My story is a little bit about war. It's about disillusionment. It's about death. And it's about rediscovering idealism in all of that wreckage. And perhaps also, there's a lesson about how to deal with our screwed-up, fragmenting and dangerous world of the 21st century. I don't believe in straightforward narratives. I don't believe in a life or history written as decision "A" led to consequence "B" led to consequence "C" -- these neat narratives that we're presented with, and that perhaps we encourage in each other. I believe in randomness, and one of the reasons I believe that is because me becoming a diplomat was random. I'm colorblind. I was born unable to see most colors. This is why I wear gray and black most of the time, and I have to take my wife with me to chose clothes.
Mon histoire parle un peu de guerre. Elle parle de désillusion. Elle parle de mort. Et elle parle de la redécouverte de l'idéalisme dans toute cette épave. Et il y a aussi peut-être une leçon sur comment gérer notre monde, foutu, fragmenté et dangereux du 21e siècle. Je ne crois pas aux récits très simples.. Je ne crois pas aux vies ou histoires de la forme "décision A mène à conséquence B qui mène à conséquence C" -- ces récits propres que l'on nous présente, et peut-être dans lesquels on se réconforte. Je crois à l'aléatoire, et l'une des raisons pour laquelle j'y crois est que je suis devenu diplomate par hasard. Je suis daltonien. Je suis né avec l'incapacité de distinguer la plupart des couleurs. C'est pourquoi je porte le plus souvent du gris ou du noir, et je dois amener ma femme avec moi pour choisir les vêtements.
And I'd always wanted to be a fighter pilot when I was a boy. I loved watching planes barrel over our holiday home in the countryside. And it was my boyhood dream to be a fighter pilot. And I did the tests in the Royal Air Force to become a pilot, and sure enough, I failed. I couldn't see all the blinking different lights, and I can't distinguish color. So I had to choose another career, and this was in fact relatively easy for me, because I had an abiding passion all the way through my childhood, which was international relations. As a child, I read the newspaper thoroughly. I was fascinated by the Cold War, by the INF negotiations over intermediate-range nuclear missiles, the proxy war between the Soviet Union and the U.S. in Angola or Afghanistan. These things really interested me. And so I decided quite at an early age I wanted to be a diplomat. And I, one day, I announced this to my parents -- and my father denies this story to this day -- I said, "Daddy, I want to be a diplomat." And he turned to me, and he said, "Carne, you have to be very clever to be a diplomat." (Laughter) And my ambition was sealed.
Et j'ai toujours voulu être pilote de chasse quand j'étais enfant. J'adorais regarder les avions fendre le ciel depuis notre maison de campagne. Et c'était mon rêve de gosse de devenir pilote de chasse. Et j'ai passé les tests dans la RAF pour devenir pilote, et bien sûr je les ai ratés. Je ne pouvais pas voir tous ces différents voyants lumineux, et je ne peux pas distinguer les couleurs. J'ai donc dû choisir une autre carrière, et c'était en fait assez facile pour moi, parce que j'avais une grande passion depuis l'enfance, qui étaient les relations internationales. Enfant, je lisais minutieusement les journaux. J'étais fasciné par la Guerre Froide, par les négociations de l'INF sur les missiles nucléaires à portée intermédiaire, les guerres par procuration entre l'Union Soviétique et les Etats-Unis en Angola ou en Afghanistan. Ces choses m'intéressaient vraiment. Et donc je décidai, assez tôt dans ma vie que je voulais être diplomate. Et un jour, je l'ai annoncé à mes parents -- et jusqu'à aujourdhui mon père dément cette anecdote -- J'ai dit "Papa, je veux être diplomate." Il s'est tourné vers moi et a dit, "Carne, tu dois être vraiment intelligent pour être diplomate." (Rires) Et mon ambition fut scellée.
In 1989, I entered the British Foreign Service. That year, 5,000 people applied to become a diplomat, and 20 of us succeeded. And as those numbers suggest, I was inducted into an elite and fascinating and exhilarating world. Being a diplomat, then and now, is an incredible job, and I loved every minute of it -- I enjoyed the status of it. I bought myself a nice suit and wore leather-soled shoes and reveled in this amazing access I had to world events. I traveled to the Gaza Strip. I headed the Middle East Peace Process section in the British Foreign Ministry. I became a speechwriter for the British Foreign Secretary. I met Yasser Arafat. I negotiated with Saddam's diplomats at the U.N. Later, I traveled to Kabul and served in Afghanistan after the fall of the Taliban. And I would travel in a C-130 transport and go and visit warlords in mountain hideaways and negotiate with them about how we were going to eradicate Al Qaeda from Afghanistan, surrounded by my Special Forces escort, who, themselves, had to have an escort of a platoon of Royal Marines, because it was so dangerous. And that was exciting -- that was fun. It was really interesting. And it's a great cadre of people, incredibly close-knit community of people.
