There we were, souls and bodies packed into a Texas church on the last night of our lives. Packed into a room just like this, but with creaky wooden pews draped in worn-down red fabric, with an organ to my left and a choir at my back and a baptism pool built into the wall behind them. A room like this, nonetheless. With the same great feelings of suspense, the same deep hopes for salvation, the same sweat in the palms and the same people in the back not paying attention.
Nous étions là, des âmes et des corps entassés dans une église du Texas, lors de la dernière nuit de nos vies. Entassés dans une pièce tout comme celle-ci, mais avec de vieux bancs en bois drapés d'un tissu rouge usé, un orgue à ma gauche et une chorale derrière moi, les fonts baptismaux encastrés dans le mur derrière celle-ci. Une pièce comme celle-ci, néanmoins. Avec cette même sensation formidable de suspense, les mêmes profonds espoirs de salut, la même sueur dans les paumes, et les mêmes personnes au fond qui n'écoutent pas.
(Laughter)
(Rires)
This was December 31, 1999, the night of the Second Coming of Christ, and the end of the world as I knew it. I had turned 12 that year and had reached the age of accountability. And once I stopped complaining about how unfair it was that Jesus would return as soon as I had to be accountable for all that I had done, I figured I had better get my house in order very quickly.
Nous étions le 31 décembre 1999, la nuit de la seconde venue du Christ, et la fin du monde tel que je le connaissais. J'avais eu 12 ans cette année-là, et j'avais atteint l'âge de la responsabilité. Après que j'eus arrêté de me plaindre sur l'injustice du retour de Jésus au moment où je devais être tenu responsable de mes actes, j'ai compris qu'il valait mieux que je fasse du ménage rapidement.
So I went to church as often as I could. I listened for silence as anxiously as one might listen for noise, trying to be sure that the Lord hadn't pulled a fast one on me and decided to come back early.
Je suis allé à l'église aussi souvent que possible. Je guettais le silence avec l'anxiété de quelqu'un qui guetterait le bruit, essayant de m'assurer que le Seigneur ne m'avait pas joué un tour et avait décidé de revenir plus tôt.
And just in case he did, I built a backup plan, by reading the "Left Behind" books that were all the rage at the time. And I found in their pages that if I was not taken in the rapture at midnight, I had another shot. All I had to do was avoid taking the mark of the beast, fight off demons, plagues and the Antichrist himself. It would be hard --
Et au cas où Il reviendrait plus tôt, j'avais anticipé un plan de secours, en lisant la série des « Left Behind » qui faisaient un carton à l'époque. J'ai trouvé dans leurs pages que si je n'étais pas emmené à minuit, j'avais une autre chance. Il me suffisait juste d'éviter de prendre la marque de la bête, de combattre les démons, les fléaux et l'Antéchrist lui-même. Ce serait difficile —
(Laughter)
(Rires)
but I knew I could do it.
mais je savais que j'en étais capable.
(Laughter)
(Rires)
But planning time was over now. It was 11:50pm. We had 10 minutes left, and my pastor called us out of the pews and down to the altar because he wanted to be praying when midnight struck. So every faction of the congregation took its place. The choir stayed in the choir stand, the deacons and their wives -- or the Baptist Bourgeoisie as I like to call them --
Mais ce n'était plus le moment de s'organiser. Il était 23h50. Il nous restait 10 minutes, et mon pasteur nous appela vers l'autel, car il voulait prier lorsque minuit sonnerait. Chaque faction de la congrégation prit sa place. La chorale resta dans le chœur, les diacres et leurs femmes — ou la Bourgeoisie Baptiste, comme j'aime les appeler —
(Laughter)
(Rires)
took first position in front of the altar. You see, in America, even the Second Coming of Christ has a VIP section.
se mirent au premier rang en face de l'autel. Voyez-vous, aux États-Unis, même la seconde venue du Christ a une section VIP.
