I want to talk about one of the big questions, perhaps the biggest question: How should we live together? How should a group of people, who perhaps live in a city or in the continent or even the whole globe, share and manage common resources? How should we make the rules that govern us?
Je veux vous parler de l'une des grandes questions, peut-être de la plus grande question : comment devrions-nous vivre ensemble ? De quelle façon un groupe de personnes, qui vit peut-être dans une ville, sur un continent ou même dans le monde entier, partage et gère les ressources communes ? Comment devrions-nous élaborer les règles qui nous gouvernent ?
This has always been an important question. And today, I think it's even more important than ever if we want to address rising inequality, climate change, the refugee crisis, just to name a few major issues. It's also a very old question. Humans have been asking themselves this question ever since we lived in organized societies.
Ça a toujours été une question importante. Je crois qu'aujourd'hui, elle est plus importante que jamais si nous voulons remédier aux inégalités croissantes, au changement climatique, à la crise migratoire, pour ne nommer que quelques grands enjeux. C'est aussi une question très ancienne. Les humains se la posent depuis le début de la vie dans des sociétés organisées. Comme ce gars, Platon.
Like this guy, Plato. He thought we needed benevolent guardians who could make decisions for the greater good of everyone. Kings and queens thought they could be those guardians, but during various revolutions, they tended to lose their heads. And this guy, you probably know. Here in Hungary, you lived for many years under one attempt to implement his answer of how to live together. His answer was brutal, cruel and inhumane. But a different answer, a different kind of answer, which went more or less into hibernation for 2,000 years, has had profound recent success. That answer is, of course, democracy.
Il croyait qu'il nous fallait des gardiens bienveillants pour prendre des décisions pour le bien de tous. Les rois et les reines croyaient qu'ils pouvaient être ces gardiens, mais pendant les différentes révolutions, ils perdaient souvent la tête. Et ce gars, vous le connaissez sûrement. Ici, en Hongrie, vous avez longtemps vécu avec une tentative d'appliquer sa réponse à comment vivre ensemble. Sa réponse était brutale, cruelle et inhumaine. Mais une autre réponse, une autre sorte de réponse, qui était plus ou moins en hibernation depuis 2 000 ans, a connu un profond succès récemment. C'est la démocratie, bien sûr.
If we take a quick look at the modern history of democracy, it goes something like this. Along here, we're going to put the last 200 years. Up here, we're going to put the number of democracies. And the graph does this, the important point of which, is this extraordinary increase over time, which is why the 20th century has been called the century of democracy's triumph, and why, as Francis Fukuyama said in 1989, some believe that we have reached the end of history, that the question of how to live together has been answered, and that answer is liberal democracy. Let's explore that assertion, though. I want to find out what you think.
Si on regarde rapidement l'histoire moderne de la démocratie, ça donne quelque chose comme ceci. Ici, nous mettrons les 200 dernières années. Ici, nous mettrons le nombre de démocraties. Et voici ce que donne maintenant le graphique. Le point important, c'est cette incroyable augmentation avec le temps, et c'est pourquoi le XXe siècle a été baptisé le siècle du triomphe de la démocratie, et c'est aussi la raison, comme le disait Francis Fukuyama, en 1989, pour laquelle certains croient que nous avons atteint la fin de l'histoire, que la question du comment vivre ensemble a trouvé sa réponse et que cette réponse est la démocratie libérale. Examinons donc cette affirmation. Je veux savoir ce que vous pensez.
So I'm going to ask you two questions, and I want you to put your hands up if you agree. The first question is: Who thinks living in a democracy is a good thing? Who likes democracy? If you can think of a better system, keep your hands down. Don't worry about those who didn't raise their hands, I'm sure they mean very well. The second question is: Who thinks our democracies are functioning well? Come on, there must be one politician in the audience somewhere.
Je vais donc vous poser deux questions, et vous pourrez lever la main si vous êtes d'accord. Première question : qui croit que la démocratie est une bonne chose ? Qui aime la démocratie ? Si vous connaissez un meilleur système, ne levez pas la main. Soyez sans crainte, ceux qui n'ont pas levé la main, ont certainement de bonnes intentions. La deuxième question est : qui croit que nos démocraties fonctionnent bien ? Il doit bien y avoir un politicien dans le public.
(Laughter)
(Rires)
No. But my point is, if liberal democracy is the end of history, then there's a massive paradox or contradiction here. Why is that? Well, the first question is about the ideal of democracy, and all these qualities are very appealing. But in practice, it's not working. And that's the second question. Our politics is broken, our politicians aren't trusted, and the political system is distorted by powerful vested interests.
Non. Si la démocratie libérale signifie la fin de l'histoire, alors, il y a un énorme paradoxe ou une grande contradiction ici. Pourquoi ? Eh bien, la première question concerne l'idéal de la démocratie, et toutes ces qualités sont très attrayantes. Mais en pratique, ça ne fonctionne pas. Et voici la seconde question. Notre politique ne fonctionne plus, les politiciens ont perdu notre confiance et le système politique est dévoyé par de puissants intérêts.
