How do you feed a city? It's one of the great questions of our time. Yet it's one that's rarely asked. We take it for granted that if we go into a shop or restaurant, or indeed into this theater's foyer in about an hour's time, there is going to be food there waiting for us, having magically come from somewhere.
Comment nourrit-on une ville ? C'est l'une des grandes questions de notre temps. Pourtant, elle est rarement posée. Nous tenons pour acquis que si l'on va dans une boutique ou un restaurant, ou même dans le hall d'accueil de ce théâtre d'ici environ une heure, il va y avoir là de la nourriture qui nous attend, venue de quelque part par magie.
But when you think that every day for a city the size of London, enough food has to be produced, transported, bought and sold, cooked, eaten, disposed of, and that something similar has to happen every day for every city on earth, it's remarkable that cities get fed at all.
Mais quand on pense que chaque jour pour une ville de la taille de Londres, de la nourriture en quantité suffisante doit être produite, transportée, achetée et vendue, cuite, consommée, éliminée, et que quelque chose de similaire doit se produire tous les jours pour chaque ville sur terre, il est remarquable que les villes soient effectivement nourries.
We live in places like this as if they're the most natural things in the world, forgetting that because we're animals and that we need to eat, we're actually as dependent on the natural world as our ancient ancestors were. And as more of us move into cities, more of that natural world is being transformed into extraordinary landscapes like the one behind me -- it's soybean fields in Mato Grosso in Brazil -- in order to feed us. These are extraordinary landscapes, but few of us ever get to see them.
Nous vivons dans des endroits comme celui-ci comme si ces choses étaient les plus naturelles dans le monde, en oubliant que parce que nous sommes des animaux, et que nous avons besoin de manger, nous sommes en réalité aussi dépendants de la nature que l'étaient nos ancêtres. Et alors que nous sommes plus nombreux à migrer vers les villes, une plus grande partie de ce monde naturel est en train de se transformer en paysages extraordinaires, comme celui qui est derrière moi, ce sont des champs de soja au Mata Grosso au Brésil, afin de nous nourrir. Ce sont des paysages extraordinaires. Mais peu d'entre nous les verrons jamais.
And increasingly these landscapes are not just feeding us either. As more of us move into cities, more of us are eating meat, so that a third of the annual grain crop globally now gets fed to animals rather than to us human animals. And given that it takes three times as much grain -- actually ten times as much grain -- to feed a human if it's passed through an animal first, that's not a very efficient way of feeding us.
Et de plus en plus ces paysages ne se contentent pas non plus de nous nourrir. Et alors que nous sommes plus nombreux à nous déplacer vers les villes, nous sommes plus à manger de la viande, au point que le tiers de la récolte annuelle mondiale de céréales sert à nourrir les animaux plutôt que nous, les animaux humains. Et étant donné qu'il faut trois fois plus de céréales -- en réalité dix fois plus de céréales -- pour nourrir un humain si ces céréales passent d'abord par un animal, ce n'est pas un moyen très efficace de nous nourrir.
And it's an escalating problem too. By 2050, it's estimated that twice the number of us are going to be living in cities. And it's also estimated that there is going to be twice as much meat and dairy consumed. So meat and urbanism are rising hand in hand. And that's going to pose an enormous problem. Six billion hungry carnivores to feed, by 2050. That's a big problem. And actually if we carry on as we are, it's a problem we're very unlikely to be able to solve.
Et c'est aussi un problème toujours plus grave. En 2050, on estime que nous serons deux fois plus nombreux à vivre dans les villes. Et on estime également qu'on consommera deux fois plus de viande et de produits laitiers. Donc la viande et l'urbanisme augmentent en même temps. Et cela va poser un énorme problème. Six milliards de carnivores affamés à nourrir, d'ici 2050. C'est un gros problème. Et en fait, si nous continuons comme nous le faisons, c'est un problème que nous avons très peu de chance de pouvoir résoudre.
Nineteen million hectares of rainforest are lost every year to create new arable land. Although at the same time we're losing an equivalent amount of existing arables to salinization and erosion. We're very hungry for fossil fuels too. It takes about 10 calories to produce every calorie of food that we consume in the West. And even though there is food that we are producing at great cost, we don't actually value it. Half the food produced in the USA is currently thrown away. And to end all of this, at the end of this long process, we're not even managing to feed the planet properly. A billion of us are obese, while a further billion starve. None of it makes very much sense.
