vous êtes complice. Et je refuse d'être complice d'un génocide.
(Applause)
(Applaudissements)
CH: So there have always been these propaganda battles, and you were courageous in taking the stand you took back then. Today, there's a whole new way, though, in which news seems to be becoming fake. How would you characterize that?
CAn : Ces affrontements de propagande ont toujours existé et vous avez eu du courage en prenant une telle position à l'époque. Aujourd'hui cependant, c'est d'une tout autre manière que les informations semblent devenir fausses. Comment caractériseriez-vous cela ?
CA: Well, look -- I am really alarmed. And everywhere I look, you know, we're buffeted by it. Obviously, when the leader of the free world, when the most powerful person in the entire world, which is the president of the United States -- this is the most important, most powerful country in the whole world, economically, militarily, politically in every which way -- and it seeks to, obviously, promote its values and power around the world. So we journalists, who only seek the truth -- I mean, that is our mission -- we go around the world looking for the truth in order to be everybody's eyes and ears, people who can't go out in various parts of the world to figure out what's going on about things that are vitally important to everybody's health and security. So when you have a major world leader accusing you of fake news, it has an exponential ripple effect. And what it does is, it starts to chip away at not just our credibility, but at people's minds -- people who look at us, and maybe they're thinking, "Well, if the president of the United States says that, maybe somewhere there's a truth in there."
CAm : Je suis très alarmée. Partout où je regarde, nous sommes servis à profusion. Évidemment, quand le dirigeant du monde libre, quand la personne la plus puissante du monde, le président des États-Unis -- c'est le pays le plus important, le plus puissant du monde, économiquement, militairement, politiquement selon toutes mesures -- il cherche, évidemment, à promouvoir ses valeurs et son pouvoir dans le monde. Nous, journalistes, ne cherchons que la vérité -- c'est notre mission -- nous cherchons la vérité à travers le monde afin d'être les yeux et oreilles de tous, des gens qui ne peuvent pas aller dans divers endroits pour découvrir ce qu'il se passe sur des sujets d'importance vitale pour la santé et la sécurité de tous. Quand un grand dirigeant du monde vous accuse de rapporter des fake news, cela a des répercussions exponentielles. Cela commence à écailler non seulement notre crédibilité, mais aussi l'esprit des gens -- des gens qui nous regardent et pensent peut-être : « Si le président des États-Unis dit cela, peut-être qu'il y a un peu de vrai. »
CH: Presidents have always been critical of the media --
CAn : Les président se sont toujours montrés critiques envers les médias --
CA: Not in this way.
CAm : Pas ainsi.
CH: So, to what extent --
CAn : Dans quelle mesure --
(Laughter)
(Rires)
(Applause)
(Applaudissements)
CH: I mean, someone a couple years ago looking at the avalanche of information pouring through Twitter and Facebook and so forth, might have said, "Look, our democracies are healthier than they've ever been. There's more news than ever. Of course presidents will say what they'll say, but everyone else can say what they will say. What's not to like? How is there an extra danger?"
CAn : Il y a quelques années, quelqu'un considérant l'avalanche d'informations affluant sur Twitter, Facebook et autres aurait pu dire : « Nos démocraties sont plus saines que jamais auparavant. Il y a plus d'informations. Nos présidents diront ce qu'ils diront, mais quiconque peut dire ce qu'il veut. Qu'y a-t-il à y redire ? En quoi est-ce un danger supplémentaire ? »
CA: So, I wish that was true. I wish that the proliferation of platforms upon which we get our information meant that there was a proliferation of truth and transparency and depth and accuracy. But I think the opposite has happened. You know, I'm a little bit of a Luddite, I will confess. Even when we started to talk about the information superhighway, which was a long time ago, before social media, Twitter and all the rest of it, I was actually really afraid that that would put people into certain lanes and tunnels and have them just focusing on areas of their own interest instead of seeing the broad picture. And I'm afraid to say that with algorithms, with logarithms, with whatever the "-ithms" are that direct us into all these particular channels of information, that seems to be happening right now. I mean, people have written about this phenomenon. People have said that yes, the internet came, its promise was to exponentially explode our access to more democracy, more information, less bias, more varied information. And, in fact, the opposite has happened. And so that, for me, is incredibly dangerous. And again, when you are the president of this country and you say things, it also gives leaders in other undemocratic countries the cover to affront us even worse, and to really whack us -- and their own journalists -- with this bludgeon of fake news.