(Laughter)
(Rires)
(Applause)
(Applaudissements)
And right behind the Baptist Bourgeoisie were the elderly -- these men and women whose young backs had been bent under hot suns in the cotton fields of East Texas, and whose skin seemed to be burnt a creaseless noble brown, just like the clay of East Texas, and whose hopes and dreams for what life might become outside of East Texas had sometimes been bent and broken even further than their backs.
Et juste derrière la Bourgeoisie Baptiste se trouvaient les personnes âgées — ces hommes et femmes dont les dos s'étaient jadis courbés sous le soleil chaud des champs de coton de l'Est du Texas, dont les peaux semblaient marquées d'un brun lisse et noble, tout comme l'argile du Texas de l'Est, dont les espoirs et les rêves sur le devenir de leurs vies hors du Texas de l'Est avaient parfois été brisés, plus profondément que leurs dos.
Yes, these men and women were the stars of the show for me. They had waited their whole lives for this moment, just as their medieval predecessors had longed for the end of the world, and just as my grandmother waited for the Oprah Winfrey Show to come on Channel 8 every day at 4 o'clock. And as she made her way to the altar, I snuck right in behind her, because I knew for sure that my grandmother was going to heaven. And I thought that if I held on to her hand during this prayer, I might go right on with her.
Oui, ces hommes et ces femmes étaient pour moi les stars du spectacle. Ils avaient attendu ce moment toutes leurs vies, comme leurs prédécesseurs du Moyen-Âge avaient attendu la fin du monde avec impatience, et comme ma grand-mère attendait l'Oprah Winfrey Show sur Channel 8, chaque jour, à 16h. Et alors qu'elle se dirigea vers l'autel, je me cachai derrière elle, car j'étais absolument certain que ma grand-mère irait au Paradis. Et je pensais que si je serrais fort sa main pendant la prière, il était possible que j'aille avec elle.
So I held on and I closed my eyes to listen, to wait. And the prayers got louder. And the shouts of response to the call of the prayer went up higher even still. And the organ rolled on in to add the dirge. And the heat came on to add to the sweat. And my hand gripped firmer, so I wouldn't be the one left in the field. My eyes clenched tighter so I wouldn't see the wheat being separated from the chaff. And then a voice rang out above us: "Amen."
J'ai donc tenu sa main, et j'ai fermé les yeux, pour écouter, pour attendre. Les prières devinrent plus fortes. Et les cris en réponse à l'appel de la prière montèrent encore plus haut. L'orgue se joignit à l'ambiance funèbre. Et la chaleur naissante se joignit à la sueur. Ma main raffermit son étreinte, pour ne pas être celui abandonné. Je fermai mes yeux plus fort, pour ne pas voir la séparation du bon grain de l'ivraie. Puis une voix s'éleva au-dessus de nous : « Amen. »
It was over. I looked at the clock. It was after midnight. I looked at the elder believers whose savior had not come, who were too proud to show any signs of disappointment, who had believed too much and for too long to start doubting now. But I was upset on their behalf. They had been duped, hoodwinked, bamboozled, and I had gone right along with them. I had prayed their prayers, I had yielded not to temptation as best I could. I had dipped my head not once, but twice in that snot-inducing baptism pool. I had believed. Now what?
C'était fini. Je regardai l'horloge. Il était minuit passé. Je regardai les croyants plus âgés, dont le Sauveur n'était pas venu, qui étaient trop fiers pour montrer leur déception, qui avaient trop cru et pendant trop longtemps pour se mettre à douter maintenant. Mais j'étais vexé pour eux. Ils avaient été dupés, trompés, embobinés, et je m'étais laissé embarquer avec eux. J'avais dit leurs prières, je n'avais pas cédé à la tentation du mieux que j'avais pu. Je n'avais pas trempé ma tête une fois, mais deux fois, dans ces fonts baptismaux qui donnaient la crève. J'avais cru. Et maintenant quoi ?
