So my grandfather told me when I was a little girl, "If you say a word often enough, it becomes you." And having grown up in a segregated city, Baltimore, Maryland, I sort of use that idea to go around America with a tape recorder -- thank God for technology -- to interview people, thinking that if I walked in their words -- which is also why I don't wear shoes when I perform -- if I walked in their words, that I could sort of absorb America. I was also inspired by Walt Whitman, who wanted to absorb America and have it absorb him.
Quand j'étais petite , mon grand-père m'a dit: "Si tu dis un mot suffisamment souvent, tu deviens ce mot" Et comme j'ai grandi dans une ville où la ségrégation existait, Baltimore, Maryland, j'ai en quelque sorte eu cette idée de traverser l'Amérique avec un enregistreur- vive la technologie- pour interroger les gens, pensant que, si je marchais dans leurs mots- et c'est aussi la raison pour laquelle je ne porte pas de chaussures sur scène- si je marchais dans leurs mots, je pourrais plûtot absorber l'Amérique. j'ai aussi été inspirée par Walt Whitman, qui voulait absorber l'Amérique et se faire aspirer par elle.
So these four characters are going to be from that work that I've been doing for many years now, and well over, I don't know, a couple of thousand people I've interviewed. Anybody out here old enough to know Studs Terkel, that old radio man? So I thought he would be the perfect person to go to to ask about a defining moment in American history. You know, he was "born in 1912, the year the Titanic sank, greatest ship every built. Hits the tip of an iceberg, and bam, it went down. It went down and I came up. Wow, some century." (Laughter)
Donc ces quatre personnages sont issus de ce travail, que je fais depuis plusieurs années maintenant, sur-je ne sais pas-peut-être 2000 personnes que j'ai interrogées. Est-ce que quelqu'un ici est assez vieux pour connaître Studs Terkel, ce vieil animateur radio? Donc , j'ai pensé qu'il serait la personne idéale à qui demander de parler d'un moment important de l'histoire américaine. vous savez, il est "né en 1912, l'année du naufrage du Titanic, le plus grand bateau jamais construit. Il heurte le sommet d'un iceberg, et bam, il coule. Il a été submergé et j'ai émergé: wow, quel siècle!" (Rires)
So this is his answer about a defining moment in American history. "Defining moment in American history, I don't think there's one; you can't say Hiroshima, that's a big one -- I can't think of any one moment I would say is a defining moment. The gradual slippage -- 'slippage' is the word used by the people in Watergate, moral slippage -- it's a gradual kind of thing, combination of things. You see, we also have the technology. I say, less and less the human touch.
Donc ceci est sa définition d'un moment décisif de l'histoire américaine. Un moment décisif dans l'histoire américaine, je ne pense pas qu'il y en ait; vous ne pouvez pas dire Hiroshima, celui-ci est énorme, je ne peux pas évoquer un moment dont je dirais qu'il est décisif. Le dérapage progressif -dérapage- c'est bien le terme utilisé par les gens du Watergate, le dérapage moral- c'est quelquechose de progressif, c'est une combinaison de choses. Voyez-vous, nous avons aussi la technologie. Je vous le dis, de moins en moins d'humanité.
"Oh, let me kind of tell you a funny little play bit. The Atlanta airport is a modern airport, and they should leave the gate there. These trains that take you out to a concourse and on to a destination. And these trains are smooth, and they're quiet and they're efficient. And there's a voice on the train, you know the voice was a human voice. You see in the old days we had robots, robots imitated humans. Now we have humans imitating robots. So we got this voice on this train: Concourse One: Omaha, Lincoln. Concourse Two: Dallas, Fort Worth. Same voice. Just as a train is about to go, a young couple rush in and they're just about to close the pneumatic doors. And that voice, without losing a beat, says, 'Because of late entry, we're delayed 30 seconds.' Just then, everybody's looking at this couple with hateful eyes and the couple's going like this, you know, shrinking. Well, I'd happened to have had a couple of drinks before boarding -- I do that to steel my nerves -- and so I imitate a train call, holding my hand on my -- 'George Orwell, your time has come,' you see. Well, some of you are laughing. Everybody laughs when I say that, but not on this train. Silence. And so suddenly they're looking at me. So here I am with the couple, the three of us shrinking at the foot of Calvary about to be up, you know.