CAm : J'aimerais que ce soit vrai, que la prolifération de plateformes où nous obtenons nos informations signifie la prolifération de la vérité, de la transparence, de la profondeur et de l'exactitude. Mais je crois que le contraire s'est produit. Je suis un peu une luddiste, je l'avoue. Même quand nous avons parlé de l'autoroute de l'information, c'était il y a longtemps, avant les réseaux sociaux, Twitter et autres, j'avais très peur que cela mette les gens dans des files et des tunnels et qu'ils se concentrent sur des zones d'intérêt propre au lieu de voir le tableau dans sa globalité. J'ai peur de dire qu'avec les algorithmes, logarithmes, tous ces « -ithmes » qui nous dirigent dans ces canaux d'informations spécifiques, cela semble se produire. Des gens ont écrit au sujet de ce phénomène. Des gens ont dit que oui, internet est arrivé, il promettait d'exploser exponentiellement notre accès à plus de démocratie, plus d'informations, moins de partialité, des informations plus variées. En fait, le contraire s'est produit. Pour moi, cela est incroyablement dangereux. A nouveau, quand vous êtes le président de ce pays et dites des choses, cela permet à des dirigeants dans des pays non démocratiques de nous affronter encore plus, de nous frapper à grands coups, ainsi que leurs journalistes, avec cette matraque des fake news.
CH: To what extent is what happened, though, in part, just an unintended consequence, that the traditional media that you worked in had this curation-mediation role, where certain norms were observed, certain stories would be rejected because they weren't credible, but now that the standard for publication and for amplification is just interest, attention, excitement, click, "Did it get clicked on?" "Send it out there!" and that's what's -- is that part of what's caused the problem?
CAn : Dans quelle mesure ce qu'il s'est produit n'est-il qu'une conséquence indésirable ? Les médias traditionnels où vous avez travaillé avaient ce rôle d'organisation et de médiation où des normes étaient observées, des histoires étaient rejetées car elles n'étaient pas crédibles, mais maintenant que le standard de publication et d'amplification n'est que l'intérêt, l'attention, l'excitation, les clics -- « Ai-je eu des clics ? » « Envoie ça ! » -- cela a-t-il en partie causé le problème ?
CA: I think it's a big problem, and we saw this in the election of 2016, where the idea of "clickbait" was very sexy and very attractive, and so all these fake news sites and fake news items were not just haphazardly and by happenstance being put out there, there's been a whole industry in the creation of fake news in parts of Eastern Europe, wherever, and you know, it's planted in real space and in cyberspace. So I think that, also, the ability of our technology to proliferate this stuff at the speed of sound or light, just about -- we've never faced that before. And we've never faced such a massive amount of information which is not curated by those whose profession leads them to abide by the truth, to fact-check and to maintain a code of conduct and a code of professional ethics.
CAm : C'est un gros problème, nous l'avons vu pour les élections de 2016 où l'idée du « piège à clics » était très attractive alors tous ces sites de fake news et toutes ces fausses informations n'étaient pas mis en ligne aléatoirement et par hasard, il y a eu toute une industrie de création de fake news dans certaines parties de l'Europe de l'Est et c'est semé dans l'espace et dans le cyberespace. Je crois également que la capacité de notre technologie à proliférer ces choses à la vitesse du son ou de la lumière, à propos -- nous n'avons jamais connu cela avant. Nous n'avons jamais fait face à un volume si massif d'informations qui ne sont pas organisées par des gens dont la profession les mènent à se conformer à la vérité, à vérifier les faits et à maintenir un code de conduite et un code d'éthique professionnelle.
CH: Many people here may know people who work at Facebook or Twitter and Google and so on. They all seem like great people with good intention -- let's assume that. If you could speak with the leaders of those companies, what would you say to them?
CAn : Beaucoup de gens ici connaissent des gens travaillant à Facebook, à Twitter, à Google et ainsi de suite. Ils ont l'air d'être des gens géniaux avec de bonnes intentions -- supposons cela. Si vous pouviez parler aux dirigeants de ces entreprises, que leur diriez-vous ?
CA: Well, you know what -- I'm sure they are incredibly well-intentioned, and they certainly developed an unbelievable, game-changing system, where everybody's connected on this thing called Facebook. And they've created a massive economy for themselves and an amazing amount of income. I would just say, "Guys, you know, it's time to wake up and smell the coffee and look at what's happening to us right now." Mark Zuckerberg wants to create a global community. I want to know: What is that global community going to look like? I want to know where the codes of conduct actually are. Mark Zuckerberg said -- and I don't blame him, he probably believed this -- that it was crazy to think that the Russians or anybody else could be tinkering and messing around with this avenue. And what have we just learned in the last few weeks? That, actually, there has been a major problem in that regard, and now they're having to investigate it and figure it out. Yes, they're trying to do what they can now to prevent the rise of fake news, but, you know, it went pretty unrestricted for a long, long time. So I guess I would say, you know, you guys are brilliant at technology; let's figure out another algorithm. Can we not?
