Silicon Valley is obsessed with disruption, but these days, the biggest disruptor didn't come out of Silicon Valley. It came out of steel towns in Ohio, rural communities in Pennsylvania, the Panhandle in Florida. And this last US presidential election was the mother of all disruptions. Once again, politics is personal. Millions of Americans became activists overnight, pouring into the streets in record numbers in record time.
La Silicon Valley est obsédée par la rupture, mais dernièrement, le plus grand bouleversement n'est pas venu de là. Il est venu des villes de l'acier de l'Ohio, des communautés rurales de Pennsylvanie, de la péninsule de Floride. Cette élection présidentielle aux États-Unis a créé toutes les ruptures. Encore une fois, la politique est un sujet personnel. Des millions d'Américains sont devenus activistes durant la nuit, se déversant dans les rues en un nombre record, en un temps record.
(Laughter)
(Rires)
The election has done to family holiday dinners what Uber has done to New York City's taxi system. Couples have broken up and marriages disrupted. And the election is doing to my private life what Amazon is doing to shopping malls. These days, the ACLU is on the front lines 24/7, and even if I manage to sneak away for a couple of miles on the treadmill, any cardio benefit I get is instantly obliterated when I read another presidential tweet on the headline scroll. Even my secret pleasure of studying the Italian painters have been infected by politics.
Cette élection a fait au repas de famille ce qu'Uber a fait au système de taxis new-yorkais. Des couples se sont séparés, des mariages ont été perturbés. Cette élection fait à ma vie privée ce qu'Amazon fait aux centres commerciaux. Ces derniers jours, l'ACLU est sur le front 24h sur 24, 7 jours sur 7, et même si j'arrive à m'échapper sur le tapis de course, tout le bénéfice de ma séance cardio est immédiatement anéanti quand je lis un nouveau tweet du président dans les actualités. Même mon plaisir secret d'étudier les peintres italiens a été infecté par la politique.
Now, I study, even stalk, the old masters. This is my desk, with a postcard exhibition of some famous and obscure paintings mostly from the Italian Renaissance. Now, art used to provide me with a necessary break from the hurly-burly of politics in my daily work at the ACLU, but not anymore.
J'étudie avec insistance les anciens maîtres. C'est mon bureau, avec une expostion de cartes postales de peintures connues ou non de l'Italie de la Renaissance. L'art était pour moi une pause nécessaire du tohu-bohu de la politique dans mon travail quotidien pour l'ACLU, mais plus maintenant.
I was at the Women's March in San Francisco the day after inauguration, and the crowd was chanting, "This is what democracy looks like." "This is what democracy looks like." And there I was holding my sign and my umbrella in the rain, and I flashed on an old painting that first captivated me many years ago. I struggled to remember the different pieces of an actual painting of good and bad government. It was almost like the old master was taunting me. You want to know what democracy looks like? Go back and look at my frescoes.
J'étais à la marche des femmes le lendemain de l'inauguration, et la foule scandait : « C'est ça, la démocratie. C'est ça, la démocratie. » Et je tenais ma pancarte et mon parapluie sous la pluie, et je me suis rappelé d'un vieux tableau qui m'avait captivé il y a longtemps. J'ai lutté pour me rappeler des détails d'un tableau représentant un bon et un mauvais gouvernement. C'était comme si un ancien maître me narguait. Tu veux savoir ce qu'est la démocratie ? Va regarder mes fresques.
And so I did. In 1339, Ambrogio Lorenzetti finished a monumental commission in the governing council chamber of Siena's Palazzo Pubblico. It's a painting that speaks to us, even screams to us, today. "Art is a lie that makes us realize truth," Pablo Picasso once said. And as we search for the truth about government, we should keep Ambrogio's work, not a lie but an allegory, in our collective mind's eye.
C'est ce que j'ai fait. En 1339, Ambrogio Lorenzetti finit une commande monumentale dans la salle du conseil des gouverneurs du Palazzo Pubblico de Sienne. C'est un tableau qui nous parle, qui nous crie dessus même, aujourd'hui. « L'art est un mensonge qui nous fait réaliser la vérité », a dit Pablo Picasso. En cherchant la vérité à propos du gouvernement, il faut garder le travail d'Ambrogio, pas le mensonge mais l'allégorie, dans notre imaginaire collectif.
