Corey Hajim: I'm so excited to be here today with Carlos. He's a leader I really admire, because he uses his business acumen to take on big challenges, and he's done so in his home country of Peru and beyond. He has built a group of affordable schools called Innova, and they serve about 65,000 students. He also has a chain of maternity health-care clinics, he's taken on infrastructure projects and public-private partnerships, among other things. Now I have to tell you, it's taken me a couple of years to convince Carlos to come speak with us here at TED. He's not really a spotlight guy. You're more likely to find him doing deep research, "Undercover Boss" style, than talking about his work in the glossy pages of business magazines. Not that he doesn't deserve to be there -- he really does. And so we're so lucky to have him here with us today to tell us more about what he’s done, how he’s done it and what we can learn from it. So thanks for being here, Carlos.
Corey Hajim : Je suis ravie d’être avec Carlos aujourd’hui. C’est un dirigeant que j’admire, car il utilise son acuité en affaires pour relever de grands défis. Ce qu’il a fait dans son pays natal, le Pérou, et au-delà. Il a construit un groupe d’écoles abordables, appelé Innova, qui enseigne à 65 000 étudiants. Il possède une chaîne de maternités, il a des projets de génie civil, des partenariats public - privé, entre autres. Je dois bien vous avouer qu’il m’a fallu plusieurs années pour convaincre Carlos de nous rejoindre et prendre la parole sur la scène de TED. Il n’aime pas vraiment être sous les projecteurs. Il est plus souvent concentré sur des recherches, le genre de patron secret qui n’aime pas parler de son travail dans des magazines d’affaires au papier glacé. Non pas qu’il ne mérite pas cette attention, bien au contraire. C’est dont un grand honneur de l’accueillir aujourd’hui pour nous parler davantage de ce qu’il a accompli et de ce que nous pouvons en retirer. Merci Carlos.
Carlos Rodriguez-Pastor: Thanks, Corey, glad to be here.
Carlos Rodriguez-Pastor : Merci Corey, l’honneur est pour moi.
(Applause)
(Applaudissements)
CH: Let's start with education. What was the problem you saw there?
CH : Commençons avec l’éducation, quel était le problème à vos yeux ?
CRP: So let me just put it in context and tell you a little bit about Peru. Peru is a middle-income country. It's right in the middle of South America, on the Pacific Coast. And from 1990 to 2017, we grew our economy close to five percent, so it's one of the fastest-growing economies in the world, and certainly the fastest in South America. At the same time, the poverty rate came down from 55 percent to 25 percent. So we were feeling pretty good about all the things that were going on in Peru, and it seemed like there was a possibility that eventually, 25 years from now, we could become a developed country.
CRP : Permettez-moi de contextualiser et de parler un peu du Pérou. C’est une économie aux revenus moyens. Il est au centre de l’Amérique du Sud, sur la côte pacifique. Depuis 1990 jusqu’en 2017, la croissance économique du pays approcha les 5 %, une croissance parmi les plus élevées au monde, et certainement la plus élevée en Amérique du Sud. En même temps, le taux de pauvreté a diminué de 55 % à 25 %. Tout se passait plutôt bien pour tout ce que nous faisions au Pérou et on entrevoyait la possibilité qu’un jour, dans 25 ans, nous serions devenus une économie développée.
But there are a lot of hurdles along the way that we have to overcome in order to get there. And some of them include the basic things that happen in most developing countries, like education, health care, infrastructure. Now during the same time, I remember, in about 2007, they did an assessment of all the public school teachers, and the results were not very encouraging. A very small percentage passed basic math, basic reading comprehension. And in the year 2000, we were ranked last in the PISA rankings, which are these rankings for 15-year-old kids in various countries. And 12 years later, we were also dead last. So despite all this growth, we had a real issue, to improve our education system.