Oh, laissez-moi vous raconter une petite histoire. L'aéroport d'Atlanta est moderne, et ils devraient partir de cette porte. Ces trains, qui vous conduisent à un hall et à une destination. Et ces trains sont sans heurts, ils sont tranquilles et efficaces. Et dans le train il y a une voix, vous savez, c'était une voix humaine. Voyez-vous, dans le temps nous avions des robots, les robots imitaient les humains. maintenant, ce sont les humains qui imitent les robots. Donc on entend cette voix dans le train :Hall1 :Omaha, Lincoln. Hall 2 :Dallas, Fort Worth. Avec la même voix. Alors que le train est prêt à partir, il y a ce jeune couple qui court, et ils sont sur le point de fermer les portes automatiques. Et cette voix annonce, d'une traite, dit: "A cause d'une entrée tardive, nous aurons 30 secondes de retard." Alors là, tout le monde dévisage le couple d'un air hargneux et le couple va se faire tout petit, vous savez. Et bien, il se trouve que j'avais pris deux ou trois verres avant de monter à bord- je fais ça pour m'armer de courage - et donc j'imite un appel de train, la main posée sur - "George Orwell, votre heure est venue," vous savez. Et bien, certains d'entre vous rigolent. Tout le monde rit quand je dis ça, mais dans le train :silence. Et tout à coup ils me regardent Et nous sommes là, ce couple et moi, attendant tous les trois d'être cloués au pilori, vous voyez.
"Just then I see a baby, a little baby in the lap of a mother. I know it's Hispanic because she's speaking Spanish to her companion. So I'm going to talk to the baby. So I say to the baby, holding my hand over my mouth because my breath must be 100 proof, I say to the baby, 'Sir or Madam, what is your considered opinion of the human species?' And the baby looks, you know, the way babies look at you clearly, starts laughing, starts busting out with this crazy little laugh. I say, 'Thank God for a human reaction, we haven't lost yet.'
Et pile à ce moment-là, je vois un bébé, un petit bébé sur les genoux de sa mère. Je sais qu'il est Hispanique, car sa mère lui parle espagnol. Et là je me penche pour parler au bébé, et je lui dis, gardant ma main devant ma bouche car mon haleine doit empester, Je dis au bébé, "Monsieur ou madame, quelle est votre opinion sur l'espèce humaine?" Et le bébé me regarde comme seuls savent le faire les petits se met à rire, se met à éclater d'un petit fou rire. Là, je dis"Dieu merci, on n'a pas perdu toute réaction humaine".
"But you see, the human touch, you see, it's disappearing. You know, you see, you've got to question the official truth. You know the thing that was so great about Mark Twain -- you know we honor Mark Twain, but we don't read him. We read 'Huck Finn,' of course, we read 'Huck Finn' of course. I mean, Huck, of course, was tremendous. Remember that great scene on the raft, remember what Huck did? You see, here's Huck; he's an illiterate kid; he's had no schooling, but there's something in him. And the official truth, the truth was, the law was, that a black man was a property, was a thing, you see.
Mais voyez-vous, la touche humaine tend à disparaître. Vous voyez, vous devez remettre en cause la vérité officielle. Vous savez ce qui était formidable avec Mark Twain- vous savez, on respecte Mark Twain, mais on ne le lit pas. On lit Huck Finn, bien sûr, on lit Huck Finn. Je veux dire, bien sûr, Huck était formidable. Rappelez-vous cette scène sur le radeau, vous vous souvenez de ce que Huck a fait? Vous voyez, Huck , cet enfant illettré, qui n'est jamais allé à l'école, mais il y a quelque chose en lui. Et la vérité officielle , la vérité, la loi, c'était qu'un homme noir était un bien, une chose, vous voyez.
And Huck gets on the raft with a property named Jim, a slave, see. And he hears that Jim is going to go and take his wife and kids and steal them from the woman who owns them, and Huck says, 'Ooh, oh my God, ooh, ooh -- that woman, that woman never did anybody any harm. Ooh, he's going to steal; he's going to steal; he's going to do a terrible thing.' Just then, two slavers caught up, guys chasing slaves, looking for Jim. 'Anybody up on that raft with you?' Huck says, 'Yeah.' 'Is he black or white?' 'White.' And they go off. And Huck said, 'Oh my God, oh my God, I lied, I lied, ooh, I did a terrible thing, did a terrible thing -- why do I feel so good?'
Et Huck monte sur le radeau avec une chose, nommée Jim, vous voyez. Et il entend Jim dire qu'il va aller récupérerer sa femme et ses enfants et les voler à la femme qui les possède, et Huck dit :"Ooh , mon Dieu, ooh, ooh- cette femme, cette femme n'a jamis fait de mal à personne. Ooh, il a l'intention de voler , de voler, il veut faire une chose terrible." Et juste à ce moment-là, deux esclavagistes, qui cherchent Jim. "Est-ce qu'il y a quelqu'un avec vous sur ce radeau?" Huck répond ,"oui". "Noir ou Blanc? " " Blanc". Et ils s'en vont. Et Huck dit:"Oh mon Dieu, oh mon Dieu, j'ai menti, j'ai menti, ooh, J'ai fait une chose terrible, terrible- mais pourquoi est-ce -que je me sens si bien?"