19 millions d'hectares de forêt tropicale sont perdus chaque année pour créer de nouvelles terres arables. Bien que dans le même temps, nous perdons un montant équivalent de terres cultivables existantes à la salinisation et l'érosion. Nous avons aussi une très grande faim de combustibles fossiles. Il faut environ 10 calories pour produire chaque calorie de nourriture que nous consommons en Occident. Et même s'il y a de la nourriture que nous produisons à grands frais nous ne lui accordons pas vraiment de valeur. La moitié de la nourriture produite aux Etats-Unis est actuellement jetée. Et pour mettre fin à tout cela, à la fin de ce long processus, nous ne parvenons même pas à nourrir la planète correctement. Un milliard d'entre nous sont obèses, tandis qu'un autre milliard meurt de faim. Rien de tout cela n'a beaucoup de sens.
And when you think that 80 percent of global trade in food now is controlled by just five multinational corporations, it's a grim picture. As we're moving into cities, the world is also embracing a Western diet. And if we look to the future, it's an unsustainable diet.
Et quand on pense qu'aujourd'hui 80 % du commerce mondial des produits alimentaires est contrôlée par cinq sociétés multinationales seulement, c'est un tableau plutôt sombre. Alors que nous entrons dans les villes, le monde se met également à un régime alimentaire occidental. Et si nous regardons vers l'avenir il s'agit d'un régime insoutenable.
So how did we get here? And more importantly, what are we going to do about it? Well, to answer the slightly easier question first, about 10,000 years ago, I would say, is the beginning of this process in the ancient Near East, known as the Fertile Crescent. Because, as you can see, it was crescent shaped. And it was also fertile. And it was here, about 10,000 years ago, that two extraordinary inventions, agriculture and urbanism, happened roughly in the same place and at the same time.
Alors, comment en est-on arrivé là ? Et plus important encore, qu'allons-nous faire à ce sujet ? Eh bien, pour répondre à la question un peu plus facile en premier, il y a environ 10.000 ans, je dirais, que ce processus a débuté. Dans l'ancien Proche Orient, connu sous le nom de Croissant Fertile. Parce que, comme vous pouvez le voir, c'était un lieu en forme de croissant. Et il était également fertile. Et c'est ici, il y a environ 10.000 ans que deux inventions extraordinaires, l'agriculture et de l'urbanisme, sont apparues à peu près au même endroit, et en même temps.
This is no accident, because agriculture and cities are bound together. They need each other. Because it was discovery of grain by our ancient ancestors for the first time that produced a food source that was large enough and stable enough to support permanent settlements. And if we look at what those settlements were like, we see they were compact. They were surrounded by productive farm land and dominated by large temple complexes like this one at Ur, that were, in fact, effectively, spiritualized, central food distribution centers.
Ce n'est pas un accident. Parce que l'agriculture et les villes sont liées. Elles ont besoin l'une de l'autre. Parce qu'il s'agit de la découverte des céréales, par nos ancêtres, pour la première fois, qui a produit une source alimentaire qui était assez importante et stable pour alimenter des villages permanents. Et si nous regardons à quoi ressemblaient ces villages, nous voyons qu'ils étaient compacts. Ils étaient entourés de terres agricoles productives et dominés par de grands ensembles de temples comme celui-ci à Ur, qui étaient, en fait, des centres de distribution de nourriture spiritualisés, centralisés et efficaces
Because it was the temples that organized the harvest, gathered in the grain, offered it to the gods, and then offered the grain that the gods didn't eat back to the people. So, if you like, the whole spiritual and physical life of these cities was dominated by the grain and the harvest that sustained them. And in fact, that's true of every ancient city. But of course not all of them were that small. Famously, Rome had about a million citizens by the first century A.D. So how did a city like this feed itself? The answer is what I call "ancient food miles."
parce que c'était les temples qui organisaient la récolte, stockaient les céréales, l'offraient aux dieux, et ensuite offraient les céréales que les dieux ne mangeaient pas au peuple. Donc, si vous voulez, toute la vie spirituelle et physique de ces villes était dominée par les céréales et la récolte qui les faisaient vivre. Et, de fait, c'est vrai de toutes les villes anciennes. Mais bien sûr, toutes n'étaient pas si petites. Et c'est bien connu, Rome comptait environ un million de citoyens au premier siècle après J-C. Alors comment une telle ville se nourrissait-elle ? La réponse est ce que j'appelle les anciens "points nourriture."