During Lorenzetti's time, the political legitimacy of Italian city-states was often on very shaky ground. Siena was a republic, but there had been enormous unrest in the two decades leading up to the commission. Siena's political leaders, who would literally govern under the eyes of these allegorical figures, were Lorenzetti's intended audience. He was cataloging the obligations of the governing to the governed.
Du temps de Lorenzetti, la légitimité politique des Cités-États italiennes était souvent remise en question. Sienne était une république, avec beaucoup d'instabilité durant les vingt ans précédant la commande. Les dirigeants politiques de Sienne, qui gouvernaient sous les yeux de ces figures allégoriques, étaient le public de Lorenzetti. Il cataloguait les devoirs des gouvernants envers les gouvernés.
Now, you can spend years studying these frescoes. Some scholars have. I'm hardly an art historian, but I am passionate about art, and a work this massive can overwhelm me. So first, I focus on the big stuff.
Vous pouvez étudier ces fresques pendant des années. Comme certains experts. Je ne suis pas un historien de l'art, mais je suis un passionné d'art, et un travail si vaste peut m'accabler. Donc je me concentre d'abord sur le plus gros.
This is the allegory of good government. The majestic figure here in the middle is dressed in Siena's colors and he personifies the republic itself. Lorenzetti labels him "Commune," and he's basically telling the Sienese that they, and not a king or a tyrant, must rule themselves. Now, surrounding Commune are his advisors. Justice is enthroned. She's looking up at the figure of wisdom, who actually supports her scales of justice. Concord, or Harmony, holds a string that comes off the scales of justice that binds her to the citizens, making them all compatriots in the republic. And finally we see Peace. She looks chilled out, like she's listening to Bob Marley. When good government rules, Peace doesn't break a sweat.
C'est une allégorie d'un bon gouvernement. La figure majestueuse au milieu, habillée aux couleurs de Sienne, personnifie la république elle-même. Lorenzetti l'appelle « Commune » et il dit aux Siennois que ce sont eux, non un roi ou un tyran, qui doivent gouverner. Autour de Commune, il y a ses conseillers. La Justice sur un trône. Elle regarde le visage de la sagesse, qui supporte les balances de la Justice. Concorde, ou Harmonie, tient la corde qui sort de la balance de la Justice qui la lie aux citoyens, les faisant tous compatriotes de la république. Puis nous voyons la Paix. Elle a l'air détendue, comme si elle écoutait du Bob Marley. Quand un bon gouvernement dirige, la Paix n'est pas inquiète.
Now, these are big images and big ideas, but I really love the small stuff. Along another wall, Lorenzetti illustrates the effects of good government on the real and everyday lives of ordinary people with a series of delicious little details. In the countryside, the hills are landscaped and farmed. Crops are being sown, hoed, reaped, milled, plowed, all in one picture. Crops and livestock are being brought to market. In the city, builders raise a tower. People attend a law lecture, a TED Talk of the 14th century.
Voilà les grandes idées, mais j'aime aussi les petits détails. Près d'un autre mur, Lorenzetti illustre les effets d'un bon gouvernement dans la vie quotidienne des gens ordinaires avec une série de merveilleux petits détails. Dans la campagne, les collines sont aménagées et cultivées. Les cultures sont semées, labourées, récoltées, moulues, en une seule image. Cultures et bétail sont emmenés au marché. Dans la ville, des gens construisent une tour. Des gens sont à une conférence de droit, une conférence TED du XIVe siècle.
(Laughter)
(Rires)
Schoolchildren play. Tradesmen thrive. Dancers larger than life dance with joy. And watching over the republic is the winged figure Security, whose banner reads, "Everyone shall go forth freely without fear."
Les écoliers jouent. Les marchands prospèrent. Des danseurs plus grands que nature dansent avec joie. Et veillant sur la république, la Sécurité et ses ailes, dont la bannière dit : « Chacun doit avancer librement sans peur. »
Now, what's amazing about these images from 800 years ago is that they're familiar to us today. We see what democracy looks like. We experience the effects of good government in our lives, just as Lorenzetti did in his life.
Ce qui est génial à propos de ces images d'il y a 800 ans c'est qu'elles nous sont familières. Nous voyons à quoi la démocratie ressemble. Nous connaissons les effets d'un bon gouvernement sur nos vies, tout comme Lorenzetti en son temps.
But it is the allegory of bad government that has been haunting me since November 9. It's badly damaged, but it reads like today's newspapers. And ruling over bad government is not the Commune but the Tyrant. He has horns, tusks, crossed eyes, braided hair. He obviously spends a lot of time on that hair.