I got home just in time to turn on the television and watch Peter Jennings announce the new millennium as it rolled in around the world. It struck me that it would have been strange anyway, for Jesus to come back again and again based on the different time zones.
Je suis arrivé à la maison à temps pour allumer la télévision et regarder Peter Jennings annoncer le nouveau millénaire, alors qu'il avançait autour du monde. Je fus frappé par la bizarrerie des multiples retours de Jésus, basés sur les différents fuseaux horaires.
(Laughter)
(Rires) (Applaudissements)
And this made me feel even more ridiculous -- hurt, really. But there on that night, I did not stop believing. I just believed a new thing: that it was possible not to believe. It was possible the answers I had were wrong, that the questions themselves were wrong. And now, where there was once a mountain of certitude, there was, running right down to its foundation, a spring of doubt, a spring that promised rivers.
Et je me sentis encore plus ridicule — blessé, vraiment. Mais cette nuit-là, je n'ai pas arrêté de croire. Je me mis juste à croire une nouvelle chose : qu'il était possible de ne pas croire. Il était possible que les réponses soient fausses, que les questions elles-mêmes soient fausses. Désormais, là où s'était trouvée une montagne de certitude, il y avait, se précipitant vers sa base, une source de doute, une source qui promettait des rivières.
I can trace the whole drama of my life back to that night in that church when my savior did not come for me; when the thing I believed most certainly turned out to be, if not a lie, then not quite the truth. And even though most of you prepared for Y2K in a very different way, I'm convinced that you are here because some part of you has done the same thing that I have done since the dawn of this new century, since my mother left and my father stayed away and my Lord refused to come. And I held out my hand, reaching for something to believe in.
Je peux retrouver l'origine du drame entier de ma vie, cette nuit-là, dans cette église, lorsque mon Sauveur n'est pas venu pour moi ; lorsque ce en quoi je croyais vraiment s'était avéré, sinon un mensonge, du moins, pas tout à la fait la vérité. Bien que certains se soient préparés à l'an 2000 d'une façon très différente, je suis convaincu que vous êtes ici parce qu'une partie de vous a fait la même chose que moi depuis le début de ce nouveau siècle, depuis que ma mère est partie, que mon père n'est pas revenu et que mon Seigneur a refusé de venir. Et j'ai tendu la main, afin d'atteindre quelque chose en quoi croire.
I held on when I arrived at Yale at 18, with the faith that my journey from Oak Cliff, Texas was a chance to leave behind all the challenges I had known, the broken dreams and broken bodies I had seen. But when I found myself back home one winter break, with my face planted in the floor, my hands tied behind my back and a burglar's gun pressed to my head, I knew that even the best education couldn't save me.
J'ai tenu bon, lorsque je suis arrivé à Yale à 18 ans, confiant que mon voyage depuis Oak Cliff, au Texas, était une chance de laisser derrière moi toutes les épreuves que j'avais connues, les rêves et les corps brisés que j'avais vus. Mais lorsque je me suis retrouvé à la maison pendant des vacances d'hiver, le visage au sol, les mains attachées derrière mon dos, et le pistolet d'un cambrioleur sur ma tête, je savais que même la meilleure éducation ne pouvait pas me sauver.
I held on when I showed up at Lehman Brothers as an intern in 2008.
J'ai tenu bon lorsque je suis arrivé chez Lehman Brothers en tant que stagiaire en 2008.
(Laughter)
(Rires)
So hopeful --
Si plein d'espoir —
(Laughter)
(Rires)
that I called home to inform my family that we'd never be poor again.
que j'ai appelé ma famille pour les informer que nous ne serions plus jamais pauvres.
(Laughter)
(Rires)
But as I witnessed this temple of finance come crashing down before my eyes, I knew that even the best job couldn't save me.
Mais lorsque j'ai vu ce temple de la finance s'écrouler sous mes yeux, j'ai su que même le meilleur emploi ne pouvait pas me sauver.
