Hello. This is my first trip, first time in life I'm outside of the walls of Gaza. I'm so happy to be here.
Bonjour. Ceci est mon tout premier voyage. C'est la première fois de ma vie que je franchis les murs de Gaza. Je suis vraiment ravie d'être ici.
(Applause)
(Applaudissements)
My ambition always was to be a pilot, to fly a plane, to feel free to fly the sky, to touch the sky. But that didn't happen. Simply, I live in Gaza, there is no airport. All borders are closed on every side. We live in one of the biggest prisons in the world. The only thing I can do is just to look up to the sky. On some days, we are lucky if we have electricity for four or five hours. When it's cold, we make a fire on the front or on the roof of our homes. Sometimes we make food, too.
J'ai toujours rêvé de devenir pilote pour être aux commandes d'un avion. Je voulais me sentir libre de voler et de toucher les cieux. Mais c'était impossible, tout simplement parce que je vis à Gaza, où il n'y a pas d'aéroport. Les frontières sont fermées de tous côtés. Nous habitons une des plus grandes prisons au monde. Tout ce qu'il me reste à faire, c'est de regarder le ciel. Certains jours, nous sommes plus chanceux que d'autres, nous avons droit à l’électricité pendant 4 ou 5 heures. Quand il fait froid, nous allumons un feu devant la maison ou sur les toits. Et parfois même, nous cuisinons.
My job in Gaza is to arrange everything for journalists who come to my homeland to tell the stories about what's going on in Gaza. Many mornings, I had to go to the border area to collect a journalist. If anything should happen to the journalist, or if the journalist decides to cover a story the government doesn't want us to cover, bad things could happen.
Ma mission à Gaza est de tout organiser pour accueillir les journalistes lorsqu'ils viennent faire des reportages sur ce qu'il se passe à Gaza. Le matin, il m'est souvent arrivé d'aller à la frontière, chercher un journaliste. S'il arrivait quoi que ce soit au journaliste, ou si le journaliste décidait de faire un reportage sur un sujet que le gouvernement ne souhaiterait pas médiatiser, cela pouvait causer de gros soucis.
Navigating through my country helping journalists, filmmakers, news crews, is my working life. I believe my success comes from building a relationship not only with journalists and the news crews, but also with the communities in the Gaza Strip. These communities who don't want their stories to be told, I never looked to them as stories or numbers. But like me, they are human beings.
Arpenter mon pays dans le but d'aider les journalistes, les réalisateurs et les reporters, voilà en quoi consiste mon travail. Ma réussite professionnelle, je la dois aux relations que j'ai tissées, non seulement avec les journalistes et les reporters, mais également avec les populations de la Bande de Gaza. Ces populations ne souhaitent pas qu'on aille raconter leur histoire. Pour moi, ces gens ne sont ni des unes de journaux, ni des chiffres, mais tout comme moi, ce sont des êtres humains.
I have built up many relationships over 10 years. And guess what? This gives me the chance to get access to people, to stories that others can't. In some certain situations, I feel, as a woman, I have more power. Many male journalists in my society, they want to cover a story about drug addiction in my country. That problem started when the Gaza tunnel was being built. With the siege on Gaza, tunnels brought people all the basic needs like food, building material, other stuff we needed. But not anymore, because the Egyptian side flooded them up with water and they are not working anymore. Drugs were being smuggled, and many young people got addicted, too. In the tradition of the Palestinian society, it's forbidden for men to enter the household. So, no male journalists get the story. But I did.
J'ai réussi à créer beaucoup de liens au cours des 10 dernières années. Et vous savez quoi ? Cela m'a donné la possibilité de me rapprocher de beaucoup de personnes et d'entendre des histoires inédites. Dans certains cas, j'ai l'impression d'avoir plus de poids du fait d'être une femme. Beaucoup d'hommes journalistes voudraient enquêter sur les dépendances aux drogues au sein de mon pays, qui sont devenues problématiques avec la construction du tunnel de Gaza. Avec le siège de Gaza, les tunnels nous aidaient à nous approvisionner en produits de base, tels que la nourriture, les matériaux de construction, etc. Mais ce n'est plus le cas car les Égyptiens ont inondé nos tunnels, qui sont désormais inutilisables. Il y avait également des trafics de drogues et beaucoup de jeunes en devinrent dépendants. Dans la tradition palestinienne, il est interdit aux hommes de pénétrer dans un foyer. C'est pourquoi aucun journaliste homme ne pouvait faire d'article. Mais moi, je l'ai fait.
I have a wonderful husband, a wonderful husband who supports me despite all the criticism he gets from the society. He's at home now with my two kids, and I have another one that's growing in here.
J'ai un époux formidable, un époux qui me soutient, malgré toutes les critiques qu'il reçoit de la société. Il est à la maison à l'heure qu'il est, avec nos 2 enfants et je suis enceinte du 3ème.
(Applause)
(Applaudissements)
When I'm working, I call him every two hours, and he knows if he doesn't hear from me, he should call my contact, the one who gives me access to the story, which is the one who I trust.
Lorsque je travaille, je l'appelle toutes les 2 heures et il sait que s'il n'a pas de mes nouvelles, il doit appeler mon contact, celui qui m'a permis de faire le reportage. Ce même contact en qui j'ai confiance.