Basically, Rome had access to the sea, which made it possible for it to import food from a very long way away. This is the only way it was possible to do this in the ancient world, because it was very difficult to transport food over roads, which were rough. And the food obviously went off very quickly. So Rome effectively waged war on places like Carthage and Egypt just to get its paws on their grain reserves. And, in fact, you could say that the expansion of the Empire was really sort of one long, drawn out militarized shopping spree, really. (Laughter) In fact -- I love the fact, I just have to mention this: Rome in fact used to import oysters from London, at one stage. I think that's extraordinary.
Fondamentalement, Rome avait accès à la mer, ce qui a permis d'importer de la nourriture de très loin. C'était la seule possibilité de le faire dans le monde antique parce qu'il était très difficile de transporter de la nourriture par les routes, qui étaient cahoteuses. Et la nourriture de toute évidence s'en allait très vite. Ainsi, Rome faisait effectivement la guerre à des endroits comme Carthage et l'Egypte juste pour mettre la main sur leurs réserves de céréales. Et, de fait, on pourrait dire que l'expansion de l'empire était vraiment une sorte virée shopping militarisée de longue haleine, en réalité. (Rires) En fait - J'aime ce détail, il faut que je le cite : Rome, en fait, a importé des huitres de Londres, à un moment donné. Je pense que c'est extraordinaire.
So Rome shaped its hinterland through its appetite. But the interesting thing is that the other thing also happened in the pre-industrial world. If we look at a map of London in the 17th century, we can see that its grain, which is coming in from the Thames, along the bottom of this map. So the grain markets were to the south of the city. And the roads leading up from them to Cheapside, which was the main market, were also grain markets.
Ainsi Rome a façonné son arrière-pays grâce son appétit. Mais ce qui est intéressant, c'est l'autre chose qui s'est aussi passée dans le monde pré-industriel. Si on regarde une carte de Londres au 17ème siècle on peut voir que ce sont ses céréales, qui arrivent par la Tamise, le long du bas de cette carte. Ainsi, les marchés céréaliers étaient au sud de la ville. Et les routes qui en partaient vers Cheapside, qui était le marché principal, étaient également des marchés de céréales.
And if you look at the name of one of those streets, Bread Street, you can tell what was going on there 300 years ago. And the same of course was true for fish. Fish was, of course, coming in by river as well. Same thing. And of course Billingsgate, famously, was London's fish market, operating on-site here until the mid-1980s. Which is extraordinary, really, when you think about it. Everybody else was wandering around with mobile phones that looked like bricks and sort of smelly fish happening down on the port.
Et si vous regardez le nom de l'une de ces rues, Bread Street, vous pouvez dire ce qui s'y passait il y a 300 ans. Et il en allait de même pour le poisson. Le poisson aussi arrivait bien sûr par la rivière. C'est la même chose. Et bien sûr Billingsgate, c'est notoire, était le marché aux poissons de Londres, qui se tenait sur site ici jusqu'au milieu des années 1980. Ce qui est extraordinaire, vraiment, quand on y pense. Tout le monde se baladait avec des téléphones portables qui ressemblaient à des briques, et, en quelque sorte, le commerce de poisson puant se tenait en bas sur le port.
This is another thing about food in cities: Once its roots into the city are established, they very rarely move. Meat is a very different story because, of course, animals could walk into the city. So much of London's meat was coming from the northwest, from Scotland and Wales. So it was coming in, and arriving at the city at the northwest, which is why Smithfield, London's very famous meat market, was located up there. Poultry was coming in from East Anglia and so on, to the northeast. I feel a bit like a weather woman doing this. Anyway, and so the birds were coming in with their feet protected with little canvas shoes. And then when they hit the eastern end of Cheapside, that's where they were sold, which is why it's called Poultry.