Mais les obstacles en chemin sont nombreux et nous devrons les franchir pour y parvenir, dont des choses fondamentales propres aux pays en développement, l’éducation, la santé, ou les infrastructures. Dans la même période, je me souviens, vers 2007, nous avons évalué les professeurs de toutes les écoles publiques et le résultat ne fut pas très encourageant. Un petit pourcentage seulement réussit les mathématiques de base, la compréhension à la lecture. En 2000, nous étions les derniers du classement PISA, le classement de référence pour les étudiants de 15 ans dans divers pays. Et 12 ans plus tard, nous étions toujours les derniers. En dépit de cette croissance, nous avions un problème épineux, nous devions améliorer notre éducation.
And so we decided to get involved, to understand what was going on, because it was obvious that we could not become a developed country without having world-class education and health care.
Alors, nous avons décidé de nous engager pour comprendre ce qu’était la réalité, car clairement, nous ne pourrions pas faire partie des pays développés sans une éducation et une santé de première catégorie.
CH: And you said that the public schools were in rough shape. We wanted to share a photo of the state of the public schools. And you were saying it's not just the way it looks, it was what was going on inside.
CH : Vous expliquiez que l’éducation publique était mal en point. Nous envisagions de projeter une photo de l’état de l’éducation publique. Mais vous avez dit que ce n’était pas le reflet de ce qui se passait à l’intérieur. CRP : Voici une école publique typique quand nous avons commencé nos recherches.
CRP: So this is a typical public school we saw when we started our research. You can see it kind of looks dark outside, but what's worse is what's going on inside. Kids aren't learning. Low attendance, low engagement and poor quality. And as a result of these public schools, a lot of small, informal private schools started popping up all over the country. And they were just as bad as some of the public schools. And they have catchy names, right?
On voit bien que tout cela est sombre, mais c’est pire à l’intérieur. Les enfants n’apprennent rien. Beaucoup d’absentéisme, peu de motivation, aucune qualité. La conséquence de cette éducation publique : l’éclosion de beaucoup d’écoles privées, petites et informelles, partout. Mais elles n’étaient pas meilleures que certaines écoles publiques. Mais elles portent des noms flashy.
(Laughter)
(Rires)
CRP: And here's another one with a catchy name.
CRP : En voici une autre au nom ostentatoire.
(Laughter)
(Rires)
CH: Some of you may have gone there.
CH : Des alumni parmi nous ?
(Laughter)
(Rires)
CRP: And so when we did our "Undercover Boss" research, we went to one of these schools. I remember going with a couple of colleagues and asking a lot of questions to the person who gave us the tour. She didn't believe that we were parents with kids looking to go into those schools. She was getting suspicious and asked us to please leave, because she was the director and also the owner. And before we left, we asked her one final question, and that is "Why did you decide to do a private school?" And her answer surprised us. She said, "Because it's more profitable than a Chinese food restaurant." Now, sadly, this is the level of commitment in a lot of these private schools. So we decided it's time to do something about this.
CRP : Donc, on a fait nos recherches en sous-marin et on s’est rendu dans une de ces écoles, avec plusieurs collègues pour y poser une tonne de questions à la personne qui nous accueillit. Elle n’a pas cru que nous étions des parents à la recherche d’une école pour leurs enfants. Elle est devenue méfiante et nous a invités à partir, car elle était aussi la directrice et la propriétaire. Avant de quitter les lieux, on lui a posé une dernière question : « Pourquoi avoir décidé d’ouvrir une école privée ? » Sa réponse nous a surpris : « Parce que c’est plus rentable qu’un restaurant chinois. » Hélas, tel est le niveau d’engagement dans beaucoup de ces écoles. Alors, on a décidé qu’il était temps d’agir.
CH: Not quite the right motivation. Education is so complicated, so when you started this journey, what were your goals?
CH : Ce n’est pas exactement la bonne motivation. L’éducation est un sujet complexe. Au début de ce projet, quels étaient vos objectifs ?