I held on when I showed up in Washington DC as a young staffer, who had heard a voice call out from Illinois, saying, "It's been a long time coming, but in this election, change has come to America." But as the Congress ground to a halt and the country ripped at the seams and hope and change began to feel like a cruel joke, I knew that even the political second coming could not save me.
J'ai tenu bon lorsque je suis arrivé à Washington, en tant que jeune employé, qui avait entendu une voix venue de l'Illinois, disant : « Nous avons attendu depuis longtemps, mais avec cette élection, le changement est arrivé aux États-Unis. » Mais lorsque le Congrès s'immobilisa, que le pays se déchira, que l'espoir et le changement sonnèrent comme une plaisanterie, j'ai su que même la seconde venue politique ne pouvait pas me sauver.
I had knelt faithfully at the altar of the American Dream, praying to the gods of my time of success, and money, and power. But over and over again, midnight struck, and I opened my eyes to see that all of these gods were dead.
Je m'étais fidèlement agenouillé à l'autel du Rêve Américain, priant les dieux de mon époque, dieux du succès, de l'argent, et du pouvoir. Mais encore et encore, minuit sonnait, et j'ouvrais mes yeux pour constater la mort de tous ces dieux.
And from that graveyard, I began the search once more, not because I was brave, but because I knew that I would either believe or I would die.
Depuis ce cimetière, je commençai à chercher une fois de plus, pas par courage, mais parce que je savais que soit je croyais, soit je mourais.
So I took a pilgrimage to yet another mecca, Harvard Business School --
Alors j'ai accompli un pèlerinage, encore une fois vers une autre Mecque, Harvard Business School —
(Laughter)
(Rires)
this time, knowing that I could not simply accept the salvation that it claimed to offer. No, I knew there'd be more work to do.
sachant cette fois que je ne pouvais pas simplement accepter le salut qu'elle prétendait offrir. Non, je savais qu'il y aurait plus de travail à faire.
The work began in the dark corner of a crowded party, in the late night of an early, miserable Cambridge winter, when three friends and I asked a question that young folks searching for something real have asked for a very long time: "What if we took a road trip?"
Le travail a commencé tard, dans un coin sombre d'une fête bondée, la nuit d'un hiver précoce et misérable de Cambridge, lorsque trois amis et moi nous sommes demandés ce que de jeunes gens en quête d'authenticité se demandent depuis très longtemps : « Et si on partait sur la route ? »
(Laughter)
(Rires)
We didn't know where'd we go or how we'd get there, but we knew we had to do it. Because all our lives we yearned, as Jack Kerouac wrote, to "sneak out into the night and disappear somewhere," and go find out what everybody was doing all over the country. So even though there were other voices who said that the risk was too great and the proof too thin, we went on anyhow.
Nous ne savions pas où aller ou comment y aller, mais nous savions que nous devions le faire. Toutes nos vies, nous nous languissions, comme l'a écrit Jack Kerouac, de nous « faufiler dans la nuit et disparaître quelque part », et aller voir ce que tout le monde faisait partout dans le pays. Bien que d'autres voix disaient que le risque était trop grand et la preuve trop maigre, nous sommes tout de même partis.
We went on 8,000 miles across America in the summer of 2013, through the cow pastures of Montana, through the desolation of Detroit, through the swamps of New Orleans, where we found and worked with men and women who were building small businesses that made purpose their bottom line. And having been trained at the West Point of capitalism, this struck us as a revolutionary idea.
Nous avons parcouru près de 13 000 km à travers l'Amérique durant l'été 2013, à travers les pâturages du Montana, à travers la désolation de Détroit, les marais de la Nouvelle-Orléans, où nous avons trouvé et travaillé avec des hommes et des femmes qui créaient de petites entreprises dont l'intention définissait les objectifs. Ayant été formés à l'extrémité ouest du capitalisme, cela nous est apparu comme une idée révolutionnaire.