"But it's the goodness of Huck, that stuff that Huck's been made of, you see, all been buried; it's all been buried. So the human touch, you see, it's disappearing. So you ask about a defining moment -- ain't no defining moment in American history for me. It's an accretion of moments that add up to where we are now, where trivia becomes news. And more and more, less and less awareness of the pain of the other. Huh. You know, I don't know if you could use this or not, but I was quoting Wright Morris, a writer from Nebraska, who says, 'We're more and more into communications and less and less into communication.' Okay, kids, I got to scram, got to go see my cardiologist." And that's Studs Terkel. (Applause)
Mais c'est la bonté de Huck, ce dont il est fait, vous voyez, tout ça, c'était enfoui, tout enfoui. Donc la touche d'humanité , vous voyez, tend à disparaître. Donc si vous voulez un moment décisif, pour moi, il n'y en a pas dans l'histoire américaine. C'est une accumulation de choses qui fait que nous en sommes là aujourd'hui où les futilités font l'actualité. Et de plus en plus, on perd conscience de la douleur. Huh, vous savez , je ne sais pas si vous allez me suivre ou pas, mais je citais un écrivain du Nebraska,Wright Morris, qui dit: on est de plus en plus dans les communications, et de moins en moins dans la communication. Okay , les enfants,il faut que je file, que j'aille voir mon cardiologue. Et voilà, c'était Studs Terkel. (Applaudissements)
So, talk about risk taking. I'm going to do somebody that nobody likes. You know, most actors want to do characters that are likeable -- well, not always, but the notion, especially at a conference like this, I like to inspire people. But since this was called "risk taking," I'm doing somebody who I never do, because she's so unlikeable that one person actually came backstage and told me to take her out of the show she was in. And I'm doing her because I think we think of risk, at a conference like this, as a good thing.
Bon, en parlant de prendre des risques, je vais imiter quelqu'un que personne n'aime. Vous savez, la plupart des acteurs veulent jouer des gentils- enfin, pas toujours, mais dans le concept, surtout à une conférence comme celle- ci, j'aime bien inspirer les gens. Mais comme on a parlé de prendre des risques, je vais faire quelqu'un que je ne fais jamais, car elle est si haïssable qu'un jour , quelqu'un est venu en coulisses, et m'a dit de la retirer du spectacle. Et je la joue quand même car je sais que le risque, à une conférence comme celle-ci,est perçu comme positif.
But there are certain other connotations to the word "risk," and the same thing about the word "nature." What is nature? Maxine Greene, who's a wonderful philosopher who's as old as Studs, and was the head of a philosophy -- great, big philosophy kind of an organization -- I went to her and asked her what are the two things that she doesn't know, that she still wants to know. And she said, "Well, personally, I still feel like I have to curtsey when I see the president of my university. And I still feel as though I've got to get coffee for my male colleagues, even though I've outlived most of them." And she said, "And then intellectually, I don't know enough about the negative imagination. And September 11th certainly taught us that that's a whole area we don't investigate."
Mais il y a d'autres connotations au mot"risque", et de même pour le mot "nature". Qu'est ce que la nature? Maxine Greene , qui est une formidable philosophe, qui est aussi âgée que Studs et qui était le chef - d'une sorte de grande organisation philosophique, je suis allée la voir et je lui ai demandé quelles étaient les deux choses qu'elle ne savait pas encore, qu'elle désirait apprendre. Et elle a répondu "bien, personnellement, j'ai toujours l'impression de devoir faire la révérence lorsque je croise le président de mon université Et aussi de devoir aller chercher des cafés pour mes collègues masculins, même si j'ai survécu à la plupart d'entre eux." Et elle a dit, "et puis intellectuellement, je n'en sais pas assez sur l'imagination négative. Et le 11 septembre nous a bien démontré que c'est tout un domaine que nous n'étudions pas."
So this piece is about a negative imagination. It raises questions about what nature is, what Mother Nature is, and about what a risk can be. And I got this in the Maryland Correctional Institute for Women. Everything I do is word for word off a tape. And I title things because I think people speak in organic poems, and this is called "A Mirror to Her Mouth." And this is an inmate named Paulette Jenkins.
Donc ce qui arrive concerne l'imagination négative. Cela pose des questions sur ce qu'est la nature, sur ce qu'est Mère Nature, et sur ce qu'un risque peut être. Et j'ai pris ceci dans un Institut Correctionnel pour Femmes du Maryland. Tout ce que je vais dire vient d'une bande enregistrée. Et je donne des titres aux choses car je pense que les gens parlent en poèmes organiques, et celui-ci s'appelle "un Miroir à sa bouche." Et voici une détenue, appelée Paulette Jenkins.