CRP: I didn't know anything about education, except from being a student and a consumer of it for many years, so the first thing I did -- and this is a true story -- I watched every TED Talk on education.
CRP : Je ne connaissais pas le système éducatif, mis à part mes études et mon passage dans le système pendant longtemps. Alors, la première chose que j’ai faite - et c’est véridique - fut d’écouter tous les TED Talk sur l’éducation.
CH: I promise, it's not a plant.
CH : Ce n’est pas arrangé d’avance !
CRP: And then started reaching out to the different people I thought were interesting, and were doing wonderful things there. I grew up partly in California, I worked on Wall Street, so I started looking at my contact list, and I remembered an innovation company that, when I grew up in California, was always behind a lot of the product innovation. So I called them up, IDEO. And with them, along with Sal Khan, who we were introduced with, and some academics from Berkeley and from Harvard, we put together a system to really try to change education in our country.
CRP : Ensuite, j’ai contacté diverses personnes qui me paraissaient intéressantes et qui réalisaient des choses formidables. J’ai grandi en partie en Californie et travaillé à Wall Street, alors j’ai fouillé dans mon carnet d’adresses et je me suis souvenu d’une entreprise qui, alors que j’étais en Californie, était toujours à l’origine d’innovations pour plein de produits. Je l’ai contactée, IDEO. Et ensemble, avec Sal Khan, que l’on venait de rencontrer, et des professeurs de Berkeley et Harvard, on a mis au point un système pour transformer l’Éducation de notre pays.
So in Peru, we have eight million K-12 kids, and our target was about 1.6 million of those kids over time, which we call the emerging middle class. And what we codesigned was a system that had four characteristics. The first one, it had to be affordable. And by affordable, I mean 150 dollars a month for the regular students, and for our scholarship students, one dollar a day. Second, it had to have academic excellence. These are schools that have to move the needle. Otherwise, it doesn't really make sense. And they're well-designed, they were modern, they were safe. Third, we wanted a project that was scalable. Not just to build one or two schools, but why not aspire to build hundreds of schools, and perhaps cross borders and go to other countries. And fourth, we thought it was very important that the schools be sustainable. And "sustainable" is our code word for "profitable."
Il y a huit millions d’enfants de moins de 12 ans au Pérou. Nous avons ciblé une population de 1,6 million de ces enfants, car ils faisaient partie de la classe moyenne naissante. Nous avons conçu un système qui a quatre caractéristiques. D’abord, l’Éducation doit être abordable. Et cela signifie 150 dollars par mois pour un élève normal, et pour les élèves boursiers, un dollar par jour. Deuxièmement, nous voulons une Éducation d’excellence. Ces écoles doivent changer la donne, sans quoi rien de ceci n’est logique, et elles doivent être bien conçues, modernes et sûres. Troisièmement, le projet doit pouvoir se développer. On ne veut pas se limiter à une ou deux écoles, mais au contraire, nous aspirons à en construire des centaines, et même les étendre en dehors de nos frontières. Enfin, nous pensions qu’il était important que nos écoles soient durables. Et par durables, nous entendons rentables.
CH: So profitability, let's talk a little bit about that. Why is that so important? Because we talked about the woman and the Chinese restaurant and that she didn't seem properly motivated. So why, for you, is profitability so important?
CH : Parlons davantage de la rentabilité. Pourquoi est-ce si important ? Car la remarque de la dame sur le restaurant chinois ne nous a pas marqué comme étant la bonne motivation. Pourquoi est-ce important alors ?
CRP: I think it's very important, because that way, we can keep building more schools and we can go across borders and keep this project going. You know, it's very ambitious for the teachers, so I imagine someday, in some neighboring country, you know, a mom and dad having a conversation about where to send their kids to school, and maybe one of the parents says, "What about that school where the Peruvians are teaching?" So imagine that, going from last in education in the world to being the teachers of our region. That would do so much to the self-esteem of our country, Peru.