Voilà une autre chose au sujet de la nourriture dans les villes : Une fois ses racines dans la ville établies, elles bougent rarement. Pour la viande c'est une toute autre histoire car, bien entendu, les animaux pouvaient entrer en ville sur pied. Une grande partie de la viande de Londres venait du nord-ouest, d'Ecosse et du Pays de Galles. Les animaux arrivaient en ville par le nord-ouest, et c'est pourquoi Smithfield, le très célèbre marché de viande de Londres, se situait là-bas. La volaille venait de l'East Anglia et ainsi de suite, au nord-est. J'ai un peu l'impression d'être une madame météo en faisant ça. Bon. Et donc les oiseaux venaient avec leurs pattes protégées par des petites chaussures de toile. Et puis, quand ils atteignaient l'extrêmité orientale de Cheapside, c'est là qu'ils étaient vendus. C'est pourquoi on appelle cet endroit Poultry, la volaille.
And, in fact, if you look at the map of any city built before the industrial age, you can trace food coming in to it. You can actually see how it was physically shaped by food, both by reading the names of the streets, which give you a lot of clues. Friday Street, in a previous life, is where you went to buy your fish on a Friday. But also you have to imagine it full of food. Because the streets and the public spaces were the only places where food was bought and sold.
Et, en fait, si vous regardez la carte de n'importe quelle ville construite avant l'ère industrielle, vous pouvez retracer comment les denrées alimentaires y entraient. Vous pouvez vraiment voir comment elle était physiquement façonnée par la nourriture, à la fois en lisant le nom des rues, qui vous donnent beaucoup d'indices. La rue Vendredi, dans une vie antérieure, est l'endroit où on allait acheter le poisson le vendredi. Mais aussi, vous devez l'imaginer pleine de nourriture. Parce que les rues et les espaces publics étaient les seuls endroits où on achetait et on vendait la nourriture.
And if we look at an image of Smithfield in 1830 you can see that it would have been very difficult to live in a city like this and be unaware of where your food came from. In fact, if you were having Sunday lunch, the chances were it was mooing or bleating outside your window about three days earlier. So this was obviously an organic city, part of an organic cycle. And then 10 years later everything changed.
Et si nous regardons une image de Smithfield en 1830 vous pouvez voir que cela aurait été très difficile de vivre dans une ville comme celle-ci sans savoir d'où la nourriture venait. En fait, si vous déjeuniez avec de la viande le dimanche, il y a de grandes chances pour qu'elle ait meuglé et bêlé sous votre fenêtre trois jours plus tôt. Donc, c'était évidemment une ville organique, qui faisait partie d'un cycle organique. Et puis 10 ans plus tard tout a changé.
This is an image of the Great Western in 1840. And as you can see, some of the earliest train passengers were pigs and sheep. So all of a sudden, these animals are no longer walking into market. They're being slaughtered out of sight and mind, somewhere in the countryside. And they're coming into the city by rail. And this changes everything. To start off with, it makes it possible for the first time to grow cities, really any size and shape, in any place. Cities used to be constrained by geography; they used to have to get their food through very difficult physical means. All of a sudden they are effectively emancipated from geography.
C'est une image de la voie ferrée Great Western en 1840. Et comme vous pouvez le voir, parmis les premiers passagers de train étaient des porcs et des moutons. Donc, tout à coup ces animaux ne marchent plus jusqu'au marché. Ils sont abattus hors de vue et de la conscience, quelque part à la campagne. Et ils arrivent dans la ville par le rail. Et cela change tout. Pour commencer, cela permet pour la première fois d'agrandir les villes, de leur donner vraiment n'importe quelle taille et forme, en tout lieu. Les villes étaient auparavant limitées par la géographie : elles obtenaient leur nourriture par des moyens physiques très difficiles. Tout à coup, elles sont effectivement libérées de la géographie.
And as you can see from these maps of London, in the 90 years after the trains came, it goes from being a little blob that was quite easy to feed by animals coming in on foot, and so on, to a large splurge, that would be very, very difficult to feed with anybody on foot, either animals or people. And of course that was just the beginning. After the trains came cars, and really this marks the end of this process. It's the final emancipation of the city from any apparent relationship with nature at all.