CAm : Vous savez quoi -- ils ont certainement de très bonnes intentions, ils ont développé un système incroyable et révolutionnaire où tout le monde est connecté sur ce truc appelé Facebook. Ils se sont créé une économie énorme et des revenus énormes. Je dirais simplement : « Il est temps de se réveiller, de sentir l'odeur de café et de regarder ce qu'il nous arrive. » Mark Zuckerberg veut créer une communauté mondiale. Je veux savoir : à quoi va ressembler cette communauté mondiale ? Je veux savoir où sont les codes de conduite. Mark Zuckerberg a dit -- et je ne le lui reproche pas, il le croyait probablement -- qu'il était fou de penser que les Russes ou quiconque puisse trifouiller et créer la confusion sur cette avenue. Qu'avons-nous appris au cours des dernières semaines ? Il y a eu un problème majeur à ce propos et maintenant ils doivent enquêter et comprendre. Maintenant, ils essayent de faire ce qu'ils peuvent pour éviter la montée des fake news mais, vous savez, cela a été assez libre pendant très longtemps. Je crois que je dirais : « Vous êtes géniaux en termes de technologie, trouvez un autre algorithme. N'est-ce pas possible ? »
CH: An algorithm that includes journalistic investigation --
CAn : Qui inclut l'investigation journalistique --
CA: I don't really know how they do it, but somehow, you know -- filter out the crap!
CAm : Je ne sais pas vraiment comment ils font, mais d'une façon, filtrer les conneries !
(Laughter)
(Rires)
And not just the unintentional --
Pas seulement ce qui est involontaire --
(Applause)
(Applaudissements)
but the deliberate lies that are planted by people who've been doing this as a matter of warfare for decades. The Soviets, the Russians -- they are the masters of war by other means, of hybrid warfare. And this is a -- this is what they've decided to do. It worked in the United States, it didn't work in France, it hasn't worked in Germany. During the elections there, where they've tried to interfere, the president of France right now, Emmanuel Macron, took a very tough stand and confronted it head on, as did Angela Merkel.
mais les mensonges délibérés qui sont insérés par des gens qui font ceci dans un cadre de guerre depuis des décennies. Les Soviétiques, les Russes -- ils sont les maîtres de la guerre via d'autres moyens, la guerre hybride. C'est un -- c'est ce qu'ils ont décidé de faire. Cela a fonctionné aux États-Unis, cela n'a pas fonctionné en France ni en Allemagne. Durant les élections là-bas, où ils ont essayé d'interférer, l'actuel président français, Emmanuel Macron, a pris une position ferme, a confronté cela directement, Angela Merkel également.
CH: There's some hope to be had from some of this, isn't there? That the world learns. We get fooled once, maybe we get fooled again, but maybe not the third time. Is that true?
CAn : Il y a de l'espoir à ce sujet, n'est-ce pas ? Que le monde apprend. Nous avons été dupés une fois, peut-être deux, mais peut-être pas trois. Est-ce vrai ?
CA: I mean, let's hope. But I think in this regard that so much of it is also about technology, that the technology has to also be given some kind of moral compass. I know I'm talking nonsense, but you know what I mean.
CAm : Espérons-le. Mais je pense que tant de choses sont liées à la technologie, que l'on doit donner à la technologie une conscience morale. Je dis n'importe quoi, mais vous savez ce que je veux dire.
CH: We need a filter-the-crap algorithm with a moral compass --
CAn : Il nous faut un algorithme filtrant les conneries et avec une conscience --
CA: There you go.
CAm : Exactement.
CH: I think that's good.
CAn : Cela semble bien.
CA: No -- "moral technology." We all have moral compasses -- moral technology.
CAm : Une « technologie morale ». Nous avons tous une conscience morale -- une technologie morale.
CH: I think that's a great challenge. CA: You know what I mean.
CAn : C'est un défi important. CAm : Vous me comprenez.
CH: Talk just a minute about leadership. You've had a chance to speak with so many people across the world. I think for some of us -- I speak for myself, I don't know if others feel this -- there's kind of been a disappointment of: Where are the leaders? So many of us have been disappointed -- Aung San Suu Kyi, what's happened recently, it's like, "No! Another one bites the dust." You know, it's heartbreaking.