Mais c'est l'allégorie d'un mauvais gouvernement qui me hante depuis le 9 novembre. C'est assez endommagé, mais on le lit comme l'un de nos journaux. Celui qui dirige le mauvais gouvernement n'est pas Commune, mais le Tyran. Il a des cornes, des défenses, un strabisme, des cheveux tressés. Il passe beaucoup de temps à se coiffer.
(Laughter)
(Rires)
Justice now lies helpless at his feet, shackled. Her scales have been severed. Justice is the key antagonist to the Tyrant, and she's been taken out.
La Justice est étendue à ses pieds, impuissante, menottée. Ses balances ont été coupées. La Justice est le principal antagoniste du Tyran, et elle a été supprimée.
Now, surrounding the Tyrant, Lorenzetti illustrates the vices that animate bad government. Avarice is the old woman clutching the strongbox and a fisherman's hook to pull in her fortune. Vainglory carries a mirror, and Lorenzetti warns us against narcissistic leaders who are guided by their own ego and vanity. On the Tyrant's right is Cruelty. Treason, half lamb, half scorpion, lulls us into a false sense of security and then poisons a republic. Fraud, with the flighty wings of a bat. On the Tyrant's left, you see Division. She's dressed in Siena's colors. "Si" and "No" are painted on her body. She uses a carpenter's saw to chop her body in half. And Fury wields the weapons of the mob, the stone and knife.
Autour du Tyran, Lorenzetti illustre les vices du mauvais gouvernement. L'avarice est la vieille femme s'aggripant au coffre-fort et à l'hameçon du pêcheur pour tirer sa fortune. La Vanité porte un miroir. Lorenzetti nous met en garde contre les dirigeants narcissiques qui sont guidés par leur ego et leur orgueil. À la droite du Tyran, il y a la Cruauté. La Trahison, mi-agneau, mi-scorpion, nous leurre vers un faux sentiment de sécurité et empoisonne la république. La Fraude avec des ailes de chauve-souris. À la gauche de Tyran, il y a la Division. Elle porte les couleurs de Sienne. « Si » et « No » sont peints sur son corps. Elle utilise une scie de menuisier pour couper son corps en deux. Et la Furie brandit les armes de la foule, la pierre et le couteau.
In the remainder of the fresco, Lorenzetti shows us the inevitable effects of bad government. The civic ideals celebrated elsewhere in this room have failed us, and we see it. The once beautiful city has fallen to pieces, the countryside barren, the farms abandoned. Many are in flames. And in the sky above is not the winged figure Security, but that of Fear, whose banner reads: "None shall pass along this road without fear of death."
Dans le reste de la fresque, Lorenzetti nous montre les effets d'un tel gouvernement. Les idéaux civiques célébrés ailleurs dans la pièce ont échoué, et nous le voyons. La cité jadis magnifique est tombée en morceaux, la campagne dévastée, les fermes abandonnées. Beaucoup sont en flammes. Et dans le ciel, il n'y a plus la Sécurité, mais la Peur, avec sa bannière : « Personne n'empruntera cette route sans la peur de la mort. »
Now, the final image, the most important one, really, is one that Lorenzetti did not paint. It is of the viewer. Today, the audience for Lorenzetti's frescoes is not the governing but the governed, the individual who stands in front of his allegories and walks away with insight, who heeds a call to action. Lorenzetti warns us that we must recognize the shadows of Avarice, Fraud, Division, even Tyranny when they float across our political landscape, especially when those shadows are cast by political leaders loudly claiming to be the voice of good government and promising to make America great again.
Et l'image finale, la plus importante, est ce que Lorenzetti n'a pas peint. C'est le spectateur. Le public des fresques de Lorenzetti, n'est pas le gouvernant mais les gouvernés, les individus qui sont face à ces allégories et qui repartent avec la connaissance, qui tiennent compte de l'appel à l'action. Lorenzetti nous dit que l'on doit reconnaître les ombres de l'Avarice, de la Fraude, de la Division et de la Tyrannie quand elles flottent dans notre paysage politique, notamment lorsque ces ombres sont jetées par les dirigeants clamant haut et fort qu'ils sont la voix du bon gouvernement et qu'ils promettent de rendre sa grandeur à l'Amérique.