(Laughter)
(Rires)
And this idea spread, growing into a nonprofit called MBAs Across America, a movement that landed me here on this stage today. It spread because we found a great hunger in our generation for purpose, for meaning. It spread because we found countless entrepreneurs in the nooks and crannies of America who were creating jobs and changing lives and who needed a little help.
Et cette idée s'est propagée, se développant en une organisation à but non lucratif, MBAs Across America un mouvement qui m'a fait atterrir ici, sur cette scène, aujourd'hui. Cette idée s'est développée car nous avons découvert que notre génération a faim de but, de sens, car nous avons trouvé d'innombrables entrepreneurs dans tous les recoins de l'Amérique, qui créaient des emplois, changeaient des vies et qui avaient besoin d'un peu d'aide.
But if I'm being honest, it also spread because I fought to spread it. There was no length to which I would not go to preach this gospel, to get more people to believe that we could bind the wounds of a broken country, one social business at a time. But it was this journey of evangelism that led me to the rather different gospel that I've come to share with you today.
Mais si je suis honnête, elle s'est aussi développée parce que je me suis battu pour ça. Je n'ai épargné aucun effort pour prêcher cet évangile, pour amener plus de gens à croire que nous pouvions refermer les blessures d'un pays brisé, une entreprise sociale à la fois. Mais ce fut ce voyage d'évangile qui m'a mené vers cet évangile plutôt différent que je suis venu partager avec vous aujourd'hui.
It began one evening almost a year ago at the Museum of Natural History in New York City, at a gala for alumni of Harvard Business School. Under a full-size replica of a whale, I sat with the titans of our time as they celebrated their peers and their good deeds. There was pride in a room where net worth and assets under management surpassed half a trillion dollars. We looked over all that we had made, and it was good.
Ce voyage a commencé un soir, il y a près d'un an, au Musée d'Histoire Naturelle à New York, lors d'un gala pour les anciens étudiants de la Harvard Business School. Sous une réplique d'une baleine grandeur nature, je me suis assis avec les titans de notre époque, tandis qu'ils célébraient leurs pairs et leurs bonnes actions. Il y avait de la fierté dans une pièce où la valeur et les avoirs nets sous gestion dépassaient les 500 milliards de dollars. Nous avons examiné tout ce que nous avions fait, et c'était bien.
(Laughter)
(Rires)
But it just so happened, two days later, I had to travel up the road to Harlem, where I found myself sitting in an urban farm that had once been a vacant lot, listening to a man named Tony tell me of the kids that showed up there every day. All of them lived below the poverty line. Many of them carried all of their belongings in a backpack to avoid losing them in a homeless shelter. Some of them came to Tony's program, called Harlem Grown, to get the only meal they had each day. Tony told me that he started Harlem Grown with money from his pension, after 20 years as a cab driver. He told me that he didn't give himself a salary, because despite success, the program struggled for resources. He told me that he would take any help that he could get. And I was there as that help.
Mais le hasard a voulu que, deux jours plus tard, j'ai dû me rendre pas très loin de là, à Harlem. Je me suis trouvé assis dans une ferme urbaine qui avait jadis été un terrain vague, à écouter un homme du nom de Tony me parler des enfants qui venaient ici chaque jour. Ils vivaient tous sous le seuil de pauvreté. Beaucoup d'entre eux transportaient leurs possessions dans un sac à dos pour éviter de les perdre dans un refuge pour sans-abris. Certains d'entre eux participaient au programme de Tony, appelé Harlem Grown, afin de recevoir leur seul repas de la journée. Tony m'a dit qu'il avait lancé Harlem Grown avec l'argent de sa retraite, après 20 ans en tant que chauffeur de taxi. Il m'a dit qu'il ne se payait pas, parce que, malgré son succès, le programme luttait pour obtenir des ressources. Il m'a dit qu'il accepterait toute l'aide qu'il pourrait recevoir. Et j'étais là pour aider.
