Almost 20 years have passed since 9/11. It is time to take stock of where we stand and stop and think. It is time to ask ourselves, have the assumptions and policies we developed in the wake of those tragic events truly made us more secure? Have they made our societies, both in Europe and in the United States, more resilient?
Presque 20 années se sont écoulées depuis le 11 septembre. Il est temps de faire le point sur la situation, de marquer un temps d'arrêt et de réfléchir. Il est temps de nous demander : les suppositions et politiques développées à la suite de ces événements tragiques ont-elles amélioré notre sécurité ? Ont-elles rendu nos sociétés, en Europe et aux États-Unis, plus résistantes ?
I've worked all my life in the field of security and defense, and I am convinced that now, more than ever, we need to radically reframe the way we think and act about security, and especially about international security. By international security, I actually mean what we do, how we prepare our countries to better respond and prevent external threats, and how we protect our citizens. The key to both is to focus on protecting civilians, both in our own countries and in those where we are present in the name of security.
J'ai travaillé toute ma vie dans le domaine de la sécurité et de la défense et je suis convaincue que maintenant, plus que jamais, nous devons radicalement revoir notre façon de penser et agir en matière de sécurité et, en particulier, en matière de sécurité internationale. Par sécurité internationale, je parle de ce que nous faisons, comment nous préparons nos pays à mieux répondre et éviter les menaces extérieures et comment nous protégeons nos citoyens. La clé de ces deux choses est de nous concentrer sur la protection des civils dans notre propre pays et dans ceux où ils sont présents au nom de la sécurité.
Now, this idea goes against the fixed narrative that we developed over the past 20 years over what security is and how to get it, but that narrative is flawed, and worse, it is counterproductive. Over the past 20 years, both in the United States and in Europe, we've come to accept that we must talk about security in zero sum terms, as if the only way to gain more security is by compromising on values and rights: security versus human rights, safety versus freedom and development. This is a false opposition. It just doesn't work like that. We need to recognize that security and human rights are not opposite values, they are intrinsically related. After all, the most basic human right is the right to live and to be free from violence, and a state's most basic responsibility is to guarantee that right for its citizens. Conversely, if we think about communities all over the world affected by war and conflict, it is insecurity and violence that stops them from achieving their full freedom and development. Now, they need basic security just as much as we do and they need it so they can live a normal life and so that they can enjoy their human rights.
Cette idée va à l'encontre du récit préétabli que nous avons développé durant les 20 dernières années au sujet de ce qu'est la sécurité et de comment l'obtenir, mais ce récit est erroné et, pire, il est contre-productif. Les 20 dernières années, aux États-Unis et en Europe, nous avons accepté de parler de la sécurité comme d'un jeu de somme nulle, comme si pour augmenter la sécurité, il fallait faire des compromis sur des valeurs et droits : la sécurité contre les droits de l'Homme, la sûreté contre la liberté et le développement. C'est une opposition factice. Cela ne fonctionne pas ainsi. Nous devons reconnaître que la sécurité et les droits de l'Homme ne sont pas contradictoires, ils sont intrinsèquement liés. Après tout, le droit de l'Homme le plus fondamental est le droit de vivre sans violence et la responsabilité la plus fondamentale d'un État est de garantir ce droit à ses citoyens. Réciproquement, si nous pensons aux communautés à travers le monde qui sont touchées par les guerres et les conflits, c'est l'insécurité et la violence qui les empêchent d'obtenir leur liberté pleine et entière et leur développement. Elles ont autant besoin que nous d'une sécurité élémentaire et elles en ont besoin pour vivre une vie normale et jouir des droits de l'Homme.
This is why we need to shift. We need to acknowledge that sustainable security builds on a foundation of human rights, builds on promoting and respecting human rights.
C'est pourquoi nous devons changer. Nous devons reconnaître qu'une sécurité durable s'établit sur la fondation des droits de l'Homme, s'établit sur la promotion et le respect des droits de l'Homme.
Also, over the past two decades, we have accepted that the best way to guarantee our own security is by defeating our enemies, and to do that, we need to rely almost exclusively on the military. Again, this clashes with my work, with my research, with what I see in the field. What I see is that building sustainable security has a lot less to do with crushing enemies, has a lot less to do with winning on the battlefield, and has a lot more to do with protecting victims and building stability. And to do that, well, the military alone is simply insufficient.
Au cours des deux dernières décennies, nous avons accepté que la meilleure façon de garantir notre propre sécurité est de vaincre nos ennemis et, pour ce faire, nous devons compter presque exclusivement sur l'armée. A nouveau, cela s'oppose à mon travail, à ma recherche, aux observations sur le terrain. J'observe qu'établir une sécurité durable a moins à voir avec le fait d'anéantir les ennemis, a moins à voir avec la victoire sur le champ de bataille et a plus à voir avec la protection des victimes et le fait d'instaurer la stabilité. Pour ce faire, l'armée seule ne suffit simplement pas.
This is why I believe we need to shelve the never-ending War on Terror, and we need to replace it with a security agenda that is driven by the principle of protecting civilians, no matter where they are from, what passport they hold, or where they live: Vancouver, New York, Kabul, Mosul, Aleppo or Douma. Sustainable security tells us that we're more likely to have long-term security at home for ourselves if we focus our engagements abroad on protecting civilians and on ensuring their lives are lived in dignity and free from violence.