"I began to learn how to cover it up, because I didn't want nobody to know that this was happening in my home. I want everybody to think we were a normal family. I mean we had all the materialistic things, but that didn't make my children pain any less; that didn't make their fears subside. I ran out of excuses about how we got black eyes and busted lips and bruises. I didn't had no more excuses. And he beat me too. But that didn't change the fact that it was a nightmare for my family; it was a nightmare. And I failed them dramatically, because I allowed it to go on and on and on.
"j'ai appris à cacher ce qui se passait, parce que je voulais que personne ne sache ce qui se passait chez moi. Je veux que tout le monde pense qu'on est une famille normale. je veux dire, on avait tout ce qu'il fallait au plan matériel, mais cela n'a pas diminué la souffrance de mes enfants; cela n'a pas diminué leurs angoisses. A force, je n'avais plus d'excuses pour les yeux au beurre noir, pour les lèvres éclatées et les bleus. Je n'avais plus d'excuses. Et il me battait moi aussi. Mais ça n'a rien changé au fait que c'était un cauchemar pour ma famille ,un cauchemar. Et là j'ai dramatiquement échoué, car j'ai laissé faire encore et encore.
"But the night that Myesha got killed -- and the intensity just grew and grew and grew, until one night we came home from getting drugs, and he got angry with Myesha, and he started beating her, and he put her in a bathtub. Oh, he would use a belt. He had a belt because he had this warped perverted thing that Myesha was having sex with her little brother and they was fondling each other -- that would be his reason. I'm just talking about the particular night that she died. And so he put her in the bathtub, and I was in the bedroom with the baby.
Mais la nuit où Myesha a été tuée- et la tension montait , montait et montait encore jusqu'à cette nuit où nous sommes rentrés après avoir pris de la drogue, et il s'est mis en colère contre Myesha et a commencé à la taper, et il l'a mise dans la baignoire. Oh, il utilisait une ceinture. Il utilisait une ceinture car il avait cette idée perverse que Myesha avait des relations sexuelles avec son petit frère et qu'ils se caressaient-c'était ça son excuse. Là je parle de la nuit où elle est morte. Donc il l'a mise dans la baignoire, et j'étais dans ma chambre avec le bébé.
"And four months before this happened, four months before Myesha died, I thought I could really fix this man. So I had a baby by him -- insane -- thinking that if I gave him his own kid, he would leave mine alone. And it didn't work, didn't work. And I ended up with three children, Houston, Myesha and Dominic, who was four months old when I came to jail.
Et quatre mois avant que ça arrive, quatre mois avant la mort de Myesha, je croyais pouvoir changer cet homme. Donc j'ai eu un enfant de lui - dingue - croyant que si je lui donnais son propre enfant, il laisserait les miens tranquilles. Mais ça n'a pas marché, pas marché. Et j'ai finalement eu trois enfants, Houston, Myesha et Dominic, qui avait quatre mois quand je suis arrivée en prison.
"And I was in the bedroom. Like I said, he had her in the bathroom and he -- he -- every time he hit her, she would fall. And she would hit her head on the tub. It happened continuously, repeatedly. I could hear it, but I dared not to move. I didn't move. I didn't even go and see what was happening. I just sat there and listened. And then he put her in the hallway. He told her, just set there. And so she set there for about four or five hours. And then he told her, get up. And when she got up, she says she couldn't see. Her face was bruised. She had a black eye. All around her head was just swollen; her head was about two sizes of its own size. I told him, 'Let her go to sleep.' He let her go to sleep.
Donc j'étais dans la chambre. Comme je disais, il l'avait mise dans la salle de bain, et ,et à chaque fois qu'il la frappait, elle tombait. Et elle se cognait la tête contre la baignoire; cela s'est produit plusieurs fois de suite. J'entendais tout, mais je n'osais pas bouger. Je n'ai pas bougé. Je ne suis même pas allée voir ce qui se passait. J'étais juste là, assise, et j'écoutais. Puis il l'a mise dans le couloir. Il lui a dit de rester là. Alors elle est restée là pendant 4 ou 5 heures. Puis, il lui a dit "lève-toi" Et quand elle s'est levée, elle a dit qu'elle ne voyait plus rien. Son visage était bleu. Elle avait un oeil au beurre noir. Sa tête était toute enflée; elle avait doublé de volume. Je lui ai dit "laisse -la aller dormir". Il l'a laissée faire.
"The next morning she was dead. He went in to check on her for school, and he got very excited. He says, 'She won't breathe.' I knew immediately that she was dead. I didn't even want to accept the fact that she was dead, so I went in and I put a mirror to her mouth -- there was no thing, nothing, coming out of her mouth. He said, he said, he said, 'We can't, we can't let nobody find out about this.' He say, 'You've got to help me.' I agree. I agree.