But as I left Tony, I felt the sting and salt of tears welling up in my eyes. I felt the weight of revelation that I could sit in one room on one night, where a few hundred people had half a trillion dollars, and another room, two days later, just 50 blocks up the road, where a man was going without a salary to get a child her only meal of the day.
Lorsque j'ai quitté Tony, j'ai senti la brûlure et le sel des larmes qui me montaient aux yeux. J'ai senti le poids de la révélation que je pouvais m'asseoir dans une pièce, un soir, où quelques centaines de personnes avaient 500 milliards de dollars et dans une autre pièce, deux jours plus tard, à peine 5 kilomètres plus loin, où un homme vivait sans salaire pour qu'un enfant ait son unique repas de la journée.
And it wasn't the glaring inequality that made me want to cry, it wasn't the thought of hungry, homeless kids, it wasn't rage toward the one percent or pity toward the 99. No, I was disturbed because I had finally realized that I was the dialysis for a country that needed a kidney transplant. I realized that my story stood in for all those who were expected to pick themselves up by their bootstraps, even if they didn't have any boots; that my organization stood in for all the structural, systemic help that never went to Harlem or Appalachia or the Lower 9th Ward; that my voice stood in for all those voices that seemed too unlearned, too unwashed, too unaccommodated.
Ce n'était pas l'inégalité criante qui me donnait envie de pleurer. Ce n'était pas la pensée de ces enfants affamés, sans domicile, ce n'était pas la rage envers les 1% ou la pitié envers les 99%. Non, j'étais perturbé parce que j'avais enfin réalisé que j'étais la dialyse d'un pays qui avait besoin d'une greffe du rein. J'ai réalisé que mon histoire remplaçait toutes celles de ceux dont on s'attendait qu'ils se prennent en main, même s'ils n'avaient rien à agripper pour se prendre en main ; que mon organisme remplaçait toute l'aide structurelle, systémique qui n'est jamais allée à Harlem, ou les Appalaches ou l'étage -9, que ma voix remplaçait toutes ces voix qui semblaient trop ignorantes, trop prolétaires, trop mal adaptées.
And the shame of that, that shame washed over me like the shame of sitting in front of the television, watching Peter Jennings announce the new millennium again and again and again. I had been duped, hoodwinked, bamboozled. But this time, the false savior was me.
Et cette honte, cette honte m'a envahi, comme la honte d'être assis devant la télévision à regarder Peter Jennings annoncer le nouveau millénaire, encore, et encore, et encore. J'avais été dupé, trompé, embobiné. Mais cette fois, le faux Sauveur, c'était moi.
You see, I've come a long way from that altar on the night I thought the world would end, from a world where people spoke in tongues and saw suffering as a necessary act of God and took a text to be infallible truth. Yes, I've come so far that I'm right back where I started.
Vous voyez, j'ai fait beaucoup de chemin depuis l'autel, la nuit où j'avais cru que le monde allait prendre fin, depuis un monde où les gens parlaient en langues, considéraient la souffrance comme un acte nécessaire de Dieu, et prenaient un texte comme une vérité infaillible. Oui, j'ai fait tellement de chemin que je me retrouve exactement là où j'ai commencé.
Because it simply is not true to say that we live in an age of disbelief -- no, we believe today just as much as any time that came before. Some of us may believe in the prophecy of Brené Brown or Tony Robbins. We may believe in the bible of The New Yorker or the Harvard Business Review. We may believe most deeply when we worship right here at the church of TED, but we desperately want to believe, we need to believe. We speak in the tongues of charismatic leaders that promise to solve all our problems. We see suffering as a necessary act of the capitalism that is our god, we take the text of technological progress to be infallible truth. And we hardly realize the human price we pay when we fail to question one brick, because we fear it might shake our whole foundation.