CRP : C’est essentiel, selon moi, car cela nous permet de construire plus d’écoles, de nous étendre en dehors du pays et de perpétuer notre projet. C’est très ambitieux pour les professeurs. Imaginez qu’un jour, dans un pays voisin, des parents discutent où scolariser leurs enfants et qu’un des deux parents dise : « Pourquoi pas cette école où les Péruviens enseignent ? » Imaginez que nous devenions les enseignants de notre région alors que nous étions les derniers de la classe. Cela contribuerait à la fierté nationale de notre pays, le Pérou.
CH: That goes back to what you said about sustainability: profitability, for you, equals sustainability. There must be some trade-offs that you're making to make these schools reach profitability. What are some of those trade-offs?
CH : Cela fait le lien avec votre propos sur la durabilité : la rentabilité est un vecteur de durabilité. Il y a certainement des compromis à faire pour rendre chaque école rentable. Quels sont-ils ?
CRP: When you start with a fixed price that you can charge, you can't do everything. So sometimes, our students have to share tablets, we don't have swimming pools, but we have very nice spaces where kids can learn, they can collaborate. We use a blended learning model, which is solo learning and classroom learning. This is an image of one of our schools, and the next is an image of our rock-star math teacher, in middle school, Sal Khan.
CRP : Si on démarre avec un prix fixe que l’on facture, on a peu de marge de manœuvre. Parfois, nos étudiants doivent se partager les tablettes, nous n’avons pas de piscine, mais nous avons des espaces très cool où les enfants peuvent apprendre et collaborer. On utilise des modèles d’apprentissage modulaires, c’est-à-dire de l’apprentissage seul et en classe. Voici une photo d’une de nos écoles, et la suivante est celle de notre professeur de maths vedette, pour les classes de CE1 à CM1, Sal Khan.
It's a funny story -- when Sal came to visit us in Peru many years ago, when we were just starting out, he came to our math lab, where we have 60 kids and one monitor, looking and helping the kids that need help. I was talking to Sal and a couple of other people with him. As you know, he never appears in his videos, it's just his voice. And one of the young kids said, "Hey, that sounds like Sal Khan. Is that Sal?" And before you knew it, word got around, and a huge line of kids asking Sal for his autograph. You know, their math teacher.
C’est une belle histoire - quand Sal nous a rendu visite au Pérou il y a très longtemps, on venait de lancer notre projet, et il est venu à notre cours de maths, où nous avions 60 élèves et un instructeur, qui veillait et aidait les enfants qui en avaient besoin. Je discutais avec Sal et d’autres personnes comme lui. On ne le voit jamais sur ses vidéos, il n’y a que sa voix. Et un des enfants s’exclame : « Cette voix, c’est celle de Sal Khan ! Est-ce vraiment lui ? » Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, tous les enfants faisaient la file pour lui demander un autographe. Leur professeur de maths.
(Applause)
(Applaudissements)
CH: It’s a really wonderful story, a nice rock star to have stop by. So let’s shift gears a little towards healthcare. What did you want to do there, and what have you done in that space?
CH : Quelle histoire merveilleuse, c’est cool d’avoir une rock star ainsi. Tournons-nous à présent vers la santé. Que vouliez-vous faire et qu’avez-vous fait ?
CRP: Healthcare was as broken as the education system. Maybe the slight difference is in education, you have to have a real sense of urgency -- otherwise, you miss the entire generation. And in healthcare, we are fairly lucky that we still have a young population, so perhaps we have a little more time to go through this. But, you know, our healthcare system is universal healthcare. Eight million informal workers have that from the government, and then four million pay a tax of the formal economy, that's slightly better, but this is a typical picture. You make a long line. Sometimes, it's hours. There’s a lot of informal ... just like the private schools, and they'll offer two-for-one medical procedures ...