Et comme vous pouvez le voir sur ces plans de Londres, dans les 90 ans qui ont suivi l'arrivée des trains, elle passe d'un petit regroupement informe qui était assez facile de nourrir, avec les animaux arrivant sur pied, et ainsi de suite, à un grand étalage, qu'il serait très très difficile de nourrir avec n'importe qui à pied, que ce soient des animaux ou des gens. Et bien sûr, ce n'était que le début. Après les trains sont venues les voitures. Et vraiment, cela marque la fin de ce processus. C'est l'émancipation définitive de la ville de toute relation apparente avec la nature.
And this is the kind of city that's devoid of smell, devoid of mess, certainly devoid of people, because nobody would have dreamed of walking in such a landscape. In fact, what they did to get food was they got in their cars, drove to a box somewhere on the outskirts, came back with a week's worth of shopping, and wondered what on earth to do with it. And this really is the moment when our relationship, both with food and cities, changes completely.
Et c'est le genre de ville dépourvue d'odeur, dépourvue de désordre, à coup sûr dépourvue de personnes. Parce que personne n'aurait imaginé marcher dans un tel paysage. En fait, ce qu'ils ont fait pour obtenir la nourriture c'est qu'ils l'ont mise dans leur voiture, l'ont conduite dans une boîte quelque part en périphérie, sont revenus avec l'équivalent d'une semaine de courses, et se sont demandé ce qu'il allaient bien pouvoir en faire. Et c'est vraiment le moment où notre relation, à la fois à la nourriture et à la ville, change complètement.
Here we have food -- that used to be the center, the social core of the city -- at the periphery. It used to be a social event, buying and selling food. Now it's anonymous. We used to cook; now we just add water, or a little bit of an egg if you're making a cake or something. We don't smell food to see if it's okay to eat. We just read the back of a label on a packet. And we don't value food. We don't trust it. So instead of trusting it, we fear it. And instead of valuing it, we throw it away.
Ici nous avons la nourriture qui était autrefois le centre, le noyau social de la ville, à la périphérie. Acheter et vendre de la nourriture était auparavant un événement social. Maintenant, c'est un acte anonyme. Nous avions l'habitude de cuisiner ; maintenant nous ajoutons simplement de l'eau, ou un peu d'œuf si vous faites un gâteau ou quelque chose comme ça. Nous ne sentons pas la nourriture pour savoir si elle est propre à être consommée. Nous nous contentons de lire le dos d'une étiquette sur un paquet. Et nous n'accordons pas de valeur à la nourriture. Nous ne lui faisons pas confiance. Et donc, au lieu de lui faire confiance nous en avons peur. Et au lieu de la valoriser nous la jetons.
One of the great ironies of modern food systems is that they've made the very thing they promised to make easier much harder. By making it possible to build cities anywhere and any place, they've actually distanced us from our most important relationship, which is that of us and nature. And also they've made us dependent on systems that only they can deliver, that, as we've seen, are unsustainable.
Une des grandes ironies des systèmes alimentaires modernes c'est qu'ils ont rendu beaucoup plus difficile la chose même qu'ils avaient promis de rendre plus facile. En rendant possible de construire des villes partout et n'importe où, ils nous ont effectivement éloigné de la plus importante de nos relations, qui est celle entre nous et la nature. Et ils nous ont aussi rendus dépendants de systèmes qu'ils sont les seuls à pouvoir fournir, qui, comme nous l'avons vu, ne sont pas durables.
So what are we going to do about that? It's not a new question. 500 years ago it's what Thomas More was asking himself. This is the frontispiece of his book "Utopia." And it was a series of semi-independent city-states, if that sounds remotely familiar, a day's walk from one another where everyone was basically farming-mad, and grew vegetables in their back gardens, and ate communal meals together, and so on. And I think you could argue that food is a fundamental ordering principle of Utopia, even though More never framed it that way.
Alors qu'allons-nous faire à ce sujet ? La question n'est pas nouvelle. Il y a 500 ans c'était Thomas Moore qui se la posait. Il s'agit du frontispice de son livre 'Utopia.' Et c'était une série de cités-états semi-indépendantes, si cela semble vaguement familier, à une journée de marche les unes des autres, où tout le monde était essentiellement fou d'agriculture, et cultivaient des légumes dans leurs jardins de derrière, et mangaient les repas en commun ensemble, et ainsi de suite. Et je pense que nous pouvons dire que la nourriture est un principe fondamental d'agencement de Utopia. Même si Moore ne l'a jamais conçue de cette façon.