En 1989, je suis entré au Bureau des Affaires Etrangères. Cette année là, 5 000 personnes avaient postulé pour devenir diplomate, et 20 d'entre nous ont été reçus. Comme ces chiffres le suggèrent, je faisais mon entrée dans un monde d'élite fascinant et exhaltant. Etre diplomate, hier et aujourd'hui, est un boulot incroyable, et j'ai adoré chaque minute. J'ai aimé le statut qu'il procure. Je me suis acheté un beau costume, des chaussures à semelles de cuir et je me suis délecté de ces incroyables accès que j'avais aux événements mondiaux. J'ai voyagé dans la Bande de Gaza. J'ai dirigé la section sur le processus de paix au Moyen-Orient au ministère des Affaires Etrangères britannique. Je suis devenu rédacteur de discours pour le Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères. J'ai rencontré Yasser Arafat. J'ai négocié avec les diplomates de Saddam à l'ONU. Plus tard, je suis allé à Kaboul et j'ai servi en Afghanistan après la chute des Talibans. Et je voyageais en avion de transport C-130 et j'allais rendre visite aux chefs de guerre dans des caches en montagne et je négociais avec eux à propos de l'éradication d'Al Qaida de l'Afghanistan, entouré par mon escorte des forces spéciales, eux-mêmes devant être escortés par un peloton de Royal Marines, parce que c'était si dangereux. Et c'était excitant. C'était amusant. C'était vraiment très intéressant. Et c'est un noyau de personnes merveilleux, une communauté de personnes incroyablement solidaire.
And the pinnacle of my career, as it turned out, was when I was posted to New York. I'd already served in Germany, Norway, various other places, but I was posted to New York to serve on the U.N. Security Council for the British delegation. And my responsibility was the Middle East, which was my specialty. And there, I dealt with things like the Middle East peace process, the Lockerbie issue -- we can talk about that later, if you wish -- but above all, my responsibility was Iraq and its weapons of mass destruction and the sanctions we placed on Iraq to oblige it to disarm itself of these weapons. I was the chief British negotiator on the subject, and I was steeped in the issue. And anyway, my tour -- it was kind of a very exciting time. I mean it was very dramatic diplomacy. We went through several wars during my time in New York. I negotiated for my country the resolution in the Security Council of the 12th of September 2001 condemning the attacks of the day before, which were, of course, deeply present to us actually living in New York at the time. So it was kind of the best of time, worst of times kind of experience. I lived the high-life. Although I worked very long hours, I lived in a penthouse in Union Square. I was a single British diplomat in New York City; you can imagine what that might have meant. (Laughter) I had a good time.
Et le sommet de ma carrière s'avéra être lorsque je fus affecté à New York. J'avais déjà servi en Allemagne, en Norvège, dans plein d'autres endroits, mais je fus affecté à New York pour servir la délégation britannique au sein du Conseil de Sécurité de l'ONU. Et j'étais en charge du Moyen-Orient. qui était mon domaine d'expertise. Et là, je me suis occupé de choses comme le processus de paix au Moyen-Orient, l'attentat de Lockerbie -- on peut parler de ça plus tard si vous voulez -- mais avant tout, j'avais en charge l'Irak et ses armes de destruction massive et les sanctions prises contre l'Irak pour l'obliger à se désarmer lui-même. J'étais le négociateur britannique en chef sur le sujet, et j'étais calé sur le problème. Et de toute façon, ma tournée -- c'est en quelque sorte une période vraiment excitante. Je veux dire, c'était de la diplomatie très radicale. Nous avons fait face à plusieurs guerres pendant que j'étais en fonction à New York J'ai négocié pour mon pays la résolution du Conseil de Sécurité datée du 12 Septembre 2001 condamnant les attaques du jour précédent qui étaient, bien sûr, ancrées dans nos esprits alors que nous vivions à New York même à ce moment là. Donc, c'était un peu comme une expérience du meilleur et du pire. J'ai profité de la vie mondaine. Bien que je travaillais pendant de longues heures, je vivais dans un appartement de grand standing à Union Square. J'était un diplomate britannique célibataire à New York ; vous pouvez imaginer ce que cela pouvait être. (Rires) J'ai eu du bon temps.
But in 2002, when my tour came to an end, I decided I wasn't going to go back to the job that was waiting for me in London. I decided to take a sabbatical, in fact, at the New School, Bruce. In some inchoate, inarticulate way I realized that there was something wrong with my work, with me. I was exhausted, and I was also disillusioned in a way I couldn't quite put my finger on. And I decided to take some time out from work. The Foreign Office was very generous. You could take these special unpaid leave, as they called them, and yet remain part of the diplomatic service, but not actually do any work. It was nice. And eventually, I decided to take a secondment to join the U.N. in Kosovo, which was then under U.N. administration.