CRP : La santé était aussi mal en point que l’Éducation. La petite nuance dans l’Éducation, c’est qu’il faut nourrir un sentiment d’urgence, sans quoi on rate notre coup pour une génération entière. Mais dans la santé, on a de la chance d’avoir une population jeune et cela nous donne un peu de temps. Vous savez que notre système de santé est fondé sur l’universalité. Huit millions de travailleurs au noir en bénéficient, et quatre millions paient leurs impôts au sein de l’économie officielle, la situation est un peu meilleure, mais c’est une photo typique. On attend longtemps. Parfois des heures. Il y a beaucoup d’institutions non officielles, comme les écoles, qui offrent deux procédures médicales pour le prix d’une.
CH: Bring a friend?
CH : On vient avec quelqu’un ?
CRP: Exactly. It’s not good quality. So again, we teamed up with IDEO and a lot of different institutions to design something for the emerging middle class. The first call in Peru is pharmacies. So if you're sick, you go to the pharmacy first, because you'd waste a whole day, and you really can't afford to leave work for a day. So right around the time we started Innova, we got involved in buying a small chain of pharmacies that today has 2,300 locations throughout the entire country, including the most remote areas you can imagine, in the Amazon, where you have to go in canoes and ships to get there.
CRP : Exactement. C’était de mauvaise qualité. On a à nouveau collaboré avec IDEO et beaucoup d’autres institutions pour concevoir une offre pour la nouvelle classe moyenne. Quand on est malade au Pérou, on va d’abord dans une pharmacie. C’est la première ligne, sans quoi on perd une journée entière et on ne peut pas se permettre de ne pas travailler pendant un jour. Quand on a lancé Innova, on a d’abord racheté des petites chaînes de pharmacies et nous avons aujourd’hui 2 300 officines dans tout le pays, y compris dans des régions reculées, comme en Amazonie, où l’on est obligé de voyager en canoë ou en bateau.
And as an extension of that, we also developed a clinic called Aviva, where we give good quality, about 40 to 60 beds in each one of our clinics, and we're focusing on the most important part of life, which is birth. This particular clinic in Lima had the most births of the entire country last year. And so now, we have an alternative to give good health care to the emerging middle class.
Ensuite, nous avons développé une clinique appelée Aviva, qui dispense des soins de bonne qualité, avec 40 à 60 lits par clinique. Nous nous focalisons sur la partie la plus importante de la vie : la naissance. Cette clinique-ci à Lima a eu le plus de naissances de tout le pays en 2022. Nous avons donc aujourd’hui une alternative pour donner de bons soins de natalité à la classe moyenne émergente.
CH: Now another thing you've dipped your toe into, in pretty big ways -- infrastructure, and that's a whole different kind of project. And you did it through a public-private partnership. Can you talk a little bit about how that came about and how it worked?
CH : Vous avez aussi mis le pied dans - et de façon ostentatoire - l’infrastructure, ce qui est quelque chose de très différent. Vous vous y êtes engagé en partenariat privé-public. Expliquez-nous pourquoi vous vous y êtes intéressé et les mécanismes.
CRP: So years ago, I remember going to Arequipa, which is the second-largest city in Peru, with my father and my grandfather. And in that visit, hearing about a bridge that was going to be built. Years later, I went back, and I heard about the bridge again. And it turns out that this bridge has been on the planning board for over 50 years, and it never got done. It was because this party was in power, whatever the reason, it just didn't get done.
CRP : Je me souviens avoir voyagé à Arequipa, il y a des années. C’est la deuxième plus grande ville du Pérou. Je voyageais avec mon père et mon grand-père. Et durant ce voyage, j’ai entendu parler de la construction future d’un pont. J’y suis retourné des années plus tard et les gens parlaient toujours de ce pont. Cela faisait en fait plus de 50 ans que ce pont était en projet sans que celui-ci ne voie le jour. Tel parti ou tel autre, peu importe la raison, on ne le construisait pas.