Le lendemain matin elle était morte. Il est venu la chercher pour l'emmener à l'école, et il s'est énervé. Il a dit, "elle ne respire plus" J'ai su tout de suite qu'elle était morte. Je ne pouvais pas accepter qu'elle soit morte, donc je suis entrée et j'ai mis un miroir près de sa bouche, il n'y avait rien, rien qui sortait de sa bouche. Il a dit, il a dit, il a dit qu'on ne pouvait laisser personne savoir ce qui s'était passé. Il a dit "tu dois m'aider". J'ai dit d'accord, d'accord.
"I mean, I've been keeping a secret for years and years and years, so it just seemed like second hand to me, just to keep on keeping it a secret. So we went to the mall and we told a police that we had, like, lost her, that she was missing. We told a security guard that she was missing, though she wasn't missing. And we told the security guard what we had put on her and we went home and we dressed her in exactly the same thing that we had told the security guard that we had put on her.
Je veux dire, j'ai gardé le secret pendant des années et des années, donc j'étais habituée, moi, à continuer de garder un secret. Donc nous sommes allés au centre commercial, et nous avons dit à la police qu'on l'avait perdue, qu'elle avait disparu. Nous avons dit à un vigile qu'elle avait disparu alors que c'était faux Et nous avons dit au vigile comment nous l'avions habillée, et, une fois rentrés, nous l'avons habillée exactement de la même façon que nous avions décrite au vigile.
"And then we got the baby and my other child, and we drove out to, like, I-95. I was so petrified and so numb, all I could look was in the rear-view mirror. And he just laid her right on the shoulder of the highway. My own child, I let that happen to." So that's an investigation of the negative imagination. (Applause)
Puis nous avons pris le bébé, et mon autre enfant, et nous avons roulé sur la I-95. J'étais pétrifiée, engourdie, tout ce que je pouvais regarder c'était dans le rétroviseur. Et il l'a allongée là, sur le bas-côté de l'autoroute. Mon propre enfant, et j'ai laissé faire ça aussi. Et voilà une enquête sur l'imagination négative. Applaudissements.
When I started this project called "On the Road: A Search For an American Character" with my tape recorder, I thought that I was going to go around America and find it in all its aspects -- bull riders, cowboys, pig farmers, drum majorettes -- but I sort of got tripped on race relations, because my first big show was a show about a race riot. And so I went to both -- two race riots, one of which was the Los Angeles riot. And this next piece is from that. Because this is what I would say I've learned the most about race relations, from this piece. It's a kind of an aria, I would say, and in many tapes that I have.
Quand j'ai commencé ce projet appelé: "Sur la Route : à la recherche de l'Américain-type" avec mon enregistreur , je croyais aller traverser l'Amérique et la voir sous tous ses angles: des cavaliers de taureaux, des cow-boys, des éleveurs de porcs, des majorettes-mais je me suis en quelque sorte embarquée dans les relations raciales car mon premier vrai spectacle parlait d'une émeute raciale. Donc je me suis rendue à deux émeutes raciales, l'une d'elle était celle de Los Angeles. Et j'en ai tiré ce qui va suivre. Car ce que je voudrais dire, c'est que c'est de ceci que j'ai appris le plus sur les relations raciales. C'est une sorte d'aria, je dirais, et sur plusieurs de mes cassettes.
Everybody knows that the Los Angeles riots happened because four cops beat up a black man named Rodney King. It was captured on videotape -- technology -- and it was played all over the world. Everybody thought the four cops would go to jail. They did not, so there were riots. And what a lot of people forget, is there was a second trial, ordered by George Bush, Sr. And that trial came back with two cops going to jail and two cops declared innocent. I was at that trial. And I mean, the people just danced in the streets because they were afraid there was going to be another riot. Explosion of joy that this verdict had come back this way.
Tout le monde sait que les émeutes de Los Angeles ont eu lieu car quatre policiers ont battu un Noir, Rodney King. Cela a été saisi sur film - par la technologie - et diffusé dans le monde entier. Tout le monde pensait que les quatre policiers iraient en prison. Ce ne fut pas le cas, et donc il y a eu des émeutes. Et ce que beaucoup de gens oublient, c'est qu'il y a eu un second procès demandé par George Bush Senior qui s'est fini par la prison pour deux des policiers et les deux autres déclarés innocents. J'étais à ce procès. Et les gens dansaient dans les rues car ils avaient eu peur qu'il y ait d'autres émeutes. Une explosion de joie, suite à ce verdict.
So there was a community that didn't -- the Korean-Americans, whose stores had been burned to the ground. And so this woman, Mrs. Young-Soon Han, I suppose will have taught me the most that I have learned about race. And she asks also a question that Studs talks about: this notion of the "official truth," to question the "official truth." So what she's questioning here, she's taking a chance and questioning what justice is in society. And this is called, "Swallowing the Bitterness."