And here is another very famous "Utopian" vision, that of Ebenezer Howard, "The Garden City." Same idea: series of semi-independent city-states, little blobs of metropolitan stuff with arable land around, joined to one another by railway. And again, food could be said to be the ordering principle of his vision. It even got built, but nothing to do with this vision that Howard had. And that is the problem with these Utopian ideas, that they are Utopian.
Et voici une autre vision Utopienne très célèbre, celle de Ebenezer Howard, 'la ville jardin.' Même idée. Une série de cités-états semi-indépendantes. Des petits taches de matière métropolitaine avec des terres arables autour, reliées entre elles par des chemins de fer. Et là encore, on pourrait dire que la nourriture est le principe d'agencement de sa vision. Elle a même été construite, mais rien à voir avec cette vision que Howard avait. Et c'est là le problème avec ces idées utopiques, le fait qu'elles soient utopiques.
Utopia was actually a word that Thomas Moore used deliberately. It was a kind of joke, because it's got a double derivation from the Greek. It can either mean a good place, or no place. Because it's an ideal. It's an imaginary thing. We can't have it. And I think, as a conceptual tool for thinking about the very deep problem of human dwelling, that makes it not much use. So I've come up with an alternative, which is Sitopia, from the ancient Greek, "sitos" for food, and "topos" for place.
Utopia était en fait un mot que Thomas Moore employait de façon délibérée. C'était une sorte de blague. Parce qu'il a une double dérivation du grec. Il peut signifier soit un bon endroit, soit nulle-part. Parce que c'est un idéal. C'est quelque chose d'imaginaire. Nous ne pouvons pas l'avoir. Et je pense que, comme un outil conceptuel pour réfléchir sur le problème très profond de l'habitation humaine, il n'est pas très utile. J'ai donc trouvé une alternative, qui est Sitopia, du grec ancien, 'sitos' pour la nourriture, et 'topos' pour lieu.
I believe we already live in Sitopia. We live in a world shaped by food, and if we realize that, we can use food as a really powerful tool -- a conceptual tool, design tool, to shape the world differently. So if we were to do that, what might Sitopia look like? Well I think it looks a bit like this. I have to use this slide. It's just the look on the face of the dog. But anyway, this is -- (Laughter) it's food at the center of life, at the center of family life, being celebrated, being enjoyed, people taking time for it. This is where food should be in our society.
Je crois que nous vivons déjà dans Sitopia. Nous vivons dans un monde façonné par la nourriture, et si nous nous rendons compte que nous pouvons utiliser la nourriture comme un outil très puissant, un outil conceptuel, un outil de conception, pour façonner le monde différemment. Donc, si nous devions le faire, à quoi pourrait ressembler Sitopia ? Eh bien, je pense qu'elle ressemble un peu à cela. Je dois utiliser cette diapositive. C'est juste l'expression du chien. Mais de toute façon, c'est - (Rires) c'est la nourriture au centre de la vie, au centre de la vie familiale, qui est célébrée, qui est appréciée par les gens qui prennent le temps. C'est la place que la nourriture devrait avoir dans notre société.
But you can't have scenes like this unless you have people like this. By the way, these can be men as well. It's people who think about food, who think ahead, who plan, who can stare at a pile of raw vegetables and actually recognize them. We need these people. We're part of a network. Because without these kinds of people we can't have places like this. Here, I deliberately chose this because it is a man buying a vegetable. But networks, markets where food is being grown locally. It's common. It's fresh. It's part of the social life of the city. Because without that, you can't have this kind of place, food that is grown locally and also is part of the landscape, and is not just a zero-sum commodity off in some unseen hell-hole. Cows with a view. Steaming piles of humus. This is basically bringing the whole thing together.