So a few years ago, the government came up with a very clever plan. It's called "Projects for Taxes." And what that does is it allows companies to use up to 30 percent of the taxes they pay -- instead of paying it to the central government, to use it for projects that the community needs. They have to be pre-approved ... by the government, but then you kind of do it yourself.
Quelques années plus tard, le gouvernement mit sur pied un projet assez malin, « le projet pour les impôts ». Cela consiste à permettre aux entreprises d’utiliser jusqu’à 30 % de leurs impôts - au lieu de les payer au gouvernement, de les utiliser pour des projets utiles pour les communautés. Ils doivent être approuvés au préalable par le gouvernement, mais ensuite, on fait le travail soi-même.
So we teamed up with the largest beer company in Peru and one of the large mining companies, and together, we put 100 million dollars of the taxes we would have paid to the central government, and we built this bridge, which connects one side of the city to the other. It was done on time and on budget. No corruption, no drama, the bridge is still standing.
Alors, on s’est associé au plus grand groupe brassicole au Pérou, à une des plus grandes entreprises minières aussi, et on a mis sur la table 100 millions de dollars d’impôts qui auraient autrement dus être payés à l’État, pour construire ce pont qui relie les deux parties de la ville. On a construit ce pont dans les temps en respectant le budget. Pas de corruption, pas de drame, le pont est toujours bien là.
(Laughter)
(Rires)
And now, you know, thousands of people every single day use this bridge and, as a result, improve the quality of their life. This is a very good example of how private-public partnerships can work. And what we've done in our group is we've set a goal to have an iconic project, like that bridge you just saw, in every one of the 25 states across Peru. So far, we've completed five, in five different states, so we have 20 to go, but we're excited about that.
Et maintenant, des milliers de personnes le traversent tous les jours, ce qui améliore leur qualité de vie. C’est une bonne illustration du fonctionnement des partenariats entre le privé et l’État. Notre groupe se fait un point d’honneur à avoir un grand projet emblématique, comme ce pont, dans les 25 états du Pérou. Nous en avons accompli cinq, dans cinq états, il nous en reste 20 et cela nous excite beaucoup.
CH: When I read about that, I thought that was such an interesting project and an interesting partnership. So a lot of the businesses you've started and your projects are focused on the middle class. So why are you so focused on that particular segment of the population?
CH : Quand j’ai découvert ce projet, je l’ai trouvé si intéressant, tout comme le partenariat. La plupart des entreprises et des projets que vous avez lancés visent donc la classe moyenne. Pourquoi vous focaliser sur ce segment précis de la population ?
CRP: The middle class, for the last couple of decades, has been the fastest-growing segment of the country. It was, in a way, low-hanging fruit. A lot of services were unmet, and so we tried to develop answers for those. And it was also a way to scale fast, because a lot of the emerging middle class is in urban settings. So you can actually go from zero to relevance relatively fast. What we're working on now is what we call the next frontier, which is rural Peru, which is still a big part of the population, and all the cities in our country that have 20,000 or less people.
CRP : La classe moyenne est, ces dernières décennies le segment qui montre la croissance la plus rapide. C’est, en quelque sorte, la cible facile. De nombreux services n’étant pas satisfaits, on a commencé par développer une offre pour ceux-ci. C’était aussi un moyen de passer à l’échelle rapidement, car la plupart de la classe moyenne émergente vit en milieu urbain. On peut donc passer rapidement de rien à une solution adéquate. Actuellement, nous travaillons sur la prochaine frontière, le Pérou rural, qui continue de représenter une grande partie de la population et toutes les villes du pays de 20 000 habitants maximum.
But really, the reason we got involved in areas like education and healthcare is that the government wasn't delivering. If you're familiar with Peru, and you know what's been going on, we've had six presidents in six years. Now the last president before the current one had so many cabinet changes that on average, every five days, we'd have a new cabinet minister. So ask yourself, if you're running an organization ... You can't get even through the weekend. Maybe Monday, he's here, Friday, they're gone. So it's very hard to get things accomplished from the government side.