Mais en 2002, quand ma tournée a pris fin, j'ai décidé que je n'allais pas rentrer et prendre le poste qui m'attendait à Londres. J'ai décidé de prendre une pause sabbatique en fait, à la New School, Bruce. D'une manière inarticulée et floue, je me suis rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond avec mon travail, avec moi. J'étais fatigué, et j'avais perdu mes illusions d'une manière que je n'arrivais pas à expliquer. Et j'ai décidé de prendre du recul par rapport au travail. Le Foreign Office était très généreux. Vous pouviez prendre ces congés sans solde spéciaux, comme ils les appelaient tout en restant membre du service diplomatique, mais sans travailler. C'était bien. Et finalement, j'ai décidé de prendre une affectation provisoire, pour rejoindre l'ONU au Kosovo, qui était alors sous administration de l'ONU.
And two things happened in Kosovo, which kind of, again, shows the randomness of life, because these things turned out to be two of the pivots of my life and helped to deliver me to the next stage. But they were random things. One was that, in the summer of 2004, the British government, somewhat reluctantly, decided to have an official inquiry into the use of intelligence on WMD in the run up to the Iraq War, a very limited subject. And I testified to that inquiry in secret. I had been steeped in the intelligence on Iraq and its WMD, and my testimony to the inquiry said three things: that the government exaggerated the intelligence, which was very clear in all the years I'd read it. And indeed, our own internal assessment was very clear that Iraq's WMD did not pose a threat to its neighbors, let alone to us. Secondly, the government had ignored all available alternatives to war, which in some ways was a more discreditable thing still. The third reason, I won't go into. But anyway, I gave that testimony, and that presented me with a crisis. What was I going to do? This testimony was deeply critical of my colleagues, of my ministers, who had, in my view had perpetrated a war on a falsehood.
Et deux choses se sont produites au Kosovo, qui, encore une fois, montrent le côté aléatoire de la vie, parce que ces choses se sont trouvées être deux des pivots de ma vie et m'ont aidé à passer à l'étape d'après. Mais c'était des choses aléatoires. L'une est que, à l'été 2004, le gouvernement britannique, un peu à contrecoeur, décida d'ouvrir une enquête officielle sur l'utilisation des renseignements sur les ADM à l'approche de la guerre en Irak, un sujet très limité. Et j'ai témoigné à cette enquête dans le plus grand secret. J'avais versé dans l'intelligence en Irak et ses ADM, et mon témoignage disait 3 choses : le gouvernement a exagéré le poids des renseignements, ce qui était très clair toutes ces années. Et en effet, notre propre évaluation interne montrait clairement que que les ADM de l'Irak n'étaient pas une menace pour ses voisins, encore moins pour nous. Deuxièment, le gouvernement avait ignoré toutes les alternatives possibles à la guerre, qui dans un certain sens jetait encore plus le discrédit. La troisième raison, je n'en parlerais pas. Mais de toute façon, j'ai fait ce témoignage, qui m'a laissé devant une crise personnelle. Qu'est-ce que j'allais faire. Ce témoignage était profondément critique envers mes collègues, envers mes ministres, qui avaient, selon moi, provoqué une guerre sur un mensonge.
And so I was in crisis. And this wasn't a pretty thing. I moaned about it, I hesitated, I went on and on and on to my long-suffering wife, and eventually I decided to resign from the British Foreign Service. I felt -- there's a scene in the Al Pacino movie "The Insider," which you may know, where he goes back to CBS after they've let him down over the tobacco guy, and he goes, "You know, I just can't do this anymore. Something's broken." And it was like that for me. I love that movie. I felt just something's broken. I can't actually sit with my foreign minister or my prime minister again with a smile on my face and do what I used to do gladly for them. So took a running leap and jumped over the edge of a cliff.
Et donc j'étais en crise. Et ce n'était pas très beau à voir. Je m'en suis plaint, j'ai hésité, Je suis allé encore et encore vers ma femme qui en souffrait, et finalement je décidais de démissionner du Bureau des Affaires Etrangères. J'ai senti -- il y a une scène dans le film d'Al Pacino, "Révélations", que vous connaissez sans doute, où il revient à CBS après qu'il l'ait été abandonné dans l'affaire du gars du tabac, et il dit "Vous savez, je ne peux plus continuer. Quelque chose est cassé" Et c'était pareil pour moi. J'adore ce film. J'ai senti que quelque chose était cassé. En fait, je ne peux plus m'asseoir avec mon ministre des affaires étrangères ou mon premier ministre et sourire et faire ce que j'avais l'habitude de faire volontiers pour eux. Alors j'ai pris mon élan et j'ai sauté de la falaise.