And we must act. Democracy must not be a spectator sport. The right to protest, the right to assemble freely, the right to petition one's government, these are not just rights. In the face of Avarice, Fraud and Division, these are obligations. We have to disrupt --
Nous devons agir. La Démocratie doit être un effort collectif. Le droit de protester, de se réunir librement, d'envoyer une pétition au gouvernement, ce ne sont pas que des droits. Face à l'Avarice, la Fraude, la Division, ce sont des devoirs. Nous devons perturber -
(Applause)
(Applaudissements)
We have to disrupt our lives so that we can disrupt the amoral accretion of power by those who would betray our values. We and we the people must raise justice up and must bring peace to our nation and must come together in concord, and we have a choice. We could either paint ourselves into the worst nightmare of Lorenzetti's bad government, or we can stay in the streets, disruptive, messy, loud. That is what democracy looks like.
Nous devons perturber nos vies pour perturber ce cumul de pouvoir immoral par ceux qui trahissent nos valeurs. Nous, le peuple, devons restaurer la justice et apporter la paix à notre nation. Nous devons nous retrouver à la Concorde, nous avons le choix. Nous pouvons soit nous peindre dans le cauchemar du mauvais gouvernement de Lorenzetti ou rester dans les rues, perturbateurs, bruyants. C'est ça, la démocratie.
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)
Chris Anderson: First of all, wow. Obviously, many people passionately -- you spoke to many people passionately here. I'm sure there are other people here who'd say, look, Trump was elected by 63 million people. He's far from perfect, but he's trying to do what he was elected to do. Shouldn't you give him a chance?
Chris Anderson : Ouah ! Beaucoup de personnes passionnément - vous avez parlé à beaucoup avec passion. Je suis sûr que d'autres ici qui diront que Trump a été élu par 63 millions de gens. Il est loin d'être parfait, mais il essaye de faire ce pour quoi il a été élu. Laissez-lui sa chance.
Anthony Romero: I think we have to recognize the legitimacy of him as president versus the legitimacy of his policies. And when so many of the policies are contrary to fundamental values, that we're all equal under the law, that we're not judged by the color of our skin or the religion we worship, we have to contest those values even as we recognize and honor the fact that our democracy rendered us a president who is championing those values.
Anthony Romero : Nous devons différencier sa légitimité en tant que président de la légitimité de sa politique. Et quand plusieurs règles sont contraires aux valeurs fondamentales, que nous sommes tous égaux face à la Loi, que nous ne sommes pas jugés par la couleur de notre peau ou notre religion, nous devons contester ces valeurs même si nous reconnaissons que notre démocratie nous a apporté un président qui défend ces valeurs.
CA: And the ACLU isn't just this force on the left, right? You're making other arguments as well.
CA : L'ACLU n'est pas que cette force sur la gauche ? Vous développez d'autres arguments.
AR: Well, you know, very often we piss everyone off at one point. That's what we do. And we recently were taking stands for why Ann Coulter needs to be able to speak at Berkeley, and why Milo has free speech rights. And we even wrote a blog that almost burnt the house down among some of our members, unfortunately, when we talked about the fact that even Donald Trump has free speech rights as president, and an effort to hold him accountable for incitement of violence at his marches or his rallies is unconstitutional and un-American. And when you put that statement out there to a very frothy base that always is very excited for you to fight Donald Trump, and then you have a new one saying, "Wait, these rights are for everybody, even the president that we don't like." And that's our job.
AR : Vous savez, nous énervons tout le monde à un moment. C'est ce que nous faisons. Récemment, nous avons pris position pour qu'Ann Coulter puisse s'exprimer à Berkeley et que Milo ait la liberté d'expression. Nous avons écrit un blog qui a créé une polémique parmi nos membres, malheureusement, en discutant du fait que même Trump avait droit à la liberté d'expression en tant que président et qu'un effort pour le tenir responsable d'incitation à la violence lors de ses meetings est inconstitutionnel et n'est pas américain. Lorsque vous dites cela à une base qui est toujours très excitée de vous voir combattre Donald Trump, et puis vous avez ceux qui disent : « Ces droits sont pour tout le monde, même pour ce président. » C'est notre travail.
(Applause)
(Applaudissements)
CA: Anthony, you spoke to so many of us so powerfully.
CA : Anthony, vous nous avez parlé de façon si puissante.
Thank you so much. Thank you.
Merci beaucoup. Merci.
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(Applaudissements)