One of the times in Gaza, during the kidnapping of the British journalist Alan Johnston, I was asked by an American magazine to set up a meeting with the kidnappers in Gaza, and I did. The journalist covering the story and I were asked to meet outside of his hotel. They came, they picked us up in a black van with black windows, they were wearing masks on that day. And they drove us away, far away in the middle of a field. They took our cell phones and we did the interview with the kidnapper outside in that field. I was so scared that day, a day I will never forget.
Je me souviens d'une fois à Gaza, au moment du rapt d'Alan Johnston, le journaliste britannique, un magazine américain m'a demandé d'aller rencontrer les ravisseurs à Gaza, ce que j'ai réussi à faire. Le reporter en charge de cet l'article et moi-même, avions pour instructions de nous rendre devant son hôtel. Ils sont venus nous chercher dans un van noir aux vitres teintées et ont gardé leurs masques toute la journée. Ils nous ont emmenés très loin, jusqu'au beau milieu d'un champ. Ils nous ont pris nos téléphone portables. Nous avons donc procédé à l'interview des ravisseurs dans ce champ. J'ai eu tellement peur ce jour-là que je ne l'oublierai jamais.
So, why do I do what I do? I do it because I believe if I didn't, a huge part of the story about Gaza will be missing. There are some more stories I could tell you about my country. And not all of them are bad. I love my country, despite the terrible situation we live in -- siege, poverty, unemployment -- but there is life. There are people who are dreamers and amazing people full of energy. We have wonderful music, and a great music school. We have parkour dancers who dance in the rubble of their homes. And Gaza is the only place in the Arab world where Muslims and Christians live in strong brotherhood.
Pourquoi est-ce que je fais ce travail-là ? Je le fais car sinon, je pense sincèrement qu'une grande partie de l'histoire de Gaza resterait méconnue. Il y a tant d'histoire que je pourrais vous raconter à propos de mon pays. Toutes ne sont pas tragiques. J'adore mon pays et malgré la conjoncture épouvantable, le siège, la pauvreté, le chômage, il y a de la vie. Nous abritons des gens merveilleux, idéalistes et plein d'énergie. Nous avons une formidable école de musique car notre musique est exceptionnelle. Nos danseurs de parkour dansent au milieu des gravats de leurs maisons. Gaza est le seul endroit du monde arabe où musulmans et chrétiens vivent en étroite fraternité.
(Applause)
(Applaudissements)
During the time of war, the hardest part for me is leaving the house early in the morning, leaving my children. I take a picture of them everyday because I never know if I will make it back to them. Being a fixer and a journalist is difficult and dangerous in Gaza. But when I hear the sound of the shelling or the sound of the bombing, I just head straight toward it, because I want to be there first, because these stories should be told.
En temps de guerre, le plus dur pour moi est de quitter la maison et mes enfants dès le lever du jour. Je les prends en photo chaque jour car je ne suis jamais sûre de les revoir le soir. Être fixer et journaliste s'avère dangereux à Gaza. Mais lorsque j'entends le sifflement des obus et des bombes retentir, je n'hésite pas à y aller. Je veux être la première sur place car j'estime que ces événements doivent être relatés.
When my children were small and we heard the sound of the war, I used to tell them that they were fireworks. Now they are older, they understand. I do have terrible nightmares because of all that I witnessed during war times, especially these lifeless bodies of young children. I still remember a little girl, her name is Hala. She's the only survivor from her family. Her picture will be with me forever. I will never forget her.
Lorsque mes enfants étaient plus jeunes, je faisais passer le vacarme de la guerre pour des feux d'artifice. Maintenant qu'ils sont plus grands, ils savent que c'est faux. Je fais d'atroces cauchemars en raison de tout ce dont j'ai été témoin pendant la guerre. Je ne pourrai oublier les corps sans vie de tous ces jeunes enfants. Je me souviens encore de cette fillette, Hala, la seule survivante de sa famille. Je n'oublierai jamais son visage. Je n'oublierai jamais Hala.
I'm proud that I can stand here and be here today with you. I'm proud that I can tell you stories, sad and happy, stories about my small corner of the world, Gaza. I'm proud that I am the first female fixer working in Gaza. And the funny thing is they call me Mr. Rambo in Gaza.
C'est une grande fierté pour moi d'être avec vous ici, aujourd'hui. C'est une grande fierté de vous conter ces histoires, tristes autant que joyeuses, ces histoires venues de mon petit coin de planète : Gaza. C'est une grande fierté d'être la première femme « fixer » de Gaza. Le plus drôle, c'est qu'on me surnomme M. Rambo. Oui, à Gaza !
(Laughter)
(Rires)
I hope one day, I will get the chance to tell the stories of all other women, all other amazing women I know in my country. I hope that one day I can help other women in my country to be fixers like me. And of course sometimes, I feel I can't do this work anymore, it's just too much for me. But I remember these words: "Don't limit your challenge, but challenge your limit. Don't allow others to stand in front of your dreams."
J'espère un jour pouvoir faire partager l'histoire de ces femmes formidables que j'ai la chance de connaître dans mon pays. J'espère qu'un jour je pourrai aider toutes ces femmes de mon pays à devenir « fixer » comme moi. Parfois, évidemment, je me me dis que c'en est trop pour moi, que je ne peux plus continuer comme ça. Mais alors, je me redis ces mots : « Ne mettez pas de limites à votre défi, défiez plutôt vos limites. Ne laisse jamais les autres se mettre en travers de tes rêves. »
Thank you.
Merci.
(Applause)
(Applaudissements)