And it was a very, very uncomfortable, unpleasant feeling. And I started to fall. And today, that fall hasn't stopped; I'm still falling. But, in a way, I've got used to the sensation of it. And in a way, I kind of like the sensation of it a lot better than I like actually standing on top of the cliff, wondering what to do. A second thing happened in Kosovo, which kind of -- I need a quick gulp of water, forgive me. A second thing happened in Kosovo, which kind of delivered the answer, which I couldn't really answer, which is, "What do I do with my life?" I love diplomacy -- I have no career -- I expected my entire life to be a diplomat, to be serving my country. I wanted to be an ambassador, and my mentors, my heroes, people who got to the top of my profession, and here I was throwing it all away. A lot of my friends were still in it. My pension was in it. And I gave it up. And what was I going to do?
Et c'était un sentiment très, très inconfortable, déplaisant. Et je me suis mis à chuter. Et aujourd'hui cette chute n'est pas terminée. Je suis toujours en train de chuter. Mais quelque part, je me suis habitué à cette sensation. Et en un sens, j'aime cette sensation beaucoup plus que j'aime être debout en haut de la falaise, en me demandant quoi faire. Une deuxième chose a eu lieu au Kosovo, qui a -- pardon, j'ai besoin d'un peu d'eau. Une deuxième chose a eu lieu au Kosovo, qui a en quelque sorte apporté la réponse, que je ne trouvait pas à la question qui est "Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ?" J'adore la diplomatie. Je n'ai pas de plan de carrière. Je m'attendais à être diplomate toute ma vie et servir mon pays. Je voulais être un ambassadeur, et mes mentors, mes héros, sont des personnes qui ont atteint le sommet de ma profession, et ici je laissais tout tomber. Beaucoup de mes amis y étaient encore. Ma pension y était. Et j'ai tout laissé tombé. Et qu'est-ce que j'allais faire ?
And that year, in Kosovo, this terrible, terrible thing happened, which I saw. In March 2004, there were terrible riots all over the province -- as it then was -- of Kosovo. 18 people were killed. It was anarchy. And it's a very horrible thing to see anarchy, to know that the police and the military -- there were lots of military troops there -- actually can't stop that rampaging mob who's coming down the street. And the only way that rampaging mob coming down the street will stop is when they decide to stop and when they've had enough burning and killing. And that is not a very nice feeling to see, and I saw it. And I went through it. I went through those mobs. And with my Albanian friends, we tried to stop it, but we failed. And that riot taught me something, which isn't immediately obvious and it's kind of a complicated story.
Cette année, au Kosovo, j'ai assisté à une chose terrible, terrible. En mars 2004, il y avait de terribles émeutes dans toute la province -- à l'époque -- du Kosovo. 18 personnes ont été tuées. C'était l'anarchie. Et l'anarchie est quelque chose d'horrible à voir, de savoir que la police et les militaires -- il y avait beaucoup de troupes militaires là-bas -- n'étaient en fait pas en mesure d'arrêter cette foule destructrice qui descendait la rue. Et la seule façon dont ces groupuscules qui descendent la rue s'arrêtent est lorsqu'ils décident de s'arrêter et lorsqu'ils en ont eu assez de tuer et de brûler. Et ce n'est pas un sentiment agréable à voir, et je l'ai vu. Et je l'ai vécu. J'ai traversé cette foule. Et avec mes amis albanais, nous avons essayé de l'arrêter, mais nous avons échoué. Et cette émeute m'a appris quelque chose qui n'est pas évident de prime abord et c'est une histoire un peu compliquée.
But one of the reasons that riot took place -- those riots, which went on for several days, took place -- was because the Kosovo people were disenfranchised from their own future. There were diplomatic negotiations about the future of Kosovo going on then, and the Kosovo government, let alone the Kosovo people, were not actually participating in those talks. There was this whole fancy diplomatic system, this negotiation process about the future of Kosovo, and the Kosovars weren't part of it. And funnily enough, they were frustrated about that. Those riots were part of the manifestation of that frustration. It wasn't the only reason, and life is not simple, one reason narratives. It was a complicated thing, and I'm not pretending it was more simple than it was. But that was one of the reasons.
Mais l'une des raisons de cette émeute – ces émeutes, qui se sont prolongées sur plusieurs jours, ont eu lieu -- est que le peuple du Kosovo a été dépossédé de son propre futur. Il y avait des négocations diplomatiques sur le futur du Kosovo en cours à ce moment-là, et le gouvernement du Kosovo, sans parler du peuple, ne faisaient pas en réalité partie de ces discussions. Il y avait tout ce système diplomatique prétentieux, ce processus de négociation sur l'avenir du Kosovo, et les Kosovars n'en faisaient pas partie. Chose étonnante, ils en étaient frustrés. Ces émeutes étaient en partie la manifestation de cette frustration. Ce n'était pas la seule raison, et la vie n'est pas simple, des récits avec une raison unique. C'était compliqué, et je fais pas comme si c'était plus simple que ce que c'était. Mais c'était l'une des raisons.