Mais il y avait une communauté, les Coréens-Américains, qui ne partageait pas cette joie, car leurs boutiques avaient été incendiées. Et cette femme, Mme Young-Soon Han, m'a enseigné le principal de ce que je sais sur les races. Et elle pose une question en lien avec ce que Studs disait: la notion de vérité officielle, de demander la vérité officielle. Donc, ce qu'elle demande ici, elle prend un risque à demander ce que la justice est dans la société. Et ceci s'appelle "Ravaler son Amertume."
"I used to believe America was the best. I watched in Korea many luxurious Hollywood lifestyle movie. I never saw any poor man, any black. Until 1992, I used to believe America was the best -- I still do; I don't deny that because I am a victim. But at the end of '92, when we were in such turmoil, and having all the financial problems, and all the mental problems, I began to really realize that Koreans are completely left out of this society and we are nothing. Why? Why do we have to be left out? We didn't qualify for medical treatment, no food stamp, no GR,
"J'ai longtemps cru que l'Amérique était la meilleure. En Corée, j'ai vu beaucoup de beaux films hollywoodiens sur le mode de vie: je n'ai jamais vu de pauvre, de Noirs. Jusqu'en 1992 , je croyais que l'Amérique était la meilleure, je le crois toujours, je ne le nie pas du fait que je sois une victime. Mais fin 92, lorsque nous étions en pleine tourmente, et qu'on avait tous ces soucis financiers, mentaux, j'ai commencé à réaliser que les Coréens sont complètement laissés pour compte dans cette société et que nous ne sommes rien. Pourquoi? Pourquoi devons-nous être abandonnés? Nous n'étions reconnus pour aucun traitement médical, aide alimentaire, GR
no welfare, anything. Many African-Americans who never work got minimum amount of money to survive. We didn't get any because we have a car and a house. And we are high taxpayer. Where do I find justice? "OK. OK? OK. OK. Many African-Americans probably think that they won by the trial. I was sitting here watching them the morning after the verdict, and all the day they were having a party, they celebrated, all of South Central, all the churches. And they say, 'Well, finally justice has been done in this society.' Well, what about victims' rights? They got their rights by destroying innocent Korean merchants. They have a lot of respect, as I do, for Dr. Martin King. He is the only model for black community; I don't care Jesse Jackson. He is the model of non-violence, non-violence -- and they would all like to be in his spirit.
aucune assistance sociale, rien. Beaucoup d'Afro-Américains qui ne travaillent pas, reçoivent un revenu minimum pour survivre. On n'a rien reçu car nous avons une voiture et une maison. Et nous payons des impôts élevés Où est la justice? Ok, Ok, Ok,Ok. Beaucoup d'Afro-Américains ont cru gagner dans ce procès. J'étais là, assise, à les regarder le lendemain du verdict, et toute la journée, ils ont fait la fête, ils ont célébré, tout South Central, toutes les églises. Et ils disaient, bon, finalement, la justice a été rendue dans ce pays. Et bien, où sont les droits des victimes? Ils ont pris le droit de détruire les boutiques de Coréens innocents. Ils ont beaucoup de respect, comme moi,pour Martin King. Il est l'unique modèle pour la communauté noire. Je m'en fous de Jesse Jackson. Il est le modèle de la non-violence, non-violence, et ils voudraient être dans son sillage.
"But what about 1992? They destroyed innocent people. And I wonder if that is really justice for them, to get their rights in that way. I was swallowing the bitterness, sitting here alone and watching them. They became so hilarious, but I was happy for them. I was glad for them. At least they got something back, OK. Let's just forget about Korean victims and other victims who were destroyed by them. They fought for their rights for over two centuries, and maybe because they sacrifice other minorities, Hispanic, Asian, we would suffer more in the mainstream. That's why I understand; that's why I have a mixed feeling about the verdict.
Mais 1992 alors? Ils ont détruit des gens innocents. Et je me demande si ceci est vraiment la justice, pour eux, de faire valoir leurs droits de cette façon-là. Je ravalais cette amertume , assise là, à les regarder. Ils étaient si heureux, mais j'étais contente pour eux. Contente pour eux. Au moins, ils ont obtenu quelquechose, Ok. Oublions les victimes, Coréennes et autres, qui ont été détruites. Ils se sont battus pour leurs droits pendant deux siècles, et peut-être parce qu'ils sacrifient d'autres minorités, Hispaniques, Asiatiques, on souffre davantage . C'est comme ça que je le comprends, c'est pourquoi je suis partagée sur ce verdict.
"But I wish that, I wish that, I wish that I could be part of the enjoyment. I wish that I could live together with black people. But after the riot, it's too much difference. The fire is still there. How do you say it? [Unclear]. Igniting, igniting, igniting fire. Igniting fire. It's still there; it can burst out anytime." Mrs. Young-Soon Han. (Applause)
Mais comme je souhaiterais, comme je souhaiterais pouvoir me réjouir moi aussi. J'aimerais pouvoir vivre en bonne entente avec la communauté noire. Mais depuis l'émeute , il y a trop de différence. Le feu est encore là. Comment vous dire? Allumer, allumer, allumer le feu. Allumer le feu. Il est encore là; il peut se rallumer à chaque instant. Mme Young-Soon Han Applaudissements.