CAn : Parlez une minute de leadership. Vous avez eu la chance de parler à tant de gens à travers le monde. Certains d'entre nous -- je parle pour moi, j'ignore si les autres partagent cela -- il y a une déception : où sont les dirigeants ? Nombre d'entre nous ont été déçus -- Aung San Suu Kyi, les événements récents, c'est « une autre qui mord la poussière ». C'est déchirant.
(Laughter)
(Rires)
Who have you met who you have been impressed by, inspired by?
Qui avez-vous rencontré, qui vous a impressionnée, inspirée ?
CA: Well, you talk about the world in crisis, which is absolutely true, and those of us who spend our whole lives immersed in this crisis -- I mean, we're all on the verge of a nervous breakdown. So it's pretty stressful right now. And you're right -- there is this perceived and actual vacuum of leadership, and it's not me saying it, I ask all these -- whoever I'm talking to, I ask about leadership. I was speaking to the outgoing president of Liberia today, [Ellen Johnson Sirleaf,] who --
CAm : Vous parlez du monde en crise, ce qui est tout à fait vrai, et ceux d'entre nous qui passent leur vie immergés dans la crise -- nous sommes tous au bord de la dépression nerveuse. C'est assez stressant actuellement. Vous avez raison -- il y a ce vide perçu et réel en terme de leadership, ce n'est pas moi qui le dis, je questionne tous -- à tous ceux à qui je parle, je parle de leadership. Aujourd'hui, j'ai parlé à la présidente extravertie du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, qui --
(Applause)
(Applaudissements)
in three weeks' time, will be one of the very rare heads of an African country who actually abides by the constitution and gives up power after her prescribed term. She has said she wants to do that as a lesson. But when I asked her about leadership, and I gave a quick-fire round of certain names, I presented her with the name of the new French president, Emmanuel Macron. And she said -- I said, "So what do you think when I say his name?" And she said, "Shaping up potentially to be a leader to fill our current leadership vacuum." I thought that was really interesting. Yesterday, I happened to have an interview with him. I'm very proud to say, I got his first international interview. It was great. It was yesterday. And I was really impressed. I don't know whether I should be saying that in an open forum, but I was really impressed.
dans trois semaines, elle fera partie des rares dirigeants d'un pays africain qui se conforment à la constitution et abandonnent le pouvoir à la fin de leur mandat. Elle a dit qu'elle voulait le faire pour que ça serve de leçon. Quand je l'ai questionnée sur le leadership, j'ai rapidement donné quelques noms, je lui ai offert le nom du nouveau président français, Emmanuel Macron. Elle a dit -- j'ai dit : « Que pensez-vous quand je dis son nom ? » Elle a dit : « Il s'annonce comme étant potentiellement un dirigeant qui va combler notre vide actuel en terme de leadership. » J'ai trouvé cela très intéressant. Hier, je l'ai interviewé. Je suis très fière d'avoir eu sa première interview internationale. J'ai été très impressionnée. J'ignore si je devrais dire cela lors d'une discussion ouverte, mais j'ai été très impressionnée. (Rires)
(Laughter)
And it could be just because it was his first interview, but -- I asked questions, and you know what? He answered them!
Ce peut être parce que c'était sa première interview mais, j'ai posé des questions et devinez quoi ! Il a répondu !
(Laughter)
(Rires)
(Applause)
(Applaudissements)
There was no spin, there was no wiggle and waggle, there was no spend-five-minutes- to-come-back-to-the-point. I didn't have to keep interrupting, which I've become rather renowned for doing, because I want people to answer the question. And he answered me, and it was pretty interesting. And he said --
Il n'y a pas eu de pirouette, pas de manœuvres, pas de discours de cinq minutes pour en arriver au sujet. Je n'ai pas eu à l'interrompre, ce pour quoi je suis devenue célèbre, car je veux que les gens répondent à la question. Il m'a répondu et c'était plutôt intéressant. Il a dit --
CH: Tell me what he said.
CAn : Dites-moi ce qu'il a dit.
CA: No, no, you go ahead.
CAm : Non, allez-y.
CH: You're the interrupter, I'm the listener.
CAn : Vous interrompez, moi, j'écoute.
CA: No, no, go ahead.
CAm : Non, allez-y.
CH: What'd he say?
CAn : Qu'a-t-il dit ?