I think there's two ways to resolve this paradox. One is to give up on democracy; it doesn't work. Let's elect a populist demagogue who will ignore democratic norms, trample on liberal freedoms and just get things done. The other option, I think, is to fix this broken system, to bring the practice closer to the ideal and put the diverse voices of society in our parliaments and get them to make considered, evidence-based laws for the long-term good of everyone. Which brings me to my epiphany, my moment of enlightenment. And I want you to get critical. I want you to ask yourselves, "Why wouldn't this work?" And then come and talk to me afterwards about it. Its technical name is "sortition." But its common name is "random selection." And the idea is actually very simple: we randomly select people and put them in parliament.
Je crois qu'il y a deux façons de résoudre ce paradoxe. La première : abandonner la démocratie ; elle ne fonctionne pas. Élisons des démagogues populistes qui ignoreront les normes démocratiques, qui piétineront la liberté pour faire avancer les choses. L'autre option, je crois, c'est de réparer ce système, rapprocher la pratique de l'idéal et donner une place à la diversité de notre société dans nos parlements, pour les amener à élaborer des lois bien étudiées et fondées sur des preuves pour le bien à long terme de tous. Ce qui m'amène à mon épiphanie, mon illumination. Et je vous demande d'être critique. Je veux que vous vous demandiez : « Pourquoi ça ne marcherait pas ? » Et que vous veniez m'en parler après. Son nom technique est « sortition ». Mais son nom courant est « sélection aléatoire ». Et l'idée est en fait très simple : on sélectionne des gens au hasard et on les met au parlement.
(Laughter)
(Rires)
Let's think about that for a few more minutes, shall we? Imagine we chose you and you and you and you and you down there and a bunch of other random people, and we put you in our parliament for the next couple of years. Of course, we could stratify the selection to make sure that it matched the socioeconomic and demographic profile of the country and was a truly representative sample of people. Fifty percent of them would be women. Many of them would be young, some would be old, a few would be rich, but most of them would be ordinary people like you and me. This would be a microcosm of society. And this microcosm would simulate how we would all think, if we had the time, the information and a good process to come to the moral crux of political decisions. And although you may not be in that group, someone of your age, someone of your gender, someone from your location and someone with your background would be in that room.
Pensons-y quelques minutes, d'accord ? Imaginez qu'on vous choisisse et vous, et vous, et vous, et vous là-bas, et plein d'autres gens au hasard, et qu'on vous mette au parlement pour les prochaines années. On pourrait bien sûr stratifier la sélection pour qu'elle représente bien le profil socioéconomique et démographique du pays et qu'elle soit un échantillon de personnes bien représentatif. Cinquante pour cent seraient des femmes. Plusieurs seraient jeunes, certains seraient vieux, d'autres riches, mais la plupart serait des gens ordinaires comme vous et moi. Ce serait un microcosme de la société. Et ce microcosme simulerait notre façon à tous de penser, si nous avions le temps, l'information et un bon processus pour arriver à l'essence morale des décisions politiques. Et même si vous n'étiez pas dans ce groupe, quelqu'un de votre âge, quelqu'un de votre sexe, quelqu'un de votre région et quelqu'un avec vos antécédents s'y trouverait.
The decisions made by these people would build on the wisdom of crowds. They would become more than the sum of their parts. They would become critical thinkers with access to experts, who would be on tap but not on top. And they could prove that diversity can trump ability when confronting the wide array of societal questions and problems. It would not be government by public opinion poll. It would not be government by referendum. These informed, deliberating people would move beyond public opinion to the making of public judgments.
Les décisions prises par ces gens s'appuieraient sur la sagesse des foules. Ils deviendraient plus que la somme de leurs parties. Ils deviendraient des penseurs critiques ayant accès à des experts, qui seraient accessibles et non au-dessus de nous. Et ils pourraient prouver que la diversité peut l'emporter sur l'habileté quand on est face à un large éventail de questions et problèmes sociétaux. Ça ne serait pas un gouvernement par sondages. Ça ne serait pas un gouvernement par référendum. Ces gens informés et consciencieux iraient au-delà de l'opinion publique pour élaborer des jugements publiques.
However, there would be one major side effect: if we replaced elections with sortition and made our parliament truly representative of society, it would mean the end of politicians. And I'm sure we'd all be pretty sad to see that.
Mais il y aurait un effet secondaire majeur : si on remplaçait les élections par la « sortition » et qu'on rendait nos parlements vraiment représentatifs de la société, ça signifierait la fin des politiciens. Et je suis certain qu'on serait tous très tristes d'assister à cela.
(Laughter)
(Rires)
Very interestingly, random selection was a key part of how democracy was done in ancient Athens. This machine, this device, is called a kleroteria. It's an ancient Athenian random-selection device. The ancient Athenians randomly selected citizens to fill the vast majority of their political posts. They knew that elections were aristocratic devices. They knew that career politicians were a thing to be avoided. And I think we know these things as well. But more interesting than the ancient use of random selection is its modern resurgence. The rediscovery of the legitimacy of random selection in politics has become so common lately, that there's simply too many examples to talk about.