And that kind of gave me the inspiration -- or rather to be precise, it gave my wife the inspiration. She said, "Why don't you advise the Kosovars? Why don't you advise their government on their diplomacy?" And the Kosovars were not allowed a diplomatic service. They were not allowed diplomats. They were not allowed a foreign office to help them deal with this immensely complicated process, which became known as the Final Status Process of Kosovo. And so that was the idea. That was the origin of the thing that became Independent Diplomat, the world's first diplomatic advisory group and a non-profit to boot. And it began when I flew back from London after my time at the U.N. in Kosovo. I flew back and had dinner with the Kosovo prime minister and said to him, "Look, I'm proposing that I come and advise you on the diplomacy. I know this stuff. It's what I do. Why don't I come and help you?" And he raised his glass of raki to me and said, "Yes, Carne. Come."
Et cela m'a quelque part inspiré -- ou plutôt pour être précis, cela a inspiré ma femme. Elle m'a dit, "Pourquoi tu ne conseillerais pas les Kosovars ? Pourquoi tu ne conseillerais pas leur gouvernement en termes de diplomatie ?" Et les Kosovars n'avaient pas le droit à un service diplomatique. On ne leur permettait pas d'avoir des diplomates. On ne leur permettait pas d'avoir un bureau des affaires étrangères pour les aider à gérer ce processus très compliqué, qu'on a finalement appelé Processus de détermination du Statut Final du Kosovo Et donc c'était l'idée. C'était l'origine de la chose qui est devenue "Independent Diplomat", le premier groupe de conseil en diplomatie du monde. et non lucratif en prime. Et cela a commencé lorsque j'ai pris l'avion de Londres après ma mission au Kosovo pour l'ONU. J'ai pris l'avion et j'ai diné avec le premier ministre du Kosovo, et je lui ai dit, Je me propose de venir et de vous conseiller sur la diplomatie. Je connais ce truc. C'est ce que je fais. Pourquoi je ne viendrais pas vous aider ?" Et il leva son verre de raki à ma santé et dit, "Oui, Carne. Venez."
And I came to Kosovo and advised the Kosovo government. Independent Diplomat ended up advising three successive Kosovo prime ministers and the multi-party negotiation team of Kosovo. And Kosovo became independent. Independent Diplomat is now established in five diplomatic centers around the world, and we're advising seven or eight different countries, or political groups, depending on how you wish to define them -- and I'm not big on definitions. We're advising the Northern Cypriots on how to reunify their island. We're advising the Burmese opposition, the government of Southern Sudan, which -- you heard it here first -- is going to be a new country within the next few years. We're advising the Polisario Front of the Western Sahara, who are fighting to get their country back from Moroccan occupation after 34 years of dispossession. We're advising various island states in the climate change negotiations, which is suppose to culminate in Copenhagen.
Et je suis venu au Kosovo et j'ai conseillé le gouvernement du Kosovo. Independent Diplomat a fini par conseiller trois premiers ministres successifs du Kosovo et l'équipe de négociation multipartite du Kosovo. Et le Kosovo a obtenu son indépendance. Independent Diplomat est maintenant installé dans cinq centres diplomatique dans le monde et nous conseillons sept ou huit pays différents, ou groupes politiques, selon la façon dont vous voulez les définir -- et je suis pas très bon en définitions. Nous conseillons les Chypriotes du Nord sur comment réunifier leur île. Nous conseillons l'opposition birmane, le gouvernement du Sud-Soudan, qui -- vous l'entendez ici pour la première fois -- sera un nouveau pays dans les années qui viennent. Nous conseillons le Front Polisario du Sahara Occidental, qui luttent pour récupérer leur pays de l'occupation marocaine après 34 ans d'expropriation. Nous conseillons plusieurs états insulaires dans les négociations sur le changement climatique, qui doivent culminer à Copenhague.
There's a bit of randomness here too because, when I was beginning Independent Diplomat, I went to a party in the House of Lords, which is a ridiculous place, but I was holding my drink like this, and I bumped into this guy who was standing behind me. And we started talking, and he said -- I told him what I was doing, and I told him rather grandly I was going to establish Independent Diplomat in New York. At that time there was just me -- and me and my wife were moving back to New York. And he said, "Why don't you see my colleagues in New York?" And it turned out he worked for an innovation company called ?What If!, which some of you have probably heard of. And one thing led to another, and I ended up having a desk in ?What If! in New York, when I started Independent Diplomat. And watching ?What If! develop new flavors of chewing gum for Wrigley or new flavors for Coke actually helped me innovate new strategies for the Kosovars and for the Saharawis of the Western Sahara. And I began to realize that there are different ways of doing diplomacy -- that diplomacy, like business, is a business of solving problems, and yet the word innovation doesn't exist in diplomacy; it's all zero sum games and realpolitik and ancient institutions that have been there for generations and do things the same way they've always done things.