The other reason that I don't wear shoes is just in case I really feel like I have to cuddle up and get into the feet of somebody, walking really in somebody else's shoes. And I told you that in -- you know, I didn't give you the year, but in '79 I thought that I was going to go around and find bull riders and pig farmers and people like that, and I got sidetracked on race relations.
L'autre raison pour laquelle je ne porte pas de chaussures c'est au cas où j'aurais envie de me blottir et de me mettre dans les pieds de quelqu'un en marchant pour de bon dans ses chaussures. Et je vous ai dit que en- vous savez, je ne vous ai pas dit l'année, mais en 79 je croyais que j'allais rencontrer des cavaliers de taureaux, des éleveurs porcs et des gens comme ça, et puis j'ai été déviée vers les relations raciales.
Finally, I did find a bull rider, two years ago. And I've been going to the rodeos with him, and we've bonded. And he's the lead in an op-ed I did about the Republican Convention. He's a Republican -- I won't say anything about my party affiliation, but anyway -- so this is my dear, dear Brent Williams, and this is on toughness, in case anybody needs to know about being tough for the work that you do. I think there's a real lesson in this. And this is called "Toughness."
Finalement , j'ai bel et bien rencontré un cavalier de taureaux, il y a 2 ans. Et je suis allée à des rodéos avec lui , et nous nous sommes liés. Et il lance un article d'opinion que j'ai faite sur la Convention Républicaine. C'est un Républicain-je ne dirai rien sur mon appartenance à un parti, mais bref- voici donc mon cher, très cher Brent Williams, et ceci est sur la résistance, au cas où quelqu'un aurait besoin de savoir ce qu'être résistant veut dire dans le travail qu'on fait. Je pense qu'il y a là une vraie leçon. Et ceci s'appelle "Résistance."
"Well, I'm an optimist. I mean basically I'm an optimist. I mean, you know, I mean, it's like my wife, Jolene, her family's always saying, you know, you ever think he's just a born loser? It seems like he has so much bad luck, you know. But then when that bull stepped on my kidney, you know, I didn't lose my kidney -- I could have lost my kidney, I kept my kidney, so I don't think I'm a born loser. I think that's good luck. (Laughter)
Bon, je suis un optimiste. Je veux dire, à la base , je suis un optimiste. Je veux dire, vous savez, c'est comme ma femme , Jolene, sa famille dit tout le temps, tu sais, tu peux penser que c'est un perdant, il semble avoir eu tant de malchance, tu sais. Mais quand ce taureau a piétiné mon foie, tu sais, je n'ai pas perdu mon foie, j'aurais pu le perdre, j'ai gardé mon foie, donc je pense que je ne suis pas un perdant. Je pense que j'ai eu de la chance. (Rires)
"And, I mean, funny things like this happen. I was in a doctor's office last CAT scan, and there was a Reader's Digest, October 2002. It was like, 'seven ways to get lucky.' And it says if you want to get lucky, you know, you've got to be around positive people. I mean, like even when I told my wife that you want to come out here and talk to me, she's like, 'She's just talking; she's just being nice to you. She's not going to do that.'
Et , je veux dire, des choses marrantes arrivent parfois. j'étais chez le médecin pour passer un scanner, et il y avait un Reader's Digest, d'octobre 2002. On y parlait de 7 façons d'avoir de la chance. Et ça disait "si vous voulez avoir de la chance, vous savez, vous devez avoir des gens positifs autour de vous. Je veux dire, quand j'ai dit à ma femme que tu voulais venir me voir, et me parler, et bien elle a dit, elle bavarde tout simplement, c'est pour être gentille avec toi. Elle ne viendra pas.
"And then you called me up and you said you wanted to come out here and interview me and she went and looked you up on the Internet. She said, 'Look who she is. You're not even going to be able to answer her questions.' (Laughter) And she was saying you're going to make me look like an idiot because I've never been to college, and I wouldn't be talking professional or anything. I said, 'Well look, the woman talked to me for four hours. You know, if I wasn't talking -- you know, like, you know, she wanted me to talk, I don't think she would even come out here.'
Et puis tu m'as appelé et tu m'a dit que tu allais venir et m'interviewer, et du coup elle a fait des recherches sur toi sur Internet. Elle m'a dit, regarde qui c'est. Tu ne seras jamais capable de répondre à ses questions. (Rires) Et elle disait que tu allais me faire passer pour un idiot parce que je n'ai pas fait d'études, et que je n'aurais pas l'air d'un professionnel et tout ça. Je lui ai dit, tu vois,cette femme m'a parlé pendant 4 heures. Vous savez, même si je ne voulais pas parler, et bien elle voulait que je parle, je ne pensais même pas qu'elle viendrait jusqu'ici.