CA: OK. You've talked about nationalism and tribalism here today. I asked him, "How did you have the guts to confront the prevailing winds of anti-globalization, nationalism, populism when you can see what happened in Brexit, when you could see what happened in the United States and what might have happened in many European elections at the beginning of 2017?" And he said, "For me, nationalism means war. We have seen it before, we have lived through it before on my continent, and I am very clear about that." So he was not going to, just for political expediency, embrace the, kind of, lowest common denominator that had been embraced in other political elections. And he stood against Marine Le Pen, who is a very dangerous woman.
CAm : Vous avez parlé de nationalisme et de tribalisme. Je lui ai demandé : « Comment avez-vous eu le courage d'affronter les vents dominants de l'anti-mondialisation, du nationalisme, du populisme avec ce qui arrive avec le Brexit, avec ce qui est arrivé aux États-Unis et aurait pu arriver dans beaucoup d'élection européennes début 2017 ? » Il a dit : « Pour moi, le nationalisme, c'est la guerre. Nous l'avons vu auparavant, nous l'avons déjà vécu sur mon continent et je suis très clair à ce sujet. » Il n'allait pas, simplement pour l'opportunisme politique, embrasser le dénominateur commun le plus bas qui avait été embrassé dans d'autres élections politiques. Il a fait face à Marine Le Pen, qui est une femme très dangereuse.
CH: Last question for you, Christiane. TED is about ideas worth spreading. If you could plant one idea into the minds of everyone here, what would that be?
CAn : Dernière question pour vous. Parlez-nous d'une idée à partager. Si vous pouviez semer une idée dans l'esprit de tous les gens présents, quelle serait-elle ?
CA: I would say really be careful where you get your information from; really take responsibility for what you read, listen to and watch; make sure that you go to the trusted brands to get your main information, no matter whether you have a wide, eclectic intake, really stick with the brand names that you know, because in this world right now, at this moment right now, our crises, our challenges, our problems are so severe, that unless we are all engaged as global citizens who appreciate the truth, who understand science, empirical evidence and facts, then we are just simply going to be wandering along to a potential catastrophe.
CAm : Soyez très vigilants quant à où vous tirez vos informations ; soyez responsables de ce que vous lisez, écoutez et regardez ; assurez-vous d'obtenir vos informations d'enseignes de confiance, peu importe si votre consommation d'informations est vaste et éclectique, tenez-vous en aux enseignes que vous connaissez, car actuellement dans ce monde, nos crises, nos défis, nos problèmes sont si graves qu'à moins de tous nous impliquer en tant que citoyens du monde qui apprécient la vérité, qui comprennent la science, les preuves empiriques et les faits, nous allons simplement suivre le chemin vers une catastrophe potentielle.
So I would say, the truth, and then I would come back to Emmanuel Macron and talk about love. I would say that there's not enough love going around. And I asked him to tell me about love. I said, "You know, your marriage is the subject of global obsession."
Je dirais la vérité et, pour revenir à Emmanuel Macron, parler d'amour. Il n'y a pas assez d'amour. Je lui ai demandé de me parler d'amour. Je lui ai dit : « Votre mariage est le sujet d'une obsession mondiale. »
(Laughter)
(Rires)
"Can you tell me about love? What does it mean to you?" I've never asked a president or an elected leader about love. I thought I'd try it. And he said -- you know, he actually answered it. And he said, "I love my wife, she is part of me, we've been together for decades." But here's where it really counted, what really stuck with me. He said, "It is so important for me to have somebody at home who tells me the truth."
« Parlez-moi d'amour. Qu'est-ce que c'est pour vous ? » Je n'ai jamais parlé d'amour à un président ou un dirigeant élu. J'ai essayé. Il a dit -- il a vraiment répondu. Il a dit : « J'aime ma femme. Elle fait partie de moi, nous sommes ensemble depuis des décennies. » Mais voici ce qui compte vraiment, ce qui m'a frappée. Il a dit : « C'est si important pour moi d'avoir quelqu'un à la maison qui me dit la vérité. »
So you see, I brought it home. It's all about the truth.
J'ai rapporté ça chez moi. Tout est question de vérité.
(Laughter)
(Rires)
CH: So there you go. Truth and love. Ideas worth spreading.
CAn : Voilà. Vérité et amour. Des idées à partager.
Christiane Amanpour, thank you so much. That was great.
Christiane Amanpour, merci beaucoup. C'était génial.
(Applause)
(Applaudissements)
CA: Thank you. CH: That was really lovely.
CAm : Merci. CAn : C'était très agréable.
(Applause)
(Applaudissements)
CA: Thank you.
CAm : Merci.