Il y a un peu d'aléatoire ici aussi parce que lorsque j'ai lancé Independent Diplomat, je suis allé à une réception à la Chambre des Lords, qui est un endroit ridicule, mais je tenais mon verre comme cela, et j'ai bousculé ce type qui était debout derrière moi. Nous avons commencé à discuter et il m'a dit -- je lui ai dit ce que je faisais, et je lui dit plutôt de manière pompeuse que j'allais installer Independent Diplomat à New York. A ce moment là, il n'y avait que moi, et ma femme et moi retournions à New York. Et il m'a dit, "Pourquoi vous n'allez pas voir mes collègues à New York ?" Et il se trouve qu'il travaillait pour une entreprise d'innovation appelée ?Whatif! dont certains d'entre vous ont sans doute entendu parler. And une chose menant à une autre, j'ai fini par avoir un bureau chez ?WhatIf! à New York, lorsque j'ai commencé Independent Diplomat. Et regarder ?What If! développer de nouveaux parfums de chewing gum pour Wrigley ou de nouveaux goûts pour Coca-Cola m'a en fait aidé à innover de nouvelles stratégies pour les Kosovars et les Sahraouies du Sahara Occidental. Et j'ai commencé à comprendre qu'il y a différentes façons de faire de la diplomatie, que la diplomatie, comme les affaires, consiste à résoudre des problèmes, et pourtant le mot innovation n'existe pas en diplomatie ; tout n'est que jeu à somme nulle et realpolitik et d'anciennes institutions qui ont été établies il y a des générations et qui font les choses comme elles les ont toujours faites.
And Independent Diplomat, today, tries to incorporate some of the things I learned at ?What If!. We all sit in one office and shout at each other across the office. We all work on little laptops and try to move desks to change the way we think. And we use naive experts who may know nothing about the countries we're dealing with, but may know something about something else to try to inject new thinking into the problems that we try to address for our clients. It's not easy, because our clients, by definition, are having a difficult time, diplomatically.
Et Independent Diplomat, aujourd'hui, essaie d'incorporer quelques unes des choses que j'ai apprises à ?What If!. Nous sommes tous assis dans le même bureau, et nous nous crions dessus à travers le bureau. Nous travaillons tous avec des petits portables, et essayons de bouger les bureaux pour changer la façon dont nous pensons. Et nous utilisons des experts naïfs qui ne savent peut-être rien des pays avec lesquels nous travaillons, mais qui savent peut-être quelque chose sur autre chose pour essayer d'injecter des réflexions nouvelles dans les problèmes que nous essayons de traiter pour nos clients. Ce n'est pas simple parce que nos clients, par définition, traversent un moment difficile, diplomatiquement.
There are, I don't know, some lessons from all of this, personal and political -- and in a way, they're the same thing. The personal one is falling off a cliff is actually a good thing, and I recommend it. And it's a good thing to do at least once in your life just to tear everything up and jump. The second thing is a bigger lesson about the world today. Independent Diplomat is part of a trend which is emerging and evident across the world, which is that the world is fragmenting. States mean less than they used to, and the power of the state is declining. That means the power of others things is rising. Those other things are called non-state actors. They may be corporations, they may be mafiosi, they may be nice NGOs, they may anything, any number of things. We are living in a more complicated and fragmented world. If governments are less able to affect the problems that affect us in the world, then that means, who is left to deal with them, who has to take greater responsibility to deal with them? Us. If they can't do it, who's left to deal with it? We have no choice but to embrace that reality.
Il y a, je ne sais pas, quelques leçons à tirer de tout cela, personnelles et politiques – et dans un sens, c'est la même chose. La leçon personnelle est que tomber d'une falaise est en fait une bonne chose, et je le recommande. Et c'est une bonne chose de le faire au moins une fois dans votre vie de se débarrasser de tout et sauter, La seconde chose est une grande leçon à propos du monde aujourd'hui. Independent Diplomat fait partie d'une tendance qui est évidente et qui émerge dans le monde, qui est que le monde se fragmente. La notion d'Etat a moins de sens qu'auparavant, et le pouvoir d'état est en déclin. Ce qui veut dire que le pouvoir d'autres choses s'accroît. On appelle ces autres choses des acteurs non gouvernementaux. Ce peut être des organisations, ce peut être des mafiosi, des gentils ONGs, ce peut être n'importe quoi, n'importe quel nombre. Nous vivons dans un monde fragmenté et plus compliqué. Si les gouvernements sont moins capables d'avoir de l'influence sur les problèmes qui nous touchent dans le monde, alors, qui reste-t-il pour s'en occuper, qui doit prendre une plus grande responsabilité pour les gérer ? Nous. S'ils ne peuvent pas le faire, qui reste-t-il pour s'en occuper ? Nous n'avons pas d'autre choix que d'accepter cette réalité.