"Confidence? Well, I think I ride more out of determination than confidence. I mean, confidence is like, you know, you've been on that bull before; you know you can ride him. I mean, confidence is kind of like being cocky, but in a good way. But determination, you know, it's like just, you know, 'Fuck the form, get the horn.' (Laughter) That's Tuff Hedeman, in the movie '8 Seconds.' I mean, like, Pat O'Mealey always said when I was a boy, he say, 'You know, you got more try than any kid I ever seen.' And try and determination is the same thing. Determination is, like, you're going to hang on that bull, even if you're riding upside down. Determination's like, you're going to ride till your head hits the back of the dirt.
La confiance? Et bien je pense que je fais du rodéo davantage par détermination que par confiance. Je veux dire, la confiance, c'est comme, vous savez, vous êtes déjà monté sur ce taureau avant, vous savez que vous en êtes capable. Je veux dire, la confiance, c'est un peu être trop sûr de soi, mais de façon positive. Mais la détermination, tu sais, alors, tu sais,"fous la forme, prends la corne." (Rires) C'est Tuff Hedeman, dans le film "8 secondes". Je veux dire, comme Pat o'Mealey quand j'étais petit, "tu es le plus tenace de tous les enfants que j'ai vus" Et le fait de tenter et la détermination, c'est la même chose. La détermination, c'est que tu vas t'accrocher à ce taureau, même si tu le chevauches la tête en bas. La détermination, c'est que tu vas monter jusqu'à ce que ta tête traine dans la boue.
"Freedom? It would have to be the rodeo.
La liberté? C'est le rodéo.
"Beauty? I don't think I know what beauty is. Well, you know, I guess that'd have to be the rodeo too. I mean, look how we are, the roughy family, palling around and shaking hands and wrestling around me. It's like, you know, racking up our credit cards on entry fees and gas. We ride together, we, you know, we, we eat together and we sleep together. I mean, I can't even imagine what it's going to be like the last day I rodeo. I mean, I'll be alright. I mean, I have my ranch and everything, but I actually don't even want to think the day that comes. I mean, I guess it just be like -- I guess it be like the day my brother died.
La beauté? je pense que j'ignore ce qu'est la beauté. Bon, je pense que c'est probablement le rodéo, aussi. Je veux dire, regarde comment on est, une famille un peu brute, des copains qui se serrent la main, et puis qui luttent autour de moi. Comme quand on se ruine en payant les tickets d'entrées et l'essence. On fait du rodéo ensemble, tu sais, on mange ensemble et on dort ensemble. Je veux dire, je peux même pas imaginer mon dernier jour de rodéo. Je veux dire, ça va pour moi, j'ai mon ranch , et tout ce qu'il faut, mais je veux dire, je ne peux même pas imaginer que ce jour viendra. Je veux dire, je pense que ce sera comme le jour où mon frère est mort.
"Toughness? Well, we was in West Jordan, Utah, and this bull shoved my face right through the metal shoots in a -- you know, busted my face all up and had to go to the hospital. And they had to sew me up and straighten my nose out. And I had to go and ride in the rodeo that night, so I didn't want them to put me under anesthesia, or whatever you call it. And so they sewed my face up. And then they had to straighten out my nose, and they took these rods and shoved them up my nose and went up through my brains and felt like it was coming out the top of my head, and everybody said that it should have killed me, but it didn't, because I guess I have a high tolerance for pain. (Laughter) But the good thing was, once they shoved those rods up there and straightened my nose out, I could breathe, and I hadn't been able to breathe since I broke my nose in the high school rodeo."
La résistance? et bien, on était à West Jordan, Utah, et ce taureau m'a fourré la tête dans des morceaux de métal, tu sais, il m'a bousillé le visage, et j'ai dû aller à l'hôpital. Et ils ont dû me recoudre et me redresser le nez. Et je devais retourner au rodéo ce soir-là, donc je ne voulais pas d'anesthésie, ou quoi que ce soit de ce type-là. Donc ils m'ont recousu le visage. Et puis ils devaient me redresser le nez et ils ont pris des tiges et me les ont rentrées dans le nez et me les ont remontées jusqu'au cerveau à tel point que j'avais peur qu'elles ressortent par la tête et tout le monde disait que ça aurait dû me tuer, mais ce ne fut pas le cas ,car je pense que j'ai une grande endurance à la douleur. (Rires) Mais le point positif, c'est qu'une fois qu'ils ont mis ces tiges là-haut et redressé mon nez, j'ai pu respirer ce que je ne pouvais plus faire depuis que je m'étais cassé le nez au rodéo du lycée.
Thank you. (Applause)
Merci. Applaudissements.