Mais en fait, on s’est engagé dans l’Éducation et la santé parce que le gouvernement était défaillant. Ceux qui connaissent le Pérou savent ce que le pays a traversé, avec six présidents en six ans. Le président précédent a remanié si souvent son cabinet, qu’en moyenne, tous les cinq jours, on a un nouveau chef de cabinet. Imaginez diriger une organisation... et vous ne tiendrez pas une semaine. Vous entrez en fonction le lundi, et le vendredi, vous n’êtes plus là. C’est évident que le gouvernement peine à réaliser des choses.
So what should we do? Should we wait for that Batman president to show up? Or should we get involved? And I have to admit that for many years, I would attend conferences and would do what a lot of people do, the golf clap, and then go back to your work, and say, "I'd like to help, but ..." And then the next year, another golf clap, and, kind of, the same thing. But we really believe that the private sector has a very important role. It's 80 percent of the economy in our country. And we can really push the leaders along to take on the most difficult, most challenging problems in the country.
Que faire alors ? Attendre un président Batman ? Ou s’engager ? Je dois avouer que pendant très longtemps, j’assistais à des conférences et agissais comme le font de nombreuses personnes, on applaudit du bout des doigts et on retourne au travail en pensant qu’on veut aider, mais... L’année suivante, rebelote, on applaudit, et l’histoire se répète. Mais nous sommes fermement convaincus que le secteur privé a un rôle important à jouer. C’est 80 % de l’économie nationale. On peut vraiment pousser les dirigeants sur le côté et s’atteler aux problèmes les plus épineux du pays.
Because education takes 20, 25 years or more to solve. A political term may be only four or five years. So I think we have more staying power. And we don't pretend to run the whole education system or to educate the eight million kids that go to schools. But if we do our job correctly, maybe we can put it up at the top of the agenda, maybe we can show how it can be done. We can continue to partner with the government, and together, as a result, make a better country.
Car pour résoudre le problème de l’Éducation, il faut 20, 25 ans. Un mandat politique est de quatre ou cinq ans. Je pense que nous avons plus de pouvoir dans le temps. Et nous n’avons pas la prétention de diriger l’intégralité de l’Éducation, ou de former les huit millions d’enfants scolarisés. Mais si on travaille bien, on peut mettre cet objectif en haut de nos priorités et démontrer que c’est possible. On peut continuer de travailler avec le gouvernement et ensemble, rendre notre pays meilleur.
CH: I mean, a lot of the things you've done, you've stepped in where government has fallen short. Do you feel like you're letting them off the hook, though? Or do you feel they're responding to this?
CH : Vous avez accompli beaucoup de choses et vous vous êtes engagé là où le gouvernement a failli. Pensez-vous le décharger de ses responsabilités ? Ou pensez-vous qu’ils réagissent ?
CRP: I would say it's the opposite. We're putting pressure to get these things resolved. I believe that, by showing what can be done, perhaps we can inspire them to work together, not just with us, but with all the other fine companies that we have in our country that do world-class things. But we can't just fold our hands and wait, in the hope that a savior someday comes and helps us. And I think that's what's behind all these projects.
CRP : C’est le contraire. On leur met la pression pour résoudre les problèmes. Je pense qu’en leur montrant ce que l’on peut accomplir, on peut les inciter à travailler ensemble, pas uniquement avec nous, mais avec toutes les entreprises du pays qui font des choses extraordinaires. Mais on ne peut pas rester sans rien faire dans l’espoir qu’un sauveur va venir nous aider un jour. C’est ça qui est derrière tous ces projets.
CH: There was one more picture you wanted me to share with the audience, of the protests in Peru. Why did you want me to share this with them?
CH : Vous souhaitiez nous montrer une autre photo des manifestations au Pérou. Pourquoi ce choix ?