C'est pourquoi je crois que nous devons mettre de côté l'éternelle guerre contre le terrorisme et la remplacer avec des projets pour la sécurité axés sur le principe de protection des civils, peu importe d'où ils viennent, quel est leur passeport ou où ils vivent : Vancouver, New York, Kaboul, Mossoul, Alep ou Douma. La sécurité durable nous dit que nous avons plus de chances d'avoir une sécurité à long terme chez nous si nous concentrons nos engagements à l'étranger sur la protection des civils et sur le fait d'assurer qu'ils vivent dans la dignité
For example, we all know that defeating ISIS
et sans violence.
is a security achievement. Absolutely. But rebuilding destroyed homes, restoring order, ensuring a representative political system, these are just as, if not more important, and not just for the security of civilians in Iraq and in Syria, but for our own security and for global stability.
Par exemple, nous savons tous que renverser Daech serait une réussite en termes de sécurité. Absolument. Mais reconstruire des maisons détruites, restaurer l'ordre, assurer un système politique représentatif, ces choses sont tout aussi importantes, si ce n'est plus, et pas seulement pour la sécurité des civils en Irak et en Syrie, mais pour notre propre sécurité et pour l'équilibre mondial.
More fundamentally, ISIS's danger should not just be counted in the number of weapons it holds but also in the number of children it has kept out of school or indoctrinated. This is from a security perspective. From a security perspective, the long-term generational impact of having millions of children in Syria growing up knowing only war and out of school, this is a far more dangerous threat to stability than all of ISIS's weapons combined, and we should spend just as much time and just as much energy to counter this as what we spend when countering ISIS militarily.
Plus fondamentalement, le danger de Daech ne devrait pas être estimé par le nombre d'armes détenues mais aussi le nombre d'enfants qu'ils ont empêchés d'aller à l'école ou endoctrinés. Cela est vrai d'un point de vue de la sécurité. D'un point de vue de la sécurité, l'incidence générationnelle à long terme de millions d'enfants en Syrie grandissant en ne connaissant que la guerre et sans aller à l'école est une menace envers la stabilité qui est bien plus dangereuse que toutes les armes de Daech réunies et nous devrions passer autant de temps et d'énergie à contrer cela que nous en passons à contrer Daech militairement.
Over the past two decades, our security policy has been short-term. It has focused on the here and now. It has systematically downplayed the link between what we do today in the name of security and the long-term impact of those choices. In the years after 9/11, some of the choices, some of the policies we've implemented have probably made us less, not more secure in the long term. Sustainable, civilian-centered security needs to look at what happens in the long term. Again, for example, relying on drones to target enemies in faraway countries may be a tool. It may be a tool to make sure or to lessen the threat of an imminent attack on the United States. But what about the long-term impact? If civilians are killed, if communities are targeted, this will feed a vicious circle of war, conflict, trauma and radicalization, and that vicious circle is at the center of so many of the security challenges we face today. This will not make us safer in the long term.
Au cours des deux dernières décennies, notre politique de sécurité a vu à court terme. Elle s'est concentrée sur le moment présent. Elle a systématiquement minimisé le lien entre ce que nous faisons aujourd'hui au nom de la sécurité et l'effet à long terme de ces choix. Dans les années suivant le 11 septembre, certains des choix, certaines des politiques que nous avons mises en place ont probablement diminué, pas augmenté notre sécurité à long terme. Une sécurité durable, axée sur les civils doit considérer ce qu'il se passe sur le long terme. A nouveau, par exemple, compter sur les drones pour cibler les ennemis dans des pays éloignés peut être un outil. Ce peut être un outil pour s'assurer ou pour minimiser la menace d'une attaque imminente envers les États-Unis. Mais qu'en est-il de l'effet à long terme ? Si des civils sont tués, si des communautés sont visées, cela nourrira un cercle vicieux de guerre, de conflit, de traumatisme et de radicalisation et ce cercle vicieux est au cœur de nombre des défis de sécurité auxquels nous faisons face. Cela n'améliorera pas notre sécurité à long terme.
We need civilian security, we need sustainable civilian-centered security, and we need it now. We need to encourage thinking and research around this concept, and to implement it.
Nous avons besoin de sécurité civile, nous avons besoin de sécurité durable et axée sur les civils et nous en avons besoin maintenant. Nous devons encourager la réflexion et la recherche autour de ce concept afin de le mettre en place.
We live in a dangerous world. We have many threats to peace and conflict. Much like in the days after 9/11, we simply cannot afford not to think about international security. But we have to learn the lessons of the past 20 years. To get it right, to get security right, we need to focus on the long term. We need to focus on protecting civilians. And we need to respect and acknowledge the fact that sustainable security builds on a foundation of human rights. Otherwise, in the name of security, we risk leaving the world a far more dangerous and unstable place than what we already found it in.
Nous vivons dans un monde dangereux. Il y a beaucoup de menaces envers la paix et de conflits. Comme dans les jours suivant le 11 septembre, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas réfléchir à la sécurité internationale. Mais nous devons tirer des leçons des 20 dernières années. Pour bien faire les choses en termes de sécurité, nous devons nous concentrer sur le long terme, sur la protection des civils. Et nous devons respecter et reconnaître le fait qu'une sécurité durable s'établit sur la fondation des droits de l'Homme. Autrement, au nom de la sécurité, nous risquons de faire du monde un lieu bien plus dangereux et instable que celui que nous avons trouvé.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)