Parce que c'est simplement faux de dire que nous vivons dans une ère d'incrédulité — non, nous croyons aujourd'hui tout autant qu'avant. Certains d'entre nous peuvent croire en la prophétie de Brené Brown ou de Tony Robbins. Nous pouvons croire en la bible du New Yorker ou de la Harvard Business Review. Nous pouvons croire profondément lorsque nous vénérons ici, à l'église de TED, mais nous voulons désespérément croire, nous avons besoin de croire. Nous parlons le langage des leaders charismatiques qui promettent de résoudre tous nos problèmes. Nous voyons la souffrance comme un acte nécessaire du capitalisme, notre dieu. Nous prenons le texte du progrès technologique comme étant la vérité infaillible. Et nous réalisons à peine le prix humain que nous payons, lorsque nous échouons de remettre une brique en question, de peur qu'elle ne détruise toutes nos fondations.
But if you are disturbed by the unconscionable things that we have come to accept, then it must be questioning time. So I have not a gospel of disruption or innovation or a triple bottom line. I do not have a gospel of faith to share with you today, in fact. I have and I offer a gospel of doubt. The gospel of doubt does not ask that you stop believing, it asks that you believe a new thing: that it is possible not to believe. It is possible the answers we have are wrong, it is possible the questions themselves are wrong. Yes, the gospel of doubt means that it is possible that we, on this stage, in this room, are wrong. Because it raises the question, "Why?" With all the power that we hold in our hands, why are people still suffering so bad?
Mais si vous êtes perturbés par les choses inadmissibles que nous avons fini par accepter, alors il doit être temps pour une remise en question. Je n'ai pas d'évangile de disruption ou d'innovation, ou une triple ligne de résultats. En fait, je n'ai pas d'évangile de foi à partager avec vous aujourd'hui. J'ai, et j'offre, un évangile du doute. L'évangile du doute ne demande pas que vous cessiez de croire, mais que vous croyiez en quelque chose de nouveau : qu'il est possible de ne pas croire. Il est possible que les réponses soient fausses, que les questions elles-mêmes soient fausses. Oui, l'évangile du doute signifie qu'il est possible que nous, sur cette scène, dans cette salle, ayons tort. Parce qu'elle soulève la question : « Pourquoi ? » Avec tout le pouvoir que nous détenons dans nos mains, pourquoi des personnes souffrent-elles encore autant ?
This doubt leads me to share that we are putting my organization, MBAs Across America, out of business. We have shed our staff and closed our doors and we will share our model freely with anyone who sees their power to do this work without waiting for our permission. This doubt compels me to renounce the role of savior that some have placed on me, because our time is too short and our odds are too long to wait for second comings, when the truth is that there will be no miracles here.
Ce doute me mène à partager que nous plaçons mon organisation, MBAs Across America, en cessation d'activité. Nous avons congédié notre équipe et fermé nos portes, et nous allons partager notre modèle librement avec tout ceux qui saisissent le pouvoir de faire ce travail sans attendre notre permission. Ce doute m'oblige à renoncer au rôle de sauveur que certains attendent de moi, parce qu'il n'y a pas assez de temps et que nos chances sont trop minces pour attendre des secondes venues, lorsque la vérité est qu'il n'y aura pas de miracles ici.
And this doubt, it fuels me, it gives me hope that when our troubles overwhelm us, when the paths laid out for us seem to lead to our demise, when our healers bring no comfort to our wounds, it will not be our blind faith -- no, it will be our humble doubt that shines a little light into the darkness of our lives and of our world and lets us raise our voice to whisper or to shout or to say simply, very simply, "There must be another way."
Et ce doute, il me régénère, il me donne l'espoir, que lorsque nos problèmes nous submergent, lorsque les chemins conçus pour nous semblent nous mener à notre perte, lorsque nos guérisseurs n'apportent aucun secours à nos blessures, ce ne sera pas notre foi aveugle — non, ce sera notre humble doute qui illuminera un petit peu la noirceur de nos vies et de notre monde, et nous permettra de faire entendre nos voix pour chuchoter, ou pour crier, ou pour dire simplement, très simplement : « Il doit y avoir un autre moyen. »
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)