Mais vous ne pouvez pas avoir des scènes comme cela à moins d'avoir des gens comme ça. Au passage, ça peut être des hommes aussi. Ce sont des gens qui pensent à la nourriture, qui anticipent, qui planifient, qui peuvent regarder un tas de légumes crus et les reconnaître effectivement. Nous avons besoin de ces gens. Nous faisons partie d'un réseau. Parce que sans ce genre de personnes nous ne pouvons pas avoir d'endroits comme ça. Ici, j'ai délibérément choisi ceci parce qu'il s'agit d'un homme qui achète un légume. Mais les réseaux, les marchés où la nourriture est cultivée localement. C'est courant. C'est frais. Cela fait partie de la vie sociale de la ville. Parce que sans cela vous ne pouvez pas avoir ce genre de lieu, de la nourriture qui est produite localement et fait aussi partie du paysage, et ce n'est pas seulement un produits de base qui ne coûte rien, et se trouve loin dans un bouge invisible. Des vaches avec une vue. Des tas d'humus fumants. Cela en fait rassemble tout.
And this is a community project I visited recently in Toronto. It's a greenhouse, where kids get told all about food and growing their own food. Here is a plant called Kevin, or maybe it's a plant belonging to a kid called Kevin. I don't know. But anyway, these kinds of projects that are trying to reconnect us with nature is extremely important.
Et c'est un projet communautaire que j'ai récemment visité à Toronto. C'est une serre, où on dit aux enfants tout de la nourriture et comment faire pousser leur propre nourriture. Voici une plante qui s'appelle Kevin, ou peut-être que c'est une plante qui appartient à un enfant appelé Kevin. Je ne sais pas. Mais de toute façon, ces types de projets qui tentent de nous reconnecter avec la nature sont extrêmement importants.
So Sitopia, for me, is really a way of seeing. It's basically recognizing that Sitopia already exists in little pockets everywhere. The trick is to join them up, to use food as a way of seeing. And if we do that, we're going to stop seeing cities as big, metropolitan, unproductive blobs, like this. We're going to see them more like this, as part of the productive, organic framework of which they are inevitably a part, symbiotically connected. But of course, that's not a great image either, because we need not to be producing food like this anymore. We need to be thinking more about permaculture, which is why I think this image just sums up for me the kind of thinking we need to be doing. It's a re-conceptualization of the way food shapes our lives.
Et donc Sitopia, pour moi c'est vraiment une façon de voir les choses. C'est reconnaître en substance que Sitopia existe déjà dans des petites poches partout. L'astuce consiste à les rassembler, pour utiliser la nourriture comme une façon de voir. Et si nous faisons cela, nous allons cesser de voir les villes comme de grandes taches métropolitaines improductives, comme ça. Nous allons les voir plus de cette manière : en tant que partie intégrante du cadre organique de production dont elles sont inévitablement une part, connectée en symbiose. Mais bien sûr ce n'est pas une super image non plus. Parce que nous n'avons plus besoin de produire de la nourriture de cette façon-là. Nous devons réfléchir davantage sur la permaculture. C'est pourquoi je pense que cette image résume pour moi le genre de réflexion que nous devons avoir. Il s'agit d'une reconceptualisation de la manière dont la nourriture façonne nos vies.
The best image I know of this is from 650 years ago. It's Ambrogio Lorenzetti's "Allegory of Good Government." It's about the relationship between the city and the countryside. And I think the message of this is very clear. If the city looks after the country, the country will look after the city. And I want us to ask now, what would Ambrogio Lorenzetti paint if he painted this image today? What would an allegory of good government look like today? Because I think it's an urgent question. It's one we have to ask, and we have to start answering. We know we are what we eat. We need to realize that the world is also what we eat. But if we take that idea, we can use food as a really powerful tool to shape the world better. Thank you very much. (Applause)
La meilleure image que je connaisse de cela a 650 ans. C'est 'Allégorie du Bon Gouvernement' de Ambrogio Lorenzetti. Il s'agit de la relation entre la ville et la campagne. Et je pense que le message en est très clair. Si la ville s'occupe de la campagne, la campagne va s'occuper de la ville. Et je veux que nous nous demandions maintenant ce qui serait la peinture d'Ambrogio Lorenzetti s'il peignait cette image aujourd'hui. A quoi ressemblerait une allégorie du bon gouvernement aujourd'hui ? Parce que je pense que c'est une question pressante. C'est une question que nous devons poser, et à laquelle nous devons commencer à répondre. Nous savons que nous sommes ce que nous mangeons. Nous devons nous rendre compte que le monde est aussi ce que nous mangeons. Mais si nous prenons cette idée, nous pouvons utiliser la nourriture comme un outil très puissant pour mieux façonner le monde. Merci beaucoup. (Applaudissements)