CRP: This is a horrible picture. It's horrible for a number of reasons -- it hurts our tourism, and the image of the country, etc. But what makes me really sad about this picture -- and this happened not too long ago, a few weeks ago -- is it's Peruvians against Peruvians. And I think we both want the same things. We want a better life, we want opportunity. We want the ability to reach our dreams and go as far as we can go. And when I see this, I wonder, is this just Peru? Or can this happen in other communities? And how can we stop this from happening?
CRP : C’est une image horrible, pour de nombreuses raisons. Cela nuit notamment au tourisme et à l’image de notre pays. Mais ce qui m’attriste profondément dans cette photo - prise il n’y pas si longtemps, quelques semaines seulement - c’est que des Péruviens combattent des Péruviens. Or nous souhaitons tous la même chose. Une meilleure vie, des opportunités. Nous voulons pouvoir réaliser nos rêves, aller aussi loin que possible. Mais devant cette photo, je n’ai de cesse de me demander si seul le Pérou est touché. Cela survient-il dans d’autres communautés ? Comment pouvons-nous empêcher ça ?
So I have some suggestions. The first one is find out what are the most difficult challenges in your community and your country, and try to understand them. Get involved. Put a sense of urgency, raise your hand. Not some day. Make "some day" today. Second is seek out help. Most likely, the problems have been solved somewhere else. And you can add to that and continue to build. And the last thing is have a mindset where you're trying to make the pie bigger. And even if you come from the private sector, I guarantee you, if you focus on making the pie bigger for your country, you'll do well yourself.
J’ai quelques idées. La première est d’identifier les défis les plus complexes dans sa communauté ou son pays et d’essayer de les comprendre. De s’engager. De ressentir une urgence et de lever la main. Pas demain. Aujourd’hui. Ensuite, il faut chercher un appui. Il est très possible que ces problèmes aient été résolus ailleurs. On peut alors démarrer de là et continuer de construire. Enfin, dernière chose, il faut faire grandir le gâteau. Même en étant issu du secteur privé, je vous assure qu’en faisant grandir le gâteau pour le pays, vous en récolterez des fruits.
Our objective is to make Peru the best place to raise a family in Latin America. Our long-term objective is to push Peru to become a developed country. And that's really hard. And then, it comes to execution. And this is where we lose a lot of that impetus, a lot of that "let's get it done," because it's hard. And what we found out is that, when you have a big challenge, many times, you'll say "yes, but." And that "but" is followed by lots and lots of excuses. In Spanish, it's "sí, pero." "Pero" is the "but." So we decided to make it a little easier. And why not change that "o" to a "u," and wake up every morning, and say "sí, Perú."
Notre objectif est de faire du Pérou le meilleur endroit pour élever une famille en Amérique du Sud. Notre objectif à long terme est de faire du Pérou un pays développé. C’est très dur. Et il faut mettre le plan en exécution. C’est à ce moment précis qu’on perd notre fougue, cet état d’esprit de faire les choses, car c’est très dur. Et nous avons appris que, devant un grand défi. on dit très souvent : « Oui, mais. » Or ce « mais » est systématiquement suivi par des tonnes d’excuses. En espagnol, on dit : « Sí, pero. » « Pero », vous l’avez compris, est le « mais ». Alors, on a voulu se simplifier la vie : on a ajouté un « u » à « pero ». Chaque matin, maintenant, on se réveille en disant : « Oui, Pérou. »
(Laughter)
(Rires)
(Applause)
(Applaudissements)
CH: Well, I think you can see why I admire this guy. (Laughs) Thank you so much, Carlos, for all that you've shared with us. I think we all have a lot of work to do, so thank you.
CH : C’est pour cela que j’admire tant Carlos. Merci beaucoup, Carlos, pour cette discussion avec nous. Nous devons aller nous mettre au travail maintenant.
CRP: Thank you, Corey.
CRP : Merci, Corey.
(Applause)
(Applaudissements)
(Cheers and applause)
(Acclamations et applaudissements)