Il est très intéressant de noter que la sélection au hasard était un élément clé de la démocracie dans l'Athènes antique. Cette machine, cet appareil, s'appelle « kleroteria ». C'est un ancien appareil athénien de sélection aléatoire. Les Athéniens sélectionnaient aléatoirement les citoyens pour combler la grande majorité des postes politiques. Ils savaient que les élections étaient des appareils aristocratiques. Ils savaient que les politiciens de carrière étaient à éviter. Et je crois que nous le savons aussi. Mais plus intéressant encore que l'usage ancien de la sélection aléatoire, est sa résurgence moderne. La redécouverte de la légitimité de la sélection politique aléatoire est devenue si commune dernièrement, qu'il y a simplement trop d'exemples à citer.
Of course, I'm very aware that it's going to be difficult to institute this in our parliaments. Try this -- say to your friend, "I think we should populate our parliament with randomly selected people." "Are you joking? What if my neighbor gets chosen? The fool can't even separate his recycling." But the perhaps surprising but overwhelming and compelling evidence from all these modern examples is that it does work. If you give people responsibility, they act responsibly. Don't get me wrong -- it's not a panacea. The question is not: Would this be perfect? Of course not. People are fallibly human, and distorting influences will continue to exist.
Je sais, bien sûr, que ça sera difficile à instituer dans nos parlements. Essayez ceci -- dites à votre ami, « Je pense qu'on devrait sélectionner aléatoirement les gens du parlement. - Tu rigoles ? Et si mon voisin est choisi ? Cet idiot n'arrive même pas à trier ses déchets pour le recyclage. » Mais la preuve, peut-être étonnante, certainement écrasante et convaincante, de tous ces exemples modernes, c'est que ça fonctionne. Si vous donnez des responsabilités aux gens, ils seront responsables. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas une panacée. La question n'est pas : est-ce que ce sera parfait ? Bien sûr que non. Les gens sont des humains faillibles, et les influences perturbatrices continueront d'exister.
The question is: Would it be better? And the answer to that question, to me at least, is obviously yes. Which gets us back to our original question: How should we live together? And now we have an answer: with a parliament that uses sortition. But how would we get from here to there? How could we fix our broken system and remake democracy for the 21st century?
La question est : est-ce que ce sera meilleur ? La réponse à cette question, pour moi au moins, est certainement oui. Ce qui nous ramène à la question originale : comment devrions-nous vivre ensemble ? Et maintenant, nous avons une réponse : avec un parlement qui utilise la sortition. Mais comment y arriver ? Comment pourrions-nous réparer ce système brisé et reconstruire la démocratie pour le XXIe siècle ?
Well, there are several things that we can do, and that are, in fact, happening right now. We can experiment with sortition. We can introduce it to schools and workplaces and other institutions, like Democracy In Practice is doing in Bolivia. We can hold policy juries and citizens' assemblies, like the newDemocracy Foundation is doing in Australia, like the Jefferson Center is doing in the US and like the Irish government is doing right now. We could build a social movement demanding change, which is what the Sortition Foundation is doing in the UK. And at some point, we should institute it.
Eh bien, il y a plusieurs choses que nous pouvons faire, et, en fait, elles se font en ce moment même. Nous pouvons expérimenter la sortition. Nous pouvons l'adopter dans les écoles, au travail et dans les autres institutions, comme le fait « Democracy In Practice », en Bolivie. On pourrait créer des jurys politiques et des assemblées citoyennes, comme le fait la fondation « newDemocracy », en Australie, comme le fait le centre Jefferson, aux États-Unis et comme le fait le gouvernement irlandais en ce moment même. Nous pourrions créer un mouvement social qui réclame le changement, ce que fait la fondation Sortition au Royaume-Uni. Et à un certain moment, nous devrions l'adopter.
Perhaps the first step would be a second chamber in our parliament, full of randomly selected people -- a citizens' senate, if you will. There's a campaign for a citizens' senate in France and another campaign in Scotland, and it could, of course, be done right here in Hungary. That would be kind of like a Trojan horse right into the heart of government. And then, when it becomes impossible to patch over the cracks in the current system, we must step up and replace elections with sortition.
La première étape serait probablement d'avoir une 2e chambre au parlement, avec des gens sélectionnés au hasard -- un sénat citoyen, si vous voulez. En France, il y a une campagne pour un sénat citoyen et aussi en Écosse, et ça pourrait se faire ici aussi, en Hongrie. Ça serait un peu comme un cheval de Troie en plein cœur du gouvernement. Puis, quand ça devient impossible de colmater les fissures du système actuel, on passe à la vitesse supérieure : remplacer les élections par la sortition.
I have hope. Here in Hungary, systems have been created, and systems have been torn down and replaced in the past. Change can and does happen. It's just a matter of when and how.
J'ai espoir. Ici, en Hongrie, des systèmes ont été créés, dans le passé, et d'autres, démolis et remplacés. Les choses peuvent changer et changent en effet. C'est juste une question de temps et de moyens.
Thank you. (Hungarian) Thank you.
Merci. (En hongrois) Merci.
(Applause)
(Applaudissements)