What this means is it's no longer good enough to say that international relations, or global affairs, or chaos in Somalia, or what's going on in Burma is none of your business, and that you can leave it to governments to get on with. I can connect any one of you by six degrees of separation to the Al-Shabaab militia in Somalia. Ask me how later, particularly if you eat fish, interestingly enough, but that connection is there. We are all intimately connected. And this isn't just Tom Friedman, it's actually provable in case after case after case. What that means is, instead of asking your politicians to do things, you have to look to yourself to do things. And Independent Diplomat is a kind of example of this in a sort of loose way.
Cela veut dire qu' il ne suffit plus de dire que les relations internationales, ou les affaires mondiales, ou le chaos en Somalie ou ce qui se passe en Birmanie ne vous concerne pas et que vous pouvez vous reposer sur les gouvernements pour s'en occuper. Je peux connecter n'importe qui d'entre vous par six niveaux de séparation à la milice Al-Shabaab de Somalie. Demandez-moi comment plus tard, mais si vous mangez du poisson, et c'est intéressant, mais cette connexion est là. Nous sommes tous intimement liés.. Et ce n'est pas juste du Tom Friedman, C'est en fait démontrable cas après cas après cas. Cela veut dire qu'au lieu de demander à vos hommes politiques de faire les choses, vous devez vous tourner vers vous-mêmes. Et Independent Diplomat est une sorte d'exemple de tout ça d'une façon un peu vague.
There aren't neat examples, but one example is this: the way the world is changing is embodied in what's going on at the place I used to work -- the U.N. Security Council. The U.N. was established in 1945. Its charter is basically designed to stop conflicts between states -- interstate conflict. Today, 80 percent of the agenda of the U.N. Security Council is about conflicts within states, involving non-state parties -- guerillas, separatists, terrorists, if you want to call them that, people who are not normal governments, who are not normal states. That is the state of the world today. When I realized this, and when I look back on my time at the Security Council and what happened with the Kosovars, and I realize that often the people who were most directly affected by what we were doing in the Security Council weren't actually there, weren't actually invited to give their views to the Security Council, I thought, this is wrong. Something's got to be done about this.
Il n'y a pas d'exemples propres, mais voici un exemple : la façon dont le monde change est incarnée par ce qui se passe là où j'avais l'habitude de travailler le Conseil de Sécurité de l'ONU. L'ONU a été créée en 1945. Sa charte est normalement pensée pour mettre un terme aux conflits entre états -- le conflit inter-états. Aujourd'hui, 80 % de l'agenda du Conseil de Sécurité de l'ONU concerne les conflits internes aux états, mettant en scène des partis non gouvernementaux -- des guerilleros, des séparatistes, des terroristes, si vous voulez les appelez ainsi, des personnes qui ne sont pas des gouvernements, qui ne sont pas des états au sens normal des termes. C'est l'état du monde aujourd'hui. Quand je l'ai compris, et quand je repense à l'époque où j'étais au Conseil de Sécurité et ce qui s'est passé avec les Kosovars, et j'ai vu que parfois les personnes directement concernées par ce que nous faisions au Conseil de Sécurité n'étaient en fait pas là, n'étaient pas invitées pour donner leur point de vue au Conseil, Je me suis dit, ce n'est pas bien. On doit faire quelque chose.
So I started off in a traditional mode. Me and my colleagues at Independent Diplomat went around the U.N. Security Council. We went around 70 U.N. member states -- the Kazaks, the Ethiopians, the Israelis -- you name them, we went to see them -- the secretary general, all of them, and said, "This is all wrong. This is terrible that you don't consult these people who are actually affected. You've got to institutionalize a system where you actually invite the Kosovars to come and tell you what they think. This will allow you to tell me -- you can tell them what you think. It'll be great. You can have an exchange. You can actually incorporate these people's views into your decisions, which means your decisions will be more effective and durable." Super-logical, you would think. I mean, incredibly logical. So obvious, anybody could get it. And of course, everybody got it. Everybody went, "Yes, of course, you're absolutely right. Come back to us in maybe six months." And of course, nothing happened -- nobody did anything. The Security Council does its business in exactly the same way today that it did X number of years ago, when I was there 10 years ago.
Alors j'ai commencé par l'approche traditionnelle. Mes collégues d'Independent Diplomat et moi sommes allés voir le Conseil de Sécurité de l'ONU. Nous sommes allés rencontrés quelques 70 Etats membres -- les Kazakhes, les Ethiopiens, les Israeliens -- tous ceux que vous voulez, nous sommes allés les voir -- le Secrétaire général, tous, et nous avons dit : "ça ne va pas du tout. C'est vraiment dommage de ne pas consulter ces peuples qui sont les premiers concernés. Vous devez mettre en place un système dans lequel vous invitez effectivement les Kosovars à venir s'exprimer et dire ce qu'ils pensent. Cela vous permettra de me dire -- vous pourrez leur dire ce que vous pensez. Ce sera bien. Vous pourrez échanger. Vous pourrez tenir compte des points de vue de ces peuples dans vos décisions, ce qui rendra vos décisions plus efficaces et durables." Hyper-logique, pensez vous. Je veux dire, une logique implacable. Si évidente, n'importe qui peut comprendre ça. Et bien sûr, tout le monde l'a compris. Tout le monde a dit " Oui, bien sûr, vous avez raison. Revenez nous voir dans disons six mois." Et bien sûr, il ne s'est rien passé. Personne n'a rien fait. Le Conseil de Sécurité fait son travail de la même manière aujourd'hui qu' il le faisait il y a X années, quand j'y étais, il y a 10 ans.
So we looked at that observation of basically failure and thought, what can we do about it. And I thought, I'm buggered if I'm going to spend the rest of my life lobbying for these crummy governments to do what needs to be done. So what we're going to do is we're actually going to set up these meetings ourselves. So now, Independent Diplomat is in the process of setting up meetings between the U.N. Security Council and the parties to the disputes that are on the agenda of the Security Council. So we will be bringing Darfuri rebel groups, the Northern Cypriots and the Southern Cypriots, rebels from Aceh, and awful long laundry list of chaotic conflicts around the world. And we will be trying to bring the parties to New York to sit down in a quiet room in a private setting with no press and actually explain what they want to the members of the U. N. Security Council, and for the members of the U.N. Security Council to explain to them what they want. So there's actually a conversation, which has never before happened. And of course, describing all this, any of you who know politics will think this is incredibly difficult, and I entirely agree with you. The chances of failure are very high, but it certainly won't happen if we don't try to make it happen.
Donc nous avons fait ce constat d'échec évident et nous nous sommes dit, "Que pouvons-nous faire ?" Et je me suis dit, plutôt crever que de passer le reste de ma vie à faire du lobbying pour ces gouvernements minables pour faire ce qui ce qui doit être fait. Donc ce que nous allons faire est que nous allons en fait mettre en place ces rencontres nous-mêmes. Donc aujourd'hui, Independent Diplomat est impliqué dans la mise en place de rencontres entre le Conseil de Sécurité de l'ONU et les parties prenantes des conflits qui sont à l'ordre du jour du Conseil de Sécurité. Donc nous amènerons les groupes rebelles du Darfour, les Chypriotes du Nord et du Sud, les rebelles de l'Aceh, un immense panier à linge sale plein de conflits chaotiques autour du monde. Et nous essaierons d'amener les différentes parties à New York pour qu'elles s'asseyent dans une salle calme dans un décor privé sans journalistes et qu'elles expliquent en fait ce qu'elles veulent aux membres du Conseil de Sécurité de l'ONU, et pour que les membres du Conseil de Sécurité de l'ONU leur expliquent ce qu'ils veulent. Il y a donc ici une conversation, qui ne s'est jamais produite auparavant. Et bien sûr, en décrivant tout cela, n'importe qui d'entre vous qui connait la politique se dira que c'est extrêmement difficile, et je suis complètement d'accord avec vous. Le risque d'échec est très élévé, mais ceci ne peut se produire si nous n'essayons pas de le provoquer.
And my politics has changed fundamentally from when I was a diplomat to what I am today, and I think that outputs is what matters, not process, not technology, frankly, so much either. Preach technology to all the Twittering members of all the Iranian demonstrations who are now in political prison in Tehran, where Ahmadinejad remains in power. Technology has not delivered political change in Iran. You've got to look at the outputs, and you got to say to yourself, "What can I do to produce that particular output?" That is the politics of the 21st century, and in a way, Independent Diplomat embodies that fragmentation, that change, that is happening to all of us.
Et ma politique a fondamentalement changé, entre lorsque que j'étais diplomate et ce que je suis aujourd'hui, et je pense que les résultats comptent, pas le processus, pas la technologie, franchement, ou si peu. Prêchez la technologie à tous ces manifestants Iraniens qui "twittaient" et qui sont maintenant dans des prisons politiques de Téhéran, où Ahmadinejad est toujours au pouvoir. La technologie n'a pas permis de changement politique en Iran. Vous devez regarder les résultats et vous devez vous dire, "Qu'est-ce que je peux faire pour produire ce résultat particulier?" C'est la politique du 21e siècle. Et dans un sens, Independent Diplomat incarne cette fragmentation, ce changement, qui est en train de se produire pour nous tous.
That's my story. Thanks.
C'est mon histoire. Merci.